LES HUIT LIVRES DU COLLIER D'OR |
SIXIÈME LIVRE OÙ ON EXPLIQUE COMMENT AMI DEVIENT L'AMANT DE L'EMPEREUR |
Le jour du Jour Croissant, avec Ciel, Ami se rend à la cour pour la cérémonie. C'est la première fois qu'il entre au palais impérial et il est ému. L'imposant complexe de pierre, qui se dresse au-dessus de l'école, est un ensemble de cours, de jardins, de larges allées bordées des diverses constructions qui composent le palais impérial. Ils arrivent sur la place des cérémonies. Le rite commence. Tout d'abord l'Empereur retire son manteau de laine d'hiver. Puis il purifie la terre avec l'eau et le feu et les vierges dansent la danse de la fin de l'hiver, puis il lance les mille graines et les guerriers dansent la dance de la force de la vie. Les prêtres prédisent les jours propices pour les semis de printemps des diverses plantes et dictent le calendrier de nouvel an. Enfin, brûlent les huit essences. L'Empereur revêt le manteau printanier de plumes et ordonne le début des jeux et des fêtes en lançant lui-même la partie rituelle de balle à bracelet. Ami regarde fasciné tous les rites. Après le début des fêtes, l'Empereur se retire dans la salle des audiences où il reçoit l'hommage de tous les chefs de famille par ordre d'importance. Ami joue une partie de balle, lorsque Ciel s'approche. "Laisse ta place à quelqu'un d'autre." "Oui ?" "Viens avec moi." "Où ?" "L'Empereur t'a demandé, il veut te voir." "Moi ? L'Empereur m'a demandé ?" demande Ami les yeux écarquillés. "Oui, lorsque mon père est allé lui rendre hommage. Il t'attend dans la chambre privée. Une audience informelle, un honneur et une délicate attention, il ne veut pas te mettre mal à l'aise face à la cour, vu que tu ne maîtrises encore pas bien l'étiquette." Ciel le guide dans le dédale de salles jusqu'aux appartements privées de l'Empereur, en passant différents contrôles, jusqu'à une porte où il dit aux soldats de garde, "Voilà Dernier Ami de la Lune. Il est attendu." "Oui, il peut passer." dit un soldat en lui ouvrant la porte. Ami entre et il se trouve face à l'Empereur, qui ne porte qu'un simple tablier vert. Ami se prosterne immédiatement à terre. "Non, Ami, lève-toi, ici il n'y a que nous deux. Nous pouvons nous passer des règles." "Mais tu es mon dieu et mon empereur, Tu es mon Soleil." "Ami ! Lève-toi !" dit l'Empereur avec un sourire légèrement courroucé. Ami obéit immédiatement et frissonne. Il est si beau ! Le visage fin, intelligent, souriant, les pectoraux puissants qui se soulèvent légèrement au rythme de la respiration, les épaules larges, le ventre plat, les hanches étroites, les bras et les jambes puissantes, un peu écartées, le tout est d'une beauté indescriptible. "As-tu fini de me regarder ?" demande le jeune homme avec un sourire. Ami rougit. L'Empereur lui désigne un tabouret et s'assied sur une chaise. "Ami... Dernier Ami de la Lune... un curieux nom. En connais-tu l'origine par hasard ?" "Oui, je ne suis pas le vrai fils de mes parents. Ils avaient décidé de ne plus avoir de fils. Mais une nuit de pleine lune ils entendirent un vagissement à la porte, ils sortirent et me trouvèrent dans un panier, le panier des fils abandonnés. Ils me ramassèrent. C'était moi qui pleurais. L'homme qui est devenu mon père, me dit, Hé, ami ! pourquoi pleures-tu ? Regarde cette belle lune ! et, disent-ils, j'ai cessé de pleurer et j'ai souri. Alors il a dit, prenons-le comme dernier fils, veux-tu ? Bien sûr, a dit sa femme. Bon, alors nous l'appellerons Dernier Ami de la Lune. Voici l'origine de mon nom." "Intéressant. Ils ont fait une avec toi une excellente acquisition. Ils ont élevé un fils intelligent, doué et beau, très beau." Ami rougit à nouveau et l'Empereur sourit, "Lorsque tu rougis, tu es encore plus beau. Tu me plais, Ami, je t'ai connu quand tu étais un gamin encore vert, mais déjà plaisant, et maintenant, je t'ai ici, formé, bien fait, plus qu'agréable. Tu as dix-neuf ans, c'est ça ?" "Oui." "Après le voyage tu en auras vingt, le bon âge. Lorsque tu rentreras, tu viendras ici à la cour. Je te veux auprès de moi. J'ai su que tu es doué pour lire le calendrier divinatoire, je veux que tu sois mon devin personnel. Montre cette feuille à ton retour à la porte du palais et on te conduira jusqu'à moi." "Je n'en suis pas digne, je suis encore si jeune." "Ce n'est pas vrai, je le sais. Et comme j'ai dit, vingt ans est le bon âge. Huit de moins que moi. Tu connais la signification du nombre huit, non ?" "Oui, le huit représente les deux parties de la vie, physique et spirituelle, celle qui est sensuelle et celle qui ne l'est pas. Et huit, ce sont les quatre couples célestes. Ceux des quatre âges. Le huit est la main qui donne le commencement à l'être et à l'équilibre primitif. Le huit est les amants unis aux six sens. Et enfin le huit est le soleil et la lune, c'est-à-dire un et sept, qui est un quartier de lunaison." "Justement, moi, le Soleil, toi, la lune. Et le vingt est quatre mains, les miennes plus les tiennes. Ou le couple et la coquille vide qui donne la puissance. Tu vois que tout est parfait. Je t'attendrai, Ami. Béni soit le jour où tes parents t'ont accueilli." dit l'Empereur et il se lève en le congédiant. Ami sort, la tête en ébullition. Il va vivre aux côtés de l'Empereur ! Ce qu'il n'avait osé rêver se confirme ! Et ce long message qu'il lui a donné en demandant la signification du nombre huit, ce que signifie-t-il réellement ? Et cette histoire des quatre mains, des puissants amants ... sa tête tourne, c'est trop. Ciel l'attend, voit son expression, et lui dit : "Ami, redescends sur terre. Il te désire, mais sois attentif, il est tout, tu n'es rien. Sois attentif, il te brûlera." "Ciel, ami cher, n'est-ce pas magnifique que de mourir brûlé par le Soleil ?" "Non, parce que tu ne mourras pas mais tu brûleras pour toujours. Le Soleil ne tue pas, il consume le fond de ton cœur. Et il n'y a pas d'eau qui puisse calmer cette brûlure." "Après le voyage il me veut à ses côtés comme devin personnel." "Comme devin ? Si ce n'était que ça !" dit Ciel sibyllin sans rien ajouter d'autre. Ami se prépare pour le voyage et pense composer un poème décrivant tout ce qu'il aura vu, pour ensuite l'offrir à l'Empereur à son retour. Alors il fait mettre dans une caisse des feuilles et des couleurs. Ciel le fait accompagner par quatre esclaves qui portent les bagages et le petit convoi, avec la lettre impériale, part vers le nord, pour ensuite descendre jusqu'à l'extrême sud et visiter ainsi tout le territoire de l'empire. Ami passera par son village natal pour retrouver sa famille et porter des cadeaux à ses parents, ses frères adoptifs et à Roche. Au Nord-Est, Ami est impressionné par la grande forêt qui s'étend sur une zone immense. Seule, une petite partie, lui dit le Gouverneur, est contrôlée par l'Empereur. À l'intérieur, vivent des petites tribus sauvages, très féroces. La forêt est splendide, pleine de fleurs et d'oiseaux très colorés, d'un enchevêtrement luxuriant. Ami veut la traverser et le Nome local lui donne en escorte une escouade de soldats. Ils campent sur les rivages d'un grand fleuve qui glisse vers est et les soldats étendent les hamacs pour se reposer autour du feu. Pendant la nuit, alors qu'Ami dort, il est réveillé par un violent tumulte. Les soldats ont capturé un jeune sauvage qui, disent-ils, voulaient les voler. Il est mince, la peau légèrement plus sombre, et il est complètement nu à part une fine ceinture sur les reins et une sorte de collier. Il est beau. Ami cherche à lui parler, mais ses essais restent vains, le jeune homme parle une langue qui lui est incompréhensible. Les soldats ont lié les poignets du jeune homme derrière son dos et lui ont aussi lié les chevilles. Le jeune regarde épouvanté les armes des soldats et tremble visiblement. Ami leur dit de les laisser seuls. Pour calmer le jeune homme et lui faire comprendre qu'il n'a rien à craindre, Ami commence à parler avec douceur et à lui caresser le visage, la poitrine. Le jeune semble peu à peu se détendre et dit quelque chose. Ami continue à le caresser et à lui parler à voix basse, en lui souriant. Le jeune répond avec un léger sourire. Il a des yeux sombres, profonds, lumineux. Ami, inconsciemment, commence à caresser le jeune homme de façon plus intime et celui-ci s'excite et sourit de nouveau. Lorsqu'Ami se rend compte de son excitation, il descend sa main et le caresse entre les jambes, s'excitant à son tour. Le jeune semble apprécier et gémit son plaisir à voix basse. Ami se rend compte que, de loin, les soldats les regardent. Il ne se sent pas du tout gêné mais, tout au contraire, sûr de lui. Il détache alors les mains et les pieds du sauvage. Celui-ci lui sourit et se met à caresser le corps d'Ami, qui dénoue son pagne. L'autre s'empare de l'érection d'Ami et descend en gémissant le sucer avec un plaisir évident. Le jeune sauvage, lorsqu'il se rend compte qu'Ami est pleinement excité, en silence, avec des yeux lumineux, s'offre et le guide en lui. Ami le prend avec grand plaisir et pense que le sauvage, pour connaître et apprécier ainsi les joies du sexe, ne doit pas être si sauvage. Pendant qu'il le prend, il le caresse et lui parle à voix basse, avec douceur. Le jeune homme sourit en silence et caresse le corps d'Ami en lui faisant sentir son plaisir. Ils font l'amour longuement. C'est la première fois qu'Ami prend quelqu'un et il trouve ça très agréable, en partie parce que le jeune sauvage fait tout pour lui donner du plaisir. Il se penche pour l'embrasser sur la bouche. Au début, le garçon semble surpris et Ami comprend qu'il n'a jamais embrassé. Mais rapidement, le jeune homme répond au baiser et gémit de plaisir, en extase. Ami le trouve extrêmement excitant, et bientôt, il rejoint le sommet du plaisir et se vide dans le jeune homme qui, à son tour, atteint l'orgasme. Ami s'abandonne sur ce corps frais et puissant, le caresse et l'embrasse et le jeune homme aussi caresse et embrasse Ami, le regarde, les yeux pleins de joie. Quand Ami ceint de nouveau son pagne, le jeune homme attrape les cordes et les tend à Ami en lui faisant comprendre de le ligoter à nouveau. "Tu veux être mon esclave ?" lui demande Ami étonné en prenant les cordes. L'autre, comme s'il comprenait, lui tend ses poignets réunis et le regarde avec confiance. Ami repose les cordes et dit, "Non, si tu veux rester, restes, mais si tu veux partir, va-t-en." Le jeune homme ne comprend pas, il reprend les cordes et les tend à nouveau à Ami. De nouveau, ce dernier secoue la tête et les repose par terre. Alors le jeune s'attache les chevilles, puis il cherche à se lier les poignets à la'ide de ses les dents et il s'étend par terre en souriant à Ami. Celui-ci lui caresse les cheveux et lui dit : "Très bien, je t'emmène avec moi. Et je t'appellerai Don de la Nuit de la Grande Forêt. Toi Don, moi Ami. Toi Don, moi Ami." répète-t-il plusieurs fois en indiquant l'autre puis lui-même. Le jeune homme répète, "Toi Don, moi Ami." "Non, moi Ami... " le reprend Ami, amusé, puis il lui fait signe de dormir et s'étend à son tour sur le hamac. Lorsqu'au matin Ami se lève, Don est déjà réveillé, il est étendu à côté du hamac et regarde Ami avec un sourire doux et tranquille. "Ami, qu'est-ce qu'on fait de lui ? On le tue ?" lui demande un soldat. "Non, je l'aime bien, je le garde comme esclave. Mettez-lui un pagne et donnez-lui une partie du chargement à porter." dit Ami, puis, se tournant vers le chef de ses quatre esclaves, il lui dit, "Et, vous, apprenez-lui à parler la langue fleurie. Son nom est Don." Ils quittent la forêt, et reviennent à la ville. Le Nome, quand il voit Don, se montre étonné. "Ces sauvages, quand on les fait prisonniers, cherchent à se tuer, ils sont très ombrageux. Comment as-tu fait pour l'apprivoiser?" Comme il l'apprendra sans doute des soldats, Ami lui dit la vérité. "Quand tes soldats l'ont capturé et ligoté, je me suis amusé avec lui. Il m'a cédé sans problèmes et après il m'a fait comprendre qu'il voulait être mon prisonnier." "Bien, c'est ton esclave alors. Veux-tu que le marquions avec ton symbole ?" "Non, il s'est spontanément donné à moi. S'il veut s'en aller, il peut le faire. Ne le marque pas comme un esclave." "Mais s'il n'a pas la marque, n'importe qui pourrait prétendre qu'il est à lui, vu qu'il n'est pas de notre peuple." "Alors fais-lui faire un bracelet avec mon symbole. Comme ça il sera clair qu'il est mon protégé." dit Ami. Le Nome fait non de la tête mais il fait ce qu'Ami lui a demandé. Ce dernier, avec ses cinq hommes, prend la route du sud. La nuit suivante, Don se colle contre Ami et lui fait comprendre qu'il est de nouveau prêt à faire l'amour. Ami l'accueille avec plaisir et ils passent la nuit ensemble. Don, en plus de sa force et de son intelligence, est d'une grande douceur. Il commence assez vite à apprendre la langue fleurie. Après moins d'un mois de voyage, Don commence à communiquer avec Ami. Il lui explique qu'il est le fils cadet du chef de sa tribu, et qu'il a toujours désiré connaître les puissants hommes, hors de la forêt. Il lui dit aussi que, depuis son enfance, en amour il préfère les hommes aux femmes et que c'est de l'avoir vu et son désir pour Ami qui l'a poussé à s'approcher pour mieux le voir, mais qu'il avait pensé qu'ils allaient le tuer. Il est reconnaissant à Ami de l'avoir voulu pour lui. "Toi mon chef !" lui dit-il avec fierté. Ami note tout ce qu'il voit, ce qui lui arrive et puis il le réécrit en vers élégants. Ils reviennent aux environs de la capitale, la Grande, la Belle mais qu'on appelle aussi le Nombril du Monde, puis ils prennent la route entre les monts, et continuent vers le sud froid. Mais c'est l'été et il ne fait frais que la nuit en raison de l'altitude. Parfois ils doivent descendre des vallées abruptes et remonter le versant opposé, par contre ils peuvent parfois traverser les ravins et les profondes vallées en passant sur les longs ponts de cordes suspendus dans le vide. La première fois qu'ils empruntent un pont, Don est terrorisé, mais en voyant qu'Ami et les autres esclaves l'utilisent en toute quiétude, il se force et passe, après qu'Ami l'ait débarrassé de son chargement pour qu'il sente plus sûr. En arrivant de l'autre côté, Don est radieux. "Don passé pont ! Même Don sait faire, maintenant !" dit-il à Ami, heureux comme un gamin. Il reprend son chargement et repart encore plus fier et énergique qu'avant. À l'automne, ils arrivent à Sonore, le village d'Ami. Lorsque les habitants voient le petit groupe d'hommes s'approcher et reconnaissent Ami, ils le précèdent dans le village et annoncent sa visite. Le prêtre, le chef village, tous les habitants et la famille d'Ami au premier rang, l'accueillent dans de grandes manifestations de joie. Ami doit raconter à tous les succès qu'il a obtenus, puis il distribue les cadeaux à sa famille. Roche s'approche. "Je suis heureux de te revoir, Ami. Tu es fort et beau, et à présent, tu es même devenu important, comme je l'avais imaginé." "Moi aussi, je suis heureux de te revoir, Roche." "Puis-je te présenter mon nouvel ami ?" "Ton amant ?" demande Ami avec un sourire. "Oui. Un an après que tu sois parti. C'est ton cousin Haut, tu t'en souviens, non ?" "Haut ? Mais ce n'était qu'un enfant !" "Il n'a que deux ans de moins que toi, et c'est devenu un beau garçon... Et puis, il me faisait penser à toi, il a tes cheveux, ton sourire." "Vous êtes bien ensemble ?" "Oui, très. J'ai épousé sa sœur et il épousera la mienne l'an prochain. Nous avons décidé de nous construire une maison ensemble. Tu n'es pas marié ?" "Non, et je ne pense pas le faire." "Ah, en ville tu peux faire comme ça. Nous ici au village, tu sais comme c'est, on peut faire l'amour avec qui on veut à condition d'être marié à vingt ans. As-tu un amant ?" "J'aime quelqu'un, à la capitale, mais nous ne sommes pas amants. Don me tient compagnie la nuit, depuis un moment." "C'est un grand et beau jeune. Je suis content pour toi. Viendras-tu dîner chez moi ce soir ? Haut sera aussi là. Et si tu veux tu peux amener Don avec toi." La femme de Roche les sert à table et Roche et Ami discutent agréablement. "Comment fais-tu, avec ta femme et avec Haut ?" demande Ami à un moment, "Ne sont-ils pas jaloux l'un de l'autre ?" "Non, nous suivons la lune. Pleine et nouvelle lune avec Haut et les autres phases avec mon épouse." "Ingénieux. Cela vous satisfait-il ?" "Oui. Pas vrai Haut ?" "Oui, même si j'aimerais que la lune ne soit jamais croissante ou décroissante." dit le garçon avec un sourire malicieux. Ils reprennent leur route et poussent jusqu'au sud profond, où c'est hiver, où il fait vraiment froid. Ils s'habillent des lourds tissus de laine des peuples de ces terres et la nuit, sous les couvertures multicolores, Don réchauffe son maître contre son corps. Au retour, à la fin de l'hiver, ils s'arrêtent dans une ville aux sources chaudes. Là, pendant qu'ils sont dans le bassin, de jeunes esclaves les massent. C'est l'habituel massage érotique qu'on pratique dans ces établissements, mais plus poussé que jamais. Ami remarque que Don est très excité mais qu'il le regarde avec une gêne certaine. "Ce garçon te plait, Don ?" "Oui, maître." "Profites-en, alors. Il est ici pour ça." "Je peux vraiment ?" "Bien sûr." "Merci, maître." dit-il Don et il se met à faire l'amour avec le garçon, qui se donne volontiers. Ils sont tous deux incroyablement excités et les voir faire l'amour avec tant de transport et de passion est magnifique. Ami réfléchit à acheter cet esclave et l'offrir à Don. Mais se dernier remarque, "Mais je suis ton esclave ! Comment puis-je avoir un esclave ?" "Non, toi, tu es mon serviteur, et lui sera ton esclave et ton amant." "Je t'appartiens. Tu me plais." "De retour à la capitale, de toute façon, nous ne pourrons plus faire l'amour, toi et moi. Je veux que tu aies aussi ton ami, et comme j'ai vu que celui-là te plait..." "Tu es un bon maître." dit Don, "Et de toutes façons, je suis à toi." Et c'est ainsi que la petite troupe, qui compte à présent sept personnes, prend la route du nord, vers la capitale. L'esclave de Don a seize ans et s'appelle Midi. C'est un garçon serviable, doux et sensuel et Ami voit que Don s'attache beaucoup à lui. "Maître, veux-tu que Midi et moi venions cette nuit te tenir compagnie?" "Non, profite tranquillement de lui." "Mais tu seras seul, alors." "Ne t'en fais pas, ça ira bien quand même." "Nous serions heureux de te faire plaisir. Je t'appartiens, alors il t'appartient aussi. Permets-nous de te donner du plaisir, je t'en prie." Ami sourit et se rend. Ils lui font tout deux font passer une nuit de plaisir intense, se dévouant jusqu'à ce qu'Ami soit comblé et s'endorme entre les deux corps chaleureux. Ils sont de retour à la capitale deux jours avant la fête du Jour Croissant. Ciel les accueille avec plaisir, puis les accompagne au palais impérial où Ami est reçu par l'Empereur et lui présente le manuscrit de son voyage. Ami, son serviteur Don et son esclave Midi sont inscrits comme habitants du palais et l'Empereur fait donner à Ami un petit quartier dans l'enceinte de la résidence privée, pour l'avoir à ses côtés. L'astrologue de cour, Lac, en voyant qu'on lui retire une partie de ses attributions, ne fait pas bon accueil à Ami. Même s'il reste l'astrologue officiel de cour, et donc d'un niveau supérieur à Ami, le fait qui celui-ci vive dans les appartements de l'Empereur et soit en fait son devin privé l'exaspère. Un soir, quelques semaines après l'installation d'Ami au palais, un esclave de l'Empereur arrive dans ses appartements: "Mon Maître m'a donné l'ordre de faire en sorte que tes serviteurs restent dans leur chambre et que tu te prépares à sa visite." "L'Empereur va venir ici ? Chez moi ?" demande Ami étonné. "Oui, c'est cela. Viens, maintenant. Je vais te préparer un bain balsamique et puis tu l'attendras dans ta chambre." "Dans ma chambre ?" "Oui, c'est cela. Tu ne comprends pas pourquoi notre Maître te rend visite et ne veut personne aux alentour ? Tu as trouvé grâce à ses yeux. Il veut jouir de ta compagnie, cette nuit." Ami il le regarde incrédule, ému. L'Empereur chez lui, qui lui manifeste son désir ! Ça lui semble incroyable. Il va avec l'esclave aux bains, se laisse laver, enduire le corps de baumes, puis il retourne dans sa chambre. "Qu'il te trouve prêt, étendu sur le lit." "Que dois-je faire ?" demande Ami, inquiet. "Ce que notre Maître te dira de faire." dit l'esclave en se retirant. Ami tremble des pieds à la tête, il attend. Peu après, la porte de la chambre s'ouvre. À la lumière de la lanterne, Ami voit entrer l'Empereur, habillé seulement d'un tablier. Ami le regarde en silence, et retient son souffle. "Te voilà, enfin. Lève-toi, Ami, viens me déshabiller." ordonne l'Empereur avec un sourire. Ami descend du lit, il s'agenouille devant lui et dénoue le beau tablier doré. Dessous, le jeune homme ne porte rien et Ami se trouve face à sa belle érection. "Mon Seigneur..." murmure Ami ému, en éprouvant un violent désir de la caresser, de l'embrasser, mais il est incapable de bouger. "Lève-toi. Tu es beau, Ami. Je te veux." "Je suis à toi, Seigneur." "Je ne suis pas ton Seigneur, à cet instant. Je suis un homme plein de désir pour toi." "Seigneur." "Lorsque j'étais petit ils m'appelaient Puissant. Appelle-moi comme ça, Ami. Je veux que tu sois mon amant." "Moi, ton amant ? Mais je suis ton esclave." "Non, tu es un homme comme moi. Et je vois avec plaisir que nous ressentons le même désir." "Je t'aime, Puissant, je t'aime." "Prouve-le-moi en me traitant en amant, et pas en empereur. Je ne te demande que ça." "Mais tu es mon dieu !" "Ton Dieu ? Moi ? Non, je ne suis qu'un homme, plein de désir pour toi. Les autres me nomment dieu, mais je ne suis qu'un homme. Un bien pauvre dieu, en fait qui ressent la faim et la soif, qui se fatigue et doit dormir, qui peut être empoisonné, tué dans son sommeil ou à la guerre. Non, je ne suis qu'un homme. Et cet homme désire ce splendide garçon. Et il te supplie de lui donner ton amour, de le lui montrer, en le faisant se sentir vivant, comprends-tu ? Aime-moi, Ami. Je suis ici pour ça." demande Puissant en caressant son corps. Ami frémit, excité, lève timidement les mains et commence à caresser le corps splendide qui se tient en face de lui. Puissant le serre dans ses bras, le touchant avec désir, et l'embrasse profondément sur la bouche. Ami répond avec passion à ce baiser et à peu à peu, il réussit à oublier qu'il est dans les bras de l'Empereur et à ne voir, à ne sentir l'autre que comme un homme plein de désir. L'homme le plus splendide qu'il ait jamais connu. Sa chaleur l'excite et il le cherche de tout son corps. Leurs excitations se frottent d'une contre l'autre, fermes et fortes. "Viens..." murmure Ami et le guide vers le lit. "Tu me désires ?" demande l'Empereur. "Oui, du premier jour où je t'ai vu. Je n'aurais même jamais rêvé que ce moment puisse un jour arriver." "Moi aussi, je te désire, Ami." dit Puissant en le poussant sur le lit et en s'étendant sur lui. Ils se caressent intimement, longuement. Leurs yeux se regardent avec un doux sourire plein de désir. "M'aimes-tu vraiment, Ami ?" "Oui." "Et que signifie cet amour ?" "Que je ne suis qu'argile dans tes mains, que tu peux faire de moi ce que veux." "Parce que je suis ton empereur ?" "Parce que je t'aime, Puissant." "N'hésite jamais à me le répéter. Ça m'est nécessaire." "Nécessaire ? Mais tu as tout !" "Si tu es là, alors oui, j'ai tout. Tu me plais, Ami. Tu n'as pas seulement beau de corps, ton esprit est beau. Tu es un garçon pur." "Je suis à toi." "Oui, tu es à moi, mais je veux aussi être à toi." "Mais tu es... " "Chuuut ! Pas ici, pas maintenant. Ici et maintenant il n'y a qu'un homme qui cherche l'amour, ton amour. Il n'y aura jamais ici un empereur et son sujet, mais seulement deux hommes qui se désirent. Dis-moi ce que tu veux de moi, Ami, quoi que ce soit que je puisse faire pour toi." "Ce que je veux ? Te rendre heureux, rien d'autre !" "Moi aussi, je veux te rendre heureux." murmure l'homme en se penchant, plein de désir, pour embrasser tout le corps du garçon. Ami s'abandonne peu à peu et vite ils s'unissent dans un soixante-neuf passionné, se caressant éperdument. "Je te veux en moi, Ami." soupire Puissant frémissant. "Moi en toi ?" "Bien sûr." "Comme tu veux, mais je te voudrais aussi en moi." "Oui, avec plaisir, mais à présent, prends-moi." "Me voici, Puissant." chuchote Ami en se préparant à faire ce que voulaitl'autre . Il lit le plaisir dans ses yeux, pendant qu'il le pénètre avec une douce vigueur. "Oh... oui... Comme ça, Ami... m'aimes-tu ?" "Je t'adore." "Es-tu heureux ?" "Je ne pourrais pas l'être plus." "Moi aussi. C'est bon de te sentir en moi. Tu es tendre et fort... comme j'aime ! Ah, enfin..." "Je t'aime..." "Oui... Embrasse-moi..." Puissant lui caresse le dos, l'embrasse, se donne avec enthousiasme, pendant qu'Ami prend dans ses lèvres les tétons raidis, caresse son ventre ferme, leson membre frémissant. Et ils s'embrassent en suçant leur langue avec un plaisir avide. "Oh, Ami ! c'est bon, vraiment magnifique !" "Tu aimes ?" "Oui... et toi, mon doux aimé ?" Aimé ! Il l'a appelé aimé ! Ami sent que le plaisir qu'il éprouve n'est pas seulement physique, mais total, profond, beau et intense. Le grand corps qu'il domine l'accueille avec un plaisir évident. "C'est trop bon." murmure Ami. "Oh, oui." chuchote Puissant en réponse en se serrant contre lui. Quand il le sent trop près du point de non-retour, Puissant l'arrête. "C'est à moi de te prendre. Je ne veux pas que ça finisse si vite. Nous attendrons l'aube unis. Me veux-tu en toi ?" "Oh oui, je t'en prie !" "Alors..." dit Puissant avec un sourire doux et plein d'un désir ardant, en le serrant contre lui et en se retournant de façon qu'Ami passe sous lui. Ce dernier se prépare à accueillir le puissant membre de son homme. Il le sent le conquérir peu à peu, glisser en lui, le remplir, et il se sent au paradis. "Oh, que c'est bon !" gémit-il en le savourant pendant que l'homme commence à danser en lui. "Oui." "Je t'aime !" "Moi aussi ! Tu es à moi enfin. Et moi à toi. N'est-ce pas magnifique ?" "C'est très beau !" chuchote Ami. Puissant continue à le pilonner à rythme soutenu, fort, viril, plein de tendresse. Ils changent plusieurs fois leur position, s'unissent encore et encore dans un plaisir croissant. Ils s'embrassent, se caressent, se prennent mutuellement en une incessante danse d'amour profond. Le sourire radieux de Puissant est le plus beau don qu'Ami puisse recevoir. C'est lui qui rend son homme heureux. Quand enfin, ils se laissent aller à l'explosion du plaisir, le ciel se colore du rose de l'aurore. Ils s'étreignent étroitement. "Tu es mon amant, Ami !" "Oui, Puissant, le tien et rien que le tien." "Je regrette de devoir me partager entre toi et mes femmes. Je voudrais passer toutes mes nuits avec toi." "Tu ne peux pas oublier ton devoir pour moi." "Mon devoir... L'astrologue de la cour avait compilé le calendrier des jours a pour les unions avec mes femmes. Je veux que tu le refasses. Mais je veux qu'il y ait chaque année au moins 222 nuits avec toi, c'est-à-dire trois fois le chiffre des amants." "Je ferai le calcul que tu souhaites." "Rappelle-toi, Ami, " dit l'Empereur en couvrant sa nudité de sa jupe, "lorsque je viendrai ici chez toi, je serai ton amant, pas ton Seigneur." "Comme tu le désires." "Bien. Je suis heureux." "Moi aussi, Puissant." "Calcule dès aujourd'hui ce nouveau calendrier." "Je le ferai. Je chercherai les jours fastes pour nos 222 rencontres, puis ceux avec ta première femme, puis les autres." "Je t'aime, Ami !" "Je t'aime, Puissant !" Quand Ami reste seul, un bonheur immense, plein de chaleur l'enveloppe comme un manteau précieux. Il est devenu l'amant de son dieu, même si Puissant ne veut pas l'être. La vie est clémente avec lui. Plus que clémente, amicale. Ami est ému et heureux. Il présente le nouveau calendrier à Puissant, qui l'apprécie. Lorsque Puissant va rendre visite à Ami, celui-ci se prépare avec l'aide de Don et de Midi qui disparaissent jusqu'à ce qu'ils entendent que l'Empereur est parti. Pour Ami les nuits avec Puissant sont les instants les plus doux, beaux, remplis de sa vie. Leur amour se développe et s'approfondit nuit après nuit. Mais le jour aussi, Puissant aime s'isoler avec Ami pour de longues conversations et ainsi, sans le vouloir, Ami devient le confident et le conseiller de l'Empereur et ça lui attire d'autres jalousies à la cour. Un jour, Ciel lui dit, "Ami, tu sais que je te t'aime beaucoup. Je suis inquiet pour toi. Je ne parle pas par jalousie, crois-moi. Je voudrais que tu sois heureux, mais je vois des nuages s'amasser au-dessus sur toi." "Tu t'inquiètes trop, Ciel." "Non. Que tu sois l'amant de l'empereur, et bien tu n'es pas le premier. La cour l'accepte, mais que tu en sois devenu aussi le conseiller et le confident ne plaît pas. Les autres amants, avant toi, n'étaient que des compagnons de nuit, rien d'autre. Tu as acquis un pouvoir que certains trouvent menaçant." "Mais je ne veux pas du pouvoir. Je veux seulement que l'Empereur soit heureux. Le reste ne m'intéresse pas." "Je te crois, parce que je te connais, mais les autres ?" reprend Ciel, inquiet.
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