DE L'AUTRE CÔTÉ DU MONDE |
CHAPITRE 12 UN CADEAU DE RECONNAISSANCE, APPRÉCIÉ |
Pour Afonso et Paulo commença une période très belle mais aussi difficile. Très belle, parce qu'ils s'étaient déclarés leur amour, ce qui leur donnait l'impression d'être légers comme des nuages dans un ciel d'été, mais difficile parce que très rares étaient les moments qu'ils pouvaient voler pour se voir. De plus, malgré leur désir mutuel brûlant comme la combustion d'un bois sec quand tire un vent fort, ils n'avaient toujours pas pu faire l'amour. Prudente, voyant à quel point le garçon était heureux et amoureux, et heureux pour lui, ne lui demanda plus de faire l'amour, et Paulo ne pensa jamais à le lui proposer : il était trop pris par son amour pour Afonso. Soit Afonso soit Prudente se creusaient la cervelle tous les deux pour trouver le moyen de couronner cet amour, mais mis à part quelques petites escapades couvertes d'excuses et de mensonges, ils n'avaient pas encore trouvé de solution et Afonso avait de plus en plus l'idée de fuir avec son garçon. Mais le destin, qui les avait fait se rencontrer pour la première fois et se retrouver ensuite contre tout espoir, évidemment veillait sur les deux amoureux. C'était en mai, et déjà il commençait à faire froid, quand le fils aîné de dom Basìlio, Gregòrio, fut pris d'une forte fièvre. Le baron envoya immédiatement un esclave chercher le médecin de famille, mais l'homme revint à la fazenda pour informer que le médecin était à son tour malade et ne pouvait pas y aller. La baronne, effrayée par le sort de son fils, marchait presque en proie à une crise d'hystérie dans le salon. "Fais quelque chose, Basílio ! Il y aura bien un médecin encore debout dans toute la maudite Curitiba, non ? Envoie un carrosse, envoie-les tous, envoie des hommes à cheval, jusqu'à ce qu'ils amènent un médecin ici ! Fais quelque chose, Basìlio, fais quelque chose !" Prudente alors intervint : "Si vous pensez que c'est opportun... Je connais un médecin à Curitiba, qu'on dit être excellent malgré son jeune âge... Je pourrais aller l'appeler... C'est le marquis Afonso De Fonseca Fernandes qui a son cabinet juste en face de l'église de San Francesco et habite à côté de l'église du Rosaire..." "Alors allez-y, allez-y, qu'est-ce que vous attendez ?" dit la baronne d'une voix stridente. "Oui, bien sûr, allez le chercher immédiatement..." confirma le baron. Prudente prit la calèche, appela Paulo, sûr que personne n'en remarquerait l'absence dans cette confusion, et courut à Curitiba. Il alla frapper au bureau d'Afonso. L'homme vint ouvrir. Quand il vit Paulo, il s'éclaira avec un beau sourire. "Oh, mon Paulo ! Et vous, monsieur Prudente. À quoi dois-je la fortune de cette visite inattendue mais très bienvenue ?" "Monsieur le marquis, Gregòrio, le fils de dom Basìlio a une très forte fièvre et semble grave. Le baron m'a dit de chercher un médecin de toute urgence, alors j'ai pensé à vous... Vous devrez revenir plusieurs fois pour l'examiner, le soigner... et vous pourriez demander l'aide de Paulo. Ainsi, au moment opportun, vous pourriez même convaincre le baron de vous céder Paulo, que sais-je, comme assistant, comme infirmier..." "Mon très cher monsieur Prudente, c'est le ciel qui vous envoie et vous êtes un génie ! Quelle merveilleuse idée ! Bien sûr, bien sûr, allons-y tout de suite. Je prends mon sac avec des médicaments d'urgence. Est-ce qu'il vomit aussi, monsieur Gregòrio? A-t-il des douleurs ?" "Non, pas de vomi, mais il a très mal à la tête et le visage est congestionné, en plus d'une très forte fièvre..." "A-t-il tendance à s'endormir facilement ?" "Oui, il me semble que oui..." "Peut-être que j'ai compris, alors..." dit Afonso, "Allons-y, vite." Dès leur arrivée à la Casa dos Cravos, la baronne l'accueillit en lui disant que Gregòrio avait également commencé à délirer. Afonso la suivit dans les escaliers et dit à Paulo de le suivre. Il ausculta Gregorio avec minutie, puis il envoya Paulo à la cuisine pour prendre une bassine d'eau salée et des chiffons propres. "Alors, docteur ?" lui demanda dom Basìlio avec inquiétude. "Il a toutes les apparences d'un typhus, du type de ce que nous appelons le typhus de Sâo Paulo... Malheureusement, la science médicale n'a pas encore trouvé de remède sûr pour cette maladie... Je ferai de mon mieux pour le soigner... mais le malade nécessite une assistance continue. Je dirais que vous feriez bien de mettre une paillasse ici pour ce garçon," dit-il en désignant Paulo, "qui assistera votre fils et à qui je donnerai des instructions précises sur ce qu'il doit faire. Je reviendrai cependant deux fois par jour pour suivre l'évolution de la maladie." "Mais il va guérir ?" demanda le baron inquiet. "Malheureusement, on ne peut pas le prédire... mais dans quelques semaines... soit il y aura une amélioration soudaine, soit ..." "Oh mon Dieu ! Cela signifie, docteur, qu'il y a un risque que Gregòrio..." dit la baronne en pâlissant. "Prenez courage, baronne. Je ferai de mon mieux..." "Mais que pouvons-nous faire, nous ?" demanda la femme, en détresse. "Vous pouvez prier le bon Dieu, baronne... pas beaucoup plus. Comme je l'ai dit, je vais expliquer à ce garçon le meilleur moyen d'assister votre fils, jour et nuit. Mais faites descendre le garçon trois fois par jour pour manger et se laver à fond, en versant ce désinfectant dans l'eau. Et souvenez-vous que moins de personnes entreront dans cette salle, mieux ce sera, car le typhus peut être contagieux, même si cette forme l'est moins que d'autres." "Merci, monsieur le marquis, merci... Essayez de sauver mon fils, je vous conjure !" "N'en doutez pas, baron, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir. Maintenant, si vous voulez me laisser un moment seul avec le patient et ce garçon, je vais lui donner toutes les instructions nécessaires pour que votre fils soit assisté de la meilleure façon possible..." Quand ils furent seuls, Afonso prit Paulo à part et murmura au garçon : "Paulo, te sens tu d'assister Gregòrio ?" "Oui, bien sûr, Afonso." "N'oublie pas qu'en plus de suivre attentivement les instructions qui le concernent, tu dois également faire très attention à ne pas tomber malade à cause du typhus. Tu me promets de tout faire exactement comme je vais t'expliquer, mon amour ?" "Bien sûr, je te le promets." Afonso expliqua très soigneusement au garçon tout ce qu'il aurait à faire, quelles précautions il devait prendre et comment prendre soin du patient. Il lui donna également des médicaments en lui expliquant leur utilisation. Puis il lui répéta dans un murmure qu'il l'aimait énormément. "Ne serons-nous jamais seuls ?" demanda le garçon à voix basse en le regardant avec des yeux pleins de désir et d'amour. "J'espère bientôt... je pense à un moyen..." "Lequel ?" "Tu le verras. Pour l'instant, faisons de notre mieux pour aider Gregòrio à guérir. Même son rétablissement sera utile à nos projets..." "Mais s'il devait mourir ?" demanda le garçon avec inquiétude. "Prions nous aussi Dieu de le faire guérir. Et faisons de notre mieux pour y arriver." Paulo s'acquitta de sa tâche avec soin. Afonso arrivait examiner deux fois par jour au malade et pouvait échanger quelques mots, pleins de passion et de désir, avec le garçon qu'il aimait. Gregòrio était souvent la proie d'un sommeil plus ou moins profond et, s'il était stimulé ou appelé, il ouvrait les yeux et répondait d'une manière confuse ou avec des mots inintelligibles. La fièvre augmentait et descendait cycliquement. Il délirait souvent et après quelques jours des exanthèmes hémorragiques ou à tâches apparurent sur sa peau. Après une semaine, Afonso dit au baron : "J'ai vu que les réserves de désinfectant sont presque finies et, malheureusement, je n'ai pas pensé à les apporter. Vous devriez envoyer Paulo à cheval me suivre à Curitiba, au moins je peux lui donner une bonne réserve de désinfectant." "Oui, bien sûr, mais ça ne serait pas mieux si un autre esclave venait ? Qui assistera mon Gregòrio pendant que Paulo n'est pas là ?" demanda le baron inquiet. "Une des sœurs pourrait le suivre... il suffit qu'elle lui change les linges mouillés si la fièvre monte à nouveau... Mais Paulo sait comment manipuler les flacons de désinfectant, je me sens plus en confiance si je les lui confie. Le garçon semble avoir une réelle prédisposition à assister un médecin..." Alors finalement, Afonso avec sa calèche et Paulo à cheval au trot, arrivèrent à Curitiba. Afonso emmena le garçon chez lui. "Nous voilà enfin seuls et tranquilles, mon amour !" dit l'homme en étreignant le garçon contre soi. "Pouvons-nous faire l'amour alors ?" demanda Paulo avec les yeux brillants. "Oui, bien sûr, c'est la raison pour laquelle j'ai prétendu avoir oublié d'apporter les réserves de désinfectant, afin de t'avoir ici et de faire enfin l'amour ! En fait, dans ces deux sacs à chevaux, toutes les bouteilles bien emballées sont prêtes... Mais maintenant, viens, mon amour, viens... si tu savais depuis combien de temps je rêve de ce moment !" "Afonso ?" demanda le garçon en le suivant. "Oui, mon amour ?" "Tu veux me faire tien, maintenant ?" "Tu veux être à moi ?" "Je ne veux rien d'autre, depuis que je t'ai rencontré, tu le sais !" Ils atteignirent le lit d'Afonso et, sans rien dire, dans un silence enchanté, plein de promesses et d'émotion, commencèrent lentement à se déshabiller mutuellement, se caressant et s'embrassant de plus en plus pleins de désir. "Mon dieu ! Que t'es beau, Paulo !" s'exclama le jeune homme, admirant finalement le garçon dans sa nudité glorieuse. "Est-ce que je te plais vraiment ?" "Plus ne serait pas possible." "Toi aussi tu es beau..." murmura le garçon avec émotion, et avec un sourire satisfait, il caressa le membre de son amant complètement dressé. "Tu es beau, ici aussi... Emmène-moi dans ton lit, s'il te plaît." Afonso prit le garçon dans ses bras, le souleva et le plaça doucement sur le grand lit moelleux, puis il y monta aussi et s'allongea à côté de lui. Ils s'étreignirent, s'entremêlant les jambes et s'embrassant avec passion. "Es-tu heureux d'être ici avec moi, Paulo ?" "Oui, beaucoup, mais je le serai encore plus quand je t'aurai en moi, Afonso, mon bien-aimé. Et bien plus encore quand je pourrai enfin habiter chez toi, chez mon homme ! Est-il vrai que tu feras tout pour que je vive avec toi ?" "Bien sûr, mon Paulo adoré, je vais tout faire et plus encore, je le jure !" "Mais maintenant... mais maintenant prends-moi. Enfin, fais-moi tien..." murmura le garçon en revenant caresser le beau membre de son homme encore plus dur, pourtant doux comme de la soie précieuse et chaud comme un midi d'été. Afonso, pris une pommade, prépara Paulo pour la pénétration imminente. Puis, allongé sur le côté, il se glissa entre les jambes de son garçon, le tenant entre ses bras et l'embrassant. Il cambra son bassin jusqu'à ce qu'il porte le bout de son membre fougueux dans le sillon entre les petites fesses fermes de Paulo. Le garçon alors fit passer une main, attrapa ce pieu convoité et le guida jusqu'à ce qu'il pointe et se pose sur son trou caché. Afonso sentit la chaleur aimée et le sentit palpiter dans l'attente, avec avidité et désir. "Tu le veux, mon amour ?" "Oui, s'il te plaît..." Le jeune médecin alors commença à pousser. Paulo laissa échapper un heureux soupir et attendit, faisant palpiter l'anus et se détendant pour enfin l'accueillir en lui-même. Tous deux étaient tendus comme pour espionner le moment où les portes du plaisir commenceraient à s'ouvrir pour recevoir le messager d'amour si longuement attendu. L'anneau élastique commença lentement et doucement à se dilater et la pointe du fier bélier, prêt à conquérir le château, se glissa entre les parois douces et chaudes. Afonso, retenant son souffle, augmenta légèrement la poussée et son beau bâton lisse comme la meilleure soie orientale, s'avança majestueusement et solennellement le long du réceptacle chaud désireux d'être conquis. Paulo gémit légèrement et Afonso s'arrêta inquiet, mais l'expression heureuse du visage du garçon, et la lumière éclatante de ses yeux, lui firent comprendre qu'il s'agissait d'un gémissement de plaisir intense. Alors il augmenta l'énergie de son élan et conquit rapidement le doux canal de l'amour qui s'abandonnait si joyeusement à l'invasion tant souhaitée, jusqu'au dernier avant-poste. Afonso laissa échapper un long soupir, laissant enfin s'échapper entre ses lèvres le souffle si longuement retenu. Leurs yeux se regardaient et riaient doucement, pour la joie qui régnait dans leurs cœurs en ce moment magique. Afonso, faisant une douce violence au corps de son garçon aimé, le força à se coucher sur le dos, allongé au-dessus de lui, toujours fermement ancré en lui. Paulo instinctivement ceignit la taille de son homme avec ses jambes et, sans paroles, mais seulement avec un léger signe de tête et avec la luxure juvénile qui transparaissait à travers son sourire et ses yeux, l'invita à commencer. Afonso rassembla sa vigueur, faisant force sur les coudes et les genoux sur le matelas moelleux, tenant toujours son beau Paulo, et commença finalement à se plonger dans lui. "Oui..." murmura seulement le garçon et ferma les yeux, comme pour mieux goûter cette chevauchée douce mais vigoureuse, ce puissant mais tendre martèlement. Afonso pencha sur lui avec sa tête et ses lèvres effleurèrent celles du jeune et bel esclave blanc. Immédiatement, Paulo leva la tête pour rencontrer les lèvres de l'homme pour lequel il brûlait d'amour, leurs bouches avides s'ouvrirent, leurs langues se mirent à danser et à jouer avec joie, tandis que leurs poitrines se frottaient à chaque poussée de l'homme dans le garçon. Afonso se sentait en état d'ébriété, la longue attente qui avait précédé cette union douce et pourtant fougueuse était enfin terminée, l'amour mutuel avait enfin retrouvé la complétude tant attendue, de sorte que les deux avaient maintenant le sentiment d'avoir scellé leur appartenance mutuelle. Cet amour qui ne pouvait pas être célébré devant les autorités civiles ou béni dans une église, obtenait dans ce moment sa célébration et sa bénédiction. Cet amour que les lois punissaient et que la société condamnait, cet amour qui devait vivre dans le secret, resplendissait maintenant glorieusement enveloppant les deux corps qui se donnaient l'un à l'autre. Et finalement, les deux amoureux passionnés ont atteint ensemble le paradis et dans une symphonie de gémissement de plaisir répandirent leur essence virile, témoignage silencieux mais sans équivoque de la jouissance que l'un donnait à l'autre. Ils se détendirent peu à peu, toujours embrassés, leurs yeux maintenant rouverts, fixés dans les yeux de l'amant, pour lui communiquer sans paroles toute la joie, tout le plaisir intense, tout le bonheur extraordinaire dans lequel ils étaient plongés. "Afonso... quand vas-tu m'emmener vivre avec toi ? Après ce qu'on a fait... chaque moment passé loin de toi, ce sera comme si j'étais au pays de l'exil. Je veux t'appartenir, Afonso, je veux appartenir à toi seul. S'il te plaît, je t'adjure de trouver un moyen de m'éloigner de là, de me faire vivre à toujours à côté de toi..." "Tu sais que moi aussi je ne veux rien d'autre, mon bien-aimé ! Il nous faut encore un peu de patience et si Dieu nous aide, nous pourrons enfin vivre ensemble." "Penses-tu que Dieu peut vraiment bénir deux hommes ayant des relations sexuelles ensemble ? Les prêtres disent que nous allons brûler en enfer..." "Un dieu qui ne protège pas l'amour, un dieu qui le punit, n'est pas mon dieu, et plus simplement il n'est pas un dieu ! Je crois fermement que Dieu existe, mais je ne crois pas au dieu dont les prêtres nous parlent, comme il est dépeint par les églises..." "Mais s'ils avaient raison ?" demanda Paulo avec un léger sourire. "Dans ce cas, toi et moi irions en enfer... mais l'enfer à tes côtés sera toujours meilleur que le meilleur des paradis sans toi !" Afonso lui répondit et il l'embrassa tendrement. Ils durent s'habiller. Paulo rentra à la fazenda avec les bouteilles de désinfectant. Personne ne semblait avoir remarqué ou accorder de poids à la durée de son absence. Dans les jours suivants, Afonso revenait deux fois par jour pour examiner Gregòrio. La maladie continuait comme d'habitude, avec les mêmes symptômes, avec ses cycles de forte fièvre, ses moments de délire, ceux d'une somnolence presque inconsciente. Paulo continuait d'assister le jeune patient avec soin et attention. Près de deux semaines s'étant écoulées depuis l'apparition des premiers symptômes, Afonso se sentit tendu car il savait qu'ils avaient atteint le moment critique, lorsque la fièvre diminua presque soudainement et que Gregòrio commença à transpirer sur tout son corps, si bien que les draps furent bientôt trempés de sa sueur et on dût le changer très souvent. De plus, le jeune homme urinait souvent fréquemment, alors Afonso demanda de lui apporter un urinal en terre cuite, en donnant ordre à Paulo de le changer souvent et de le laver et le désinfecter avec soin à chaque fois. La baronne et son mari étaient effrayés par ce changement brusque, mais Afonso les rassura : "Non, au contraire ! À ce stade, soit aurait eu lieu un effondrement et le coma prédisant une fin rapide, soit ces symptômes, qui au contraire, sont le prélude à un rétablissement complet. Pendant quelques jours, le baron Gregòrio continuera de transpirer, d'uriner à profusion et il aura des phases d'un profond sommeil restaurateur. Puis, lorsque ces trois symptômes cesseront, nous serons certains de sa guérison et le jeune homme n'aura besoin que de deux ou trois mois de convalescence pour retrouver toute la force et l'énergie que la maladie a consommées." "Êtes-vous certain de cela, monsieur le marquis ?" demanda la baronne en détresse. "Oui, madame la baronne, plus que certain. Vous verrez que la fièvre ne reviendra pas et que monsieur Gregòrio pourra commencer à se lever du lit au bout de trois ou cinq jours au maximum. Il n'aura besoin que d'un régime alimentaire bien équilibré et de beaucoup de repos. Il faudra aussi augmenter jour après jour, mais très progressivement, les activités physiques pour qu'il reprenne ses forces." "Vous viendrez encore le contrôler, n'est-ce pas ?" demanda le baron Basìlio. "Bien sûr, même s'il est désormais raisonnablement certain que le baron Gregòrio n'aura pas de rechute." Comme Afonso l'avait dit, Gregòrio put enfin se lever et commencer sa longue convalescence. Alors le baron et sa femme remercièrent le marquis et le baron lui paya les honoraires. "Marquis Afonso, je ne sais vraiment pas comment vous remercier. J'aimerais pouvoir vous exprimer toute ma gratitude et vous montrer la joie infinie d'avoir ramené mon fils aîné bien-aimé parmi nous..." "Je n'ai fait que mon devoir..." répondit Afonso poliment. "Non, non, vous avez fait beaucoup plus que votre devoir, en plus de l'avoir fait avec compétence... Dites-moi, si je peux réaliser un de vos souhaits... J'aimerais vous offrir quelque chose en cadeau, en gage d'amitié et de gratitude." "Merci pour votre courtoisie, Baron. En fait, vous pourriez faire quelque chose pour moi..." "Dites, dites." s'exclama le baron, heureux de pouvoir se revaloir. "Votre esclave Paulo a démontré en cette situation une capacité inhabituelle à m'aider et à appliquer mes prescriptions à un patient. Vendez-moi Paulo et vous me rendrez un réel service. Croyez-moi, il n'est pas facile de trouver une personne aussi prédisposée et capable d'épauler un médecin." Afonso se risqua alors, car il caressait cette idée depuis des jours. Le baron sembla s'assombrir. "Je le ferais plus que de bonne grâce, croyez-moi, plus que de bonne grâce. Mais demandez-moi autre chose, je ne peux pas vendre ce garçon." "Pourquoi ? Je suis riche, ce n'est pas un problème d'argent, monsieur le baron..." insista Afonso. "Ce n'est pas une question d'argent, comme vous dites à juste titre. Le fait est que, peut-être témérairement, j'ai juré à l'esclave qui a donné naissance à ce garçon que je ne le vendrais jamais !" dit tristement l'homme. À ce point, intervint la baronne, qui était impatiente de se débarrasser du pauvre Paulo et qui voyait dans cette requête le moyen d'atteindre enfin son objectif. "Allons, Basilio, un serment fait à une esclave ! Ce n'est pas un péché si grave de le briser..." dit la femme en essayant d'être persuasive. "Un serment est un serment. Il lie celui qui l'a fait, pas qui l'a reçu. Vraiment et avec beaucoup de regret, je ne peux pas vendre ce garçon..." "Et alors," insinua la femme qui essayait de cajoler son mari, "puisque de toute façon tu veux te revaloir avec notre cher docteur, donne-lui en cadeau l'esclave qu'il t'a demandé ! De cette façon, tu ne rompras pas ton serment, et tu te revaudras et rendras heureux le marquis Afonso !" Dom Basilio sembla réfléchir à la question et s'éclaira : "Eh bien, après tout, tu as raison, ma chérie... Oui, c'est vraiment une bonne solution... Eh bien marquis, laissez-moi vous donner l'esclave en question, puisque vous pensez qu'il peut vous être utile dans l'exercice de votre noble profession." "Vraiment, c'est extrêmement généreux de votre part, monsieur le baron. Comment refuser une telle offre ? À ce point, je vous suis redevable, vraiment !" dit Afonso avec un sourire courtois. "Très bien, c'est décidé, alors. Vous pouvez emmener l'esclave avec vous-même immédiatement si vous le souhaitez. Dans quelques jours, je vous ferai avoir à Curitiba, par l'intermédiaire de mon secrétaire, les documents avec lesquels je vous cède sa propriété." Afonso jubilait : il avait finalement obtenu ce qu'il espérait et ce qu'il désirait, et beaucoup plus facilement qu'il ne l'avait prévu. La baronne, heureuse d'être enfin débarrassée de ce fils bâtard de son mari, était la plus radieuse de tous. Elle sonna la clochette et à l'esclave qui arriva elle ordonna de faire préparer Paulo afin qu'il puisse immédiatement quitter leur maison dans la voiture du docteur. Quand Afonso sortit sur l'esplanade devant la maison, Paulo était prêt, debout à côté de sa calèche. Le garçon fit d'énormes efforts pour garder un air impassible et ne pas trahir la joie incroyable qu'il ressentait. Afonso, après avoir de nouveau salué le baron et la baronne qui se tenaient sur le seuil de la maison, dit à Paulo de monter derrière la calèche, comme un esclave devait le faire, puis il partit. Dès qu'il fut hors de vue de la maison, il arrêta les chevaux et se tourna vers le garçon. "Viens, Paulo, mon amour, je veux que tu t'assoies à côté de moi maintenant." Le garçon descendit de derrière la calèche et courut s'asseoir à côté de son homme, son visage rayonnant maintenant de bonheur par tous les pores. "Afonso ! Je suis à toi, enfin ? Tout et seulement le tien ?" "Oui, mon amour !" "Pour toujours ?" "Pour toujours." Des larmes de joie jaillirent des yeux brillants du garçon. "Que fais-tu maintenant, pleures-tu ?" lui demanda le jeune docteur en le caressant tendrement. "Je suis trop heureux !" sanglota le garçon. Afonso regarda bien et vit que la route était complètement déserte. Alors il prit le beau visage de Paulo entre ses mains, l'attira à lui et l'embrassa avec une tendre passion. Paulo répondit à ce baiser de tout le feu de ses vertes années. "Allons-y maintenant. Rentrons à la maison. Chez nous." "Oui... personne ne m'emmènera loin de toi, n'est-ce pas ?" "Personne. Dans quelques jours, je recevrai l'acte de propriété... et nous irons ensemble voir l'alcalde de Curitiba et je te donnerai la liberté. Je vais faire de toi un homme libre." "Ce n'est pas nécessaire. Je t'appartiendrai toujours et en tout cas." "Parce que tu m'aimes..." "Oui, bien sûr, parce que je t'aime." "Et je t'appartiendrai toujours, mon Paulo, parce que je t'aime. Mais je veux que tu sois libre parce que si un jour, par hypothèse malheureuse, j'étais couvert de dettes, ils ne peuvent pas te prendre et te vendre pour rembourser mes créditeurs, tu comprends ? Ta liberté est précisément la condition pour que nous soyons ensemble pour toujours." "Alors d'accord, faisons comme tu l'as décidé." Afonso hocha la tête et éperonna le cheval impatient de rentrer à la maison pour pouvoir faire l'amour avec son bel et tendre amant.
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