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histore originale par Andrej Koymasky


LES ÉMIGRANTS CHAPITRE 5
DE RANCHERO À TAVERNIER

Plus Alceo et Pablo se trouvaient et ils étaient ensemble, plus ils réalisaient se sentir bien et vouloir rester encore plus longtemps ensemble.

Lorsqu'Alceo allait avec les troupeaux dans la pampa, il avait dû cesser d'avoir des rapports sexuels avec Paquito qui avait été embauché comme ranchero : ils ne pouvaient pas montrer aux autres qu'ils s'écartaient ensemble. Par conséquent Alceo allait maintenant avec les autres muchachos, indifféremment avec l'un ou avec l'autre. Celui qui avait pris la place de Paquito était un jeune Indien de seize ans qui, même si ce n'était pas vraiment volontiers, le prenait sans trop de difficultés dans son cul, mais qui aimait le sucer et il savait bien le faire, contrairement aux deux autres.

Mais chaque fois Alceo était impatient de revenir à l'hacienda avec les troupeaux pour aller en ville, se voir avec Pablo et avoir du sexe avec lui. Ainsi passèrent près de deux ans.

Un jour Pablo lui dit : "Alceo, tu as un peu d'argent de côté, pas vrai ?"

"Oui, pourquoi ?"

"J'en ai aussi. Peut-être entre tous les deux, on pourrait le faire..."

"Faire quoi ?"

"Un client qui est en ce moment dans l'hôtel, a un petit restaurant à Buenos Aires et il veut le vendre. Il semble qu'il fait de bonnes affaires, il est près du port... Je voudrais avoir mon propre restaurant, si tu me donnes un coup de main et si tu travailles avec moi, au moins, nous pourrons enfin être ensemble, non ? Qu'en dis-tu ?"

"Tu es sûr que ce soit une bonne affaire ?"

"Cet homme est un ami du propriétaire de l'hôtel, qui dit qu'il est un homme très honnête, et que le prix est bon. Cet homme est vieux, il est veuf maintenant, les fils ont de bons emplois qu'ils ne veulent pas laisser, alors aucun d'eux ne veut le restaurant. Mais il veut se retirer de l'entreprise et jouir de sa vieillesse."

Ils en discutèrent et ils virent que, à eux deux et avec l'aide de Violeta, ils pourraient réussir à payer ce que l'homme demandait, donc ils décidèrent d'aller à Buenos Aires pour voir. Le restaurant avait une trentaine de places, il était modeste mais agréable, et ils virent qu'il était plein de clients. L'homme le dirigeait, il y avait un chef et deux garçons, José, marié, trente-six ans, et Joselito, célibataire, vingt-trois ans : à quatre ils le faisaient marcher sans problèmes.

"Tu t'occupes des comptes et de l'administration, je fais la cuisine et on garde les deux garçons... qu'en dis-tu ?" dit Pablo, enthousiaste.

Alceo voulut aussi voir le livre de caisse du propriétaire, pour se rendre compte des entrées et sorties. Finalement, il décida que ça valait la peine d'essayer. Donc, ils achetèrent le petit restaurant et, au moins au début, pour économiser de l'argent, ils décidèrent d'y dormir dedans, en adaptant une petite pièce avec un simple lit.

Ils prirent tous deux leur congé et déménagèrent à Buenos Aires. L'ancien propriétaire, comme convenu, resta avec eux pendant un certain temps pour accompagner leur gestion du restaurant. La clientèle était mixte : de voyageurs de commerce à des marins, de quelques visiteurs aux employés qui travaillaient dans les bureaux voisins. Un bon tiers des gens qui mangeait chez eux était composé de clients réguliers, ce qui garantissait un revenu minimum sûr.

Les deux serveurs étaient discrets et connaissaient leur travail assez bien. Alceo aurait seulement voulu qu'ils soient un peu plus raffinés, mais pour le moment il s'en contenta et il les garda. Pablo dans la cuisine s'en tirait bien, il avait seulement à courir un peu, mais il savait bien s'organiser.

Quand, à la nuit, fatigués ils fermaient le restaurant et pouvaient finalement aller au lit, ils ne faisaient pas l'amour. Ils s'endormaient presque immédiatement. Mais le matin, avant que Pablo aille faire les provisions et Alceo s'occupe du nettoyage du restaurant, ils avaient toujours le temps de faire l'amour, avec la joie et le plaisir habituels.

Alceo appréciait vraiment le nouveau travail, surtout parce que beaucoup plus propre, et aussi parce qu'il lui permettait d'avoir une vie sociale «normale» dans la capitale, où vivaient aussi de nombreux immigrants italiens. Mais surtout parce qu'il lui permettait de vivre tranquillement sa relation avec le sympathique et beau Pablo.

Parfois il s'interrogeait sur sa relation. D'un côté, il semblait évident que ni lui était amoureux de Pablo ni celui-ci ne l'était de lui. Bien que cela arrivât assez rarement, à la fois lui et Pablo avaient une petite aventure en dehors de leur relation. Cependant, ils étaient très bien ensemble, tant sur le plan de l'amitié et sur le plan sexuel que, non moins important, sur celui du travail.

Puisque les affaires allaient plutôt bien, ils décidèrent d'embaucher un aide-cuisinier, un garçon de vingt-deux ans, qui avait travaillé pendant quatre ans comme aide-cuisinier dans un hôtel à Bahia Blanca, fils d'italiens, mais né en Argentine, nommé Italo Celli.

Alceo réalisa que Pablo était en train de faire la cour à Italo, et selon lui le garçon n'était pas opposé à accepter les avances de son patron, et il aimait regarder l'évolution des choses. En dépit de ne pas avoir leurs aventures en secret l'un de l'autre, Alceo et Pablo, par une sorte de pudeur instinctive, n'en parlaient pas l'un à l'autre. Tout au plus ils en faisaient quelques simples allusions.

Italo, bien qu'étant tout autre que laid, à l'avis d'Alceo n'était pas attrayant. Il en avait une fois discuté avec Pablo, comme parfois ils faisaient, en comparant leurs goûts quand ils voyaient quelqu'un qui leur semblait attrayant.

Pablo lui avait dit : "Physiquement, il ressemble à un taurillon."

"Oui, un peu trapu... Et il n'est pas très expressif..." avait répliqué Alceo.

"Les eaux calmes, cachent parfois des tourbillons, tu ne sais pas ? Lorsqu'il ne travaille pas il semble indolent, mais quand en cuisine il y a à faire, il est leste, efficace, précis... Où il travaillait avant ils faisaient de la cuisine italienne, donc nous sommes en train d'agrandir notre menu."

"Oui, et il semble que les nouveaux plats plaisent aux clients. Ce qui me plaît peu en lui c'est qu'il donne toujours raison à celui avec lequel il parle... il ne semble pas avoir de personnalité. Mais cela n'enlève rien à son habileté en cuisine."

"Il est juste timide... et prudent. Oui, d'accord, avec lui on ne peut pas avoir les belles discussions que je peux avoir avec toi... Disons qu'il n'a pas une intelligence particulièrement vive, mais il n'est pas stupide."

"Non, d'accord, pas stupide. Mais il manque de... curiosité. Et aussi de sens de l'humour, au contraire de toi. Ce n'est pas un rouspéteur, mais non plus un type allègre. Il est... plat, pour ainsi dire."

"Pas tellement plat, au moins aussi loin qu'on peut deviner ce qu'il a sous la braguette..." Pablo lui fit remarquer, en ricanant.

"Avec le tablier, on ne peut rien voir..." rit Alceo en réponse. "Physiquement notre Joselito me semble plus intéressant."

"Oui... mais celui-là a les yeux seulement pour les filles. Et si je ne me trompe pas il est déjà en train de programmer son mariage, non ? Italo n'a jamais parlé de filles, par contre."

"Peut-être que c'est quelqu'un qui parle peu et fait beaucoup. Nous ne savons rien sur sa vie privée." Dit Alceo. "Peut-être qu'il a dû quitter Bahia Blanca parce qu'il avait mis enceinte une fille..."

"Et qu'en savons nous que ce ne soit pas, par contre, parce qu'il tendait des pièges aux gamins ?" Pablo se mit à rire. "Mais aussi dans ce cas, j'aurais peu d'espoirs : je ne suis plus un gamin."

Mais ce ne fut pas avec Italo que Pablo eut une aventure. Un des clients qui fréquentait souvent leur restaurant était Peter Bennett, un américain de Floride, qui avait une maison d'export-import et commerçait principalement avec l'Argentine, si bien que souvent il se rendait à Buenos Aires. Bien que le restaurant de Alceo et Pablo n'était ni parmi les plus célèbres, ni des plus luxueux, le riche américain avait commencé à le fréquenter, chaque fois qu'il s'arrêtait à Buenos Aires, car il était situé dans une position centrale par rapport à l'endroit où se déroulaient ses affaires, et parce que la nourriture était bonne.

Alceo s'était aperçu qu'entre Peter et Pablo quelque chose avait commencé, mais, comme les autres fois, il n'y avait pas fait beaucoup attention, ni donné aucun poids. Il était juste un peu surpris parce que Peter avait deux fois l'âge de Pablo, et il ne lui avait jamais semblé que Pablo fut attiré par des gens beaucoup plus âgés que lui. En outre Peter, bien qu'étant un homme agréable soit comme aspect, soit comme personnalité, et élégant aussi, n'avait vraiment pas l'air du type qui pouvait intéresser Pablo, dont il connaissait bien les goûts sexuels...

Mais comme, d'habitude ils parlaient rarement de leurs aventures, les deux se contentaient de savoir seulement ce que le partenaire avait envie de dire, sans jamais poser de questions. Alceo ne remarqua pas que Pablo, sans cacher le fait qu'il se voyait avec Peter, en parlait moins que ce qu'il avait fait avec ses autres compagnons occasionnels d'«amusement».

Ce fut donc une surprise quand un jour, alors qu'ils aiguisaient les cure-dents pour le restaurant, Pablo lui dit qu'il «devait» lui parler de Peter.

"Alceo, Peter m'a demandé d'aller avec lui, aux États-Unis... Il veut que je devienne son boyfriend..."

"Ah ! Et... est-ce que ça t'intéresse ?" lui demanda Alceo.

"Eh bien, tu vois... il ne te ressemble pas, au lit, mais il n'est pas mal non plus... et il me propose une vie... dans le luxe. Il est plein d'argent..."

"Je comprends. T'as décidé d'accepter sa proposition ?"

"Eh bien... oui, mais d'abord je voulais en parler avec toi. D'une part, je regrette de te laisser, mais... Italo est en mesure de s'occuper de la cuisine, surtout si tu peux lui trouver un aide..."

"Si t'as décidé... que veux tu que je dise ? Après tout nous ne sommes pas mariés, non ? Ni ne sommes amoureux, donc... Le seul problème est que, comme tu le sais, je ne suis pas en mesure de te payer la moitié de notre restaurant, pas tout de suite, au moins. Je pourrais t'envoyer de l'argent un peu à la fois, si cela te convient..."

"Il n'y a pas de problème pour cela. La vie que Peter me propose ne me fera manquer de rien, ou mieux... je serai encore mieux que maintenant, financièrement. Donc, je pensais que je te donnerai ma part, de sorte que le restaurant devienne ainsi tout à toi."

"Mais... t'as bien pensé à cela ? Et si tôt ou tard il se fatigue de toi ou toi de lui... tu risques de rester le cul par terre..."

"Il m'a dit qu'il me met en banque beaucoup d'argent, juste pour me garantir de ne pas rester le cul par terre. Et je ne pense pas que cela se produise. Comme avec toi, ce n'est pas qu'il y ait de l'amour entre lui et moi, mais ça nous plaît de pouvoir rester ensemble..."

"Que veux tu que je te dise ?" répéta Alceo. "Si tu penses faire bien... fais-le. Quand penses-tu partir ?"

"Il rentre aux États Unis la semaine prochaine... J'ai juste assez de temps pour faire les documents pour m'expatrier. Officiellement, il m'embauche comme commis dans son entreprise, donc je ne vais pas avoir de problème pour le visa... Avant de quitter, je voudrais juste aller saluer Violeta."

"Eh bien, bons vœux, alors, Pablo. Je regrette de te perdre, je me trouvais assez bien avec toi. Quand tu reviendras à Buenos Aires, tu viendras me saluer ?"

"Bien sûr, je viendrai te voir, si tu veux. Je craignais que tu le prennes mal, Alceo... Tu es vraiment un ami, permets-moi de te le dire."

Ainsi Pablo, après avoir fait les documents pour laisser sa partie à Alceo et ceux pour voyager à l'étranger, alla saluer sa sœur et partit avec le riche américain.

Alceo sentit le manque de Pablo. Maintenant qu'il n'était plus là, il réalisait qu'il avait était important pour lui de vivre avec le beau garçon. Au delà du bon sexe, et pour sa joie, surtout parce qu'il avait été un bon ami.

Sexuellement Alceo simplement donna plus de temps à ses aventures. En particulier, il y avait un jeune employé de la Chambre de commerce qu'il pouvait voir assez souvent. Son nom était Ramiro López et il avait vingt-six ans. Ils s'étaient rencontrés à la Chambre de commerce, où parfois Alceo devait aller pour les démarches du restaurant, et peu à peu ils avaient compris être attirés mutuellement.

C'était Alceo qui avait fait les premières, prudentes, avances. Il l'avait invité à venir manger dans son restaurant "pour le remercier de sa gentillesse"... Ensuite, ils s'étaient rencontrés une couple de fois pour se promener et discuter, en se sondant l'un l'autre.

Il n'était pas facile ni opportun de se «dévoiler» si aisément, étant donné que les homosexuels étaient très méprisés, discriminés, marginalisés et même persécutés par la société, et que même on les considérait comme «ennemis» de la patrie. L'homosexualité était considérée par l'église comme un «péché odieux, dont on ne pouvait même pas parler». Les savants positivistes la définissaient comme «une maladie grave et incurable». La loi avait décrété que c'était un «délit contre la société civile».

Mais enfin les deux réalisèrent qu'ils pouvaient se faire confiance l'un à l'autre, et s'ouvrirent en manifestant le désir réciproque, l'attraction mutuelle.

La première fois qu'ils firent l'amour, dans le modeste mais digne appartement de Ramiro, celui-ci, après une réticence initiale et de la pudeur, se déchaîna littéralement: "Ah... ça fait deux ans que je ne l'ai plus fait avec personne !" dit-il, son visage rouge de plaisir, "Que je ne pouvais baiser que ma main en rêvant de quelqu'un comme toi !"

Alceo, qui n'aimait pas le sexe consommé en hâte, eut du mal à faire de sorte que le compagnon n'arrive pas tout de suite à l'orgasme. D'autre part, il comprenait la «hâte», le sens d'urgence de l'autre... Quand Ramiro, lui poussant les jambes contre la poitrine, se pencha contre lui pressant dans la fente chaude entre les fesses avec sa perche dure, il se détendit pour l'accueillir. L'autre lui coula dedans avec une série de coups rapides et vigoureux et commença à le baiser avec vigueur.

Son visage était renversé légèrement en arrière, les yeux fermés, la bouche entrouverte, et à chaque poussée il émettait un léger gémissement de plaisir. Après quelques coups désordonnés, il vint avec un long gémissement étouffé, tremblant de l'intensité du plaisir.

Alors Ramiro se désenfila de lui, se coucha à côté et à son tour il se ramena les jambes sur la poitrine. "Allez... allez, baise-moi !" le pressa-t-il, les yeux brillants de convoitise.

Alceo le contenta, mais contrairement à ce jeune homme, il le prit avec calme, en continuant beaucoup de temps à bouger à l'intérieur de lui et en lui stimulant le corps avec des caresses appropriées et le frottant légèrement sur les zones érogènes. Bientôt, le membre de Ramiro, qui avait commencé à s'assouplir, revint à se dresser, dur et palpitant.

Quand enfin Alceo aussi se laissa aller à l'orgasme, presque simultanément Ramiro vint pour la deuxième fois, entre leurs ventres. Ils se détendirent, côte à côte.

"Je n'ai pas été terrible, pas vrai ?" lui demanda Ramiro.

"Tu avais seulement un peu trop de... hâte. Mais je te comprends, après deux ans... Je suis sûr que la prochaine fois ça ira mieux."

"Je suis heureux que tu dise «la prochaine fois». Cela signifie que je ne t'ai pas trop déçu..."

"Tu m'as pas encore dit quand t'as compris être homosexuel..." lui demanda Alceo.

"Compris ? Depuis toujours, je crois. Sûrement de quand j'ai atteint la puberté. Mais la première fois que j'ai pu le faire avec un autre, j'avais vingt ans. On m'avait invité au dîner de mariage d'une cousine, et je pensais déjà que ce serait d'un ennui terrible, je n'ai jamais aimé ces énormes rassemblements de famille... Mais à table je faisais face à un gars incroyable, de mon âge, nommé Luis, un parent de l'époux.

"Il avait un visage d'ange, encadré par de beaux cheveux entre le châtain clair et le blond, et de beaux yeux noisette avec un regard profond et intense à te couper presque le souffle. Pendant le déjeuner, je discutais avec mes voisins, mais je continuais à jeter des regards fugaces à Luis, puis de plus en plus longtemps, aussi longtemps que nos yeux finirent par se rencontrer, et tous les deux nous les détournâmes rapidement. Mais après un certain temps j'ai regardé à nouveau et j'ai trouvé ses yeux fixés sur moi.

"Nous avons commencé un léger jeu de regards, et j'ai cru lire un message en eux, et j'ai essayé de lui envoyer un message... Plus tard, le long et abondant déjeuner fini, alors que quelqu'un commençait à jouer et d'autres à danser, je suis allé chercher les toilettes. Quand j'étais sur le point d'entrer, la porte s'ouvrit et il en sortit. Nous avons échangé un sourire gêné, puis sa main a touché la mienne... et dans nos yeux brûlait le désir.

"Il me demanda : où ? Je connaissais la maison de ma cousine. Viens, je lui ai dit et, tenant sa main, je l'amenais aux escaliers, montant jusqu'au grenier. Dès que la porte se referma derrière nous, nous étions dans les bras l'un de l'autre et nous nous sommes embrassés. Ce qui est incroyable c'est que pour lui, comme pour moi, c'était la première fois. Pourtant on s'était compris, sans aucun doute...

"Il y avait un vieux matelas, nous nous déshabillâmes l'un l'autre et nous y allâmes... pour nous explorer, pour expérimenter, pour enfin donner corps à nos désirs. Nous nous excusâmes l'un l'autre, en confessant que nous ne l'avions encore jamais fait avec un homme... Pourtant, dès cette première fois nous avons tout fait, de nous sucer l'un l'autre, à nous pénétrer tour à tour, bien que cette deuxième chose fut plus problématique pour nous deux. Mais après quelques tentatives, nous avons réussi et nous avons constaté que, malgré l'inconfort initial, ça nous plaisait bien.

"Ainsi commença notre histoire. Quand nous sommes descendus nous mélanger à nouveau avec les autres hôtes, nous nous sommes sentis ivres. Ivres et heureux. Nous nous sommes donnés un rendez-vous pour le lendemain... nous nous sommes vus souvent et avons appris à bien faire l'amour. Nous avons réussi à nous voir, cachant notre relation, pendant un peu plus de deux ans. Ensuite, il se maria et déménagea à Corrientes, et donc notre histoire prit fin..."

"Et après lui ?"

"Rien pendant un temps... Alors j'ai découvert qu'il n'était pas trop difficile de trouver quelques matelots autour du port, surtout parmi les marins étrangers. Non pas que ce soit si facile non plus, de toute façon. Mais au moins, j'étais en mesure de m'enlever une envie. Mais ensuite il y a environ deux ans, ils ont fermé la zone portuaire et ils y ont mis plusieurs patrouilles de la Garde Nationale à faire la ronde... Donc je ne pouvais plus risquer d'y aller..."

Un jour, Alceo vit Paquito. À peine le reconnut-il, il l'appela.

"Hola, Alceo ! Comment vas-tu ?" lui demanda le garçon, maintenant un jeune homme, avec un large sourire.

"Très bien, et toi ? Toujours à l'hacienda de Hernando González ?"

"Oui, bien sûr. Je viens de faire une commission pour le maître."

"Et... tu t'es fait un garçon, ou tu te contentes toujours avec les muchachos ?" lui demanda Alceo.

"Je me suis fait un homme, bien que parfois je m'amuse avec quelques muchachos..."

"Vraiment ? Quelqu'un que je connais ?"

"Bien sûr que tu le connais ... c'est notre chef..."

"Pepe ? Mais il n'est pas marié ? Je ne croyais pas que..."

"Oui, il est marié, mais on s'est mis ensemble, bien que ce ne soit pas facile à faire pour que personne ne soupçonne rien de nous deux. Et toi, plutôt ? Tu es toujours avec Pablo ?"

"Non, il m'a quitté, il est allé aux États-Unis avec un homme riche qui l'entretient. Maintenant, j'ai un ami avec lequel on se voit parfois..."

"J'ai peu de temps, Alceo, mais... Je voudrais le faire à nouveau avec toi." lui dit Paquito avec un sourire alléchant.

Alceo hocha la tête avec un sourire : le garçon lui plaisait et aussi comme il faisait l'amour. Donc, il l'amena dans le nouvel appartement qu'il avait trouvé presque en face du restaurant et ils firent l'amour à nouveau, lentement, assez longtemps.

"Comment est Pepe ? Il fait bien l'amour ?" lui demanda Alceo alors qu'ils se rhabillaient.

"Oui. Il est très viril, mais aussi tendre, quand on baise. Il est très différent, en privé, de la façon dont il est avec nous en tant que chef. Il a toujours aimé les gars, mais tu sais comme il est, il a toujours dû le tenir caché et il avait dû se marier... En un sens, il est aussi amoureux de sa femme, et il aime ses enfants, bien sûr."

"Mais vous ne pourrez jamais vivre ensemble..."

"Malheureusement pas. Et même quand nous sommes dans la pampa, il n'est pas facile de nous écarter, lui et moi. Nous réussissons à baiser peu de fois, et toujours en étant très prudent. Ce n'est pas une vie facile, la nôtre. S'il n'était pas marié, nous pourrions faire comme tu avais fait avec Pablo, aller ensemble quelque part ailleurs, mais alors... il faut se contenter du peu que nous avons. Ce n'est pas une vie facile pour nous les maricones !"

Alceo pensa que, après tout, il avait eu de la chance... au moins par rapport aux autres. Mais il se demanda, avec une certaine inquiétude, ce que la vie lui réservait. Puis il se dit qu'il était inutile de se bander la tête avant de se l'être cassée. Il pouvait aussi bien vivre à la journée, au moins en ce qui concerne sa vie sexuelle.


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