Quand ils étaient dans leur chambre, après avoir enlevé leurs chaussures, Alceo s'assit sur le lit, à côté d'Arturo.
"Je dois te demander pardon, Arturo..." commença le jeune homme, regardant vers le bas, la voix hésitante.
"Pour quoi ?" lui demanda le garçon, le regardant et voyant, maintenant qu'Alceo n'avait plus besoin de feindre, combien son homme était troublé.
"Je... à la maison de Cornelio... Je t'ai trahi... J'ai fait du sexe avec Fabián..."
"Mais quand ? Vous avez toujours été avec nous... Non, c'est vrai, pendant un certain temps, on ne vous a pas vus... et Julio... peut-être qu'il l'avait convenu avec Fabián, maintenant que j'y pense... Hum, c'est ça ! Julio pendant un certain temps m'a fait une cour impitoyable..."
"Et toi ?" demanda Alceo, ayant presque honte de lui poser cette question.
"Eh bien... la cour de Julio d'une partie me flattait, mais de l'autre m'ennuyait aussi."
"Mais moi par contre... je ne me suis pas opposé à Fabián quand... quand... quand il a voulu me prendre... En fait, je le voulais, j'ai aimé, tu comprends ? Voilà pourquoi je me sens si... pourquoi j'ai tellement honte, maintenant. Mais j'aurais dû y penser alors, pas après... Dieu, Arturo, je regrette tellement..."
"Tu... tu m'as dit plusieurs fois que tu désirais que je te prenne, mais je t'ai toujours dit que ça ne m'allait pas... Donc, peut-être que c'est de ma faute si... si tu t'es laissé prendre par lui. Mais je sais que tu m'aimes... n'est-ce pas ?"
"Bien sûr que je t'aime ! Mais peut-être pas assez s'il a suffi qu'il essaie pour que je lui cède aussi... Je me demande comment cela a pu arriver... Je ne cherche pas des excuses, mais de comprendre... Peut-être... peut-être au delà de mon désir d'être pris... peut-être parce que Fabián me rappelle physiquement Léo..."
"Qui est Léo ? Tu ne m'as jamais parlé de lui..." dit Arturo prenant sa main dans la sienne, pour lui faire sentir sa chaleur, son amour, sa proximité non seulement physique.
Alceo alors, pour la première fois, raconta à son Arturo l'histoire de Léo...
"Le 23 mai 1915 Italie déclara la guerre à l'empire austro-hongrois. Moi, qui venait d'avoir dix-huit ans, je faisais partie du contingent qui avait été envoyé pour combattre dans la haute Cadore sur le Col di Lana, et nous devions être en mesure de couper l'une des principales voies d'approvisionnement des autrichiens au secteur Trentino à travers la vallée de Pusteria.
Parmi mes compagnons d'armes il y avait un garçon de vingt-trois ans. Son nom était Leone Pozzo, mais tout le monde l'appelait Léo. Il s'était marié quelques mois avant qu'ils le rappellent aux armes. Léo... il était très beau, et aussi sympathique. Il était gentil avec tout le monde, il était très fort aussi, déterminé et il était respecté autant par les autres soldats que par nos supérieurs.
Je m'étais senti tout de suite fortement attiré par Léo, mais en sachant qu'il était marié, j'imaginais qu'il ne pouvait pas être intéressé par moi, donc je me limitais juste à rêver... Mais je faisais tout mon possible pour être près de lui, en particulier quand on se lavait, de sorte que je pouvais voir son corps fascinant, puis aussi quand on mangeait, on pouvait ainsi bavarder, et quand on se battaient dans les tranchées, car à côté de lui, je me sentais protégé et en sûreté.
L'attraction, du moins en moi, se transforma bientôt en amour : j'aurais fait quoi que ce soit pour lui, j'aurais donné ma vie, je l'aimais en silence, en prenant soin que personne, et encore moins Léo, ne puisse soupçonner mon amour. Ce n'était pas si difficile, parce que dans ces conditions d'extrême précarité et de danger constant, beaucoup d'entre nous se liaient dans une amitié spéciale avec un compagnon d'armes.
La nôtre était une guerre essentiellement de tranchée, dans laquelle on essayait de bloquer l'ennemi. Des deux côtés on essayait de battre les tranchées ennemies avec les canons, pour obliger la partie adverse à les laisser, à la retraite. C'était la mi-Novembre 1915, lorsque notre partie de tranchée a été soudainement frappée par des tirs d'obusier.
Il me semblait être comme un rat pris au piège, attendant juste que la fin arrive. J'étais terrifié, les coups tombaient autour de nous et il semblait que les tirs se fissent de plus en plus précis, qu'ils nous cherchaient... Je vis d'autres soldats qui étaient accroupis dans l'allée à notre droite sauter comme des marionnettes disjointes. Ensuite, une grenade a explosé près de ceux dans les tranchées à notre gauche et une douche de terre et de débris les renversa...
Je n'ai pas honte de le dire, j'ai paniqué et je voulais sortir de la tranchée et m'enfuir... J'allais le faire quand Léo m'a tiré vers le bas : "Si tu sors, ils te faucheront avec la mitrailleuse, ils n'attendent pas autre chose!" me hurla-t-il et il vint sur moi pour m'empêcher de bouger.
"Nous allons tous mourir !" hurlai-je.
"Peut-être..." répondit Léo et... et il m'embrassa sur la bouche, avec une passion, un feu qui m'a choqué encore plus que la peur des grenades.
Je me suis accroché à lui et lui ai retourné le baiser. Je sentis qu'il était excité... Je l'étais aussi... je lui ouvris la braguette de son pantalon... je baissai le mien... et il me prit là-bas, dans les tranchées, tandis que autour de nous, continuait à exploser l'enfer... mais nous nous étions réfugiés dans notre paradis privé... et je me souviens avoir pensé à ce moment-là, j'aurais voulu mourir comme cela, uni à l'homme que j'aimais...
Quand tous deux nous atteignîmes l'orgasme, je n'avais plus peur.
"Merci..." je lui ai dit, me sentant heureux.
"Tu n'es pas... en colère contre moi ?" me demanda Léo incertain, pendant que nous reboutonnions nos pantalons et reprenions nos fusils.
"Non, mais... Je... je t'aime, Léo ! Je t'appartiens... si tu me veux !"
Il fit un doux sourire, "Je t'aime aussi, Alceo. Veux-tu être mon garçon ?"
"Tant que nous avons la vie, oui ! Mais tu... tu es marié..." je lui ai dit, en recommençant à raisonner.
"J'ai toujours été attiré par les beaux gars comme toi... et je suis amoureux de toi dès le premier jour que je t'ai vu..."
"Tu ne me l'as jamais fait comprendre..." je lui dis, surpris mais heureux pour cette déclaration.
"Je ne pensais pas que toi aussi... Et puis, en restant sur toi, avant... j'ai senti que tu étais excité et alors..."
Nous sommes devenus amants, ainsi. Il n'était pas facile de réussir à nous écarter pour faire l'amour, mais pas impossible. Je ne sais pas si l'un de nos camarades a jamais imaginé ce qu'il y avait entre nous... personne n'a jamais dit quoi que ce soit. Comment te dis-je, il y avait des amitiés très fortes, dans cet enfer, dans le désordre de la guerre. Peut-être aussi d'autres, en fait, étaient amants, qui sait ?
On était depuis presque un an en guerre. On peut dire que pas un jour ne passait où certains de nos camarades mouraient... C'était un vrai jeu de massacre, des deux côtés. Ensuite, les autrichiens défoncèrent nos lignes sur l'Isonzo et commença notre retraite. Nous aussi fûmes déplacés, pour tenter de ralentir l'avancée des autrichiens, mais ils semblaient imparables... On reculait, on se retirait, le moral était à terre.
Un jour, à un certain point, nous avons reçu un autre ordre de retraite. Nous n'étions pas vraiment traînards, mais presque... Honnêtement... on cherchait surtout à sauver notre peau. À un moment donné, c'était le soir, peu de temps avant le coucher du soleil, je ne vis plus Léo, je ne comprenais pas où il était, je me demandais si, par hasard, il avait été blessé... Je voulais le trouver, je devais le chercher...
Vraiment inconscient, je dois l'admettre, je m'enfonçai dans les bois par lesquels nous étions passés, en revenant en arrière. Tout à coup, je me suis retrouvé en face d'un soldat autrichien, l'arme pointée sur moi. J'ai essayé de fuir, je trébuchai, je tombai, et j'entendis son coup de fusil m'effleurer, sans me cueillir : la chute m'avait sauvé. En tombant, j'avais perdu la prise sur mon fusil qui tomba loin. L'autrichien fut sur moi, la baïonnette de son fusil pointé sur ma poitrine ; je levai les mains en signe de reddition, dans l'espoir qu'il ne me tuât pas.
Celui-là me regarda, immobile. Puis il dit quelque chose et fit signe avec la canne du fusil et, me tenant toujours sous tir, il recula légèrement. Lentement, tenant toujours les mains levées, je me suis assis. Celui-là me lia les poignets, puis les chevilles, puis s'assit à côté de moi et me dit quelque chose. Je ne comprenais pas, je ne savais pas l'allemand. Je secouais la tête. Alors lui, dans une sorte d'italien cassé, dit : "Toi prisonnier de Kurt. Demain toi et Kurt remontent à mon armée. Tu non fuit je non tuer. Entendu ?"
J'acquiesçai d'un signe de la tête. C'était un grand gaillard d'environ vingt-cinq ou trente ans. J'ai eu l'idée que c'était un montagnard. Il était très bien fait. Il a sorti un morceau de pain et a commencé à grignoter, sans m'en offrir et me regardait avec un sourire ironique. Puis il fit le geste de me donner le pain et je hochai la tête. Je commençais à m'apercevoir d'avoir faim. Il secoua la tête, retira sa main avec le pain, puis avec l'autre main, il toucha sa braguette et a dit : "Si tu prends ça, après que je donne ça à toi."
Je compris ce qu'il voulait et je hochai la tête. Il se leva, se la sorti déjà raide et la présenta à mes lèvres avec un sourire amusé. Je la pris entre mes lèvres, la léchai, la suçai... Il émettait des gémissements courts d'appréciation. Puis, il se détacha de moi, il me tourna comme une brindille, me baissa le pantalon et vint sur moi, en me l'enfilant tout dedans, et me baisa avec vigueur. Et après il me donna le pain... Puis nous avons dormi...
Pendant la nuit, je me suis réveillé. Kurt était non loin de moi, ronronnant doucement endormi, son fusil et le mien à côté de lui. J'ai essayé de me libérer des courroies avec lesquelles il m'avait attachés poignets et chevilles. Je réussis à porter mes poignets à la bouche et avec les dents j'ai essayé de couper la sangle de cuir, mais je me fis mal sans réussir. Puis, je suis parvenu à faire tourner la sangle jusqu'à ce que la boucle fût vers moi. Je saisis la tête avec les dents et j'ai tiré... après plusieurs tentatives, je réussis à retirer la tige du trou et desserrer la sangle.
En bref, je pus me libérer. Je regardais Kurt, avec mon cœur qui me battait furieusement en gorge : il était encore endormi, tranquille. J'ai également libéré mes chevilles, puis glissant silencieusement à côté du soldat autrichien je lui ai soustrait les deux fusils. Alors, avant qu'il ne se réveille, je lui ai lié ensemble les chevilles. Je l'ai réveillé, lui pointant sa baïonnette dans la gorge...
Il eut l'air surpris, puis effrayé, mais il resta immobile. Alors je lui ai attaché ses poignets, mais, à titre de précaution, pas devant comme il l'avait imprudemment fait avec moi, mais derrière son dos. Puis je lui baissai le pantalon et l'enculai à mon tour, avec goût, plus comme vengeance que pour jouir... même si logiquement je jouis.
Le lendemain matin, je l'ai fait se lever et l'ai poussé avec sa baïonnette pointée sur son dos, dans la direction où devaient être les Italiens... J'ai eu de la chance, après un couple d'heures, nous avons été aperçus par les nôtres, qui sont venus à notre rencontre et ont pris Kurt et son fusil en remise... et finalement j'ai vu Léo, qui avait été terriblement inquiet pour moi... Je fus traité comme un héros... Mais je n'étais intéressé que d'avoir trouvé Léo en vie et en bonne santé.
C'était le 15 Juin 1918. Soixante-six des divisions de l'armée austro-hongroise attaquèrent violemment nos positions sur le Piave... Il y eut des attaques frénétiques pendant environ huit jours, mais les autrichiens furent incapables de percer nos défenses. Nous sommes arrivés au mois d'octobre et les positions semblaient au point mort, les tranchées des deux côtés étaient toujours sur les mêmes terrains. On se tuait par des coups de grenades ou au tir à la «dinde», soit en tirant sur tout ce qu'on voyait bouger dans les tranchées ennemies.
C'était la mi-Octobre. Léo et moi étions dans les tranchées, et dans un moment de calme, on chuchotait à voix basse. Je me sentais de plus en plus amoureux de lui, parce que Léo me faisait sentir son amour quand on pouvait nous réunir, et pas seulement physiquement.
"Comment allons-nous faire, quand cette putain de guerre finira ?" je lui ai demandé à un moment donné.
Il a compris ce que je voulais dire : "Si nous en sortons vivants... nous irons quelque part, toi et moi..."
"Tu veux dire... que tu quitterais ta femme ? Pour moi ?" demandai-je, surpris mais aussi heureux.
"On s'est mariés juste parce que l'ont ainsi décidé nos familles. Il n'y a pas d'amour entre elle et moi. Par contre, toi, je t'aime... et c'est tellement beau de pouvoir te le dire... Je ne veux pas renoncer à toi, Alceo."
"Ni moi à toi..." je lui répondis, radieux, ému et reconnaissant.
Mais seulement quelques jours après ce dialogue... un obus a explosé juste à côté de nous... son corps m'a protégé, j'ai eu seulement quelques «égratignures» insignifiantes... mais il avait été frappé d'un coup... Je m'ôtais le casque, je lui ai enlevé le sien, et je l'ai pris dans mes bras... Je l'ai embrassé... Je l'ai supplié de ne pas me laisser... Il me sourit, puis un flot de sang sortit de ses lèvres et... il s'en alla.
Je... Je voulus mourir à ce moment-là, plus rien de ma vie ne m'importait, sans lui... En hurlant avec tout le souffle que j'avais en ma gorge, je me suis levé et je suis sorti en courant de la tranchée... Je criais et courais comme un fou vers les tranchées autrichiennes, en attendant la rafale qui me permettrait de rejoindre à nouveau mon Léo... aussi longtemps que je suis tombé piteusement : je devais avoir trébuché dans quelque chose, je ne sais pas... je tapai la tête et perdit connaissance.
Quand je revins à moi, j'étais couché sur une civière... Mes compagnons d'armes, en me voyant sortir à découvert et courir comme un fou en hurlant et en tirant, étaient sortis des tranchées et avaient attaqué celles des autrichiens, qui, heureusement, en ce point-là n'avaient pas de mitrailleuses, se déversant sur eux comme une horde et en les conquérant...
On me donna la médaille de la valeur militaire, pour avoir «mené une charge héroïque, au mépris de la vie»... et avoir permis une petite victoire sur les autrichiens qui, pourtant, étaient abattus et démoralisés parce que les choses tournaient au pire pour eux...
Le 24 Octobre, notre armée, avec un soutien limité des américains, commença l'offensive de Vittorio Veneto contre l'Empire austro-hongrois, qui dura jusqu'au 4 Novembre, et donc nous gagnâmes la guerre.
Je suis ensuite allé au village de Léo, j'ai cherché sa femme, lui ai remis quelques choses de Léo et ma médaille... je ne lui avais pas enlevé son mari, c'étaient les autrichiens... qu'au moins sa famille garde de bons souvenirs. Je ne pouvais pas faire autre chose pour lui." dit Alceo en concluant son histoire.
Après une pause, il reprit : "Fabián, physiquement, m'a rappelé mon Léo... ce qui ne justifie pas le fait que j'ai cédé à ses avances, à son désir... Ce n'était pas Léo et en tout cas je t'avais donné ma parole... Je n'aurais pas dû lui céder si... si facilement. Je ne cherche pas d'excuses, Arturo... Je n'ai pas d'excuses..."
"Mon amour... je sais que tu m'aimes, même si tu as commis une erreur... Et je t'aime, je t'aime comme avant, même plus, parce que tu pouvais ne rien me dire, et pourtant tu as été honnête avec moi, même si je sais qu'il t'a coûté..."
"Je ne pouvais pas ne rien te dire : je t'aurais trahi deux fois..."
"Et, de toute façon, c'est un peu ma faute, Alceo, parce que tu m'as demandé plus d'une fois de te prendre, tu me disais que tu le désirais, mais je n'a jamais voulu..."
"Mais si ça ne te plaît pas..."
"En fait, je n'ai jamais essayé... Je n'en ai jamais ressenti le besoin... et peut-être, qui sait, peut-être que ça pourrait me plaire. Mais ce qui est plus important c'est que si tu le désires, j'aurais dû penser à toi, plus qu'à moi."
"Je... Je pense que je peux m'en passer. Je dois juste être plus attentif..."
"Mais ce n'est pas juste. Je dois au moins essayer de te faire plaisir, non ?"
"Mais je suis content avec toi... Et puis, après que Léo soit mort, pendant près d'un an, j'ai vécu avec un homme qui se faisait seulement prendre par moi, et qui ne me prenait pas..."
"Le comte ?"
"Non, avant lui..."
"Qui était-ce? Raconte-moi..."
"Quand je suis parti de Medolla, le village de Léo, pour revenir chez moi à pied, j'ai croisé dans la rue un rémouleur ambulant nommé Bartolo. C'était un homme de trente-trois ans, de belle apparence. Il me demanda, vu comme j'étais habillé, où je l'avais fait la guerre. Il ne l'avait pas faite parce qu'il avait été jugé physiquement inapte, pour un problème cardiaque.
"Nous avons fait connaissance. Je l'ai aidé à pousser sa charrette. C'était une charrette ingénieuse, qu'il s'était construit, qui la nuit pouvait se transformer en une sorte de tente maisonnette où il dormait. Le soir, il m'a montré comment il la transformait. Avant il me proposa de manger avec lui et j'acceptai. Puis, plus tard, il m'a aussi demandé de rester dormir dans sa charrette... et j'acceptai de nouveau.
Avant de nous mettre à dormir, j'ai réalisé qu'il était en train de me sonder et j'imaginai qu'il aurait aimé avoir du sexe avec moi... En fait, quand nous fûmes couchés sur son lit dans le charriot, il me toucha... Il sentit que j'étais excité et s'offrit... Je le pris... ce fut agréable pour les deux. Le lendemain matin il m'a demandé de rester avec lui et j'ai accepté. Je tournais avec lui, j'ai appris à empailler les chaises, à aiguiser les lames, mais pour réparer les parapluies il semblait que je n'étais pas doué...
Mais peu après que nous nous soyons mis ensemble, je remarquai que quand nous nous arrêtions dans un village, il tournait pour chercher du travail, alors que je me trouvais à la charrette et aiguisais couteaux et ciseaux, ou je rempaillais les chaises, il réussissait parfois à se retirer avec quelque femme au foyer et baisait avec elle... et je me suis senti jaloux et négligé...
Il me dit que, après tout, je ne pouvais vraiment pas me plaindre, car j'étais pour lui un ami et que je pouvais lui donner ce qu'aucune femme ne pourrait : un bel oiseau dans le cul ! Mais il préférait le mettre à une femme et pas à un homme... Alors... après peu de temps, j'ai décidé de le quitter et d'aller mon propre chemin, de trouver un emploi quelque part et de m'arrêter...
Après tout cette vie était inconfortable, et à deux on n'y gagnait pas beaucoup... Ce fut quelques mois après que je l'avais quitté, que j'ai rencontré le comte, et qu'il m'a engagé comme son garçon d'écurie et comme son garçon de lit... Et même le comte aimait mieux être monté que monter, bien que parfois il l'ait fait..."
Arturo non seulement pardonna à Alceo, mais, comme il l'avait dit, il voulut essayer de pénétrer son homme... et il se rendit compte que, contrairement à ce qu'il avait pensé, il aimait le faire. Peut-être surtout parce qu'il avait vu comme Alceo était heureux de l'accueillir en lui. Donc, leur relation s'équilibra et se renforça davantage et leur amour grandit avec elle.