LE GARÇON VÉNITIEN | CHAPITRE 3 La trahison et le remords |
Zulian et Toni étaient arrivés à faire tout l'un avec l'autre, et se sentaient de plus en plus unis et heureux, et ils avaient promis de ne jamais faire ces choses avec quelqu'un d'autre. Les premières fois, quand ils avaient essayé d'être pénétré, ils avaient tous deux ressenti un certain inconfort physique, mais pas de la douleur, mais ils étaient plus que jamais déterminé à faire "tout ce que deux tarlouzes font" et, peu à peu, ils ont senti autant de plaisir (ou "amusement" comme disaient les deux garçons) tant à le mettre qu'à le prendre. Quand ils allaient au lit d'abord ils se caressaient, s'embrassaient, en se frottant l'un contre l'autre assez longtemps. Ensuite, ils avaient également découvert, par hasard, comment se sucer l'un l'autre en même temps. Ils le faisaient presque à chaque fois, comme préparation à se la mettre réciproquement, parce que c'était la façon qui leur permettait de mieux arriver à l'orgasme. Et après ils attendaient que le sommeil les cueille dans ses bras, les membres enlacés, bavardant à voix basse. Quand Zulian eut quatorze ans, son frère aîné Zanotto qui avait vingt et un ans, dut partir pour le service militaire, qui, en ces temps-là durait trois ans ; il avait été affecté au génie. Et là, quand on avait découvert sa maladie, il avait été envoyé à l'hôpital militaire où grâce à un médicament nouvellement découvert, les sulfamides, il fut remis sur les rails assez rapidement. Comme Zanotto était allé faire militaire, son père avait obtenu qu'à sa place on prenne Zulian comme porteur au Zattere ai Gesuati. Zulian n'était pas très content, il voulait être un gondolier, mais il ne pouvait pas refuser, parce que maintenant il gagnait trois lires et demi par jour, tous les jours. Ensuite, Toni aussi trouva un emploi stable : il avait été embauché comme gondolier par Bartolo Scarpa, un épicier qui avait sa boutique et son entrepôt au marché du pont de Rialto. "J'aurais aimé faire le gondolier fixe comme toi..." dit-il un soir à Toni. "Surtout à Rialto. C'est bien là à Rialto, c'est agréable d'être sur une gondole." "Pourquoi, là, aux Zattere ai Gesuati, tu n'aimes pas ?" "Mais si, j'aime l'endroit... J'aime les Zattere, pour toute leur longueur... parce que sur ces pierres, quand j'attends qu'ils me demandent de charger ou de décharger quelque chose, je peux me promener un peu en haut et en bas et regarder la Giudecca. J'aime y marcher, parfois rapidement, parfois par contre lentement en comptant les grosses pierres... et peut-être même m'arrêter et penser, selon le temps et la saison, parfois à l'ombre, parfois au soleil... Mais je suis mieux sur une gondole que sur la terre... " "Peut-être un jour, tu peux trouver un moyen de devenir un gondolier, non ? Mais à quoi t'arrêtes-tu à penser ? À moi ?" lui demanda Toni en le caressant sur son beau corps nu. "Parfois, à toi aussi, bien sûr." "Et à quoi d'autre ?" "Que je suis heureux d'être Vénitien... Et que j'aime vivre ici à Venise." "Et qu'est-ce que t'en sais, si tu n'as jamais vu une autre ville ?" lui demanda Toni, assumant le ton d'une personne sensée. "Et que comment sais-je que j'aime avoir du plaisir avec toi, si je ne l'ai jamais fait avec quelqu'un d'autre ? C'est la même chose, non ? Dois-je aller au lit avec un autre garçon et y faire ces choses pour comprendre que je suis heureux de le faire avec toi ? " "Eh bien, non ... peut-être que tu as raison Zulian. C'est que je n'ai jamais pensé que Venise est belle ni si je veux être Vénitien. Mais toi... tu n'as jamais pensé que tu pourrais aimer de l'essayer avec un autre garçon ? " "Nous avons fait un serment, non ? Bien sûr, que je n'y ai jamais pensé." "Juste..." dit Toni, à qui cependant quelquefois ces pensées étaient venues, surtout quand il avait vu un beau garçon ou jeune homme. Quand il prenait la gondole et allait faire des livraisons pour le patron, ou même quand il se promenait dans les alentours de la boutique, il lui arrivait de voir un beau garçon qui lui avait donné quelques pensées, qui avait enflammé son imagination, son désir. Il avait également remarqué que parfois quelqu'un le regardait avec un intérêt mal dissimulé, surtout quand, par beau temps, il laissait sa chemise déboutonnée et les regards s'arrêtaient d'une certaine manière sur sa poitrine nue... Cependant, il devait être honnête, il aimait beaucoup Zulian, il était heureux qu'ils étaient devenus l'un le garçon de l'autre, le "marco" comme on l'appelait... Avec ses cheveux courts, sa poitrine ciselée et un bel outil entre jambes... Avec sa gentillesse, son affection... qui pourrait demander plus ? Mais alors, pourquoi parfois il lui venait l'envie de baiser avec un joli garçon ? Pour quoi, parfois, il se sentait en rut ? Après tout, il ne lui manquait rien du tout avec Zulian, avec son Zulian, non ? Il cessa de penser à ce problème, pris de plus en plus par ce qu'ils faisaient dans l'obscurité de leur chambre, et là, il se consacra complètement, avec toute sa passion, à répondre pleinement au désir que son beau cousin lui montrait. Ils firent l'amour longuement, jusqu'à ce que, satisfaits, ils se détendent dans l'attente du sommeil. "Je t'aime plus que tous les autres..." murmura Toni, presque plus pour confirmer la chose à lui-même que pour convaincre son cousin. "Tous les autres... qui ?" "Ceux que je vois autour." "Mais tu ne fais rien, non, avec ceux que tu vois autour..." "Quel rapport. Je dis simplement que peut-être je regarde un beau garçon, mais je pense que je t'aime plus." "Je ne me soucie pas si je vois un beau garçon, je ne pense même pas si je l'aime plus ou moins que toi..." dit-il avec un soupçon de reproche dans sa voix. "Il n'y a rien de mal à regarder..." s'excusa Toni. "Non..." répondit Zulian, un peu perplexe. Ils étaient silencieux, chacun perdu dans ses pensées. "Mais tu m'aimes pour de vrai ?" lui demanda Zulian après un certain temps. Mais Toni ne répondit pas : il s'était déjà endormi. Quelques jours plus tard Ferruccio, qui était âgé de onze ans, fut pris comme apprenti par le laitier à proximité de la maison, celui-ci lui donnait une lire et demi par journée. Le père avait alors décidé que chaque jour il donnerait quatre sous chacun à Zulian et à Toni et un à Ferruccio. Alors Toni, qui se sentait un peu coupable vis à vis de Zulian pour ses désirs secrets, accumula un peu d'argent, puis alla lui acheter un cadeau au marché de Rialto, pour lui dire combien il l'aimait, et aussi, inconsciemment, pour se donner bonne conscience. Mais son plus gros problème, à part les beaux gars qu'il croisait dans la rue, était en fait le fils du propriétaire, Simon, un beau garçon de dix-huit ans qui travaillait dans le magasin et avec qui il avait un contact quotidien. Simon s'était pris d'affection pour Toni, et contrairement à son père qui le traitait toujours brusquement et ne semblait jamais content de lui, il le traitait avec gentillesse. Une fois, alors qu'ils chargeaient la gondole à l'arrière de la boutique, Simon lui dit : "Toni, ne t'en fais pas pour ce que te dit mon père, il traite tout le monde ainsi, et même à la maison. C'est seulement avec les clients qu'il devient un lèche cul, tout bonté et câlins, bien que peut-être alors il les roule sur le poids... Mais s'il n'était pas satisfait de toi, il t'aurait déjà licencié sans y penser deux fois. Tu ne vois pas comment il me traite, même moi ?" "À moi certaines fois il me vient envie de l'envoyer... eh bien... en ce lieu !" Simon rit et mit son bras autour de ses épaules : "Si tu savais combien de fois moi aussi j'ai envie d'envoyer mon père en enfer... Et moi il ne peut pas me renvoyer... mais je sais que c'est mieux si je la ferme." "Je sais bien ce qui me convient, si je veux garder la place. Allez, passe-moi cette boîte..." "Eh, attends, mon père n'est pas là à nous contrôler, il est au magasin..." dit-il, et il l'attira à lui. Toni le regarda un peu surpris et vit dans les yeux de Simon quelque chose qui était un peu de malice, un peu une question, un peu... un feu qui le fit frémir. Ils se regardèrent en silence. Le bras sur les épaules le tira doucement mais résolument vers lui. "Que veux-tu de moi, Simon ?" lui demanda Toni à voix basse, entre crainte et excitation. "Je te veux, Toni. Je t'aime bien..." "Ne sois pas un idiot... Je dois charger et aller..." "Allez, toi aussi t'as envie..." dit-il en posant sa main entre ses jambes et le sentant. "Tu l'as déjà dure..." il ajouta avec un sourire. "Laisse-moi, allez..." murmura Toni rougissant, mais sans le fuir. "Nous ne pouvons pas faire quoi que ce soit maintenant..." ajouta. "Maintenant, peut-être pas, mais une autre fois..." dit-il d'une voix basse et chaude, en continuant à le toucher. "Allez..." Toni protesta encore, faiblement. Puis il ajouta, doucement et rougissant, "Et quand, alors ?" "Pourquoi tu ne reviens pas ici, après le dîner ?" "Ici ? Et comment on entre ?" "Je pique la clé à mon père... tu viens ?" "Le soir, après le dîner, je vais au campiello avec mes amis... avec mon cousin..." "Dis leur que le patron t'a dit de revenir mettre de l'ordre dans l'entrepôt, non ?" "Mais... je ne sais pas..." "Allez, que nous nous amusons..." Simon insista, continuant à le palper. "Si tu n'arrête pas... tu me fais faire une éjac dans mon pantalon..." dit Toni, en essayant faiblement de se détacher. "Si tu me promets que tu viens..." "D'accord... oui... j'essaye de venir..." murmura Toni. Tout au long du temps de travail il ne fit que repenser à la promesse que Simon lui avait extorquée... sans trop d'effort. Un peu il se disait qu'il ne devrait pas aller, il avait promis à Zulian qu'il ne le ferait jamais avec un autre... un peu il se disait que peut-être... juste une seule fois... il suffisait que le cousin n'en sache rien... Lorsque maître Scarpa ferma la boutique, tandis que Toni rangeait la gondole et fermait le cadenas de la chaîne, en plaçant la clé dans sa poche, Simon vint à son côté, comme pour vérifier que le cadenas soit bien fermé : "Après le dîner, je vais t'attendre." murmura-t-il. "Oui..." Rentré à la maison, Toni alla dans la cuisine. Il se sentait nerveux, tendu, honteux, excité. Zulian le remarqua tout de suite. "Qu'est-ce que t'as ?" il lui demanda. "Je suis embêté. Je dois revenir à la boutique après le dîner à mettre en place l'entrepôt..." déclara Toni, dans l'espoir de paraître convaincant. "Il va te payer ?" Piero lui demanda. Toni calcula que dans sa poche il avait un peu plus d'une lire... "Oui, une lire." dit-il alors. "Et alors vas-y. Une lire, c'est mieux que rien." dit Piero. "T'en auras pour longtemps ?" "Je ne sais pas... Il y a des choses à mettre en place..." déclara Toni de plus en plus nerveux. Lorsque, après le dîner, les deux garçons sortirent, Zulian dit : "Quand tu rentres, si je dors, tu me réveilles ?" "Si ce n'est pas trop tard..." dit Toni. "Dis salut à nos amis au campiello." Et ensuite, pour rendre crédible le mensonge qu'il avait dit, il ajouta : "Ça m'embête d'avoir à aller travailler..." "Et bien, tant pis..." lui dit Zulian avec un sourire. Ce sourire fit presque décider Toni de ne pas y aller, mais maintenant, il avait dit à la maison le mensonge, comment pourrait-il faire ? Alors il y alla, marchant vite, honteux, mais aussi excité. Il se sentait comme ivre pour le contraste des émotions qu'il ressentait. Il passa presque en courant le pont de Rialto. Il arriva à la boutique et Simon était déjà là, et Toni avait le cœur battant. "Je n'ai pas pu prendre la clé à mon père..." lui dit Simon. "Eh bien... alors je rentre chez moi..." dit Toni mi soulevé mi déçu. "Mais, non. Allez... on va le faire dans la gondole... T'as la clé, n'est-ce pas ?" "Dans la gondole ? Mais où ?" Toni demanda, étonné. "Nous allons dans un petit canal obscur... Je sais où aller, je vais à la rame. Allez, allons-y !" Toni se sentait incertain, cependant, il le suivit. Ils détachèrent la gondole et Simon partit immédiatement, en ramant habilement. Il glissa dans Rio Fondaco de Todeschi, puis dans Rio della Fava et d'ici dans Rio del Piombo, où, après une double courbe à zed, il arrêta derrière deux pôles près de la Calle delle Vele. "Ici ?" demanda Toni, se sentant nerveux. "Oui, voici un bon endroit. Assieds-toi, allez..." Toni tremblait un peu de peur, un peu d'excitation, mais il obéit. Simon se mit sur lui à quatre pattes et couvrit la gondole avec une toile, puis commença à ouvrir ses vêtements. "Tu vois ? Ainsi, personne ne nous voit..." il murmura: "et puis il fait sombre..." Toni le sentait tripoter, puis il sentit les mains sur son corps déjà à moitié nu et son excitation grandit. Lui aussi commença à déshabiller son compagnon. Ils furent rapidement nus. "Donne-moi ton petit cul, allez !" murmura Simon en le faisant tourner sur le ventre. Toni sentit le fond en bois contre la peau nue, le corps chaud de son compagnon, qui s'agitait sur lui. Simon lui mouilla le trou avec de la salive et descendit sur lui, en commençant à pousser. Toni poussa en haut son bassin et sentit qu'il commençait à le pénétrer. "Que c'est bon... enfin... il y a un bout de temps que je voulais le faire avec toi..." murmura Simon en poussant à fond. Puis il commença à le prendre avec des mouvements calibrés de haut en bas, et Toni commençait à jouir de plus en plus, en oubliant la désagréable sensation du bois sous sa poitrine et ses jambes. "Allez... allez..." murmura-t-il, excité. "J'y vais, bien sûr..." La gondole ballottait doucement au rythme des poussées de Simon, qui accéléra de plus en plus ses coups avec un plaisir croissant pour les deux. Mais il ne dura pas longtemps, il était trop excité : peu de temps après avoir déchargé en lui avec un gémissement doucement étouffé, il s'abandonna sur lui, haletant. Maintenant, Toni se sentait un peu mal à l'aise, bien qu'il aimait sentir le membre de l'autre battre en lui pendant que lentement il se ramollissait. "Enlève-toi, tu es lourd..." dit-il. Simon glissa à côté de lui, Toni se retourna et se frotta les genoux et la poitrine. "Maintenant, tu te fais mettre par moi, non ?" demanda-t-il. "Oui, attends un peu que je me calme..." "As-tu aimé ?" "Putain, bien sûr que j'ai aimé ! T'as vraiment un beau petit cul." "Mais toi... tu aimes les garçons ?" L'autre ricana : "Pourquoi, tu n'es sûrement pas une fille, non ? Bien sûr que j'aime les gars... c'est juste que ce n'est pas si facile d'en trouver... Ça fait déjà un moment que je voulais essayer avec toi..." "Tu n'as pas, toi, un amoureux ?" "Un petit ami ? Mais allons, quel petit ami est amoureux. Je veux baiser... et me faire baiser." dit-il, en cherchant dans l'obscurité le membre de Toni qu'il prit dans sa main. "T'as un bel oiseau, Toni..." "Veux-tu le sucer un peu avant de te le faire mettre ?" Simon ne répondit pas, mais descendit avec sa tête sur son aine et se mit à sucer. Toni pensait qu'il savait y faire. Il se rendit au plaisir que son compagnon lui donnait. Quand il se sentit trop excité, il le fit s'éloigner de lui. "Étends-toi, allez, que je te la pousse toute dedans." dit-il avec enthousiasme. Ils échangèrent la position, Toni se plaça au-dessus, entre les jambes écartées et de son membre dur chercha le trou. Quand il l'eut trouvé, il commença à pousser. Il lui coula dedans très facilement. "Oh, Toni, allez!... Oui... baise moi, fort... oui, ainsi, bien..." Il n'y avait pas de tendresse comme quand il le faisait avec Zulian, mais il aimait tout de même et se sentait incroyablement excité. Puis il martela un peu plus longtemps que ce que Simon avait fait avec lui, mais finalement il atteignit l'orgasme. Lorsque il s'enleva de sur lui, Simon se tourna sur le côté et ils se sont retrouvés face à face, les corps en contact. "Une bonne baise, Toni, pas vrai ?" "Oui..." "Nous devons le faire à nouveau, maintenant que nous savons que nous aimons le faire tous les deux." "Mais on est mal à l'aise, dans la gondole... Et puis, je ne sais pas si je peux venir la nuit. Je dois dire que ton père m'a payé une lire, alors maintenant je dois aussi donner une lire à mon oncle." Simon se mit à rire : "Et c'est bien, allez, je vais te donner une lire. En fait, je vais t'en donner deux, ainsi, pas de problème." "Quoi, tu me traites de pute ? Une c'est bien, je n'y remets pas, mais deux... tu m'insultes !" dit Toni. "Nous-nous rhabillons ?" "Attends un peu plus longtemps, je veux être ainsi, avec mon corps contre le tien... Je ne voulais pas t'offenser, c'est certain. Quoi qu'il en soit, d'accord, je vais te donner une lire." "Mais tu... tu le fais avec tant de gens ?" "Eh bien... quand je... Sais-tu, il y a des hommes, à la fois vénitien et étrangers... qui aiment le faire avec nous, les garçons... et ils paient bien et bon..." "Mais allez ! Tu te fous de ma gueule ?" "Non, non. Sais-tu où sont les Fondamenta de l'Osmarin ?" "Oui, bien sûr que je sais." "Eh bien, il y a une maison où si un gars amène un monsieur... un qui paie pour une chambre... on peut le faire bien sur un lit avec toute l'aise." "Pourquoi tu ne m'as pas conduit là-bas, au lieu de le faire dans la gondole ?" "Eh, la chambre à un prix, tu sais ? Et ils ne laissent pas entrer deux garçons. Parce que les messieurs y mangent bien là-bas, il y a une grande table ronde et il donnent de la bonne nourriture si un monsieur va y manger, en payant, bien sûr, et bavarder avec d'autres messieurs... Voilà pourquoi on l'appelle aussi la maison de la Table ronde." "Mais allez ! Une maison juste pour baiser... un peu comme un bordel ?" "Pas vraiment, c'est différent. Même si un monsieur peut bien avoir au lit certains des gars qui travaillent dans cette maison,". "Et comment tu sais ces choses ?" "Parfois, j'y suis allé avec quelques messieurs." "Vénitien ou étranger ?" "Vénitien et étranger." "Et ils vous payent ?" "Bien sûr." "Combien ?" "Eh bien, ça dépend, trois, quatre, cinq lires." "Et la chambre ?" "La chambre c'est le seigneur, qui la paye, je t'ai dit." "Oui, mais combien ?" "Sept lires." "Putain ! Donc, pour une baise, ces messieurs dépensent plus de dix lires?" "Ce sont des messieurs, ils n'ont pas de problèmes d'argent, non ?" "Et toi, tu as bien mangé, avec ces messieurs ?" "Non, jamais. Mais j'y suis allé peu de fois, car à moi, il me plaît plus de le faire avec des garçons comme toi. Mais s'il est un monsieur jeune et beau... pourquoi pas... Surtout quand il y a un moment que je ne trouve pas un gars... " Ils se rhabillèrent. Simon lui donna la lire qu'il avait promise. "On le fait encore toi et moi, non ?" demanda Simon pendant qu'il fixait la rame sur la béquille et se mettait à ramer. "Je ne sais pas, je t'ai dit que la nuit je ne peux pas toujours sortir..." dit Toni, et il sentait un peu de remords en pensant à Zulian. "Allez! Je ne dis pas souvent, non ? Parfois. Peut-être que je peux obtenir la clé de mon père et nous pourrons le faire au magasin, nous serons plus à l'aise..." "On verra..." dit Toni. Quand il rentra chez lui, il alla à l'étage. Zulian dormait déjà. Tranquillement et en espérant ne pas le réveiller, il se déshabilla et se mit au lit, dans le noir. Sentir la chaleur du corps Zulian aiguisa ses remords, mais pas pour longtemps, car bientôt il s'endormit.
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