Pendant une pause où Leandro photographiait d'autres modèles, après qu'ils se soient isolés pour baiser, Emiliano lui demanda : "Alors, Serafino, tu as baisé avec ton flic ?"
"Pas encore, mais je suis sûr que c'est pour bientôt." répondit-il avec un sourire entendu. "Je le marine à feux doux."
"Que veux-tu dire ?"
"Je ne veux pas juste le mettre dans mon lit et me foutre de lui."
"Ah bon, mais quoi d'autre, alors ? Le faire chanter ?"
"Non, pas de chantage, ce serait dégueulasse. Non. Je veux juste qu'il tombe raide dingue de moi, le faire manger dans ma main puis me débiner. Ce n'en sera que plus grandiose."
"Purée ! T'es pas loin de me foutre les jetons. Après tout qu'est ce qu'il t'a fait ? OK, c'est un flic et tous les flics sont... des merdes. Du moins avec les tapins. Mais... après tout c'est aussi un homme, et tu ne crois pas que jouer avec ses sentiments est..."
"Non, je ne le crois pas."
"Après tout, tu as bien dit qu'il a laissé Alessio s'enfuir ? Alors il n'est pas si chien, ce flic."
"Non, c'était Valerio. Mais je me moque de Rafael, c'est le flic que je veux baiser."
"Comme si c'était différent ! Allez ! C'est une chose de jouer un peu avec lui, mais une autre de jouer avec ses sentiments."
"Emiliano... mais enfin, tu deviens sentimental ?"
"Ah bon, serait-ce le huitième péché capital ? Le troisième règle de Leandro dit que ton client et toi êtes avant tout deux humains."
"Ce n'est pas mon client, il ne me paie pas."
"Joue pas au con avec moi. Où tu vas ? Honnêtement, je n'aime pas le ton que prend cette histoire."
"Mais je ne fais pas ça pour te faire plaisir. J'en ai envie et ça me suffit." coupa Serafino. "Pour te faire plaisir, je te baise. Contente-t-en !"
Emiliano le regarda un peu maussade et fit non de la tête. "Quand tu veux, tu peux être une sacrée tête de mule. Et je n'aime pas ça, je te le dis et te le répète."
"Mais arrête de me les casser !" dit-il en remontant son maillot de bain avant de rejoindre les autres.
Omar l'approcha et lui fit un clin d'œil : "Tu reviens quand, faire un tour chez moi ? La dernière fois devait être il y a plus de dix jours..."
"Ça dépend de toi. Tu sais que je ne me défile pas, avec les gens qui me plaisent. Toujours rien, avec ton restaurateur ? Il s'appelle Lapo, c'est ça ?"
"Oui, Lapo Bonaldi. Et non, toujours rien, malheureusement. Sinon je ne te le demanderais pas. Mais... je mets le paquet. Tôt ou tard j'arriverai à le séduire."
"Je m'étonne que tu n'y sois pas encore arrivé."
"C'est qu'il sort d'une sale histoire, une histoire qui a mal finie, et tu sais ce que c'est, chat échaudé craint l'eau froide."
"Tes parents le connaissent ?"
"Bien sûr, c'est le fils d'un bon ami de papa. C'est pour ça qu'on s'est rencontrés."
"Et il leur plait à tes parents, ce Lapo ?"
"Je ne leur ai pas encore dit que j'étais amoureux de lui. Mais ils l'apprécient beaucoup et ils sont contents qu'on soit devenus amis. Mais ils ignorent aussi que Lapo est gay. Son propre père ne le sait pas."
"Et si vous vous mettez ensemble, il fait quoi, il emménage chez toi ?"
"Ça, évidemment, on n'en a pas encore parlé. On verra. Si ce sont des coquelicots, ils fleuriront !"
Serafino sourit. Leandro l'appela pour quelques poses, seul. Quand il alla se rhabiller pour rentrer chez lui, il vérifia son portable et vit qu'il avait trois messages. Tous de Rafael. Il les lut.
Le premier disait : "Tu es là ? J'ai envie de te parler."
Le deuxième : "Tu es libre, demain matin ?"
Le troisième : "Fais signe quand tu rallumes ton portable."
Serafino dit au revoir à ses amis, à Leandro et Marta, sortit et partit en moto. Peu après, il s'arrêta au bord de la route, enleva son casque, prit son portable et essaya d'appeler Rafael. Il allait raccrocher, après plusieurs sonneries, quand il répondit.
"Salut. Désolé de t'avoir fait attendre, mais je suis en patrouille... j'ai dû dire que j'allais aux toilettes pour pouvoir te répondre..."
Serafino sourit à l'idée. "Je suis libre, demain matin." dit-il simplement.
"Alors, on peut se voir ?" demanda-t-il d'un ton plein d'espoir.
"Bien sûr que oui. Où ?"
"Je pourrais... venir chez toi ?"
Il ne l'avait jamais emmené chez lui... mais il pensa qu'il était temps de lui dire oui : "Bien sûr. À quelle heure veux-tu venir ?"
"Vers... neuf heures. C'est trop tôt ?"
"Non, d'accord. Alors je t'attendrai."
"Merci." dit Rafael d'un ton joyeux.
Parfait, se dit Serafino en reprenant la route. Chez lui, il alluma la télé, il y avait une rediffusion des jeux olympiques d'Athènes. Il y jetait un coup d'œil de temps en temps, occupé à faire disparaître tout ce qui pouvait donner des indices sur sa vraie vie : l'album des plus belles photos prises par Leandro, certaines revues où il apparaissait aussi, quelques DVD pornos et même les objets les plus chers qu'il s'était achetés ou qu'il avait reçus en cadeau. Après tout, il devait passer pour un chômeur, il ne pouvait rien avoir d'aussi cher chez lui.
Il fit encore un tour de son appartement pour vérifier que tout était comme ce que Rafael pouvait s'attendre à trouver chez lui. Puis il alla dans sa chambre, mit en place la caméra numérique dans la cachette qu'il avait préparée et vérifia qu'elle visait le lit. Un film au matin, à la lumière du jour, rendrait encore mieux, se dit-il, satisfait.
Il était sûr qu'il avait demandé à venir chez lui pour pouvoir baiser. Il faudrait qu'il fasse son timide, son puceau... qu'il ait du mal à le conquérir. Il devait bien jouer son rôle. Il devait paraître timide, "doux et sain" comme Rafael avait dit de lui... alors qu'en fait il serait stratège et calculateur. Il était sûr d'y arriver.
Il n'avait pas envie de se préparer à dîner, alors il sortit et alla chez son traiteur habituel. Le père d'Anna était à la caisse. Eugenio servait en salle, comme toujours, le soir. Il n'y avait pas grand-monde.
"Salut, Genio. Je m'installe où ?" demanda-t-il, comme chaque fois.
Eugenio lui sourit : "Oh, Serafino ! Là, si ça te va. Tu veux le menu, ou..."
"Non, choisis pour moi. Et Anna ?"
"Elle est sortie avec son copain."
"Et toi ? Tu ne sors jamais avec ta copine ?"
"Faudrait d'abord que j'en ai une !" lui répondit-il joyeusement. "Je suis loin d'être aussi beau que toi. Mais toi, tu en as une ?"
"Non. Et je n'en veux pas." dit-il en le regardant dans les yeux.
"T'as bien raison ! On a tout le temps ! À notre âge, mieux vaut s'amuser, tant qu'on peut."
"Paroles de sage !" lui dit Serafino avec un sourire.
Il mangea puis rentra chez lui. Il regarda encore un peu la télé, en attendant d'avoir digéré. Puis il fit un peu de muscu avec ses équipements, les rangea et prit une douche. Il ne mit que la serviette à la taille, et revint regarder la télé. Après le journal de minuit il alla dans sa chambre, mit son réveil à huit heures et se coucha. Il ne s'endormit pas tout de suite, penser au lendemain matin l'électrisait...
Il fut réveillé par une sonnerie, mais pas celle du réveil, d'ailleurs il était huit heurs moins le quart, c'était son portable. Il le prit et répondit, la voix pâteuse, sans regarder qui l'appelait.
"Allo, c'est Claudio..."
"Hein ?" demanda Serafino, encore assoupis.
"Claudio Alpi... Je te réveille ?"
"Qu'est-ce que tu crois ? Mais j'allais me lever. Qu'y a-t-il ?"
"Désolé, mais j'ai un problème et... je me suis dit que tu pourrais peut-être..."
"Quel problème ?"
"Mes parents... ce matin ils ont compris que je fais le métier et ils m'ont jeté dehors. Et je sais pas quoi faire... Alors si tu..."
"Ecoute, Claudio, ce matin je suis occupé et je ne sais pas jusqu'à quelle heure ça durera..."
"Bon... alors excuse-moi... Salut..."
"Eh, non, attends ! J'ai pas dit que...Claudio, je t'ai dit que je ne savais pas à quelle heure ça finira, mais dès que je suis libre je t'appelle et on se voit, d'accord ?"
"C'est vrai ?" lui demanda le garçon, un peu incertain.
"Mais oui, c'est vrai. Tu as un peu d'argent sur toi ?"
"Dans les soixante-dix euro..."
"C'est mieux que rien. Je te rappelle, d'accord ? Dans la journée."
"Merci. Et pardon de t'avoir réveillé."
"Laisse tomber. Tu as essayé d'appeler Leandro ?"
"Oui, mais personne ne répond..."
"Ah, c'est vrai, il m'a dit qu'il devait emmener Marta à Terracina... Bon, je te rappelle."
"Merci. Salut. Et merci, hein !"
Serafino se leva. Il prit une douche, mit le slip et le maillot les plus "normaux" qu'il possède et alla se préparer un petit-déjeuner. Puis il revint à la salle de bain se brosser les dents et se raser. Il finit de s'habiller en choisissant des habits simples mais serrés pour bien mettre son corps en valeur. Il se regarda dans le miroir : parfait !
Il fit son lit puis regarda sa montre. Huit heures trente cinq. Il ouvrit le tiroir de sa table de nuit : les capote et le gel y étaient, rien que du neuf puisqu'il avait dit à Rafael n'avoir pas encore eu de relations sexuelles. Il ouvrit la fenêtre pour aérer. Le ciel était un peu couvert, mais il faisait bon. Il regarda le thermomètre qu'il avait accroché à l'extérieur de la fenêtre, il faisait vingt-deux.
Il refit le tour de l'appartement pour vérifier qu'il n'y avait plus rien de compromettant. Non, parfait, c'aurait pu être l'appart d'un quelconque chômeur de son âge. La scène était prête, le costume adapté, d'ici peu la représentation allait commencer à l'intention de son seul spectateur.
Enfin, la sonnette retentit. Il alla ouvrir. Cette fois-ci, Rafael avait une chemise blanche au col ouvert et un pantalon large, vert-bouteille. Ils se dirent bonjour par un sourire.
"Entre..." lui dit Serafino.
Rafael lui tendit un petit paquet : "J'espère que tu aimes les chocolats... moi j'aime, alors..." lui dit-il.
"Merci ! Oui, j'adore." dit-il en l'emmenant dans son petit séjour. "Assieds-toi."
Ils s'assirent sur le petit sofa-lit sans accoudoirs. Serafino ouvrit le paquet. Il contenait un assortiment d'excellents chocolats, ainsi qu'un CD. Des chansons d'Yves Montand.
"Le morceau treize est pour toi. Les paroles sont de Jacques Prévert..." dit Rafael avec un petit sourire.
Serafino ouvrit le CD, le mit dans le lecteur, tapa 13 et écouta...
"Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour"
"La musique est belle... c'est dommage que je ne comprenne pas le français. Ça dit quoi ?" demanda Serafino.
Rafael lui tendit une feuille sortie de la poche de sa chemise, "Je me suis dit que tu ne parlais peut-être pas français, alors... voici la traduction..."
Serafino appuya sur "replay" et lut la feuille en réécoutant la chanson.
Quand la chanson fut finie, Serafino murmura : "C'est beau... c'est très beau..."
"Et ça ne t'a pas l'air écrit... pour nous ?" lui demanda Rafael.
"Pour nous ?"
"Oui... parce que tu me plais beaucoup, Serafino."
Putain comme je voudrais savoir rougir à volonté ! se dit Serafino, mais il sourit et prit l'air un peu gêné. "Merci." murmura-t-il, "Toi aussi, tu me plais... beaucoup."
Rafael lui reprit la feuille des mains, le fit se lever, le prit dans ses bars et l'embrassa sur la bouche. Tandis qu'Yves Montand continuait à chanter, il le serra contre lui et Serafino sentit clairement l'impérieuse érection du flic. Son corps réagit dans l'instant et il se sentit lui aussi agréablement excité.
"Tout va bien ?" lui demanda Rafael dans un murmure.
"Oui..."
Oui, tout allait bien. Etrangement bien. Ce cadeau donné si simplement, loin de la présomption de ses clients, cette chanson, ce baiser tendre et doux...
"Je... Serafino... si tu veux bien... j'aimerais..."
"Tu veux... faire l'amour avec moi ?" lui demanda-t-il pour mettre des mots sur ce qu'il avait compris à son hésitation.
"Et bien, oui, bien sûr, mais... ce que je voulais te dire... c'est que j'aimerais que tu sois mon copain... Je ne te demande pas juste de baiser avec moi."
"Je n'ai jamais eu de copain..." se défendit Serafino.
"Et tu ne voudrais pas essayer... avec moi ?"
"Je ne sais pas... peut-être... mais je ne sais pas. Je ne m'attendais pas à ce que tu... Au fond, on se connait peu..."
"Serafino... je suis tombé amoureux de toi."
Parfait ! C'est du tout cuit... Tout était prêt dans la chambre. Prêt pour l'acte deux !
"Tu veux... qu'on aille... dans ma chambre ?" dit-il en feignant un peu d'appréhension, de doute et de gêne.
"Pas encore... Je ne suis pas venu chez toi pour... pour ça. Mais pour te dire ce que je sens, ce que j'éprouve... ce que j'espère de toi. Et toi... tu ne ressens rien pour moi ?"
"Tu me plais... c'est sûr que... je sens..." dit-il en se frottant doucement contre lui, puis, pour n'avoir pas l'air trop effronté, il recula un peu et murmura : "Mais... je ne me sens pas encore prêt... Je veux dire... J'ai envie de toi, mais..." dit-il en feignant la confusion.
Rafael se rassit, l'attira et le fit s'asseoir sur ses jambes, à cheval, les jambes repliées sur le sofa, contre lui. Il le prit par la taille et le tira contre lui.
"Rien ne presse... surtout si tu veux être mon copain. Je ne suis pas venu pour ça." dit-il encore, tendrement.
Putain, j'ai trop chargé sur la timidité... se dit Serafino. Bon, mais si ce n'est pas pour ce matin, c'est pour bientôt. Je dois rester dans le personnage. Et surtout pas lui montrer combien j'ai hâte...
"C'est que... je ne m'attendais pas à... Tu me plais et peut-être que... Oh, Rafael !" murmura-t-il en plongeant la tête entre le cou et l'épaule du jeune homme.
"Dis-moi oui... dis moi que tu veux au moins essayer... s'il te plait..." murmura Rafael à son oreille avant de la mordiller.
Serafino frissonna de plaisir. Rafael lui prit le visage dans les mains, le fit se soulever et approcha le sien. Leurs lèvres s'effleurèrent, tendres et chaleureuses. Elles s'entrouvrirent comme fleurs au soleil et se réunirent. Leurs langues sortirent, timides, se trouvèrent et se mirent à jouer dans un plaisir et un désir croissants.
Aucun doute, Rafael savait embrasser, il savait faire d'un simple baiser un acte des plus sensuels. Serafino n'avait jamais éprouvé tant de plaisir à un simple baiser. Sa si riche expérience sexuelle ne lui avait jamais rien fait connaître de tel.
Les mains de Rafael bougeaient savamment sur le dos de Serafino et une main s'attarda sur sa nuque, la gratta doucement comme on fait avec les chats. Serafino frémit, sentit le sexe du beau policier palpiter sous lui, pousser. Lui aussi poussa le sien contre son ventre.
Rafael détacha à peine les lèvres des siennes et lui demanda dans un murmure : "Tout va bien ?"
"Mieux que bien..." répondit Serafino.
"Tu sais, je n'avais jamais rencontré de garçon comme toi..."
"Comment ça, comme moi ?"
"Tendre... franc... simple... pur..." dit Rafael en lui prenant le visage entre les mains et en s'éloignant un peu pour le regarder dans les yeux.
Serafino vit que ses yeux étaient lumineux, brillants, mais pas de luxure ou de libido, comme tant de ses clients. Il les trouvait beaux... et se demandait si c'était dû à la lumière du matin.
"Alors..." insista Rafael en le regardant dans les yeux, "... tu veux être mon copain ?"
"Je... t'ai dit que je n'avais encore jamais... à part cette fois, quand j'étais gamin..."
"C'est important ? Tu ne voudrais pas que je sois... ton premier copain ?"
"Si... Même si... Ça... ça fait mal quand... Parce que tu en as envie... tu en as envie, n'est-ce pas ?"
Rafael sourit : "Et toi ? Tu en as envie ?"
"Oui, mais... j'ai aussi un peu peur. Pas de toi, mais..." dit Serafino, puis il glissa la main entre leurs corps, palpa l'érection de Rafael et retira vite sa main : "... de ça. Elle est... grosse..."
Rafael lui ébouriffa les cheveux d'un geste affectueux : "Je ne veux pas te sauter dessus et... Mais oui, j'aimerais... mais aussi que tu me le fasses toi, bien entendu."
"Tu veux... tu veux que maintenant..."
"Pas forcément maintenant. Si tu veux être mon copain... nous n'y viendrons que quand tu seras prêt... que quand ce sera toi qui me le demanderas..."
"Je... même maintenant, mais..." dit Serafino et il recommença à lui palper le sexe de la main.
Alors Rafael finit par se décider aussi à lui toucher l'entrejambe. Il lui mit d'abord simplement la main en coupe sur le renflement de son pantalon, frotta doucement puis le palpa, en sentit la consistance, la dureté. Enfin, Serafino sentit les doigts fouiller sa braguette, déboutonner l'unique bouton, ouvrir la fermeture éclair, s'insinuer sous le slip et caresser son érection.
"Tout va bien ?" lui demanda à nouveau Rafael, d'un ton doux.
"Ouiii..." souffla Serafino en fermant les yeux. Putain, active-toi ! se dit-il.
Il sentit la main commencer à déboutonner sa chemise, puis relever un peu son maillot sur son ventre nu, la poitrine, frotter doucement ses tétons tandis que l'autre main le masturbait avec la bonne dose de délicatesse et de vigueur. Il se laissa aller, c'était vraiment agréable.
Quand ses clients le touchaient, il avait souvent l'impression que leurs mains étaient... rapaces. Ce n'était pas comme ça que Rafael le touchait. Il sentait dans ses mains une douceur, une tendresse auxquelles il n'était pas habitué. Oui, c'était vraiment agréable. Bon, profites-en... se dit-il et il soupira.
"Tout va bien ?" lui demanda Rafael pour la quatrième fois, dans un tendre murmure.
"Oui..."
Serafino se demanda s'il devait ou non s'activer lui aussi. Puis il se dit qu'un garçon "ingénu", "inexpérimenté" ne le ferait sans doute pas. Alors il se retint. Mais, franchement, à mesure que les attouchements du policier avançaient et que son excitation augmentait, l'envie montait de le toucher lui aussi de façon plus intime. Finalement il n'arriva plus à y résister et lui ouvrit sa chemise. Il rouvrit les yeux et vit que le visage de Rafael avait un peu rougi. Bien, il est joliment lancé, se dit-il.
Il regarda son torse nu, Rafael ne portait pas de maillot, et il se dit qu'il était bien fait, les muscles bien définis. Il écarta les pans de la chemise : ses tétons étaient parfaits, des auréoles grandes comme des pièces de deux euro, lisses, et au milieu la petite protubérance rose... Il se pencha et y posa les lèvres. Rafael frémit avec force. Serafino titilla un téton du bout de la langue, le serra entre ses lèvres, le mordilla doucement...
"Oh... Serafino..." murmura le policier d'une voix un peu rauque de plaisir.
Serafino lui ouvrit la braguette, passa les mains sous son boxer et s'empara du fier pieu. Il le sentit sauter, durcir encore plus. Il se demanda s'il devait l'emmener dans sa chambre, mais il se décida contre, pas encore. Peut-être serait-ce un acte trop effronté de la part d'un garçon "inexpérimenté".
Le CD que Rafael lui avait offert était arrivé à la fin et avait recommencé au début. Et quand revint la chanson "Les enfants qui s'aiment", le flic jouit avec une série de sursauts et de gémissements étouffés. Serafino lui mit la main en coupe sur le gland, pour qu'il ne se tâche pas... mais il jouit lui aussi, soudain, il n'arriva pas à se retenir et ruina sa tentative et inonda ses habits et ceux du beau jeune homme.
Ils se détendirent presque sur le coup. Rafael lui reprit le visage entre les mains et l'embrassa profondément, longuement, en lui caressant la nuque et le dos et en le serrant tendrement contre lui. Serafino se dit fugacement que cela avait été bon.
Quand ils finirent par se détacher, il regarda entre leurs corps. "J'ai inondé tes habits... désolé..." murmura-t-il.
Rafael sourit et lui caressa la joue : "Ce n'est pas grave..."
"Tu ne peux pas sortir comme ça... Et mes habits ne t'iraient pas, j'en ai peur... Je suis désolé..."
"Tu as un lave-linge ?"
"Oui, mais après..."
"Et un fer à repasser ?"
"Oui..."
"Bon, alors faisons une lessive, on essore bien puis on les sèche au fer à repasser, il n'y a aucun problème..."
"Oui, d'accord... Viens..."
Il l'emmena à la salle de bain. Ils se déshabillèrent et mirent tous leurs habits à la machine, lancèrent un cycle court, à froid. Ils étaient tous les deux complètement nus. Ils se regardèrent de cap en pied, de haut en bas, plusieurs fois. Et ils dirent, presque ensemble : "Que tu es beau !"
"Pendant que la machine tourne, on prend une douche ?" lui proposa Rafael.
"Oui."
Ils se lavèrent l'un l'autre, sans savon, juste pour enlever le sperme qu'ils avaient sur eux. Quand Serafino arrêta la douche, Rafael le prit dans ses bras et l'embrassa.
"Alors... tu veux être mon copain ?"
"Oui..."
Ils scellèrent ce "oui" par un autre long baiser. Puis ils se séchèrent et mirent les serviettes à la taille. Ils sortirent les habits de la machine dont le cycle était terminé et ils retournèrent au séjour. Serafino sortit le fer et la planche à repasser.
"Laisse-moi faire..." lui dit Rafael.
La vapeur montait des habits humides à mesure que Rafael les repassait. Serafino les étendit sur des cintres pour qu'ils finissent de sécher. Quand il les eut tous repassés, Rafael leur donna encore un coup de fer pour bien les sécher. Serafino le regardait faire, il remarqua qu'il repassait avec des gestes d'expert. Parfois leurs regards se rencontraient et ils échangeaient un sourire.
"Et c'est fait. On se rhabille ?" demanda Rafael en éteignant le fer.
"Tu es pressé ? Tu dois partir ?"
Rafael regarda sa montre : "Non, j'ai encore un peu de temps. Je prends mon service à quatre heures, alors il suffit que je parte vers trois heures, pour chercher mon uniforme."
"Alors on peut déjeuner ensemble... J'ai quelques provisions, je peux préparer quelque chose." proposa Serafino.
"Volontiers. Alors... laissons les habits étendus, comme ça on sera sûrs qu'ils soient bien secs quand on les mettra."