LA COURTE EVASION (Le sosie) |
CHAPITRE 3 GIACOMO, DANS MON RÔLE, DÉCOUVRE LE SEXE |
Petit à petit, je m'habituais à la vie de cour et je l'aimais. Novembre arriva et je me rappelai le rendez-vous que j'avais avec Giacomo. Je réussis à convaincre le roi de me laisser passer une courte période au château, dans la réserve de chasse. L'unique restriction était qu'il ne voulait pas que je monte sur un cheval, pas encore. Je ne savais pas comment m'éloigner de toi pour me rendre à la cabane de l'étang où je savais que Giacomo m'attendrait. J'y arrivai quand je découvris la cabane de trappeur, là bas, près du bois. Te rappelles-tu comment je voulais faire une sieste, et que tu m'as laissé dormir jusqu'à ce que je me réveille tout seul ? Tu avais pris une couverture pour t'asseoir sur l'herbe, tu l'avais étalée dans la hutte comme une couche. Quand tu es sorti, je suis monté jusqu'à la petite fenêtre de derrière et j'ai couru; Je pouvais te voir, assis le dos appuyé à la porte, ignorant et tranquille; J'ai couru comme un dératé. Si tu t'étais aperçu de ma disparition... oui, je sais, tu aurais cru mourir. Mais je devais rencontrer Giacomo à tout prix. J'étais presque sûr qu'il voulait rentrer à la Cour, et j'étais prêt pour l'échange. Je rentrai dans la hutte. A mon entrée, il se leva et vint vers moi. Il avait un sourire radieux, "Tu es venu, enfin ! Ça fait cinq jours que viens ici à cette heure-là et que j'attends jusqu'au crépuscule. J'avais peur que tu ne reviennes jamais. Mais ça ne m'aurais pas posé de problème..." me dit-il joyeusement. "Comment vas-tu ?" lui demandais-je. "Bien, et toi ? Tu n'as pas eu de problèmes ?" "Non... pratiquement pas." dis-je. Il me demanda de tout lui dire. Il rit, amusé. Il pouvait reconnaître tous les gens dans mes descriptions, même sans les noms. Et puis je voulus savoir ce qui lui était arrivé. Giacomo fit en sorte d'être découvert à la nuit, comme convenu. À son état, ils comprirent que quelque chose lui était arrivé (m'était arrivé) et qu'il avait perdu la mémoire. Ils le conduisirent chez ma tante qui ne soupçonna jamais que ça ne soit pas moi. Elle demanda juste qui avait coupé les cheveux et pourquoi, mais Giacomo avait perdu la mémoire... Le lendemain, elle le conduisit chez le docteur du village. Il fit le même diagnostic. Ma tante était une femme pratique; Giacomo devait continuer à travailler. Alors elle le conduisit à l'auberge et expliqua le problème à l'aubergiste. "Je vois, pauvre garçon. Et bien on va tout lui réapprendre depuis le début." dit l'homme sans hésitation. Pour lui, c'était plus facile de s'insérer dans cette nouvelle vie que pour moi... et elle lui plaisait beaucoup, il était heureux. "Mais..." dit-il à un certain moment, d'un air de reproche, "Tu ne m'avais pas prévenu de ce qu'il y avait entre toi et Timoteo..." "Oh mon Dieu ! C'est vrai... que s'est-il passé ?" demandai-je, réellement alarmé. "Lui aussi était certain que c'était toi... Un soir, il m'a conduit dans le cellier et m'a demandé si je ne me rappelais vraiment de rien. Je lui ai dit que non, absolument rien de mon passé... Il a mis alors la main entre mes jambes et m'a touché. J'étais gêné, mais comme je ne savais pas ce que j'aurais dû me rappeler ou faire, je suis resté immobile et même si j'étais très gêné, je l'ai laissé faire..." Giacomo n'avait encore eu aucune expérience sexuelle. Il ne comprit donc pas mais il ressentit, malgré la gêne, un plaisir confus. Timoteo, sachant à quel point j'aimais qu'il me prenne, poursuivit, confiant et décidé. Il ouvrit ses chausses et la sortit, dure et droite. "Mais alors, tu ne te rappelles vraiment de rien ?" demanda-t-il de nouveau. "Non... je suis désolé..." balbutia Giacomo en regardant le pieu turgide de Timoteo. C'était le premier qu'il voyait, et il était fasciné. "Tu me la suçais toujours, pour commencer. Allez, Giorgio, essaye, et tu vas voir que tu vas te souvenir..." "La sucer ?" demanda Giorgio ahuri; "Mais..." "Allez, tu aimais tellement... Viens ici, prends-la dans ta bouche !" Giacomo, un peu par peur d'être découvert, un peu par curiosité, un peu parce qu'il se disait que si je l'avais vraiment fait, il pouvait le faire aussi, s'agenouilla devant Timoteo et le prit tout dans sa bouche. À sa grande surprise, il découvrit que cette activité bizarre lui plaisait. Au bout d'un moment, Timoteo le releva, baissa ses chausses, le retourna et tout en le masturbant, tenta de le pénétrer. Mais, contrairement à moi, il était toujours vierge, et donc très étroit... Timoteo parut surpris. "Hé, Giorgio, ne te crispe pas, détends-toi... ou je ne pourrais pas te la mettre ! Qu'est-ce qui se passe ? Allez, détends-toi..." répétait-il, continuant à pousser pour le pénétrer. Giacomo se sentait confus, excité, gêné, fasciné, perdu... Il ne savait pas que de telles choses étaient possibles... De ce que disait Timoteo, il avait déduit que lui et moi le faisions relativement souvent... et que ça me plaisait... Alors, quand enfin Timoteo commença à se glisser en lui, malgré la douleur, il ne se plaignit pas, n'essaya pas de s'échapper. Tout surpris, il constata qu'avec la douleur, il ressentait un plaisir intense, aigu, comme il n'en avait jamais ressenti auparavant. Les mains de Timoteo sur son sexe, le fait que le jeune homme lui mordille la nuque, le membre dur qui entrait et sortait en lui, l'intensité de la passion du jeune aubergiste, son arrogance virile, le subjuguaient complètement. Son initiation au sexe fut bien moins progressive que la mienne mais, comme me le dit Giacomo, assurément plaisante en dépit de la douleur et de l'inconfort des premières fois. Timoteo était heureux d'avoir pu reprendre son passe-temps avec celui qu'il pensait être moi. Il était juste un peu étonné, mais ravi, de la manière dont j'étais, et en fait Giacomo, (de nouveau) étroit... Giacomo s'habitua rapidement au rôle, et même avec plaisir. Il me dit qu'il attendait avec impatience les moments où Timoteo trouverait le moyen de s'isoler avec lui pour le prendre. Il découvrait les joies du sexe. À la Cour, rien de tel, me dit-il... Alors je lui ai raconté pour Fabiano et Manfredo. Il m'a regardé avec respect et admiration. "Si tu rentres," lui dis-je, tu pourras le faire avec les deux..." "Mais je ne veux pas rentrer. Je me sens trop bien ici, comme ça. Et toi ?" "Ben, moi aussi je me sens bien... Mais comment peux-tu aimer la vie ici, au village ? Qu'est-ce que tu y trouves de beau ?" "Et toi, alors, à la cour ? Je me sens enfin libre. Complètement libre. C'est trop beau !" "Mais les beaux vêtements, la nourriture, le confort ne te manquent pas ?" "Non, pas du tout. Je peux nager tout nu, grimper aux arbres, m'empiffrer de patates et de choucroute. Personne ne me contrôle, ne me dirige... Pas d'étiquette, une vie simple, spontanée..." "Mais, à propos de l'étiquette... c'est un genre de jeu, un peu comme une pièce, sur une scène..." En somme, par un accord mutuel, je revins à la vie de cour et lui retourna au village. Nous fixâmes un rendez-vous pour le printemps suivant. Je lui parlai de la cabane de trappeur, et lui demandai de m'y attendre, lors de notre prochaine rencontre. Je courus à toutes jambes jusqu'à la cabane. Tu étais toujours là, face à la porte, montant la garde, inconscient. Je me glissai dedans, me couchai un moment pour reprendre mon souffle et, quand je me sentis prêt, je sortis. "Vous êtes-vous bien reposé, Altesse ?" me demandas-tu avec sollicitude, te tenant presque au garde-à-vous. "Oui, merci. Nous pouvons rentrer au château, à présent. J'aime cet endroit. Est-ce que j'y venais souvent ?" "Oui, Altesse. Je ne sais pas précisément pour cette cabane, mais vous veniez souvent dans la réserve. Parfois avec Sa Majesté, parfois seul. Mais alors, je n'étais pas à votre service." Et puis, au château, je t'ai vu nu pour la première fois. Il n'y avait pas là le fameux paravent. Quand tu t'es aperçu que je te regardais, tu as rougi et tu m'as tourné le dos, mais ton petit cul aussi était un spectacle splendide, surtout que, grâce à Manfredo, j'avais aussi appris le plaisir qu'on peut y trouver. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas osé faire le premier pas avec toi ou pour être plus précis, pourquoi j'ai mis si longtemps. Peut-être parce que tu me plaisais tant ou que je te considérais comme un ami... Notre amitié est née exactement là, au château, t'en rappelles-tu ? Nous passions des heures à flâner dans le parc, à discuter. Tu me parlais de ta vie, avant, au château de ton père, puis à la Garde, puis à mon service... Je ne pouvais pas te parler de la mienne. Mais je te disais ce que je pensais de la vie que je découvrais, des gens que je croisais à la Cour. En toute sincérité. J'aimais beaucoup ton rire à certaines de mes remarques. "Oh, Altesse, vous avez absolument raison, le Premier Ministre ressemble vraiment à une chouette... empaillée ! Et vous imitez si bien sa façon de bouger, de parler..." Même si à cette époque, on se vouvoyait encore, petit à petit, nous sommes devenus de plus en plus proches, plus libres de nous exprimer librement ensemble. Je me rappelle encore quand, seuls dans le carrosse qui nous ramenait à la capitale, tu m'as dit, "Altesse, ces jours que j'ai passés avec vous dans le château étaient splendides. J'ai de la chance d'avoir été appelé à votre service !" Tes yeux brillaient, et je ne sais pas ce qui m'a retenu de te prendre dans mes bras à cet instant. Tu me semblais tellement beau, et je te désirais toujours plus... De retour à la Cour, je repris ma vie, mes études assidues, mes rencontres secrètes avec Fabiano et Manfredo... Oui, c'était juste un peu avant Noël que c'est arrivé avec Ermanno. Il avait alors vingt huit ans, c'est ça ? C'était mon secrétaire (en fait, celui de Giacomo, avant et donc le mien après) depuis trois ans. Au début, je l'avais trouvé assez ennuyé de ta présence près de moi, il se sentait comme évincé, je pense. Ermanno m'avait vu grandir, de l'adolescence vers l'âge adulte (même s'il s'agissait de Giacomo) et il s'était entiché de moi. Au début, même si son aspect physique m'attirait, son attitude solennelle, cérémonieuse, me le fit trouver déplaisant. Et son agenda avec tous mes devoirs officiels, qui reprenaient progressivement, m'ennuyait considérablement. Altesse, n'oubliez pas ceci, vous devez faire cela, comme ceci, comme cela... Bon, il essayait de m'aider, je sais, mais je le trouvais ennuyeux, pédant, pointilleux... Comment ai-je découvert pour lui ? D'une manière plutôt banale. Je ne me souvenais plus de l'heure exacte de l'une de mes obligations, mais il était ailleurs dans le palais. Je suis entré dans son petit appartement pour voir si j'y trouvais son carnet et j'ai donc commencé à fouiller dans ses papiers. J'allais abandonner (peux-tu imaginer qu'il se sépare de son précieux petit agenda en maroquinerie !) quand j'ai remarqué un petit secrétaire, tu sais, comme celui que j'avais dans ma chambre, avec des tiroirs secrets. Aussi j'ai pensé le sien devait aussi en avoir. Qui sait ce qu'il pouvait y enfermer ? Où pouvait-il être ? J'essayais et essayais encore de bouger les ornements, de pousser, de tirer mais sans résultats. Le mécanisme secret semblait inviolable. Mais tu sais que je suis quelqu'un de curieux, non ? Et que je n'abandonne pas si facilement. Alors j'essayais encore, méticuleusement, espérant qu'il ne me surprendrait pas au milieu de ma recherche. J'ai remarqué que l'une des décorations brillait plus que les autres... J'essayais de pousser, de tirer, de la faire glisser à droite, a gauche, en haut, en bas, sans résultat. Et puis je l'ai tournée, et elle a cédé, j'ai entendu un clic. J'ai poussé, tiré, ça venait petit à petit. Mais il ne se passait rien. Je passais ma main sur toute la surface, essayant, jusqu'à ce qu'une petite colonne bouge un peu. J'ai tiré et un tiroir vertical est sorti. A l'intérieur, il y avait un petit carnet. Je l'ai sorti avec excitation. Il était couvert d'une calligraphie serrée; mais dans une sorte de code. En hâte, je l'ai glissé sous ma veste et puis j'ai fermé et tout remis en ordre et quitté l'endroit. Il s'apercevrait de la disparition de son carnet, mais il ne pourrait pas savoir qui l'avait pris. Et je voulais découvrir ses secrets. Le code m'a donné beaucoup de mal pendant plusieurs jours. Ermanno n'a rien dit du carnet disparu. Ou il ne l'avait pas encore cherché ou il ne pouvait imaginer qui le lui avait pris. Un des enseignements que je recevais était sur l'art de la guerre et les codes diplomatiques. Alors, petit à petit, j'ai pu trouver les codes de lecture. Surtout quand j'ai découvert que les codes répétés étaient des dates. C'était un genre de journal. Terriblement intéressant. Il y avait principalement reporté les événements de sa vie amoureuse et je me suis aperçu qu'y étaient notées les initiales du nom de ses conquêtes, lesquelles étaient indubitablement des hommes. 12 avril 1824. J'aime bien le conte C.B.M. et je pense que je lui plais, même s'il est si timide. Mais il n'a que dix-huit ans. Un beau physique, joliment mis en valeur dans son uniforme de hussard.Il continuait de cette façon, mais en donnant aussi quelques indices de ce qu'il ressent pour moi, à mesure que je grandis. Et puis beaucoup de nouvelles conquêtes, autant de ruptures, de déceptions, de querelles, et parfois, d'allusions, mais de plus en plus fréquentes à Giacomo. Et puis l'amnésie. Et ma nouvelle façon de le regarder. Il s'est aperçu que je m'intéressais à lui. 17 décembre 1829 S.A.G. semble éprouver de l'attirance pour moi. Je ne pense pas me tromper, mais bien sûr, je ne peux pas faire le premier pas. Il devient de plus en plus beau, désirable. On dirait presque que l'accident lui a fait du bien. Il paraît plus joyeux, ouvert, spontané. S'il me faisait seulement comprendre qu'il désire aussi ce qui me tente... Mais peut-être que je me fais des illusions.Ainsi, j'ai vu juste, il attend seulement un signe de moi. Dans son carnet, j'ai vu qu'il était un vrai don Juan et ça m'a excité. J'ai donc décidé de découvrir mes cartes. Nous nous préparions pour les prochaines cérémonies et il m'expliquait minutieusement ce que j'aurais à faire. Je lui ai soudain déclaré, "Dites-moi, Marquis, parmi les animaux, lequel préférez-vous ?" Il me regarda avec surprise et répondit, "Mais... le cheval..." "Ah, vraiment ? Mais... entre un jeune taureau et un petit agneau, lequel vous semble le plus intéressant ?" Il me regarda en hésitant, puis il répondit, un peu incertain, "Chacun d'eux a d'intéressantes qualités, Altesse. Mais comme ce fait-il que vous me posiez une telle question ? Et pourquoi avoir choisi précisément ces deux animaux ?" demanda-t-il en me regardant avec attention. "J'ai lu quelque chose à propos de petits agneaux qui se transformaient en jeunes taureaux, et ça m'a rendu curieux. Des deux, lequel préfèreriez-vous être ? Je vis passer sur son visage des émotions contrastées, puis, solennel, il dit d'une voix sèche, "C'est donc vous... Vous n'aviez pas le droit... Rendez-le moi." "Plus tard..." lui répondis-je en souriant, sûr de moi. "Plus tard ?" répéta-t-il. "Oui, vous n'avez pas répondu à ma question. Lequel de nous fera l'agneau et l'autre le taureau ? Ou bien un peu de chaque ?" " Lequel de nous ?" demanda-t-il en écarquillant les yeux. "Ne voulez-vous pas réaliser vos phantasmes ?" lui demandais-je d'un ton provoquant, le regardant d'un air moqueur. "Vraiment, vous... vous êtes prêt... avec moi..." "Pourquoi pas ! Il semble que vous ayez une vaste expérience, et j'apprécie les hommes expérimentés... surtout en la matière. Alors ?" "Avec vous... tout ce qu'il vous plaira, Altesse... Je serai votre taureau, ou votre agneau, ou les deux, comme il vous plaira..." dit-il enfin d'un ton soumis. "Oui, les deux, peut-être..." dis-je en prenant sa main. Il souleva ma main et l'embrassa, puis d'une voix passionnée, s'agenouillant devant moi, il dit, "Altesse... je suis à vos pieds..." "Je vous préfèrerais dans mon lit..." lui dis-je en riant. "Ce n'est pas si facile, j'en ai peur. Entre les gardes, les serviteurs, votre ordonnance, vous n'êtes jamais seul..." "Nous sommes seuls, ici. Pourquoi ne pas me donner un aperçu de vos talents érotiques ?" Il frotta sa figure contre ma braguette tendue et dit, "Oh, Prince Giacomo, votre sceptre précieux... Puis-je..." "Qu'attendez-vous ? Il est à vous..." répondis-je en le faisant palpiter. Il ouvrit fiévreusement mon pantalon, la sortit et commença à la lécher, la sucer, l'embrasser avec un art consommé. Il était bien meilleur que Fabiano, bien plus expérimenté. En un instant, il me porta aux sommets du plaisir, et quand enfin je déchargeai dans sa bouche chaude et agréable, il but avidement, jusqu'à la dernière goutte. Léchant ses lèvres, me regardant d'en bas, il murmura, "Oh, Altesse... Comment puis-je vous remercier ?" "Recommencez... Et faites-moi ressentir d'autres émotions. Mais par-dessus tout, trouvez un endroit où nous puissions le faire dans un lit, tranquillement, en sécurité. Et peut-être un peu moins de rigueur dans la surveillance dont je suis l'objet." "Je ne sais combien de ces choses je réussirai à vous obtenir, Altesse, mais je vais essayer, je ferai de mon mieux." Et tu sais comment cela s'est terminé. Ermanno est vraiment doué pour beaucoup de choses. Il réussit à persuader la Cour que mon état s'améliorait, que la stricte surveillance n'était plus nécessaire. Et il me fit aménager cette pièce officiellement nommée "Chambre de repos du Prince". Il n'y a pas de lit, mais un tapis épais, large et confortable en face de la cheminée dont je me suis servi si souvent, et aussi avec toi. Et bien j'avais à présent trois amants, une pièce où me retirer pour faire tranquillement l'amour, mais je n'étais pas encore vraiment satisfait. Je me sentais bien, je m'étais bien inséré dans la vie de Cour, les gens autour de moi, et surtout toi et Ermanno, m'aidaient à dépasser les dernières difficultés que j'affrontais par moment, mais il me manquait quelque chose. Je ne l'ai pas compris tout de suite, ça m'a même pris un bon moment. Mes succès avec ces trois hommes, même s'ils étaient de natures différentes, me poussaient à te conquérir aussi. Qu'est-ce que m'attirait en toi ? Tellement de choses, mais surtout, le sais-tu, ton sourire. On dit que le sourire est le miroir de l'âme. La tienne avait, a toujours, quelque chose de spécial. Ce n'était pas ta beauté, même si elle était remarquable. Non, ton sourire me donnait des émotions profondes. J'y voyais la franchise, l'amitié, la chaleur, l'attention, la douceur, le soutien... et tant d'autres qualités qu'il serait trop long d'énumérer. Ton sourire m'avait toujours attiré, plus même que ton corps, ce qui est tout dire. Non, je ne dis pas que tu es parfait. Mais il me semble que tu as été conçu exactement pour moi, oui, vraiment. Même à présent, être ainsi avec toi, regarder ton corps tranquillement étendu à mes côtés, me perdre dans ton sourire, dans tes yeux pleins d'amour, reste une expérience unique. D'accord, je suis peut-être romantique, mais tu sais ce que je ressens pour toi, non ? Tu sais que je ne mens, que je n'exagère pas. Je ne fais pas de rhétorique. A présent, nous commençons à bien nous connaître, intimement. Tu m'as conquis petit à petit, mais d'une façon irrésistible. Pourquoi penses-tu que j'ai renoncé à tous les autres pour toi, sinon à cause de ça ? Oui, moi aussi je t'ai conquis, c'est vrai. J'ai eu de la chance. Et toi aussi, d'accord. Comment était Ermanno au lit ? Remarquable. Il avait vraiment une énorme expérience. Sais-tu qu'il avait à peine douze ans quand il a connu son premier garçon ? Alors, quand je l'ai pris, il avait déjà seize ans d'intense expérience derrière lui Le fait que tu aies si peu d'expérience, n'enlève rien à la beauté de faire l'amour avec toi. Ce n'est pas seulement une question de savoir-faire. Et puis, tu n'as rien à envier à Ermanno. Et tu as quelque chose que ni lui ni les autres n'ont. La capacité d'aimer, d'aimer vraiment, totalement, profondément. Et de pardonner. De comprendre. D'accepter... Non, vraiment, je renoncerais à tout pour ne pas te perdre. Vraiment à tout. D'accord, j'arrête de chanter tes louanges... Qu'est-ce que disais ? Ah oui, que le Marquis Ermanno réussit à desserrer un peu la surveillance dont je faisais l'objet, et de me faire installer cette fameuse pièce de repos. Avec ce magnifique tapis de fourrure blanche, douce et épaisse. Encore mieux qu'un lit. Mais le fait que toi, même si proche de moi, ne soupçonne rien, est à mettre au crédit de ma science du... Mais non, vilain coquin, tu sais que maintenant, je n'ai plus aucun secret pour toi. Mais à cette époque, c'était différent. Je devais avoir des secrets pour me retirer dans mon espace personnel. Et toi, même si je te considérais de plus en plus comme un ami, je ne savais pas ce que tu penserais de ce sujet. Ce qui est sûr, j'y pense maintenant, c'est que dans les personnes affectées à mon service, ils étaient au moins quatre qui avaient les mêmes tendances sexuelles. Je me demande combien d'autres pouvaient l'être également. Si seulement nous pouvions vivre d'une manière plus naturelle, montrant nos sentiments ! Toute cette hypocrisie autour de nous, et pas seulement à la Cour ! Oui, Manfredo et Ermanno étaient mariés. Mais tu sais ce que c'est, non ? Giacomo aussi devra se marier, tôt ou tard. Toi et moi sommes des hommes heureux, maintenant. Nous pouvons vivre librement, comme nous aimons. Mais c'est grâce à Giacomo, bien sûr, mais aussi parce que nous ne sommes plus à la Cour. Des regrets ? Pas même la moitié d'un. Vraiment aucun. Et toi ? Allez, ne te moques pas de moi... C'est vrai, c'était une question stupide, autant que la tienne, non ? Non, je commençais à ressentir des regrets à la Cour. Je commençais à comprendre pourquoi Giacomo se sentait à l'étroit dans sa vie de Cour, pourquoi il voulait s'en échapper. Je commençais à ressentir une nostalgie pour ma forêt, ma vie au grand air, mes bains, nus avec mes amis... Au début, elle n'était pas si forte. J'étais encore fasciné par bien des aspects de la vie scintillante de la Cour. Et toutes ces choses que j'apprenais. Et les amours que j'avais pu me permettre. Ils me (ré)apprirent à monter à cheval, ça me plaisait beaucoup. À tirer l'épée, mais ça me plaisait moins, l'art de tuer son voisin ! Comment tirer au pistolet. Mais je devais l'apprendre. Progressivement, je m'apercevais que les devoirs d'un prince, d'une certaine manière, en font un prisonnier. Et puis les fêtes étaient belles. J'aime tellement danser. Les cérémonies, lentement, devinrent ennuyeuses. Les défilés, heureusement étaient rares, très chorégraphiques mais interminables. Et puis les leçons étaient plutôt intéressantes. Spécialement celles de Manfredo, qui commença à me laisser lire des livres qui étaient à "l'index des livres interdits"... Pourquoi les livres les plus intéressants et amusants sont-ils presque tous à l'index ? Et ça n'empêche pas tous ceux d'un certain niveau social de les lire. A propos, où est Manfredo, à présent ? Où a-t-il fini ? A-t-il trouvé quelqu'un d'autre pour lui donner ce que sa femme ne pouvait lui donner ? Non, il avait découvert ce genre de plaisir quand il était à l'université. Il était déjà marié, il l'avait fait très jeune. Il me dit que pendant une fête étudiante, il avait bu. Pas au point de perdre conscience, mais suffisamment pour ne plus pouvoir tenir debout. Aussi, un camarade l'avait conduit dans sa chambre. Il l'avait déshabillé, mis dans son lit et baisé sans cérémonie. Non, Manfredo n'avait plus la force de s'y opposer, il était complètement inerte, il n'aurait pu s'y opposer même s'il l'avait voulu. Le camarade profita de lui longuement, toute la nuit, sans se préoccuper des faibles plaintes de son compagnon ivre, ou peut-être même excité par ça. Alors, il a dû le supporter, au moins au début. Parce que, petit à petit, il découvrit que ça lui plaisait de plus en plus. Vraiment beaucoup. Mieux vaut tard que jamais, non ? Ermanno, au contraire, n'avait que douze ans. Deux de ses cousins, un peu plus âgés que lui, le déniaisèrent. Il les surprit dans une serre où ils faisaient l'amour. Ils s'aperçurent qu'il était là. Ils bloquèrent les issues et le "persuadèrent" de se joindre à eux. C'est là qu'il perdit sa virginité. Les deux adolescents le prirent par les deux bouts, ensemble. Mais il prit immédiatement sa revanche, au chantage, "Ou vous me donnez vos petits trous, ou je dis à vos parents ce que vous m'avez fait..." Et ainsi, l'un après l'autre il se mit sur eux et les prit. Il aima autant la première expérience que la seconde. Il "joua" avec eux pendant quelques années, puis vers quinze ans, il se lança avec enthousiasme à la conquête du monde. D'abord un garçon d'écurie, puis le marmiton, qui était toujours là, dans le palais, puis un novice dans un monastère, dont il était l'hôte avec sa famille, et puis... les dizaines d'hommes et de garçons, même quand il entra à la Cour. Il m'expliqua que parmi les Gardes, plus d'un était prêt et disponible... Tu as dû en savoir quelque chose, je pense, non ? De Fabiano, je ne sais rien. Nous n'avons jamais parlé, juste fait, et même pas longtemps. Oui, les dernières fois que nous l'avons fait ensemble, là, dans ma salle de bain personnelle, je l'ai persuadé de me laisser le prendre... Non, non, sans difficulté, au contraire... Je les ai baissées et je l'ai retourné. Il était clair que je n'étais pas le premier à le prendre, et qu'il aimait ça. Mais je ne peux rien dire d'autre. Non, il n'a jamais essayé de me prendre, je ne sais pas si c'était par respect ou parce ça ne lui plaisait pas. J'aurais certainement été d'accord, s'il m'avait fait comprendre qu'il le désirait ! Non, avec lui, j'ai arrêté avant les autres. Il n'y avait pas de raison particulière. J'ai juste arrêté. Avec les autres, au contraire, j'ai arrêté parce que je tombais amoureux de toi. Sais-tu que tu m'as vraiment ensorcelé ? Lequel d'entre eux, j'ai préféré ? Et bien Ermanno, pour beaucoup de raisons. Mais aussi... Oui, Ermanno. Il était le plus sûr de lui, mais aussi le plus créatif des trois. Il aimait faire l'amour, il était vraiment sensuel, plein de fantaisie. Non, ça ne m'a pas coûté de le quitter, et puis, tu ne le l'as même pas demandé; C'était mon choix de les quitter, quand je me suis aperçu que j'étais amoureux de toi. C'est possible qu'il en ait été un peu déçu, mais c'est un seigneur, même dans ce sens, et il n'a pas eu la moindre plainte. C'est aussi la raison pour laquelle nous sommes restés en bons termes. Au contraire, Manfredo s'est vraiment senti mal. Non, lui aussi a été correct, mais il l'a beaucoup regretté, je l'ai su. Mais tu sais, Ermanno est l'homme de mille aventures. Quand un s'en allait, il regardait déjà le suivant, ou plutôt plus d'une aventure à la fois. Donc, ça ne le préoccupait pas beaucoup qu'une aventure se termine. Manfredo était différent. Il est... comment dire... il est monogame. Oui, c'est ça, bigame, sa femme et un garçon. Quand je lui ai dit que j'étais tombé amoureux, il a compris, bien sûr, au moins au plan intellectuel. Mais il a paru un peu abattu, comme un chien battu, la queue entre les jambes, les oreilles basses. Non, je ne pense pas qu'il était amoureux de moi. Il en était simplement heureux, et ça lui suffisait. Manfredo est un homme simple, en un sens. Non, pas simplet, bien sûr. Quand, avant, dans la salle des manuscrits, en haut de la bibliothèque, puis dans ma salle de repos, je l'invitais à se retirer avec moi, il se contentait de hocher la tête, comme quand je lui disais que la leçon était terminée. Nous y allions. J'aimais le déshabiller et il me laissait faire. Mais petit à petit, s'excitait, s'échauffait. Surtout quand je me préparais à le prendre... et pendant que je le faisais. C'était un autre homme. Son expression changeait, même son aspect. Comme s'il avait soudain dix ans de moins. Comme s'il revivait ses premières expériences d'étudiant... C'était au moins mon impression, l'impression qu'il m'a donnée à plusieurs reprises. Sais-tu que je me suis plusieurs fois demandé ce qui se serait passé si Manfredo et Ermanno avaient fait l'amour ensemble ? Peut-être Manfredo aurait-il aimé. Mais Ermanno moins. Au lit, il aimait une participation active, vivante de son partenaire. C'est pour ça qu'il m'avait dit que je lui plaisais. Toi aussi, non ? Allez, veux-tu que je continue ou.... Non, bien sûr... Tu le sais, non ? Oui, mon amour... bien sûr... je ne serai jamais capable de te dire non. Ici, viens... Oh, Gualtiero... Chaque jour un peu plus, même si ça semble impossible. Comme ça... Dieu que tu es beau ! Oui... Oui...
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