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histore originale par Andrej Koymasky


RENCONTRES ROUMAINES CHAPITRE 9
BELA SCHISILESCU

En 2001, Bela passa la maîtrise en journalisme et communication sociale, avec d'excellentes notes. Quand, en été, il alla le voir, le garçon lui dit qu'il était à la recherche d'un travail comme journaliste, mais c'était plus difficile qu'il ne le pensait : sans quelqu'un qui le recommande, aucun journal ne l'embaucherait.

Il était donc en train de penser à chercher n'importe quel autre travail et de renoncer à son rêve, d'abandonner l'idée d'être journaliste.

Alors Marcello lui dit : "Qu'est-ce qui te retient, maintenant, ici en Roumanie ? Pourquoi ne viens-tu pas en Italie ? Je crois que, avec tes compétences linguistiques et ta préparation, et avec l'aide de mes amis et la mienne, il te sera plus facile de trouver un emploi comme journaliste."

"Ça me plairait... Mais je ne voudrais pas être un poids, si je viens chez toi."

"Non, pas du tout, au contraire. Écoute, confie ta maison et le terrain à ton pope, prends tes affaires et viens chez moi. Ma maison est grande, il y a une pièce libre pour toi. Qu'en penses-tu, Bela ?"

"Je sais que Danut rêvait de pouvoir venir en Italie... Il n'a malheureusement pas pu réaliser son rêve... Il en parlait toujours... Cela lui aurait plu de venir chez toi. Mais je ne suis pas Danut..."

"Ça n'a rien à voir. Tu m'as dit une fois que je suis un peu ta famille, non ? Allez, j'en serais heureux..."

"Je pense que j'en serais heureux, moi aussi... Puis-je y penser encore un peu ? Puis-je te donner une réponse dans quelques jours ?"

"Je dois rentrer. Penses-y, et quand tu as décidé, écris, ou téléphone-moi. À tout moment, ma maison est ouverte pour toi."

Un mois plus tard, Marcello reçut un appel de Bela : "J'y ai pensé. Si tu veux, je vais faire les documents, je donne le champ et la maison au pope, je prends mes affaires et je viens."

"Très bien, très bien. Pourquoi tu n'envoies pas ici, tes affaires ?"

"Je n'ai pas beaucoup à porter. Une, maximum deux valises."

"Comme tu penses. Fais-moi savoir quand tu es prêt, dis-moi avec quel vol tu viens, et je viens te chercher à l'aéroport. Évite seulement de venir en Novembre, parce que je dois aller en Amérique pour mon travail. Mais avant ou après c'est très bien."

Marcello était heureux que le garçon ait décidé d'aller chez lui. Il appela une agence de nettoyage et fit nettoyer à fond la chambre d'amis. Il la prépara pour accueillir le garçon.

Il dut aller en Amérique. Puis il rentra et Bela lui dit qu'il viendrait le 12 Décembre à 19h45, avec le vol Alitalia 505. Marcello lui dit qu'il l'attendrait à la sortie de vols internationaux.

Quand de la porte coulissante sortit le garçon poussant un chariot avec deux grandes valises et un sac de voyage, pour un instant, il sentit un serrement de cœur : il portait la vieille veste en duvet qu'il avait donnée des années auparavant à Danut et, il était sûr, le même jean Levi's 505. Il avait le même sourire, les cheveux un peu plus clairs et plus courts, et la stature un peu plus élevée, mais il était le portrait de Danut.

Il alla à sa rencontre.

"Bienvenu en Italie, Bela. As-tu fait un bon voyage ?"

"Oui, excellent, merci. Moins de six heures. Ils m'ont fait un peu d'histoires pour les bagages qui pèsent trop, parce qu'il y a tous mes livres, mais ils m'ont laissé partir sans me faire payer la différence."

"As-tu mangé ?"

"Oui, dans l'avion. C'est agréable de voler, je ne pouvais pas imaginer que c'était ainsi. Être là-haut, au-dessus des nuages, c'était exaltant."

"Viens, j'ai la voiture au parking. Nous chargeons tes valises et on rentre à la maison. Pendant que j'attendais l'heure de venir te chercher, j'ai préparé quelque chose pour le dîner."

Les valises étaient vraiment lourdes. Il fit asseoir Bela et demarra. Le garçon regardait par la fenêtre, et commentait étonné ce qu'il voyait passer. À Marcello l'excitation du garçon l'attendrit. Qu'il ressemblait à Danut ! Il avait aussi la même simplicité spontanée... Ce n'était pas Danut, il y avait aussi quelques différences, et pas seulement physiques, mais il était incroyablement semblable au Danut qu'il avait rencontré ce soir-là aux limites du parc...

Arrivés à la maison, Marcello aida le garçon à transporter les bagages dans la chambre qu'il avait préparée pour lui. Bela ouvrit tout de suite une des valises et en sortit deux paquets.

"Cela c'est notre pope qui te l'envoie. C'est lui qui l'a peinte..."

Marcello ouvrit le paquet. Il contenait une icône avec trois anges peints, représentant la Trinité. Marcello vit immédiatement que les visages des trois anges avaient une assez vague mais claire ressemblance de son visage, de celui de Danut, et de celui de Bela.

"Elle est très belle. Je vais la mettre dans le salon, elle y sera très bien."

"Le pope m'a dit qu'il a voulu leur donner notre aspect... Toi, Danut et moi..."

"Alors ce n'est pas une coïncidence..." murmura Marcello.

"Non, il a dit que nous sommes trois anges... qu'il lui semblait juste de les peindre ainsi." Dit Bela avec un léger sourire. Puis il tira de la valise un autre paquet et le lui tendit : "Et ceci est mon cadeau. Une petite chose..."

Marcello ouvrit le deuxième paquet: il contenait un support de bougie de fer entouré par quatre vitraux style Tiffany peint à la main, qui représentaient stylisées les quatre saisons.

"Il est vraiment beau, élégant. Celui-ci, sur la table de salle à manger, va faire un bel effet. Merci..."

"Je suis content que tu l'aimes. C'est un artisan de Ploiesti qui l'a fait. Il s'est inspiré des vitraux de la cathédrale."

"Allez, maintenant. Je vais te montrer la maison. Veux-tu prendre un bain, une douche ?"

"Oui, je te remercie..."

"Nous dinons après. Viens."

Il lui fit visiter l'appartement. Bela dit qu'il était très beau, il observait tout soigneusement, il lui posait des questions... Quand il vit la photo de Danut sur la table de chevet à côté du lit de Marcello, il prit en main le cadre et la regarda.

"Il était heureux, Danut, chaque fois qu'il pouvait être avec toi..."

"Moi aussi, mais je l'ai compris mieux seulement après qu'il soit parti. Il est curieux de voir comment nous apprécions vraiment les fortunes de la vie quand nous les avons perdues..." dit doucement Marcello.

"Tu lui as voulu grand bien."

"Il était impossible de ne pas lui en vouloir."

"Les mêmes mots qu'il me disait, quand il me disait combien il était amoureux de toi. Tu as été la personne la plus importante dans sa vie. Tu lui as donné plein de bonheur."

"J'aurais voulu lui en donner même plus... J'aurais voulu pouvoir lui en donner encore... Et je ne lui ai pas même dit que j'étais amoureux de lui, parce que je ne l'avais pas encore réalisé."

"Mais maintenant, il le sait..." dit Bela doucement, en plaçant soigneusement le cadre sur la table de chevet.

Marcello lui donna un peignoir d'éponge : "Mets-toi cela, quand tu auras pris ton bain. Je vais à la cuisine pour finir de préparer le dîner."

Il mit à la table, il sortit du frigo les plats qu'il avait préparés, puis prépara le café. Lorsque Bela entra dans la cuisine, Marcello le fit asseoir et mit le premier plat dans le micro-onde pour le chauffer. Puis il le mit à table.

"Prends en autant que t'en veux. Ici, chez moi chacun se sert tout seul. Pareil pour le vin et l'eau. Et ne fais pas de compliments, ici c'est ta maison, maintenant."

Le garçon mangea lentement mais avec un plaisir évident : aussi en cela il lui rappelait Danut. Ils parlèrent pendant qu'ils mangeaient. C'était évident que Bela avait une culture que Danut n'avait pas pu avoir. Mais il était tout aussi agréable de parler avec le garçon. Marcello se dit qu'il devait arrêter de comparer Bela avec Danut.

Plus tard, Marcello pensa qu'il valait mieux aller se coucher. Il dit bonne nuit au garçon, et alla dans sa chambre. Il avait apporté le coffret avec les lettres de Danut pour les relire toutes. Puis, il les remit soigneusement dans le coffret, donna un salut silencieux à la photographie de Danut, éteignit la lumière et se mit à dormir.

Les jours suivants, Bela alla pour quelques entretiens d'embauche que Marcello lui avait fixés, grâce à ses amis. Chaque soir, il lui parlait de ses entretiens et les commentait. Marcello lui avait donné une copie des clés de la maison afin que le garçon soit indépendant.

Après moins d'un mois, Bela fut pris à l'essai dans un journal national : il était excité et heureux. Revenu de son premier jour de travail, il lui dit tout ce qu'il avait fait, lui parla de ses collègues, des dirigeants de l'atmosphère qui régnait au journal.

"Eh bien, tu es bien content, pour le moment." Dit Marcello.

"Oui, tout me semble si beau..."

"Dans tous les métiers, tôt ou tard, sortent aussi les aspects les moins attrayants : l'envie de ses collègues, les dirigeants antipathiques, les choses que nous n'aimons pas, mais qu'on doit faire également..."

"Oui, bien sûr. Mais pour l'instant, l'impression est très bonne. Ils semblent tous très gentils et disponibles. De toute façon, je ferai de mon mieux pour qu'ils soient heureux avec mon travail. Oui, je suis content. Un bon travail qui me plaît, une belle la maison, et être ici avec toi... Je ne pouvais pas demander plus de la vie."

"Ça me fait plaisir. Et que penses-tu de ma cuisine ?"

"J'aime la cuisine italienne, et tu cuisines bien. Je dois faire attention à ne pas manger trop, ou tu vas me faire engraisser." Répondit le garçon gaiement.

Ils étaient bien ensemble. Bela, au début, était un peu timide et réservé, mais peu à peu il s'ouvrit et commença à se comporter plus spontanément.

Tard un après-midi, Bela rentra à la maison radieux : "On m'a engagé avec un contrat permanent, ils sont heureux de mon travail !" s'exclama-t-il.

Il entama comme un pas de danse, il arriva en face de Marcello et, impulsivement l'étreignit heureux. Marcello à son tour le serra, instinctivement. Puis Bela, les yeux brillants, l'embrassa sur la bouche avec passion.

Marcello en fut un peu surpris, ne s'y attendant pas, et sans se soustraire, ne répondit pas à ce profond et chaud baiser.

Bela se détacha légèrement de lui et, en le regardant avec des yeux brillants, dit : "Prends-moi dans ton lit, Marcello... fais l'amour avec moi..."

Maintenant Marcello était complètement déconcerté. Ce contact chaleureux avait causé une forte excitation, mais il avait cru que l'étreinte et le baiser étaient seulement un excès d'enthousiasme et de bonheur. Il ne se doutait pas qu'ils pouvaient avoir une autre signification.

"Mais... Bela... tu..."

"Je t'aime aussi, Marcello. J'ai appris à t'aimer de quand Danut me parlait de toi... S'il te plaît, Marcello, ne me dis pas non... fais l'amour avec moi..."

"Mais tu... tu l'as déjà fait... avec un homme ?"

"Oui... tu sais, ce garçon de la pompe d'essence dont t'avait parlé Danut... C'était en réalité avec moi qu'il faisait l'amour, pas avec lui..."

"C'était ton petit ami ? Tu as regretté de le quitter ?"

"Non, il n'était pas mon petit ami, on s'amusait juste ensemble..."

"Et maintenant... tu veux t'amuser avec moi ?"

"Mais non, je te l'ai dit. Quand j'ai senti la force de l'amour de Danut pour toi... J'appris à t'aimer aussi... Je ne suis pas Danut... Je ne veux pas prendre sa place... mais moi aussi je suis amoureux de toi. Je l'étais, avant de venir ici, en Italie. En vivant avec toi... je suis tombé amoureux encore plus qu'avant. Prends-moi dans ta chambre, Marcello... Je sais que tu me veux, je sais que je te plais bien, je sais que tu n'es pas indifférent à moi... Je l'ai aussi senti tout à l'heure... "

"Oui, Bela, je te... tu me plais soit physiquement soit comme caractère, je t'aime beaucoup. Mais j'ai quarante-trois ans, toi vingt et un..."

"Danut aussi avait vingt ans, quand tu l'as rencontré. Je te désire, Marcello, je veux être à toi. Et je sais qu'aussi tu me désires... et pas seulement parce que je te rappelle Danut. Je veux devenir ton garçon, Marcello. S'il te plaît ... emmène-moi dans ta chambre, prends-moi !"

Marcello se sentait confus : oui c'était vrai, il se sentait très attiré par ce garçon frais, doux, spontané, gai...

Bela l'enlaça étroitement et l'embrassa à nouveau, en adhérant à son corps. Cette fois Marcello retourna le baiser et se sentit tout le corps en flammes. Il l'étreignit, puis il se détacha de lui, prit sa main et le conduisit dans sa chambre. Bela alla devant lui et commença à lui ouvrir les vêtements avec des mains fébriles. Alors, Marcello commença également à retirer les vêtements du garçon.

Quand ils furent nus, le garçon fit un pas en arrière et le regarda de la tête aux pieds : "Je ne t'avais jamais vu nu... Danut avait raison, tu es aussi très beau !"

"N'exagère pas. Toi tu es beau, pas moi..." murmura Marcello ému.

"Viens..." dit le garçon. Il se coucha sur le lit et le tira sur lui. "Je sais que tu ne veux pas le faire en hâte. Nous avons assez de temps avant le dîner... Nous avons tout le temps que nous voulons ; tu me prends d'abord... Je ne peux plus attendre de t'avoir en moi... Fais-moi tien... deviens mon homme !"

Marcello perdit le dernier vestige d'hésitation, et se consacra entièrement au garçon avec passion, désir, chaleur. Leurs membres s'entrelaçaient et se déliaient sans cesse ; leurs mains, leurs lèvres, leurs langues exploraient avec plaisir le corps de l'autre. Marcello se sentait exalté par la passion du garçon qui voulait se donner à lui, qui voulait être le sien.

"Dieu, que tu es beau, Bela !"

"Tu me veux ?"

"Oui, je te veux..."

"Fais-moi tien, alors... Je ne peux plus attendre..."

"Attends..." dit Marcello.

Il sortit du tiroir de la table de chevet la boîte de préservatifs. Bela les lui enleva des mains, en pris un et avec des mains délicates, mais sûres, il le mit sur le membre dur de l'homme. Puis, avec un joli sourire, il s'offrit à Marcello.

L'homme lui prit les jambes et les lui fit appuyer sur ses épaules, puis il prit le garçon, glissant en lui d'une simple pression bien calibrée. Bela l'accueillit avec un long soupir bas et murmura : "Enfin..."

Marcello commença à bouger en lui, encouragé par le sourire heureux du garçon.

"Cela te plaît, Marcello ? Es-tu content que je sois à toi ?"

"Oui, Bela... c'est très beau..."

"Ne t'arrête pas, cette première fois, s'il te plaît... C'est trop bon de te sentir enfin en moi. Allez... allez..."

Marcello était ravi. Il sentait le plaisir s'accumuler en lui et dans le doux garçon. Il guettait la belle figure de Bela où la jouissance fleurissait. Il ne se retint pas, il passa le point de non-retour et pendant qu'il déchargeait en lui avec des frétillements vigoureux, il sentit que Bela aussi avait atteint un orgasme fort et agréable, gémissant doucement : "Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime..."

Ils se détendirent enlacés. Lorsque leurs respirations et leurs cœurs retrouvèrent le calme, Bela murmura joyeusement : "Je suis enfin à toi... ton garçon. Voilà pourquoi je suis venu en Italie, chez toi, juste pour ça... J'espérais que tu acceptes de devenir mon homme... "

"Mais Danut, habituellement, en plus de se faire prendre par moi, il me prenait. Toi aussi..."

"Je ne suis pas ton Danut, Marcello. Je ne suis pas, je ne peux pas. Si cela ne te dérange pas, je préfère être le tien, me faire prendre par toi... N'as-tu pas vu combien est fort le plaisir que tu me donnes ? Je suis déjà venu, à te sentir venir en moi. Est-ce que tu regrettes si je dis non ?"

"Non... Si tu es vraiment content... Cela a été très beau."

"Je suis ton petit ami maintenant, non ? Tu es mon homme, non ?"

"Oui, Bela. Tu es et tu seras le seul."

"Oh, ça ne fait rien, aussi longtemps que tu me veux avec toi. À moi, il me suffit d'être ton garçon. Tu ne dois pas te faire ces problèmes, parce que je t'aime."

"Je ne me fais pas aucun problème. Mais si je suis ton homme, comme tu le dis, je ne peux pas être l'homme d'un autre."

"Les musulmans peuvent avoir deux femmes..."

Marcello rit : "Mais je ne suis pas musulman, ni tu es ma femme. Tu es mon garçon."

"D'accord. Mais si tu sens l'envie de le faire avec un autre mec, tu peux. Tout ce que je veux c'est continuer à être avec toi."

"Si cela est juste, il faut aussi l'appliquer à toi."

"D'accord. Marcello ?"

"Qu'y a-t-il, mon petit ?"

"J'ai faim... On va dîner ?"

"Hey, il est déjà neuf heures. Je ne l'avais pas remarqué. Oui, allons dîner. Allez, habille-toi et viens à la cuisine."

Comme ils mangeaient, Bela lui demanda : "Alors, maintenant, je peux venir dormir avec toi ? Cela me plairait."

"Bien sûr que tu peux."

"Et... nous ferons l'amour à nouveau, cette nuit ? Ou demain matin avant de partir au travail..."

"Tu sais que ça me semble une très bonne idée?" dit Marcello espiègle.

"Vrai ?" Dit Bela, rayonnant, et il caressa légèrement son bras.

"Vraiment, tu es venu en Italie que pour devenir mon garçon ?"

"Je ne t'ai jamais menti... Ah si, deux petites choses que je t'ai dit..."

"Une je me la rappelle : quand t'as dit au pope que je lui envoyais de l'argent. Mais l'autre ?"

"Ce n'est pas vrai que je ne pouvais pas trouver un bon travail à Bucarest. Avant que je prenne la maîtrise, mon professeur m'avait recommandé à un journal. J'aurais du me présenter après l'obtention du diplôme. Mais je te l'ai pas dit parce que j'espérais que tu me dises de venir travailler en Italie..."

"Alors, pourquoi tu m'avais dit que tu voulais y penser ?"

"Parce que je voulais vraiment y penser. Si tu ne me disais pas de venir, j'aurais pris ce travail. Mais quand tu m'as dit de venir... je me suis demandé comment ce serait si tu ne voulais pas de moi comme ton garçon. Donc, j'ai du y réfléchir... "

"Et si avant je t'avais dit non ?"

"J'avais décidé de prendre le risque, et en tout cas je voulais vivre à côté de toi... Bien que je ne sois pas Danut... après tout ce qu'il a fait pour moi et maman... je sentais que je devais faire ce qu'il aurait voulu faire et qu'il ne pouvait plus. Mais ce n'était pas juste pour Danut, c'était pour moi aussi... Je t'ai dit que je me suis aperçu que j'étais en train de tomber amoureux de toi, non ?"

Oui, Bela lui rappelait Danut pour beaucoup de choses, mais il était différent de son frère beaucoup plus que ce qu'il pouvait sembler au premier abord. Marcello n'aurait pas été en mesure de choisir entre les deux garçons, s'il l'avait fallu. Il sourit intérieurement, il aurait pu se faire musulman et les prendre tous deux comme ses garçons...

Leur vie commune changea après le jour où ils avaient fait l'amour pour la première fois : elle devint même plus agréable qu'auparavant.

Lorsque Bela reçut son premier salaire, il voulut tout donner à Marcello. Au début, l'homme avait refusé, puis, sur l'insistance du garçon, il accepta, mais il voulut aller à la banque et mettre la signature de Bela conjointement sur son compte. À cette occasion, aussi, ils décidèrent qu'ils allaient envoyer, trois fois par an, de l'argent au pope pour ses pauvres.

Ils revinrent aussi, été 2002 en Roumanie, et Bela, fit don de la maisonnette et du terrain au pope. Celui-ci y avait déjà mis une famille de pauvres, et il les remercia, profondément ému, aussi pour l'argent qu'ils lui envoyaient.

Quand Marcello dut élaborer une partie du sky-lab, Bela en fut fier et convainquit son journal de publier un article dans lequel il parlait du sky-lab et de la contribution que l'ingénieur Marcello Bernardini y avait apporté.

Bela et Gheorghe étaient devenus amis, et souvent lui et Marcello l'invitaient à aller passer avec eux le week-end.

Parfois Marcello, parfois Bela, devaient faire un voyage pour le travail. Quand ils revenaient, ils étaient toujours très heureux d'être à nouveau ensemble.

Marcello, plusieurs fois au cours de ses voyages de travail, rencontra des garçons qui lui avaient proposé de faire l'amour, mais l'homme, même si l'un d'eux l'avait attiré fortement, refusa toujours : il ne le sentait pas, il était trop attaché à Bela.

Il se demanda si ce qui le liait au garçon était seulement une affection forte ou de l'amour vrai. Il ne voulait pas refaire l'erreur qu'il avait faite avec Danut en ne s'apercevant pas qu'il l'aimait... Mais aussi l'erreur qu'il avait faite avec Gheorghe à lui dire qu'il l'aimait, puis à se séparer de lui.

Parfois, Marcello et Bela allaient ensemble dans quelques bars gays, des pubs, des discothèques. Ainsi Bela connut les amis de Marcello et se fit de nouveaux amis. Ils commencèrent à les inviter à leur domicile, ou même d'accepter des invitations chez ces derniers.

Une nuit, après être allé voir un film avec certains de leurs amis, revenus à la maison, ils commencèrent à faire l'amour. Marcello demanda à Bela :

"Es-tu heureux, Bela, d'être avec moi ?"

"Pourquoi me le demandes-tu ? Il te semble que je ne le suis pas ?"

"Non, ce n'est pas ça, mais je me demande si je suis en train de te donner assez..."

"Quelles idées, quels problèmes te fais-tu ? Bien sûr que je suis heureux. Mais... par hasard... tu n'es pas content d'être avec moi ?"

"Mais bien sûr que je suis heureux d'être avec toi. Et je voulais te dire une chose..."

"Dis-moi..."

"Je t'aime aussi, Bela. Je ne te l'ai jamais dit avant, parce que je voulais en être bien sûr. Maintenant, je le suis. Je t'aime aussi... et beaucoup."

"Eh bien... moi, ça, je l'avais déjà compris. Mais je suis heureux que tu me le dises. Il semble presque que tu as peur de ce mot, mais tu as finalement gagné sur cette peur..."

"Oui, tu as raison, j'en avais un peu peur. Pendant des années, j'ai dit que je ne croyais pas à l'amour... et quand je suis tombé amoureux sérieusement... l'autre m'a laissé grossièrement. Donc, la peur était revenue."

"Ce Daniel ? Oui, tu m'en as parlé..."

"Il m'a fallu un bon moment pour me désaimer de lui. Danut m'a aidé en cela. Mais j'était encore un peu hésitant à reconnaître l'amour."

"Danut était sûr que tu l'aimais, comme j'en étais sûr moi aussi, juste avant que tu me le dises. Danut, puisqu'il t'aimait, avait été capable de lire dans ton cœur mieux que toi même. Mon frère m'avait dit que toi, dès la première fois, tu ne voyais pas en lui un tapin, il m'a dit que ce n'était donc pas pour ça que tu ne lui avais pas dit que tu étais amoureux de lui. Il ne savait pas ce que tu m'as raconté, il ne savait pas tout sur Gheorghe, sur Daniel, cependant, il avait réalisé que le problème n'était pas lui, mais qu'il y avait quelque chose dans ton passé."

"Vous vous disiez vraiment tout, toujours, vous deux ?"

"Oui. Depuis que j'étais petit. Il m'a servi un peu de père. Aussi quand je me suis aperçu que j'aimais mes compagnons, les garçons, pas les filles, j'ai parlé avec lui tout de suite. Alors il m'a dit que pour lui, c'était pareil. Il m'a aidé à mieux me comprendre, à vivre sans trop de peine ma diversité."

"Et quand il t'a dit comment il gagnait l'argent qu'il ramenait à la maison, comment as-tu réagi ?"

"Au début, je suis resté un peu mal, parce que dans le village il y avait une femme qui faisait ce travail et tout le monde la méprisait, donc ça me faisait mal de penser que même mon grand frère à qui je voulais tellement bien, qui me voulait tellement bien, était comme ça. Mais il m'a expliqué que, comme j'avais à ne pas juger la femme sans savoir pourquoi elle faisait la vie, donc je ne devais pas le juger lui non plus.

"Il m'a expliqué que lui, un simple paysan sans éducation, ne pourrait jamais gagner assez d'argent pour soigner notre mère et me faire étudier. Alors je lui ai dit que je préférais ne pas étudier et trouver un emploi. Il m'a dit que si je travaillais sans diplôme, nous étions dans la merde tout de même.

"Il m'a dit que la meilleure façon que j'avais de l'aider, pour lui permettre un jour d'arrêter de faire ce travail, était de sérieusement étudier, trouver un bon emploi, et ainsi l'aider vraiment à soigner notre mère. Et donc j'ai commencé à étudier deux fois plus qu'avant. Il me dit que ça ne le dérangeait pas trop de faire ce travail : il était beau gars, donc il pouvait aussi choisir les clients...

"Mais quand il t'a rencontré, et grâce à toi il a été en mesure d'arrêter, j'ai vu combien il était heureux. Et j'ai vu comment petit à petit il est tombé amoureux de toi. Et voilà pourquoi je suis tombé amoureux de toi, parce que tu étais l'homme qui avait rendu le bonheur à mon frère. Il fallait le voir, quand il recevait une lettre de toi, comme Danut devenait même plus beau ! Je ne l'ai jamais vu pleurer, mais souvent, quand il lisait tes lettres, ses yeux étaient remplis de larmes de bonheur.

"Comment pouvais-je ne pas tomber amoureux d'un homme qui rendait si heureux mon grand frère ? Mis à part le fait qu'alors je t'ai connu et j'ai vu que tu étais, que tu es, vraiment un homme spécial. Puis... cette remorque dérapa et... nous l'enleva. Et tu es venu à l'improviste frapper à notre porte, et tu voulais que je continue à étudier... Si tu n'étais pas venu, j'avais décidé d'arrêter d'étudier et de commencer à faire le même travail de mon frère.

"Tu n'as pas voulu. Tu m'as dit que je devais accomplir ce pour quoi Danut avait fait la vie qu'il avait fait. Tu avais enlevé de la rue Danut et tu as empêché que j'y aille moi-même. Si je n'étais pas déjà amoureux de toi, à ce moment-là, j'ai décidé que je ne pouvais être qu'à toi... même si tu ne voulais pas de moi. Mais heureusement pour moi, tu m'as voulu. "

Marcello était ému. Il caressa la joue de Bela tendrement.

"Tu dis qu'il est impossible de ne pas tomber amoureux de moi, et je te remercie. Mais il n'est même pas possible de ne pas tomber amoureux de toi, mon Bela. Je n'ai pas su aimer Gheorghe comme il le méritait... Daniel ne savait pas comment m'aimer comme j'espérais. Mais grâce à Danut avant et à toi maintenant, je redécouvre que l'amour existe. Je vous dois beaucoup à toi et à ton frère, beaucoup plus que ce que vous pouvez me devoir. Il était nécessaire que je vienne en Roumanie, pour comprendre ça..."

Ils recommencèrent à faire l'amour. Ou plutôt, encore une fois, ils commencèrent à se montrer tout leur amour.

Chaque fois Marcello était presque étonné de lire, dans les yeux du garçon qu'il aimait, l'intensité du désir d'être pris par lui. Il aurait dû en être habitué, maintenant, mais il ne l'était pas.

Quand, après les habituels, longs, agréables préliminaires, Bela s'offrit à lui, Marcello entra lentement en lui, en appréciant l'expression de béatitude qui éclairait le beau visage de son garçon. C'était, à chaque fois, une expérience unique, très belle. Il faisait à nouveau sien le garçon, et pourtant il sentait qu'il était en train de se donner à lui.

Physiquement, chaque fois était plus ou moins identique à la précédente, et pourtant ce n'était jamais une «routine». Quand il entendait parfois les amis dire que dans l'amour il était nécessaire de mettre «un peu d'imagination», qu'il fallait réviser tout le Kamasoutra et peut-être y ajouter un nouveau chapitre, Marcello se disait que pour lui et son garçon il n'en était pas ainsi.

Et quand, avec ses amis, il pouvait dire «mon garçon» ou sentir Bela dire «mon homme», ces deux phrases simples avaient le pouvoir d'éveiller en lui, chaque fois, une émotion profonde.

Souvent, on utilise les mots sans vraiment en entendre, en comprendre la valeur profonde. A force de les utiliser, nous avons tendance à les vider. On dit : «faire l'amour» pour dire qu'on baise. On dit «ami» pour indiquer une connaissance. On dit : «mon petit ami» pour dire qu'on a baisé avec, plus que quelques fois.

Non, ce n'était pas ainsi, heureusement, pour lui ou pour son Bela.


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