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histore originale par Andrej Koymasky


VIE SECRÈTE D'UN MUSICIEN CHAPITRE 8
LE SOURIRE D'ÉROS

Niklos Tétény était de plus en plus demandé ; Bruno lui procura des dates aussi à Milan, puis à Turin, Parme, Rome...

Même si c'étaient des années de guerre, parce que le roi du Piémont et de Sardaigne était en train d'annexer des grandes parties de la péninsule italienne, en soustrayant des territoires à l'empire austro-hongrois, au roi des Deux-Siciles, et même au pape, ainsi que duchés et principautés mineurs, Niklos et Bruno tournaient dans la péninsule pour les concerts et Niklos continuait à composer de la belle musique.

Maintenant, ses compositions, y compris les «Huit études d'exécution passionnée» qu'il publia en 1839, les «Seize études de grands maîtres», publiés en 1848, et les «32 fascicules : études pour affiner la technique», publiés en 1869, il avait également terminé ses Musiques Littéraires avec le «Purgatoire : Lux surgens - Me ducens in via - Pan-Orao» en 1843 et le «Paradis : Amor ejus - Splendor animae - Mystic unio» en 1871, étaient publiées et surtout connues dans une grande partie de l'Europe.

En 1863, ils avaient pu acheter un bel appartement dans la ville d'Urbino. C'était tout un étage d'un bâtiment à côté de l'église de San Domenico, composé de sept chambres, et maintenant Niklos avait, dans l'une des chambres, un beau piano de concert sur lequel il pouvait s'exercer. Ils avaient une belle bibliothèque aussi, que Bruno utilisait souvent, ayant développé un véritable amour pour la lecture.

En 1865, Niklos était en train de donner une série de concerts dans la ville de Modène, quand, à la fin d'un concert sous un tonnerre d'applaudissements, deux gentilshommes avec le manteau sur le bras et le haut de forme inévitable, allèrent lui faire leurs compliments.

Le plus âgé des deux demanda à Niklos : "Il est ici au théâtre avec vous monsieur Bruno Mottini ?"

Niklos le regarda un peu intrigué, puis demanda, avec un large sourire : "Mais... n'êtes-vous pas monsieur Gunnar von Platen ?"

Le gentilhomme sourit aussi : "Je ne pensais pas que vous vous souviendriez de moi, après tant d'années... Oui, c'est moi."

"Je ne vous ai pas reconnu tout de suite, mais comment vous oublier ? Bruno aura grand plaisir à vous revoir, comme moi. Vous vivez ici à Modène maintenant ou vous êtes de passage ?"

"Non, nous sommes de passage. Nous vivons à Milan, maintenant, mais on avait l'intention de nous déplacer, on était donc en train d'aller voir pour un travail et un appartement à Bologne, ou ailleurs. Nous avons stationné ici à Modène et nous avons vu les affiches avec votre nom, alors..."

"Mais venez, venez. Je vous mène voir Bruno. Il est dans ma loge qui m'attends, je pense."

Quand Niklos ouvrit la porte de sa loge et se mit de côté pour laisser passer Gunnar et l'autre gentilhomme, Bruno se retourna, reconnut immédiatement l'homme et se leva avec un grand sourire : "Gunnar ! Quel plaisir... mais... mais n'êtes-vous pas Martino ?" Demanda-t-il ensuite à l'autre, au gentilhomme plus jeune.

"Oui, c'est moi. Je suis heureux de vous revoir, Bruno..."

"Mais alors, vous avez donc réussi ! Vous êtes ensemble maintenant !" Dit Bruno, en enlaçant d'abord l'un puis l'autre des deux hommes.

"Oui, et depuis plusieurs années maintenant..." Répondit Martino.

"Mais asseyez-vous, asseyez-vous... et racontez-moi tout. Je suis si heureux, non seulement de vous revoir, mais de voir que vous êtes ensemble... Oui, vous avez tout à nous raconter!"

Gunnar raconta. Pendant trois ans, ils avaient dû continuer à se voir rarement et secrètement, en utilisant les astuces les plus incroyables. Puis Gunnar avait obtenu un bon emploi à Venise, et alors il avait persuadé Martino, juste avant qu'il ne doive prendre les ordres sacrés, de s'échapper du séminaire, d'abandonner Trieste et de se déplacer avec lui à Venise.

Là, ils avaient vécu, tranquilles et heureux, pendant environ deux ans. Mais ils avaient dû abandonner la ville parce que des amis les avaient avertis que le père de Martino était sur leurs traces. Ainsi, en 1835, ils avaient déménagé dans le territoire pontifical où, à Bologne, Gunnar avait trouvé un emploi comme bibliothécaire du Cardinal Légat.

Puis, en 1842, ils avaient dû déménager à nouveau, en abandonnant tout et fuir à Turin parce que quelqu'un les avait signalés au Cardinal et aux autorités civiles comme «sodomites». À Turin, ils avaient tous deux trouvé du travail à la bibliothèque de l'Université. Ils avaient vécu tranquillement dans la capitale savoyarde jusqu'en 1860, quand la Lombardie, qui avait été cédée par les Autrichiens auparavant aux Français, et ensuite par ceux-ci au roi du Piémont et de Sardaigne, avait été annexée au Piémont. Alors, ils avaient déménagé à Milan, où Martino avait obtenu une chaire de latin à l'Université Royale.

Mais encore une fois, un scandale avait éclaté, à cause d'un bigot inconnu qui les avait accusés, cette fois non pas devant les autorités civiles, mais au sénat académique qui avait licencié sur-le-champ Martino pour indignité. Depuis longtemps, ils étaient en train de chercher ailleurs un emploi et une place pour vivre.

"La malchance vous a vraiment persécuté..." Commenta Niklos.

"Oui et non... Après tout, en dépit de déplacements continuels, nous avons toujours réussi à vivre ensemble, nous n'avons jamais été séparés." Dit Gunnar. "En outre, en faisant attention à ne pas dépenser trop, nous avons également réussi à mettre de côté un peu d'argent. Et nous espérons trouver quelque chose d'autre ailleurs."

"Pourquoi ne pas essayer de venir avec nous à Urbino ? C'est une petite ville, mais il y a une université excellente... Tant que vous ne trouvez pas quelque chose, vous pouvez être nos hôtes : nous sommes maintenant en mesure de vous rendre l'hospitalité, Gunnar..." Lui dit Bruno.

"Oui, bien sûr, et avec grand plaisir." Dit Niklos.

"Mais dans une petite ville... nous risquons de créer un scandale à nouveau, plus encore que dans une grande ville, en vivant ensemble..." fit remarquer Martino.

"Nous y vivons depuis deux ans, et nous n'avons eu aucun problème," dit Niklos, "Urbino est aussi une ville qui a presque plus d'étudiants et de professeurs d'université que d'habitants et la plupart d'entre eux partagent un appartement, y compris même quelques-uns des professeurs."

"Qu'en dis-tu, Gunnar ?" Lui demanda Martino.

"Une ville en vaut un autre pour nous, et à Urbino nous avons aussi deux bons amis. Nous pourrions essayer..."

Ils décidèrent donc de quitter Modène ensemble.

Lorsque Niklos fut à nouveau seul avec Bruno, il lui dit : "Écoute, mon amour, je pensais que si nous voyons que vivre ensemble ne crée pas de problèmes pour nous, et s'ils trouvent un bon travail, ils pourraient aussi rester habiter avec nous. Cela créerait moins de problèmes, parce que vivre à quatre dans le même logement nous rendrait moins suspect aux yeux des gens au sujet de nos relations. On se protégerait les uns les autres. Tu ne crois pas ? "

"Nik, ne seras-tu pas jaloux de Gunnar ? Tu sais ce qu'il a été pour moi..."

Le compositeur sourit : "Jaloux de toi ? Non, mon amour, j'ai pleine confiance en toi. Gunnar est avec son Martino, en outre..."

"Et comment nous faisons, pour le personnel de nettoyage ? Déjà maintenant, nous devons faire très attention que la femme de ménage et la cuisinière ne se doutent pas que je n'utilise pas vraiment ma chambre... Avec deux couples, tu ne penses pas que ça deviendra beaucoup plus difficile ?"

"Tu sais, avant même de rencontrer Martino et Gunnar je pensais que nous devions résoudre ce problème... Nous devrions trouver un couple de garçons qui nous serve de domestiques, un couple de gars, peut-être comme nous... Qui pourraient aussi vivre avec nous."

"Ne deviendra-t-il pas trop bondé, notre logement, si nous devons y vivre à six ? Et puis, comment trouver deux serviteurs, mâles et jeunes, qui soient déjà un couple ?"

"Pour les serviteurs je ne sais vraiment pas encore, je comprends que ce n'est pas facile, mais on pourrait essayer... Et à l'égard de notre logement, peut-être que nous pouvons nous déménager dans un plus grand, si nous en avons besoin."

"Peut-être, oui... J'ai remarqué qu'à Urbino, en dehors des murailles sous le palais ducal dans le bourg Mercatale, le soir tard il y a un certain... mouvement de jeunes hommes et moins jeunes. Je ne sais pas, mais peut-être sont-ils des gens qui cherchent une rencontre, parce que parfois je les vois disparaître dans la pente, entre les arbres..."

"Tu ne me l'as jamais dit... mais que faisons nous, nous commençons à nous promener là-bas ?" Demanda Niklos, en riant.

"Eh bien... pourquoi pas. Juste pour rencontrer quelqu'un, ça se comprend, pas pour... faire plus..." Bruno répondit.

"Et si la tentation était trop grande ?" Demanda Niklos avec un petit sourire.

"Eh bien, on tâche de ne pas tomber dans la tentation." Répondit Bruno avec un sourire.

Donc, ils retournèrent à Urbino avec les deux amis. Ils eurent de la chance, parce que soit Martino soit Gunnar obtinrent assez vite une place à l'université, d'abord Martino comme lecteur de latin et de grec, puis aussi Gunnar, ayant beaucoup d'expérience dans la partie, comme aide bibliothécaire.

Ils étaient très bien tous les quatre ensemble, et après quatre mois ils avaient décidé de chercher un nouveau, plus grand logement. Ils en trouvèrent un dans la Via di Porta Vecchia et Bruno commença à en discuter le prix avec le propriétaire.

C'était une maisonnette du '500 avec des fenêtres croisées, sur trois étages, nichée entre deux grandes constructions plus récentes. Elle était un peu mal en point, en partie parce qu'elle avait été divisée récemment en trois petits appartements, un par étage. Mais la maison d'origine avait appartenu à un plâtrier qui, au premier étage, avait effectué de beaux plafonds en stuc, qui devaient seulement être nettoyés et légèrement restaurés.

Bruno donc engagea quelques maçons et même des étudiants de la faculté d'art pour commencer la restauration de la maison et lui redonner sa forme ancienne, en réunissant les trois appartements en un seul. Il passait plusieurs heures chaque jour dans la maison pour suivre les travaux et donner des ordres ou prendre des décisions.

Entre-temps, parfois le soir, il allait flâner un peu par les parties du bourg Mercatale, en-dehors des murailles. Une nuit, il reconnut l'un des étudiants qui travaillaient dans la nouvelle maison pour la restauration. Le jeune homme ne l'avait pas vu, mais Bruno remarqua qu'il allait entre les arbres avec un garçon plus ou moins du même âge.

Il pensa les suivre, pour voir où ils allaient, ce qu'ils faisaient... il pénétra entre les arbres et les buissons, en bas de la pente, en essayant de voir où les deux pourraient être allés. Pendant un certain temps il tourna en rond, mais finalement il les vit.

L'étudiant était appuyé contre un arbre avec ses mains, il avait son pantalon baissé sur ses genoux, et derrière lui, aussi avec son pantalon à mi-hauteur et les jambes un peu écartés, il y avait l'autre qui le tenait par la taille et qui se poussait en lui et hors de lui avec de fortes ondulations du bassin. L'étudiant avait tourné sa tête en arrière et les deux garçons s'embrassaient.

Dans la pénombre Bruno pouvait voir les muscles des petites, nerveuses et blanches fesses du gars qui était derrière l'autre, frétiller à chaque poussée vigoureuse : c'était une scène très érotique. Il fut tenté de se rapprocher pour les toucher, les caresser, mais il se retint. Il resta pendant un certain temps à regarder, et était sur le point de revenir en arrière, en pensant à les attendre quand ils apparaîtraient sur le chemin du boulevard extérieur, lorsque l'étudiant se mit à gémir doucement.

"Je viens... oh, je viens... oohh... ooohhh..."

L'autre accéléra ses coups et, à son tour, gémit : "Oui... oui... oh, Federico... moi aussi... voilà... voilà... Je viens..."

Les deux s'arrêtèrent, puis celui de derrière se désenfila du camarade. Ils se remirent en place les vêtements, puis l'étudiant se tourna et les deux garçons s'embrassèrent.

"Nazzareno, je t'aime." Déclara l'étudiant en embrassant son camarade.

"Moi aussi, Federico. Mais je veux te voir plus souvent. Pourquoi tu ne t'enfuis pas avec moi ailleurs ?"

"Et où irions-nous, Nazzareno ? Ni toi ni moi nous n'avons d'argent... Je suis juste un étudiant et mon père m'envoie de l'argent pour que j'étudie, tu le sais. Et toi, que peux-tu faire ?"

"Je sais faire de tout, tu le sais. Comme maintenant j'aide mon père dans son bistrot, je peux trouver du travail ailleurs. Si nous allons dans une plus grande ville, je peux trouver du travail... Et toi aussi, avant de trouver ce petit boulot dans la maison du musicien, t'as travaillé comme aide dans le bistrot de mon père. Tu peux aussi trouver un boulot, soit comme restaurateur, soit dans un autre bistrot..."

"Oui, mais..."

"Ne m'aimes-tu pas, Federico ? Pas assez pour tout quitter et tenter l'aventure avec moi ? Ca fait maintenant plus d'un an que nous sommes ensemble, et je suis fatigué d'avoir toujours à le faire ainsi, en cachette... Et quand tu termineras tes études, tu devras rentrer à Novafeltria... et puis, qui sait où tu iras... Je ne veux pas te perdre, Federico !"

"Je ne veux te perdre non plus, Nazzareno, mais..."

Bruno décida d'intervenir : il avait peut-être trouvé la solution à leurs problèmes. Ainsi il sortit de son abri et se dirigea vers les garçons. Ils l'entendirent arriver et se séparèrent à la hâte, se tournant vers lui, tendus.

"Bonsoir, Federico. Federico Gabrielli, n'est-ce pas ?" Salua Bruno.

"Oh... monsieur Mottini... je suis... je suis en train de faire une promenade avec mon ami..." dit le jeune homme visiblement embarrassé.

"Eh bien... en fait ce que vous étiez en train de faire ne me semble pas qu'on puisse l'appeler... une promenade..." Dit Bruno en souriant.

"Sainte Vierge ! Vous avez vu... tout ?" demanda l'autre garçon, visiblement effrayé.

"Oui, tout..." Confirma Bruno avec un léger sourire.

Federico gémit : "Je le savais qu'il était dangereux de nous voir ici..." murmura-t-il à son compagnon, puis, se tournant vers Bruno, il lui dit : "Vous ne nous dénoncerez pas, monsieur, pas vrai ?"

"Pourquoi devrais-je? Vous étiez très agréables à regarder pendant que vous faisiez l'amour. Vous deux vous vous aimez les garçons, pour ce que j'ai compris..."

"Ne nous dénoncez pas, monsieur ?" Demanda Federico avec un fil d'espoir dans sa voix.

"Oui, nous nous aimons." dit l'autre en même temps, presque avec fierté.

"Et toi... ton nom est Nazzareno, n'est-ce pas ? Ton père a un bistrot. Peux-tu cuisiner ?" Demanda Bruno.

"Qui est-ce ?" Demanda Nazzareno à Federico, avec une certaine méfiance.

"Je travaille pour lui, dans la maison du musicien..." répondit Federico hésitant, ne comprenant pas la raison de la demande de Bruno. "Mais vous ne nous dénoncerez pas, n'est-ce pas ?" Demanda-t-il à nouveau.

"J'ai dit non. Écoutez-moi : à ce que je comprends, ça vous plairait de vivre ensemble, n'est-ce pas ?" Demanda Bruno, puis il ajouta : "Ayez confiance en moi. Peut-être que nous pouvons être utiles les uns aux autres."

"Vous avez... vu et entendu assez pour... Oui, nous aimerions, mais..." Nazzareno dit hésitant.

"Sais-tu cuisiner ?" demanda de nouveau Bruno à Nazzareno, avec un sourire.

"C'est ma mère qui cuisine, bien que parfois j'aide dans la cuisine, surtout depuis que ma sœur s'est mariée et est allée vivre à Senigallia..."

"Que diriez-vous, alors, si vous veniez tous les deux travailler pour moi, une fois que la maison sera terminée ? Toi Nazzareno, tu pourrais nous faire le cuisinier et toi Federico, serviteur. Garder la maison propre et bien rangée. Et vous pourriez vivre chez nous, si vous voulez, et vous aimer en toute sécurité, sans aucun problème..."

"Vous voulez dire, monsieur... que vous voudriez aussi... vous amuser avec nous ?" demanda Nazzareno méfiant.

Bruno se mit à rire : "Non, je ne vais pas vous prendre dans mon lit. Non, vous voyez, j'aime aussi un homme, et deux autres de nos amis, qui vivent avec nous, deux hommes je veux dire, sont amoureux. Donc ça nous plairait d'avoir dans la maison des gens qui... qui ne s'étonnent pas, sachant que mon amant et moi, ainsi que nos deux amis, nous faisons l'amour, qui ne nous trahissent pas. Donc, si vous travaillez pour nous, ce serait bon pour vous deux et pour nous quatre. Et je vous garantis que personne ne chercherait à se glisser dans votre lit ou à vous mettre dans le sien. Qu'en dites-vous ?"

"Vous parlez sérieusement, monsieur ?" Demanda Federico étonné.

"Oui, bien sûr. Et tu pourras terminer tes études, en lui donnant entre temps une main. Et si vous voulez, vous pouvez avoir une des chambres au dernier étage..."

"Ça serait bien... qu'en dis-tu, Nazzareno ?" Demanda alors Federico, en s'illuminant.

"Je ne suis pas encore un cuisinier, monsieur... mais si vous vous en contentez... Je pourrai apprendre à mieux cuisiner... Peut-être que les miens ne seront pas très heureux, mais je ne m'en soucie pas... Mais si nous acceptons la proposition de ce monsieur, Federico, une fois que tu as terminé tes études, resteras-tu ici à Urbino avec moi ?"

"Oui, je te le promets..." répondit le garçon, prenant une main de son amant.

"Alors d'accord ainsi." Bruno dit : "Dès que notre maison sera prête, vous pouvez vous déménager chez nous et nous vous embaucherons. Et si vous voulez vous pouvez avoir une des chambres au dernier étage, comme je vous ai dit."

Pendant qu'ils revenaient vers les murailles, Federico demanda doucement à Bruno, un peu embarrassé : "Mais vous, monsieur Mottini, vous avez tout vu ?"

"Et bien, assez." Bruno admit en souriant.

"Dieu, quelle honte..." murmura le garçon.

"Pourquoi ? Vous étiez beaux. Et surtout tendres, parce que vous étiez en train d'échanger de l'amour. Je pense que vous n'avez rien dont avoir honte."

"Mais si au lieu de vous, monsieur, quelqu'un d'autre nous avait surpris... D'ailleurs, nous ne savons pas où nous voir, moi et Nazzareno."

"Là entre les arbres et les buissons, il n'y a pas seulement des gens comme moi, comme vous deux ?"

"Oui, c'est vrai, mais... Mais dites, vous... vous y cherchiez une aventure ?" lui demanda Nazzareno.

"Non, comme je vous ai dit, j'ai mon homme et je n'en cherche pas d'autre. En fait, je suis venu plusieurs fois ici simplement dans l'espoir de trouver quelqu'un comme vous à qui faire la proposition que je vous ai faite. J'ai eu la chance, cette fois, de reconnaître de loin Federico, que je connais déjà un peu. Donc je vous ai suivis."

"Mais ici, parfois il y a des gars qui vont avec des inconnus juste pour l'argent. Surtout des jeunes soldats de la garnison, mais aussi quelques paysans, quelques apprentis." Dit Nazzareno. "Et pas seulement ceux-ci, bien sûr, il y a aussi des personnes en quête d'aventure. Parfois même certains citoyens respectables... Avant de connaître Federico, j'y étais déjà venu plusieurs fois pour trouver quelque aventure."

Bruno rentra à la maison, raconta à Niklos et aux amis la rencontre qu'il avait eue, la proposition faite aux deux garçons, et comment ils avaient accepté.

Enfin la maison fut prête. les quatre amis s'y établirent et embauchèrent les deux garçons. Au début, la cuisine de Nazzareno n'avait rien de spécial, mais le garçon s'appliqua et il s'améliora assez rapidement. En outre, les deux garçons gardaient la maison en ordre, et étaient discrets mais, éventuellement, ils étaient aussi de bonne compagnie.

Nazzareno s'était presque disputé avec ses parents quand il leur avait dit qu'il arrêterait d'aider dans le bistrot et qu'il avait accepté de travailler comme cuisinier à la maison du compositeur et du professeur... Federico avait simplement communiqué à ses parents qu'il ne vivait plus dans la pension où il avait vécu jusque-là, mais qu'il avait trouvé une petite chambre à louer ailleurs.

Niklos et Bruno occasionnellement étaient en tournée pour des concerts, soit dans le royaume d'Italie, désormais unifié, soit à l'étranger : à Lyon, Paris, Madrid, Barcelone, Londres, Berlin...

Martino, quand le professeur dont il était lecteur, alla enseigner à l'Université de Bologne, avait obtenu la chaire et était maintenant professeur titulaire. Gunnar avait quitté son poste à la bibliothèque universitaire et maintenant gérait exclusivement les publications des textes de Martino et les partitions et les livrets de Niklos.

Federico, après avoir terminé ses études, avait obtenu une place à la Surintendance Royale des Beaux-Arts, et ne pouvait plus prendre soin de la maison. Nazzareno alors alla la recherche d'un autre garçon, jusqu'à ce que, toujours dans les bosquets du Bourg Mercatale, il trouve un jeune garçon nommé Tommaso qui, puisqu'à l'atelier de potier où il travaillait comme apprenti il gagnait trop peu, parfois il arrondissait son salaire en vendant son corps aux hommes.

Il le fit connaître à Bruno, qui de fait administrait la maison, et l'embaucha comme serviteur pour aider à la maison.

Un soir, Bruno se retirait dans sa chambre avec Niklos, et ils étaient sur le point d'aller au lit quand ils entendirent frapper à leur porte. C'était Tommaso.

"Excusez-moi de vous déranger, mais... me permettez-vous de passer la nuit hors de la maison ?" demanda le garçon.

"Hors de la maison ? Toute la nuit ? Une rencontre galante, Tommaso ?" Lui demanda Niklos.

"Oui, monsieur... j'ai connu un jeune soldat, et..."

"Très bien. Mais où vous voyez-vous ? Il fait froid, je ne pense pas que en bas au Mercatale..." dit Niklos.

"Non, monsieur. Le carillonneur de la cathédrale nous laisse utiliser sa pièce si après je le laisse s'amuser avec moi..."

"Ah. Mais à toi... et à ton ami le soldat, ça vous va bien que le carillonneur aie son plaisir avec toi, après ?" a demandé Bruno.

"David, mon ami soldat, ne le sait pas... il serait trop jaloux. Mais il doit rentrer et ainsi il ne sait pas qu'après je dois retourner là-bas... Ça ne me pèse pas trop d'avoir à baiser le carillonneur, car cela me permet de rester avec mon David et de faire l'amour avec lui."

"Mais pourquoi alors ne pas l'amener ici, ton David ? Au moins ici, tu ne dois pas..." dit Bruno.

"Je peux vraiment ? Je n'a jamais osé vous le demander, monsieur..." demanda le garçon, en s'illuminant.

"Nous n'apprécierions pas que tu amènes ici à chaque fois un mec différent, mais si ton soldat est ton ami fixe, pourquoi pas ? Pas vrai, Niklos ?" dit Bruno.

"C'est vrai. Ne faites pas trop de bruit, lorsque ton David doit partir. Mais chaque fois que vous voulez vous rencontrer, tu peux l'amener ici." Dit Niklos au garçon.

"Merci, messieurs. Je vais le dire à mon David ! Merci, messieurs !" dit le garçon rayonnant et il courut dehors.

Les deux amants se déshabillèrent et se couchèrent. Ils s'embrassèrent.

"Cependant, si nous continuons comme ça, bientôt même cette maison ne nous suffira plus..." Dit Bruno en souriant à son amant.

"C'est toi que le lui as proposé..." lui fit remarquer en souriant Niklos, et il l'embrassa avec douceur, puis il ajouta : "De toute façon, je suis d'accord... Ce Tommaso m'attendrit."

"Mais assez parlé des autres... maintenant pensons à nous deux..." Murmura Bruno, caressant le sexe turgescent de son amant.

"Oui, mon amour. Tu sais que je t'aime beaucoup ?"

"Oui, et je t'aime aussi." Lui répondit Bruno.

Ils se caressaient, leurs membres entrelacés, leurs corps se recherchant, avec désir croissant et passion. Bien qu'ils soient maintenant des hommes mûrs, c'était comme si chaque fois ils redevenaient deux garçons qui découvrent la beauté de l'échange d'amour.

Bruno se mit à quatre pattes sur le corps de son amant, tête bêche, et chacun prit soin du membre dur de l'amant, avec une passion gourmande. Ils entendirent vaguement les pas de Tommaso et de son compagnon monter l'escalier, puis la porte du garçon se fermer. Bien que complètement absorbés pour donner du plaisir à l'amant, et qu'ils ne pensaient pas aux autres, la conscience que trois autres couples, au-delà des murs de leur chambre, étaient probablement engagés à se donner du plaisir, augmentait leur plaisir.

En fait, dans la chambre voisine, Gunnar était couché sur le dos, et Martino s'était empalé sur son membre droit, le chevauchant avec une passion brûlante. Chacun caressant la poitrine de l'autre, ils se frottaient les mamelons et, à la lumière chaude et vacillante de la lampe à huile, ils souriaient heureux. Chaque fois que Martino descendait sur son aine, Gunnar arquait son bassin pour donner plus de force à leur union. Même si le noble autrichien était le plus âgé dans la maison, il n'était certainement pas le moins vigoureux...

A l'étage, Nazzareno était à genoux derrière Federico qui, à quatre pattes, se faisait monter avec le plaisir habituel, en remuant légèrement le bassin à chaque poussée de son amant en lui, pour mieux goûter le beau membre viril qui dansait en lui. Nazzareno d'une main lui pétrissait les génitaux turgides et avec l'autre il lui titillait les mamelons avec art, et les deux gémissaient à voix basse pour l'intensité du plaisir qu'ils se donnaient mutuellement. Les murs épais de la maison ne laissaient pas filtrer la belle symphonie de leurs gémissements passionnés.

Dans la pièce de devant, Tommaso avait tout juste fini de déshabiller son beau jeune soldat et David, à son tour, avait dépouillé le garçon et les deux, comme ils avaient ôté les vêtements de l'autre, se caressaient et s'embrassaient. Quand ils furent tous deux nus, David se mit à genoux sur le plancher en face de son amant et de ses lèvres et de la langue il fit durcir le membre jeune et lisse du jeune serviteur, en le lubrifiant bien avec sa salive.

Après un peu de temps, Tommaso fit lever David et le poussa doucement jusqu'à ce qu'il vienne se coucher, le dos sur son lit, avec le petit cul hors du bord ; il lui fit mettre haut les jambes et, debout à côté du lit, il s'approcha, en lui enfilant toute sa perche dure dedans en une seule poussée, forte, dure et continue.

"Ça te plaît, David ?" Demanda-t-il, la voix légèrement rauque à cause du plaisir, quand il fut complètement à l'intérieur, et en tournant légèrement à droite et à gauche le bassin mince.

"Oui, tu sais combien j'aime ! Viens, Tommaso... allez... bats-moi dedans, maintenant !" dit le jeune soldat, lui souriant avec un regard plein de désir.

Le jeune serviteur alors se mit à marteler en lui avec vigueur, en le tenant par les chevilles, tandis que David se masturbait en rythme avec les poussées de son jeune et passionné amant.

Les quatre couples firent l'amour avec plein abandon, jusqu'à ce qu'un par un, ils atteignent le maximum du plaisir ; l'un après l'autre ils éteignirent la lampe dans leur chambre, et enfin le calme revint dans l'ancienne maison de la Renaissance. Personne n'entendit, un peu plus tard, Tommaso, qui accompagnait en bas David, sur la pointe des pieds pour ne pas déranger. Avant d'ouvrir la porte de la rue, Tommaso appuya la lampe sur le coffre d'entrée, puis les deux jeunes amants s'enlacèrent étroitement, se donnèrent un dernier long baiser passionné.

Ensuite Tommaso tira le pieu en fermant bien la porte et remonta avec la lampe en main en silence dans sa chambre. Il alla au lit, satisfait et heureux. Et enfin le garçon, qui était le plus jeune de la maison, glissa béatement dans un doux sommeil.

Dans la salle du piano, au premier étage, l'Éros de stuc sur le plafond, moulé trois cents ans auparavant par l'artiste qui avait construit cette maison, souriait comme toujours. Mais un observateur attentif aurait remarqué que, depuis plusieurs mois, le sourire heureux du jeune dieu semblait s'être accentué, satisfait de veiller sur les couples qui remplissaient d'amour les anciennes et élégantes chambres...


F I N


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