Pour autant que Wilibert s'efforce de suivre le conseil de son amant, il semblait incapable de prendre du repos. Il donnait audience à tous, rendait la justice, consolait les malheureux, soutenait les faibles, admonestait les auteurs d'injustices et d'abus de pouvoir, rendait visite aux malades, célébrait les saints offices et allait voir ses prêtres dans tout son vaste territoire.
Chaque fois qu'il réduisait ou abandonnait une tâche, il semblait en trouver de nouvelles. Il était pourtant toujours heureux et disponible pour tous. Sans compter qu'il était parfois convoqué par l'Empereur désireux d'avoir son avis ou son opinion sur les sujets les plus divers, le long voyage pour aller à la cour et en revenir ne faisait que brûler un peu plus de son énergie.
Un jour, alors qu'ils étaient dans leur chambre à fêter les quarante-six ans de Waldemar, un professeur de la Schola demanda audience. Wilibert regarda l'horloge à eau qu'il avait apportée de Ströben et se dit qu'il avait un moment à lui consacrer avant d'aller à la cathédrale pour l'office des rogations.
C'était maître Basilius, un jeune homme de vingt-sept ans, arrivé deux ans plus tôt de Ravenne pour enseigner le grec. Quand Basilius fut devant l'archevêque, il se mit à genoux devant lui et dit : "Bénis-moi mon père car j'ai beaucoup péché. Fais-moi la grâce d'écouter ma confession."
Wilibert hocha la tête, fit se relever Basilius et l'emmena à sa chapelle privée. Il s'assit sur le banc et fit s'agenouiller le jeune professeur à ses côtés.
"Nous sommes tous de grands pécheurs, mon fils. L'important est de reconnaître nos fautes devant Dieu. Ouvre-moi ton cœur, ici, sous la croix de notre Seigneur."
"Père archevêque, ma faute est grave..."
"Si ce n'était pas le cas tu ne m'aurais sans doute pas demandé d'être ton confesseur."
"J'accepterai de bon cœur quelque pénitence que tu voudras me donner... mais je t'en prie, aide-moi."
"Je t'aiderai autant qu'il me sera possible, Basilius. Parle donc en pleine confiance."
"Mon père... j'ai péché avec un élève de la Schola qui m'avait été confié."
"Tu as eu un rapport charnel avec lui ?"
"Oui mon père... et plus d'une fois... Je me suis promis encore et encore de résister à la tentation, mais en vain."
"L'as-tu... forcé, contraint à ces rapports ?"
"Non, mon père... du moins pas volontairement."
"Que veux-tu dire ?"
"Je pourrais l'avoir forcé... par séduction, en le fascinant, en lui faisant trouver beau et juste un acte erroné. Il est jeune et sans expérience... il fait confiance à ses professeurs et surtout à moi. Il est encore influençable, aussi..."
"Quel âge a donc ce garçon ?"
"Dix-neuf ans, mon père."
"Ce n'est plus un enfant." répondit Wilibert à mi-voix en se disant que quand lui-même avait fait part de ses désirs à Waldemar, ce dernier avait à peine dix-huit ans. "Ce garçon s'est... donné à toi sans résistance, sans doutes ni problèmes ?"
"Oui, et cela aussitôt que je lui ai dit mon désir."
"Es-tu le premier avec qui il a couché ?"
"Non, il l'avait fait avec d'autres, avant... surtout des camarades... des choses de garçons. Il dit que je suis son premier homme adulte."
"Et toi, avant lui ?"
"J'ai parfois su résister à la tentation, mais parfois j'y ai succombé, comme aujourd'hui avec lui. C'est une des raisons... ne plus céder à une telle tentation, qui m'ont rendu heureux que tu m'offres la possibilité de quitter Ravenne pour venir enseigner ici."
"On peut fuir un endroit, mon garçon, mais pas se fuir soi-même. Que penses-tu faire, passer ta vie à fuir de lieu en lieu sans jamais t'arrêter longtemps au même endroit, dans l'espoir vain de te fuir toi-même ?"
"Mais alors, mon père, que puis-je faire ?" supplia le jeune homme.
"Depuis combien de temps, ce garçon et toi..."
"Cela fait sept mois et deux jours."
Wilibert sourit intérieurement en entendant la précision de ce décompte au jour près.
"Et... c'est arrivé souvent, pendant tout ce temps ?"
"Parfois tous les jours... mais parfois j'arrive à résister à la tentation... quelques jours... mais je retombe toujours."
"Et lui ? Il attend que tu le cherches ? Il te fuit ? Il te cherche ?"
"Il est jeune et plein d'énergie... Il voudrait... il aimerait... que ce soit tout le temps, tous les jours. Que puis-je faire pour mon salut... et le sien ?"
"Réfléchis bien puis réponds honnêtement à mes questions. L'aimes-tu ou ne sens-tu pour lui qu'une attirance physique ? Et lui, il t'aime ou ne cherche-t-il qu'un simple plaisir physique ?"
"Il dit qu'il m'aime... il en est convaincu. Quant à moi... je crois, à vrai dire, qu'il y a des deux. Je l'aime et je veux son bien, son bonheur... mais j'ai aussi du désir physique pour lui."
"L'un n'exclut pas l'autre, mon pauvre Basilius. Parfois on ne peut aimer que spirituellement, parfois que physiquement... mais parfois les deux aspects convergent en un même sentiment, se complètent et se renforcent l'un l'autre. Ton inquiétude de faire du mal à ton âme et à la sienne plaide en ta faveur... Mais si tu le peux, oublie un instant ce problème et réponds à mes questions. Si tu aimais une jeune femme et qu'elle t'aimait aussi, que ferais-tu ?"
"Si cela m'était possible, je lui demanderais de m'épouser."
"Et tu coucherais avec elle, avant le mariage ?"
"J'essaierais d'éviter... mais si je devais faillir devant ses grâces et mon désir... je réparerais ma faute par le mariage."
"Très bien. Mais si, après le mariage, tu réalisais tomber amoureux d'une autre femme, plus désirable à tes yeux que ton épouse... ou plus belle... ou plus généreuse... plus douce... ou plus intelligente ?"
"J'essaierais de rester fidèle à ma femme, de toutes mes forces. Et je crois que j'y arriverais sans trop de mal, avec à mes côtés mon épouse et son amour. Je ne peux certes pas jurer de ne pas pécher avec l'autre femme... mais je crois qu'il me serait moins difficile de résister à la tentation. Ma chair est faible, mon père. Je sais que j'aurais du mal à rester longtemps sans rapport physique.
"J'ai bien essayé de me soulager de ma propre main, c'est aussi un péché, mais moins grave... ce fut en vain. J'ai prié le Seigneur, de toutes mes forces, d'éloigner de moi la tentation, mais il ne m'a pas écouté ou je n'ai pas su l'écouter. J'ai porté la haire, après Ravenne, avant d'avouer mon désir à mon élève, mais en vain aussi.
"Je me suis plongé dans l'eau glacée pour calmer mes ardeurs, mais ça n'a servi à rien. Je ne sais plus quoi faire, mon père. Aide-moi !"
"Si je pouvais poser la main sur ta tête et faire cesser tout cela, je le ferais pour te faire retrouver la paix du cœur et des sens. Mais à présent, réponds à une autre question : cet irrésistible besoin que tu as d'exprimer aussi par ton corps ton amour spirituel, te vient-il de Dieu, du démon ou de toi-même ?"
"Comment pourrait-il venir de Dieu, s'il contrevient à Ses commandements ? Mais il ne vient sûrement pas du démon, puisque je veux le bien de celui que j'aime et non le mal. Je crois donc qu'il vient de moi, de mon corps..."
"Basilius, si tu essayais d'arrêter de respirer, y arriverais-tu ?"
"Un moment, oui, mais mon corps se rebellerait et m'obligerait à respirer."
"Et il en serait de même si tu tentais de ne plus manger ou de ne plus boire, n'est-ce pas ? Ton corps se rebellerait contre ta volonté et te forcerait à lui donner ce dont il a besoin. Et si tu voulais marcher sans plus jamais t'arrêter, tes jambes s'arrêteraient d'elles-mêmes, contre ta volonté et refuseraient de bouger et de te porter.
"Je crois, mon brave Basilius, que notre corps sait par une loi de la nature de quoi il a besoin et sait nous imposer de le lui donner. Tu peux renoncer au superflu, mais pas à ce qui est vital. Je crois aussi que notre Créateur n'a pas eu la maladresse de donner à nos corps des instincts irrépressibles pour après nous obliger à ne pas les suivre. Il peut nous demander de les modérer, pas de les éliminer, puisqu'il nous en a fait don lui-même. Cela ne veut pas dire que nous devions, par exemple, nous goinfrer jusqu'à vomir pour pouvoir continuer à manger. Il est permis de goûter un bon vin, il ne l'est pas de s'enivrer.
"Nous devons choisir, dans les limites de nos possibilités, les mets adaptés à notre nutrition et notre goût et quand nous le pouvons rendre grâce à Dieu de l'avoir permis. Refuser toute nourriture serait un suicide et donc un grave péché. Si par exemple le poisson te faisait vomir, il te faudrait t'abstenir d'en manger et trouver d'autres aliments... Tu comprends ce que je veux dire ?"
"Oui, c'est clair, mais... la loi de l'Eglise..."
"Ton premier devoir est de suivre la loi de ta conscience et d'en rendre compte à Dieu. Bien sûr, si possible, il est bon de suivre la loi de l'Eglise... pour autant qu'elle n'impose pas des choses qui te sont impossibles. L'Eglise est l'épouse de Dieu. Mais ton devoir, avant de contenter les vouloir de l'épouse de ton seigneur, que ce soit ton Seigneur au ciel ou ton seigneur sur terre, est de rendre compte à l'époux... qu'il s'agisse de Dieu ou de ton seigneur sur terre."
"Ainsi donc tu m'absous, mon père ? Et tu me dis que je peux donner mon amour physique à mon aimé et accepter le sien ?" lui demanda le jeune professeur, très ému.
"Oui, je t'absous, par le pouvoir que m'a donné le Seigneur. Et si j'ai tort de t'absoudre, que toute la faute en retombe sur ma tête et pas sur les vôtres. Mais n'oublie pas que si le Seigneur t'absout par ma main... son épouse n'admet pas d'être contredite. Aussi soyez extrêmement prudents pour ne pas risquer sa colère qui pour vous signifierait la mort sur le bûcher. C'est malheureusement la triste réalité, ne l'oubliez jamais."
Le jeune maître Basilius prit la main de l'archevêque, l'embrassa et l'inonda de larmes : "Tu m'enlèves un énorme poids de l'âme et du cœur, mon père... et tu as pris mon fardeau sur toi. Merci à tous les saints de m'avoir inspiré de venir me confesser à toi !"
L'archevêque lui donna l'absolution et dit : "Comme pénitence, tu prieras le Seigneur pour mon âme, qu'il ait pitié de moi, qu'il me donne sagesse et force d'âme, ainsi que force à mon corps."
"Je prierai pour toi tous les jours, ma vie durant ! Et ce ne sera pas une pénitence, ce sera une joie."
"Oh non, je n'ai jamais donné à personne une pénitence si lourde, si grave et si longue !" dit l'archevêque avec un sourire, "Tu seras absous si tu te souviens de temps en temps de le faire."
Quand Basilius fut parti, Wilibert brûlait d'envie de confier cet échange à Waldemar, mais le secret de la confession l'interdisait.
Son amant lui dit : "En entrant, maître Basilius ressemblait à un condamné qui marche au supplice... en sortant on aurait dit un jeune homme à la veille de ses noces !"
"J'ai fait de mon mieux pour le réconforter..."
"Et comme toujours tu as pleinement réussi. Je n'avais aucun doute là-dessus, mais c'est toujours un plaisir de voir que mon homme sait toujours réconforter quiconque fait appel à lui."
"Je m'émerveille qu'après le long épisode de tension et d'angoisse qui a culminé au procès, nous jouissions à présent d'une si longue période de paix et de sérénité. Tout semble aller au mieux. Parfois, en repensant au passé, je ne reconnais plus le jeune homme gauche et imprudent que j'étais... et je suis stupéfait de voir comment les évènements ont conduit le chevalier si ordinaire que j'étais à devenir prince d'empire et archevêque. Je sais que sans toi je n'aurais pas fait la moitié du chemin parcouru, loin de là, mais surtout je ne serais pas l'homme heureux que je suis aujourd'hui."
"Tu restes quelque peu imprudent, mon aimé. Quand tu t'occupes de quelque chose, tu te jettes à fond et tu n'arrêtes pas avant d'avoir atteint le but que tu t'étais fixé. Un peu comme tu as fait avec moi... Tu n'as pas fait de détours, tu n'as pas approché un pas après l'autre, dans une stratégie prudente, non, tu m'as pris dans tes bras forts et tu m'as embrassé avec toute la fougue de ta passion."
"J'ai mal fait ?"
"Non, pas du tout."
"Et si j'avais agi avec toi avec grand calme et grande prudence ?"
"Tôt ou tard je m'en serais chargé : je me serais jeté dans tes bras et c'est moi qui t'aurais embrassé ! J'avais tout fait pour attirer ton attention, je mettais toute mon énergie dans mes études, je posais des questions que j'espérais intelligentes et j'essayais de bien répondre aux questions que tu posais à la Schola, mais j'avais l'impression que tu ne me voyais même pas..."
"Oh si je t'avais remarqué... mais si je faisais de mon mieux pour ne pas te traiter mieux que tes compagnons, je faisais aussi de mon mieux pour que mon regard ne traîne pas sans cesse sur toi au risque que tu y lises mon désir..."
"Et tu y es très bien arrivé... heureusement que tu t'es rendu par la suite et que tu t'es décidé."
"Pourtant quand tu allais t'étendre sous mon balcon, je ne t'ai jamais vu excité."
"J'ignorais encore le plaisir de ton contact. J'avais une attirance plus de l'âme et du cœur que du corps. Mais à peine m'as-tu touché, serré dans tes bras et embrassé, mon corps s'est senti comme au réveil d'un long sommeil, il a sur le champ répondu au tien et je me suis senti brûler de désir pour toi. Et pour mon bonheur cet incendie n'est toujours pas éteint."
Un messager arriva un jour pour dire que son maître, le comte von Schardof, demandait audience au prince. Wilibert dit qu'il le recevrait volontiers en son château, le premier dimanche de septembre.
Il reçut le comte Rainholdt von Schardoff avec les dus honneurs et vit qu'il était venu avec son troisième fils, le jeune Redafrits, un charmant garçon de dix-sept ans, grand et mince, avec une toison de cheveux blonds et fins, de grands yeux verts et un beau visage à l'air très sérieux.
Le comte aborda tout de suite le sujet qui motivait sa demande d'audience : "Voici mon fils, bien que j'aie fait de mon mieux pour le lancer dans la carrière des armes, j'ai obtenu qu'il soit trois ans l'écuyer du cadet de l'Empereur et vive à la cour, il ne veut pas suivre les ambitions que j'ai pour lui. Il n'y a rien à y faire.
"Il a prouvé sa valeur les armes à la main, mais il persiste à insister pour prendre les ordres et devenir prêtre. Je te prie donc de l'examiner et si tu penses, comme je le crois, qu'il n'est pas apte à devenir homme d'Eglise, tâche de le décourager et de le faire renoncer à son projet."
"Demander à un archevêque de décourager une vocation ne me semble pas le choix le plus sage, comte. Néanmoins, comme tu me le demandes, j'examinerai ton fils et si j'ai le moindre doute sur lui... je lui refuserai d'être consacré prêtre et je ferai de mon mieux pour lui faire entendre raison. Mais si par contre je trouvais sa vocation authentique et sincère, je ferai de mon mieux pour te convaincre de lui donner ta permission."
"D'accord. J'ai pleine confiance en ta sagesse et ton jugement."
"Très bien. J'apprécierais d'avoir le temps nécessaire pour éviter que ma décision soit superficielle et hâtive. Peux-tu le laisser ici en tant que mon hôte ? Le temps venu je te ferai savoir ma réponse."
"Je te remercie, Monseigneur l'archevêque. Tu as toute ma confiance."
Après le départ du comte, Wilibert demanda au garçon : "Ainsi donc, Redafrits, tu penses entendre le Seigneur t'appeler à le servir et tu voudrais devenir prêtre."
"C'est exact, Monseigneur."
"Et depuis combien de temps entends-tu cet appel ?"
"Depuis très longtemps, avant même que mon père ne m'envoie comme page à la cour de l'Empereur et que je sois choisi comme écuyer de son fils."
"Et pourquoi donc souhaites-tu devenir prêtre ?"
Le garçon rougit un peu, puis dit d'une voix mal assurée : "Au début... les beaux rites... les beaux atours... mais par la suite, à présent... j'ai beaucoup entendu parler de tes œuvres pour les pauvres et je voudrais moi aussi leur dédier ma vie, comme toi."
"Et devenir toi aussi un jour prince et archevêque ?"
"Non, bien sûr, je me contenterais d'être un simple prêtre et de donner ma vie aux autres."
"Tu pourrais aussi la leur donner en menant une vie de chevalier."
"Le premier devoir d'un chevalier est de servir son souverain, il ne peut pas dédier sa vie aux autres."
"Tu crains la guerre ?"
"Je ne la crains pas, je ne suis pas lâche. Mais je ne l'aime pas. Je ne veux pas passer ma vie à essayer de tuer des gens."
"Pas même l'ennemi ?"
"Le Seigneur n'a-t-il pas dit que nous devons aimer notre ennemi ?"
"Mais il ne nous demande pas pour autant de laisser les mains libres au despote et à l'abus de pouvoir."
"Je préfèrerais toutefois être homme de paix qu'homme de guerre."
"Nobles propos, certes. Mais dis-moi, as-tu bien réalisé qu'un prêtre fait vœu de chasteté et de continence ? Veux-tu renoncer à cela avant d'y avoir goûté ? Tu risques si tu le fais de rencontrer un jour quelqu'un capable d'éveiller tes sens et de te retrouver dans l'impossibilité de respecter les vœux que tu as faits."
"Le risque n'est pas plus grand que si je me mariais. Et de toute façon..." dit le garçon en rougissant à nouveau un peu, "j'ai essayé, je sais à quoi je renonce... et que cela ne me pèsera pas."
"Tu as essayé avec une jeune fille ?"
"Oui."
"Et elle ne t'a pas donné de plaisir ?"
"Si, elle m'en a donné, mais... rien à quoi je ne puisse renoncer."
"Et..." commença Wilibert, il hésita un instant et poursuivit : "... et tu n'as essayé qu'avec de jeunes filles ?"
Redafrits le regarda dans les yeux et dit à mi-voix : "Tu as toi aussi été en ta jeunesse page et écuyer... tu sais donc qu'il est très rare de ne pas avoir essayé avec... d'autres que des filles."
"Et ces expériences ne t'ont pas donné de plaisir ?"
"Si, mais... rien à quoi je ne puisse renoncer."
Wilibert acquiesça, il appréciait la complète sincérité du garçon. Il lui posa d'autres questions les jours suivants et il finit par décider de l'emmener avec lui dans toutes ses activités, du petit matin à la nuit noire... il ne lui permettait que le peu de repos qu'il s'accordait lui-même pour le confronter à l'inconfort d'une vie pleinement dédiée aux autres.
Redafrits était de plus en plus enthousiaste. Si bien que Wilibert finit par prendre sa décision.
"Redafrits, j'ai décidé de donner ma réponse à ton père."
"Oh... déjà ? Et qu'as-tu décidé ?"
"J'ai décidé de faire dire à ton père que, comme il me l'a demandé..."
"Oh non, s'il te plait... non... Penses-y encore. Garde-moi encore ici avec toi... Je ne te dérangerai en rien... je..."
"J'ai décidé de faire dire à ton père que, comme il me l'a demandé, j'ai vérifié ta vocation. Et qu'en conséquence, tu resteras ici, tu suivras les cours de la Schola et je prendrai personnellement soin de ton éducation pour que tu deviennes un bon prêtre."