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histore originale par Andrej Koymasky


LE BEAU GARÇON CHAPITRE 12 - UN BEAU COUPLE, ET MÊME DEUX

Serafino mit deux mois et demi à se remettre complètement. Ses fractures aux bras s'étaient parfaitement ressoudées et le seul souvenir qu'il lui restait de cette sale aventure était une petite cicatrice qui coupait son sourcil droit en deux, sans gâcher le moins du monde sa beauté.

Il avait cherché un nouveau travail et, avec l'aide de Leandro, il avait été engagé comme vendeur dans un magasin de fournitures photo. Cinq mois après son vol plané, il avait décidé de se racheter une moto et pris une belle Ducati bleue, d'occasion mais en excellent état.

Tout allait très bien, avec Rafael, ils se voyaient presque tous les jours. Mais tous deux, et surtout Rafael, auraient voulu pouvoir habiter ensemble, sans subterfuges, au grand jour.

Aussi, après y avoir bien réfléchi, Rafael décida de démissionner de la police et de trouver un autre emploi. Il lui était en effet absolument impossible de rester dans la police et de mener la vie qu'il souhaitait avec son Serafino.

Ce fut encore Leandro qui vint à leur secours, il le présenta à une connaissance qui avait une usine à Tuscolano et qui l'engagea volontiers comme garde, en partie grâce à son passé dans la police.

Ainsi Rafael put-il emménager chez Serafino. Peu à peu il fit connaissance de tous les anciens amis et compagnons de son amant, ainsi que des garçons qui gravitaient autour de Leandro qui, en attendant son procès, avait tout de même recommencé à faire des photos.

Quand ils fêtèrent le premier anniversaire de leur vie ensemble, Rafael, en rentrant du travail, apporta en cadeau à Serafino un bouquet d'orchidées blanches. Serafino, en le recevant, le porta machinalement à son nez et le huma, en se disant en même temps qu'il savait déjà qu'elles n'avaient aucune odeur, mais il fut très surpris en réalisant qu'elles avaient un léger parfum, suave.

"Mais... elles sentent, celles-là ! Tu as mis du parfum ?"

Rafael rit doucement : "Non. J'ai fait la moitié des fleuristes de Rome jusqu'à ce que l'un d'eux me garantisse qu'il y avait aussi des orchidées qui sentent et qu'il pouvait en commander. Tu m'as dit que, quand je t'ai offert l'autre bouquet, tu avais pensé qu'elles n'avaient aucune odeur... tout comme ta vie. Alors, puisque je sais que tu ne le penses plus, que tu sais que ta vie a désormais un parfum, je me suis dit qu'il fallait que je te trouve quelque chose d'approprié."

"Merci ! Tu es un trésor. Mais j'ai aussi un petit cadeau pour toi..."

"Ah oui ? Et qu'attends-tu pour me le donner ?"

Serafino ouvrit une porte du placard, y prit un paquet avec un beau ruban rouge et le lui tendit.

"C'est quoi, un livre ?"

"Pas vraiment."

Rafael l'ouvrit : c'était un volumineux album de photos, avec toutes les plus belles photos que Leandro avait prises de Serafino en trois ans, depuis qu'il l'avait rencontré, à dix-huit ans, jusqu'à ce qu'il arrête de poser pour lui, à vingt et un ans et que le garçon lui avait fait tirer pour l'occasion.

"Voilà, maintenant elles sont toutes à toi. Leandro m'a promis qu'il ne vendra plus aucune de mes photos. C'est aussi un peu son cadeau pour notre première année ensemble."

Rafael feuilleta lentement l'album : "Elles sont très belles... vraiment belles. Mais je préfère l'original."

"Vraiment ?"

"Tu en doutes ?"

Serafino le prit dans ses bras et l'embrassa, en le serrant contre lui. Il sentit tout de suite son érection se réveiller et frotter contre la sienne, il se pressa doucement.

"Non, aucun doute..." lui dit-il avec un sourire radieux. "Tu m'emmènes là-bas ?" lui demanda-t-il avec un regard prometteur.

"Viens..."

Mais à cet instant ils entendirent sonner plusieurs fois, impérieusement, comme si quelqu'un était pressé. Ils se regardèrent, surpris, et allèrent ouvrir, ensemble.

À la porte se trouvait Emiliano, avec un homme dans la trentaine, habillé avec une élégance informelle, grand, au corps musclé et athlétique. Emiliano avait un sourire qui allait d'une oreille à l'autre, l'homme avait un léger sourire aux lèvres.

"On peut entrer ?" demanda le garçon.

"Oui... bien sûr... installez-vous." dit Serafino en étudiant discrètement l'homme.

"Voici Pier Bonanni, un journaliste. Voilà Serafino, et son ami Rafael. Bon, les présentations sont faites. Alors, vous nous l'offrez, ce café ?"

"Oui, bien sûr... je vais en faire." dit Rafael pendant que les trois autres s'asseyaient au séjour.

Pier dit, en guise d'explication de leur visite : "Emiliano m'a beaucoup parlé de vous deux et il tenait à ce qu'on se rencontre... Je lui ai dit qu'il vaudrait mieux appeler d'abord, mais il...."

"Mais non, ne vous en faites pas. Emiliano est... chez lui, ici. Alors vous êtes journaliste ?"

"Oui, free-lance. Je travaille avec l'Espresso, le Times, Babilonia, Der Spiegel, Têtu... et d'autres journaux."

"Ah, intéressant... Et... vous êtes ici pour une interview ?" demanda tranquillement Serafino.

"Oh non !" répondit Emiliano. "Attendons que Rafael revienne avec le café et je vous expliquerai tout. Mais j'ai rencontré Pier justement grâce à une interview pour une émission qu'il prépare. Une émission sur les tapins."

"Ah, je comprends." dit Serafino.

"Mais non, bien sûr que non, tu ne comprends pas ! Enfin, tu ne peux pas encore comprendre... bon, alors on attend Rafael !"

Rafael arriva alors, avec un plateau et quatre tasses de café fumant. Il le posa sur la table et s'assit à côté de Serafino.

"Tu as bonne mine, Emiliano." lui dit-il.

"N'est-ce pas ? Bon. Je voulais vous présenter Pier parce que... on a décidé de se mettre ensemble !"

"Super ! Mais depuis quand vous connaissez-vous ?" dit Rafael.

"Un peu plus de trois mois..." répondit Pier.

"Tu ne nous as jamais parlé de lui..." dit Serafino.

"Non, avant... je voulais être sûr. Tu sais, il me payait pour que je l'emmène en vadrouille et lui présente les tapins qu'il voulait interviewer, alors, presque toute la journée ensemble... Bref, Pier, ce matin même, enfin, m'a demandé si je voulais être son copain et travailler avec lui. Je lui ai dit oui, alors... Bon, on avait commencé à baiser ensemble dès le deuxième ou le troisième jour où on était ensemble et..."

Pier le regardait, un peu gêné.

Emiliano lui sourit : "... il me plaisait de plus en plus, mais je ne savais pas si je n'étais pour lui... qu'un passe-temps ou plus. Je n'avais pas le courage de le lui demander, bien sûr... Après tout, je suis tapin... Enfin, je l'étais, même si depuis que je le connais je ne baise plus qu'avec lui. Mais, vois-tu, il habite Milan, et... j'ai cru que peut-être, après son passage à Rome... tout serait fini."

"Et au contraire..." le coupa Serafino.

"Et au contraire... dirait Omar... les coquelicots ont fleuri... Ah, vous saviez que finalement Omar s'est mis avec Lapo Bonaldi ? Maintenant Lapo habite chez les parents d'Omar. En partie parce que son père l'a chassé de chez lui... Bon, je disais... Pier me demandait si je n'aurais pas aimé arrêter de faire le tapin et... et je lui ai dit que si je trouvais le bon mec, bien sûr que j'arrêterais... et bref... ce matin même il m'a demandé si je ne croyais pas qu'il pourrait l'être, le bon mec !"

"Et à ce qui semble... Il l'est." dit Rafael.

"Je l'espère... Emiliano est un garçon très gentil, doux, bon, juste comme j'aime. Et intelligent et capable..." dit Pier.

"Et au lit, on fait des étincelles !" ajouta Emiliano.

Pier sourit, un peu gêné, mais hocha la tête.

"Alors, tu vas t'installer à Milan ?" lui demanda Serafino.

"Oui, bien sûr. Il doit y retourner dans un mois et j'irai avec lui, j'ai dit que vous deviez être les premiers à savoir, mais je n'avais pas envie de vous l'annoncer au téléphone, alors... alors nous voilà !"

"Aujourd'hui, c'est le premier anniversaire du jour où Rafael s'est installé ici." dit Serafino. "Et le jour où vous avez décidé de vous mettre ensemble. Pourquoi ne sortirions-nous pas dîner et fêter ça à quatre ? Qu'en dites-vous ?"

Emiliano regarda Pier qui acquiesça : "Ça me semble une excellente idée. Si vous voulez bien, c'est moi qui invite."

Pier les emmena, dans sa voiture, à l'Ambasciata d'Abruzzo. Pendant le repas, ils discutèrent agréablement. Pier était quelqu'un d'intéressant, il avait une grande culture mais n'en faisait pas étalage et il était très documenté sur l'histoire de l'homosexualité. Il leur raconta plusieurs anecdotes intéressantes.

Après le repas, comme il faisait assez bon, ils décidèrent d'aller faire quelque pas aux Parioli. Serafino et Emiliano marchaient quelques pas devant, parlaient beaucoup et riaient souvent. Derrière, Rafael parlait avec Pier, à présent ils se tutoyaient.

"Emiliano t'a raconté notre histoire à Serafino et moi... et comment je l'ai conduit à... essayer de se tuer ?"

"Oui. Il m'a beaucoup parlé de vous. Il vous aime bien."

"Moi... par malheur, je n'ai pas su accepter Serafino tout de suite, comme toi tu as su avec Emiliano."

"Bah... toi et moi avons des passés très différents. Moi je connaissais déjà assez bien le milieu des tapins, énormément de leurs histoires, alors je savais déjà que les motifs, les raisons qui les poussent à vivre cette vie sont des plus variés. Aussi ai-je appris à ne pas juger sans connaître, à essayer de comprendre, voire de justifier. Pour toi, c'était très différent. L'important est que cette... mésaventure, t'a aidé à... à ouvrir les yeux et à comprendre."

"Oui, mais à quel prix ! J'ai failli... le tuer en plus de le perdre. Mes préjugés m'empêchaient de voir le merveilleux garçon qu'il est. Et ce n'est qu'en veillant Serafino que j'ai comprit la valeur d'Emilano, lui aussi."

"Un garçon de grande valeur, je suis d'accord avec toi. Comme tu t'en doutes, j'en ai rencontrés beaucoup, pour l'enquête que je fais, et souvent... j'ai aussi couché avec eux. Et pourtant, aucun ne m'a fasciné autant qu'Emiliano. À première vue, il peut sembler superficiel, léger... et puis j'ai découvert qu'il a un don pour... pour comprendre les autres, il a une empathie instinctive, qui le rend capable de traiter de la meilleure façon avec tout le monde."

"Comme il a fait avec moi. Il a menacé de me tuer quand j'en avais besoin, puis il m'a donné son amitié quand... quand j'en avais besoin."

"Et c'est aussi un garçon intelligent, alors, puisque ça le fascine, je pense l'aider à faire des études pour devenir lui aussi journaliste."

"Très bien. Je suis content pour Emiliano."

"Et pas pour moi ?" lui demanda Pier en plaisantant.

"Bien sûr que si, pour toi aussi. Tous mes vœux à vous deux."

"Et les miens pour Serafino et toi. Va savoir, peut-être qu'un jour je ferai un sujet sur les couples gays, je ferais bien alors par commencer par vous interviewer tous les deux ?"

Pendant ce temps, quelques pas devant, Serafino demandait à son ami : "Tu es content de t'être mis avec Pier ?"

"Content ? Heureux ! Pour la baise... et bien disons qu'il me plait à peu près autant que j'aimais baiser avec toi, donc énormément. Mais à part le lit... c'est vraiment un homme exceptionnel. Je regrette un peu de devoir aller à Milan, parce que je ne pourrai plus vous voir, vous deux et les amis. Mais je m'en ferai d'autres. Et puis, il voyage souvent, pour ses enquêtes, et j'ai toujours eu envie de voyager."

"Tu ne me l'avais jamais dit..."

"On était trop occupés à baiser, toi et moi." s'amusa Emiliano.

"Crétin ! Ce n'est pas vrai !"

"Tu as raison, c'est moi qui aurais voulu le faire plus souvent..." répliqua son ami en riant. Puis il ajouta : "Tu sais que Pier m'appelle comme tu m'appelais ?"

"C'est à dire ?"

"Petit cul doré ! Mais pas en public, bien entendu !" dit-il, et les deux garçons éclatèrent de rire.

"Tu sais, pour notre anniversaire, j'ai fait tirer les meilleures photos que Leandro a fait de moi, je les ai mises dans un bel album que j'ai offert à Rafael."

"Puuutain ! En voilà une bonne idée ! Il faut que je m'en souvienne pour notre premier anniversaire... si on y arrive."

"Comment ça, si on y arrive ? Tu en doutes ?"

"Non, moi pas... ni lui... Mais que sait-on de l'avenir ? Si ça se trouve, je vais traverser la rue et être écrasé par un crétin bourré..."

"Touche du bois ! Mais quelles conneries tu racontes ?"

"Ou alors, au lieu de m'écraser, il me saute dessus et me baise et je le trouve mieux que Pier..."

"Crétin !"

"Pier a neuf ans de plus que moi. J'ai toujours pensé que j'aimerais me mettre avec quelqu'un d'à peu près mon âge... Et voilà que..."

"Neuf ans, ce n'est pas beaucoup."

"Non, je m'en rends compte moi aussi, maintenant. Et puis, je voulais un blond comme toi, alors que Pier est brun..."

"Fais-lui une teinture..." lui suggéra Serafino en riant.

"Pier voudrait que je fasse des études pour devenir journaliste. Il dit qu'il croit que je serais bon et capable de le faire."

"Bon, s'il le dit... Mais tu as envie ?"

"Oh oui, je le laisserais me baiser, même ici, maintenant..."

"Imbécile ! Je voulais dire de devenir journaliste !"

Emiliano rit : "C'est lui qui m'en a donné envie, à voir ce qu'était le travail de journaliste, de reporter. Pier est très doué. Et s'il m'aide, peut-être que je me sortirais des études."

"Tu as déjà ta tête, elle est bonne."

"Oui, c'est vrai, c'est ce que j'ai de mieux, ma tête et mon cul !"

"Mais tu ne penses qu'au cul ?"

"Non, seulement soixante-dix pour cent du temps. Les trente autres, je dors."

"Je ne t'ai jamais remercié, Emiliano..." lui dit Serafino en changeant soudain de sujet et en lui passant le bras autour du cou.

"De quoi ?"

"D'avoir tout de suite averti Rafael quand... quand tu as su que j'avais fait ce vol plané."

"Je l'aurais étripé, à ce moment... Je l'ai détesté. Je croyais... j'avais peur de t'avoir perdu. Même au risque de perpète, si tu étais mort, je l'aurais tué."

"Bah... tout a bien été, par chance."

"Oui, tout a bien été." confirma Emiliano avec un sourire.

Après un bon tour aux Parioli, Pier les raccompagna chez eux. Ils se dirent au revoir et se promirent de se revoir avant qu'ils ne partent pour Milan.

Quand ils furent chez eux, Rafael dit à son Serafino : "Nous avons passé une bonne soirée, n'est-ce pas, mon amour ?"

"Oui. Et nous devons la conclure de la meilleure façon..." lui répondit-il avec un sourire enjôleur.

"Mmhh mmhh, je crois bien que tu as raison." confirma-t-il avec un grand sourire et il le prit par la taille et l'attira contre lui.

"Tu sais ce qui m'a fait en premier commencer à sentir quelque chose de spécial pour toi ?" lui demanda Serafino.

"Non... quoi ?"

"Ta façon d'embrasser ! J'ai tout de suite senti que tu embrassais autrement que tous ceux que j'avais embrassés avant."

"Autrement ? Comment ça, autrement ?"

"Les autres... mes clients, donc, quand ils aimaient embrasser... et bien, pour eux ce n'était qu'une sorte d'apéritif sexuel, de mise en bouche, une façon de commencer à s'exciter, à bander. C'était quelque chose de... d'agressif quand ils étaient agressifs, ou pour vérifier si j'étais agressif s'ils aimaient être agressés. C'était le début de la pénétration, une première prise de possession. Je ne sais pas si je suis clair...

"Avec toi, au contraire, c'est un premier contact, un... si tu me passes la comparaison... comme se prendre par la main et prendre la route ensemble. C'est un échange de tendresse, c'est un désir murmuré, et pas hurlé... C'est le début de la mise en contact, en commun, de nos corps."

"Je n'avais jamais réfléchi à la façon d'embrasser..." lui dit Rafael.

"Justement. C'est ton instinct qui te faisait embrasser comme tu le fais... Je l'ai senti et j'ai compris que tu devais être différent des autres, mieux que tous les autres. Et alors... alors, le tour cruel que je voulais te jouer... et bien... j'ai commencé à en avoir honte, à voir ce qu'il avait d'injuste, d'absurde... Je peux dire qu'avec ton premier baiser... tu as commencé à me changer."

"Et te faire tomber amoureux de moi ?"

"Pas tout de suite. Mais assez vite. Pas tout de suite, tu sais que la première fois qu'on a fait l'amour, j'ai tout filmé avec ma caméra numérique, comme je l'avais prévu. Je pensais encore que quand j'aurais eu assez d'enregistrements, de sélectionner les morceaux les plus... explicites et de t'inviter un jour avec mes amis pour les montrer, pour nous moquer de toi, rire de toi, t'avilir et te couvrir de honte.

"Mais, dès le matin d'après cette première fois, quand tu es parti, j'ai regardé le film et... et ce que je revoyais était... trop beau. Trop beau pour servir à se moquer de toi. Ce n'était pas un petit porno... dont rire... Ce que tu m'avais fait éprouver peu avant, dans mon lit... était là et c'était beau... trop beau pour être avili dans un spectacle satirique à tes frais."

"Et là tu as compris que tu tombais amoureux de moi ?"

"Oui, justement en regardant ce film. Et tout ce que tu venais de me donner à refait surface... ta beauté... ta pureté... et j'ai eu honte de ce que j'avais eu l'intention de te faire. Alors j'ai dit à mes amis que le film était raté... et j'ai tout effacé. J'ai eu honte, oui... et j'ai senti que c'était de l'amour de ta part... et que je ne pouvais y répondre qu'en te donnant mon amour."

Rafael le caressa tendrement.

"Mais alors... j'ai eu peur de te dire qui j'étais vraiment... enfin... la vie que j'avais menée jusque là. Simplement parce que je me rappelais de ce que tu m'avais dit sur ce garçon stripteaseur, comment tu avais mis fin à votre relation. Je ne voulais pas te perdre. Alors... alors j'ai cru qu'il me suffirait de changer de vie et de te cacher mon passé."

"C'était ma faute, parce que tu savais que je n'aurais pas su comprendre, alors tu n'as pas voulu prendre le risque..."

"Je ne sais pas si c'était ta faute ou la mienne. Peut-être aurais-je dû avoir plus confiance en toi... et en moi... Assez de courage pour tout te dire tout de suite, et accepter le risque. Peut-être ai-je été naïf en croyant que mon passé ne me rattraperait pas..."

"S'il n'y avait pas eu cette accusation sans fondement de Leandro, puis les perquisitions, puis le scandale médiatique et les accusations à la une qui condamnaient des coupables avant le procès... je n'aurais jamais rien su de ton passé, avec lequel tu avais coupé les ponts." lui dit Rafael.

"Mais mon passé m'aurait peut-être rattrapé quand même, peut-être autrement. Parfois, pour ne pas perdre l'être aimé, on met tout en œuvre pour le perdre. Notre relation avait mal commencé, par ma faute, parce que je jouais un rôle, pour te tromper. Le rôle du petit puceau ingénu et si hésitant... sacré rôle... Mais quand j'ai réalisé que j'étais amoureux de toi, je n'ai pas eu le courage de te dire que ce n'était qu'un rôle... Ça a été ça, mon erreur."

"Mais la mienne a été bien pire..."

"Ton erreur, laquelle ?"

"T'avoir agressé, quand j'ai tout compris, ne pas t'avoir laissé ta chance de me dire... ce que tu viens de me dire. De ne penser qu'à moi, à ma déception, et pas à toi, à tes raisons. Te cracher toute ma rage au visage, au lieu d'essayer de comprendre. Je t'ai fait un procès ou seul le procureur avait droit à la parole, et toute défense t'était refusée. Et... je t'ai condamné sans appel."

"Mais tout est bien qui finit bien..."

"Oui, mais à quel prix ? Que de souffrances, surtout pour toi, mais pour moi aussi... et pour Emiliano... Tu n'as pas eu le courage de me dire la vérité, je n'ai pas eu le courage d'en discuter avec toi. Au fond... moi non plus je ne t'aimais pas encore autant que tu le mérites, autant que j'aurais dû, sinon, si peiné que je sois, je t'aurais demandé de m'aider à comprendre, à te comprendre, au lieu de t'agresser, te refuser, te chasser, t'insulter."

"Nous ne ferons plus de telles erreurs, hein ?"

"Non, jamais plus."

"Nous nous dirons toujours tout, absolument tout... mais surtout, nous écouterons toujours l'autre et nous tâcherons de le comprendre, d'accord ?"

"Et nous penserons à l'autre avant à nous-mêmes. Oui."

Serafino lui sourit, lui caressa la joue et tendit le visage. Leurs lèvres se trouvèrent et s'unirent.

Le corps se collèrent, comme s'ils voulaient se fondre malgré les habits qui les séparaient encore.

Etroitement enlacés, presque trébuchant tant ils étaient proches, ils allèrent dans la chambre, se couchèrent dans leur nid d'amour et, reprenant leur baiser, ils commencèrent lentement à révéler le corps de l'autre, dans une hâte calme et une tendre passion.

Finalement, après des contorsions qui auraient pu sembler gauches et ridicules à un œil étranger, mais qui étaient pour eux les pas d'une merveilleuse parade nuptiale, vêtus de leur seule peau brûlante et fraîche, ils se serrèrent à nouveau l'un contre l'autre, tremblants, avides de se donner et de s'accueillir.

Comme au ralenti, ils se serrèrent l'un contre l'autre, leurs visages s'approchèrent et ils se regardèrent, les yeux pleins d'étoiles. Les deux mains de Rafael remontaient le long des bras de Serafino, puis sur son visage qu'elles caressèrent doucement. Il lâcha un soupir étouffé et tremblant et attira doucement son visage contre le sien.

Il posa un léger baiser au bout de son nez, puis approcha encore et lui effleura les paupières des lèvres, puis enfin il descendit effleurer les siennes, dans un baiser délicat, tendre, il les frotta doucement jusqu'à ce que Serafino les ouvre. Alors Rafael y passa le bout de sa langue, que Serafino captura entre ses lèvres et suça délicatement, savourant le goût léger et frais de la salive de son amant.

Puis leurs langues se firent plus ardentes, elles se trouvèrent, se retirèrent, jouèrent l'une avec l'autre, explorèrent, descendirent plus profond pendant que l'autre la suçait. Pendant ce temps leurs mains couraient, chaudes et légères, sur le cou de l'autre, son dos, ses flancs et son derrière. D'instinct, Serafino ferma les yeux, il aimait ce contact si tendre, si discret et si doux.

Peu à peu, comme quand on construit un monument, les blocs de marbre blanc de leur excitation s'accumulèrent l'un sur l'autre. L'œuvre d'art qu'est un rapport sexuel quand il exprime l'amour prit forme, devint de plus en plus haute et belle. Leurs corps, les délicats instruments de cette œuvre, bougeaient à l'unisson pour sculpter les bas-reliefs de leur histoire d'amour.

Ils modelaient de la passion, escaladaient des falaises de désir, construisaient des pics de plaisir, ils s'unirent en se donnant l'un à l'autre, seulement conscients du plaisir qu'ils donnaient à l'autre jusqu'à ce que, ensemble, ils atteignent le sommet de leur œuvre d'art, de l'arc de triomphe de leur amour.

Ils crièrent de plaisir, frémirent en jouissant de la vue de tous les arcs de triomphe qu'ils avaient dressés au bord de leur Voie Sacrée, les yeux de leurs âmes rivés vers les terres de l'avenir où ils construiraient ensemble des monuments de plus en plus beaux.

Et enfin ils se laissèrent aller, un peu haletants, heureux, et ils jouirent du repos mérité après s'être mutuellement décerné les honneurs dont ils se sentaient dignes.

"Je t'aime..." murmura l'âme de Serafino et elle trouva des échos dans le cœur de Rafael.

"Je t'aime..." chanta l'âme de Rafael et elle remplit d'échos la cathédrale du cœur de Serafino.

L'union que leurs corps avaient construite sembla se dissoudre, mais il n'en était rien. Ils savaient tous deux être désormais une partie de l'autre, une partie d'un tout qu'on appelle amour.

Et, lovés dans les bras de l'Amour, qui les accueillait comme un nid fort mais doux, ils s'endormirent, les membres tendrement enlacés, reconnaissants l'un à l'autre du renouvellement de leur pacte d'amour.

Et Serafino, le "beau garçon" savait maintenant qu'il était vraiment beau, même avec la petite cicatrice à son sourcil droit, grâce à l'amour de son ex-flic, de son homme.


F I N


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15eEtagère

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