HABILLÉ D'UN TATOUAGE (Le Yakuza) |
CHAPITRE 7 LE KIDNAPPING |
Jun n'ayant jamais rendu un livre en retard pensa donc que le bureau était vraiment où l'employé disait et le suivit tranquillement. L'homme tourna dans un autre couloir et alla jusqu'à une porte qui en fermait le fond. Il l'ouvrit et fit entrer Jun. Le garçon regarda autour de lui avec surprise. La pièce n'était pas un bureau mais une réserve pleine de boîtes en carton. Il allait se tourner pour demander des explications quand il sentit qu'on appliquait quelque chose sur son visage. Il respira une forte odeur et perdit connaissance. Trois hommes en bleu de travail le soulevèrent et le portèrent dans une caisse de bois qu'ils fermèrent avec ses sangles de plastiques, puis ils la descendirent avec le monte-charge jusqu'au sous-sol où attendait une camionnette d'une maison de transport dans laquelle la caisse fut chargée. La camionnette passa le portail de l'université, s'arrêta un instant devant la voiture des gardes du corps de Jun, et dès que le trafic le permit, s'inséra dans le flot et s'éloigna tranquillement. Vers une heure de l'après-midi, les gardes du corps, étonnés par le retard inhabituel de Jun, essayèrent de l'appeler sur son portable, mais il ne répondit pas. Ils pensèrent que quelque chose était arrivé et se précipitèrent dans l'université pour le chercher. Logiquement, ils vinrent à la bibliothèque où ils reconnurent le sac et la veste du garçon. Ils questionnèrent les autres étudiants. "Il est sorti voilà deux heures avec un employé qui est venu lui parler. Mais nous ne savons pas où ils sont allés." dit un des garçons. Les hommes, désorientés, appelèrent Soda qui appela Kazunari, et immédiatement, la recherche de Jun commença. Il fut très vite évident que le garçon avait été enlevé. L'employé que plusieurs garçons avaient vu parler avec Jun, et qui travaillait à l'université depuis vingt ans, avait quitté son poste sans rien dire à personne. Et quand ils allèrent à son adresse, ils furent informés que toute sa famille était partie une semaine auparavant. Personne ne savait où. Les gardes du corps avaient remarqué la camionnette et se rappelaient le logo de la compagnie de transport. Cette compagnie appartenait aux Yamaguchi et avait été volée quelques jours avant. Ils la retrouvèrent abandonnée sur la nationale. Kazunari était furieux. Qui avait kidnappé Jun et pourquoi ? Il mit la famille au travail. Ils devaient fouiller toute la ville et trouver le garçon et vivant, s'ils ne voulaient pas en subir les conséquences. Michiko appela son fils. "Kazunari, tout ce qui est possible sera tenté pour trouver Jun. Mais tu ne dois pas être fâché contre nos hommes. Ils ne pouvaient pas le coller dans l'université, tu le sais très bien. Ils ont fait leur devoir. Et ils le feront tous, tu peux en être certain." "Je ne devrais pas ? Jun a été enlevé sous leurs yeux, et je ne dois pas être en colère ? Jun a été kidnappé et je ne devrais pas me fâcher ? Tu dis ça parce que ce n'est pas un de tes enfants qui a été enlevé ! Tu t'en fiches de Jun, c'est ça ?" cria-t-il d'une voix altérée. Michiko lui donna une gifle sonore. "Je te défends de parler sur ce ton à ta mère ! Je me suis attachée à ce garçon, quoi que tu en penses. Et malgré ce que j'en pense, tu es ainsi et tu n'aurais pu trouver personne de mieux que lui. Pour moi, même si je n'en ai jamais parlé, Jun n'est pas différent de Ryuta ou de Keiko, tu comprends ? Nous ferons tout ce que nous pourrons pour le ramener sain et sauf. Mais tu dois te calmer et être raisonnable si tu veux être utile à ce pauvre garçon. Tu lui as valu tout ça, ne l'oublie pas. Je sais que tu ne veux pas l'entendre, mais..." lui dit sévèrement sa mère. "Moi ? C'est de ma faute ? Tu déraisonnes. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le protéger. Parce qu'il est ma raison de vivre, tu ne comprends pas ?" cria le jeune homme en colère. "Ta raison de vivre ? Ça n'a pas l'air, puisque tu continues à t'occuper des affaires de la famille, même au prix de son bonheur. Ta raison de vivre, c'est la famille, pas ce garçon. Au moins ne te mens pas à toi-même !" "Et tu me le reproches ? Toi qui diriges cette famille d'une main de fer ? N'est-ce pas toi qui aimes cette famille plus que chacun d'entre nous ?" lui jeta le jeune homme furieux à la figure. "Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour nous quereller." coupa Michiko. "Nous avons plus important à faire, si nous voulons retrouver Jun. D'abord, qui peut l'avoir enlevé ? "Un débile qui veut de la monnaie ?" proposa Hiroshi qui avait assisté en silence à ce violent accrochage. "Non, je ne pense pas. Plutôt, les Oshima. Ils sentent le sol se dérober sous leurs pieds. Ils ont été réduits au second rôle depuis la réussite de Tokyo. Ils ont peur de disparaître et peut-être jouent-ils leur dernière carte." dit songeusement Michiko. "Mais pour quoi faire ? Pourquoi Jun et pas un de nous ?" "Parce qu'ils savent que je suis proche de te confier les rênes de la famille, et ils savent sûrement que Jun est important pour toi. En s'attaquant au garçon, ils essayent de t'atteindre, c'est évident. Si c'est vraiment eux nous le saurons bientôt." "Si c'est ça, je les écraserai, je les éliminerai, je les ferai disparaître." dit férocement Kazunari. "Le problème, c'est que tu ne peux pas. Personne dans les familles n'admettrait une guerre pour ce garçon. Si c'était ta femme, ça serait différent. Mais ils ont bien joué. Pour toi, c'est comme s'ils avaient enlevé ta femme, mais pour les autres familles, ils ne sont ne se sont attaqués qu'à un gigolo. Tu ne comprends pas ? Si tu entames une guerre pour Jun, nous aurons toutes les familles contre nous. Non, admets-le, il faut trouver quelque chose d'autre pour sauver le garçon, mais pas une guerre." "Mais quoi d'autre ?" demanda le jeune homme, comprenant que l'analyse de sa mère était désespérément exacte. "D'abord, nous devons savoir si ce sont vraiment les Oshima. Et puis trouver où ils cachent le garçon. De toute façon, je pense que nous le retrouverons vivant, quels que soient les kidnappeurs. Je ne pense pas qu'ils lui feront du mal, ils n'auraient rien à y gagner." "Lui faire du mal ? Pourquoi lui faire du mal ?" demanda Kazunari alarmé. "Je ne pense pas, comme je te l'ai dit, mais rappelle-toi qu'à travers lui, c'est toi qu'ils veulent atteindre. Si tu parais faible, prêt à tout accepter, c'est Jun qui a tout à perdre." dit gravement sa mère. Kazunari, même s'il ne le montrait pas, était un homme brisé. Oui, ils l'avaient touché là où il était le plus vulnérable. Et comment était Jun, à présent ? Comment le traitaient-ils ? Avait-il peur ? Se sentait-il perdu ? Le garçon pensait-il qu'ils faisaient l'impossible pour le sauver ? Son Jun, si doux et gentil, aux mains des loups. Et lui, sans force. Oui, sa mère avait raison, c'était sa faute si Jun était maintenant en danger. Il devait sauver le garçon à tout prix, même si le prix était sa propre vie. Parce que Jun était sa vie. Si Kazunari avait pu voir la réaction de Jun, il aurait été fier de lui. Quand le garçon reprit conscience, il se retrouva attaché dans une petite pièce. Il comprit immédiatement la situation. Il avait été enlevé pour atteindre Kazunari. Quand un de ses geôliers apparut pour lui apporter à manger, il resta silencieux. Il mangea sans rien dire. Quand il eût fini de manger, l'homme qui l'avait observé pendant tout le temps dit, "Alors, la petite tapette, t'en penses quoi ? Qu'est-ce que ton homme est prêt à faire pour te récupérer ?" "Qui, le chef ?" demanda Jun tranquillement. "Ah, tu l'appelles chef ? Oui, lui, Yamaguchi." "Rien. Qu'a-t-il à faire ? Je ne suis qu'un jouet pour lui. Tant que je ne suis pas trop cher, il me garde. Que ça change et il en trouvera mille pour me remplacer, prêts à lui plaire. Qu'est-ce que vous croyez gagner à vous servir de moi ?" "À qui veux-tu faire croire ça ? Ça fait deux ans qu'il ne baise que toi. Avant, il prenait tous les garçons de la ville dans son lit, mais maintenant, il n'y en a que pour toi, petite fiotte, tu crois qu'on le sait pas ?" "Parce que je suis plus malin que les autres. Je ne demande rien, mais j'obtiens tout ou presque. Mais je ne me fais pas d'illusions, ça ne durera pas toujours." "Ah bon ? Et tu crois que je vais avaler ça alors qu'il t'a donné deux gardes du corps ? Il ne tient pas à toi ?" "J'ai pas dit qu'il ne tenait pas à moi. Je lui appartiens et il protège ses affaires, comme il fait avec sa bagnole. En plus, il veut me surveiller pour que je n'aille pas avec d'autres tant que je lui plait. Il en trouvera d'autres. Il aime la chair fraîche. J'ai déjà vingt-deux ans. Jusqu'à quand ça durera ?" "D'accord. Mais tu ne comprends pas que si on s'est gourrés en t'attrapant, ça finira mal pour toi ? Si tu sers plus à rien, on te zigouille ?" "Bien sûr que je comprends. Je ne suis pas complètement idiot. Mais je n'y peux rien. Le chef ne fera pas grand chose, si ce n'est rien, pour moi. Et vous, je n'en espère pas plus de vous, à moins..." "À moins ?" demanda l'homme curieux. "Et bien, à moins que je n'intéresse l'un d'entre vous." dit Jun hardiment, et il ajouta, "Il y a des choses que je fais très bien..." L'homme, amusé, rit. "Il n'y a pas d'homosexuels ici. Mais quand même, si tu es si bon à faire jouir un mâle, on pourrait s'amuser un peu avec toi avant de te tuer." "Ah non ! Si vous ne me garantissez pas au moins la vie, personne ne s'amuse avec moi." "Tu es attaché, sans défense. Si je voulais, je pourrais te violer maintenant." "Bien sûr, je sais. Mais tu as parlé de t'amuser, pas de prendre ton pied. À moins que ça t'excite de violer des hommes. Si c'est ça, vas-y, tu l'as dit, je ne pourrais pas résister." "Ta gueule, petite merde. Tu ne m'intéresses pas. Je te l'ai dit, je suis pas une pédale comme ton patron." "La pédale, en fait c'est moi. Le patron n'aime que baiser." "Et t'aimes te faire mettre ?" "Non, mais j'ai pris l'habitude. En échange, il me garde. Tu prends l'habitude de sucer, de la prendre dans le cul. Tu t'habitues à tout, quand tu n'as personne d'autre pour te garder." "Et il paye pour tes études à l'université ?" "J'étudiais avant de le rencontrer, et je veux continuer. Et il se fout de ce que je fais, il me laisse faire." Il était évident que l'homme était perplexe et commençait à le croire. Mais au bout d'un moment, il demanda, "Mais alors, pourquoi t'a-t-il présenté à sa chère mère ?" "Elle voulait me rencontrer, me contrôler, puisque j'avais réussi à ne pas me faire jeter par son fils. C'est elle qui contrôle tout, là-bas." "Oui, c'est vrai, c'est elle l'homme de la maison. Nous la connaissons très bien. C'est elle qui tient le manche, pas son fils. Et puis on verra bien si on a raison ou si c'est toi. J'espère pour ton bien que ce sera nous." "Mon bien ? C'était fini quand vous m'avez attrapé, je pense. J'ai peur que vous ayez fait une connerie. Pour moi, pas pour vous." dit Jun avec un air indifférent, en se rallongeant et en fermant les yeux. L'homme l'observa encore quelques instant, puis prit le plateau et quitta la pièce, fermant la porte à clef. Jun n'avait pas peur. Cette fois, c'est lui qu'ils avaient eu, pas son homme. Il s'en moquait. Il espérait juste que, pas son Kazunari, qui était probablement très inquiet pour lui, mais Michiko, jouerait finement ses cartes de manière à ne pas le démentir. Elle ne devait pas se plier à leurs exigences. De toutes façons, il savait qu'il ne pouvait qu'attendre et espérer voir, même si c'était pour la dernière fois, son Kazunari. Son homme souffrait-il ? Oui, il pouvait le sentir, il souffrait certainement. Comme lui avait souffert quand on avait tiré sur Kazunari. Il pensait sûrement à lui. Quelle pitié de ne pas être télépathe pensa-t-il. Ses yeux se fermèrent et il se rappela cette fois où son homme lui était apparu, vêtu de son seul tatouage. Le serpent dressant la tête. Pour rire, Kazunari appelait Jun "mon charmeur de serpent" et le garçon répondait invariablement que c'était lui qui était charmé par le serpent. Oui, ce tatouage qui l'avait tellement effrayé au début le fascinait maintenant. C'était une part de son merveilleux amant. Quand le reverrait-il ? Et même, le reverrait-il ? Son geôlier revint avec de la nourriture. Pendant que le garçon mangeait, l'homme demanda, "Il a ordonné qu'on te recherche. Tu vois, il veut que tu reviennes." "Il ferait pareil pour sa voiture si on la lui volait." répondit Jun en haussant les épaules. "Mais il n'a pas cherché un autre garçon." insista l'homme. "Et il n'achèterait pas non plus une autre voiture tant qu'il garderait espoir de retrouver la sienne." "Il te baisait toutes les nuits ?" demanda soudain l'homme avec une curiosité évidente. "La nuit ou le jour, chaque fois qu'il a la gaule. Il dit juste, Jun, à poil, faut que je baise." répondit calmement Jun. Et puis il ajouta, "Et puis je sais le satisfaire vraiment bien, juste comme il aime, c'est pour ça qu'il me garde." "Qu'est-ce qu'il aime faire ?" "Baiser ma bouche et puis mon cul jusqu'à ce qu'il en ait assez." "Et lui, il la prend dans le cul ?" "Tu rigoles ? Lui ?" dit Jun en faisant semblant d'être sidéré pas cette idée. "Lui, c'est un vrai mec !" "Mais tu n'es pas non plus efféminé, tu as aussi l'air d'un mec." "Bien sûr, et c'est pour ça que ça lui plait encore plus de me passer dessus. Il aime se taper des vrais hommes. En puis, je suis capable sucer mieux qu'une fille." L'homme le regarda avec intérêt. "Et tu me montrerais comme tu es bon, alors ?" demanda-t-il avec un sourire lubrique, en se caressant entre les jambes le paquet qui gonflait visiblement. "Et j'y gagnerais quoi ?" répondit calmement le garçon. "Et bien tu as l'habitude, ça te coûte quoi de le faire une fois de plus ?" "Je ne l'ai jamais fait contre rien. Que me donnes-tu en échange ? Peux-tu me promettre que tu ne me tueras pas ?" "Ben, pourquoi pas. Tu me la suces ?" répéta l'homme évidemment excité. "Et comment je peux croire ta promesse ? Tu n'es pas le chef." "Je pourrais te forcer..." dit sournoisement l'homme en l'attrapant par les cordes qui le liaient. "Sûrement pas à te sucer, je pourrais te la mordre." "Mais je peux toujours baisser ton froc et te la mettre dans le cul, non ?" dit l'homme en lui caressant la joue avec son pistolet." "Et alors. Si ça te plaît tant de baiser les hommes, fais-le. T'as pas besoin de me demander, pas vrai ?" dit le garçon d'un ton de défi. "À moi ? Les hommes ? Je ne suis vraiment pas attiré par les hommes." dit l'homme en fronçant les sourcils. "Mais y penser te fait bander..." insinua le garçon, moqueur. "Et bien, une jolie petite bouche, juste pour une fois, m'aurait intéressé, mais... oublie-ça. Je vais me chercher une pute, pour ce soir. Je n'ai sûrement pas besoin de toi." Jun poussa en lui-même un soupir de soulagement. Il savait qu'il jouait un jeu dangereux. Mais il devait jouer son rôle de gigolo, pas d'amant. Il ne pouvait rien faire d'autre et il devait être convaincant. S'ils le croyaient, ils penseraient peut-être ne pas avoir barre sur Kazunari. Quand il fut de nouveau seul, il pensa intensément à son Kazunari adoré et se demanda lui-même si et quand il pourrait le revoir de nouveau. Quelques jours s'étaient écoulés, combien passeraient encore ? Comment tout cela se finirait-il ? Reverrait-il son homme ?
|