Coquelet, qui en grandissant, ressentait fortement d'un côté le désir physique et la nécessité de satisfaire celui-ci, comprenait de plus en plus clairement que ce qu'il lui manquait le plus, cependant, c'était l'amour.
Il avait, il est vrai, l'amour de Errigo Miccichè, c'est à dire de Chapeaumoche, pour lequel il était reconnaissant, mais c'était un amour de père, précieux, oui, mais pas l'amour dont il sentait de plus en plus clairement qu'il avait besoin, non pas l'amour d'un amant avec qui devenir un.
Le Jeudi Saint de cette année était le 12 Avril, et le soir Grodents ferma le laboratoire où ils finissaient de préparer les agneaux pascals, les brebis de massepain, couchés sur le côté sur une pelouse verte parsemée de petites dragées multicolores, avec un drapeau rouge orné d'une croix blanche, semblable à celui qui dans l'iconographie sacrée est entre les mains de saint Jean, empalé sur son dos.
Tous allèrent ensuite faire le tour des églises, c'est à dire visiter les Sépulcres, et nombre d'entre eux allèrent inévitablement visiter le Sanctuaire de Notre-Dame des Sept Douleurs, parée de deuil : une grande tapisserie noire brodée de fils d'or, appelé "deuil", qui était accrochée sur la façade du sanctuaire. La vierge, Notre-Dame, avait déjà été placée sur le brancard de la procession en face du maître-autel, où, la confrérie de Notre-Dame des Sept Douleurs, avec le "Sept-épées" sur eux, attendait la visite des dévots, notamment l'archevêque et la Confrérie de la Sainte-Croix de la Cathédrale.
Même Coquelet avait fait le tour des églises, et il était entré dans le Sanctuaire de Notre-Dame des Sept Douleurs et regardait des yeux rêveurs les rites solennels qui avaient lieu là dedans, un peu comme tous les pauvres gens dont le seul luxe était de regarder les somptueuses cérémonies religieuses. Après quelques instants de méditation devant la Sainte Hostie, les deux archiconfréries chantèrent leurs Chants de Dévotion, et après l'archevêque donna une brève méditation sur le mystère que l'Église célébrait.
Coquelet était appuyé contre une des parois latérales, un peu sur le fond, et sur la droite. À un moment donné, arriva un garçon juste plus jeune que lui, qui fit un signe rapide de la croix et un soupçon de génuflexion puis s'appuya contre le mur à côté de Coquelet. Celui-ci eut l'impression que le nouveau venu le regardait, il se tourna donc vers lui.
L'autre garçon lui adressa un léger sourire.
Coquelet se sentit tout remué à l'intérieur par ce sourire, mais il se contenta de sourire en réponse, puis, honteux, se détourna en essayant de suivre les cérémonies.
L'autre lui toucha le bras. "Tu travailles chez Grodents, n'est-ce pas ?" demanda-t-il doucement.
"Oui... mais nous on se connaît pas, non ?" lui dit Coquelet, pensant que la voix de l'autre semblait être la voix d'un ange venu du ciel.
"Non, mais je te vois parfois lorsque tu entres ou que tu quittes l'atelier de Grodents. Mon père a une maison dans la rue, presque en face."
"Qui est ton père ?"
"Calogero Fiordilino le charretier."
"Qui, Joliet ? Celui avec le chariot peint avec les histoires des Paladins de France ? Et quel est ton nom ?" demanda Coquelet, pensant que c'était un très beau garçon, qui avait des yeux très vifs et un beau sourire, et avait l'air gentil et était même trop attrayant.
"Luigi Fiordilino, mais tout le monde m'appelle Chaton, parce que quand j'étais petit, on me voyait jamais sans un petit chat dans mes bras. Le chariot, c'est mon père qui l'a tout peint, tu sais ? C'est beau, n'est-ce pas ?" dit l'autre. "Mais toi, quel est ton nom ?"
"Nardu Piazza, mais à moi, ils me disent Coquelet... Oui, le chariot est très beau, et avec le cheval tout bien empanaché ça semble toujours la fête."
"Pourquoi on t'appelle Coquelet? Tu te promenais toujours avec un coq, hein ?" demanda l'autre en riant.
Un homme se tourna sévèrement vers eux, "Garçons, si vous avez à bavarder, sortez de l'église, sinon taisez-vous et n'oubliez pas le respect qu'on doit à la Madone !" les réprimanda-t-il à voix basse, mais avec colère.
Chaton indiqua des yeux la sortie à Coquelet, celui-ci hocha la tête et ils sortirent en s'ouvrant le chemin parmi les hommes qui se pressaient à l'arrière de l'église.
"Non, je m'appelle Coquelet parce que quand j'avais douze ans, je ressemblais à un coq, avec mes jambes et le cou trop longs et les cheveux toujours ébouriffés..."
"Mais maintenant, tu es vraiment bien fait, très bien fait... Quel âge as-tu maintenant, Coquelet ?"
"Dix-huit ans. Et toi ?"
"Un de moins que toi. T'as des frères et sœurs? Où habites-tu ?"
"Non, je n'en ai pas et je suis à la maison du Baron avec l'un des serviteurs, derrière de San Domenico."
"Le serviteur c'est un parent ?"
"Non, mais il est comme un père. Sa femme et son fils sont morts, alors maintenant lui et moi on forme une famille."
"Moi, moi mère est morte il y a deux ans. Mais nous sommes sept dans la maison, mes frères et mes sœurs, ainsi que mon père et la mère de mon père. Je suis le médian des fils. Est-ce que tu veux un morceau de tomme ?" demanda le garçon, tirant de son sac qu'il avait en bandoulière un morceau de fromage.
"Non merci, je rentre bientôt chez moi pour le dîner."
"Tu ne vas pas aller à la procession aux flambeaux ?"
"Je ne sais pas, je dois demander à quelle heure ils ferment la porte, sinon je risque de rester dehors..."
"Et que t'importe, ce soir ? Je ne vais jamais dormir, la nuit entre le jeudi et le vendredi saint, je suis toute la procession pieds nus. C'est pourquoi j'ai apporté quelque chose à manger. Viens toi aussi, allez."
"Je voudrais... Mais je dois d'abord demander à Chapeaumoche..."
"L'homme qui te sert de père ?"
"Oui, lui. Peut-être que lui aussi ira à la procession pieds nus; l'année dernière il était l'un de ceux qui portaient le brancard de procession avec la statue de Jésus de la Passion, celle du seigneur avec la croix sur ses épaules."
"Et tu vas aller avec lui ? On peut pas se voir encore une fois, toi et moi ?"
"Je ne sais pas encore, je t'ai dit."
"Si tu pouvais venir... je serai derrière le brancard de procession avec Notre-Dame des Sept Douleurs. J'aimerais attendre le lever du soleil avec toi, et puis aller ensemble à la cathédrale pour voir le Calvaire..."
"Moi aussi je voudrais bien, Chaton... Peut-être que si Chapeaumoche me dit qu'il n'y a pas de problème..."
Les deux garçons se quittèrent et Coquelet se précipita à la maison. Tout le long du chemin, il se rappelait le garçon qu'il venait de rencontrer : il l'aimait, il se sentait fortement attiré par lui. Il espérait le voir de nouveau. Chapeaumoche était déjà dans la cuisine avec les autres serviteurs. Coquelet alla s'asseoir à côté et ils se saluèrent avec un sourire. Ils mangèrent avec les autres, puis sortirent dans la cour de service.
"Que fais-tu ce soir, tu restes à la maison ou tu vas à la procession à pieds nus comme l'année dernière?" demanda le garçon.
"Et qui manque la procession. Cette année, c'est la cinquième année que j'y vais, et l'an prochain ils vont me donner la bure de la fraternité, tu sais ? Et toi, que fais-tu ? Tu restes à la maison, tu viens avec moi ou t'as d'autres projets ?"
"Ce soir, j'aimerai me retrouver avec un garçon que je viens juste de rencontrer dans le sanctuaire."
"Qui est-il, je le connais ?"
"On l'appelle Chaton, c'est l'enfant de milieu de Joliet."
"Je ne le connais pas, mais je connais son père de vue, c'est celui qui aime faire des choses originales que les gens remarquent et admirent pour leur faste..."
"Il a un chariot tout peint avec les Paladins de France et le cheval tout empanaché."
"Oui, exactement. Et comment est ce Chaton ?"
"Eh bien... un mec sympa, du peu que je sais." dit le garçon en faisant l'indifférent et en restant vague.
Chapeaumoche sourit : désormais il le connaissait assez bien pour savoir que quand Coquelet faisait l'indifférent et restait vague de cette façon signifiait qu'il était en fait très intéressé.
"Et alors, va avec lui; entre vous les garçons vous vous entendez mieux, et si tu te fais un ami, c'est une bonne chose. Cette année, le Baron a donné l'ordre de fermer le portail, mais de laisser ouverte la petite porte, de sorte qu'on peut rentrer à l'heure qu'on veut... ou même rester dehors toute la nuit si on veut. Peut-être avec ton nouvel ami, non ? Il ne fait plus trop froid, on commence à se sentir bien dehors la nuit... surtout si on est en bonne et... agréable compagnie." dit-il avec un sourire narquois.
Coquelet rougit : "Mais je viens de le rencontrer..." murmura-t-il. "On s'est échangé que quelques mots."
"Mais je parie que tu l'aimes bien... du moins que tu aimes son aspect, non ?"
"Oui... et il semble tout aussi agréable... il a seulement un an de moins que moi."
Chapeaumoche mit son bras autour de ses épaules : "Hé, Nardu, t'as pas honte de moi, non ? Si tu aimes ce garçon, peut-être que tu pourrais essayer avec lui..."
Coquelet remarqua qu'il l'avait appelé par son nom et il comprit que c'était une façon de lui dire qu'il parlait très sérieusement, mais aussi pour lui faire sentir l'amour qu'il ressentait pour lui. Il posa sa tête légèrement sur le bras de l'homme et le regarda avec un léger sourire.
"Moi, cependant, je suis un peu honteux d'essayer avec lui. Et si peut-être qu'il n'aime pas ces choses ?"
"Alors tu y vas mollo mollo, avec prudence, commence par le sonder et voir comment il réagit. Je ne pense pas qu'il y aura de problème, mais tu dois toujours te laisser une voie d'évasion ouverte, tu vois ce que je veux dire ?"
"Oui, peut-être. Peut-être, après que la procession sera finie, je lui demanderai s'il veut venir au temple des Dioscures et là lui dire que les jumeaux faisaient aussi l'amour l'un avec l'autre..."
"Oui, c'est peut-être une bonne idée. Ainsi, tu pourras voir comment il réagit et tu sauras comment te comporter. Même si un homme est intéressé par une femme, il ne commence pas par dire : Voulez-vous coucher avec moi ? Non. Peut-être qu'il lui dit : que vos yeux sont beaux... ou quelque chose de ce genre."
"Oui... Il a des yeux très beaux, Chaton."
"Seulement ?" demanda l'homme avec un sourire narquois.
"Non... aussi. Quand tu as connu Nunziatella, comment lui as-tu fait comprendre... que tu l'aimais ?"
"Je lui ai donné une fleur. Elle a souri et l'a embrassé, alors je lui ai dit que j'aurais aimé être à la place de cette fleur..."
"Et elle t'a embrassé ?"
"Non, mais elle est devenue très rouge et m'a regardé dans les yeux et m'a dit que j'étais beaucoup mieux que la fleur. Et donc je savais qu'elle était intéressée par moi pour de vrai."
Coquelet retourna au sanctuaire et marcha parmi la foule qui s'amassait, cherchant Chaton. Enfin, il le vit : il parlait à un gars plus grand que lui. Les deux semblaient être très complices, l'autre gars avait son bras autour des épaules de Chaton qui souriait tandis que l'autre parlait.
Un peu irrationnellement, Coquelet ressentit un léger sentiment de jalousie. Il les regardait de loin, se demandant si ces deux-là étaient ensemble. Ensuite, l'aîné s'en alla. Chaton alors regarda autour et vit Coquelet. Il lui adressa un large sourire et alla à sa rencontre.
"T'as réussi à venir ! Je suis vraiment heureux. Tu peux rester dehors toute la nuit ou tu dois rentrer à la maison, après la procession ?"
"Non, je peux rester dehors aussi longtemps que je veux, cette nuit." répondit-il. Il aurait voulu savoir qui était l'autre gars, mais il ne le demanda pas.
"Moi aussi je peux rester cette nuit. Viens, allons nous faire donner deux flambeaux. Mon frère est en charge de la distribution, tu sais, et notre père c'est un confrère de l'Archiconfrérie."
"Mais la procession, n'est pas demain ?" demanda Coquelet.
"Dans la matinée, il y a la grande procession, la Rencontre. Mais ce soir, on marche tout autour du sanctuaire et on chante les litanies de Notre-Dame. Demain matin, à neuf heures, on part pour la grande procession, et on va jusqu'au Calvaire, dans la cathédrale. Celle de ce soir on l'appelle la petite procession. Toi, ces dernières années, t'as jamais participé ?"
"Non. Celui qui me sert de père, fait partie de la Confrérie du Crucifié depuis des années, et ainsi je suis toujours allé avec lui."
Quand ils ont obtenu leurs torches, Chaton lui expliqua : "Tiens-la ainsi, et tourne-la lentement de cette façon, quand nous l'allumons, de cette façon la résine brûle bien et ne coule pas, mais même si ça dégouline un peu, elle ne va pas sur tes vêtements, parce qu'alors il serait presque impossible de l'enlever."
Les gens ont commencé à allumer les torches, en passant le feu de l'un à l'autre, entre voisins, et bientôt toute la place fut remplie de flammes tremblantes. La procession démarra et les gens commencèrent à chanter tous en chœur les anciennes litanies de la Vierge Marie et à suivre la statue de la Sainte Vierge. Le serpent de feu se déroula à travers les rues et les ruelles étroites, faisant un large virage en zigzaguant entre les maisons de la Rabata, autour du sanctuaire.
Ensuite la statue fut portée dans l'église et placée dans le fond de la nef, faisant face aux baies, prête à sortir à nouveau le lendemain matin pour la grande procession de la Rencontre. Le prêtre commença les lectures de la Passion de Notre Seigneur. Selon une ancienne tradition, le vendredi débutait au coucher du soleil du jeudi et terminait au coucher du soleil du vendredi, donc, du point de vue liturgique, on était déjà le Vendredi saint. Le tabernacle de l'autel était ouvert et vide, l'autel était nu et toutes les effigies de saints, les croix étaient recouvertes de tissu violet; seule la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs n'était pas cachée aux yeux des fidèles.
Coquelet regardait souvent, avec le coin de l'œil, son nouveau compagnon, et plus il le regardait plus il le trouvait beau. Il se demanda comment il n'avait jamais remarqué auparavant un garçon si beau, sensuel et attrayant.
L'office terminé, les gens s'éparpillèrent hors du sanctuaire, dans un silence parfait, seul le piétinement de centaines de pieds rompait le silence de la nuit. Les deux garçons aussi sortirent du sanctuaire.
"Veux-tu venir avec moi ?" lui demanda alors Coquelet.
"Où ?"
"Dans la vallée des temples. Je pensais qu'on pourrait dormir là, le temps est bon, il ne fait plus froid..."
"Oui, pourquoi pas ? J'aime bien l'idée. Et puis il y a une pleine lune, on y voit assez."
Ils quittèrent la ville et descendirent vers le sud, en suivant la route qui longe la rivière Sainte-Anne. Lorsque le terrain le permettait, ils marchaient côte à côte et parfois se regardaient et échangeaient un sourire. Bientôt, les quatre colonnes du temple de Castor et Pollux furent visibles. Ils quittèrent la route étroite et, passant entre les chaumes et les buissons, s'approchèrent des ruines du temple. Coquelet ouvrait la route et Chaton le suivait en silence.
Coquelet était en train de penser à la façon de commencer le discours qui l'intéressait avec son nouveau compagnon. Donc : il lui demanderait s'il savait à qui avait été consacré le temple, puis s'il connaissait la légende des Dioscures, et puis il aurait...
Ils étaient arrivé en face des ruines et Coquelet avait commencé à se tourner vers l'autre pour commencer le discours qu'il avait préparé, quand Chaton, qui était derrière lui, le prit dans ses bras, et il le serra, lui caressa doucement la poitrine et le ventre et lui dit : "Ici, nous sommes seuls, personne ne peut nous voir... t'as envie de faire... à le faire avec moi, Coquelet ?"
Celui-ci se raidit un instant, à sa grande surprise : il avait imaginé tout, sauf cette approche de manière si directe et explicite. Mais il se détendit immédiatement, et l'autre, voyant que son compagnon ne lui échappait pas, ne s'opposait pas, lui dit, excité : "Je t'aime trop, Coquelet ! Dès que je t'ai vu je voulais être seul avec toi !" et sa main alla caresser entre ses jambes.
Coquelet devint tout de suite très excité et entre temps sentit la virilité de l'autre commencer à gonfler et pousser à travers leurs vêtements contre son cul. Chaton sentit également la fermeté de son compagnon sous sa main, et la pressa, en murmurant d'une voix chaude : "Toi aussi t'as envie au moins autant que je le veux, n'est-ce pas ?"
"Oui, c'est vrai..." a finalement pu répondre Coquelet, qui se tourna entre les bras de son compagnon, et le regarda dans les yeux. "J'espérais juste arriver à cela, quand je t'ai demandé si tu voulais venir ici..."
"Je m'en doutais..." dit l'autre, qui prit le visage de Coquelet dans ses mains, et l'embrassa sur la bouche.
C'était la première fois que quelqu'un l'embrassait et Coquelet en fut surpris, puis timidement il rendit le baiser et pensa qu'il était bon de s'embrasser de cette façon. Il sentait le membre dur de l'autre ondoyer contre et à côté du sien, frottant et poussant à travers les vêtements. Coquelet poussa sa langue dans la bouche de l'autre, qui la suça un peu, bougeant contre la sienne. Leurs langues jouèrent à se poursuivre pour un bon moment, de bouche en bouche, dans un crescendo de plaisir et d'excitation.
"J'avais tellement envie de t'embrasser ainsi, depuis le premier moment que je t'ai vu, Coquelet !"
"Et moi, je n'ai fait que penser à toi et souhaiter de faire ça... avec toi. Tu es trop beau..."
Chaton délia sur les côtés le pantalon du copain et le fit descendre jusqu'à ses genoux, puis il le poussa à s'asseoir sur une des grosses pierres de la base du temple, se mit à genoux entre ses jambes, prit les génitaux de son compagnon de ses mains, les tripotant gentiment, se pencha et déposa un baiser sur le bout du membre gonflé et partiellement découvert. Puis il commença à le lécher doucement.
Coquelet tressaillit en proie à un étrange, nouveau, et très fort plaisir : "Qu'est-ce que tu fais, Chaton ? Ça ne dégoûte-ce pas ?" demanda-t-il en le regardant, étonné.
"Non, j'aime, j'aime beaucoup. Pas toi ?" dit l'autre, levant les yeux vers lui avec un sourire joyeux.
"Oui... oui que j'aime, mais... Ça ne t'écœure pas de me lécher là ?" demanda-t-il à nouveau, totalement surpris, mais en même temps jouissant de l'attention inattendue et se sentant incroyablement excité.
En réponse, l'autre la fit glisser toute dans sa bouche et commença à bouger la tête de haut en bas, en y fermant étroitement ses lèvres autour, tandis que sa langue la taquinait tout autour et au-dessous. Coquelet gémit sous l'intensité des sensations et posa sa main sur la tête de son compagnon, glissant ses doigts dans ses cheveux dans un geste de tendresse. Pendant ce temps Chaton avec une main caressait son ventre contracté, et la glissant sous les vêtements, il se mit à frotter les tétins de Coquelet.
"Oh, mais qu'est-ce que tu me fais ? C'est trop bon... Oh, oui, c'est très agréable..." murmura Coquelet en penchant la tête en arrière et en regardant la voûte du ciel plein d'étoiles, au-dessus d'eux.
Il n'avait jamais jusque-là ressenti un plaisir si intense, et il pensa que l'autre l'emmenait au paradis. Puis Coquelet pensa qu'il devrait essayer lui aussi : si son copain le faisait, peut-être qu'il aurait aimé qu'on lui fasse aussi.
Il fit relever Chaton. Lui ôta la veste, puis dénoua le long et large ruban de coton vert, et caressa les pantalons de toile entre ses jambes, où ils étaient visiblement tendus, le regardant dans les yeux. L'autre sourit et leva les bras, alors Coquelet lui ôta aussi la chemise et la mit sur le rocher à côté de lui, puis défit les lacets des pantalons de Chaton sur les hanches, les glissa jusqu'à ses genoux, révélant ainsi le membre dur et en érection de son compagnon.
Puis l'attirant vers lui, il se pencha pour tester, d'abord hésitant, la jeune mais turgide virilité de l'autre avec sa langue, puis, se rendant compte que ne lui causait pas de mauvaise impression, il commença à la lécher et à la manipuler avec ses mains jusqu'à ce qu'il sente que l'autre se mettait à trembler, excité. Il regarda le corps frais et nu de Chaton et y passa les mains dans une longue caresse, pensant qu'il était beau, si doucement éclairé par les rayons de la pleine lune, et nu pour lui.
Il posa ses lèvres sur le bout de son membre et baissa la tête en le faisant glisser dans sa bouche, essayant de le prendre en entier. Il dut s'y reprendre à plusieurs reprises, avant qu'il ne puisse le faire, mais finalement son nez se colla contre les poils touffus et doux qui ornaient l'aine de l'autre. Les mains de Chaton se posèrent sur sa tête, et le guidèrent mais sans le forcer, et il lui caressait les cheveux et le cou. Coquelet sentit la légère odeur de sexe masculin de son compagnon, et l'inhala pensant qu'il s'agissait d'un parfum délicieux, érotique, très excitant.
Puis Chaton voulut échanger de côtés et recommença à sucer le membre de son compagnon, et de ses mains lui fit comprendre qu'il devait bouger son bassin d'avant en arrière. Après un certain temps, cependant, il s'écarta de lui et dit à voix basse avec excitation : "Si tu veux gicler dans ma bouche, c'est bien pour moi, mais je voudrais que tu me la mettes dans le cul... Qu'est ce que tu aimes mieux faire ?"
"Dans ta bouche ?" Coquelet demanda surpris. "Mais quel goût cela a-t-il ?"
"Il a une saveur que j'aime... mais la saveur... c'est difficile à expliquer. C'est un peu comme le lait d'amandes, mais plus dense et moins doux... C'est bon, en tout cas." a expliqué l'ami. "Alors, comment veux-tu jouir ? Dans ma bouche ou dans mon cul ?"
"Tous les deux !" s'exclama Coquelet avec enthousiasme.
"Si tu peux le faire deux fois, ça marche pour moi..." répondit l'autre, souriant et caressant son corps demi nu. "Mais nous avons à finir de nous déshabiller, avant."
Ils se débarrassèrent complètement de leurs vêtements, comme s'ils étaient pressés. Chaton le caressa, léger mais sensuel, sur le corps entier, puis s'accroupit de nouveau devant Coquelet qui prit sa tête dans ses mains et se mit à lui baiser la bouche avec plaisir, tandis que l'autre bougeait la langue avec habilité. Coquelet éclata soudain en un fort, inattendu orgasme et déchargea avec cinq ou six jets dans l'obligeante bouche qui bût goulûment toute sa semence.
Puis Chaton se leva et embrassa son compagnon sur la bouche, lui faisant sentir le goût de son sperme, "Voici, tu sens le goût qu'il a le tien ?" dit-il alors.
"Oui... T'avais raison, il fait penser un peu au lait d'amande." répondit-il rêveusement.
"Sauf que c'est du bon lait de mâle..." dit le compagnon en souriant.
Puis Coquelet fit coucher l'ami sur la pierre, se pencha et se mit à explorer avec les doigts et la langue chaque pli de son corps. Il s'arrêta sur ses tétins, quand il se rendit compte que cela donnait du plaisir à son partenaire, puis il descendit à son membre qui se dressait, droit et dur, attendant patiemment. Il le lécha longtemps de haut en bas sur toute la longueur, s'arrêtant parfois sur le gland lisse comme de la soie, puis vers le bas sur les testicules contractés, en goûtant aux frissons et aux faible gémissements de plaisir du compagnon.
Puis il lui fit soulever les jambes et lécha la zone située entre les testicules et l'anus, et finalement lécha aussi le trou ainsi révélé, de haut en bas et de bas en haut, et parfois il le forçait du bout de la langue. Personne ne le lui avait jamais fait avant, mais Coquelet était très excité, et le fit instinctivement. Pour Chaton c'était aussi la première fois qu'il recevait un tel traitement et il gémit en proie à un plaisir de plus en plus fort.
"Oh, Coquelet, tu me fais mourir... que me fais-tu ? C'est trop bon... Oh... oh, Coquelet... Baise-moi... baise-moi, allez..."
Bien que le garçon fut venu que quelques minutes avant dans la bouche de son ami, son pénis était encore dur comme le granit, érigé. Coquelet prit un peu de salive et lubrifia son membre, puis se mis en position et l'appuya sur le trou de son ami : "Oui, je suis là, maintenant je vais baiser ton doux cul, Chaton..."
Il la poussa lentement, en regardant l'expression sur le visage de son ami comme il le pénétrait. Chaton souriait heureux et murmura : "Oui, Coquelet, ainsi... remplis-moi... Mets-la toute dedans... c'est trop bon... Oui, Coquelet... oui... je la veux toute... Oh que c'est bon, Coquelet... oh, que j'aime..."
Quand il sentit ses boules pressées contre les petites et fermes fesses de son ami, Coquelet prit une profonde inspiration, puis commença à pomper en lui avec une virile gentillesse. L'autre l'encourageait avec un sourire lumineux. Coquelet bougea d'abord avec de longs et lents va et vient, et l'autre pouvait ainsi jouir pleinement de chaque centimètre du fort et jeune membre glissant dans et hors de la voie étroite et chaude.
Les deux garçons étaient ravis, et Chaton bougeait légèrement son cul pour augmenter le plaisir mutuel. Coquelet commença à le prendre avec des poussées de plus en plus fortes et rapides, retirant presque entièrement son membre et le repoussant dedans, encore et encore. Les deux garçons gémissaient de plus en plus fort, en proie à un plaisir croissant.
"Oui... oui... oui..." chantait Chaton et Coquelet lui faisait écho : "Ah... ah... ah..." et martelait en lui de plus en plus vigoureusement, et à chaque poussée son sexe frottait contre la prostate de l'autre, donnant à Chaton un plaisir de plus en plus fort, et presque insoutenable.
Chaton jouit tout d'un coup, giclant toute sa semence sur la poitrine de son ami et quelques jets ont même atteint son visage. Son anus palpitait avec force à chaque jet ce qui a aussi déclenché l'orgasme de Coquelet qui à son tour s'est déchargé, pour la deuxième fois, à l'intérieur de l'ami avec une série de fortes poussées puis, épuisé, il s'affaissa sur le corps de l'autre, haletant lourdement.
"Oh, Chaton ! Je n'ai jamais joui autant !" murmura le garçon excité, le visage rougi, frémissant encore de temps en temps.
"Moi non plus. Ç'a été très spécial, avec toi! Trop bon, vraiment."
Ils se sont embrassés. Lentement, le membre de Coquelet ramollit dans le canal de l'autre et se retira, jusqu'à ce qu'il glisse dehors. Chaton étendit ses jambes et serra son ami contre lui.
"Coquelet ?"
"Oui ?"
"T'es un rêve, toi ! Veux-tu me prendre comme ton petit ami ? Veux-tu le faire seulement avec moi ? Si tu me dis oui, moi aussi je vais le faire seulement avec toi... S'il te plaît... dis-moi oui !"
"Chaton, moi aussi j'ai aimé bien plus qu'avec tout autre. Vraiment. Mais..." répondit l'autre incertain.
"Mais ?" demanda son ami presque en retenant son souffle. "As-tu un autre, par hasard ?"
"Non, non. Cependant, pour dire que tu es mon petit ami et moi le tien, nous devrions aussi être amoureux, en plus d'aimer le faire ensemble... et pourtant on vient de se connaitre, nous en savons trop peu l'un de l'autre."
"L'amandier en fleur apporte le printemps, disent-ils, n'est-ce pas ? Je suis sûr que l'amour aussi viendra. Parce que tout à l'heure, l'amandier a fleuri, donc viendra aussi le printemps. Je l'ai fait avec quelques autres gars, mais jamais avec qui que ce soir ça n'a été beau comme cela l'a été maintenant avec toi."
"Beau, oui, c'était vraiment très beau, mais l'amour est une chose sérieuse. Ce n'est pas juste bien baiser, mon Chaton."
"Mais... tu ne veux pas essayer avec moi ? Pour voir si nous pouvons vraiment devenir l'un le garçon de l'autre ? Et tant que nous ne serons pas sûr... tu es d'accord pour que nous le fassions seulement moi avec toi et toi avec moi ?" demanda le garçon avec une forte lumière de prière dans les yeux.
"Eh bien... oui... oui nous pouvons essayer. Mais si on se met ensemble, toi et moi... comment on fait, tu es avec ta famille et moi à la maison du Baron ? Je peux parfois, tout simplement prévenir Chapeaumoche, et je peux passer la nuit dehors, mais toi, à part pour cette nuit, on te laisse passer la nuit dehors ?"
"Non... Je suppose que non... Ce n'est jamais arrivé, sauf dans les nuits de la semaine sainte. Peut-être, cependant, que nous pouvons le faire pendant la journée, non ?"
"Où ? En dehors du fait que pendant toute la journée, je travaille... Tu ne vois pas que c'est très difficile ?"
"Tu ne veux pas te mettre avec moi, alors ?"
"Ce n'est pas ça, je voudrais essayer aussi, parce que je t'aime trop, et c'est trop bon avec toi, Chaton."
Ils se sont rhabillés en silence, chacun perdu dans ses propres pensées. Ils s'étaient assis côte à côte, appuyés contre une des colonnes, en regardant chacun dans le néant. Chaton pris une main de Coquelet dans les siennes.
"Nous devons essayer, Coquelet, si tu es sincère quand tu dis que tu veux essayer avec moi." dit doucement le garçon, d'un ton de prière.
"Après que les amandiers fleurissent, passent des mois, avant qu'il ne donnent des fruits..." murmura Coquelet.
"Et nous attendrons des mois, tout ce qu'il faut, et si nous y mettons à la fois de l'engagement tous les deux, nous pouvons aussi profiter du fruit doux. Je le sens, je sais que j'ai enfin trouvé le bon copain. Quand je t'ai revu, là dans le sanctuaire, je me suis senti comme un coup au cœur, et pas seulement parce que tu es plus beau qu'un rêve..."
"Peut-être que c'est le destin que notre première fois nous l'avons fait ici..." murmura Coquelet pensivement.
"Pourquoi tu dis que c'est le destin ?"
Coquelet alors lui raconta l'histoire de Castor et Pollux.
Chaton dit finalement: "Et alors, cela signifie que nous allons passer six mois la nuit au paradis et le jour en enfer, puis six mois en enfer la nuit et le jour dans le ciel comme ces jumeaux ? Si c'est la seule façon que j'ai pour être avec toi... je suis prêt."
"Si seulement il y avait un jour l'amour entre toi et moi, en plus du plaisir de le faire ensemble."
"Pour moi, après que je le faisais avec les autres, tout était fini, et pourtant tout est différent avec toi. J'ai encore envie de t'embrasser, ou même juste d'être encore plus proche que nous le sommes maintenant..."
"Oui, je comprends, de même pour moi c'est ainsi..." déclara Coquelet le tirant à lui jusqu'à ce que son ami mette sa tête sur ses genoux et il le caressa doucement sur le visage. "Et puis... et puis j'aimerais aussi que tu me la mettes. Mais pas seulement cela, tu sais ? Également n'être que comme ça pour moi aussi, c'est une très belle chose."
"Peut-être que demain matin nous pouvons le faire encore une fois, Coquelet, n'est-ce pas ? Je ne veux pas te perdre quand je viens juste de te trouver. Ce n'est pas juste : si j'étais une fille, on pouvait se marier et rester ensemble tout au long de la vie..."
"Que veux-tu dire, que tu voudrais être une femme, toi, Chaton ?" demanda Coquelet, un peu surpris.
"Non, il ne m'est jamais arrivé de le penser, mais maintenant... Pourquoi deux garçons ne peuvent pas se marier entre eux ? Tu ne te marierais pas avec moi, si c'était possible ?"
"Si j'étais amoureux de toi, bien sûr que je t'épouserais aussitôt."
"Que dois-je faire pour que tu m'aimes, Coquelet ? Dis-le moi, s'il te plaît. Je ne veux pas te perdre maintenant que je t'ai trouvé."
"Peut-être rien. Peut-être qu'on tombe amoureux pour de vrai, toi et moi. Chapeaumoche m'a expliqué, un jour, comment ne pas perdre l'amour, mais pas comment faire pour tomber amoureux..."
"Mais toi, avec Chapeaumoche, tu parles de toutes choses ? Même de ces choses là ?"
"Bien sûr, je t'ai dit qu'il est comme un père pour moi, en fait, encore plus qu'un père."
"Et tu lui as dit aussi... pour moi? À propos de toi et moi ?" demanda le garçon en le regardant avec une expression d'étonnement.
"Oui, bien sûr. Il m'a dit de t'offrir peut-être une fleur..." dit Coquelet avec un sourire.
"Et il ne t'a rien dit ? Il ne t'a pas engueulé ? Est-ce que, lui aussi comme nous aime les hommes ?"
"Non, pas lui. Mais il dit que c'est naturel, et que ça arrive à certains, comme à nous deux. Une fois il a vu que j'étais avec un mec. Oh, pas pendant que nous le faisions, mais nous étions tout nus dans le même lit après que nous l'avions fait. Il m'a juste dit d'être prudent, car beaucoup le font, mais on ne doit absolument pas le laisser savoir aux autres."
"Mon père, même s'il pouvait nous voir maintenant tout habillés, il prendrait le fouet du cheval et m'écorcherait vif. Mais, écoute Coquelet, si Chapeaumoche sait que tu es venu ici avec moi, et pour faire exactement ce qu'on a fait toi et moi, alors peut-être que nous pouvons lui demander des conseils et de nous aider, non ? Peut-être qu'il peut nous dire ce que nous pouvons faire."
"Eh bien, peut-être... Tu sais que j'ai encore vraiment envie de t'embrasser, maintenant que tu m'as appris comment le faire ?" dit Coquelet avec un doux sourire, lui soulignant d'un doigt léger les lèvres.
"Et qu'est-ce que tu attends alors ?" murmura l'autre avec des yeux étincelants, le tirant vers le bas, et leur bouches se rejoignirent avec une passion renouvelée.