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histore originale par Andrej Koymasky


LA SAINTE VIE
D'UN EVEQUE
PECHEUR
CHAPITRE 12
ANNÉE 53 À 59
L'ÉDUCATION DE REDAFRITS

Redafrits s'avéra le disciple parfait. Il était diligent, vif, intelligent, humble et volontaire. Il avait déjà une solide culture générale, aussi Wilibert put-il se consacrer à sa seule préparation à la prêtrise. Quand les études du garçon le permettaient, il continuait à lui demander de l'accompagner dans ses différentes activités et lui expliquait la raison des choix qu'il faisait, les problèmes qu'il rencontrait et les solutions qu'il mettait en œuvre.

Waldemar aussi s'occupa avec passion de l'éducation du jeune homme qui sous leurs soins grandissait, fort et sain. Wilibert eut tôt fait de lui accorder les ordres mineurs, puis de l'ordonner diacre et il se mit à lui assener les différentes tâches qu'il pouvait accomplir seul.

Rédafrits était généreux et aimable avec les plus nécessiteux, mais il savait être ferme quand il le fallait. Et il fut vite connu sous le surnom de "l'ange de l'archevêque".

Il logeait à l'évêché avec Wilibert et Waldemar, mais pas dans la chambre qu'ils partageaient. Les serviteurs aussi se prirent d'affection pour lui. Ce garçon ne refusait jamais ni les plus humbles tâches ni les plus graves responsabilités.

Lors du jubilé à la cathédrale de Tretligen pour commémorer le trentième anniversaire de la consécration de l'évêque Wilibert, la quasi-totalité des évêques de la principauté furent présents et Rédafrits, désormais diacre, fit le service à l'autel de son archevêque. Pour l'occasion, l'Empereur en personne envoya en cadeau une statue précieuse, en bois, représentant la Sainte Vierge portant l'enfant Jésus , statue que l'on disait sculptée par l'apôtre Saint Luc et que Wilibert confia à la Schola.

Après les festivités, l'évêque Liutpold et son Godaliufs restèrent quelques jours à Tretligen, invités par Wilibert.

Quand les deux évêques furent seuls, Wilibert dit à Liutpold : "Je suis heureux que ton Godaliufs soit encore avec toi."

"Oui, c'est un garçon bien, je ne peux pas me plaindre de lui. Même si, il y a environ sept ans, j'ai craint de le perdre..."

"Il a été malade ?"lui demanda Wilibert, surpris, "tu ne m'en as rien dit..."

"Je ne sais pas si on peut parler de maladie... Il y a sept ans mon Godaliufs... s'est entiché d'un jeune chevalier de ma cour et a eu une courte histoire avec lui. Je le trouvais bizarre, pas comme d'habitude, un je ne sais quoi de changé... mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur quoi. Jusqu'au jour ou par pur hasard je les ai trouvés ensemble au lit.

"Ils étaient tous deux morts de peur, et Godaliufs de honte aussi. Je n'ai rien dit et je suis parti, si secoué que j'étais de la soudaine certitude d'avoir perdu mon Godaliufs. J'étais malheureux, mais je voyais que je ne pouvais rien faire pour éviter la fin de notre relation.

"Peu après j'ai entendu frapper à ma porte, c'était Godaliufs. Je lui ai demandé où était l'autre type... il m'a dit l'avoir renvoyé. Il m'a demandé pardon, il a dit qu'il était désolé de m'avoir blessé et déçu... moi je me taisais, j'étais encore trop troublé. Il m'a dit que si je le voulais, il quitterait mon évêché, mais qu'il voulait d'abord implorer mon pardon.

"J'ai enfin retrouvé la parole et je lui ai demandé s'il était amoureux de ce chevalier. Sa réponse m'a surpris. Il m'a dit qu'il ne le savait pas, mais que pour autant que je puisse le croire après ce que j'avais vu, il n'avait jamais cessé de m'aimer et que c'est pour ça que depuis le début de se relation avec le chevalier il se sentait mal. Il savait me trahir et risquer de me faire du mal, mais il n'arrivait pas à oublier ce beau chevalier.

"Je lui ai demandé de me dire honnêtement lequel d'entre eux deux avait séduit l'autre, de me raconter leur histoire. Il m'a dit qu'ils avaient une sympathie mutuelle et du plaisir à être ensemble, et qu'à un moment ils s'étaient retrouvés dans les bras l'un de l'autre, enlacés, et qu'ils n'avaient pas su en rester là. Mais que s'il fallait blâmer quelqu'un c'était lui et lui seul, puisqu'il savait qu'il s'était donné à moi alors que le chevalier était libre et ne savait rien de nous, car il n'avait jamais évoqué le sujet.

"Je lui ai alors demandé si le chevalier était amoureux de lui, il m'a répondu ne pas en être sûr, qu'il le savait juste heureux d'avoir trouvé en lui plus qu'un ami... Il m'a dit que si je voulais le punir j'en avais tous les droits et toutes les raisons, mais il m'a demandé de ne pas punir son ami.

"Je n'avais que faire de punitions, je ne pensais qu'à la fin de notre relation et j'étais triste. Et puis, à quoi aurait servi une punition ? Qu'en serait-il sorti ? Rien. Je lui ai dit que j'allais y penser et que dès que je penserais avoir retrouvé la maîtrise de moi je lui ferais savoir ma décision à son égard... et de ne pas s'en faire pour son chevalier à qui je ne ferais rien.

"Après ce jour, bien sûr, nous n'avons plus partagé le même lit. Il me manquait, il me manquait beaucoup... Je l'ai fait appeler et je lui ai dit avoir décidé que s'il voulait continuer à travailler pour moi il pouvait le faire, mais que pour le reste je préférais qu'il se limite à son chevalier. Je n'avais pas envie de le partager. Godaliufs m'a dit qu'il ne pouvait assurément pas revoir son compagnon avec lequel il ne pourrait pas vivre sans éveiller les soupçons.

"J'ai rétorqué que même si j'étais loin de vouloir le punir il ne pouvait pas attendre de moi de faire en sorte qu'ils puissent se voir sans problèmes. Godaliufs alla dormir dans une autre chambre de l'évêché et son chevalier resta au château.

"Une fois calmé et redevenu maître de mes émotions et de ma raison, je me suis rappelé que tu avais, à l'époque, fait en sorte de protéger et de rendre possible notre amour. Alors j'ai décidé d'envoyer Godaliufs dans une de mes maisons de campagne sous prétexte de lui faire surveiller le travail des paysans de corvée pour tenir en l'état les routes et les ponts qu'il fallait maintenir. Je lui ai dit que pour l'aider en cas de problèmes avec les paysans, j'allais lui assigner un homme d'armes... et j'ai choisi ce chevalier.

"Ils sont partis tous les deux partager la même maison sans donner lieu à soupçons. Moi je ressentais de plus en plus la solitude et l'absence de Godaliufs. Le souvenir m'obsédait de la vision d'eux deux, nus, faisant l'amour avec passion sur ce qui avait été notre lit, j'étais partagé entre l'envie et l'auto affliction, je me demandais quand prendrait enfin fin l'amour et le désir que je persistais à sentir brûler en moi pour l'amant que j'avais perdu.

"Cinq mois passèrent et je ressentais de plus en plus fort son absence, j'étais loin de l'oublier ! Oh, je lui avais tout pardonné et je me consumais à me demander de quoi j'avais fait manquer Godaliufs pour le jeter dans les bras de ce type.

"Puis un jour Godaliufs est venu me voir. Il m'a demandé si je pouvais lui accorder un moment. Je l'ai emmené dans ma chambre où personne ne nous dérangerait ni ne nous écouterait.

"Et il m'a dit que cela faisait un mois qu'il n'avait plus de rapports, sinon formels, avec le chevalier. Il m'a dit qu'il avait décidé qu'il devait y mettre fin après avoir compris que ce qui les liait n'était que plaisir, lui au chevalier comme le chevalier à lui, à l'exclusion de l'amour. Puis, la voix tremblante et en faisant des efforts pour ne pas pleurer, il m'a dit que moi seul lui avais vraiment donné de l'amour, qu'il était désolé d'avoir tout gâché, de m'avoir blessé et trahi... qu'il ne me demandait rien d'autre que mon pardon et de le laisser partir n'importe où en exil.

"J'ai à mon tour fait des efforts pour que ma voix ne tremble pas et je lui ai demandé s'il pensait encore m'aimer. Il m'a répondu d'une voix cassée s'être rendu compte trop tard qu'il n'aimait nul autre que moi... L'émotion était si forte, ai-je réalisé, que Godaliufs comme moi tremblions comme pris de fièvre tierce. Et lui avait les yeux rivés au sol.

"Je lui au demandé encore s'il pensait vraiment m'aimer, si ce n'était pas que remords de sa part. Il m'a répondu tout penaud qu'il avait autant d'amour que de remords et qu'il voulait, avant de partir à jamais, implorer une fois encore mon pardon.

"Là je n'en ai plus pu, je l'ai pris dans mes bras, je lui ai dit que mon amour pour lui était intact, que j'avais besoin de lui et que si vraiment il m'aimait, s'il en était sûr, je voulais qu'il revienne avec moi... et nous avons fini par fondre en larmes tous les deux. Il m'est revenu... et lui comme moi nous avons retrouvé le bonheur."

Wilibert, très ému, lui dit : "Vous avez retrouvé le bonheur parce que tu n'as pas cessé de croire à l'amour et parce que Godaliufs a eu l'humilité de te demander pardon et de te dire qu'il t'aimait encore, si certain qu'il soit que tu ne veuilles plus rien savoir de lui. Celui qui croit en l'amour n'est jamais déçu, parce que l'amour vrai n'apporte jamais de déception mais juste espoir et confiance."

Liutpold lui demanda : "Et toi, tu n'as jamais eu de problèmes avec ton Waldemar ?"

"Non, jamais. On pourrait croire au miracle, mais après toutes ces années ensemble, jamais n'est apparu le moindre problème entre nous. Parfois nous avons eu des divergences, des discussions, mais elles ont toujours été calmées par notre amour et le respect mutuel. D'ailleurs même sur le côté physique nous mettons toujours la même passion dans nos rapports, le même désir, malgré les ans qui pèsent sur nos épaules. Parfois je me dis que c'est un vrai miracle."

"Oui Wilibert, mon cher frère et ami, c'est le miracle de l'amour."


Des mois passèrent. Lorsqu'il le pouvait, l'archevêque Wilibert aimait discuter avec le petit Wilibert, le fils de Friedbalths. L'enfant grandissait, sain, fort et beau, vif comme le vif argent, mais aussi gentil que son père et sa mère, une lueur espiègle dans les yeux mais toujours obéissant.

Parfois le garçon, assis sur les genoux de Wilibert, lui caressait la joue de sa petite main en disant : "Tu sais que je t'aime beaucoup ?"

L'archevêque, ému, répondait en caressant ses boucles douces comme de la soie fine : "Je le sais, mon petit. Moi aussi je t'aime beaucoup."

Redrafrits avait été ordonné prêtre et il habitait toujours à l'évêché où il secondait avec une application infatigable et avec joie le travail de Wilibert et Waldemar. Il était toujours joyeux et disponible, et si parfois un voile passait sur ses beaux yeux clairs c'était qu'il sentait ne pas pouvoir faire assez pour les autres. Il partageait les peines et les joies de tout le monde.

Un jour que Redafrits était seul avec Waldemar ils discutaient de la meilleure façon d'aider le maître Basilius à réorganiser la Schola dont il était devenu le doyen, et qui se faisait trop petite pour le nombre croissant d'étudiants qui y affluaient de tous les coins de l'Empire.

Il fallait choisir entre bâtir un autre bâtiment, ce qui réduirait le jardin à bien peu, ou séparer la Schola en deux établissements séparés, peut-être un pour les petits et un pour les grands, ou encore déplacer tout le monde à un endroit très spacieux où on pourrait construire un nouveau bâtiment. Chaque solution avait ses avantages et ses inconvénients.

"Wilibert apprécie que la Schola soit près de la Cathédrale. Et le jardin est important pour les garçons, sans compter qu'il serait bon que petits et grands restent ensemble, les grands pouvant servir d'exemple et de guide aux petits dont ils prennent soin et à qui ils apprennent à assumer leurs responsabilités." dit Waldemar.

"Les deux maisons qui ferment la place appartiennent l'une à Marbert, le marchand de tissus, qui a un beau jardin et l'autre à Sighardt, le maquignon. Si nous pouvions les acquérir, la Schola aurait en même temps suffisament de pièces et un assez grand jardin." fit remarquer Redafrits.

"J'ai parlé avec Sighardt : il serait prêt à nous vendre sa maison, et à un bon prix. Mais Marbert m'a l'air plein de réluctance. Et Wilibert, tu le connais, n'est pas prêt à lui imposer de vendre, bien qu'il en ait le pouvoir et le droit." dit Waldemar.

"Oui, je sais. Wilibert pourrait même réquisitionner sa maison, comme nombre de seigneurs le feraient. Mais ce n'est vraiment pas son genre... Ah, si seulement nous avions une autre façon de convaincre ce commerçant..." dit Redafrits.

"Cela nous permettrait de relier la Schola aux deux autres maisons en construisant contre leurs façades des arcades qui au rez-de-chaussée laisseraient des passages de la place vers les deux rues qui séparent les trois édifices et les raccorder au premier étage de façon à ce qu'on puisse passer de l'une à l'autre sans quitter la Schola. Cette solution, en outre, rendrait encore plus belle et élégante toute la place." fit remarquer Waldemar.

"Ce marchand doit pourtant bien avoir un point faible... quelque chose sur quoi faire levier pour le convaincre de vendre."

"Et quoi ? Il a tout : son affaire marche bien, il est riche, il a une épouse belle et fidèle, la santé, trois enfants... Si seulement nous savions comment le persuader... Wilibert serait ravi de cette solution qui répond à tous les problèmes."

"Les marchands, souvent, surtout les riches, envient les nobles..." dit Redafrits, songeur, "J'ai lu dans les archives qu'il fut un temps où le village de Tinesbruck, à côté de Tretlingen, était un petit fief, qu'il avait un margrave, avant d'être intégré au fief de Tretlingen. Si Wilibert, en échange de sa maison, le faisait margrave de Tinesbruck... tu ne crois pas qu'un blason pourrait faire craquer ce marchand ? L'idée qu'on puisse l'appeler Marbert von Tinesbruck ne serait-elle pas ce qu'il lui manque pour être fier de lui ?"

"C'est peut-être une idée... Il faudrait que je le sonde et si tu avais raison je demanderais à Wilibert de reconstituer ce minuscule fief et de l'y nommer margrave. Wilibert serait certainement ravi de pouvoir agrandir la Schola et le jardin, comme il en rêve, sans leur faire quitter l'ombre de la cathédrale !"

"Tu aimes beaucoup Wilibert et lui aussi t'aime beaucoup, n'est-ce pas, Waldemar ?"

"Oui, une profonde affection et une longue vie commune nous unissent." répondit le chancelier.

"Je crois qu'il y a plus. Votre amour mutuel est si beau, cette façon de tout partager, autant sur le plan spirituel que matériel... Pour moi qui ai la chance de vivre en si étroit contact avec vous, c'est un plaisir de voir que vous n'êtes plus deux personnes différentes mais un être unique. Les deux faces de la même pièce d'or fin."

Waldemar le regarda, songeur, en se demandant si Redafrits avait compris la vraie nature de leur union. Et s'il l'avait comprise, comment la jugeait-il en son for intérieur, malgré la belle description qu'il en faisait. Comme en réponse à cette question muette, Redafrits poursuivit :

"S'il m'arrivait jamais de souhaiter une compagnie intime, je voudrais partager avec elle le même lien qui t'unit à Wilibert."

"Le même lien, dis-tu ?"

"Oui, la même union, le même amour."

"C'est donc si... évident, ce qui nous unit ?" demanda Waldemar, décidé à en savoir plus mais sans se dévoiler.

"Pour moi qui vous aime et qui vis avec vous, oui. Oh, ne crains rien, Waldemar, je crois que personne ne sait ce que j'ai compris depuis longtemps."

"Et qu'as-tu compris ?"

"Que vous êtes liés par un amour complet qui a abrogé toute frontière entre vos corps..."

"Et cela ne te trouble pas ? Ne crois-tu pas qu'il soit... mal de nous aimer... plus que ne le tolèrent les lois ?"

"Au contraire, je vous admire, et votre belle union m'enchante. Je te l'ai dit, s'il m'arrivait un jour de désirer avoir un compagnon, je voudrais vivre avec lui comme vous vivez tous les deux."

"En sentirais-tu le besoin ? Y aurait-il quelqu'un qui..."

"Non, je suis très bien comme je suis. Je me contente de dire que votre amour est ce que j'ai vu de plus beau entre deux êtres."

"Et pourtant, si le monde savait, il nous condamnerait à une horrible fin."

"Oh, le monde... il est rare qu'il sache voir le beau et le bien et qu'il sache les apprécier. Les yeux et les cœurs impurs voient le mal partout."

"Et toi, tu ne vois pas de mal dans notre amour... charnel ?"

"Notre chair n'est-elle pas le seul moyen que nous ayons d'exprimer ce que nous sommes et ce que nous sentons ? Sans cerveau nous n'aurions ni pensées ni raison. Sans lèvres et sans langue nous n'aurions pas la parole. Sans cœur nous n'aurions pas d'amour et sans foie pas de courage... Comment pourrais-je voir le mal dans le fait que vos corps, dans leur union, matérialisent votre amour mutuel ? Un amour si fort, si profond et si vrai qu'il ne connait ni limites, ni barrières, ni frontières, ni lois !

"D'autre part je crois que la loi devrait être au service de l'homme et non l'homme au service de la loi. Saint Paul n'a-t-il pas dit que notre Seigneur est venu parmi nous pour abolir la loi ? L'homme est faible et a besoin de lois, mais pas de lois qui condamnent le vrai amour. La loi doit éviter et punir la méchanceté et limiter le plus possible le mal qu'un homme peut faire à un autre homme."

"Mais tu sais que l'Église condamne notre amour."

"Si un Seigneur promulguait une loi interdisant à ses sujets de manger, le sujet qui se nourrirait secrètement serait puni pour avoir violé la loi de son Seigneur, s'il était surpris. Mais les coupables seraient le Seigneur et sa loi, pas le sujet. C'est ma conviction profonde."

Waldemar sourit : "Prends garde, Redafrits, si quelqu'un t'entendait dire cela, tu serais accusé d'hérésie et de blasphème !"

"Notre Seigneur Jésus aussi, sans que je veuille me comparer à lui, a été condamné pour hérésie et blasphème par le Sanhédrin. Son message n'en est pas moins véridique et juste. Le Sanhédrin était, en ce temps, ce qu'est aujourd'hui l'Église pour nous. Le Sanhédrin avait tort en croyant suivre la volonté du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Certains de ses membres étaient sans doute de bonne foi, d'autres non... tout comme dans notre Sainte Église."

"Tu es une vraie graine d'hérétique !" conclut Waldemar, hilare.

Les jours suivants, Waldemar sonda prudemment le marchand Marbert et vit que Redafrits avait vu juste. Le marchand aurait donné un œil contre un titre de noblesse mais il considérait ça comme un rêve inaccessible. Il n'eut aucun mal à convaincre Wilibert de le faire margrave de Tinesbruck contre sa maison et son jardin, Marbert s'installa dans le petit village dont il fit restaurer l'antique petit château et céda sa maison et son jardin à son prince-archevêque qui put aussi acquérir l'autre maison voisine de la Schola.

La construction des arcades en pierre, surmontées d'un étage qui unissaient les trois façades, fut aussitôt lancée pour initier la plus grande Schola de saint Luc. Au milieu de la loggia fut placée dans une niche la statue en bois de saint Luc, offerte bien longtemps avant par l'Empereur.

À l'occasion de l'inauguration et de la bénédiction du bâtiment, maître Basilus et son amant, désormais lui aussi professeur à la Scola, furent faits chevaliers par Wilibert. Après la cérémonie, les élèves de la Schola donnèrent à Wilibert un beau parchemin, écrit de leur main, avec le début de l'évangile de saint Luc.


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© Matt & Andrej Koymasky, 2015