Dès qu'il fut seul, Serafino retourna dans sa chambre et sortit la caméra de sa cachette. Il la relia à son écran dix-sept pouces à cristaux liquides et regarda ce qu'il avait enregistré. Le cadre du lit était assez clair, ils étaient tous les deux bien reconnaissables et la scène commençait avec Rafael encore habillé, à genoux entre ses jambes, qui lui faisait une pipe.
Serafino, en revoyant la scène, fut excité mais en même temps il se sentait bizarre. Il se dit que c'était... beau. Et que...
Il resta à regarder, captivé, et il se sentait fondre complètement. Il vit comment avait fait Rafael pour se déshabiller sans qu'il ne s'en aperçoive, puis quand il l'avait attiré sur le lit... Il n'y avait pas de son, mais Serafino se rappelait chaque mot qu'ils s'étaient dits... Il revit chaque geste, chaque sourire, chaque caresse.
Il voulait arrêter de regarder, mais il n'y arrivait pas, il voulait tout éteindre mais il en était incapable. Quelque chose s'agitait en lui, quelque chose sur quoi il n'arrivait pas à mettre un nom.
Il se faisait tard. Après avoir vu tout l'enregistrement, il finit par tout arrêter et il se coucha. Mais c'était comme s'il revoyait, sur l'écran noir de ses paupières fermées, toute la scène filmée par la caméra cachée.
Bien que son contenu soit proche de celui d'un film porno, les scènes étaient belles et n'avaient rien de scabreux ni d'obscène. Au contraire, il y avait une délicatesse, une douceur, une tendresse qui perçait malgré le sujet.
Serafino s'endormit comme ça, un sourire idiot aux lèvres. Il dormit longtemps et à son réveil il était frais et reposé. Il sortit du lit et alla prendre une douche. Puis il alla préparer son petit déjeuner. En passant par le séjour, il vit la caméra et l'écran plat ; il devait penser à les ranger et changer la carte mémoire de la caméra.
Après le petit déjeuner, il alla s'habiller. Puis il revint au séjour. Il revit le verre avec le bouquet d'orchidées blanches, elles étaient vraiment splendides. Dommage qu'elles ne sentent rien...
"Un peu comme toi, belle allure mais pas d'âme." entendit-il une voix chuchoter en lui.
Il s'assit devant la table et son regard oscillait de la caméra aux orchidées... Il se sentait drôle... agité... troublé. Bien qu'il se soit douché, qu'il ait pris un bon petit-déjeuner, il se sentait comme hébété et frustré. Ça l'ennuyait de ne pas mieux arriver à mettre de l'ordre dans ses idées, ou plutôt de ne pas arriver à mieux les saisir, à focaliser dessus.
Il entendit la sonnerie de son portable. Il se leva et alla le prendre. Il vit qu'il avait trois messages et un appel. Il prit tout de suite l'appel.
"Oui ?" dit-il, à voix basse.
"Serafino ?" demanda la voix d'Alessio.
"Qui veux-tu que ce soit ? Salut, Alé."
"Qu'est que t'as ? Je te réveille quand même pas ? Il est onze heures !"
"Mais non ; tu veux quoi ?"
"Alors, tu l'as filmée ta baise avec le flic ? Le film est bon ? Tu nous le fais voir quand ?"
Serafino réalisa alors qu'il ne pouvait pas, qu'il ne voulait montrer ce film à personne, qu'il ne supporterait ni les rires ni les grossièretés de ses copains, ni les blagues lourdes, ni les plaisanteries salaces. Il ne pouvait pas... profaner cela ? Non, il ne pouvait pas, il ne devait pas.
"Je sais pas où j'ai merdé, mais on voit rien." répondit-il sans réfléchir.
"Quel empoté tu fais. Bon, ce sera pour une autre fois. Il reviendra, non ? Tu feras mieux la prochaine fois." dit joyeusement son ami.
"Et bien, on verra."
"Mais qu'est-ce que tu as ? Tu as une drôle de voix..."
"Drôle ? Comment ça, drôle ?"
"Tu vas bien ?"
"Mais oui, parfaitement."
"Bon, et bien ça doit être le signal qui est faible, alors. Ces machins marchent comme ils veulent. Bon, salut. Dis-nous quand tu auras un beau film, qu'on se marre bien."
"Oui, bien sûr. Salut." répondit-il en se sentant un peu gêné.
Il raccrocha, puis regarda ses trois messages. Ils étaient tous de Rafael.
Il avait envoyé le premier peu après être sorti de chez lui : "Merci, mon grand amour, c'était merveilleux. À bientôt. R."
Le deuxième était de quatre heures trente-sept du matin : "Je pense à toi et tu me manques déjà. Tu dois dormir, maintenant et j'espère que tu fais des rêves merveilleux. Je voudrais t'avoir dans mes bras et te regarder dormir, veiller sur toi, au lieu d'être le gardien des ombres de la nuit. Que ta vie soit sans ombre. R."
Le troisième datait de huit heures douze : "Où te cachais-tu, mon amour ? Pourquoi je ne te trouve que maintenant ? Avant d'aller dormir, je voulais te dire que tu as rendue ma vie plus belle, et j'espère savoir rendre la tienne aussi belle. Je t'embrasse, à vite. R."
"Putain, Rafael est raide dingue de moi..." dit-il à mi-voix, stupéfait devant le petit écran de son portable.
Mais lui-même ? Qu'est-ce qui le faisait se sentir si bizarre ? Pourquoi avait-il dit à Alessio que le film était raté ? Qu'avait Rafael qui le trouble à ce point ?"
Ce fut comme un éclair de compréhension, comme une enseigne néon qui s'allume soudain dans la nuit et clignote deux ou trois fois avant de s'allumer définitivement.
"Rafael est le premier, le seul, à te traiter en être humain !" dit une voix en lui, comme l'aurait fait cette enseigne néon.
"Pour tous les autres, tu n'es qu'un objet de plaisir, dont profiter au mieux, un travailleur du sexe à récompenser pour ses services... ou dans le meilleur des cas un complice dans la recherche du plus grand plaisir personnel..."
Mais pas pour Rafael. Pour lui, il était avant tout un être humain à respecter, à aimer. Sa tendresse et sa gentillesse étaient vraies, spontanées, véritables, tout son cadeau était là. Et soudain même le sexe et la baise devenaient un cadeau, un vrai cadeau.
Rafael lui donnait son respect et Serafino sut qu'il ne pouvait pas lui manquer de respect...
"Rafael te donne son amour... et toi... et toi... toi..." l'accusait sa voix intérieure.
Il se figea et retint sa respiration. Il sentait une tempête se déchaîner dans son esprit, prendre corps dans son cœur.
"Et toi ? Et toi ? Et toi ?"
Si Serafino avait été croyant, s'il avait connu le Nouveau Testament, il aurait pu comparer ce qui se passait en lui avec le chemin de Damas de Paul. Le persécuteur, le pharisien fanatique était tombé de cheval et avait été ébloui par une lumière... et il s'était converti sur le champ.
La tempête retomba comme par enchantement et un calme étrange, un incroyable silence retombèrent sur lui, il y eut une lumière éclatante et des larmes coulèrent de ses yeux.
"Qui es-tu, Rafael ?"
"Je suis celui dont tu voulais te moquer."
"Qui es-tu, Rafael ?"
"Je suis l'amour. Lève-toi, prends ta vie en main, et viens faire ta route avec moi..."
La lumière disparut et Serafino, à travers ses larmes, revit le film, le bouquet d'orchidées blanches, si belles mais sans odeur.
Il sortit de chez lui presque en courant, prit sa moto et fonça, fonça hors de la ville, vers les plages, puis à Fregene, chez Leandro. Il s'acharna sur la sonnette et sonna deux, trois, quatre fois, paniqué.
"J'arrive, j'arrive, que diable ! J'arrive !" cria de dedans la voix de Marta. La porte s'ouvrit et la vieille femme le regarda, étonnée : "Serafino ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Entre..."
"Leandro est là ?"
"Oui, il tire les photos d'hier... on ne va pas tarder à se mettre à table. Viens... Mais qu'as-tu ? Que t'arrive-t-il, mon garçon ?"
"Rien... tout... trop..."
"Mon dieu, c'est comme si... comme si t'avais vu un fantôme." dit-elle en lui prenant le coude, d'instinct, elle le soutenait et elle l'emmena à la cuisine. "Tu as besoin d'un remontant..."
"Non... appelle Leandro, s'il te plait..."
"Oui... oui, d'accord. Mais tu n'as vraiment besoin de rien ?"
"Un verre d'eau, s'il te plait."
La vieille femme en posa un devant lui, lui jeta un coup d'œil et le regarda se mettre à boire comme un assoiffé, puis elle courut appeler Leandro. Peu après, ils revenaient tous les deux.
"Serafino... Marta me dit... Mais que t'arrive-t-il, mon garçon ?" lui demanda-t-il, en s'asseyant face à lui. Marta s'assit aussi, à côté de Leandro.
Alors Serafino leur raconta tout, à tous les deux, depuis la première fois où il avait vu Rafael, la nuit, au parc, jusqu'à ce matin. Ce fut comme une confession, il leur dit tout ce qu'il avait pensé et ressenti aux divers moments de cette brève mais longue histoire. Il ne vit pas que Marta avait dû se lever deux fois pour s'occuper des fourneaux, il ne la vit pas faire signe à Claudio, apparu à la porte, de s'en aller en silence. Il ne vit pas non plus les expressions de Leandro. Son regard était perdu dans le vide.
Quand enfin il se tut, Marta était à nouveau assise à table et elle avait rempli son verre d'eau fraîche. Serafino le but à grandes gorgées, comme pour éteindre un feu intérieur. Il renifla, sécha ses yeux humides du revers de ses mains, et regarda Leandro.
"Qu'est-ce qu'il m'arrive, Leandro ? Que dois-je faire ?"
"Tu le sais bien, ce qu'il t'arrive... Quant à ce que tu dois faire..."
"Je le sais ?"
"Bien sûr que tu le sais. Dans tout ce que tu m'as dit... sais-tu quel mot tu as dit le plus souvent ?"
"Rafael ?"
Leandro fit non de la tête, avec un petit sourire.
"Moi ?"
Il eut droit à une autre dénégation.
"Alors, quoi ?"
"Amour. L'amour que tu n'as jamais eu, l'amour que personne ne t'a jamais donné, l'amour auquel tu ne croyais pas, l'amour que t'offre Rafael, l'amour dont tu as soif, l'amour que tu crains avoir pour la première fois, l'amour que tu sais avoir pour lui... Du début à la fin, même si parfois tu lui donnes un autre nom, tu n'as fait que me parler d'amour."
"D'amour ?" demanda Serafino à voix basse, stupéfait.
"Oui, d'amour."
"Mais... Mais lui... il aime un Serafino qui n'existe pas. S'il savait pour moi, pour ma vie... s'il a quitté ce stripteaseur, alors moi, tu penses... il me détesterait."
"Mais toi, maintenant tu t'es aperçu que tu l'aimes. Et tu ne veux pas le perdre, à présent que tu l'as trouvé."
Serafino le regarda dans les yeux, puis il hocha la tête : "Mais comment puis-je me faire une autre vie, maintenant ?"
"Tu connais la réponse..."
"Arrêter de... d'aller avec les clients.... Avec d'autres... Arrêter de venir poser pour toi... Mais je ne sais rien faire d'autre, moi..."
"Mais tu voudrais vraiment arrêter ?"
"Pour Rafael... pour Rafael et moi..... Aide-moi, Leandro ! Je t'en prie... aide-moi !"
"Quel travail voudrais-tu faire ?"
"N'importe quoi qui me fasse vivre. N'importe quel travail... décent. Mais tu crois vraiment que..."
"Je ne sais pas, je ne lis pas l'avenir, mais... que peux-tu faire d'autre si tu veux... accepter ce que t'offre Rafael et le partager ?"
"Mais que puis-je faire ? Je ne sais rien faire..."
"Tu sais rouler en moto, non ?" lui dit Leandro avec un petit sourire. "Tu ne pourrais pas être coursier ?"
"Si, bien sûr... Oui, il faut que je cherche..."
"Un de mes amis a une agence de coursiers et je suis sûr que si je le lui demande..."
"Il est gay ? Alors... il voudra... S'il sait pour moi..."
"Oui, il est gay. Mais c'est un type très correct. En plus d'être depuis vingt ans avec le même homme. Alors, je l'appelle ?"
Serafino le regarda, l'air suppliant : "Oui, s'il te plait, oui..."
"Reste déjeuner avec nous, Serafino. Pendant que Marta et Claudio mettent la table, allons téléphoner dans mon bureau. Ça te va ?"
"Oui, merci..." murmura Serafino.
Ils allèrent au bureau du photographe pendant que Marta appelait Claudio d'une voix retentissante. Leandro s'assit sur son bureau, fit signe à Serafino de s'asseoir et il prit son carnet d'adresse. Il trouva le numéro et le composa.
"Cristiano ? Ici Leandro Forleo... Bien, merci et toi ? Et Edo ? Parfait... Bien sûr... Oui, merci, et Marta aussi... Écoute, j'ai un grand service à te demander... C'est vrai... Voilà, un de mes garçon cherche du boulot... Oui, un de mes modèles... Non, il n'est pas tapin..." dit-il avec un clin d'œil à Serafino. "Mais il veut arrêter de poser et il cherche autre chose. Tu pourrais le prendre comme coursier ? Bien sûr que je me porte garant de lui... complètement... Ah, ça tombe bien... D'ailleurs, il a une moto et il conduit bien... Oui, il habite Rome... Très bien... oui, d'accord. Bien sûr, n'en doute pas... Merci et à charge de revanche... Je te l'envoie cet après-midi... Bien sûr... Embrasse Edo... Salut."
"Il me prend ?" demanda Serafino.
"Il m'a dit qu'il lui fallait justement un garçon de plus. Voilà, je t'écris son adresse. Il t'attend à quatre heures à son bureau. Il t'expliquera comment le travail est organisé et dès demain tu commences à travailler pour lui."
"Pourquoi as-tu dit que je ne tapinais pas ?"
"Ça vaut mieux. Il n'a pas besoin de le savoir. D'autant plus que ça fait un bail que tu n'arpentes plus les trottoirs, alors..."
"Mon dieu, Leandro, je ne sais pas comment te remercier. Tu es mon sauveur !"
"Je fais ce que je peux, et tu le mérites plus que bien des autres. Je regrette juste de perdre un splendide modèle, mais tu fais bien d'arrêter tout en bloc."
"Et comment se fait-il que tu n'aies pas trouvé aussi vite un travail à Claudio ?"
"Mais si, je lui ai trouvé un travail, à Claudio : il m'aide à prendre soin du jardin, il aide Marta à garder la villa propre, je le loge et lui paie un salaire régulier, avec les charges. En plus des photos, bien entendu."
"Tu es un vrai ange, Leandro !"
"Je suis un être humain. Quelqu'un qui ressent dans sa chair la gifle donnée à qui que ce soit d'autre. L'un de ceux qui le soir, à l'heure d'aller dormir, s'il peut dire qu'aujourd'hui il n'a rendu personne malheureux dans la journée, pense que c'était une belle journée."
"Oh, alors... J'espère devenir moi aussi un humain de ton genre !"
"J'ai l'impression que tu as toujours été sur la bonne voie. Tu n'es pas beau que physiquement, Serafino. Malgré tout, tu as une beauté intérieure. Si j'avais pu me marier et avoir un fils, j'aurais aimé qu'il soit comme toi."
Serafino fut ému. Ils passèrent à table. Il vit Claudio joyeux et loquace. Il se dit que Leandro et Marta avaient vraiment pris, pour leurs "garçons", la place des parents que nombre d'entre eux n'avaient pas eus. Lui le premier. Quand il quitta Fregene, il se sentait un nouvel homme. Il voyait un avenir qui lui souriait et lui aussi souriait à l'avenir.
Il descendait de sa moto pour aller à son rendez-vous avec Cristiano Fusato quand il reçut un sms.
"Où es-tu ? pas de nouvelles ? Tout va bien ? R."
Il tapa tout de suite sa réponse : "J'ai peut-être trouvé un boulot. Te tiens au courant..." il hésita un instant et ajouta : "Tu me manques, mon amour ! S."
Il cadenassa sa moto et son casque à un sens interdit et il allait entrer dans l'agence quand il reçut un autre sms.
"Je croise les doigts pour toi, mon amour. Je t'aime ! R."
Il répondit : "Te tiens au courant. À bientôt. S."
Ainsi Serafino commença-t-il sa carrière de coursier. Le salaire était modeste, un fixe et une partie qui dépendait du nombre de courses. Plus le remboursement de ses frais de moto. Il avait une mutuelle et des cotisations retraite. Bref, tout était en règle. Dès qu'il rentra chez lui, il effaça complètement la carte mémoire avec la prise de vue de sa nuit de baise avec Rafael... d'amour avec Rafael.
Et enfin il le revit. Comme les fois d'avant, Rafael arriva avec un cadeau. Dès son arrivée ils se prirent dans leurs bras et s'embrassèrent et Serafino sentit que ces baisers étaient encore plus beaux que les autres fois. Il se sentait un nouvel homme, il se sentait léger, heureux.
Et pour la première fois, il put dire les mots "magiques", il y mit tout son cœur, toute son âme, ses sentiments : "Je t'aime, Rafael, je t'aime !" et il se sentit si heureux que de grosses larmes apparurent aux coins de ses yeux.
Rafael les lui essuya des lèvres, léger, délicat, tendre et il le serra contre lui.
"Tu viens... là ?" lui demanda Serafino.
"Eh, que tu as hâte, aujourd'hui..." lui dit le jeune homme avec un sourire joyeux.
"Oui..." dit Serafino et; pour la première fois, il rougit un peu.
Il lui prit la main et l'emmena dans sa chambre. Dès qu'ils y furent, il lui enleva son T-shirt et caressa sa poitrine nue, glabre et large. Il passa les doigts sur ses tétons qui se raidirent sur le champ, se pencha pour les lécher, les frotta des lèvres et les mordilla en prenant plaisir au léger gémissement avec lequel Rafael le laissait faire. Il embrassa sa large poitrine, son cou, puis leurs lèvres se retrouvèrent encore.
Puis il le poussa sur le lit, se coucha sur lui et le serra dans ses bras. Il sentit sous lui le membre durcir et frémir, il bougea le bassin de façon à le frotter légèrement et il sentit comme des décharges électriques lui parcourir le corps de haut en bas, s'intensifier entre ses jambes, remonter et exploser dans son cerveau.
Rafael le fit se soulever un peu, déboutonna sa chemise, la lui enleva et lui caressa le dos, en passant doucement un ongle le long de son épine dorsale. Serafino se pencha pour lui lécher de nouveau la poitrine, puis plus bas, le ventre ferme et droit. Il s'attarda sur le nombril tout en trifouillant pour lui ouvrir le pantalon. Il sentit le souffle de Rafael s'alourdir, tourner au halètement continu.
La braguette vaincue, il vit le tissu du caleçon tendu par son érection. Il y posa les lèvres et les frotta tout du long du beau membre encore prisonnier. Puis il ouvrit aussi le bouton du boxer et libéra l'impérieux membre qui jaillit dressé et ferme, il y posa la langue et le lécha de haut en bas. Il sentit son odeur virile et elle lui parut sublime.
Rafael gémit : "Oh, Serafino... que t'arrive-t-il, aujourd'hui ? Oh... tu es fantastique..."
"Je t'aime !" répéta Serafino, plus pour entendre la beauté de ces mots que pour autre chose.
Il lui descendit pantalon et caleçon à petits gestes rapides, il voulait le voir tout nu, il voulait que ses yeux aussi jouissent du spectacle de son corps.
"Attends..." murmura Rafael.
Il le fit glisser sur le lit, s'assit à côté de lui, enleva chaussures et chaussettes, finit d'enlever pantalon et caleçon et enfin il fut complètement nu.
"Mon dieu que tu es beau !" murmura Serafino.
Oui, à ses yeux il était plus beau que jamais. Oui, ses yeux se réjouissaient à sa vue. Il répondit à son sourire. Rafael, penché sur lui, lui ouvrit le pantalon et l'embrassa de nouveau. Il le lui retira avec les chaussures qu'il jeta par terre. Puis, lentement, il fit aussi descendre son slip gonflé et tendu et le caressa doucement entre les jambes, les testicules, le sexe si dur qui frémit à ce léger contact expert. Puis Rafael se pencha sur son giron et fit glisser dans sa bouche le beau membre du garçon, pendant que ses mains en coupe serraient ses petites fesses.
Serafino sursauta. Il lui caressa les cheveux et murmura : "Oh, Rafael... Rafael... Rafael..."
Les mains du beau jeune homme couraient sur son ventre, sur sa poitrine, tandis que sa tête bougeait de haut en bas. Serafino lui effleura encore les tétons et ferma les yeux pour mieux savourer ce qui se passait.
"Rafael... je te veux tout en moi... S'il te plait..."
Pendant qu'il se préparait - qu'il enfilait son préservatif - Serafino se tourna sur le ventre et écarta les jambes, impatient. Il sentit la langue de Rafael parcourir son dos, tout du long de la colonne vertébrale, puis s'insinuer dans le sillon entre ses fesses frémissantes, le lécher, le préparer...
"Oh, mon dieu, prends-moi, Rafael, baise-moi, s'il te plait..."
Oui, il en avait besoin, sur le champ, parce qu'il voulait être enfin à lui. Pour la première fois, Serafino se donnait à un autre. À l'homme qu'il aimait, qui l'aimait et pas qui profitait de lui.
Rafael se coucha sur lui et son sexe s'ouvrit un chemin entre les fesses douces et fermes. Il fouilla de bas en haut d'un geste lent, tendre mais viril, tout en passant les mains sous son corps pour frotter les tétons et lui masser délicatement le sexe. Il l'embrassa sur le cou et commença à pousser. Serafino se détendit, heureux, et poussa le bassin en arrière.
Mais Rafael se figea : "Attends, il faut que je te mette du gel..." murmura-t-il, "... je ne veux pas te faire mal..."
"Non, je m'en fous ! Ne t'en fais pas. Prends-moi... s'il te plait... fais-moi tien... rien qu'à toi... tout à toi..."
"Non..." insista Rafael qui ne soupçonnait pas que c'était un faux problème.
Il se remit à genoux entre les jambes du garçon, prit la dosette de gel, l'ouvrit et appliqua délicatement le gel, en testant le trou des doigts... Puis il le fit se retourner. Serafino comprit comment il voulait le prendre et sourit, heureux. Il appuya ses chevilles sur ses épaules et s'offrit comme ça, sans un mot.
Rafael le sentait prêt à l'accueillir en lui. Il pointa son sexe sur le trou et descendit vers lui, lentement, en se maîtrisant, il lui souriait et guettait sa réaction. Et il le pénétra dans une poussée continue, il entra lentement, lentement, jusqu'au bout. Il s'arrêta et lui sourit.
Serafino se sentait au ciel. Oui, oui, il le savait, maintenant : ce n'était pas de la baise, mais de l'amour ! C'était du plaisir pur, profond, complet. Rafael se pencha sur lui, Serafino releva la tête à sa rencontre et accueillit la langue de son homme... oui, son homme, maintenant il pouvait le dire.
Rafael commença à bouger avec précaution. Il se glissait hors de lui puis revenait en lui, et encore et encore... Serafino roulait doucement le bassin pour mieux sentir et donner plus de plaisir à Rafael, dont en même temps il caressait le dos musclé, penché sur lui. Dedans et dehors, dedans et dehors...
"Allez..." l'encouragea Serafino avec un sourire extasié.
Rafael lui prit les épaules et se mit à bouger avec de plus en plus de vigueur, à rythme croissant. Ses coups se faisaient de plus en plus forts et rapides. Serafino sentit qu'il était à lui, tout à lui, enfin vraiment à lui. Il se dit qu'il était bon d'appartenir à quelqu'un... Il était si excité... jamais de sa vie il ne l'avait autant été.
"Rafael... je vais... je vais... jouir..." gémit-il, étonné, stupéfait, émerveillé de ce qui lui arrivait sans même s'être touché.
Ses coups se firent encore plus forts et rapides et il se pencha encore pour l'embrasser. Serafino sentait son orgasme arriver, monter de ses testicules à son cerveau, puis redescendre comme un fleuve en crue, s'attarder dans son ventre et enfin exploser dans une symphonie de jets et de gémissements.
Alors l'orgasme de Rafale explosa aussi dans une suite de poussées et de gémissements étouffés de plaisir... Plaisir que Serafino était bien conscient de lui donner. Le jeune homme donna ses dernières poussées, puis se figea, bien planté en lui, le serra dans ses bras et lui donna un autre très long baiser.
Puis il descendit de sur lui, enleva le préservatif plein qu'il posa avec soin sur la table de chevet, reprit Serafino dans ses bras et se coucha près de lui sur le côté. Il plongea son regard lumineux dans ses yeux brillants. Ils avaient tous le deux le souffle un peu court. Rafael lui caressa une joue.
"Mon dieu, qu'est-ce que ça a été bon..." murmura-t-il.
"Oui..."
"Mais tu as joui toi aussi... tu ne vas pas être en mesure de..."
"Tu ne peux toujours pas rester pour la nuit, cette fois ?"
"Si."
"Alors... plus tard..."
"C'est promis ?"
"Je t'aime, Rafael !"
"Moi aussi je t'aime, mon ange !"
"Je suis à toi, rien qu'à toi !" dit Serafino stupéfait par la beauté et la profondeur de ces simples mots.
"Et moi à toi, mon amour."
Serafino se lova contre lui, enivré par sa force, sa chaleur et son odeur.
"C'est bon d'être comme ça..." murmura-t-il, ému.
L'expérience était toute nouvelle, pour lui. Avec ses clients, et même avec ses amis, jamais il n'avait eu de tendres préliminaires ni de ces doux moments après l'union. Serafino eut la pensée fugace que, grâce à son amour pour Rafael et à l'amour de Rafael, il était devenu un nouvel homme !