La deuxième fois où Ylli et moi avons fait l'amour fut vraiment spéciale. En quoi ? En ce que la première fois j'avais été pris par surprise, c'était plus mon corps que mon âme qui réagissait, je m'étais, pour ainsi dire, rendu aux habiles sollicitations d'Ylli. Oui, c'est vrai, inconsciemment j'étais déjà attiré par lui, je tombais déjà amoureux de lui, mais justement, ce n'était qu'inconsciemment.
Et Ylli, lui, se donnait à moi avec rage, pour me "remercier" en fait, quand j'y repense maintenant, de part et d'autre ce n'était que du sexe, sans chaleur, bien qu'il soit aussi amoureux de moi. Mais sa déception avait refroidi sa chaleur.
La deuxième fois par contre, cet après-midi... oui, nous n'avons pas attendu le soir... nous étions tous deux pleins d'amour et de chaleur, du désir de tout reprendre à zéro et nous étions tous les deux conscients même avant de commencer à faire l'amour que... justement, cette fois c'était un geste d'amour.
Aussi la deuxième fois fut-elle incroyablement plus belle que la première. Déjà, l'attente d'arriver à ce moment fut belle... Se regarder dans les yeux, se sourire l'un à l'autre, lire le désir dans le regard de l'autre... Puisque vous vous aimez, mes garçons, je crois que vous comprenez ce que je veux dire.
Voyez-vous je n'ai pas une grande expérience à ce sujet... à ce que vous m'avez raconté, vous en avez bien plus que moi. Mais j'y ai longuement réfléchi et je crois que l'approche de deux êtres qui veulent atteindre l'union sexuelle est très différente selon qu'ils ne sont poussés que par l'attirance physique, le plaisir et le besoin d'éprouver certaines émotions, certaines sensations ou qu'ils sont poussés dans les bras de l'autre par le besoin de donner tout son amour à l'autre... Je crois que ce sont deux expériences profondément différentes... tout à l'avantage de la seconde.
C'est pourquoi, quand j'ai pris Ylli par la main et l'ai conduit dans notre chambre, sur notre lit, chaque pas dans le couloir, chaque pas vers ce lit était une marche vers... vers la perfection. Une perfection très limitée, si vous me passez le jeu de mot, parce que nous, humains, sommes limités par nature... Et pourtant c'était s'élever un peu vers le paradis.
Quand on parle de paradis à propos d'un rapport d'amour, je veux dire un rapport physique d'amour, on pense aussitôt à l'intensité du plaisir physique... qui est bien là. Mais en fait le paradis est bien plus spirituel, il se rapproche de quelque chose d'angélique. C'est une fête de l'âme... qui s'exprime à travers les sens et le corps.
Ainsi ce jour-là, se dévêtir l'un l'autre, révéler à nos yeux les formes aimées, faire retrouver à notre toucher la douceur veloutée, soyeuse, chaleureuse mais ferme, virile et forte de l'autre... entendre la voix, les soupirs et gémissements de l'autre et même son cœur... s'émerveiller de l'odeur de son corps, virile et musquée, et de l'odeur de l'amour qui surgit de son âme, se ravir de la saveur de son corps, douce salée, suave et piquante, et se réjouir de l'élan de passion qui jaillit du cœur de l'autre... certes c'était bien une fête pour les corps et pour les sens, mais c'était la manifestation de la fête de nos âmes...
Vous me trouverez peut-être trop romantique, trop sentimental... voire trop fleur bleue... mais pensez-y sérieusement et je ne crois pas que vous puissiez rester en désaccord avec moi. Et quand le corps d'Ylli m'accueillit à nouveau... même s'il n'accueillait que quelques centimètres de ma chair, en fait il m'accueillait complètement, moi entier, sans réserve...
Notre langage est limité, nous parlons de prendre, donner, pénétrer... ou de façon apparemment plus crue de baiser, foutre... enculer, tailler une pipe... pensez-y : en fait ce n'est pas l'un qui prend l'autre, il n'y a pas un actif et un passif, pas un dominateur et un dominé... mais dans le même acte physique, chacun donne et reçoit en même temps. Et c'est en cela qu'on trouve le vrai amour et c'est aussi en cela que le sexe aussi est une expression de l'amour.
Mais revenons maintenant à notre histoire.
Nous étions ensemble depuis quelques mois. Ylli s'était remis à fabriquer et à vendre des objets en cuir, ce qui lui permettait, bien que sans mettre grand-chose de côté, de ne pas être à ma charge financièrement et de contribuer à notre vie commune. De plus, tout comme parfois je l'aidais à fabriquer les beaux objets qu'il vendait, il continuait à m'aider à fabriquer mes meubles miniatures et la petite maison qui devait les contenir.
À un moment, j'ai ressenti le besoin de partager mon bonheur avec mon fils et mon petit-fils. Avant d'emmener Ylli chez eux pour le leur présenter, j'ai décidé d'aborder le sujet avec Vanni et Marco, la prochaine fois que j'irais manger chez eux.
Nous finissions de manger quand j'ai dit à Marco : "Au fait, j'ai retrouvé ce garçon albanais qui faisait des objets en cuir pyrogravé..."
"Super ! Et où vend-il ses affaires, grand-père ?" m'a demandé Marco, content.
"Un jour sur deux il étend son étal sous les arcades de Porta Nuova, presque à l'angle de la via Sacchi. L'autre jour par contre il est Piazza Statuto, au coin de la via Garibaldi..."
"Même le samedi et le dimanche ?"
"Non, sauf samedi et dimanche."
"Dommage, ça aurait été plus pratique... mais bon, je le dirai à mes amis, à mes copains à l'école."
"Tu es bien informé sur ce garçon albanais, papa..." m'a dit Vanni.
Je l'ai regardé : il n'avait pas l'air d'y avoir mis un sens caché...
"Oui, je le suis : depuis peu il habite chez moi..." lui ai-je dit.
"Ah. Tu lui loues une chambre ? Il dort dans mon ancienne chambre ou dans la chambre d'amis ?"
"Non, Ylli dort dans ma chambre..." lui dis-je, et j'ai peut-être abordé le sujet un peu trop abruptement...
"Et toi, où dors-tu, alors ?" me demanda mon fils, plutôt étonné, mais encore tranquille.
"Dans ma chambre, bien sûr. Avec Ylli."
Cette fois-ci le regard que me jeta Vanni était vraiment renfrogné : "Que veux-tu dire, papa ?"
"Qu'Ylli et moi dormons dans le même lit." j'ai répondu, tranquille.
"Je ne comprends pas..." a dit mon fils, mais je crois qu'il avait parfaitement compris.
C'est alors que Marco, l'air étonné mais à dire vrai pas vraiment stupéfait, m'a demandé : "Tu veux dire, grand-père, qu'Ylli et toi faites l'amour ?"
"Oui, Marco. Tu vois, Ylli et moi..." ai-je répondu avec un sourire.
"Papa, mais qu'est-ce que tu racontes ? Que diable dis-tu ?" me coupa Vanni.
"Tu veux dire, grand-père, que vous êtes gays ? Lui et toi êtes..." me demanda Marco les yeux écarquillés.
"Marco, sors d'ici. Ce ne sont pas des sujets pour toi ! Et toi, papa, arrête, la blague est de très mauvais goût." coupa mon fils.
"Ce n'est en rien une blague, ni de mauvais goût." j'ai répondu.
Marco, presque en même temps que moi, dit : "Mais allez, papa, je suis au courant de ces sujets, on en parle entre copains, que crois-tu ? Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie."
"Je t'ai dit de sortir d'ici !" aboya presque Vanni.
"Mais enfin, papa, qu'y a-t-il de mal si grand-père est bien avec ce garçon ? Ils sont majeurs tous les deux, non ?"
"Marco !" hurla mon fils.
"Vanni... le fait que Marco soit ici ou non ne change rien."
"Mais... tu as perdu la tête, papa ? Quel putain de discours viens-tu de me faire ? Mon propre père un pédé ! C'est donc pour ça que tu n'es arrivé à garder aucune femme..."
"C'est toi qui dit ça... et toi, tu as su la retenir, maman ? Alors tu es gay toi aussi, papa ?" lui dit Marco avec sa tête à claques ... et je l'aurais embrassé !
Vanni par contre voulut le gifler, heureusement il l'a raté, je crois que Marco s'y attendait et il l'a évité en se glissant de côté...
"Vanni, s'il te plait ! Ce n'est pas lever la main sur Marco qui va résoudre tes problèmes. Moi je ne t'ai jamais frappé..."
"Et moi je n'ai jamais baisé avec un mec !" répondit mon fils, tout rouge.
"Non, c'est vrai... tu t'es contenté de faire un enfant à seize ans, l'âge qu'a Marco aujourd'hui..." lui ai-je dit sans élever la voix.
"Mais au moins je ne suis pas pédé, moi !" répliqua Vanni.
"Je ne le suis pas non plus." lui ai-je répondu.
"Et tu serais quoi, alors, si tu te fais baiser par cet albanais ?" m'a renvoyé mon fils, sarcastique.
"En dehors du fait que qui baise qui n'a aucun rapport... je ne suis pas gay. Je suis amoureux d'Ylli et donc je fais l'amour avec lui."
"Et cela ne fait pas de toi un gay ?" répliqua mon fils.
"Non, ça fait de moi un homme qui, en l'occurrence, est tombé amoureux d'un autre homme."
"Ce qu'on appelle un gay !" insista mon fils, furieux.
"Tu sais, Vanni... gay n'est qu'une étiquette... et tu me colles cette étiquette dessus parce qu'elle te permet de ne pas me regarder en face, de ne pas reconnaître que je suis un être humain, qui te permet de me cracher au visage, tu peux bien me jeter sans remords... Et bien non, je la refuse, cette étiquette, je suis et je reste un être humain et je ne te permets pas de me traiter en étiquette, c'est à dire en encore moins qu'un objet. Tu veux me coller cette étiquette pour ne t'arrêter qu'à l'acte sexuel qu'elle évoque et que tu ne veux pas voir le geste d'amour que cet acte implique, au moins pour Ylli et moi..."
"Mais arrête ça, papa... Le geste d'amour ! Oui !" me dit-il avec sarcasme, "Ce n'est là... c'est de la démence sénile, voilà ce que c'est ! Il t'a retourné, celui-là, il se sert de toi, de tes envies de soulagement, pour..."
"Non, c'est toi qui vas arrêter, Vanni ! Ma démence sénile... et si c'était moi le pervers, celui qui a corrompu un garçon ! Et si nous avions tous les deux ton âge, quelle étiquette inventerais-tu, puisque ces deux-là n'iraient plus ? Vas-tu cesser de vouloir désespérément me coller une étiquette dessus, oui ou non ?"
"Et que devrais-je faire, alors ?" cria mon fils.
"Peut-être juste écouter grand-père et tâcher de comprendre..." suggéra Marco en se tenant prêt à esquiver une autre gifle de son père.
"Mais tais-toi, toi ! Ferme-la, au moins !"
"Oui, au moins tu seras le seul à parler. Tu n'as rien à foutre de ce que disent les autres, papa, tu te contentes de t'écouter parler, papa..." lui dit Marco.
J'ai posé la main sur le bras de mon petit fils : "N'exagère pas, maintenant, Marco... c'est ton père..." lui dis-je gentiment.
"Et alors, grand-père, toi tu n'es pas le sien ? Si moi je dois rester à l'écouter, pourquoi lui ne doit-il pas t'écouter ?"
J'ai encore fait signe à mon petit-fils de ne pas insister, même si j'admirais son courage. Personne ne parla pendant un moment.
Puis Vanni a dit, en essayant de se contrôler : "Tu vois ce que tu as fait ? L'exemple que tu donnes à mon fils ? Tu lui expliques : enculons-nous joyeusement, qu'importe ! Gay ? Pédé ? Pédale ? Ça n'existe pas, on a tous le droit de coucher avec qui diable on veut ! Fais ce que tu veux de ta bite, encule ou fais-toi mettre par qui tu veux, mais je ne veux pas t'entendre dire ça à mon fils !"
"Je te fais remarquer, Vanni, que c'est toi qui en parles... moi j'ai juste dit qu'Ylli et moi étions amoureux..." lui ai-je dit.
"Et après tu m'interdis de dire des gros mots..." commenta Marco à mi-voix.
"Marco, je t'ai ordonné de sortir d'ici !" lui dit Vanni d'une voix menaçante.
"Jawol, mein fuerer. Heil Hitler!" dit Marco avec un salut nazi, puis il quitta la pièce.
"Tu vois ce que tu as fait ?" me dit alors Vanni, "satisfait, hein ? Tu as monté mon fils contre moi !"
"Non, Vanni, c'est toi, avec le comportement que tu as eu, qui as monté ton fils contre toi..." lui fis-je remarquer.
"Je regrette, papa, mais... je dois te demander de partir de chez moi et de ne plus y revenir... et de ne pas revoir Marco, de ne plus lui parler..."
"C'est ta maison et ton fils... Je peux ne plus venir ici, je peux ne pas le chercher... Mais si lui me cherche, n'espère pas que je lui claque la porte au nez ou que je raccroche s'il m'appelle. Mais je le ferais avec toi... si tu ne changes pas d'attitude."
"Ou tu me promets..."
"Que veux-tu, tu me menaces, maintenant ? Tu veux aller me dénoncer à la police ? De quoi ? Ylli et moi sommes majeurs..."
"Mais mon fils est mineur..."
"Et alors ? Tu veux m'accuser de pédophilie ? De corrompre ton fils ? Juste parce que j'ai dit aimer un homme ? Ne sois pas ridicule. Tu donneras à ton fils les ordres que tu voudras et, s'il t'obéit, tant mieux pour toi. Mais je le répète, s'il te désobéit, c'est ton problème, pas le mien. Je ne refuserai jamais, JAMAIS, tu comprends, de le voir, de l'écouter, de parler avec lui. Allez, va à la police, voir les carabiniers, mais souviens-toi : si tu essaies encore de lever la main sur ton fils, je serai là pour te dénoncer ! Ne rejette pas sur lui un problème qui ne concerne que toi... ou toi et moi si tu préfères. Comme je crois t'avoir bien éduqué, comment peux-tu t'imaginer que j'essaierais de 'corrompre' mon petit-fils ! Et je vais te dire, Vanni, là où tu devrais aller... c'est chez un bon psychologue qui t'aiderait à dépasser ton racisme, tes préjugés et ton incapacité à... à être un homme !"
Après quoi je me suis levé, décidé à m'en aller.
"Et tu crois t'en sortir comme ça, papa ?" me jeta Vanni qui se leva et me prit par le bras pour m'arrêter.
Je me suis retourné et lui ai dit, glacial : "Ne te hasarde pas à me toucher, Vanni ! Jamais je n'ai levé la main sur toi, mais je le ferais aujourd'hui, aussi vrai qu'il y a un dieu. Retire ta main de sur moi, tout de suite !"
Vanni m'a lâché et il a reculé d'un pas. J'ai remarqué, avec un plaisir secret mais certain, qu'il avait compris ne pas être en mesure de me défier.
"Sors d'ici." dit alors Vanni à voix basse.
"Si tu ne m'avais pas arrêté, je serais déjà parti..." ai-je répondu, tranquille.
Je suis sorti de la pièce pendant que Vanni se rasseyait. Quand j'étais dans le couloir à remettre ma veste, la porte de la chambre de Marco s'ouvrit en silence et il m'a souri et fait un geste avec le pouce vers le haut... je lui ai fait un clin d'œil et je suis sorti.
J'étais étrangement calme... bien que mon fils vienne de me mettre à la porte de chez lui. Je suis rentré à la maison j'y ai trouvé Ylli et lui ai tout raconté... Il était très inquiet pour moi, au point que j'ai eu bien du mal à le tranquilliser. Peut-être mon calme venait-il justement de ce que je me savais aimé d'Ylli...
Comme je pensais, je n'ai pas dû attendre longtemps pour avoir des nouvelles de Marco. Deux jours après il m'appelait au travail.
"Grand-père... pardon de t'appeler au bureau, mais je ne peux pas t'appeler de la maison... pour ne pas me disputer avec papa. Alors je dois t'appeler dès que je sors de l'école... avant de rentrer..."
"Il t'a frappé ?"
"Non... mais gare à moi si j'essaie de parler de toi..."
"Alors ne lui parle pas de moi, ça vaut mieux."
"Et toi, tu peux parler librement là ? Personne ne t'entend ?"
"Non, personne, je suis seul dans mon bureau..."
"Parce que... j'ai quelque chose à te dire, grand-père..."
"Quoi ?"
"Tu sais... j'avais raison de penser que je ne pouvais pas en parler à papa..."
"De quoi ?"
"De ce que je suis... pareil que toi."
"Pareil que moi ?" j'ai demandé en craignant de comprendre.
"Oui... moi aussi j'ai rencontré un garçon et... nous nous aimons..."
"Mais, Marco... tu n'as que seize ans..." j'objectais, sans doute bêtement.
"Papa a couché avec maman à seize ans. Le même âge que moi... Alors pourquoi pas moi ? Et puis, au moins, Sergio et moi ne courrons pas le risque de faire un enfant..." me dit mon petit-fils, espiègle.
"C'est un copain de classe ?" lui ai-je demandé, amusé.
"Non, un copain de mon équipe de basket, même s'il a dix-neuf ans..."
"Vous vous aimez bien ?"
"Oui, grand-père... mais on aime bien baiser, aussi..."
"Et bien, je crois que c'est assez logique..."
"J'aimerais tout te dire sur lui et moi... mais j'ai peu de temps, là... Mais je te rappellerai... je peux ?"
"Chaque fois que tu voudras, Marco."
"J'aimerais aussi te voir, grand-père. maintenant que je sais que... nous sommes faits de la même étoffe... parler avec toi... et aussi rencontrer ton ami..."
"Marco, tu sais que ma porte te sera toujours ouverte... Si tu arrives à venir sans mettre ton père en rage..."
"Bah, je verrai comment faire. Salut, grand-père, je t'aime !"
"Moi aussi, Marco. Et pas que parce que nous sommes... de la même étoffe !"
Mon petit-fils a ri, m'a envoyé un baiser et a raccroché.
Il est arrivé à venir chez moi, avec Sergio, après plus d'un mois. Et il a finalement rencontré mon Ylli. Plus ou moins facilement, on se parlait assez souvent au téléphone, même si c'était toujours lui qui devait m'appeler, et parfois on arrivait à se voir.
Puis, quand Marco a eu dix-huit ans, Sergio l'a quitté et le coup fut rude pour mon Marco. Alors, il défia son père et vint me voir pour s'épancher, me demander conseil et un soutien moral...
Mais quand Vanni a découvert que son fils était venu me voir (je me demande encore comment il l'a su...) il lui a fait une scène terrible. Alors Marco, arrivé au comble de l'exaspération, finit par lui dire qu'il était comme moi, depuis avant que je ne leur parle de mon amour pour Ylli (et que ce n'était donc pas par ma "faute"... comme Vanni s'était dit tout de suite) alors leur dispute se fit plus violente encore... tant et si bien que Marco finit par décider de quitter la maison... Il pouvait le faire, maintenant qu'il était majeur.
Il vint chez moi, me raconta tout et me demanda l'hospitalité. Bien sûr je l'ai accueilli avec plaisir et nous lui avons préparé l'ancienne chambre de Vanni. Mais je lui ai aussi dit que, d'après moi, il devrait essayer de se réconcilier avec son père, qu'il avait eu tort de mal le traiter, qu'après tout c'était toujours son père, malgré sa mentalité si obtuse...
"Grand-père, papa t'a mal traité, toi : il n'a que ce qu'il mérite ! Le jour où il viendra te demander pardon, c'est promis, je lui présenterai moi aussi mes excuses."
Vanni, en réaction, cessa de payer l'école de Marco, qui décida alors de se chercher du travail... Mais Ylli et moi, et c'est Ylli qui me l'a proposé, avons décidé de payer ses études pour qu'il ne doive pas les abandonner... Et puis Marco s'est mis à étudier avec encore plus de sérieux qu'avant et ça marchait très bien à l'école.
Marco et Ylli se sont toujours très bien entendus, vraiment comme des frères. Ça a toujours été un plaisir pour moi de les voir ensemble... C'est à cette époque que Marco s'est mis à signer "Marco II" pour ne pas être confondu avec moi... Pour me moquer de lui je lui ai demandé s'il se prenait pour un roi...
"Mais bien sûr que je suis roi ! Tous les deux vous me traitez vraiment comme tel !" répondit-il, joyeux.
"Nous sommes tes dévoués sujets..." se moqua Ylli.
"Bien... alors j'espère être un bon roi." conclut Marco.
Oui, nous étions vraiment très bien, tous les trois ensemble. Et c'est Marco qui fit un jour ce poster avec écrit : "Garçon - Adulte - Ylli !" et les initiales formaient à la verticale le mot GAY..."
Pour le taquiner, je lui ai dit : "Marco, tu sais que je n'aime pas certaines étiquettes..."
"Grand-père, tu parles anglais, non ? Gay veut dire heureux... et qui est plus heureux que nous trois ?"
Et c'est très vrai... qui est plus heureux que nous trois ?