Wilibert, après la cérémonie où il ordonna Waldemar diacre, lui confia la charge de chancelier privé et par conséquent les clés de son trésor privé.
"Tu connais bien Friedbalths, n'est-ce pas ? Qu'en penses-tu ?"
"Ce garçon est infatigable, toujours actif et joyeux, et il ne pense jamais à lui-même mais uniquement aux autres."
"Celui qui a connu la misère sait ce qu'elle est, et donc..."
"Pas toujours. Parfois celui qui sort de la misère devient encore plus égoïste et avare que les autres. Friedbalths a un cœur en or."
"Je sais que le trésorier du comté se lamente des incessantes requêtes de Friedbalths et les aumônes recueillies à la cathédrale ne suffisent pas à ses œuvres. Aussi ai-je décidé que désormais c'est à toi qu'il présentera ses requêtes et tu les satisferas en puisant dans mon trésor personnel. Es-tu d'accord ?"
"Sage et généreuse décision, ô seigneur de mon cœur."
"Mais je veux qu'il ignore que l'argent vient de mon trésor personnel."
"Pourquoi ?" demanda Waldemar, stupéfait.
"Parce que je ne veux pas qu'il se sente redevable envers moi."
"Qu'est-ce que ça change ?"
"S'il sait que l'argent dont il a besoin lui vient du comte-évêque et non de Wilibert, c'est à lui qu'il saura gré, et non à moi."
"Je ne vois pas la différence : tu es le comte-évêque, ce ne sont pas deux personnes distinctes."
"Oui, mais, vois-tu, en tant qu'évêque je suis le maître de l'administration du diocèse, en tant que comte le seigneur du comté et c'est le rôle de ces personnages de s'occuper de leurs sujets. En tant que Wilibert je ne suis que mon propre maître..."
"Et le mien !"
"Et le tien, bien sûr, tout comme tu es le mien. Comprends-tu à présent ce que je voulais dire ?"
"Un peu, même si j'ai encore un peu de mal à distinguer les trois entités dont tu me parles."
"Serais-tu tombé amoureux d'un évêque rien que parce qu'il est évêque ? Ou d'un comte parce qu'il est comte ? Je crois bien que non. Tu es amoureux de Wilibert, de l'homme."
"Alors tu veux que Friedbalths soit reconnaissant au comte-évêque et non à l'homme ?"
"Plus ou moins. Je veux qu'il croie utiliser l'argent du comté et du diocèse, pas le mien. Cela le rendra encore plus libre de demander. Et par ailleurs je veux que ma main gauche ignore ce que fait la droite, comme il est écrit dans les évangiles !"
"Oui, je comprends à présent. Tu as là une délicate attention à l'égard de Friedbalths. Ce qui ne fait qu'augmenter l'admiration que mon cœur nourrit pour toi."
"Et pas l'amour ?" lui demanda Wilibert en souriant.
"Ça non, ce serait impossible, je ne crois pas pouvoir aimer plus que de tout mon être."
"Une question me taraude, mon Waldemar."
"Laquelle, mon aimé ?"
"Il y a maintenant deux ans que nous sommes ensemble et c'est toujours toi qui m'accueilles en toi, avec amour et passion, avec joie et plaisir... N'aimerais-tu pas qu'à mon tour moi aussi je t'accueille enfin en moi ?"
"Je sais qu'avant de me rencontrer tu as toujours préféré pénétrer à être pénétré et cela ne me pose aucun problème. Tout est parfait comme ça, en ce qui me concerne."
"Tu dis vrai, c'était comme ça, avant de te rencontrer. Mais je ressens de plus en plus fort l'envie de t'accueillir en moi."
"Ce n'est pas important pour moi... mais si ça l'est pour toi, si tu le veux..."
"Je ne le veux pas, je le désire."
"Si tu le désires," se corrigea Waldemar, "jamais je ne pourrais me soustraire à tes désirs !"
"Je sens que quelque chose me manque, en ne t'accueillant pas en moi. Je sens que... je me sentirais plus homme, plus tien, plus complet si tu me prenais. Veux-tu me refuser cela ?"
"Je ne le veux pas plus que je ne le peux, mon aimé."
"Alors cessons de tergiverser, viens dans notre lit et fais-moi enfin tien."
"Tu es déjà mien, mais je serai heureux d'être accueilli en toi."
Wilibert caressa son amant entre les jambes et sentit qu'il était déjà prêt. "L'idée te plait ?"
"Tout ce que je peux faire pour satisfaire tes désirs me plait."
Ce nouvel acte d'amour s'accomplit et les deux amants sentirent qu'il était juste et beau.
"Voilà," dit Wilibert en serrant dans ses bras son aimé encore en lui, "mon roi a pris possession de son château et de son trône. Son sceptre m'a dispensé sa bienveillance et ses grâces. Il a fait de moi une partie de sa puissance et il a exaucé tous mes désirs."
"Cela n'a pas été trop douloureux, mon aimé ?" lui demanda Waldemar, avec douceur et prévention.
"Comme tu m'as dit la première fois que nous avons donné corps à notre amour, le bonheur a apaisé toute douleur et l'a fait fondre comme rosée au soleil."
"Te voici donc heureux, mon tendre et puissant homme ?"
"Je croyais l'être déjà au plus haut point, mais je réalise ne l'être vraiment qu'à présent."
Wilibert voulut que Waldemar devienne le Grand Chancelier, le Grand Trésorier et le Grand Aumônier du diocèse comme du comté, et il mit sous son autorité tous les chanceliers, trésoriers et aumôniers de ses terres.
"Mais je suis bien plus jeune qu'eux... Ils vont murmurer contre moi et contre ta décision, ils diront que je suis ton favori et ils se demanderont quels mérites me valent de si grands honneurs..."
"Tu es le plus instruit et le plus capable de ces terres, tu es le plus adroit et le plus fidèle. Tu sais me soulager du poids de ma double charge, tu sais prévenir chacun de mes désirs et lire chacune de mes pensées avant même que je ne l'exprime."
"Ta vue ne serait-elle pas troublée par trop d'amour pour moi ? Ne fais-tu pas trop confiance en mes capacités ?"
"L'amour affine la vue, il ne la trouble pas. Et tu es plus adroit et engagé que moi. Si l'Empereur t'avait connu, c'est à toi et pas à moi qu'il aurait donné la couronne et la mitre, j'en suis sûr. D'ailleurs, tu sais quoi, mon Waldemar ? Tu vas m'accompagner à la cour de l'Empereur pour lui rendre hommage. Je veux qu'il te connaisse et que tu entres en ses grâces."
Cela se fit et le Saint Empereur félicita Wilibert pour l'excellent choix qu'il avait fait de son Grand Chancelier et pour son excellente gestion du fief qu'il lui avait confié. L'Empereur voulut adouber Waldemar chevalier et voulut qu'en sa chapelle privée, et en sa présence, le jeune Grand Chancelier reçoive les sacrements sacerdotaux, que Wilibert lui administra avec émotion.
Enfin, avant qu'ils ne quittent sa cour, l'Empereur leur donna à chacun deux anneaux identiques, frappés d'un "W", leur initiale à tous deux, gravé autour des deux moitiés d'un même rubis. Les deux amants se demandèrent si l'Empereur savait, ou se doutait de la vraie nature de leur amitié...
Les deux amants venaient de rentrer au fief de Ströben quand le Prince-Archevêque de Tretlingen convoqua en sa capitale un concile de tous les évêques sous sa juridiction, dont voici la liste :
- L'archevêque Beowulfs von Tierre, prince de Tretlingen ;
- l'évêque Sigismund von Walsthorff ;
- l'évêque Theodorus von Belgren;
- l'évêque Hrudolf von Schardrorf;
- le comte-évêque Adelhardt von Honemberg;
- le comte-évêque Wilibert von Ströben;
- l'évêque Volkwald von Ratzingen;
- l'évêque Petrus von Bormast;
- l'évêque Altmar von Jungberg;
- le comte-évêque Rainhardt von Memlingen;
- l'évêque Otto von Axelburg.
Après un solennel Te Deum chanté en la cathédrale, Beowulfs ouvrit le concile. Quand la foule fut partie et les portes fermées, les onze prélats, chacun flanqué de son conseiller privé, prirent place autour de la longue table que Beowulfs avait fait installer dans la nef centrale. Lui-même s'assit du côté de l'autel, sur son trône.
Cinq évêques étaient assis du côté droit de la table, les cinq autres du côté gauche. Wilibert était le troisième à gauche, face à Otto von Axelburg. Les évêques avaient de simples sièges et leurs conseillers, à côté d'eux, de simples tabourets.
Il y avait sur la table des carafes d'eau et de vin, des verres en or finement ciselés, des flacons en cristal avec des encres brunes et rouges, une profusion de plumes d'oie bien taillées et nombre de feuilles de parchemin, ainsi que des flacons en argent contenant de fines cendres blanches de bouleau, bien tamisé, et des cuvettes pour jeter les cendres après avoir séché les écrits. Le tout avait été préparé à grands soins et dans le plus grand faste.
L'archevêque prononça son sermon initial pour donner l'objet de la convocation.
Les terres sous sa juridiction et celles des évêques présents, dit-il, n'avaient que trois fiefs confiés à des hommes d'église, outre les siennes : celles d'Honemberg, de Ströben et de Memlingen. Tous les participants le savaient, le plan secret de l'Empereur était que peu à peu d'autres fiefs soient confiés à des évêques pour garantir leur fidélité à la sainte couronne et la paix de l'empire.
De sorte que, en dévoués sujet du Saint Empereur qu'ils étaient mais aussi en pasteurs de l'Eglise de Dieu, il était de leur devoir de faire en sorte que tout le pays, uni, satisfasse aux attentes de leur Empereur.
Otto von Axelburg objecta qu'ils y pouvaient bien peu et que de toute façon le seigneur temporel de son diocèse était sage, valeureux et fidèle à l'Empereur, en conséquence de quoi il ne voyait pas le problème.
Sigismund, assis à la droite de Beowulfs, dit par contre que le sire de Walsthoff était un homme dépravé qui ne craignait pas Dieu et n'était fidèle qu'à ses propres intérêts... L'un après l'autre, ils expliquèrent tous la situation des terres dont ils étaient évêques. Ils discutèrent longuement des actions possibles et impossibles, de ce qu'il fallait faire ou non.
Le soir, quand Wilibert et Waldemar purent se retirer dans la chambre qui leur avait été donnée, ils s'enfermèrent et purent enfin se coucher dans les bras l'un de l'autre.
"J'ai n'ai pas du tout aimé le début du concile..." murmura Waldemar à l'oreille de son homme.
"Moi non plus... " répondit Wilibert à voix haute.
Waldemar lui posa un doigt sur les lèvres et de l'autre main lui fit signe qu'ils pouvaient être écoutés.
"Vraiment, crois-tu que nous pourrions être espionnés ?" chuchota Wilibert à l'oreille de son amant.
Waldemar hocha la tête.
"Et nous voir ?"
"La lumière est éteinte et le rideau tiré, cela nous protège et atténue peut-être le son de nos voix..." chuchota Waldemar en caressant le corps nu de son amant qui répondit vite à ses caresses.
"Pourquoi crains-tu que nous soyons espionnés ?"
"Un pressentiment... et une allusion que m'a faite le chancelier de l'évêque Otto von Axelburg, lorsqu'il m'a dit à quel point ce château était admirablement construit... au point que les pierres semblaient plus attentives aux hôtes que ne le sont les serviteurs eux-mêmes..."
"Un des aspects de ce concile qui me plait le moins est que trop de confrères évêques semblent plus intéressés par les questions temporelles que par les spirituelles, et plus à leur pouvoir qu'à rendre service."
"Et bien trop parlent de façon ambigüe, affirmant sans vraiment dire..." fit remarquer Waldemar.
"Mais c'est ce qu'il me faudra bien apprendre à faire. Je sens un danger, une menace planer autour de nous."
"Il faudra être candide comme des colombes mais [prudents comme] des serpents, mon aimé, comme tu me l'as dit un jour."
"Je vois bien peu de colombes ici, et plus de vipères à la morsure vénéneuse que de prudents serpents." répondit Wilibert.
"Pourrions-nous oublier un moment ces problèmes et ne plus penser qu'à notre amour ?" lui demanda Waldemar.
Wilibert, pour toute réponse, posa les lèvres sur celles de son aimé et leurs corps eurent tôt fait de s'enlacer intimement, de donner et de recevoir du plaisir et du bonheur.
Les jours suivants, leurs craintes et leurs inquiétudes se renforcèrent. Beowulfs leur annonça que leur premier objectif serait de "neutraliser" le sire de Walsthoff et il chargea l'évêque Sigismund de trouver charges et preuves "à l'épreuve de tout examen" pour accuser "d'un quelconque méfait" le comte de Walsthoff devant la cour de l'Empereur ainsi qu'au jugement du Pontife de Rome.
"Il sera pris entre deux feux et rien ni personne ne pourra le sauver." conclut Sigismund sous l'approbation de Beowulfs et de ses acolytes.
Waldemar et Wilibert réalisèrent vite que l'archevêque faisait toujours en sorte que ce soit systématiquement ses acolytes qui s'exposent pour lui faire obtenir ce qu'il voulait. Mieux, plus fourbe encore, il manœuvrait pour que les propositions les plus risquées, qu'il suggérait lui-même, soient dites et formalisées par un autre évêque. Le plus prompt à se prêter à ce jeu, peut-être ingénument, peut-être par calcul, semblait être l'évêque Reinhardt von Memlingen.
L'archevêque s'arrangea pour avoir, avant la fin du concile qu'il avait convoqué et présidait, un entretien privé avec chacun des évêques. Il parla donc aussi avec Wilibert.
"J'ai remarqué l'admirable similarité d'attitude qu'il y a entre toi et ton chancelier, le prêtre Waldemar. On dirait qu'il est ton ombre."
"C'est ce que doit être un bon chancelier, Beowulfs. Toi aussi tu parais avoir pleine confiance en le tien..."
"Je parais, tu dis vrai, mais je fais garder un œil sur lui. Rappelle-toi, jeune confrère en l'ordre sacré de l'épiscopat, seul le seigneur qui fait surveiller ses sujets l'un par l'autre siège sur son trône longuement et confortablement. Le jour où je douterai que mon chancelier soit digne de ma confiance..." dit Beowulfs et il fit de la main le geste de couper une tête.
"Quiconque serait envieux de lui pourrait te le présenter sous un mauvais jour... à la seule fin de t'enlever un précieux allié dont peut-être il pourrait prendre la place." fit remarquer Wilibert.
"Mais parlons de toi. Ton chancelier, ai-je appris, est d'origine roturière..."
"La noblesse de sang n'est pas la seule à pouvoir rendre un homme digne de confiance et d'honneurs." répondit Wilibert.
"Et quels sont ses objectifs ? Je sais que l'Empereur l'a fait chevalier..."
"Me servir du mieux qu'il peut."
"Un vrai homme n'a jamais l'objectif d'être un serviteur, mais d'acquérir du pouvoir."
"Le Pape lui-même ne se dit-il pas le serviteur des serviteurs ?"
"Il peut bien le dire, vu l'immense pouvoir qu'il détient entre ses mains. Plus tu montes haut, plus il te faut faire preuve d'humilité... pourvu que personne ne menace ton pouvoir."
"Le pouvoir est-il donc si important ?"
"Bien sûr, l'omnipotence n'est-elle pas l'attribut principal de Dieu ? Et c'est pourquoi Dieu exprime sa préférence pour l'une de ses créatures en lui confiant d'autant plus de pouvoir qu'il l'aime davantage."
"Alors le pouvoir ne peut qu'être reçu et ne peut pas être pris ?"
"Mais bien sur que si, on peut le prendre, on le doit, d'ailleurs. Si Dieu le père le permet, ce sera que cet homme a pris le pouvoir par volonté divine."
"Mais n'est-il pas écrit que Dieu aime le pauvre et l'humble ?"
"Il les aime, puisque l'évangile le dit. Mais s'il reste pauvre c'est parce que c'est un pécheur et qu'il n'est donc pas digne des dons de Dieu. Le péché éloigne l'homme de la grâce de Dieu, de son amour et donc aussi d'un légitime pouvoir ainsi que de la richesse."
"Mais n'est-il pas écrit qu'il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au royaume de Dieu ?"
"Naïf Wilibert, ce n'est là qu'une hyperbole à laquelle il ne faut pas porter attention. Jésus de Nazareth aimait parfois manier le paradoxe. Il en est de même quand il a dit que celui qui ne déteste pas son père et sa mère ne peut pas aimer Dieu. À l'évidence cela ne doit pas être pris au pied de la lettre. Origène, qui a pris à la lettre les versets qui disent il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux, et qui donc se châtra de ses propres mains, fut fort justement condamné par l'Eglise."
"Je te remercie de ce que tu m'apprends, Beowulfs... Je vois qu'il m'en reste beaucoup à apprendre."
"Fie-toi à tes aînés, évêque Wilibert, suis leurs conseils et ta vie sera honneurs et réussite."
"Je m'y appliquerai assurément, archevêque Beowulfs." dit Wilibert qui en son for intérieur se jurait de ne jamais compter Beowulfs au nombre de ses aînés.
"Un dernier conseil, avant de te donner ton congé, Wilibert. Tiens à l'œil ce Friedbalths à qui tu as confié tes œuvres appelées la main de l'évêque."
"Friedbalths ? C'est un garçon humble et dévoué au service des pauvres..." dit Wilibert surpris par ce conseil mais surtout de ce que l'archevêque en sache tant sur ses affaires.
"Je te l'ai dit, seul celui qui a du pouvoir peut se montrer humble. Mais il se trouve que j'ai appris qu'il est coupable du péché contre-nature, d'une abomination avec certains garçons qu'il prétend secourir. Si c'était vrai... tu connais ton devoir : il te faut purifier ta terre par le feu et ainsi éliminer le péché et le pécheur."
"Si ce que tu me dis s'avère vrai, je prendrai les mesures qui s'imposent. Je ferai des enquêtes, je te le promets, et j'agirai en conséquence, avec détermination."
"Très bien, Wilibert, que la paix de Dieu soit avec toi."
"Et avec ceux qui l'aiment." répondit Wilibert en évitant la réponse usuelle.
À son retour à Ströben, c'est Friedbalths qui demanda audience à Wilibert. Avant que l'évêque ne puisse lui demander des comptes sur ce qu'il avait entendu dire de lui, le jeune homme lui dit :
"Je demande ta permission, seigneur, de prendre pour épouse la jeune Hunahildis, une de tes servantes. Son regard réchauffe mon cœur, sa bonté enrichit ma vie..."
"Elle t'aime ? Et tu l'aimes d'un amour sincère ?"
"Il en est ainsi, mon seigneur, nous nous aimons d'un amour pur et sincère." répondit le jeune homme, resplendissant de bonheur.
"Pourquoi demandes-tu ma permission ? Vous êtes tous deux assez grands pour décider de vous marier."
"Parce que ni elle ni moi n'avons plus de parents à qui demander la permission. Aussi nous retournons-nous vers toi, que nous voyons comme notre père spirituel et notre seigneur dans la vie."
"Bien, je serai heureux de célébrer moi-même vos noces... et de pourvoir à la dote de la promise."
"Ta bonté me confond, seigneur."
"Et elle t'assistera dans l'œuvre que je t'ai confiée."
"Il en sera [comme] tu l'ordonnes."
"Mais à présent... je dois te demander un service. Parmi les mendiants que tu aides, crois-tu disposer de personnes de pleine confiance ?"
"Oui, Wilibert, je sais pouvoir compter sur certains d'entre eux comme sur moi-même."
"Bien. Alors demande-leur d'aller mendier dans les terres voisines des miennes en gardant l'oreille et l'œil grand ouverts. Ils reviendront te voir de temps en temps, à la Main de l'Evêque et te raconteront tout ce qu'ils ont vu ou entendu et toi tu en feras part à Waldemar ou à moi..." expliqua Wilibert qui tissa ainsi son premier réseau d'espions.