DE L'AUTRE CÔTÉ DU MONDE |
PARTIE III - CHAPITRE 9 CURITIBA : PAULO ET SON PROTECTEUR |
Paulo et Prudente se levèrent et s'habillèrent. Le garçon, âgé de 19 ans, était le fils naturel du baron Basìlio, propriétaire de la fazenda « Casa dos Cravos », c'est-à-dire la Maison des Œillets, avec ses plantations de tabac à Almirante Tamandaré, non loin de Curitiba, en Paranà, et d'une esclave mulâtresse qui était morte en le mettant au monde. Le petit Paulo était né avec les traits d'un homme blanc, à l'exception de ses cheveux noirs et bouclés et de ses yeux noirs, néanmoins le baron avait gardé son fils illégitime en tant qu'esclave dans la fazenda, étant né d'une esclave, et le petit garçon avait été élevé par la sœur de la mère. La baronne et les fils légitimes du baron, conscients, ainsi que le personnel de la maison, du fait que l'enfant était le fils bâtard du baron Basìlio, et agacé par ce fait, avaient toujours traité avec froideur et hautaineté, sinon avec dureté, le petit esclave blanc. Même le baron Basilio n'avait jamais traité son fils, qu'il avait gardé chez lui, beaucoup mieux que ses proches, car la mère, l'esclave mulâtresse, sur son lit de mort lui avait extorqué le serment de ne jamais le vendre. Monsieur Prudente Coelho Neto était le secrétaire du baron et le servait depuis environ dix ans. Parmi tous les membres du personnel de la maison, il était le seul qui avait toujours traité avec humanité et sympathie Paulo et était devenu en quelque sorte son protecteur. C'était un homme de trente et un ans, au nez un peu trop grand et aux lèvres un peu trop fines, mais le peu de beauté de son visage était atténué par ses yeux profonds et bons. Quand Paulo avait quatorze ans et monsieur Prudente en avait vingt-six, une fois il était arrivé que Paulo avait été fouetté par la baronne parce qu'il avait laissé tomber une tasse de son service en porcelaine de Chine, qui s'était brisée en mille morceaux. Le garçonnet avait finalement réussi à échapper à la colère de la femme et à s'allonger, douloureux, blessé et en larmes, sur sa paillasse. Alors, monsieur Prudente était allé le voir, emmenant une pommade et des bandages pour le soigner, car il avait remarqué des traînées de sang sur le dos de la large veste du garçon. Après l'avoir traité avec soin et bandé, puisque le garçonnet sanglotait péniblement, il le prit dans ses bras et le berça tendrement pour le consoler. Au début, le jeune homme l'avait fait sans arrière-pensée, mais en tenant le corps du bel éphèbe entre ses bras, contre son corps, s'étaient réveillés en lui des désirs qu'il avait cru être depuis longtemps en sommeil. En fait, Prudente était conscient de faire partie de ces rares hommes attirés par d'autres hommes. Après s'être amusé pendant ses années d'école avec quelques-uns de ses compagnons, le jeune homme pensa avoir remis la tête droite, étant parvenu à se maîtriser, surtout depuis qu'il travaillait pour le baron Basìlio. Ainsi maintenant, sentant un feu flamber en lui et lui brûlant les reins, sans même penser à ce qu'il faisait, un peu par pitié, un peu par tendresse et un peu aussi par désir, il embrassa plusieurs fois le garçonnet sur les lèvres et Paulo, instinctivement, répondit à ses baisers. Chaque fois, ces baisers devenaient plus intimes, plus longs et plus ardents. Prudente étreignit alors contrer lui le garçon et l'érection impérieuse qui s'était élevée sous son pantalon élégant, inévitablement pressa contre le corps de Paulo. Le garçon avait déjà eu un léger avant-goût de sexe avec d'autres esclaves de son âge à la plantation, bien qu'il n'ait jamais encore eu de relation sexuelle complète, il avait immédiatement compris clairement ce qui arrivait à l'homme. Il se sentait également très attaché au jeune secrétaire qui l'avait toujours aidé et défendu, qui l'avait toujours soigné avec affection. Alors, presque pour remercier Prudente pour ce dernier acte de compassion et de gentillesse et pour la chaleur qu'il lui apportait, il tendit la main et caressa la forte érection du jeune homme à travers la toile de son pantalon, presque dans un message de dévotion silencieuse. Prudente, à ce moment-là, réalisa ce qui se passait et, essayant de reprendre le contrôle de ses émotions et de ses désirs, il avait tenté d'éloigner de lui le garçon et il murmura : "Noooon ! Non, Paulo." "Pourquoi, monsieur Prudente ? Vous me désirez... et je serais heureux de vous faire plaisir. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, avec moi. Vous pouvez même me faire vôtre, si vous le voulez." dit doucement Paulo, essayant de le caresser encore entre ses jambes. "Paulo, mon doux Paulo, tu ne sais pas ce que tu dis..." gémit presque le jeune homme, secoué par l'intensité du désir qui dévastait son corps, mais essayant toujours de résister. "Oui, je le sais. Je sais que parfois des hommes désirent un garçon et qu'ils le prennent pour leur plaisir. Et je sais aussi que certains garçons aiment bien. Je veux vous faire plaisir, monsieur Prudente, et je pense aussi que cela me plaira, car c'est vous qui le voulez..." Le jeune homme était déchiré. D'un côté, son corps lui criait d'accepter cette offre inattendue. De l'autre, son esprit l'obligeait à la refuser, son honnêteté lui demandait de ne pas profiter de ce garçon si jeune... si beau... si naïf et si prêt à se donner à lui. La bataille fut cependant courte, car Paulo était plus que convaincu de ce qu'il faisait et voulait à tout prix faire plaisir à la seule personne qui avait toujours été son ami. Alors le garçon prit entre ses mains le visage du jeune homme et l'embrassa de nouveau, mettant tout le feu et la passion que la convoitise de ses vertes années avait enflammée en sentant l'excitation de son protecteur. Alors, Paulo aussi s'excita et se pressa à son tour contre le corps du jeune homme, lui faisant sentir la consistance de son membre, jeune mais déjà assez mature. Dans une dernière tentative de rationalité, le jeune secrétaire murmura : "Es-tu vraiment sûr de le vouloir, Paulo ?" "Oui, monsieur Prudente... s'il vous plaît... je veux être votre petit ami ! Vous le désirez aussi, ne dites pas non !" Alors Prudente embrassa de nouveau le garçon et commença lentement à le déshabiller, inconscient du danger d'être surpris avec des conséquences que les deux auraient payées chèrement. Mais la fortune veillait sur eux. Le jeune homme put finalement admirer le corps beau, mince et ferme du garçon, son visage illuminé par un sourire confiant et son membre presque adulte. "Mon Dieu, que tu es beau, Paulo !" murmura-t-il plein d'émotion. "Toi aussi, monsieur Prudente, tu es très beau ! Veux-tu être mon homme ? Dis-moi oui, je t'en prie, et tu me rendras heureux..." dit Paulo avec un joyeux sourire, en passant à le tutoyer. "Oui... oh, oui... comment puis-je te refuser ce que je désire aussi ? " "Et vas-tu mettre ton beau pilon tout dans mon petit cul ?" "L'as-tu déjà pris là-bas ?" lui demanda le jeune homme. Avant de répondre, Paulo se pencha sur l'aine du secrétaire, prenant son magnifique sac de testicules entre ses mains et se pencha pour embrasser et taquiner son membre dur du bout de sa langue. Puis il dit : "Non, pas encore. Jamais... mais je veux que toi, monsieur Prudente, sois le premier à le faire. S'il te plaît, prends-moi !" "Mais ça va te faire mal, Paulo, si tu ne l'as jamais pris là..." "Les autres gars m'ont dit que seules les premières fois ça fait mal, mais ensuite on s'y habitue et parfois c'est même assez beau ... Et puis je n'ai pas peur de ce genre de douleur parce que je sais que c'est une douleur juste... pas comme les coups de fouet que la baronne m'a fait donner... S'il te plaît, monsieur Prudente, prends-moi !" "Je ne voudrais pas te faire de mal, mon garçon." "Mais c'est moi qui te le demande. Tu ne me feras pas de mal. S'il te plaît..." insista-t-il décidé à obtenir ce qu'il pensait que l'homme voulait et que maintenant lui aussi voulait. "Mais si ça te fait trop mal, Paulo... me promets-tu que tu me diras d'arrêter ?" demanda le jeune homme dans une dernière tentative pour se comporter correctement avec ce garçonnet qui avait enflammé ses désirs de façon si irrésistible. "Oui, je te le promets..." répondit Paulo en lui souriant, alléchant. Prudente fit mettre le garçon à quatre pattes, s'agenouilla derrière lui et caressa son joli petit cul à la peau veloutée comme de la soie précieuse. À deux mains, il écarta les petites fesses et se pencha pour lécher le sillon et le tendre bourgeon caché. Il le travailla longtemps, essayant de mieux préparer le trou inviolé pour sa première pénétration. Paulo commença bientôt à gémir à voix basse : "Oh, mon Dieu, que me fais-tu, monsieur Prudente ? C'est beau, trop beau... Encore, s'il te plaît, encore..." Le jeune homme n'avait certainement pas besoin d'être incité, un feu qu'il croyait à jamais étouffé le dévorait, aussi continua-t-il à préparer le garçon avec un désir croissant. Le sang coulait dans ses veines, impétueux et fort comme une rivière de feu liquide. Paulo s'agitait, en proie à un plaisir grandissant. Alors Prudente commença à travailler le trou palpitant en alternant un doigt avec sa langue et ouvrit doucement sa voie dans le garçon. "Oh, oui, alors... que c'est bon !" Paulo gargouilla, n'ayant jamais ressenti de sensations aussi intenses. Prudente avait maintenant enfoncé deux doigts dans le trou vierge et les manœuvrait sagement afin de faire progressivement détendre les muscles du sphincter du garçon, qui coopérait avec un désir et un plaisir croissants avec ces chaudes attentions. Quand finalement le jeune homme s'aperçut que le trou était bien détendu et palpitant, rendu glissant par l'abondante salive, il s'appuya contre le garçon, le prenant à taille. "Es-tu prêt, Paulo ?" "Oui, prends-moi !" "Si ça fait mal, tu me le diras ?" "Oui, oui..." Alors, pointant son membre maintenant dur comme de la roche volcanique sur le petit trou vierge, le jeune homme commença à pousser. Comme le lui avaient expliqué les autres garçons esclaves qu'il fallait faire, Paulo essaya de se détendre au maximum. Il aimait sentir la chair chaude du jeune homme qui essayait de se frayer un chemin en lui, forçant l'ouverture de son coffre au trésor, et il voulait enfin sentir en lui cette ferme colonne de chair. Prudente poussa avec une énergie croissante et finalement le bout de son membre vigoureux s'enfonça dans la chair tendre du garçon. Paulo ressentit une pointe de douleur, mais, comme il l'avait dit au jeune homme, il savait que c'était une douleur « juste ». Donc il serra les dents et ses yeux essayant de résister, de ne pas laisser s'échapper même le moindre gémissement, car il ne voulait pas que le jeune homme s'arrête. Finalement, presque soudainement, tout le gland du dur membre viril le pénétra. Prudente, luttant pour ne pas céder à son désir ardent, cessa de pousser, car il savait que le garçon avait besoin d'un peu de temps pour s'habituer à cette présence inhabituelle en lui. "Comment ça va, Paulo ?" demanda-t-il à voix basse, presque effrayé. "Bien..." murmura le garçon en essayant de ne pas trahir la douleur avec le ton de sa voix, mais maintenant, elle semblait déjà diminuer : "J'aime bien..." Prudente caressa la tête et le dos du garçon, toujours immobile. Paulo se rendit compte que son membre, à cause de la douleur, était devenu mou et il craignit que l'homme le remarque. Il passa une main sous son corps jusqu'à atteindre le poteau fixé avec force en lui et sentit que seule une petite partie de celui-ci était entrée. Pendant ce temps, avec son avant-bras, il frottait son membre en essayant de le faire durcir à nouveau. "Tu es encore presque complètement dehors, monsieur Prudente... pousse-le tout dedans, s'il te plaît !" murmura-t-il alors, et il poussa son bassin en arrière pour faire sentir au jeune secrétaire combien il le désirait vraiment. "Le plus difficile est fait, quand le gland est à l'intérieur... maintenant il devrait entrer plus facilement..." lui expliqua Prudente, mais sans bouger pour le moment. "Oui, bien sûr... pousse-le tout en moi, monsieur Prudente, s'il te plaît... et puis, baise-moi. N'aie pas peur, j'aime bien, tu ne me fais pas mal." En réalité, le garçon n'avait toujours aucun plaisir, mais il était plus que jamais déterminé à donner du plaisir à son protecteur. Le jeune homme alors recommença à pousser et, lentement, très lentement, il glissa dans le canal étroit et chaud du garçon. Paulo ressentait à présent une douleur moins intense, une douleur sourde et continue, mais la sensation d'être envahi, rempli, possédé par le jeune homme lui procurait une sorte de plaisir psychologique qui le compensait en partie pour sa douleur physique. "Oui... oui, alors... mets-le tout dedans... tout en moi..." l'invoqua le garçon. La longue pénétration prit fin, le membre du jeune homme était maintenant inséré dans le garçon jusqu'à sa racine. Prudente le fit palpiter plusieurs fois, encore sans bouger. "Oh, j'aime bien quand tu fais ça !" Paulo soupira. "Est-ce que tu es tout en moi, maintenant ?" "Oui, Paulo, je suis tout en toi." "Alors baise-moi, vas-y !" "Es-tu sûr que ça ne te fait pas mal ?" demanda à nouveau le jeune secrétaire. "Bien sur que j'en suis sûr. J'aime bien, je t'ai dit..." mentit, mais seulement partiellement, le garçon. Finalement, Prudente commença à faire des va-et-vient avec une lenteur étudiée dans cet étroit canal. C'était la première fois qu'il prenait la virginité d'un garçon. La sensation était très belle et excitante. "Oui, oui..." murmura le garçon en se poussant tout contre lui. Maintenant, le membre de Paulo était de nouveau réveillé, car outre le plaisir psychologique de donner enfin ce qu'il voulait à son protecteur, il commençait aussi à ressentir un plaisir étrange, léger mais agréable. La douleur n'avait pas disparu, mais maintenant elle semblait plus que supportable au garçon. Après quelques coups contrôlés, Prudente estima que la jouissance était si intense qu'il ne pouvait plus se contrôler. Ses coups sont alors devenus plus courts et plus rapides. Ayant légèrement changé de position, la longue tige de chair à l'intérieur du garçon se frottait à chaque coup contre sa prostate, de sorte que le léger plaisir ressenti par Paulo était accentué dans un crescendo soudain. Le garçon soudainement atteignit l'orgasme et projeta sa jeune semence sur sa paillasse dans une courte série de jets puissants. Alors qu'il jouissait, le garçon contracta inconsciemment les muscles des fesses et du sphincter, agita son bassin et cela provoqua également l'orgasme du jeune secrétaire qui se poussa jusqu'au fond dans garçon et le remplit de ses jets vigoureux de semence tiède. Ils s'arrêtèrent tous les deux, haletant légèrement. Paulo demanda : "As-tu aimé me prendre, monsieur Prudente ?" "Énormément, mon garçon." "Alors tu me prendras encore, n'est-ce pas ?" "Chaque fois que tu le veux, Paulo." "Oh, pour moi ... même tous les jours si tu en as envie, toi aussi..." Mais avec le calme de l'après orgasme, la raison aussi réapparut dans l'esprit du secrétaire. Il se retira prudemment de la chair chaude du jeune esclave blanc, le fit se mettre sur ses genoux et se tourner vers lui et l'embrassa tendrement dans sa bouche. "Ça a été très beau, mon cher Paulo, vraiment beau ! Mais nous avons été imprudents. Les prochaines fois, nous devrons faire très attention. Sais-tu que si on découvrait cela, ce serait un très grave problème pour toi et pour moi ?" "Oui, je le sais bien. Nous ferons très attention, mais je voudrais vraiment que tu me prennes comme ça tous les jours, monsieur Prudente." "Je ne sais pas s'il sera possible de le faire tous les jours, mais nous le ferons aussi souvent que possible." Ils se sont recomposés. Ensuite, Paulo demanda : "Toi, monsieur Prudente, tu le fais avec tant d'autres garçons ?" "Non, tu es le seul. Quand j'allais à l'école, je le faisais avec certains de mes compagnons, au collège des jésuites de Curitiba." "Et ils ne vous ont jamais découverts ?" "Dieu merci, non. Nous avions trouvé un endroit assez sûr où, si les pères ou quelques membres du personnel étaient arrivés, nous pouvions les entendre à temps pour pouvoir remettre nos vêtements en ordre et partir ailleurs sans qu'ils puissent nous voir." "Nous devrons trouver un endroit comme ça aussi, alors... Où le faisais-tu, au collège ?" "Dans le grenier du collège, qui était très grand, qui servait de rangement pour des objets anciens, des meubles, des caisses... et qu'on pouvait atteindre par cinq escaliers différents et les portes n'étaient jamais verrouillées. Nous avions déplacé des caisses et des meubles pour créer une sorte de cachette, et nous avions très bien huilé les charnières des portes pour qu'elles ne gémissent pas..." "Mais alors, elles ne faisaient pas de bruit même si quelqu'un des prêtres entrait là haut..." remarqua Paulo. "Oui, c'est vrai. Mais les cinq escaliers qui montaient là-haut étaient en bois, aussi anciens que l'ensemble du bâtiment... Donc, si quelqu'un avait grimpé là-haut, nous pouvions l'entendre bien à temps et ensuite descendre d'un autre côté. Et puis, on ne montait jamais là haut qu'à deux et chaque fois, quand on descendait, on prenait un escalier différent, pour ne pas faire comprendre qu'on était ensemble..." "Vous étiez vraiment rusés, n'est-ce pas, monsieur Prudente ?" lui dit Paulo en le regardant avec un sourire et en ayant l'air amusé. "Rusés... et chanceux, en tout cas." le jeune homme le corrigea en caressant ses courtes boucles noires. Après cette première fois, ils ont réussi à faire l'amour assez souvent, même si pas tous les jours comme Paulo l'avait espéré. En peu de temps, la douleur ressentie par le garçon au cours des pénétrations disparut complètement et le plaisir devint plus intense, de sorte que le garçon ne le faisait plus seulement pour faire plaisir au jeune secrétaire, mais aussi parce qu'il aimait beaucoup le faire. Un jour, c'était le 20 juillet 1840, dans la grande maison, il n'y avait personne de la famille du baron Basìlio da Cunha Vargas, car l'homme, avec sa femme et ses quatre enfants, était allé à Rio avec deux carrosses, pour prendre part à la célébration solennelle de la proclamation de l'âge de l'empereur Dom Pedro II. Toute la famille resterait à Rio pendant deux semaines. Le baron, en partant, avait confié la gestion de la maison à son secrétaire, monsieur Prudente. En début d'après-midi, le secrétaire avec Paulo était monté dans la chambre de l'homme et ils avaient fait l'amour en paix et avec le plaisir habituel. Ensuite, ils ont commencé à se rhabiller. Mais Paulo, à un moment donné, s'était arrêté. Il avait regardé l'homme et lui avait dit : "Monsieur Prudente, il n'y a plus personne dans la maison aujourd'hui... Même les esclaves de la maison sont allés dans les baraques avec leurs familles... il n'y a que toi et moi..." "Oui, c'est pourquoi nous avons pu venir ici dans ma chambre pour faire l'amour sans problèmes." dit Prudente. "Oui... mais je pensais... j'aimerais faire quelque chose maintenant... est-ce vrai que tu me laisserais la faire ?" demanda le garçon, lui faisant un sourire captivant. "Si je peux, bien volontiers, Paulo." "Bien, tu vois, je... mes demi-frères--- ils sont toujours bien habillés, élégants, avec des vêtements raffinés... J'aimerais, au moins une fois, pouvoir m'habiller comme eux. Une seule fois, et prétendre être moi aussi un baron, une personne importante et pas seulement un esclave..." Prudente sourit : il comprenait bien le souhait du garçon et pensa qu'après tout, il pourrait lui donner cette petite satisfaction. "D'accord, Paulo. Allons, allons dans la chambre du jeune monsieur Raimundo, qui a plus ou moins ta taille. Je vais t'aider à t'habiller." "Vraiment ? Merci, monsieur Prudente ! Allons, j'ai hâte de me regarder dans le miroir... et de jouer pendant un moment à être un baron moi aussi !" Prudente était heureux pou la joie presque enfantine de son protégé et se dit qu'après tout, le garçon se contentait de très peu. Bien sûr, pensa-t-il, non seulement il l'habillerait avec les plus beaux vêtements de Raimundo, mais il l'amènerait ensuite au salon et lui servirait du bon café et des friandises, l'appelant monsieur le Baron et lui faisant des révérences... Entrant dans la chambre de Raimundo, Prudente ouvrit la grande armoire. "Voilà, Paulo, choisis l'habit que tu préfères !" "Puis-je vraiment choisir ?" "Bien sûr. Alors ?" Le garçon regarda les vêtements, les toucha du doigt, puis choisit un pantalon en laine gris pâle très clair et une queue-de-pie d'une jolie couleur bleu pâle. "Ceux-ci ?" demanda-t-il avec ses yeux qui brillaient. "Excellent choix. Nous devons donc maintenant trouver la bonne chemise, les bonnes chaussettes et les bonnes chaussures." "Même le sous-vêtement et la chemise du dessous ?" demanda le garçon, de plus en plus excité par ce beau jeu. "Tout, de la tête aux pieds, comme un vrai gentilhomme. Et même une petite goutte d'eau de Cologne, d'accord ?" Avec l'aide du secrétaire, Paulo se déshabilla rapidement et commença à mettre, en premier lieu, les vêtements intimes de batiste, les bas de soie blancs, puis la chemise élégante à bordures en dentelle, la grande cravate de velours bleu très mince, puis il enfila son pantalon doux et enfin la queue-de-pie. Prudente avait également sorti les chaussures en cuir verni noir munies de la boucle dorée et les avait faits mettre au garçon. "Tu es vraiment comme un dessin de mode ! On dirait que tu es sorti d'une illustration de mode de France, tu sais ? Voilà, maintenant une légère vaporisation de cette eau de toilette... Parfait, monsieur le baron Raimundo ! Vous êtes le plus beau garçon de tout l'État de Parana, je vous assure." "Où est un miroir, monsieur Prudente ? Je veux me voir aussi..." "Tout d'abord, si vous êtes un vrai baron, je suis votre employé, alors pas de monsieur, avec moi, appelez-moi simplement Prudente." "Puis-je ? Vraiment ?" "Mais certainement, tant que vous êtes le baron Raimundo Cabral Vargas, fils de Dom Basìlio Da Cunha Vargas. Si vous voulez me suivre, monsieur le baron..." Paulo rigola amusé, puis en bombant le torse, il quitta la chambre de son demi-frère en suivant le secrétaire. Il s'arrêta devant le grand miroir qui se trouvait au bout du couloir. "Voilà. J'ai l'honneur de vous présenter le baron Raimundo Cabral Vargas, fils de dom Basìlio Da Cunha Vargas." dit le secrétaire cérémonieusement. "Enchanté." s'exclama Paulo avec un grand sourire. "Et maintenant, monsieur le baron, si vous voulez descendre au salon, j'aimerais avoir le plaisir de vous servir un bon café..." Paulo ouvrit grand les yeux et demanda : "Vraiment ?" "Tu n'as pas à me demander : vraiment, un baron ne ferait jamais ça. Tu dois dire seulement : merci Prudente." "Oh oui... Merci Prudente." dit alors le jeune esclave blanc, tout grave et dédaigneux, alors que ses yeux riaient pleins d'allégresse. Ils descendirent, Paulo s'assit dans le fauteuil préféré de Dom Basìlio, Prudente lui fit une révérence et se dirigea rapidement vers la cuisine pour lui préparer le café. Il était vraiment heureux de pouvoir donner au pauvre garçon cette courte parenthèse, comme un petit conte de fées... Il pensa que si dom Basìlio avait été un peu plus humain et plus juste, celle-ci, même sans le titre de baron, aurait vraiment pu être la vie du doux Paulo.
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