C'était dimanche soir. Il y avait déjà neuf jours qu'Ylli vivait chez moi. Un peu avant d'aller dormir, j'ai pensé que le moment était venu de faire un pas de plus pour lui faire sentir combien je voulais vraiment qu'on soit amis.
Quand on s'est dit bonsoir dans le couloir, j'ai pris sa main et je l'ai retenue : "Ylli... je voulais te dire quelque chose..."
"Oui ?"
"J'ai pensé que je pourrais te donner de l'argent pour qu'on aille reprendre tes affaires à la pension et que tu t'installes ici. Tu peux rester chez moi, te remettre au travail... tu peux arrêter de faire la manche dans la rue si je te donne cet argent, non ? Ne vaut-il pas mieux que tu l'acceptes de moi plutôt que d'inconnus ?" lui dis-je en espérant qu'il accepte mon amitié et mon aide.
"De l'argent ? De toi ?" me demanda Ylli, et je l'ai senti un peu tendu.
J'ai craint l'avoir offensé, humilié en voulant lui faire accepter l'aide que je lui offrais de bon cœur, alors j'ai dit précipitamment : "Je ne t'offre pas l'aumône, Ylli. Tu me plais et je voudrais trouver la façon de te faire sentir ma... gratitude pour ta compagnie. Tu comprends ? Je t'ai observé ces derniers jours, je t'ai étudié et tu me plais et je voudrais que tu restes ici avec moi, et je sais que l'argent est un problème pour toi, et je te le donne volontiers, par amitié, tu comprends ? Ce n'est pas de la pitié, Ylli, c'est quelque chose qu'il est juste de te donner, que... que tu mérites... ça me ferait plaisir... tu ne veux pas me faire plaisir, Ylli ?"
Il acquiesça encore. J'ai pensé que je n'aurais peut-être pas dû être aussi insistant, que j'aurais dû être plus discret...
"Bien... bonne nuit, Ylli. Mais penses-y, s'il te plaît." lui dis-je.
"Oui, bonne nuit." dit-il et il entra dans sa chambre.
Je me suis déshabillé et glissé sous les couvertures. Pour la première fois je n'avais pas mis de pyjama, je m'étais couché avec juste mon slip... peut-être inconsciemment pour imiter Ylli.
Je pensais à lui dans le noir, à son beau corps, et à mon offre de coup de main, de rester ici avec moi. Je n'avais pas encore sommeil, je regardais sur les murs et au plafond les lueurs venant de la rue, sans cesser de penser à Ylli.
J'ai entendu un petit bruit venant de la porte et je me suis tourné pour regarder, un peu étonné : j'ai vu la porte s'ouvrir et la silhouette d'Ylli s'arrêter sur le seuil. Je me suis dit qu'il avait réfléchi à mon offre et qu'il avait quelque chose à me dire.
Alors je lui ai dit : "Viens..." et je me suis assis dans mon grand lit.
Il a approché du lit et s'est arrêté à côté, il me regardait. Je devinais ses yeux clairs, son corps presque nu : il ne portait que mon slip.
Sans un mot, il s'est assis au bord du lit. Je me suis un peu écarté pour lui faire de la place. Il m'a regardé dans les yeux, je l'ai regardé dans les yeux...
"Tu es venu... à cause de ce que je t'ai dit..." lui dis-je dans l'espoir qu'il accepte mon offre.
"Oui..." a-t-il répondu et il a fait une chose qui m'a stupéfié : il a tendu la main pour effleurer ma poitrine et m'a poussé pour que je me recouche.
"Oui..." répéta Ylli, et sa main resta sur ma poitrine, dans une douce caresse.
Vous croirez peut-être que j'étais innocent... et je l'étais sans doute... mais je n'y ai vu qu'un geste de tendresse, d'amitié et peut-être de reconnaissance... J'ai senti ce que le geste avait d'intime, et cette intimité me fit plaisir. Sans y penser, j'ai tendu la main et lui ai caressé le bras.
Ylli s'est couché près de moi, la couverture ne couvrait que la partie inférieure de nos corps, mais rien ne séparait nos torses. Le garçon m'a doucement pris dans ses bras. D'instinct je l'ai serré dans les miens, dans un geste tendre, d'amitié.
"Je suis content que tu sois là, Ylli. Tu me plais beaucoup. J'espérais que tu comprendrais ce que je voulais te dire..." ai-je murmuré, ignorant bien pourquoi, à voix basse.
"Oui, j'ai compris..." dit-il et il se mit sur mon corps et répondit à mon étreinte avec une énergie assurément virile.
Nos poitrines se touchaient et la chaleur de la sienne était bonne, intensément bonne...
Puis ses lèvres ses posèrent sur les miennes et il m'embrassa...
Soudain j'ai senti ma tête s'enflammer, mon corps s'enflammer. Soudain j'ai compris que ce n'était pas un geste d'amitié, mais autre chose, quelque chose de bien plus intime et spécial. Des émotions contraires se déchaînaient en moi...
C'est que, voyez-vous, jamais de ma vie je n'avais été attiré par un homme. Seules les femmes m'avaient attirées. Aussi étais-je, peut-on dire, complètement vierge en la matière.
Alors, quand j'ai senti que cette étreinte et ce baiser étaient clairement sexuels, que ce n'étaient pas de simples gestes d'amitié, peut-être un peu excessifs mais néanmoins juste d'amitié, je me suis senti confus, égaré, surpris...
Mais en même temps mon corps se réjouissait de façon incroyable de ce contact intime, le baiser était agréable, les mains d'Ylli sur mon torse étaient très agréables, mes mains sur sa peau me donnaient des sensations indiciblement plaisantes...
Je sentais son désir et j'étais conscient qu'il réveillait le mien de façon terriblement intense. J'ai commencé à répondre à son si intense baiser... "Mon dieu, que se passe-t-il ? C'est un garçon... un homme comme moi..." répétait une voix dans ma tête...
Mes mains couraient dans son dos et, comme suivant leur volonté propre, descendaient de plus en plus bas, jusqu'à en arriver à caresser son petit cul ferme à travers le slip...
J'étais incapable d'expliquer ce qui se passait en moi à ce moment. J'ai cherché par la suite à l'analyser... sur le moment je n'y suis pas arrivé, j'étais vraiment perdu, pris par surprise et aussi excité... agréablement excité...
Je me sentais partagé entre deux extrêmes : une part de moi était stupéfaite, incrédule et me répétait que cela n'aurait pas dû arriver, mais une autre part était... comblée, émue, je dirais presque reconnaissante au garçon d'avoir voulu dépasser toute frontière et permis ce contact si intime et si fort avec moi...
Ylli s'agitait au-dessus de moi, d'un geste leste il retira la dernière séparation entre nous et la couverture ne fut plus entre nos corps. Ses jambes s'enlacèrent avec les miennes, je sentais son érection presser contre moi... et je réalisais avoir moi aussi une érection forte et très agréable.
Je me suis peu à peu rendu et je me suis abandonné à ces émotions si neuves et si bonnes, et je me suis spontanément mis à participer de plus en plus activement aux attentions du garçon.
Je me souviens m'être senti... reconnaissant qu'il veuille atteindre un tel niveau d'intimité avec moi... qu'il me montre son désir, une telle attirance m'exaltait. Je me souviens avoir pensé qu'il était très beau de sentir son érection palpiter contre la mienne, sa langue jouer avec la mienne...
Dans ces moments je ne me suis pas interrogé sur ma sexualité ni sur la sienne : tout me paraissait si étrangement juste, naturel et... beau !
Au début c'est Ylli qui guidait toute l'action, mais vite, spontanément, j'ai "copié" ses manœuvres, ses contacts, ses attentions et je les lui rendais avec un plaisir croissant et de plus en plus d'abandon.
Oh, j'ai eu par la suite le temps d'analyser ce qui s'est passé cette nuit-là, tant en moi qu'entre nous, mais ce n'était pas le cas sur le moment. Non. Seule réagissait la bête qui est en chacun de nous. Je dis la "bête" sans vouloir être péjoratif mais parce qu'au fond, tout humain fait partie du règne animal... Peut-être vaudrait-il mieux parler de "nature" que de "bête"...
Je ne me souviens pas comment, mais nos slips se trouvèrent vite à côté du lit double. Nos membres s'enlaçaient, se cherchaient, dans un crescendo de plaisir et de bonheur... Oui, c'est du bonheur que j'ai ressenti à cet instant, j'en suis sûr.
J'avais la nette impression qu'Ylli avait su dépasser toutes ses limites et qu'il se donnait à moi et qu'il m'acceptait totalement, complètement. J'ai senti avec plaisir qu'il était allé au-delà du "tu" que je lui avais demandé. Et je voulais "m'unir" avec lui...
Ylli se pencha pour me sucer les tétons et je me suis senti au ciel ! Aucune de mes trois épouses ne l'avait jamais fait... ce simple geste aussi était nouveau pour moi, et incroyablement bon. Au delà du plaisir, fort, qu'il me donnait. C'était un geste de désir, de tendresse, d'offre de soi et il m'émut. Aussi voulus-je le lui faire aussi...
Sentir contre moi son sexe dur, non seulement ne me causait aucun problème, mais me faisait même plaisir, et d'ailleurs me poussait à lui faire sentir le mien...
Mes mains descendirent s'emparer du sexe d'Ylli, et le sentir palpiter dans mes mains fut aussi une magnifique sensation : il était doux, velouté et pourtant fort et solide. Ses mains aussi sont descendues palper entre mes jambes et j'en eus un grand plaisir.
Ylli descendait de plus en plus bas sur mon corps, il l'embrassait, le léchait, le mordillait gentiment, l'agaçait... puis ses lèvres se posèrent sur mon membre ! J'ai eu un fort sursaut de plaisir et j'ai gémi un long "oui..." plein d'émotion. Je caressais ses doux cheveux pendant qu'il me faisait glisser en entier dans sa bouche si chaude et si plaisamment humide. Cela aussi fut pour moi une grande nouveauté d'une incroyable beauté ! Cela non plus aucune de mes épouses ne me l'avait jamais fait !
J'étais comme ivre... ivre d'Ylli, ce splendide garçon albanais. Je sentais avec une force incroyable le désir de lui rendre ce plaisir, alors je me suis retourné sous lui pour atteindre son beau sexe que je n'avais qu'entrevu le matin même. Il était beau, agréable, pas trop gros... je dirais qu'il était "bien", tant parce que je pouvais le prendre tout en bouche, qu'il me remplissait, que dans le sens qu'il me donnait de magnifiques sensations. Tout comme il était "bien" que le mien soit accueilli entre ses lèvres et dans sa bouche.
Pendant que je continuais à caresser, à palper, à masser ses petites fesses solides, alors que lui m'excitait du bout des doigts les tétons ou me palpait tendrement les testicules... nous gémissions de plus en plus fort et exprimions l'intensité du plaisir que nous éprouvions...
Ylli a un peu bougé le derrière et mes doigts ont trouvé le sillon chaud entre ses petites fesses nerveuses, et mon doigt l'a fouillé jusqu'à trouver la rosette de chair. Il a gémi et j'ai compris qu'il aimait être touché de la sorte, alors mon doigt s'est fait plus audacieux, plus insistant. Ylli poussait le bassin contre ma main et augmentait ainsi la pression de mon doigt sur le petit trou caché...
Puis il s'est tourné et à nouveau il m'a pris dans ses bras, je l'ai embrassé, cette fois-ci j'ai pris l'initiative. Il m'a alors murmuré : "Prends-moi..."
"Prends-moi", je me suis dit... qu'il voulait que je fasse l'ultime pas... ou peut-être le premier... pour enfin m'unir avec lui... Il voulait se donner à moi... j'en étais profondément ému et excité... j'ai entendu cette prière comme quelque chose de beau, de tendre... il voulait se donner à moi, complètement.
Si j'y avais réfléchi la tête froide, dans d'autres circonstances, l'acte d'insérer mon membre dur dans le derrière d'un autre, fusse une femme, m'aurait sans doute semblé une action désagréable, déplaisante... je crois. Mais à cet instant cela me parut, encore une fois, simplement un acte bien et beau. Peut-être était-ce une escalade inconsciente, d'embrasser un homme à le sucer et se faire sucer par lui, que de penser à le pénétrer par là aussi...
Je l'ignore, toujours est-il que sur le moment je ne pensais pas, je ne faisais qu'agir. Ce n'était pas mon esprit qui me guidait mais mon corps, mes sensations et mes émotions... voire mon âme. Ylli se donnait à moi et je lui étais reconnaissant de ce don complet.
Il se tourna sur le côté de façon à ce que je sois couché dans son dos, il leva une jambe et poussa le derrière contre mon sexe dressé... D'une main il guidait mon membre dur vers sa cible... J'ai saisi son torse et je l'ai attiré contre moi, d'une main je lui frottais un téton, de l'autre je palpais son membre raide et j'ai poussé le bassin en avant.
J'ai senti une intense chaleur au bout de mon sexe, puis j'ai senti nettement son petit anneau de chair s'ouvrir et m'accueillir en lui... J'étais ému à en avoir la gorge nouée, et mon cœur me semblait battre furieusement. Ylli me voulait en lui... et je voulais me donner à lui...
Je poussais en avant et lui poussait son bassin en arrière et mon gland, passée la première légère résistance, se nicha à l'entrée de son canal si étroit et si chaud. J'ai cru devenir fou d'émotion. Nous avons tous les deux poussé vers l'autre et je me suis senti glisser, lentement mais inexorablement, tout en lui. J'ai embrassé son cou, et, presque en retenant ma respiration, je me suis enfoncé, avec lenteur et plaisir, dans son corps tendre et puissant, et il m'a accueilli complètement en lui.
Quand j'ai senti que mon pubis pressait fort contre ses petites fesses nerveuses, je me suis arrêté et j'ai lâché un profond soupir de satisfaction.
"Allez..." murmura Ylli. mais je n'ai pas bougé, alors il répéta : "Allez..."
J'étais trop ému. Mais j'ai commencé à me retirer un peu, puis à me pousser à nouveau tout en lui. D'abord lentement... en arrière, puis en avant... en arrière, puis en avant... Il bougeait à peine le bassin à chacun de mes à fond, et il faisait palpiter son sphincter autour de mon sexe dur...
Petit à petit j'ai augmenté le rythme et la vigueur de mes va-et-vient en lui, et je serrais son torse entre mes bras, je l'embrassais et je le mordillais dans le dos... c'était incroyablement bon, exaltant. J'étais rempli de la plus tendre des stupeurs. Je partageais avec lui une union d'une intimité à laquelle je n'aurais jamais osé rêver. Il se donnait à moi et moi à lui.
Certains d'entre vous ne le croiront sans doute pas, mais... je ne le "baisais" pas, je lui montrais de tout mon corps et de mon sexe dressé à quel point j'étais heureux de l'avoir là avec moi. J'ignore si j'arrive à m'expliquer mais, même s'il s'agissait assurément d'un acte sexuel, je ne couchais pas avec lui mais j'essayais d'établir entre Ylli et moi une relation d'union vraie et profonde...
Par cet acte physique il m'accueillait en lui, dans sa vie, je le faisais mien et il me faisait sien... Bien sûr ces réflexions ne sont venues qu'après, pas sur le moment, mais je suis certain qu'elles sont nées en moi sur l'instant.
L'excitation physique était là mais en parallèle se développait en moi une excitation spirituelle qui, sans doute plus que la physique, m'emmena à un autre niveau, plus haut, et à un plaisir dont l'expression matérielle fut un magnifique orgasme. Un orgasme qui, je ne saurais dire pourquoi, me parut bien plus vrai et meilleur que ceux atteints avec mes trois femmes...
Lorsque nous avons été apaisés, Ylli fit mine de sortir du lit.
Je l'ai retenu et lui ai murmuré : "Non, reste ici..."
Il s'est débattu, gentiment, et m'a dit : "Non, laisse-moi rentrer dans ma chambre, s'il te plait..."
Je l'ai laissé partir, un peu à contrecœur, mais décidé à respecter ses désirs. J'ai ramassé la couverture par terre et je m'en suis couvert. Niché dans sa tiédeur, encore perdu dans la beauté de ce qu'il venait de m'arriver avec Ylli, au délice de ma stupéfiante et inattendue expérience avec lui.
Je me souviens m'être endormi pas seulement satisfait, mais content, joyeux, reconnaissant du don que m'avait fait ce doux garçon. Je me souviens m'être laissé glisser dans les bras de Morphée en répétant son nom dans ma tête, comme un agréable refrain : "Ylli... Ylli... Ylli..."
Lundi matin au réveil je me sentais bien comme j'avais rarement été. Je me sentais fort, plein d'énergie, joyeux, accompli. Je suis allé prendre une douche et, pour la première fois depuis des années, j'ai eu envie de chanter. Comme je ne chante pas très bien, je ne l'ai pas fait, mais ma tête était pleine d'une belle musique ...
Puis, comme tous les matins précédents, je suis allé frapper doucement à la porte d'Ylli. Comme tous les matins il ne répondit pas et j'ai entrouvert la porte et épié dedans, un grand sourire aux lèvres et au cœur...
Et mon sourire se figea, s'éteignit : son lit était vide, parfaitement fait, comme si personne n'y avait dormi !
Je suis entré dans sa chambre et j'ai regardé partout : j'ai tout de suite vu que les habits que je lui avais donnés étaient pliés sur la chaise et qu'aucun des siens n'y était. Je suis allé dans les autres pièces, je l'ai appelé, sans obtenir de réponse. J'ai senti ma tête tourner : il était parti ! Sans rien dire, sans laisser de mot... rien !
D'abord j'ai senti ma tête tourner, je me sentais abasourdi, incrédule, secoué. Puis je me suis senti en colère, trahi, blessé.
J'ai été pris d'un doute et j'ai vérifié les objets de valeurs que j'avais chez moi, mon portefeuille aussi, mais rien ne manquait.
Je me suis assis à la cuisine et demandé pourquoi... pourquoi après m'avoir offert cette incroyable et magnifique rencontre, il avait décidé de disparaître ainsi de ma vie ? Pourquoi après être entré si... intimement dans ma vie, il m'avait abandonné ?
Je fus de nouveau furieux contre lui. Je me suis dit qu'il n'était peut-être sorti que pour acheter quelque chose... mais il n'avait pas la clé, il aurait dû sonner... Et puis il savait que je devais aller travailler, qu'il ne me trouverait pas chez moi, plus tard.
Je n'ai même pas pris de petit déjeuner. Je suis sorti et allé au bureau en regardant sans arrêt partout, je m'attendais à entendre d'un instant à l'autre sa voix m'appeler, à le voir apparaître devant moi avec une explication simple et banale à laquelle je n'avais pas pensé... mais je suis arrivé au bureau sans trouver la moindre trace de lui.
De toute la matinée je n'ai fait que penser à Ylli, je passais de moments de regret à des moments de rage, ou encore d'espoir...
Je suis allé manger au self habituel, à l'heure habituelle et j'espérais encore le rencontrer dans la rue, le voir apparaître au restaurant... Mais pas l'ombre d'Ylli. Je suis retourné au travail. Finalement la journée se termina, nous sommes sortis et j'ai fermé la porte. Puis, au lieu de rentrer chez moi, j'ai parcouru toute la via Roma de long en large dans l'espoir de l'y trouver à faire la manche... mais il n'y était pas.
Je suis rentré : peut-être m'attendait-il devant chez moi... peut-être avait-il mis un mot dans la boite aux lettres... peut-être en avait-il glissé un sous la porte... mais non, il n'y avait rien de rien.
Il s'était lassé de moi ? Que lui avais-je fait pour le faire partir... pour le faire fuir comme ça ? Après tout c'est lui qui était venu vers moi, il était venu dans mon lit et il avait commencé à faire l'amour avec moi, il m'avait fait comprendre qu'il voulait que je le prenne... alors, qu'est-ce qui l'avait-il pris ?
Il n'a pas voulu rester dans mon lit parce qu'il avait déjà décidé de s'enfuir... Il a attendu que je sois endormi pour quitter l'appartement...
Pris d'un nouveau soupçon j'ai encore contrôlé avec soin s'il m'avait volé quelque chose, mais rien ne manquait chez moi.
J'ai mangé, peu et à contrecœur et sans quitter du regard sa place à table. Puis je suis allé à l'atelier pour m'occuper, mais je ne me sentais pas vraiment intéressé alors j'ai tout laissé tel quel et j'ai quitté la pièce. Je suis allé m'asseoir au séjour et j'ai mis la télé, mais sans la regarder vraiment, ça ne m'intéressait pas...
J'ai fini par me décider à aller me coucher, plus tôt que d'habitude. J'ai eu bien du mal à m'endormir, je me tournais et me retournais sans cesse, sans arrêter de me demander pourquoi... Je n'arrivais pas à comprendre, je ne trouvais pas d'explication. Je ne sais pas à quelle heure j'ai fini par m'endormir.
Toute la journée du lendemain et encore le jour après, j'ai été complètement dessus dessous et alterné entre la rage, la déception, la tristesse et l'espoir, au point que mon employée m'a demandé à un moment si je ne me sentais pas bien. Je lui ai répondu un peu sèchement puis je lui ai demandé pardon et je lui ai dit qu'en effet je ne me sentais pas très bien, mais pas au point de rester chez moi....
J'ai passé une étrange semaine, la rage s'atténuait, la tristesse s'accentuait... et j'ai réalisé qu'Ylli me manquait terriblement, il me manquait trop... et ce n'est pas sans surprise que j'ai réalisé que j'étais amoureux de ce beau garçon albanais... et que c'était pour ça que je me sentais trahi !
Et pendant tout mon temps libre, je me suis mis à le chercher autour de la gare, avec des tours de plus en plus larges, dans l'espoir de retrouver sa trace, de le voir, de le rencontrer... ne serait-ce que pour lui demander pourquoi... Pourquoi il était d'abord entré non seulement dans mon lit mais surtout dans ma vie, et pourquoi après il avait disparu ainsi.
Parfois j'ai cru le voir de loin, mon cœur s'emballait et je m'approchais vite... mais juste pour découvrir que je m'étais trompé, que ce n'était pas lui. J'avais une facilité déconcertante pour passer de la rage à la tristesse. J'étais tombé amoureux d'un garçon qui... avait craché sur mon amour !
À cette époque-là non plus je ne me suis pas posé la moindre question sur mon orientation sexuelle ni sur celle d'Ylli : c'était sans importance et on ne peut plus secondaire... J'étais surtout troublé d'avoir découvert être bêtement tombé amoureux et tout aussi bêtement avoir été plaqué. Encore une fois, que l'objet de mon amour soit un garçon et pas une femme, ne me préoccupait alors pas le moins du monde.
Mon fils Vanni s'aperçut que j'étais bizarre et avec lui aussi je me suis encore justifié en disant qu'il n'y avait là qu'un peu de fatigue et des soucis professionnels...
Je continuais à tourner dans le centre, surtout le week-end, dans l'espoir de plus en plus faible de retrouver Ylli, "mon" garçon albanais...