À l'arrière de l'évêché, appuyé au parapet du balcon qui donnait sur les berges du petit lac alpin d'un bleu aussi intense que ses yeux, l'évêque Wilibert von Hausthaufen repensait aux évènements de l'année qui s'achevait.
Il se souvenait que le comte, son père, venait de [rentrer] de son voyage à la cour du Saint Empereur. Il l'avait vu arriver au loin, avec son escorte et ses étendards, et il avait aussitôt pris l'escalier en pierre, il l'avait dévalé quatre à quatre et s'était arrêté au milieu du pont-levis.
"Bienvenue chez toi, mon père !" s'exclama-t-il joyeusement. "Que nous ramènes-tu comme nouvelles de la cour ?"
Son père descendit de cheval, qu'un de ses hommes emmena à l'intérieur, suivi par les hommes d'armes, et il échangea avec lui la virile étreinte par laquelle se saluaient les nobles de ce temps, avec des fortes claques dans le dos.
"De bonnes nouvelles, Wilibert, de bonnes nouvelles. Surtout pour toi, mon fils !" lui dit son père d'un ton heureux.
"Pour moi, père ?" demanda le beau chevalier, intrigué.
"Oui, pour toi. J'ai longuement parlé de toi avec l'Empereur."
"De moi, père ?"
"Oui, il se souvient bien de toi, comme bien des gens de la cour, tu y as laissé un excellent souvenir de ton passage. L'Empereur m'a dit se souvenir d'un jeune homme beau et fort, intelligent, cultivé et non moins gentil et qu'il ne doutait pas qu'avec l'âge tes dons se renforceraient. Ce que je lui ai confirmé non par orgueil paternel mais parce que c'est la pure vérité."
Sur le chemin du château, le jeune Wilibert écoutait, évidemment ravi par ces mots flatteurs, mais loin d'en tirer de l'orgueil.
"Bien, tu sais que l'Empereur a des problèmes avec certains grands seigneurs qui ne lui sont pas aussi loyaux et fidèles que je le suis. Ils ont tendance, ou plutôt ils sont tentés de penser plus à leur bien et à celui de leur famille qu'à celui de l'empire. Ils intriguent sans cesse pour obtenir des charges qui leur donneront plus de pouvoir et de richesses aux dépens du pouvoir et des richesses impériales."
"Oui, c'est ce qu'on dit, père. Mais je ne vois pas le rapport avec moi." dit Wilibert un peu troublé par ce soudain changement de sujet.
"Laisse-moi poursuivre, mon fils, et tu verras que cela te concerne plus que tu ne t'en doutes. Donc, disais-je, pour résoudre ce problème, l'Empereur, qui sait pouvoir compter sur ma loyauté et mon dévouement, ainsi que sur ma grande discrétion, m'a fait l'honneur de me faire part d'un de ses projets.
"Il m'a dit qu'après de longues réflexions sur ce problème qui semble devenir de plus en plus grave, et après en avoir discuté avec ses plus fidèles conseillers et avec de savants maîtres en droit, il avait fini par trouver une solution appropriée.
"L'Empire étant régi par la loi salique qui interdit à une femme de donner son titre à son conjoint et d'hériter du fief de son père ou de son défunt mari, certains fiefs restent parfois sans héritier. Dans ce cas notre Empereur a décidé, depuis quelques temps, d'investir à la tête d'un tel fief un fidèle vassal en tant qu'évêque régnant sur le fief."
"Mais, père, le pape, à Rome, n'est-il pas le seul à pouvoir consacrer un nouvel évêque ?"
"Si, c'est vrai, tout comme seul le Saint Empereur peut lui confier un fief. Et comme il est aussi en son pouvoir de demander au pape de consacrer évêque un de ses hommes, quelqu'un de confiance proposé par lui."
"Mais même un évêque vassal, père, comment s'assurer qu'il ne pense pas à ses propres intérêts avant ceux de l'Empire ?"
"Bien sûr, mais à sa mort, comme un évêque ne peut avoir ni femme ni enfants, du moins légitimes, le fief ne reste pas dans la famille du défunt mais revient à l'Empereur qui peut le confier à un autre de ses fidèles. Ne vois-tu pas, Wilibert, en quoi cette solution donne à l'Empereur un meilleur contrôle sur ses fiefs ? Sans compter qu'il est plus facile de dessaisir de son fief un évêque incapable ou rebelle qu'un aristocrate lié à sa famille."
"C'est vrai, père, c'est une solution astucieuse. Et je dirais même sage. Mais je ne vois toujours pas en quoi je..."
"J'y arrive. Tu as entendu parler du seigneur de Ströben, mort sans héritiers. Le seigneur voisin de Walsthoff, prétend à sa succession pour d'obscurs liens de parenté restant à vérifier. Il s'agit d'un seigneur dans lequel l'Empereur place bien peu de confiance. Il entend donc investir un homme fiable comme comte-évêque de Ströben.
"L'Empereur m'a donc demandé si toi, qu'il sait ne pas encore être marié, tu accepterais d'être investi évêque et seigneur de Ströben. J'ai immédiatement accepté en ton nom, avec gratitude. C'est ça, la bonne nouvelle."
"Moi, père, évêque ? Mais je ne connais même pas tout le Credo en latin ! Évêque, moi ? J'aime la vie, pas l'austérité des rites d'une cathédrale... qui ne font que m'ennuyer... Allons, père !"
"Mon fils, tu es mon dernier-né, tu ne peux espérer de ta vie te hisser au-dessus du rang de chevalier, parmi tant de chevaliers, et à ma mort tu devras te contenter de miettes de mes biens. Tu serais évêque, oui, mais aussi comte, tu serais un seigneur. Tu peux bien supporter l'ennui des cérémonies à la cathédrale pour jouir de la vie aisée d'un comte d'Empire. Tu aurais entre tes mains à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel sur tes sujets, ce que presque personne n'a, pas même moi.
"Tu toucherais la dîme due au seigneur et celle due à l'église, et même si le fief de Ströben n'est pas grand, tu en tirerais quand même les revenus d'un fief deux fois plus grand, ce qui n'est pas négligeable. L'épée dans la main droite et la crosse dans la gauche, la couronne comtale et la mitre en même temps..."
"Certes, mais j'aurais aussi deux chefs en même temps, l'Empereur et le pape, et il me semble difficile de servir deux maîtres avec la même loyauté. Je me moque des richesses, du pouvoir et des honneurs, père. Je suis bien comme je suis, simple chevalier parmi tant d'autres..."
"Cela t'empêcherait de te marier, c'est vrai, mais en étant discret tu pourrais quand même avoir, comme certains, une femme à toi qui satisfasse tes besoins physiques. Nombre d'hommes d'église, dont je crois notre évêque..."
"Là n'est pas le problème, père. Mais évêque, moi ! Je ne me sens vraiment pas, je ne me vois pas dans le rôle..."
"Mon fils, voudrais-tu me faire reprendre ma parole à notre Empereur et t'opposer de la sorte à son souhait ?"
"Non, père, en aucun cas, j'en suis navré mais... mais si avant de donner ta parole à l'Empereur tu m'en avais parlé..."
"Ainsi tu comptes me démentir ?" demanda le comte d'un ton dénué de reproches mais avec passion, "J'étais sûr d'agir dans ton intérêt, Wilibert, loin de moi l'idée de te contrarier. Tu sais que, bien qu'étant mon dernier-né, tu es loin d'être le dernier dans mon cœur."
"Je le sais, père, je le sais... Mais évêque... moi..."
"Comte-évêque." le corrigea son père.
Wilibert réfléchit, puis il dit lentement : "Bon, d'accord ! Je ne veux en aucun cas que tu déçoives l'Empereur à cause de moi. Je serai comte-évêque s'il en a été décidé ainsi."
"Es-tu en colère contre moi, Wilibert ?"
"Non, père, comment le pourrais-je ? Tu m'as donné le plus précieux des biens, la vie. Mais surtout tu m'as donné ton affection et ton cœur. Tout ce que je suis, je te le dois. Alors j'accepte, pour te rendre au moins en partie tout ce que tu m'as donné de bon et de beau. J'accepte, bien qu'avec crainte, parce que je sais que le choix que tu as fait pour moi, tu l'as fait en pensant à mon bien.
"Et sans en être heureux, je ne suis pourtant pas en colère contre toi, père. Je te sais même gré d'avoir pensé à moi et jugé que je puisse être digne de prendre part aux projets de l'Empereur."
Wilibert rentra dans sa chambre où il fit les cent pas, perdu dans ses pensées.
"Mes très chers frères... non... mes fils favoris... non, putain ! Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont un évêque doit s'exprimer ! Et tout ce que je sais de la messe, c'est ite missa est, ce que dit le prêtre à la fin. Sans compter que je ne me souviens même pas de l'ordre des évangiles, ni du nombre des épitres, où finit l'ancien testament et où commence le nouveau !"
Sans cesser d'arpenter sa chambre de long en large, il dit à voix basse :
"Je sais chasser le pivert, mais pas mettre une chasuble. Sans parler de la hiérarchie cléricale... qui prévaut, l'archiprêtre ou le chanoine ? L'archevêque ou le patriarche ? Et bénit-on de la main droite ou de la main gauche ? Et... et... je ne sais rien ! Si j'avais étudié la prêtrise depuis l'enfance... je ne suis même pas prêtre et l'on veut faire de moi un évêque ! Pour ce qui est d'être comte, ça j'en ai une vague idée à force de vivre à côté de mon père...
"Et un comte-évêque, est-ce d'abord un évêque puis un comte, ou d'abord un comte puis un évêque ? Si le pape dit blanc et l'Empereur noir, un évêque dira blanc et un comte noir, mais que doit dire un comte-évêque ? Gris, sans doute. Ou alors mi-blanc, mi-noir comme sur certaines armoiries ? Oui, puisqu'il me faudra sans doute avoir mes armes, je les ferai bipartites en vertical, un côté noir et l'autre blanc..." se dit-il avec ironie.
Quelqu'un frappa à la porte.
"Entrez !" cria Wilibert en s'arrêtant et il regarda vers la porte.
"Comment ça, entrez ? Tu t'es enfermé !" cria de derrière la porte la voix de son frère aîné.
Wilibert avait poussé le verrou sans même y penser. Il alla ouvrir. Son frère entra, un sourire heureux sur les lèvres.
"J'ai eu la bonne nouvelle. Tout le château est en émoi. Voilà que je ne peux plus t'appeller mon frère, il va falloir que j'embrasse ta main et que je t'appelle comte-évêque ?"
"Mais arrête, bouffon, tu vas continuer à m'appeler comme tu l'as toujours fait..." dit le jeune homme avec un petit sourire.
"Mais comment, je pensais te trouver arborant un sourire ravi, et je te trouve comme ça, on pourrait même croire que tu fais la tête ?"
Wilibert lui fit alors part de tous ses doutes, ses incertitudes et sa perplexité.
Son frère l'écouta et répondit : "Allez, Wili ! Personne n'est jamais né évêque et personne n'a jamais pu apprendre à le devenir par son père. D'accord, il y a des fils naturels d'évêques, mais ils doivent leur dire mon oncle, quand ceux qui ne sont pas de son sang lui disent mon père !" dit son frère en riant, et il poursuivit : "Tu as toujours appris vite, tu apprendras aussi à être évêque. Et tu auras toujours auprès de toi ton chef du protocole et ton chancelier, des hommes de métier, donc, et ils guideront tes premiers pas jusqu'à ce que tu sois en mesure de le faire seul. Et, te connaissant bien, je te vois déjà quand tu sauras marcher sur tes deux jambes, tous les autres s'épuiseront à courir derrière toi. Moi ça me plairait, l'idée d'être comte-évêque, même si je suis moins instruit que toi."
"Pourquoi ne le fais-tu pas à ma place, alors?" lui dit Wilibert avec un sourire ironique.
"Parce que je suis marié, tu sais bien que ce n'est donc pas possible. Ou me conseillerais-tu de faire éliminer mon épouse?"
"La douce Cumberta? Tu t'es déjà lassé d'elle?"
"Mais non... C'est une femme bien. On peut se lasser d'un vin fort ou d'un plat épicé, pas de l'eau ou du pain... même si parfois, en cachette, on rêve d'un peu de vin ou d'une friandise."
"Prends garde à ce qu'elle ne t'y surprenne pas, la pauvre Cumberta..." l'engagea son frère.
"Mais non, c'est plutôt rare... mais ça arrive, parfois. Et de plus toujours avec la même, comme ça je ne risque pas qu'elles soient trop nombreuses à le crier sur les toits. Et si Stefana est une friandise et un vin fin, elle sait surtout tenir sa langue."
Wilibert écarquilla les yeux : "Stefana ? C'est elle ta flamme secrète, l'épouse de notre capitaine ?"
"L'ignorais-tu ? La pauvre, son mari semble être, du moins dans le lit conjugal, assez peu belliqueux... aussi de temps en temps nous consolons-nous l'un l'autre. Elle a son intérêt à tenir sa langue. Je l'aide à supporter sa vie et elle m'aide moi. Et puis, elle n'est pas plate comme ma Cumberta. Elle a de gracieuses rondeurs où il faut, de quoi merveilleusement remplir les mains. Sa façon d'embrasser est à couper le souffle... Et elle adore ma façon de la satisfaire avec mon vigoureux bélier !" dit son aîné en riant, "Elle dit qu'avec son mari c'est le purgatoire, dans ses meilleurs jours les limbes, mais qu'avec moi c'est le paradis !"
Tout fut préparé pour la double cérémonie de consécration et d'investiture, les précieux parements et habits que la famille fit préparer, l'étude approfondie des cérémonies et des rites que le maître du protocole de l'évêché se proposa d'apprendre au jeune homme, les armes que le maître d'héraldique de la cour impériale approuva, bipartite verticale, comme l'avait voulu Wilibert, avec une petite croix verte sur fond noir dans l'écu de droite et une épée verticale passée dans un anneau rouge sur fond blanc à gauche. Wilibert choisit comme devise : "Ex Duobus Unum" pour symboliser l'union entre ses mains du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel.
La cérémonie de double investiture eut lieu en la cathédrale de Mayence et fut présidée par l'Empereur en personne et l'archevêque de Mayence, assisté par les évêques des deux diocèses voisins, Sigismund, évêque de Walsthoff et Adelhardt, évêque de Honenberg.
Wilibert fut d'abord ordonné prêtre. Puis on lui posa la couronne comtale et on lui remit l'épée, enfin il fut consacré évêque et reçut la mitre et la crosse. Malgré ses craintes, Wilibert ne fit aucun faux pas pendant la cérémonie.
Il sortit de la cathédrale entre deux haies d'honneur de nobles et de prélats, acclamé par le peuple, l'épée dans la main droite et la crosse dans la gauche, deux pages le suivaient pour porter, sur des coussins, la couronne comtale et la mitre couverte de pierres précieuses. La foule rassemblée pour admirer les fastes de la cérémonie l'acclama puis se précipita pour prendre part au banquet offert à l'occasion par la famille de Wilibert.
Sa famille lui rendit les honneurs dus sur le parvis. Quand son frère aîné l'embrassa, il lui dit à l'oreille : "Tu es impressionnant, Wili, habillé comme ça !"
Le tout nouveau comte-évêque murmura en réponse : "Si tu le dis... mais moi j'aurais dit affreusement ridicule..."
L'attendaient aussi sur le parvis l'escorte de chevaliers, soldats et prêtres qui allait l'accompagner vers son fief et sa cathédrale de Ströben.
À son arrivée, Wilibert siégea et reçut les serments de fidélité et d'obédience de ses nouveaux sujets. Puis il prit possession du château et de l'évêché et décida d'habiter principalement à l'évêché, moins sombre que le château.
Il prit plusieurs mois pour se faire une idée de l'état du comté et du diocèse qu'il devait gouverner. Il voulait tout savoir et il obligeait ses fonctionnaires et dignitaires à travailler des heures durant avec lui.
Il prit l'habitude de se lever tôt, aux premières lueurs de l'aube, et de se coucher tard, bien après la nuit tombée.
Il avait trouvé à l'évêché une curieuse et ingénieuse horloge à eau : une citerne supérieure ciselée en argent sans cesse maintenue pleine par un serviteur se vidait dans une ampoule en cristal, graduée, qui toutes les douze heures basculait d'elle-même et se vidait dans un bassin, en argent aussi, dont le serviteur reprenait l'eau qu'il mettait dans la citerne supérieure.
Le même serviteur, quand il faisait beau, lisait l'heure sur un cadran solaire placé à la fenêtre et ajoutait ou retirait un peu d'eau dans l'ampoule pour qu'elle soit toujours à l'heure juste.
C'était un dispositif raffiné et utile, l'œuvre de vaillants artisans arabes, et souvent, quand il était plongé dans ses pensées, Wilibert le regardait avec attention, comme hypnotisé par cet écoulement lent et régulier.
Il avait découvert que son évêché avait été fondé, des siècles auparavant, par un certain bienheureux Cassiano ou Caxianus, un moine venu de l'empire d'orient qui, après avoir été évêque de Brixen, fut le premier évêque de Ströben, et qui reposait à la cathédrale, sous le grand autel.
Il apprit aussi que les deux derniers évêques avaient laissé se détériorer tous les bâtiments, y compris la cathédrale, mais pas l'évêché, et la situation générale du diocèse. La "Schola" annexe de la cathédrale, où devaient étudier les futurs prêtres et les fils de la noblesse locale, était en bien pire état que la cathédrale et les maîtres semblaient accomplir leur tâche de façon superficielle et de mauvaise grâce. Wilibert était plus savant qu'eux tous réunis.
Aussi Wilibert, tout en faisant restaurer la cathédrale et la schola, venait-il trois fois par semaine à la schola pour y faire cours. Il envoya des messagers et des courriers chercher des maîtres valeureux dans les plus grandes villes de l'empire.
Une des premières décisions qu'il prit, et qui lui valut aussitôt la sympathie de ses sujets, fut de réduire les taxes qui lui étaient dues que ce soit en tant qu'évêque qu'en tant que comte. Il resta sourd aux protestations du trésorier du comté et de l'aumônier du diocèse.
"Une sage gestion des dîmes permettra de faire face à toutes les dépenses nécessaires, et si les caisses en venaient vraiment à se vider, j'userais de mon trésor personnel. Alors s'il y avait lieu, ce serait à moi de protester et non à vous ! Telle est ma décision et il en sera ainsi."
Tous deux protestèrent encore, alors Wilibert leur dit, avec calme : "Si vous pensez ne pas pouvoir accomplir votre tâche, vous n'avez qu'à me le dire. Je chercherai un autre trésorier et un autre aumônier."
Ils cessèrent tous deux aussitôt leurs jérémiades et l'assurèrent qu'ils feraient de leur mieux.
"Telle est ma décision et il en sera ainsi." était la conclusion de tous les ordres que Wilibert promulguait, après avoir écouté, discuté et jugé les objections de ses sujets.
"Il est jeune," disaient certains, "mais c'est un poing de fer dans un gant de velours."
"Il sait ce qu'il veut et comment l'obtenir, et jusque là il n'a pas dû revenir sur ses décisions." commentaient certains autres.
Mais tout le monde reconnaissait qu'il était bon évêque et bon comte.