CONTES DE PROVINCE | CHAPITRE 10 DES GARÇONS CRUELS |
Elias Cooper avait grandi à la maison d'une tante, puisque sa mère était morte quand il avait cinq ans et le père... on ne savait pas qui il était. La tante avait trois fils, tous plus âgés que lui. Depuis ses douze ans, il avait été mis à cultiver les champs avec ses cousins et son oncle. "Cela fait sept ans que tu manges gratuitement. Il est maintenant temps que tu gagnes ton pain!" avait décrété son oncle, sans élever la voix, sans méchanceté, sans... rien. Elias était un gamin doux, obéissant, timide, et il avait accepté cette décision sans ciller. Et il gagna abondamment son propre pain. Le dur travail des champs, et la bonne nourriture qui ne manquait pas à la table de ses oncles, le firent développer bien, fort et sain. Ses cheveux noirs, lisses, contrastaient avec ceux de tous les cousins, blond clair comme ceux de sa tante et son oncle; ses yeux d'un bleu intense et profonds étaient particulièrement lumineux et purs, contrairement à ceux bleu clair et noisette des cousins ; il avait des dents parfaites, d'un blanc brillant comme des perles précieuses lorsque ses lèvres de couleur corail se séparaient dans un sourire timide. Il n'était pas mal chez ses oncles et cousins, personne ne le traitait mal... mais personne ne le traitait bien non plus. Il n'avait jamais reçu un compliment pour ce qu'il faisait, jamais une louange, jamais un prix... Parfois, il se sentait moins aimé que les deux grands chiens de la maison, que sa tante occasionnellement caressait et auxquels elle disait : "Venez ici, mes beaux !" Étant le plus petit des garçons, sa tante lui passait les habits trop petits des cousins, qui étaient de toute façon des bons vêtements, pas rapiécés, gardés assez bien. Dans sa vie, il n'avait jamais reçu un jouet en cadeau, mais pour être honnête, même les cousins, en recevaient très peu. Sous l'arbre de Noël, pour lui il y avait toujours le même cadeau année après année : deux paires de chaussettes et une paire de slips... Pour les cousins, par contre, parfois un jouet, un livre, un disque, en bref, quelque chose de fascinant, au moins aux yeux d'Elias. Mais lui, comme d'habitude, il ne se plaignait pas et remerciait. Dans les quelques rares moments où les cousins pouvaient jouer, il était toujours impliqué dans leurs jeux. S'ils jouaient à nordistes et sudistes, il était toujours le prisonnier de guerre, s'ils jouaient à shérifs et bandits, il était l'esclave noir, et quand ils jouaient à cache-cache, il était toujours celui qui devait faire la comptine et les chercher... Mais Elias acceptait... et il réussissait même à s'amuser et il était reconnaissant aux cousins de l'admettre dans leurs jeux. Les années passèrent, et quand Elias allait avoir dix-sept ans, ses oncles vendirent la ferme et laissèrent Benton. Ils ne l'emmenèrent pas avec eux, mais ils lui trouvèrent un boulot dans une ferme d'agriculteurs des hauts plateaux, celle des Baker. Les Baker avaient beaucoup de bétail, et donc beaucoup de travailleurs qui vivaient dans trois cabanes en bois massif, avec tous les services essentiels, et qui étaient à côté des clos des bêtes. La belle maison du maître, en pierre et briques, de deux étages, s'élevait plus en haut, dans une belle position panoramique, à partir de laquelle, derrière le fourré sur "The Wall", on pouvait voir en dessous l'agglomération des maisons de Benton. La famille Baker était composée de grand-père Baker, puis le patron avec sa femme et ses trois fils : les deux filles s'étaient mariées et étaient parties. Le fils aîné, Allan, était marié et avait trois fils, de douze, huit et six ans. Le second, Fred, était aussi marié et avait un enfant de sept ans et un gosse de quatre ans. Le mineur, Peter, étudiait vétérinaire loin de la maison et revenait juste pour le week-end ou les vacances. Dans les trois baraques vivaient en tout dix-neuf travailleurs, y compris Elias, le dernier arrivé. En réalité, les Baker ne l'avaient pas assumé par réel besoin, mais seulement parce qu'ils devaient une faveur à ses oncles. Donc, ils ont ajouté un lit dans l'une des trois cabines pour lui. Et en fait, Elias devint le serviteur des travailleurs. Il devait faire le nettoyage et prendre soin des milliers de tâches que ces hommes lui assignaient. "Cooper, apporte-nous de la bière !" "Cooper, vite, cire-moi les bottes !" "Cooper, coure..." "Cooper, viens..." "Cooper, va..." Elias s'affairait sans cesse, toujours serein, prêt, attentif à bien faire ce qu'on lui demandait. Puis, au soir, quand parfois les hommes se reposaient autour du feu, il écoutait leurs chants et leurs musiques, leurs récits d'anciennes histoires, de leurs expériences passées... Il restait assis sur le sol, ses bras autour de ses jambes et son menton sur ses genoux, prêt à se lever si l'un des hommes lui demandait de faire quelque chose. Quand enfin il pouvait aller se coucher sur son lit, il tombait endormi comme une pierre, dans un sommeil sans rêves. Une des choses qu'il aimait le plus était quand l'un des travailleurs, du bain d'une des baraques, l'appelait à grande voix pour se faire apporter le savon ou du shampoing, une serviette propre ou autre... et il pouvait les voir nus... Il se sentait fortement attiré par certains d'entre eux, et en voir les formes viriles sans rien sur eux, lui donnait une forte chaleur, une agitation étrange, et des érections que seulement en le caressant pendant un long moment jusqu'à ce qu'une crème blanche sorte dans des jets puissants, réussisse à les calmer. Elias savait peu ou rien des choses de sexe, ayant grandi pratiquement isolé de tous, dans la ferme des oncles, des gens très religieux et puritains. Même avec ses cousins, contrairement à ce qui se passe souvent chez les adolescents, il n'était jamais arrivé rien de sexuel. La première fois qu'il avait vu quelque chose de sexuel, quand il avait douze ans, sur l'aire de ses oncles, il avait vu les deux chiens, deux mâles, qui se montaient. Aussi son oncle les avait vus et il était immédiatement intervenu en courant vers les deux animaux en agitant un bâton pour les séparer, son visage rouge. Elias lui avait demandé : "Qu'est-ce qu'ils faisaient, oncle ?" "Hein ? Rien... rien... ils jouaient..." répondit l'homme embarrassé. "Alors, s'ils jouaient... pourquoi tu étais en colère contre eux ?" le petit demanda, un peu stupéfait. "Parce que... je ne les maintiens pas pour jouer, mais pour faire la garde ! Qui ne travaille pas ne mange pas !" répondit l'homme. La deuxième fois, peu après être arrivé travailler à la ferme, un peu avant ses dix-sept ans, fut quand les hommes apportèrent un taureau pour monter les vaches. Il regarda étonné et intrigué la monte et la scène lui ramena à l'esprit les deux chiens... Les hommes riaient et commentaient la scène avec des phrases et des blagues amusées. "Allez, beau, vas-y !" "Enlève-toi l'envie !" "Imprègne-la bien !" "Fais amuser ton frère !" et ainsi de suite. "Ils jouent ?" demanda Elias à l'un des travailleurs. "Oui, le plus beau des jeux : ils foutent !" répondit le jeune homme. Puis il lui demanda, en riant : "Tu n'as jamais foutu, toi ? Ou personne ne t'as jamais baisé ?" mais il n'attendit pas la réponse du garçon. Elias se demanda comment c'était, foutre. D'après ce qu'il avait vu, un mettait son membre dans le cul d'un autre... et de la question que lui avait fait le jeune travailleur, il réalisa que même entre hommes ça pouvait arriver... Comment pouvait être prendre un membre dans le cul ? Elias essaya ainsi de se pénétrer avec un doigt... il eut une érection... alors avec une main il faisait bouger son doigt dans son petit trou, et avec l'autre il se frottait son membre dur... et le plaisir qu'il ressentit était plus fort que d'habitude, et il gicla avec plus de vigueur, et il sentit une forte chaleur dans tout le corps, et il trembla pour l'intensité de l'orgasme... Mais le garçon, des discours des hommes au soir, autour du feu, il avait aussi compris que chacun d'eux rêvait de le faire, ou le faisait, avec une femme... et il entendit qu'ils parlaient avec mépris des mâles qui se laissent baiser par un autre mâle... Et pourtant... il aurait voulu essayer... Un jour, un des travailleurs lui demanda de danser pour eux, le soir autour du feu, pendant qu'ils faisaient de la musique. "Mais je ne sais pas danser..." déclara Elias, timide. "Mais c'est facile... Allez, viens que je vais t'apprendre !" lui dit Jimmy, un des hommes. Entre éclats de rires et plaisanteries des compagnons, l'homme le prit dans ses bras, le porta au centre du groupe et lui apprit à danser... "Dommage qu'il ne soit pas une fille, pas vrai Jimmy ? Il a tout de même un joli petit cul !" cria un des autres. "Mais dis donc, Elias, as-tu déjà baisé une fille ? " cria un autre. "Mais non... Je parie qu'à la limite il se branle... Je pense que sa seule fille est la veuve Poignet !" rit un troisième. Charles se leva, alla dans sa cabine, puis revint avec quelques morceaux de tissu. Il sépara Jimmy de Elias : "Eh bien, nous allons voir si ça va mieux..." dit-il, et il arrangea le garçon de façon à lui former une jupe, un châle et un foulard sur la tête : "Voilà Jimmy, reprends ta dame et pelote-la !" Tout le monde rit, Jimmy reprit Elias dans ses bras et continua à danser avec lui, en lui faisant des éloges à haute voix : "Sais tu que tu me plais, fillette ? Dommage que tu es un peu plate ici devant..." "Mais elle a quelque chose de trop entre les jambes !" se mit à rire à haute voix un des hommes. Elias ne réagissait pas, habitué à obéir, et d'ailleurs, il sentait un plaisir confus d'être dans les bras de Jimmy et il lui vint bientôt une érection. Lorsque Jimmy le laissa et retourna s'asseoir avec les autres, Elias, souriant confus, commença à s'enlever les tissus que Charles lui avait mis. Un des hommes battit des mains : "Hé, oui, montre nous un beau striptease, Elias. Vas-y !" D'autres commencèrent à applaudir en rythme, en criant : "Strip-tease... strip-tease... strip-tease..." Elias les regarda embarrassé, mais aussi vaguement satisfait d'être pour la première fois de sa vie au centre de l'attention et en partie gagnée par la gaieté des hommes. "Che-mi-se ... che-mi-se... che-mi-se..." chantaient les hommes continuant à battre les mains à rythme. Elias, un peu incertain, commença à se la déboutonner, et enfin il se l'ôta... "Dé-bar-deur... dé-bar-deur... dé-bar-deur..." entonnèrent les hommes ... Puis son pantalon ... et quand il les baissa, son érection devint visible sous ses slips... "Hey, il lui est venu dur ! Enlève tes slips, Elias, fais nous voir comment tu es fait !" Le garçon rougit, et allait se retirer sur son pantalon. "Non..." dit-il d'une voix faible. "Oh, allez ! Tu nous as vus nus dans la salle de bain, non ? Nous sommes tous des hommes, de quoi t'as honte ?" l'apostropha un des travailleurs... Elias secoua la tête, se rhabilla et retourna s'asseoir d'un côté. Les hommes riaient, mais n'insistèrent pas... ce soir-là. Mais par la suite, la «plaisanterie» reprit, et Elias dut de nouveau se déguiser comme une fille, puis faire le strip-tease... en arrivant à le faire intégral. Puis ils lui ont demandé de se masturber devant tout le monde... et après quelques temps, Elias céda également à cette demande. Les hommes s'amusaient à l'humilier de cette façon... et le garçon était déchiré entre la honte et le désir d'être, au moins à ces occasions, le centre d'attention des autres : il avait toujours été ignoré par tous, jusque-là. Aucun des hommes n'avait jamais tenté rien de sexuel avec lui, car il était presque impossible d'être seuls, de s'écarter, et personne ne voulait prendre le risque d'être pris pour une «pédale», bien que certains d'entre eux n'auraient pas dédaigné de se mettre dessus et baiser ce beau garçon au corps encore glabre et lisse... au sourire doux et timide... Elias travaillait dans l'élevage des Baker depuis un peu moins d'un an, lorsque Peter, ayant terminé ses études vétérinaires, retourna à la maison pour soigner le bétail de la famille et de la région environnante. Elias s'était senti immédiatement fasciné par Peter, la première fois que le jeune homme vint à la maison pour un week-end : au delà de lui sembler incroyablement beau, le jeune homme était toujours très gentil avec lui, et dans les rares occasions où il lui ordonnait de faire quelque chose, il la lui demandait avec un «s'il te plaît», puis le remerciait avec un sourire. Ainsi, lorsque Peter s'installa définitivement dans la maison familiale, Elias faisait toujours tout pour être en mesure de le voir, pour être près de lui, dans l'espoir que le jeune homme lui demande de faire quelque chose pour lui. Un soir, alors que les hommes faisaient faire à Elias son striptease coutumier, arriva Peter à s'asseoir autour du feu. Quand Elias le vit, il se bloqua soudainement et eut honte de ce qu'il faisait : il ne voulait pas être vu ainsi par son idole, et surtout ne pouvait pas se masturber devant lui. Donc, il arrêta et commença à ôter rapidement son déguisement, en rougissant. "Hey, Elias ! Que fais-tu ?" lui demanda un des travailleurs. "Ça suffit ainsi..." dit le garçon. "Nous voulons le spectacle ! Strip-tease... strip-tease... strip-tease..." "Non !" dit le garçon, de plus en plus rouge dans le visage. "Allez ! Que sont toutes ces histoires, maintenant ? Tu l'as toujours fait, non ?" "Si le garçon ne veut pas, il ne veut pas !" intervint Peter alors. "Laissez-le en paix !" Elias le regarda avec gratitude, finit de se rhabiller et alla s'asseoir dans la pénombre, ses bras autour de ses jambes et le menton posé sur ses genoux... Quand le feu commença à languir et les hommes, l'un après l'autre, se retirèrent dans leurs baraques, Elias était toujours immobile dans sa position, les yeux fixés sur les dernières lueurs de la braise. Une voix le fit sursauter. "Elias... vraiment tu faisais le strip-tease pour les hommes ?" lui demanda Peter, s'asseyant sur l'herbe à côté de lui. "Oui..." murmura le garçon. "Mais... ça te plaisait de le faire ?" "Non..." "Et alors... pourquoi ?" "Je ne sais pas..." "Et ce soir... pourquoi tu as refusé ?" "Parce que... parce que ce soir il y avait vous aussi... j'avais honte de vous..." "Quoi d'autre ils t'obligeaient à faire ?" lui demanda Peter "Autre..." "Quoi d'autre ?" insista le jeune homme. "Autre." le garçon répéta et rougit. "Autre que... qui ne te plaisait pas ?" "C'est ça." "Mais alors, pourquoi tu le faisais ?" "Je ne sais pas. Ils étaient tous d'accord. Personne jamais... personne ne s'est jamais soucié de moi... de ce que je ressens... Je... j'ai toujours été... moins qu'un chien. Seulement si je faisais ces choses... tous semblaient intéressés à moi..." "Tu veux dire que..." Peter demanda, en baissant la voix, "que quelqu'un... a aussi profité de toi... sexuellement ?" "Profité... comment ? Foutu mon cul ?" "Eh..." "Non... pas encore... Ils me font juste rester nu et me toucher... jusqu'à ce que j'éclabousse... Et si ce n'était pas vous... ce soir aussi..." "Mais aimes-tu le faire ?" lui demanda un peu étonné le jeune homme. "Non... je veux dire... pas devant tout le monde..." "Mais alors, pourquoi..." "Je ne sais pas... mes «non»... ils ne servaient à rien... et où aller, quoi faire si pas rester ici... et faire tout ce qu'ils me disent de faire ? Ici... à part cela... je me trouve encore mieux que quand j'étais avec mes oncles... et ainsi..." murmura le garçon et des larmes silencieuses commencèrent à couler sur ses joues. Peter prit un mouchoir et le lui tendit en silence. Elias essuya ses larmes et renifla. Puis il rendit le mouchoir au fils du propriétaire. "Oh, Elias... pauvre Elias..." dit Peter en lui caressant léger sa main. "Vous êtes bon, monsieur Peter... personne ne s'était jamais préoccupé de moi..." Peter sentait l'envie de l'enlacer : il se sentait attiré vers lui... Mais il ne pouvait pas le faire, pour deux raisons. L'une était que là tout le monde aurait pu les voir, l'autre qu'il ne voulait pas que le garçon pense que son intérêt était seulement dû au désir de... le baiser. Peter, vivant loin de la maison, avait aisément eu l'occasion d'expérimenter le sexe soit avec des garçons soit avec des filles, et les deux lui plaisaient beaucoup : il comprit bientôt être bisexuel. Dès la première fois qu'il avait vu Elias il s'était senti fortement attiré vers lui, mais il n'avait jamais rien tenté. Maintenant, il sentait une attraction encore plus forte qu'avant, mais il ne voulait pas profiter du pauvre garçon. "Bon... bonne nuit, Elias..." dit-il en se levant. Le garçon le regarda d'en bas : "Nuit, et... merci, monsieur." Il dit en sentant un sentiment de chaleur reconnaissant pour l'intérêt du jeune maître. Le lendemain, à la table du dîner avec sa famille, Peter dit : "Ce travailleur... ce garçon... Elias... comment cela se fait-il qu'il travaille pour nous ?" "Oh, par charité pure." lui répondit le père. "C'est un orphelin, ses oncles ont déménagé et ils ne pouvaient pas le prendre avec eux, donc ils m'ont demandé de lui donner un boulot ici. Je n'en avais pas vraiment besoin, mais... une bouche en plus n'est pas un problème." "Il fait toujours de son mieux pour se rendre utile..." ajouta la mère. "Il gagne son pain, de toute façon." Peter hocha la tête. "Il semble très... seul..." remarqua-t-il. "Seul ? Avec dix-huit hommes ?" lui demanda le frère aîné. "On peut même être seul dans une foule..." dit Peter. "On dirait qu'il est un bon garçon, et je crois qu'il est aussi intelligent. Je pensais, papa, si tu es d'accord, je pourrais le prendre pour me faire aider à prendre soin de nos bêtes... Une main peut m'être utile..." "Pourquoi pas ? Si cela te convient, prends-le avec toi, ça ne change pas beaucoup. Comme je t'ai dit ce n'est pas que j'aie besoin d'un travailleur de plus." Peter était heureux. Peu avant le déjeuner, il alla le chercher, "Hey, Elias, comment vas-tu ?" il le salua avec un sourire. "Très bien, monsieur !" dit le garçon avec une légère gaieté. "Prends toutes tes affaires, tu vas déménager à un autre endroit..." "Où, monsieur ?" "J'ai besoin d'une main pour soigner nos bêtes. À partir de maintenant, tu me serviras d'assistant." "Mais je... je ne sais rien faire, monsieur... à part nettoyer, rien d'autre..." "Et tu apprendras, je vais t'enseigner. Cela ne te va pas ?" "Et comment, monsieur !" Donc, Elias fut mis à dormir dans une petite pièce à l'arrière de la pièce où Peter tenait son travail en tant que vétérinaire pour les troupeaux de son père et quelques-uns des agriculteurs des environs. Le garçon était heureux, Peter était le premier dans sa vie, qui le traitait comme... un être humain, qui était intéressé à lui, qui le traitait avec respect et gentillesse. Il se mit en quatre pour donner entière satisfaction au jeune maître. Peter était content d'avoir pris Elias sous son aile protectrice : comme il l'avait deviné, le gars était intelligent, et plein de bonne volonté. Le désir de pouvoir avoir aussi une relation intime avec lui se renforçait, cependant il savait rester à sa place. Mais entretemps, Elias tomba éperdument amoureux du beau jeune homme... et se mit à rêver qu'un jour, Peter veuille le «baiser dans le cul»... Mais il n'osait certainement pas manifester son rêve secret au jeune et beau maître. Ainsi, tout en augmentant à la fois le désir mutuel, rien ne se passait, rien ne se montrait. Peter avait réussi à le convaincre de ne pas l'appeler «monsieur» ou «maître», mais simplement par son nom. Elias était complètement conquis par le jeune homme : il se serait fait tuer pour lui ! Un jour l'un des voisins envoya appeler Peter parce qu'il semblait qu'une étrange maladie avait frappé une partie de son bétail. Peter prit sa jeep, il y fit monter Elias avec le sac de travail, et se rendit immédiatement à l'élevage du voisin qui avait déjà mis en isolement les animaux touchés par le mal. Pierre les visita avec soin, sous le regard consterné du voisin. "Rien de vraiment grave, Cooleridge. Envoyez prendre ces médicaments et..." expliqua le jeune vétérinaire, donnant à l'homme tous les conseils et les prescriptions nécessaires. Sur le chemin du retour, quand ils ont traversé le vieux pont de pierre qui enjambait le ruisseau qui alimente la cascade de "The Wall" quelques miles au sud, Peter arrêta la jeep et dit : "Aujourd'hui est une grande belle journée. Qu'en dis tu, Elias, si nous nous arrêtons et nous prenons un bain à la rivière ?" "Comme tu veux, Peter..." dit le garçon avec un doux sourire. Ils descendirent, et allèrent au rivage et se déshabillèrent, puis allèrent se plonger dans l'eau avec seulement les slips sur eux. C'était la première fois que les deux pouvaient se voir presque totalement nus, et la toile légère des slips, trempée, adhéra à leurs génitaux en les rendant visibles... Tous deux furent bientôt excités et en ayant presque honte l'un de l'autre, en même temps, ils essayèrent de ne pas laisser voir leur érection grandissante mais de parvenir à regarder celle de l'autre. Le premier qui eut le courage d'exprimer leurs sentiments, en dépit d'être le moins expérimenté, le plus timide et le plus jeune des deux, fut Elias. "Peter ?" "Dis-moi..." "Je serais ravi si tu... il me plairait si tu..." "Si je ?" demanda le jeune homme, bien loin de soupçonner ce que le garçon voulait lui dire. "Si tu..." continua Elias, puis baissa la voix et rougissant, regardant en bas, il murmura : "...voulais me foutre dans le cul !" Peter sentit comme un coup au cœur, et son membre, en dépit d'être sous le niveau de l'eau froide, eut un sursaut. "Tu l'as... déjà fait, Elias... avec un homme ?" il lui demanda sur un ton incertain, d'une voix faible. "Non, jamais... ça me plairait si toi... si tu le fais avec moi... si tu es le premier..." Ils ne se regardaient pas. Un long silence tomba entre eux. Peter sentit sa tête tourner, Elias tremblait légèrement, craignant qu'il ait fait une erreur de dire ces mots. Tous deux, cependant, étaient en proie à une forte excitation. "Tu es... bien sûr que... que cela te plairait ? Tu es sûr... de le vouloir ?" Peter lui demanda, combattu. "J'en rêve depuis la première fois que je t'ai vu, Peter..." "Tu sais que deux hommes... deux mâles... ne devraient pas faire... ces choses ?" "Pourquoi? Si tous les deux ils le veulent... pourquoi pas ? Tu... ne me veux pas ?" "Je, Elias... Tu me plais... tu me plais beaucoup... tout de même... Je ne sais pas s'il serait juste que toi et moi... que je... profite de toi." "Profiter ? Mais si c'est moi qui te le demande..." Ils ont continué à parler sous voix, et le doux bruit de l'eau qui coulait était la musique de fond de leurs mots. Elias reprit : "Moi, Peter... Je suis amoureux de toi... Pour toi... avec toi... je sais que n'importe quoi serait... juste et beau." Peter allongea une main, prit le bras du garçon et le força doucement à se tourner vers lui. Leurs yeux se rencontrèrent. Peter frémit à lire l'intensité des sentiments dans les beaux yeux du garçon. "Tu ne me veux pas ?" lui demanda Elias sur un ton de prière ardente. "Tu es si beau..." "Jamais comme toi... Tu ne me veux pas? " Elias lui demanda de nouveau. "Veux-tu vraiment être mien ?" "Oui... le tien..." murmura-t-il avec voix rêveuse. "Je veux être le tien, le tien seulement..." "Maintenant ? Ici ?" "Maintenant et ici... si tu veux." "Viens donc, Elias." lui dit Peter, le guidant sous l'arcade en pierre du vieux pont. Rendus là, il le prit entre ses bras et l'embrassa, doucement d'abord, puis avec une passion croissante. Elias lui adhéra contre le corps, tremblant, et frémit de joie quand il sentit l'érection de Peter presser contre la sienne. Ils sortirent de l'eau et Peter le tira en bas sur l'herbe, avec lui. Avec une main il glissa sous ses slips et lui palpa les fesses fermes. "Tu baises mon cul, s'il te plaît ?" lui demanda Elias, presque en peinant à parler. "Non... Je veux faire l'amour avec toi, et pas seulement baiser ton joli petit cul." "Faire l'amour ? Je... Je te voudrais dans moi..." "Oui, aussi... Mais je n'aime pas ce mot... je ne veux pas te baiser... Je veux faire l'amour avec toi..." "Mais... tu vas me le mettre dedans, non ?" "Bien sûr, et avec plaisir... même moi je suis en train de tomber amoureux de toi, Elias. En effet, je suis déjà amoureux de toi. Je ne veux pas seulement m'amuser, me soulager avec toi, je ne veux pas juste te baiser... Je veux te faire mien... et te montrer combien tu es important pour moi... et je vais te le montrer aussi... en te prenant. " murmura-t-il, lui caressant la joue. "Important pour toi..." lui fit écho le garçon avec une expression rêveuse. "Prends-moi... allez..." Peter regretta de ne pas avoir un préservatif avec soi, mais puis il pensa qu'il avait fait à plusieurs reprises des analyses et il savait ne rien avoir... "Toi, Elias... tu ne l'as vraiment jamais fait avec personne ?" "Non, jamais... jamais rien... pas même touché... pas même embrassé... vraiment..." "Tu sais que parfois... en faisant ces choses, on peut passer à l'autre de laides maladies..." "Non, je ne le savais pas... mais je n'ai jamais rien fait avec personne... Et toi ?" "Moi oui, aussi bien avec des garçons que des filles. Mais je suis sûr que je n'ai attrapé aucune maladie." "Donc, il n'y a pas de problème, non ? Prends-moi... S'il te plaît, fais-moi tien !" "Si nous le faisons ensemble, aucun de nous deux ne devra jamais faire quoi que ce soit avec quelqu'un d'autre, tu comprends ?" "Bien sûr. Mais si tu me fais tien, je te jure que je n'irai jamais avec personne. Je le jure ! Je serai à toi seul... Prends-moi..." Peter sourit et hocha la tête, il lui ôta ses slips et enleva les siens. Puis il se pencha sur lui, lui poussa les jambes contre la poitrine et commença à préparer le doux garçon pour cueillir sa virginité. Il le prépara longtemps, avec sa langue et ses doigts, en jouissant de ses forts frémissements d'excitation, et de ses faibles gémissements de plaisir. En retenant son désir ardent, il continua jusqu'à ce qu'il le sente totalement détendu et prêt à l'accueillir. Puis il mit les jambes d'Elias sur ses épaules, et commença à le pénétrer. "Oh, oui... oui... fais-moi tien..." soupira le garçon le regardant avec une expression heureuse, pleine de désir. Lorsque le gland, gagna la première résistance du trou inviolé, et entra en lui, Elias émit un bref gémissement et se figea pour un instant. Peter s'immobilisa immédiatement. "T'ai-je fait mal ?" "Peu, mais pas plus... C'est tellement plus beau que quand je le faisais avec mon doigt... Allez... pousse... s'il te plaît..." Peter recommença à pousser : le garçon était incroyablement étroit... cependant il était en train de l'accueillir. Il sentit le membre s'engainer dans la chair tendre et chaude, et Elias l'encourageait avec un lumineux, très beau sourire. Il se pencha sur lui, le tirant doucement par les épaules. Elias lui caressa la poitrine, les bras, les hanches, le ventre. "Oh, Peter... c'est si beau... si beau... Tu aimes me baiser ?" "Je t'aime, je t'aime à mourir. J'aime faire l'amour avec toi." "Allez... fout... fais-moi l'amour !" "Oui..." murmura Peter, et arrivé au bout du chemin, il commença à bouger en lui dans un va-et-vient calibré, en guettant l'expression de son visage, encore craintif de lui faire mal. Mais le visage d'Elias était détendu, éclairé par un sourire béat, radieux : "Oh, oui... enfin... Je suis à toi, ainsi, n'est-ce pas ?" "Bien sûr, mon bien-aimé... tu es tout à moi... à moi !" Tout à coup, sans préavis, Elias atteignit l'orgasme avec une série de contractions et de forts sursauts, en gémissant légèrement presque comme un animal blessé, mais se sentant heureux comme il ne s'était jamais senti dans ses dix-huit ans de vie. "Oh, Peter... Peter... Peter... Peter !" cria-t-il, et puis il ajouta d'une voix basse : "Je suis tout à toi. Tout à toi." Peter accéléra ses coups et bientôt lui aussi atteint un orgasme fort, dans la chair chaude et accueillante du garçon : "Ouiiiii... Tout... à moi !" dit-il dans un sanglot de plaisir. "Tout mien !" répétait-il. Il lui prit le visage entre ses mains, posa ses lèvres sur celles d'Elias et l'embrassa avec passion. Ils devinrent amants. Ils réussissaient assez souvent à s'écarter pour faire l'amour sans courir de risques. Elias, littéralement, fleurit. Grâce à l'amour de Peter il devint plus confiant, et il commença aussi à acquérir une certaine culture, en particulier dans le domaine vétérinaire, ce qui en fit une aide irremplaçable. Ils étaient ensemble depuis deux ans, lorsque Peter, alors âgé de vingt-six ans, rencontra une belle jeune fille de vingt-trois ans, Rowena ; entre les deux naquit, peu à peu, un sentiment croissant d'amour. Lorsque Peter le réalisa clairement, il pensa qu'il ne pouvait pas quitter son Elias. Puisqu'avec elle il n'y avait toujours pas plus qu'un léger petting, il crut bon de le faire refroidir... Rowena s'en rendit compte et, se sentant de plus en plus amoureuse de lui, décida de lui demander pourquoi il échappait. Après avoir essayé d'éviter le sujet, à la fin Peter décida de clarifier les choses. "Rowena... tu me plais beaucoup, honnêtement. Mais... il y a une chose que je ne t'avais pas dit, et qui crée un problème entre nous." "Quel est le problème ? Tu ne penses pas que, à deux, si on le souhaite, nous pouvons le résoudre ?" "Je pense que c'est très difficile, voire impossible." "Parfois, à ne pas en parler et à le remâcher, un problème peut sembler sans solution... mais peut-être qu'il ne l'est pas." "Je, tu vois..." dit Peter, hésita un instant, puis continua : "Je suis bisexuel... tu comprends ?" "C'est à dire... tu veux dire..." "Je me sens également attiré par les filles et les garçons." "Et... tu veux dire... que si tu te mets avec moi... tu continueras à courir après les garçons aussi ?" "Ne crois pas que je cours derrière toute paire de pantalons ou une jupe que je vois... Je suis fondamentalement fidèle, mais... tu vois... j'ai déjà un petit ami, que j'aime beaucoup... que je ne veux pas et ne peux pas laisser... trahir..." "C'est ton assistant... Elias, n'est-ce pas ?" "Oui." "Et tu l'aimes ?" "Nous nous aimons l'un l'autre." "Plus que ce que tu peux... m'aimer moi ?" "Non... je t'aime beaucoup, tu m'attires beaucoup, pas moins qu'Elias... mais pas plus que lui... Tu comprends donc que, honnêtement..." "Tu fais l'amour avec lui ?" "Bien sûr." "Mais... mais ça ne te plairait pas de te marier avec moi ?" "Bien sûr, je voudrais bien, mais comment puis-je ?" "Si tu... si tu as besoin à la fois de lui et de moi... et si en plus de nous deux tu ne vas à la recherche de rien d'autre... je pense que nous pourrions avoir... former... une belle famille..." "Et tu accepterais de me... partager avec Elias ?" demanda Peter profondément étonné. "Je t'aime beaucoup, plus que tous les garçons avec qui j'ai été jusqu'à présent... peut-être que cela... ta double sexualité, te rends un homme... moins agressif, plus doux, plus... Je ne sais pas, peut-être plus... complet. On ne pourrait pas essayer ? Ne pouvons-nous pas, moi et Elias, devenir des amis et... te donner tout ce dont tu as besoin ?" "Mais si cela ne fonctionne pas ? Je t'épouserais plus que volontiers... si je n'étais pas déjà avec Elias... Mais ça ne me semble pas juste... de donner à chacun d'entre vous qu'une partie de moi-même... il me semblerait profiter de tous les deux... et puis... Je ne sais pas si mon Elias serait heureux de me partager... avec toi... ou quelqu'un d'autre." "N'en as-tu pas déjà parlé avec lui? " "Non, je ne... parce que jusqu'à présent le problème ne s'était jamais posé." "Et alors, tu ne peux pas lui en parler ? Si cela lui va bien, nous pourrions le faire, ne crois-tu pas ?" "Et si après, à long terme, des problèmes surgissent ?" "Comme pour tout couple... il y a toujours le divorce, la séparation, si on ne peut pas rester bien ensemble. Je veux... je veux être ta femme, Peter..." "Bien que je continue à rester avec Elias ?" "Aussi, oui..." Alors Peter affronta son petit ami. Elias l'écouta tranquillement. "Si tu veux, je m'en vais..." dit-il finalement. "Non ! J'ai déjà dit à Rowena que, entre elle et toi, je peux renoncer à elle, mais pas à toi." "Pourquoi ?" "Parce que je t'aime, parce que nous sommes ensemble depuis deux ans maintenant. Parce que je ne veux pas te perdre." "Et elle ? Tu l'aimes aussi ?" "Oui... Même si je n'ai jamais encore... fait quelque chose avec elle." "Pourquoi?" "Je te l'avais promis." "Mais ça te plairait." "Oui." "Et elle t'aime ? Elle serait prête à... à nous laisser rester ensemble ?" "Oui, elle m'aime... et c'est elle qui m'a proposé cette solution, pour ne pas me perdre." "Je ne veux pas te perdre non plus... donc... nous pouvons essayer..." Ainsi, après un an, en voyant qu'ils étaient très bien tous les trois ensemble, sans aucun problème, Peter et Rowena se marièrent et ils commencèrent leur vie ensemble. Rowena et Peter eurent trois enfants, et «oncle» Elias prit soin d'eux, avec Pierre et Rowena, avec plein de dévouement. À la suggestion de Rowena, ils mirent en place la maison ensemble : Elias avait officiellement une entrée indépendante et personne ne savait que, en réalité, une porte intérieure reliait les deux côtés de l'élégante maisonnette.
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