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histore originale par Andrej Koymasky


ROI POUR UN AN CHAPITRE 6
LES INTRIGUES ET LA LOYAUTÉ

Le comte Stojanovic', dès qu'il reçut la dépêche annonçant la mort du roi Jedrek, rassembla les plus hauts fonctionnaires de l'ambassade à Vienne et leur communiqua la grave nouvelle.

En s'adressant à son ambassadeur adjoint, Antoni Petrovic', il lui dit : "Je pars immédiatement pour Morgograd. Par conséquent, vous prendrez ma place et mes devoirs pour l'administration ordinaire. Malheureusement, vous n'avez pas eu le temps de vous rendre compte de toutes les choses, mais monsieur le Secrétaire d'Ambassade et le Consul ici à Vienne vous appuieront de leur expérience."

"Je ferai de mon mieux, monsieur l'Ambassadeur." répondit Antoni.

"Je n'en doute pas. Pour l'instant, en plus du drapeau en berne et bruni, vous laissez les portraits du roi Jedrek, mais avec la crêpe de deuil autour. Quand de Morgograd viendra le portrait officiel de roi Stefan, nous les remplacerons. Je vais devoir être au loin jusqu'au moins le lendemain du couronnement, car il est de coutume pour tous les ambassadeurs de présenter en personne leur démission au nouveau roi, qui habituellement, au moins dans un premier temps, les repousse."

Lorsque l'ambassadeur quitta Vienne, Antoni commença, avec le Secrétaire et le Consul, à faire face à ce qui était nécessaire.

"Dites-moi, monsieur le Secrétaire, comment pensez-vous que sera le nouveau roi ?" demanda le Consul.

"Je n'en ai pas la moindre idée. Bien sûr, nous regretterons roi Jedrek, un grand souverain. Ils disent que le prince Stefan est très jeune, mais on sait très peu sur lui, qu'il a vécu à l'étranger jusqu'à ce qu'il soit rappelé à la cour pour être nommé prince héritier."

"Il appartient à une branche collatérale de la famille royale, il est un descendant du prince Konrad Markovic', qui était le frère du roi Filip, le grand-père de l'actuel... je veux dire, du défunt roi Jedrek." Antoni dit.

"Vous l'avez vu? " lui demanda le Secrétaire.

"Non, quand j'ai quitté Morgograd, j'ai entendu dire qu'il était en train de revenir, mais j'ai laissé la ville avant son arrivée." Dit Antoni.

"Mais que disait-on de lui à la cour ?" demanda le Consul.

"Honnêtement, je n'ai eu le temps de ne rien savoir, soit parce que le départ de Sa Majesté était une question d'heures, soit parce que je venais de rentrer de Londres."

"Mais votre père, le Premier Ministre..."

"Mon père ne parle jamais beaucoup des affaires de la cour en famille. Il a seulement dit que le prince Stefan Markovic' avait accepté la nomination en tant que prince héréditaire et qu'il était en voyage pour la Morgovie."

"Rien d'autre ?" lui demanda le Secrétaire.

"Rien d'autre. Les messages de condoléances arrivés de la cour de Vienne et d'autres, nous devons les garder ici ou les envoyer à Morgograd ?" Demanda Antoni, en changeant de sujet.

"Je dirais qu'il est bon de les garder ici, dans les archives de l'ambassade, mais il est approprié d'en envoyer une liste au Secrétariat pour les Affaires Étrangères et une copie au ministre de la Maison Royale..." dit le Secrétaire.

Ensuite, ils s'occupèrent d'autres problèmes.


Lorsque le comte Stojanovic' avec les autres ambassadeurs furent présentés au roi, le lendemain de la fastueuse cérémonie du couronnement, après que le Premier Ministre et les hauts fonctionnaires du royaume aient présenté leurs démissions au roi Stefan, qui reconfirma chacun d'entre eux dans leurs charges, il resta impressionné à la fois par le jeune âge du nouveau roi et par son charme. Cependant il remarqua aussi combien le roi avait un air assez peu «royal».

Stefan en effet, toujours recouvert des vêtements traditionnels, inchangés depuis au moins deux cents ans, jouait avec la lourde médaille de Saint Basil suspendue à son col, chose que l'ambassadeur jugeait indigne d'un roi lors d'une cérémonie officielle. Après que les ambassadeurs furent reconfirmés, il se promena avec ses collègues dans la galerie des tapisseries, et il parla avec l'ambassadeur à Londres.

"Dites-moi, comte Srebov, j'ai entendu dire que notre nouveau souverain vivait à Londres..."

"Oui, comte Stojanovic', c'est cela."

"Donc, vous le connaissez bien..."

"Pas vraiment. Je n'ai eu qu'une longue conversation avec sa majesté, quand je lui communiquai l'offre de devenir prince héréditaire et qu'il accepta."

"Il est si jeune..." dit le comte Stojanovic'.

"Nous tous avons été jeunes, un temps..."

"Et... que faisait-il à Londres, le Prince ?"

"Il s'occupait de... commerce." Répondit vaguement l'ambassadeur à Londres.

"Cela m'a surpris quand il vous a salué avec ce «salut !» si peu conforme à l'étiquette..." insista le comte Stojanovic' qui voulait lui arracher quelques informations.

"La cour anglaise est bien moins formelle que celles de cette région..." répondit le comte Srebov.

"Et puis... avez-vous remarqué comment il tripotait nerveusement la médaille de Saint Basil ? Sans doute notre nouveau souverain n'a pas le... la royauté du défunt roi Jedrek..."

"Qui sait comment était roi Jedrek quand il avait son âge ? Quand le roi Szymon passa à meilleure vie, en 1854, le roi Jedrek avait le même âge que le roi Stefan maintenant..."

"Et il avait été élevé pour être roi... contrairement à roi Stefan."

"Indubitablement." coupa court le comte Srebov.

Une fois les cérémonies, le dîner officiel et les autres fonctions terminées, Stefan put finalement se retirer dans ses appartements. Immédiatement, il s'enleva les vêtements qu'il devait porter et mit un complet en tweed anglais.

"Ah, je me sens enfin à mon aise !" dit-il à Vaselin, quand ils furent seuls. "Malheureusement, il y a encore d'autres jours de... mascarade !"

"Ne vous laissez pas entendre à définir ainsi les cérémonies de cour..." lui dit Vaselin.

"Au moins avec vous... laissez-moi me défouler ! Dites-moi plutôt, pensez-vous que après le dîner Sinisa Gvero sera disponible..."

"Ça m'étonnerait qu'il ne le soit pas." répondit Vaselin avec un léger sourire.

"J'aime ce soldat... Il sait être lui-même... une foi fermée la porte derrière nous. Vous ne pensez pas que je devrais lui montrer d'une façon ou d'une autre ma reconnaissance, mon appréciation ?"

"L'admettre à votre... intimité, est déjà une preuve d'appréciation." lui dit Vaselin.

"Dites-moi, Rasim, est-ce que vous avez réussi à passer un peu de temps avec votre famille ?"

"Très peu... tant que vous avez besoin de ma présence à vos côtés comme interprète."

"Je regrette pour vous... vous devez vous hâter à m'enseigner le morgovien, de sorte que je puisse vous laisser plus de liberté."

"Ne vous inquiétez pas pour moi. Si Votre Majesté..."

"Vous m'aviez promis de m'appeler Stefan, au moins quand nous sommes seuls !" lui reprocha-t-il avec un sourire.

"Désolé. Si vous n'êtes pas trop fatigué, nous pourrions reprendre les leçons de morgovien..."

"Très bien. Enseigne-moi les politesses, alors..."

Dans l'entre temps, le Surintendant aux Services Secrets conférait avec le Premier Ministre et avec le Conseil de la Couronne.

"... et enfin, nous avons tous les éléments de preuve qu'il en est ainsi." Dit-il. "Le prince Konrad en 1828 eut un fils mâle avec une certaine Anika Radovic', une servante dans le palais du duc de Drgovine... qui à l'époque était le duc Jovan... Un fils qu'il nomma Kasper, Kasper Radovic' logiquement. Le garçon grandit à la cour du duc, comme page du fils du duc, à savoir Bazyli Jovanovic' qui était de six ans plus âgé que Kasper. Bazyli, en dépit d'être marié... avait des goûts un peu spéciaux, disons, et il séduit son page, qu'il fit toutefois aussi épouser une demoiselle de la cour ducale...

"Que ce soit au duc Bazyli autant qu'au jeune Kasper naquit un fils : Jacek, l'héritier du duc, et Ludvik, fils de Kasper. A l'âge de 12 ans, Jacek s'est noyé au cours d'une baignade... Alors le duc Bazyli, qui était resté veuf et n'avait pas l'intention de se remarier, adopta Ludvik... c'es à dire Ludvik Jovanovic', le duc actuel de Drgovine, père de Erek Jovanovic', né en 1868..."

"Alors... autant le duc Ludwik que Erek son fils seraient prétendants légitimes au trône de Morgovie !" S'exclama le ministre de la Maison Royale.

"Aucun prétendant !" dit sévèrement Tanek Petrovic', le Premier Ministre. "Nous avons un roi, on n'a besoin de rien d'autre."

"Mais au moins... soit le duc Ludvik soit son fils Erek... ils sont habitués à commander. Il ne semble pas qu'ils aient certains goûts... particuliers. En outre, nos relations avec la Drgovine ont toujours été excellentes et..." dit un autre des conseillers.

"Si nous l'avions découvert auparavant, certainement on aurait pu prendre en considération cette autre solution. Mais maintenant, les jeux sont faits, et je ne vois aucune raison de changer les choses. Nous avons tous juré allégeance au roi Stefan... vous êtes par accident en train de proposer un coup d'État ? " demanda le Premier Ministre sévèrement.

"Mais non, non !" se hâta d'assurer le ministre de la Maison Royale. "Je disais juste qu'il est regrettable que nous n'ayons pas découvert avant cette autre branche des descendants du roi Jakub..."

"Si les choses sont allées ainsi... il y a évidemment un dessin supérieur qui nous a conduit à faire les choix que nous avons fait." dit Tanek Petrovic'. "Et... tous les documents que vous avez recueillis sur cette branche de la famille royale de Morgovie... il est bon qu'ils soient gardés secrets. Si nécessaire, si nous en avons besoin un jour... si le roi Stefan ne nous donne pas d'héritier... nous verrons de la reprendre en considération."

Le Ministre de la Maison Royale eut un petit rire : "Je doute que roi Stefan nous donne un héritier... vu ses... habitudes."

"Il n'est pas dit..." dit le Grand Chambellan, "Après tout, ce que nous venons d'entendre, soit le duc Bazyli Jovanovic' soit Kasper Markovic', ou plutôt Kasper Radovic', ils avaient les mêmes goûts... que notre roi Stefan, mais les deux se sont mariés et ils ont eu des fils..."

"Nous devons demander au roi Stefan de se marier et nous donner un héritier !" affirma le Ministre de la Maison Royale.

"Ceci est certainement faisable et souhaitable. Que diriez-vous par exemple... de la princesse Jovanka de Kruslavie ? Elle a dix-sept ans, elle est belle et gentille, et ferait un beau couple avec notre roi." Dit le Conseiller Davidovic'.

"Au moins, officiellement..." ricana le Ministre de la Maison Royale.

"Et la Kruslavie craint presque autant que nous la Pannirie ; une alliance sanctionnée par un mariage serait très opportune et donnerait plus de force à la fois à notre pays qu'à la Kruslavie." fit remarquer le Grand Chambellan.

"Nous devons sonder la cour kruslavienne, pour voir si elle est bien disposé à l'égard de ce mariage..." dit le Premier Ministre.

"Mais vous pensez que le roi Stefan acceptera ?" demanda le Conseiller Gavrilovic'.

"Et surtout que... sera-t-il prêt à faire son devoir marital pour nous donner un héritier ?" demanda le Ministre de la Maison Royale.

"Le roi acceptera... et s'il se présentait les problèmes que vous craignez... le moment venu, nous allons trouver la bonne personne pour... pourvoir au lieu de sa majesté." dit à voix basse le Premier Ministre.

Tous les membres du Conseil de la Couronne acquiescèrent sérieusement et gravement.

Ainsi, la question de l'autre branche des descendants du roi Jakub fut laissée de côté et close.

La seule chose qui inquiétait Tanek Petrovic' était l'informalité «excessive» du nouveau roi. Bien que le jeune roi s'efforçât, il restait fondamentalement un garçon du peuple. Aussi bien sympathique, sans doute, mais...

Comme quand il avait demandé au prince héréditaire de Krvatia : "Vous ne vous sentez pas aussi un clown à porter ces vêtements ? Et je risque en plus de trébucher sur mon manteau."

Le prince avait répondu plutôt agacé : "Je ne me sens pas un clown, majesté ! Vous ne voudriez pas vous habiller comme un bourgeois commun, par hasard, comme apparemment font certains régnants de l'Europe du Nord !"

"Eh bien... mais ceux-là sont des pays qui ont des armées et la richesse que nous n'avons pas. Que compte le plus pour vous ? Deux plumes de poulet sur la tête ou une bourse pleine ?"

Le pauvre Tanek Petrovic' avait essayé d'intervenir et de détourner la conversation, mais le prince héréditaire de Krvatia revint sur le sujet : "La dignité ne se mesure pas par le portefeuille."

"Je suis d'accord avec vous, mon ami (horreur ! Quel terme bourgeois !). Mais elle ne se mesure pas même avec quelques mètres de tissu précieux. Roi Jedrek, ou votre père, je suppose, seraient pleins de dignité, même s'ils se présentaient dans leurs sous-vêtements !"

"Permettez-moi de ne pas être d'accord, fortement !" réagit le Prince.

"Si vous aviez raison vous... pourquoi ne pas mettre ces vêtements sur un mannequin, et faire prosterner devant leur... dignité, les sujets ?" demanda le roi Stefan en riant et en donnant au prince une tape dans le dos ! "Au moins, dans l'entre temps, nous pourrions aller jouer à la mourre ou à pétanque !"

Plus tard, le premier ministre avait «respectueusement» grondé le roi Stefan, qui avait ri et lui avait dit : "Mais allons, Petrovic', essayons de faire plus attention à la substance plutôt que à l'apparence !"

"Mais l'apparence, Majesté, est l'expression d'une substance ! Et le peuple aime ces formes anciennes et..."

"Pas toujours, pas toujours. De toute façon, si vous me dites qu'un roi doit faire le clown pour plaire au peuple..."

"Je ne dis pas cela, pas du tout, Majesté ! Quoi qu'il en soit... regardez également les rites de notre église : pourquoi même le pope le plus pauvre met des parements somptueux pour les liturgies ?"

"Ouais, vous avez raison. Pourquoi ? Pourquoi ne pas dépenser l'argent des aumônes des fidèles pour aider les nécessiteux, au lieu de le gaspiller en se déguisant comme une petite danseuse ?"

"Majesté ! Vous parlez comme un... un... un anarchiste !"

"Oh, oui ? Alors ils me sont sympathiques ces anarchistes. Non, non, ne craignez pas, je n'approuve pas l'anarchie. La véritable anarchie signifierait que chaque homme pourrait tuer, en toute impunité, le voisin pour une raison quelconque même futile, sans que personne n'ait le droit de le punir. Le pouvoir doit être dans les mains de celui qui l'exerce pour empêcher les massacres continus entre voisins, grâce au fait qu'à lui seul est délégué ce pouvoir et qui punisse ceux qui enfreignent le contrat social que nous appelons loi. Uniquement lorsqu'on a peur d'un pouvoir supérieur, malheureusement, on se comporte bien. Ceci est la base sur laquelle se régissent tous les États et la société dite civile."

Le premier ministre fut impressionné par cette analyse...

Roi Stefan avait continué : "Et quand ce pouvoir est inefficace ou trop corrompu, ou cruel... arrivent les révolutions, comme celle qui a conduit à la Magna Carta en Angleterre ou la Révolution française... Non, monsieur le Premier Ministre, je ne suis même pas en train d'approuver les révolutions, mais dans le cas d'une révolution, les coupables sont à la fois l'ancienne puissance qui ne joue pas de la bonne façon, et ceux qui la veulent remplacer avec leur pouvoir. Un bon ami à moi est un professeur d'histoire et m'a expliqué ces choses."

Cependant le roi Stefan, avec des hauts et des bas et avec quelques erreurs de style, était en train de s'engager sérieusement pour apprendre à se comporter comme on s'attendait que se comporte un roi.

La dernière erreur de style fut quand il reçut le métropolite Gennadi et des hauts prélats de l'église.

Le métropolite avait déposé au nom de l'église de Morgovie, une pétition au roi, pour lui demander son intervention pour qu'il lui fût reconnu le titre de Primat. Stefan s'était fait traduire le texte de la pétition, écrit en morgovien antique.

"Mais comment, cher Gennadi, vous voulez devenir un primate ? Un gros singe ? Et vos prêtres, nous devrions les appeler des petites singes, alors ?" Stefan avait rit. "Bien sûr, avec tous les poils que vous arborez avec votre barbe, la ressemblance y est !"

Heureusement personne du clergé ne savait l'anglais, langue dans laquelle s'était exprimé roi Stefan, et l'interprète eut du beau et du bon à ne pas traduire les paroles du souverain. Principalement parce que le Métropolite voulait savoir pourquoi le roi riait.

Le bon Rasim Vaselin essaya d'expliquer que sa majesté avait ri à cause d'une erreur dans sa traduction anglaise de la pétition... et Tanek Petrovic se pressa à dire au Métropolite que le roi aurait pris en considération la pétition et qu'il lui ferait connaître sa décision au sujet...

Stefan était monté au trône depuis deux mois, et il venait de se faire une garde-robe dans le style de celui de la famille royale britannique. Le peintre de portrait de cour avait peint le portrait officiel du roi, soit dans ses vêtements de cour soit «modernes» et enfin Stefan coupa ses cheveux et rasa sa barbe et la moustache comme il aimait, et un groupe de peintres était en train d'effectuer des centaines de copies à envoyer aux tribunaux, aux bureaux publics et aux ambassades.

Roi Stefan avait voulu visiter les écoles, les hôpitaux, et même des prisons et avait été très impressionné par la pauvreté et le retard de ces institutions. Il avait discuté avec son Premier Ministre et à la fin il décida qu'il devait appeler ses amis Vincent Edwards, professeur d'histoire, et Nathan Hall chirurgien médical, pour les charger de réformer et de moderniser les écoles et les hôpitaux, et rendre moins sordides les prisons.

Il dût batailler longuement avec son Premier Ministre, et il l'avait gagnée seulement avec l'autorisation de sonder la cour kruslavienne pour voir si son mariage avec la jeune princesse Jovanka était possible.

"D'accord, Tanek Petrovic', je me marie avec cette Jovanka, si le roi son père est d'accord, et je ferai de mon mieux pour donner naissance à au moins un mâle, mais en retour, je veux que les messieurs Edwards et Hall soient invités à venir à Morgograd et qu'il leur soit confiée la tâche de faire ce que j'ai à cœur. Ils seront considérés comme équivalents à des secrétaires d'État, avec les mêmes pouvoirs et fonctions, sous votre supervision, bien sûr."

Le Premier Ministre accepta ce que le roi Stefan avait appelé «échange» et avait demandé à l'ambassadeur à Londres d'entrer en contact avec les amis du roi pour leur faire la proposition.

Pendant ce temps, Antoni Petrovic', toujours suivi par son fidèle Besnik Ryevic', était retourné à Morgovie pour un court séjour. Logiquement, il était monté au château, où vivait son père. Alors qu'Antoni se reposait pour le voyage, Besnik était descendu dans le jardin du château pour saluer son vieil ami jardinier. Il était en train de papoter avec lui, quand il vit qu'il y avait le roi, accompagné par son assistant Vaselin et escorté à la distance voulue par quatre gardes du corps, qui rentrait dans le château.

Et, avec grande merveille... il reconnut le roi. Immédiatement il laissa le jardinier et courut dans les appartements du premier ministre. Il entra sans frapper dans la chambre d'Antoni, qui tressauta à cette intrusion.

"Qu'as tu, Besnik ? Il semble que tu as vu un fantôme !"

"Fantôme, maître? Fantôme ? Non, non, au contraire... Vous devez demander immédiatement une audience privée au roi !"

"Pourquoi ? Peut-être me recevra-t-il dans quelques jours..."

"Non, une audience privée. Croyez-moi, maître. Maintenant, tout de suite. Le roi vient de monter dans sa chambre..."

"Veux-tu me dire pourquoi..." Antoni lui demanda, intrigué par l'agitation évidente de son serviteur.

"Non... je ne peux pas vous dire pourquoi, maître. Mais croyez-moi. Je ne vous ai pas toujours bien servi ?"

"Oui, mais... Très bien... va demander si le roi peut m'accorder une audience privée... Bien que je ne comprends vraiment pas..."

"Je cours... Préparez-vous, maître ! Vous comprendrez !"

Après un certain temps Besnik revint, encore plus excité que jamais : "L'ordonnance... l'assistant... ou quel que soit son nom... du roi, a dit que sa Majesté vous attend dans son studio privé... allez. Vite ! "

Stefan était en train de parler avec Vaselin : "Je ne comprends pas pourquoi le fils du premier ministre a tant insisté pour être reçu en privé par moi..."

Vaselin lui répondit : "Je n'en ai aucune idée. Son serviteur m'a simplement dit qu'il est important que vous receviez Antoni Petrovic', l'adjoint ambassadeur à Vienne. Peut-être qu'il a un message spécial de la part de l'ambassadeur..."

"Mais pourquoi un message pour moi et pas pour le Secrétaire des Affaires Étrangères ou pour le Premier Ministre son père ?"

"Peut-être que c'est une question extrêmement réservée. Donc, je l'introduirai ici et je resterai dans l'autre pièce, prêt pour vos ordres, si nécessaire."

"Mais s'il ne parle pas anglais ? Mon morgovien est encore très limitée..."

"Vous m'appellerez éventuellement..."

Le valet frappa et annonça qu'il y avait le fils du Premier Ministre.

"Qu'il vienne..." dit Vaselin, puis dit à Stefan : "Je vais... mais je serai prêt à votre appel, si nécessaire."

Vaselin venait de fermer la porte derrière lui, quand Antoni fut introduit dans le cabinet du roi. Le valet ferma la porte derrière lui.

Les deux se regardèrent l'un l'autre, totalement surpris.

"Anthony Peterson !" s'exclama Stefan.

"Stephen Walker !" s'exclama Antoni et ils furent dans les bras l'un de l'autre, puis Antoni se détacha et demanda, "Qu'est-ce que tu fais ici, en Morgovie, à Morgograd... et dans le cabinet de Sa Majesté ?"

Stefan sourit: "Alors, tu es le fils du Premier Ministre et ton nom n'est pas Anthony Peterson, mais Antoni Petrovic'... Et jamais tu m'avais dit être un morgovien..."

"Oui. Je ne pouvais pas te le dire avant, j'étais incognito, et... mais tu, tu ne m'as pas encore dit pourquoi tu es ici... et que fais-tu dans le cabinet de sa majesté."

"Eh bien... je m'appelais Stephen Walker, mais maintenant je suis Stefan Markovic' et..."

Antoni le regarda avec des yeux grands comme des phares : "Le roi... Vous êtes le roi ?" demanda-t-il d'une petite voix.

"Oui, mais... qu'est-ce que cela change ? T'as déjà oublié, peut-être ? Tu ne sens plus pour moi ce que..."

"Oh Stephen... Stefan... Je n'ai fait que penser à toi... à vous... à nous."

"Tu m'aimes encore ?"

"Oh, oui ! Tout de même..."

"Tu as un autre gars ?"

"Non, non, non ! Je n'ai personne. Mais maintenant, tu... vous..."

"J'ai une sorte de... relation avec un de mes gardes, je l'avoue. Mais... mais je suis toujours en amour avec toi ! Oh, Antoni... Si tu savais combien je suis heureux !" dit-il, et l'enlaça de nouveau et finalement ils s'embrassèrent, avec désir et passion.

"Maintenant tu resteras ici avec moi ! Pas vrai ? Tu ne reviendras pas à Vienne, pas vrai ?"

"Je serais heureux de rester ici, avec toi, mais... Comment justifier..."

"Un roi doit-il justifier ses décisions ? Si tu veux rester ici, avec moi, alors je le veux !"

"Mais mon père... il m'a destiné à une carrière diplomatique, et... Il ne sait rien de nous, de moi."

"De nous, non, mais de moi oui. Bien sûr, si tu restes avec moi... il comprendrait pour toi aussi..."

"Mais... dis-moi... Comment est-il possible que tu sois maintenant le roi de Morgovie ? Je ne comprends vraiment pas, ça semble... si irréel !"

Stefan lui raconta comment tout était arrivé et la façon dont on avait découvert qu'il était un descendant du roi Jakub Markovic'.

"Et donc, me voici, à tâcher de faire le roi... et me vider les couilles un jour oui et un jour non. Mais avec toi à mes côtés, je pense que ce sera bien plus facile... et rien que parce que tu as vécu à la cour et... et puis on dit que pour bien apprendre une langue, la meilleure chose est d'avoir une maîtresse de cette langue, alors... "

"Il ne sera pas facile de nous voir... pas en toute liberté, de toute façon..."

"Mon ordonnance est un vieux hibou qui était l'ordonnance de roi Jedrek. Un homme bon, certes, mais... Tu prendras sa place, de sorte que tu auras à vivre dans mon appartement, et puis..."

"Mais que vas-tu dire à mon père ?"

"Que tu parles parfaitement l'anglais contrairement au vieux hibou... et que tu es jeune et que... et que de toute façon j'ai décidé ainsi."

"Cela pourrait être une solution... Mais l'ordonnance du roi a toujours été un noble, et notre famille..."

"Cela signifie que je vais vous faire comte ou marquis ou duc, que sais je ? Un roi peut le faire, non ?"

Antoni rit : "Un roi, au moins théoriquement, peut faire ce qu'il veut..."

"Tu as raison, au moins en théorie. Mais ton père est un os dur : chaque fois qu'il consent à ma demande, il veut quelque chose... en échange. Si ce n'était pas que le roi Jedrek, sur son lit de mort, m'a dit que je peux avoir pleine confiance en lui, je l'aurais déjà licencié !"

"Mon père est très dévoué à la maison royale des Markovic'..."

"Pas toi ?"

"Je... je serai toujours fidèle à mon roi, à Stefan !"

"Et moi à toi ! Maintenant que je t'ai retrouvé, je ne veux pas te perdre à nouveau ! Tu veux toujours être mon amant, n'est-ce pas ?"

"Bien sûr ! De toute mon âme !"

"Et le corps ?" Stefan lui demanda avec un petit sourire malicieux.

"Et avec tout mon corps..." dit Antoni et ils s'embrassèrent de nouveau.

Ils décidèrent que Stefan attendrait de le rencontrer "officiellement", puis il dirait au père d'Antoni qu'il le voulait comme ordonnance.

"Même si nous devons ainsi renvoyer... l'intimité que je veux avoir avec toi. Mais après..." dit Stefan le caressant tendrement.

Lorsqu'Antoni le laissa, Stefan appela Vaselin et le mit au courant de ce qu'était pour lui le fils du Premier Ministre.

"Qu'est-ce que vous dites, Rasim, de mon idée de lui faire assumer le rôle de mon ordonnance ?"

"Ça me semble une excellente solution. Avoir à vivre ici dans votre appartement, vous aurez toute liberté de vous isoler avec lui..."

"Et puisque mon Antoni parle parfaitement l'anglais, vous, Rasim, vous pouvez jouir d'une plus grande liberté et passer plus de temps avec votre famille."

"Maintenant, vous n'avez plus besoin de moi..."

"Je suis heureux que vous continuiez à être mon secrétaire. Jusqu'à présent, vous avez été mon seul ami... ici dans le château."

"Je suis honoré d'être appelé ami."

"Petit honneur, beaucoup moins que vous ne méritez. Quand je vais créer comte Tanek Petrovic' et donc aussi Antoni, je vais vous donner un titre de noblesse à vous aussi. Qu'en dites vous de... baron Rasim Vaselin ?"

"Ce n'est pas nécessaire..."

"Non, ce n'est pas nécessaire, mais ça me fait plaisir. Et vous, comme mon secrétaire et Antoni comme mon ordonnance, vous ferez partie du Conseil de la Couronne."

Lorsque, après que le Premier Ministre sans méfiance ait présenté son fils Antoni au roi Stefan, celui-ci à la première occasion lui manifesta sa décision de prendre Antoni comme ordonnance.

"Mais, Votre Majesté, je l'avais destiné à la carrière diplomatique, et..."

"Il va maintenant changer de carrière, pour ainsi dire. J'ai remarqué qu'il parle parfaitement l'anglais, j'ai eu l'impression qu'il est une personne intelligente, capable, et même agréable. Aussi je ne peux pas continuer à garder l'ordonnance du roi Jedrek, une ordonnance avec laquelle je peux à peine communiquer. Pour cela, et pour respecter les traditions qui vous sont tant à cœur, j'ai décidé de vous nommer comte, et donc aussi votre fils Antoni. En fait, je me demande pourquoi le roi Jedrek ne vous avait déjà investi d'un titre de noblesse..."

"Mais nous devons aussi donner un substitut au comte Stojanovic' qui a l'intention de prendre sa retraite du service diplomatique et..."

"Parmi les nombreux consuls que nous avons, il y en aura bien un en mesure d'aider et de remplacer le comte Stojanovic', non ? Allez, mon cher Tanek, ne vous noyez pas dans un verre d'eau !"

"Plus qu'un verre d'eau, majesté ! Depuis que vous êtes monté sur le trône, c'est une véritable tempête de mer..."

"Tanek, Tanek ! Allons ! Après tout, je vous laisse continuer à diriger la politique du royaume, ce qui est beaucoup plus important que les petites choses desquelles j'aime prendre soin. Vous savez que j'ai pleine confiance en vous, non ? Mes promenades parmi les gens, mes manies sur les vêtements anglais, jouer à la pétanque avec les gardes... que voulez vous que ça soit ?"

"Et quand vous êtes allé danser en face de la cathédrale, avec les hommes du peuple, pour la fête de Saint Jean Chrysostome ?"

"Ils étaient tous bien contents, me semblait-il. Ils m'ont aussi complimenté d'avoir appris rapidement les pas de vos danses folkloriques ! Accédez à mon nouveau désir et je... Je vais continuer à appuyer vos décisions politiques. En plus de vous faire comte. Sinon, je vais traiter de première main la politique et... vous pouvez imaginer les vrais dommages que je ferai, même si c'est involontairement."

"Je me rends à votre chantage, Votre Majesté !" dit le Premier Ministre, mais Stefan savait que cette phrase était dite plaisamment et il sourit, content.

"Vous ne m'avez pas encore dit si mes amis monsieur Hall et monsieur Edwards ont accepté notre proposition..."

"Oui, majesté, le mois prochain ils viendront à Morgograd. Je leur fais déjà préparer deux quartiers ici dans le château."

"Deux ? Nais non, il en suffit d'un... Ce sont des amis de longue date et seront mieux avec un seul... croyez-moi."

Le premier ministre eut un éclair de compréhension dans ses yeux, mais il ne dit rien, sinon : "Comme vous le souhaitez, Votre Majesté."

"Et procurez leurs deux interprètes qui fassent partie de façon permanente de leur suite."

"Oui, Votre Majesté, c'était déjà prévu."

"Très bien. Je ferai dégager aujourd'hui mon ordonnance actuelle, trouvez lui un autre emploi, peut-être honorifique, de sorte que votre fils soit en mesure de commencer à prendre son service dès demain. Vous pouvez aller."

Ainsi, le lendemain, Antoni, avec son inséparable et fidèle serviteur Besnik Ryevic', s'établit dans les appartements royaux. Et ce soir-là, enfin, les deux amants purent retrouver leur intimité.

"Es-tu heureux, Antoni, que nous puissions être à nouveau ensemble ?"

"Plus qu'heureux. Mais... et ce soldat dont tu m'avais parlé ?"

"Sinisa Gvero ? Il était juste une agréable parenthèse, parce que je pensais que je t'avais perdu pour toujours. D'ailleurs, je sais qu'il a continué à le faire avec quelques camarades complaisants. Je pensais lui faire avoir un avancement de degré..."

"Pas maintenant. Laisse passer quelques mois avant, ou ça ressemblera à un certificat de travail, ou un moyen pour le faire taire."

"Je suis sûr qu'il n'a jamais parlé ni ne parlera jamais. Mais peut-être que tu as raison. Dans quelques mois, une promotion semblera plus... bien méritée et non une paie pour ses services."

Antoni commença à déboutonner les habits de Stefan, qui lui sourit. "Pas ici... viens là, dans ma chambre." murmura-t-il. "Bien que Vaselin et Besnik sachent parfaitement pour nous deux... J'aurais une certaine pudeur à être surpris en attitude intime par l' un d'eux."

Ils se déplacèrent dans la belle chambre à coucher et enfin, les mains presque fiévreuses, se déshabillèrent réciproquement. Quand ils furent nus, ils s'admirèrent l'un l'autre.

"Je ne me souvenais pas que t'étais si beau, mon Stefan !" Antoni murmura, ému.

"Moi, par contre, oui ! Il me suffisait de fermer les yeux pour revoir tes belles formes séduisantes... Et tu m'as manqué !"

"Tu aussi tu m'as manqué, Stefan. Qui aurait pensé, quand on s'était rencontré à Londres, que l'avenir nous préparait... ça ?"

"Te souviens-tu ? Tu m'avais demandé si je pouvais t'indiquer la rue pour la cathédrale de Saint Paul."

"Et plus tard, quand je t'ai dit qu'il m'aurait plu d'avoir un ami à qui pouvoir m'offrir, nu, même mon âme... Tu te souviens, mon amour ? Je ne savais pas comment te faire comprendre combien j'étais attiré par toi..."

"Tu y avait réussi très bien. Surtout avec cela aussi."

"Et je suis toujours incroyablement attiré par toi, mon Stefan !"

"Comment attiré ?" Stefan demanda avec un sourire alléchant, invitant.

Sans besoin de parler, Stefan le tira sur lui, lui ceignit la taille avec ses jambes, son cou avec ses bras, et, comme il l'embrassait chaleureusement, remua le bassin jusqu'à ce que le fort membre en érection de son amant se montra à nouveau, après des mois, à la porte cachée de son désir.

Antoni, sans hésitation, entra avec une seule poussée virile, dans le château de son roi et aimé.

"Oh, Antoni !" Soupira Stefan léger et heureux, "Bienvenue chez toi, enfin."


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