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histore originale par Andrej Koymasky


AU TEMPS DES DIEUX CHAPITRE 3
Les jumeaux en amour

"Et puis..." poursuivit Chapeaumoche, "la reine donna naissance à des jumeaux, l'un plus beau que l'autre. Pollux, qui avait été conçu par la semence de Jupiter, était immortel, tandis que Castor, qui était né de la semence du roi Tyndare, était mortel."

"Mais ils n'étaient pas des jumeaux identiques, alors. De leur corps, je veux dire, s'ils avaient deux pères différents."

"Non, ils n'étaient pas identiques, ils étaient différents, mais ils étaient tous les deux très beaux. Ils ont grandi ensemble et étaient très affectionnés l'un envers l'autre, les deux jumeaux. Castor, devint fort et beau, il était un guerrier habile et un très bon dresseur de chevaux, et Pollux, fort et beau, lui aussi, était un boxeur invincible. Comme tous les jeunes, en tout temps, ils aimaient l'aventure et ainsi, les deux ensemble, ils ont décidé de se joindre à l'expédition des Argonautes pour aller à la recherche de la toison d'or."

"Qui sont ces Argonautes ?"

"C'est une autre histoire, que je te raconterai une autre fois, si tu veux l'entendre. Nos jumeaux, je disais donc, ont été d'un grand secours à de nombreuses reprises à l'expédition des Argonautes : un certain Apollonios de Rhodes dit que les jumeaux sauvèrent le navire Argos lors d'une tempête : pour cette raison, ils sont ensuite devenus les protecteurs des marins, qui croyaient les voir pendant les tempêtes sur les mâts des navires sous la forme d'éclairs de lumière, ce que nos marins appellent, à la place, des feux de Saint-Elme. Cependant... Castor et Pollux, qui étaient toujours ensemble et ne se quittaient jamais, découvrirent un jour être tombés amoureux l'un de l'autre, et donc ils sont aussi devenus amants."

"Mais comment, deux garçons, à part baiser peuvent tomber amoureux ? Par ailleurs, n'est-ce pas toujours le plus grand qui baise le plus petit ? Et le plus masculin qui baise le moins masculin ? Si Castor et Pollux sont nés ensemble, il n'y avait pas un plus âgé et un plus jeune, donc cela signifie que un était masculin et l'autre une femmelette?"

"Il arrive, il est toujours arrivé, et il va toujours arriver que deux hommes peuvent tomber amoureux. Et tu vois, il y a plusieurs choses que tu dois comprendre, mon Coquelet. La première est que baiser pour se soulager et baiser pour l'amour sont deux choses très différentes. Baiser pour se soulager, c'est comme se branler, seulement au lieu de le faire avec sa main, on utilise le corps de l'autre. Mais la seule chose qui intéresse chacun des deux, c'est juste son propre plaisir..."

"Mais quand j'étais avec les bergers, tandis que Jachet et Merdesèche étaient intéressés uniquement à leur jouissance quand ils le faisaient avec moi, Cancanier était intéressé aussi que je jouisse. Toutefois, ce n'est pas qu'il m'aimait pour de vrai... Quand il revint à la vallée chez sa femme, moi il m'a renvoyé..."

"Certains s'intéressent pourtant que l'autre jouisse, seulement parce qu'ils savent que ainsi aussi leur jouissance est plus grande, mais ça n'a rien à voir avec l'amour. Deuxièmement, il n'est pas vrai que seulement le plus grand baise le plus petit, le contraire se produit aussi bien et il y a aussi ceux qu'ils le font à tour de rôle ; et ce n'est pas que ceux qui la mettent soient plus masculins et ceux qui la prennent soient des femmelettes. C'est juste une question de goût. Entre Castor et Pollux il n'y avait pas un qui était le mâle et un la femmelette : il suffit de penser que Castor était un guerrier et un dompteur de chevaux, et Pollux était un boxeur : aucun d'eux n'était une femmelette, tu vois ?"

"Ouais, comme tu l'as dit, c'est vrai. Mais tu m'as dit que les deux étaient amoureux, qu'ils étaient amants ? N'est-ce pas seulement un mâle et une femelle que peuvent tomber amoureux ?"

"Non, mon Coquelet, quand deux se rencontrent et se rendent compte que l'autre a quelque chose dont il a besoin, qui lui manque, qui le complète, alors il tombe amoureux parce que nous sommes tous nés incomplets, mais nous avons besoin de nous sentir complets, de devenir complets. Seuls, on ne peut pas, on peut seulement à deux. Par conséquent on dit, lorsque deux personnes s'aiment, que les deux ne font qu'un. Ainsi parfois l'homme dit de sa femme, et la femme de son homme, qu'elle ou il est sa moitié. Beaucoup d'hommes retrouvent cette unité avec une femme, mais parfois il arrive aussi qu'ils la trouvent avec un autre homme."

"Et c'est ce qui arriva à Castor et Pollux ?"

"C'est juste arrivé comme ça, et les deux sont même devenus des amants fidèles. C'est pourquoi je ne crois pas que c'est comme quelqu'un l'a dit, que Castor et Pollux soient entrés en confrontation avec une autre paire de jumeaux, Ida et Lyncée, en raison d'une compétition entre eux pour deux belles filles. Ils s'aimaient, donc ils n'étaient pas intéressés par les filles, peu importe combien elles pouvaient être belle. Selon moi, cependant, Ida et Lyncée..."

"Mais Ida n'était pas une femme ?"

"Non, Coquelet, à cette époque là Ida était un nom d'homme. Alors, je disais, à mon avis ces deux, Ida et Lyncée, étaient envieux et jaloux de l'amour qui existait entre les deux superbes jumeaux, et ils ont essayé de les séparer parce que chacun d'eux voulait en prendre un comme amant. Mais comme cela arrive souvent quand le désir de quelqu'un est rejeté, quand le caprice est rejeté et méprisé, le rut des deux se transforma en haine et traîtreusement ils attaquèrent les deux beaux fils de Léda pour leur faire payer cher leur refus."

"Quels mal puants maudits ! Mais Castor et Pollux étaient trop forts pour eux, non ?"

"Ils étaient plus forts, oui, mais ils ont été attaqué par surprise, comme je te l'ai dit. Donc Ida a frappé Castor, celui qui était né de Tyndare et était donc mortel, et l'a blessé à mort, tout comme Pollux perçait Lyncée de sa lance en le tuant comment on tue un sanglier. Ida, après avoir tué Castor, attaqua Pollux à son tour, mais alors intervint Jupiter, qui n'avait pas perdu son fils de vue et qui, agacé par l'arrogance et la méchanceté d'Ida, le calcina de là haut avec sa foudre."

"Mais il ne pouvait rien faire avant que Ida tue Castor ? Qu'est-ce que ce Jupiter faisait, il dormait ?" protesta Coquelet, attristé par la mort de Castor.

"Eh, que veux tu, les anciens dieux étaient parfois distrait, ils regardaient ailleurs, ou étaient absorbés dans d'autres matières. Ils n'étaient pas omniscients et voyant tout comme le Dieu Tout-puissant. Quoi qu'il en soit, je te disais, Jupiter, après avoir enflammé Ida, a vu que son fils Pollux avait pris dans ses bras le corps de son Castor, et pleurait de désespoir sur le beau corps sans vie et il criait au ciel : prenez ma vie, oh dieux, mais redonnez-la à mon Castor !"

"Et Jupiter a fait ressusciter Castor, n'est-ce pas ?" demanda le garçon avec des yeux pleins d'espoir, complètement absorbé par l'histoire.

"Non, je t'ai dit que les anciens dieux étaient puissants, mais pas omnipotents. Eux aussi avaient certaines limites. Alors, Jupiter est descendu sur terre et dit à Pollux : Mon fils, tu ne peux pas donner ta vie à ton Castor, parce que maintenant ton jumeau bien-aimé appartient au monde de l'Outre-tombe, par conséquent, il appartient à mon frère Pluton, et aussi parce que tu es immortel, et qui est immortel ne peut pas perdre sa vie, même si il veut..."

"Et oui, sinon ce ne serait pas vrai qu'il est immortel..." dit Coquelet hochant la tête.

"Pollux ne pouvait pas s'en faire une raison, et alors il dit : à quoi me revient l'immortalité et l'éternité ? Seulement pour pleurer à jamais la perte de mon frère et amant ! C'est ça donc le fruit du don que tu m'avais fait, mon père ? Quel cadeau horrible, si mon Castor doit rester à jamais dans le froid et sombre Monde Souterrain. Alors, tu as tant de haine pour moi, o mon père, à m'avoir donné l'immortalité et avec elle aussi cette peine éternelle, à laquelle rien ni personne pourra jamais mettre fin ? Qu'est-ce que je gagne à ce que tu as préparé une place pour moi sur l'Olympe, si chaque jour et chaque nuit, pour toujours, je dois crier de désespoir pour la douleur d'avoir perdu pour toujours mon frère et amant ?"

"Mais pourquoi Jupiter ne pouvait faire revivre Castor ?"

"Parce que, comme je te l'ai dit, Castor appartenait désormais au royaume de l'Outre tombe et le dieu Pluton n'aurait jamais renoncé à lui, ni à aucune des âmes que la mort lui avait envoyé comme ses sujets."

"Mais Jupiter n'était pas le roi et le père de tous les dieux ? Ne pouvait-il pas commander à Pluton..."

"Jupiter était le roi et le père des dieux de ce monde, mais il n'avait pas de pouvoir dans le monde souterrain où seul son frère Pluton avait le pouvoir."

"Et alors ?"

"Alors, Jupiter, ému par la douleur atroce de son fils, se fit annoncer dans l'Outre tombe et se rendit en personne pour négocier avec son frère Pluton, et ils discutèrent, et discutèrent. Mais Pluton ne voulait pas entendre raison, ne voulait pas renoncer à aucun de ses sujets. Mais juste un ! Jupiter insistait, qu'est que ça te coûte ? T'en as tellement, ici bas ! Un de plus un de moins, qu'est-ce que tu veux que ça change ? Oh, oui, lui dit Pluton, on commence par un, qu'est que ça change que tu dis, et puis de nouveau un seul... Je sais bien comment ça finirait, répondit Pluton. Non, non, il n'y a rien à faire."

"Il était tout simplement méchant, ce dieu Pluton..."

"Non, ce n'est pas qu'il était méchant, mais il était quelqu'un qui savait s'occuper de ses affaires. Quoi qu'il en soit, Jupiter eut une idée et alors, après s'être consulté avec son fils Pollux, il a dit à Pluton : Écoute, mon frère, peut-être qu'il y a un moyen de se mettre d'accord. Que dirais-tu si, pendant six mois, tous les soirs mon fils Pollux avec son Castor étaient là avec toi dans le monde souterrain et le jour là haut avec moi, et par contre, pour les six autres mois, si ils étaient avec moi tous les soirs sur le mont Olympe, et le jour ici avec toi ? Pour quelques heures tu auras un sujet en moins, mais pour les autres heures tu en aurais un de plus, et nous serions quittes. Tu ne penses pas que c'est une bonne solution ? Ainsi, mon pauvre fils donnerait une partie de son immortalité à son frère bien-aimé, et prendrait une part de la mortalité de son amant fraternel..."

"Et Pluton, que lui a-t-il répondu? Il a accepté ?" demanda Coquelet en retenant son souffle.

"Oh, il a marchandé pendant un long moment, pire que feraient un marchand arabe avec un génois, tu sais comment ça serait : il ne pouvait pas montrer qu'il se rendait si facilement, c'était son honneur, sa dignité, son prestige. Mais à la fin, il a cédé et a accepté la proposition de Jupiter. Et donc, à partir de là, pendant six mois dans la nuit, nous voyons briller dans le ciel la constellation des Gémeaux, et pendant six mois, nous ne la voyons pas, parce que la nuit ils retournent au royaume des ombres, dans le royaume des morts."

Coquelet leva les yeux vers le ciel, qui était tout parsemé d'étoiles et demanda à voix basse, avec admiration : "Et où sont-ils maintenant, Castor et Pollux ? Tu me les montres ?"

"Ces mois-ci, à midi, si nous pouvions éteindre le soleil, à sa place nous verrions la constellation des Gémeaux, donc à cette saison la nuit ils sont dans le royaume des ombres. Mais dans six mois ce sera exactement le contraire. Tous les soirs de Novembre à Avril, n'importe quelle nuit, nous verrons briller là-haut leur constellation dans le ciel, nous allons les voir dans le ciel tous les deux qui s'embrassèrent, et par contre chaque jour ils se retireront dans le royaume des ombres. Par conséquent, on dit qu'à cette époque de l'année, le soleil est en Gémeaux, et donc nous ne pouvons pas les voir."

"Et ce temple, ou plutôt ce qu'il en reste, a été construit pour célébrer l'amour entre les deux jumeaux ?"

"C'est exact, Coquelet."

"Quelle belle histoire, Chapeaumoche. En connais-tu d'autres ?"

"Oui, beaucoup."

"Et tu me les raconteras ?"

"Un peu à la fois, une de temps en temps. Maintenant, il vaut mieux que nous nous mettons à dormir, parce que demain tu auras une autre journée de travail et tu dois être plein de forces." dit l'homme, et il ouvrit le plus grand ballot, et en sortit une couverture qu'il mit à côté de la peau du garçon, et se coucha sur elle.

"Chapeaumoche ?"

"Qu'est-ce que c'est, ma belle fleur ?"

"Je... si tu veux que je... je serais heureux que tu me la mettes, tu sais ?" murmura le garçon en rougissant.

"Ce n'est pas pour cela que je suis venu ici pour coucher avec toi. Quoi qu'il en soit je te remercie pour ton offre précieuse que tu me fais, J'en suis très honoré."

"Si tu en es vraiment honoré, pourquoi tu ne l'acceptes pas ?" demanda le garçon, surpris. "Avec toi je le ferais très volontiers..."

"Parce qu'entre toi et moi on est à l'aube d'une amitié, pas d'un amour... pas de ce genre d'amour, au moins."

"Je dois encore comprendre comment il est possible que deux hommes peuvent s'aimer... même si l'histoire de Castor et Pollux était très belle... Mais c'était juste une histoire. Les pasteurs ne m'aimaient pas, ils aimaient juste mon cul, et juste parce qu'ils ne pouvaient pas le faire avec une femme."

"L'amour, mon Coquelet, le véritable amour ne fait pas du tout attention si l'autre est beau ou laid, jeune ou vieux, maure ou chrétien, riche ou pauvre... et même pas si l'autre personne est homme ou femme."

"Par conséquent, on dit que l'amour est aveugle ?"

"Non, l'amour est tout sauf aveugle, en effet, il sait voir beaucoup mieux que nous, et c'est pourquoi il ne fait pas toutes les distinctions que je viens de te raconter. C'est pourquoi, aussi, entre deux hommes il peut y avoir un amour vrai et profond. "

"Mais toi, Chapeaumoche, as-tu déjà été amoureux ?"

"Oui, ma douce fleur d'amande, je l'ai été et je le suis toujours."

"Où est, maintenant, ton amour ?"

"Elle est dans le royaume des ombres. Mais je n'ai pas le droit de donner la moitié de ma vie pour elle..."

"Elle, c'était une femme ? Elle n'est plus en vie ?"

"C'est ma femme, et elle est morte depuis longtemps."

"Mais comment ? Tu m'avais dit qu'aucune femme ne t'avais jamais voulu, que tu n'étais pas marié..."

"Avant, nous n'étions pas encore amis, et on ne montre jamais ses trésors aux étrangers. Mais maintenant c'est différent."

"Comment l'as-tu rencontrée ?"

"Elle était servante dans la maison du baron, et moi aussi j'étais un serviteur comme je te l'ai dit, et on s'est connu... Nous nous sommes mariés quand j'avais vingt-six ans et elle vingt. Le Baron nous a aussi fait une belle fête pour la journée de notre mariage. Elle était belle comme une Madone, j'étais heureux comme un soleil de mai. On voulait avoir beaucoup de beaux enfants, tu sais... mais ils n'arrivaient pas, en dépit que ma Nunziatella et moi nous avons fait tout ce qu'il fallait. Puis, un jour, quand j'avais trente-deux ans et elle vingt-six, Nunziatella a mis ma main sur son ventre béni et m'a dit heureuse : nous l'avons fait, mon Errigo, Dieu Tout-Puissant nous a bénis, tu sera un père pour le mois de Février.

"Je l'ai embrassé, fou de joie. Et de temps en temps, elle m'a fait mettre ma main sur son ventre, qui grossissait de jour en jour, et elle me disait : bénis ton enfant... sens comme il grandit... Et, un jour, j'ai senti ses coups de pied... et il me semblait avoir atteint le ciel... Mais alors... alors, c'était Décembre, Nunziatella fut prise d'une forte fièvre et brûlait comme le feu... le bébé est né vivant à sept mois... mais il n'était pas très fort... et après seulement deux jours il nous quitta... et le lendemain aussi ma Nunziatella est allée au ciel avec lui..."

"Oh, Chapeaumoche, combien je suis désolé. Comme ça a dû être douloureux pour toi, perdre ta femme et ton fils en même temps..."

"J'ai cru devenir fou, mon Coquelet... Je voulais mourir... J'étais tellement fou que les autres serviteurs ne voulaient pas me laisser seul même pas un instant, sur les ordres du Baron. Je n'avais pas envie de manger ou de boire, et je ne pouvais pas dormir. Puis, après quelques jours, j'étais si faible et débile que je me suis endormi... et alors j'ai fait un rêve... Nunziatella venait à ma rencontre avec notre fils dans ses bras et ils me souriaient, tous les deux, et elle m'a dit : mon Errigo, si tu pleures comme ça, tu vas nous blesser le cœur, à moi et à notre bébé. Arrête de pleurer, pour l'amour de Dieu, si tu nous aimes vraiment. Nous sommes toujours près de toi, et dans plusieurs années, après que tes cheveux seront blancs, toi aussi tu viendras ici avec nous, et nous t'attendrons tous les deux, tu sais, avec beaucoup, beaucoup d'amour.

"Alors je lui ai dit : Mais qu'est ce que je fais ici-bas tout seul ? Et elle m'a dit : tu ne seras jamais seul, il y a beaucoup de gens qui ont encore besoin de toi là-bas, de sorte que tu ne peux pas encore venir avec nous. Mais qui a besoin de moi ? Je lui ai demandé. Je ne vois personne. Et elle m'a dit : si tu n'ouvres pas tes yeux et ton cœur, bien sûr, tu ne peux pas voir personne, mon amour... Et alors... me voici, Coquelet. Alors, tu le comprends, je suis toujours marié avec elle, et c'est pourquoi je ne peux pas aimer quelqu'un d'autre de cet amour."

"Mais il ne te manque pas... quelqu'un avec qui partager ta couverture ?"

"Non, Coquelet, parce que même si tu ne les vois pas, ici à côté de moi, il y a ma Nunziatella avec notre bébé. Il n'y a pas de place pour personne, donc, sur ma couverture, pour faire ces choses. Par conséquent, je ne peux pas le faire même pas avec toi, même si tu es vraiment une belle fleur et même si je sens que je commence à t'aimer."

"Oui, je comprends, Errigo..." murmura le garçon, l'appelant par son vrai nom, car à ce moment il ne semblait pas juste de l'appeler Chapeaumoche.


Coquelet travailla tout au long de la saison de la récolte des amandes, et était rapidement devenu un cueilleur d'amandes expert. Nardu Le Sec était content de la façon dont le garçon travaillait, et quand il a rencontré Chapeaumoche, lui a dit qu'il était très heureux d'avoir Coquelet dans son équipe.

Un soir, après le travail, quand ils revinrent manger et dormir dans les ruines des temples, Chapeaumoche donna au garçon un pantalon en velours noir, une large bande de coton vert comme la sienne, un gilet et un manteau, des chaussures et un bonnet de drap brun à plier et faire pendre sur son épaule. Coquelet était très fier d'être désormais habillé comme Chapeaumoche et non plus comme un berger.

Quand la saison de la récolte des amandes se termina, Chapeaumoche emmena le garçon chez une connaissance à lui qui fabriquait de la pâte d'amande avec laquelle on faisait des fruits colorés, des agneaux pascaux et des pâtes d'amandes recouvertes de sucre glacé, et il lui demanda de le prendre comme ouvrier. Les affaires du fabricant de pâte d'amande marchaient bien, il était surnommé Grodents, mais son nom était Nicolò Ficalora. Il était en train de s'agrandir, donc il prit volontiers le garçon dans son laboratoire, aussi parce que Chapeaumoche l'avait présenté, lui envers qui il avait une grande confiance.

Donc, Coquelet, qui n'avait été pris initialement que pour briser les coquilles des amandes sans les casser, apprit ensuite aussi à les éplucher comme il faut, puis à les sécher très soigneusement dans le four, et aussi à les moudre à la meule de pierre en les réduisant en une fine farine. Il apprit à bien dissoudre le sucre, avec un tiers d'eau, dans des pots en cuivre, tout en évitant qu'il commence à bouillir. Et ensuite il y ajoutait la bonne quantité de jus de citron filtré, ni trop, ni trop peu. Quand le sirop était sur le point de bouillir, il y ajoutait le saupoudrage de farine d'amande en remuant soigneusement le tout avec une cuillère en bois jusqu'à ce que tout soit devenu un mélange homogène. Ils lui ont enseigné aussi à le verser sur une surface de marbre saupoudrée de farine de froment. Et finalement il a aussi appris à travailler la pâte, en la faisant tiédir à nouveau et à la pétrir avec ses mains pendant une longue période, jusqu'à ce qu'elle devienne souple et fine.

Coquelet était fasciné de voir, dans la salle à côté, les travailleurs les plus expérimentés prendre la pâte que lui et les autres avaient préparée, pour la modeler avec des mains habiles, afin de lui donner la forme de différents types de fruits, puis de la teinter parfaitement et avec les nuances appropriées pour que, à première vue, ça ne puisse pas être distingués des vrais fruits ; ou quand ils mettaient la pâte d'amande douce dans des moules pour en faire les agneaux de Pâque.

Le soir, le garçon revenait à la maison du Baron, dînait avec les autres serviteurs dans la grande cuisine sombre, allait ensuite dans l'aile des serviteurs où Chapeaumoche avait sa chambre, et dormait avec lui sur le matelas de crin végétal. Mais parfois, quand le temps était beau, ils allaient dormir dans les ruines de l'un des temples antiques. Coquelet donnait toujours tout l'argent qu'il avait gagné à l'homme, qui le gardait pour lui dans une boîte de conserve, et qui lui avait appris à compter les monnaies.

"Vous vous êtes trouvé un fils, hein, Chapeaumoche !" dit une fois la cuisinière du Baron, tandis que les serviteurs mangeaient ensemble dans la grande cuisine avec ses murs sombres comme la nuit, où des pots de cuivre suspendus, brillaient comme de nombreuses lunes.

"Oh, alors ça semble vraiment ça, Venera. Il lui manquait un père, il me manquait un fils, de sorte que de deux manques est sortie une famille. C'est ma Nunziatella qui un jour, m'a fait trouver cette belle fleur sur le côté de la route, qui m'a fait arrêter, et le prendre avec moi."

"Si j'avais pas su, je penserais que vous êtes vraiment père et fils, vous deux..." dit-elle, la tête légèrement inclinée sur le côté, regardant l'homme et le garçon avec un sourire tendre et réjoui.

"Oh non, ma chère Venera : Coquelet est beau comme une fleur de pêcher qui annonce le printemps, mais moi je suis laid comme une amande sèche à la peau foncée et ridée."

"Eh, Chapeaumoche, vous êtes juste comme une amande. Que si on vous pèle la peau rugueuse et sombre, l'intérieur est blanc et doux. Précisément comme est votre cœur : tout le monde le sait. Ai-je raison, Coquelet ?"

Le garçon hocha vigoureusement la tête, et avec une main effleura avec une caresse la main sèche et forte de l'homme qui avait pris soin de lui mieux de ce qu'un père puisse faire.

Un jour, le baron envoya Chapeaumoche, avec l'âne et la charrette, à Caltanissetta pour certaines commissions importantes.

"Combien de jours vas-tu être loin, Chapeaumoche ?" demanda le garçon, qui pour la première fois serait laissé seul.

"Et qui sait ? Au moins quatre jours, mais peut-être encore plus. Mais je suis tranquille, car je sais que là tu as un lit et tes repas, et tu sera très bien même si je ne suis pas là."

"Pas très bien, tu vas me manquer, Chapeaumoche. Avec qui puis-je parler la nuit, en attendant la venue du sommeil ? Quand le soir commençait à tomber, j'étais juste content de penser que bientôt Grodents nous enverrait tous chez nous parce au laboratoire il fait trop sombre pour travailler, et ainsi je pourrais te revoir."

"Je ne vais être loin que quelques jours. Certes tu n'auras pas peur de dormir seul dans ma chambre, non ? Tu n'est plus un garçonnet maintenant, tu n'as plus peur de l'obscurité, non ?"

"Ce n'est pas que j'ai peur de l'obscurité. Ni que j'ai peur d'être seul. Pourtant, la nuit sera longue et vide, sans ta voix à me dire tant de belles choses. Ta chambre me semblera froide et vide, même si c'est une nuit d'Août..."

"Toi aussi tu vas me manquer, mon Coquelet. Mais vois-tu, quand je reviendrai, ce sera une fête pour nous deux, parce que nous avons été séparés. L'été est beau et nous en jouissons car il y a aussi l'hiver. Si c'était toujours l'été, on s'apercevrait pas qu'il fait beau, non ? On s'ennuierait."

"C'est peut-être comme tu le dis, Chapeaumoche, toi qui connais et comprends beaucoup de choses, mais je ne pense pas que tu ne pourras jamais m'ennuyer." dit le garçon.


C'était la deuxième nuit que Coquelet dormait seul dans la chambre de Chapeaumoche. Il faisait très chaud, et le garçon avait gardé sur lui seulement un pantalon de velours usé et dormait, ses bras et ses jambes écartés, occupant toute la paillasse.

Il ne sentit pas, par conséquent, Galante Casesa dit Septsous, un valet de chambre du Baron, un jeune homme de vingt-trois ans, glisser doucement dans la pièce sombre, au milieu de la nuit. Seul le pâle reflet de la lune presque pleine permettait un aperçu des formes vagues dans la petite chambre.

Septsous s'assit sur le bord de la paillasse et admira pendant un moment les formes claires du garçon couché sur la paillasse de toile sombre. Puis, retenant son souffle, sa main se mit à caresser légèrement la poitrine de Coquelet, tandis que le désir qui l'avait poussé dans cette chambre se renforçait en lui et, sous la toile de la culotte de la livrée du valet, son membre se souleva et pressa avec vigueur.

Coquelet gémit légèrement, et murmura quelque chose d'incompréhensible. Septsous se figea mais, voyant que l'autre dormait encore, recommença à caresser la poitrine et le ventre creux... et ses doigts glissèrent sous le pantalon de velours noir, plus en bas, plus en bas, dans une lente descente, jusqu'à ce que ses doigts sentent les doux poils du pubis du garçon... puis encore plus bas pour toucher son membre doux et chaud.

Le garçon, qui dormait encore, murmura de nouveau, et entre ses jambes sa jeune virilité se réveilla lentement. Puis Coquelet bougea ; Septsous se hâta de retirer sa main, mais elle resta piégée dans le pantalon du garçon qui se réveilla soudain et s'assit sur le matelas.

"Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?" demanda-t-il en alarme.

"Chut, tais-toi, tais-toi... c'est moi, je suis Septsous... je veux faire ces choses avec toi..."

"Quelles choses ?" demanda Coquelet qui, sentant la main de l'autre toujours là, avait bien compris, mais, encore un peu étourdi à cause du sommeil juste interrompu, voulait prendre du temps.

"Celles que tu fais tous les soirs avec Chapeaumoche, non ? J'ai envie de les faire moi aussi avec toi, Coquelet, maintenant qu'il n'est plus là. Eh bien, moi aussi je suis bon à les faire, tu sais ?"

"Je n'ai jamais fait ces choses avec Chapeaumoche, jamais. Pour moi, il est comme mon père. Retire ta main de là !"

"Mais allez, bien sûr que tu aimes : il a suffi que je te touche là, qu'elle s'est dressée. Et sens la mienne, comment elle est dure..." dit Septsous, entourant le membre du garçon à pleines mains et le bougeant légèrement de haut en bas.

Coquelet était incertain. La main qui le touchait était très agréable, et depuis plus d'un an, il avait dû se contenter de sa main... Et Septsous était un beau garçon, après tout... Timidement, il tendit sa main et toucha l'autre entre ses jambes et sentit qu'il l'avait déjà dure et en érection parce qu'elle poussait fermement sous le fin lin de la belle livrée...

Septsous, de sa main libre, déboutonna ses culottes sur les côtés, en baissa l'avant et conduisit la main du garçon sur son membre nu. Coquelet le caressa sur toute la longueur, puis l'entoura de ses doigts... et pensa que c'était bon... et elle n'était pas trop grande, même si de bonne taille.

"Que veux tu faire, Septsous, tu veux me la mettre toute dans mon cul, pas vrai ?" murmura-t-il se rendant à ces manœuvres inattendues mais agréables.

"Moi à toi et toi à moi, j'aime faire les deux choses. T'es d'accord ?" murmura le jeune homme souriant heureux.

"Moi à toi ? Tu aimes la prendre là, Septsous ?" demanda-t-il, un peu surpris.

"Tu l'as déjà bien développée, Coquelet. Oui, j'aimerais, avec toi... Veux tu bien ?" demanda-t-il à nouveau, et il tira les lacets sur les côtés du pantalon de l'autre pour l'ouvrir.

"Eh bien... peut-être... Je n'ai pas encore essayé moi-même, pour la mettre..." murmura le garçon excité de pouvoir enfin essayer.

"Enlevons-nous nos pantalon, alors..." dit l'autre, et il prit le pantalon du garçon par les jambes, se mit à le tirer pour le lui enlever.

Coquelet souleva son bassin pour le laisser faire. Puis Septsous s'enleva ses culottes et, nu, monta sur le paillasse sur ses genoux, puis il fit coucher Coquelet et se coucha sur lui avec tout le corps. "Je te pèse ?" il demanda.

"Non, j'aime..." répondit le garçon, caressant son dos.

"Vous n'avez vraiment rien fait, toi et Chapeaumoche ?"

"Vraiment. Je l'aurais fait, mais il n'a jamais voulu."

"Et avec qui tu le fais, alors ?"

"Ici ? Avec personne, seulement avec ma main. Mais quand j'étais dans les montagnes avec les bergers, je l'ai fait avec eux. Et toi, avec qui tu le fais ?"

"Parfois, avec un ou un autre, et parfois juste avec ma main, moi aussi... Mais je t'aime beaucoup, ça fait longtemps que je n'arrête pas de penser à toi et que je voulais le faire avec toi. Mais ça te dit si d'abord je vais te la mettre et après tu me le fais à moi ?"

"Comme tu veux. Comment est-ce que je dois me mettre ?"

"À quatre pattes, non? Entre hommes on fait ainsi."

"Non, il y a aussi d'autres façons de le faire, mais c'est assez bon en levrette, pour moi. Mais mets-y ta salive, ça fait une éternité qu'on ne me rend plus visite là..." dit Coquelet glissant de dessous de l'autre et se mettant lestement en position.

Septsous le prépara pendant un certain temps avec ses doigts bien mouillés de salive, alors demanda : "Es-tu prêt ? Je peux te la mettre dedans ?"

"Oui, vas-y..."

Le jeune valet l'attrapa par la taille et avec une poussée bien calibrée glissa lentement mais fermement en lui. Puis il commença à bouger son bassin d'avant en arrière à un bon rythme.

"Tu aimes ?" demanda le jeune homme continuant à le prendre avec brio.

Coquelet ne répondit pas, il ne pouvait pas dire qu'il aimait vraiment, mais ça ne lui donnait aucune douleur ni gêne non plus. Il pensait que Septsous était mieux que Merdesèche et Jachet, mais il n'était pas aussi bon que Cancanier... Il se rendit compte que l'autre était sur le point d'atteindre le point final ; en fait, ses va-et-vient étaient de plus en plus désordonnés et sa respiration plus forte, presque haletante, et cela le faisait s'exciter, comme si l'excitation de l'autre avait une résonance en lui.

Après un moment, il le sentit se raidir, pousser en lui avec force, et se déverser dans une série de jets soulignés par de faibles gémissements. Puis, lentement, Septsous s'enleva du garçon et s'assit sur la paillasse, haletant légèrement.

"Tu as aimé." dit Coquelet s'asseyant en face de l'autre et en le regardant dans les yeux avec un sourire narquois.

"Encore plus que ce que j'espérais. Laisse-moi reprendre mon souffle, après c'est à toi de me la mettre dedans..."

"Tu as dit avant que tu le fais avec... un ou un autre... Avec qui ? Je les connais aussi ? Des mecs d'ici, à la maison du Baron, ou des gars à l'extérieur ?"

"Il n'est pas bon de donner des noms. Je ne dirai pas aux autres ce que je fais avec toi."

"Alors, pourquoi tu m'as demandé si je le faisais avec Chapeaumoche ?"

"Eh bien, parce que tu couches avec lui sur sa paillasse... et alors j'ai pensé que peut-être... Évidemment il n'aime pas les garçons... peut-être il est un homme à femmes."

"Toi, ça fait longtemps que tu fais ces choses ?"

"Au moins dix ans."

"Et jamais avec une fille ?"

"J'ai essayé une fois. Mais je n'ai pas tellement aimé... j'ai eu de la peine à le faire jusqu'à la fin. Non, je n'aime que les hommes."

"Et tu aimes autant la mettre, que te la faire mettre..."

"C'est ainsi, ce sont deux plaisirs différents. Avec les autres garçons on faisait une fois pour moi et une fois pour lui. Mais il n'en est pas ainsi pour tout le monde, il y a aussi ceux qui aiment juste la mettre, et d'autres qui aiment seulement la prendre. Chacun à sa façon, non ?"

"Il y a aussi ceux qui le font soit avec les hommes soit avec les femmes."

"Oui, je sais. Tu as déjà essayé, avec des femmes ?"

"Non, jamais. Ça ne m'intéresse pas du tout. Je pense que je suis comme toi. Bien que je ne l'ai jamais mise à un homme."

"Eh bien, maintenant tu vas essayer et tu verras que peut-être tu aimeras."

"Es-tu prêt ou tu veux attendre un peu plus longtemps ?"

"Non, c'est bon, nous pouvons le faire maintenant."

"Je dois y mettre de la salive ?"

"Pas besoin, je suis habitué depuis un bon moment, à présent."

"Mais tu aimes mieux pour la mettre ou la prendre ?"

"Les deux, comme je te l'ai dit. C'est un plaisir différent, mais très bon dans les deux sens. Vas-y, Coquelet, c'est à toi maintenant." dit Septsous se mettant à quatre pattes.

Coquelet s'agenouilla derrière lui, entre ses jambes, et commença à se mettre au travail. Il glissa en lui sans efforts et sentit une forte et bien agréable chaleur. Quand il fut tout dedans, il se mit à battre au rythme... et pensa que c'était réellement bon, très bon de la mettre...

Le garçon aussi remarqua que, contrairement à lui qui avait laissé faire l'autre sans vraiment participer, Septsous participait, bougeait en poussant contre lui à chacune de ses poussées, ondulait légèrement son bassin, faisait palpiter son trou avec adresse...

Le plaisir était en plein essor. Et enfin, Coquelet connut un orgasme fort et agréable et déchargea dans la profonde, mystérieuse et chaleureuse intimité de l'inattendu compagnon.


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