Ivan se demandait si ses frères aussi étaient «vierges» ou non. Peut-être les deux plus petits, encore sous l'aile des parents, ils l'étaient. Mais Aziz qui avait vingt ans et Djamel qui en avait dix-neuf et qui maintenant jouissaient d'une certaine liberté ? Entre frères, ils n'en avaient jamais parlé, même pas vaguement : il semblait que le sexe, et tout ce qui le concernait, ne faisait pas partie du vocabulaire de la maison Grandi...
Ni, dans la mesure où il le savait, aucun des deux n'avait de copine. Mais ils avaient gagné une certaine liberté avant lui... Djamel était aussi un garçon assez sensuel, avec ses lèvres douces couleur café au lait, les yeux rendus encore plus lumineux par contraste avec la peau sombre... qui sait combien de filles lui avaient fait la cour... ou peut-être même quelque garçon...
Il se sentit tenté de profiter de leur absence pour aller fouiller dans leurs chambres, mais ensuite il renonça : ça aurait été incorrect. Chez les Grandi la vie privée était une des choses qui était la plus respectée.
Il pensait qu'il n'avait jamais vu aucun de ses frères adoptifs nus... Peut-être Ramon et Stivieni, puisqu'ils partageaient la même chambre et donc la même salle de bains, avaient eu l'occasion de se voir nus... Ramon était, selon Ivan, le plus beau d'eux cinq... peut-être à égalité avec Djamel.
Il se demanda si ça lui aurait plu d'avoir des contacts sexuels avec un des frères : l'idée le dérangea un peu. Mais seulement un peu... Il se demanda dans quelle mesure cela était un fait naturel ou venait de la manière dont ils avaient été élevés. Bien sûr, l'éducation constitue certainement un conditionnement, mais pas à cent pour cent : lui, en fait, s'il avait été conditionné, il aurait tâché de réprimer ses instincts et, à défaut, il aurait dû se sentir coupable. Ce qui n'était absolument pas le cas.
Pendant que, le dimanche matin à l'Arsenal de la Paix, il assistait à la messe, en regardant le prêtre qui officiait lui vint à l'esprit le Monseigneur qui était maintenant avec Attilio dans le chalet de montagne et il se demanda si l'officiant était un prêtre chaste, s'il avait une femme ou si peut-être il avait un homme... Pas que cette chose l'intéressait vraiment, ni le concernait. Mais maintenant, presque tout ce qu'il faisait, ce qui lui arrivait, semblait être coloré de sexualité.
Après la messe il alla à la cuisine pour préparer le déjeuner pour le personnel, les bénévoles et les assistés. Ils l'avaient mis à nettoyer la salade avec un garçon magrébin.
"Bonjour, mon nom est Aziz." le salua le garçon.
"Ah, comme mon frère aîné. Je suis Ivan."
"Ton frère ? Aziz ton frère ? Comment c'est possible ?"
"Nous sommes cinq frères, tous adoptés."
"Et ton frère Aziz est d'Afrique du Nord ?"
"Non, il est Indien."
"Et toi ?"
"J'étais ukrainien. Mais maintenant, je suis italien."
"Toi étudiant ?
"Oui. Et toi ?"
"Je trouve travail grâce à Arsenal de la Paix et fais maintenant bon travail en entrepôt de supermarché. Ils aidaient moi alors j'aide maintenant. Pour dire merci."
"Es-tu content d'être en Italie ?"
"Maintenant, oui. Mais les mois passés très difficiles. Tout le monde pense qu'Italie très riche pays et facile à faire argent, mais pas facile. Mais Arsenal de la Paix très belle chose, aide vraiment tout le monde. Ici, je aussi trouve bons amis. Italiens ou étrangers comme moi. "
"Tu as une petite amie ?" Ivan lui demanda, sans double-pensée, juste pour parler, tout en continuant à nettoyer la salade.
"Non. Moi encore jeune. Puis peu filles italiennes veulent gars étranger et filles mon peuple contrôlées par parents et ainsi... Je encore jamais essayé faire rien avec jeune fille. Encore fait tout seul." il conclut avec un petit rire, tranquillement.
"Il est préférable de le faire à deux, mais..." lança Ivan.
"Possible, mais pour l'instant, rien."
"Pas même avec des amis, comme les gamins ?" Ivan lui demanda avec un sourire en coin.
"Oh, que oui, comme je pense tous les garçons, non ? Là, dans le village, avant de venir en Italie. Mais moi plus gamin, non ?"
"C'est ça." dit Ivan et changea de sujet. "Tu es musulman ?"
"Oui... mais ne va pas en mosquée. Pas bon musulman, moi. Il ne prie pas cinq fois par jour, pas de Ramadan. Aidé moi plus par vous chrétiens que par musulmans ici en Italie. Toi chrétien, non ?"
"Oui... mais peut-être que je ne suis même pas un bon chrétien, qui sait ?"
"Il est important avoir un bon cœur, je crois. Imam me dit : si toi bon musulman je t'aide. Ici vous ne demandez si moi chrétien ou non : si tu as besoin, nous t'aide, ont-ils dit."
Dans l'après-midi Ivan aida à sélectionner les vêtements reçus en cadeau. Puis il rentra chez lui. Encore un jour avant de revoir Attilio. Il se dit qu'il aurait aimé faire quelque chose avec cet Aziz, mais il ne s'était pas senti d'essayer, à part le fait qu'il semblait plus intéressé par les filles que par les garçons.
Cependant, au moins physiquement, il se sentait plus excité de penser à Attilio. Comme caractère peut-être il n'y avait pas une grande différence : les deux lui donnaient l'impression d'être bons et gentils.
Le lundi il revint à l'Arsenal de la Paix, mais Aziz n'était pas là : logiquement il travaillait au supermarché. Il s'affaira toute la journée, et le soir il rentra chez lui et dîna, comme d'habitude, avec Carla.
Et commença l'attente de dix heures et de l'arrivée d'Attilio. Quand finalement il descendit, il le vit accroupi à fixer un vélo noir avec une chaîne à un poteau de réverbère.
"Attilio ! Tu es déjà là ?" l'appela-t-il.
Le garçon se retourna et lui sourit. Il se leva et alla à sa rencontre. "En vélo, j'ai fait vite pour venir."
"As-tu eu un bon week-end ?" lui demanda Ivan.
"Oui, le temps était beau. Nous avons fait de longues promenades."
"Toi et monseigneur ?"
"Bien sûr. Ça lui plaît beaucoup de marcher. Il est encore assez jeune, fort. Et puis c'est agréable de parler avec lui, il sait beaucoup de choses."
"Au lit... il est agréable aussi ?"
"Il es bien."
"J'aurais voulu être au lit avec toi... passer toute la nuit ensemble, je veux dire. S'endormir et se réveiller ensemble..."
"Peut-être qu'une fois nous pouvons combiner..." dit Attilio avec un sourire.
"On monte ?"
"Cela te va si d'abord nous allons à la boutique de glaces qui est là dans le coin ? En venant j'ai vu qu'elle est encore ouverte. Je vais t'offrir une glace..."
"Pourquoi pas ?" dit Ivan, qui eut plaisir à ce geste de gentillesse. "Ton vélo est nouveau ? Il est beau."
"Je l'ai acheté le mois dernier... d'un client qui m'a fait un rabais important. C'est un Atala City. Un modèle excellent pour la ville, bien mieux qu'un vélo tout terrain. Nous y sommes. Quels parfums tu veux, toi ? "
"Nougat et café. Merci."
"Bien, moi aussi."
Attilio commanda deux grands cônes et ils retournèrent lentement en arrière, en les dégustant le long du chemin. Ivan le regarda et pensa que la façon dont il léchait était sensuelle... tout était sensuel chez Attilio. Après avoir consommé toute la partie en saillie du cône, Attilio le tourna à l'envers, il mordit la pointe et se mit à sucer le reste de la crème glacée. Quand il réalisa qu'Ivan le regardait, il cligna l'œil et sourit. Il continua à sucer. Ivan s'excita... et l'imita.
"Jusqu'à quelle heure, tu peux rester ce soir ?"
"Jusqu'à minuit, comme les autres fois."
"Tu as un rendez-vous ?"
"Non, je vais chercher un autre client."
"Tu gagnes bien, avec ton travail ?"
"Assez, quand je réussis à me faire une paire de clients par jour. Il y a pas mal de concurrence, les prix ont baissés... Mais je ne peux pas me plaindre."
"Pour rester toute la nuit avec moi, combien veux-tu ?"
"Nous verrons..."
« Ça ne te va pas ?"
"Si... mais on verra..." insista Attilio avec un gentil sourire.
Ils étaient arrivés dans la chambre. Attilio donna un tour à la clé de la porte, il se retourna et prit Ivan entre ses bras, en l'embrassant avec chaleur. Ivan fut un peu surpris, mais agréablement, par le fait qu'il avait pris l'initiative. Il tira de ce petit geste l'impression qu'Attilio avait au moins autant envie que lui de faire du sexe.
En fait, le beau tapin, en continuant à l'embrasser, commença à le déshabiller. Lui aussi commença à s'affairer avec les habits d'Attilio, pour les lui ôter. Il aimait sentir les mains de l'autre toucher son corps comme il le déshabillait, et de façon de plus en plus intime.
Leurs habits éparpillés sur le plancher autour d'eux, les belles érections enfin révélées, ils allèrent se coucher sur le lit et Attilio tira sur son corps celui d'Ivan, qui prit son visage entre ses mains et l'embrassa à nouveau, profondément, avec un fort désir. Il frottait légèrement le corps sur lui, en appréciant les sensations fraîches et fortes de la peau nue contre la peau nue et le membre dur, comprimé avec le sien contre leurs ventres.
"Ça te plaît, hein ?" lui demanda Attilio, les yeux rieurs.
"Pas à toi ?" répondit Ivan avec un sourire espiègle.
"Oui, tu me plais."
"Vraiment je te plais ?" demanda-t-il en remarquant le passage de la troisième à la deuxième personne.
"Oui, tu es en train de... te délier, pour ainsi dire. Tu es en train de prendre confiance et même du plaisir."
"Avant je ne le faisais que par moi-même..."
"Tu te branlais, qui est..."
"Oui, bien sûr... Je me branlais et j'aimais mais je me demandais comment ça pouvait être de le faire avec un autre..."
"Et comment c'est ?" lui demanda-t-il avec son sourire coquin.
"Beaucoup mieux. Oui... très, très mieux. En fait, de mieux en mieux."
"Bon. Alors je les gagne les euro que tu me donnes..."
Ivan fut légèrement ennuyé par cette allusion à l'argent, mais il se dit que c'était vraiment ainsi. Attilio vit le passage léger d'un voile dans ses yeux et interpréta correctement ce qu'il avait pensé.
"Mais tu me plais bien, je viens très volontiers avec toi..." dit-il, et il le caressait, le tirant à lui pour l'embrasser à nouveau. "J'attendais aussi que vienne ce soir." murmura-t-il et il l'embrassa.
Après plusieurs minutes, en le tenant étroitement à lui, il se retourna et le fit tourner pour se trouver au-dessus de lui. Puis il descendit vers le bas pour embrasser, mordiller et lécher le corps d'Ivan, qui gémissait doucement, en goûtant la montée du plaisir qui était de plus en plus en train de s'emparer de lui.
Lorsque Attilio lui prit pleinement le membre en érection dans la main, en poussant la peau vers la racine afin de découvrir le gland, et commença à y passer la langue, tantôt en longues passées, tantôt la déplaçant rapidement en petits coups, Ivan tressaillit et laissa échapper un gémissement de plaisir.
"Oh, que me fais-tu ?" demanda-t-il d'une voix étranglée.
"Je veux te sucer ce soir... Où t'as mis les capotes ?"
"Là... dans le tiroir..." murmura Ivan.
Attilio se leva sur ses genoux et se pencha en avant. Il ouvrit le tiroir de chevet et en sortit la boîte de préservatifs «ultrasensibles», en prit un sachet, le déchira et en sortit le translucide diaphragme circulaire. Ivan le regarda et il lui sourit. Puis Attilio se pencha sur son membre, y posa sur le bout le préservatif et, avec les doigts et les lèvres, le déroula tout sur la forte hampe. Et finalement il commença à le lui travailler avec la bouche, les lèvres et la langue.
"Oh... oh ohh... c'est beau... oh..." murmura Ivan, se sentant exalté pour la chaleur confortable qui enveloppait son pénis hypersensible.
Il se tortillait tout sous Attilio qui s'arrêtait en particulier sur le gland et sur la couronne en dessous, qui sont les parties les plus sensibles de l'organe mâle. Il se tortillait et gémissait légèrement. Il lui glissa les doigts dans ses cheveux, en le caressant, comme pour lui exprimer son approbation pour cette nouvelle façon de faire du sexe.
Puis Ivan souleva les genoux en les écartant, et en appuyant sur les pieds et en tournant le bassin, instinctivement commença un mouvement de bas en haut dans sa bouche et Attilio lui mit ses mains en coupe sous les petites fesses contractées pour en accompagner les mouvements.
Lorsque Attilio réalisa qu'Ivan approchait dangereusement l'orgasme, il quitta le membre et se consacra à nouveau à lui caresser et embrasser le corps. Quand il le sentit se détendre, il refit le chemin dans la direction opposée et recommença à lui sucer le beau pénis en érection.
Il fit plusieurs fois ainsi, aussi longtemps que Ivan ne puisse plus résister et, en lui tenant légèrement enfoncé la tête entre ses genoux, il se vida dans une série de fortes secousses et de faibles gémissements, puis s'abandonna frémissant et haletant sur le matelas, les yeux fermés.
"Trop beau..." murmura-t-il et il rouvrit les yeux peu après, en le regardant et en lui souriant béatement.
"Très bien..." dit Attilio.
Ivan, sentit son membre en érection et se mit à le masturber doucement. Attilio, couché à côté de lui, sur son côté, lui caressait légèrement la poitrine et le ventre. Peu après, il vint aussi, en lui arrosant le corps, puis il se renversa sur lui et l'embrassa.
"Ça t'a plu, donc ?"
"Énormément. Mais... je ne te l'ai pas sucé..."
"Si et quand tu veux, une des prochaines fois. Cela va bien ainsi..."
"Oui... Je veux l'essayer moi aussi, cependant."
"Bien, comme tu veux."
"On peut rester encore un peu comme ça?"
"Bien sûr. Il me reste encore un peu de temps."
Ivan lui souligna avec un doigt les sourcils, le nez, les lèvres, le regardant et lui souriant.
"Je suis bien, avec toi..." murmura-t-il.
"Moi aussi."
"Que fais-tu, toute la journée ?"
"Le matin, je dors jusque vers midi ou une heure. Ensuite, je me lève, je me lave, je fais cuire quelque chose à manger."
"Tu te cuisines tout seul ? Es-tu bon ?"
"Je m'en sors. J'aime assez cuisiner. Puis je fais la vaisselle, je lis un peu..."
"Quoi ?"
"Science fiction, j'achète tous les numéros de Urania Mondadori, et parfois je trouve même les vieux numéros dans les stalles. J'ai déjà une belle collection. Puis je fais une balade en vélo, surtout maintenant que le temps est bon, alors je vais à la salle de gym faire quelques exercices. Ensuite, je rentre chez moi, je lis encore un peu, je prépare le dîner..."
"Tu regardes la TV ?"
"Parfois, mais pas beaucoup plus que le journal télévisé. Le reste me semble stupide, ennuyeux... Et puis je commence à travailler : soit je vais au parc ou voir quelqu'un avec qui j'ai un rendez-vous."
"T'as beaucoup de clients réguliers ?"
"Non, juste quelques-uns. La plupart du temps les gens ne viennent avec moi qu'une seule fois, puis ils aiment changer..."
"As-tu des amis ?"
"Quelques uns, surtout des gars qui font la vie comme moi. Mais ce ne sont pas vraiment des amis... disons... des collègues. Tu sais, on se met en garde quand il y a un client avec lequel il est préférable de ne pas aller. Nous bavardons un peu quand il n'y a pas de mouvement. Mais s'il y a du mouvement il est préférable de se séparer, se mettre chacun dans un endroit différent."
"Tu ne fais jamais rien avec eux "
"Non. En dehors d'un qui pendant un certain temps est venu vivre avec moi, aussi longtemps qu'il n'a pas trouvé une place."
"Tu n'apportes jamais... un client chez toi ?"
"Non, jamais. Cela ne me va pas qu'ils sachent où je vis. Je ne veux pas me les trouver aux heures les plus étranges frapper à ma porte."
"À moi tu l'as dit, mais..."
"Oui. Ça m'est venu de te le dire. Mais tu te souviens encore où j'habite ?"
"Bien sûr. Boulevard Moncalieri 188, non ? Mais je ne viendrai pas frapper chez toi... Et puis, je ne sais même pas ton nom de famille..."
"Gianotti. Attilio Gianotti. Mais il n'y a pas de nom sur la porte. Il y a juste le dessin d'une colombe avec une brindille et le mot «paix» écrit à côté. Je l'ai copié d'un dessin de Picasso."
Ils parlèrent encore un peu, puis Attilio s'en alla.