Il travaillait maintenant depuis trois mois et il était en mesure de reconnaître les visages de tous les locataires, même s'il ne se souvenait pas encore du nom de quelqu'un... Mais il ne s'en souciait pas, le schéma qu'il avait fait était en train de l'aider à les mémoriser.
Il avait identifié la «peste» du bâtiment : C'était la veuve Ravera, qui habitait à l'escalier B, au quatrième étage, avec sa vieille mère nonagénaire.
Un jour, elle s'était précipité dans la loge et lui avait dit, agitée : "Vous devez faire quelque chose, on ne peut pas continuer comme ça !"
"Excusez-moi, madame ?"
"Il faut dire aux Donato qu'ils éduquent un peu mieux leurs gamins ! Ce n'est pas logique que, après minuit, ils jouent encore aux billes dans le couloir ! Ma mère et moi-même ne réussissons même pas à fermer œil !"
"Excusez-moi madame, mais vous êtes..."
"Je suis madame Ravera. Malheureusement, j'habite exactement sous les Donato !"
"Ah, je comprends, madame... Avez-vous essayé de signaler le problème à l'administrateur de l'immeuble ? Vous savez... ce n'est pas au concierge à intervenir..."
"Et alors, pour quoi je vous paie, donc ? Pour vous désintéresser du problème ?"
"La copropriété me paie pour faire le service de concierge et pour nettoyer les escaliers, madame. Pour d'autres problèmes, c'est à l'administrateur que..." dit-il poliment.
"J'exige que vous vous occupiez de ce problème, à sa place ! Tout simplement parce que je n'ai pas de mari... tous en prennent avantage !"
"Vous n'avez pas essayé d'en parler avec les parents Donato ?"
"Mais bien sûr ! Ils nient ! Ils disent que vers dix heures les petits morveux sont au lit. Mais alors, qui joue aux billes dans le couloir, hein ? Monsieur Donato avec sa femme ? Hein ? Dites moi !"
"Eh bien... ça me semble invraisemblable..." dit Fausto, en essayant de ne pas se mettre à rire. "Écoutez, vous en parlez avec l'administrateur... et je vais aussi essayer de voir si je peux faire quelque chose..."
À ce moment entra Loris Pantaleo, le garçon de quinze ans qui vivait au septième étage de l'escalier A, et qui salua avec un retentissant "Ciao !" à qui Fausto répondit avec un geste et un sourire.
La veuve Ravera baissa la voix, se penchant vers lui : "Vous voyez quel malappris ! Et vous lui permettez de vous tutoyer ? Il n'y a plus de respect, il n'y a plus de respect ! Ils commencent ainsi, puis finissent par se droguer, je vous le dis !"
"Il me semble un bon garçon, ce Loris Pantaleo..." dit Fausto.
"Oui... oui... visage d'ange... Vous verrez si je n'ai pas raison, je... Ce garçon finira mal. Ou il se droguera ou il deviendra un trafiquant de drogue. Ou les deux choses. D'autre part... il est fils d'un architecte... et tout le monde sait que les architectes prennent de la cocaïne !"
"Ah, vraiment ? Je ne le savais pas... Je veux dire... un devient architecte et... automatiquement il se prend de la cocaïne, madame Ravera ?" demanda Fausto avec une ironie mal dissimulée.
"Vous ne lisez pas les journaux, vous, jeune homme ? Et vous ne regardez pas la télévision ? La corruption, mon cher jeune homme. La corruption ! Pommes pourries !"
"Il y a aussi beaucoup de gens honnêtes... et pas seulement des pommes pourries..."
"Vous êtes naïf. Cependant, promettez-moi que vous allez parler avec les Donato ! Tâchez de mériter le salaire que je vous donne."
"Je ferai mon possible, madame Ravera, sans aucun doute." conclut Fausto.
Et il le fit. Quand il vit le fils aîné des Donato, un garçon de douze ans, il lui dit : "Salut. Dis-moi, toi et tes petits frères, vous jouez aux billes ?"
Le gamin le regarda d'un air un peu surpris : "Aux billes ? Non... Pourquoi ?"
"Eh bien, eh bien... Quand j'étais enfant, j'y jouais et j'aimais vraiment... Alors, comment tu joues avec tes frères à la maison ?"
"Avec la Playstation. Bien qu'ils ne soient pas encore aussi forts que moi."
"Et... à quelle heure vous allez au lit ?"
Encore une fois le petit le regarda étonné : "À dix heures. Pourquoi ?"
"Il m'avait semblé voir de la lumière aux fenêtres de vos chambres, vers onze heures..." inventa Fausto.
"Non... quand ? Non, à dix heures, je vais au lit et j'éteins immédiatement, sinon maman se met en colère. Et puis... comment pouvez-vous avoir vu la lumière, alors que les stores sont baissés la nuit ?"
"Oh... Alors je me serai trompé." dit Fausto avec un sourire et un haussement d'épaules.
Le gamin venait de sortir, quand descendit Loris, le garçon de quinze ans.
"Fausto, je peux te demander un service ?"
"Si je peux ... dis-moi."
"Je voudrais commander quelque chose sur Internet... contre remboursement... Comme c'est une surprise pour mes parents, je voudrais que tu retires le paquet... Je te donne l'argent... mais que les miens n'en sachent rien. Tu vois, c'est un cadeau pour leur anniversaire de mariage... Tu peux le faire, s'il te plaît ?"
"Bon, oui... Oui, d'accord. Quand est leur anniversaire ?"
"En octobre."
"Eh bien, il en est temps alors."
"Mais tu sais, je dois encore faire l'ordre, et je ne sais pas s'ils l'envoient tout de suite, combien ils mettent de temps à l'envoyer et ainsi... c'est un peu plus de cinquante euros. Donc, je peux le faire, l'ordre ?"
"Bien sûr, Loris, pas de problème."
"Merci. Je vais prendre l'ordre et je t'apporte l'argent. Et... bouche cousue, s'il te plaît, ne me gâche pas la surprise."
"Ne t'inquiètes pas. Qu'as-tu acheté ?"
"Un... livre d'art que je n'ai pas trouvé ici en ville."
"Ah, bien. Combien d'années de mariage font-ils ?"
"Vingt. Merci Fausto !" dit-il, et il courut ailleurs.
Fausto pensa qu'il n'avait jamais vu une seule fois Loris ne pas courir. Ce garçon semblait avoir le vif-argent dans le corps. Et il était toujours de bonne humeur. Un garçon sympa, positif, gentil. Bien différent de finir drogué ! pensa-t-il. Même les parents étaient bien, une belle famille. Et assez généreux : le père et la mère lui avaient déjà donné de bons pourboires en quelques occasions.
Plus tard, Libero Cianciulli, le médecin qui vivait avec sa vieille mère au deuxième étage de l'escalier A, lui donna un paquet : "Excusez-moi, monsieur Picozzi, vers cinq heures cet après-midi devrait venir monsieur Tonello pour retirer ce paquet. Je lui ai dit que je le laisserais ici chez vous, en conciergerie. Ça ne vous dérange pas de le lui remettre, s'il vous plaît ?"
"Non, bien sûr, laissez le ici. Je dois me faire laisser un reçu ou quelque chose ?"
"Non, non, c'est un ami. Vous savez, c'est juste pour ne pas déranger ma mère. Elle ne se hasarde pas à ouvrir lorsque elle est seule..."
"Bien sûr, je comprends. Comment va-t-elle, votre mère ?"
"Bah, dans l'ensemble, bien. Mais je dois lui trouver une aide à domicile, pour quand je suis en clinique. Sauf que maman a un caractère un peu difficile : les deux dernières que je lui avais trouvé, ne lui allaient pas bien... Pourtant, elles étaient à la fois très bien, croyez-moi. Vous voyez, elle vient juste d'avoir quatre-vingts ans... Je ne vais pas la mettre dans une maison de repos, mais... Elle s'en tire encore, c'est vrai, mais je ne suis pas tranquille de la laisser seule."
"Oui, je comprends."
"La première était une roumaine, et maman se plaignait qu'elle ne la comprenait pas... même si elle parlait un italien presque parfait. Puis maman s'était mise en tête que la femme lui changeait de place toutes les choses... en fait, c'était elle qui ne se rappelait pas où elle les avait mises... La seconde était une philippine, très gentille... Maman disait qu'elle était trop menue, sans force, et que si elle était tombée, la femme n'aurait pas eu la force de la soulever... Elle était aussi convaincue que cette femme était une fureteuse... Je ne sais vraiment pas comment faire."
Fausto pensa à son ami Renzo, qui venait d'avoir son diplôme d'infirmier et qui ne pouvait pas encore trouver un travail...
"Dites-moi, docteur Cianciulli, que diriez-vous d'un aide italien, un de mes amis qui est tout juste diplômé infirmier est à la recherche d'un emploi ? Un garçon de vingt-quatre ans... fiable..."
"Eh bien... Je ne sais pas, peut-être... Pourriez-vous lui dire, s'il est intéressé, de m'appeler ou de me rendre visite à la clinique ? Comment s'appelle-t-il votre ami ?"
"Renzo Meschieri. Je peux l'appeler tout de suite et lui donner votre numéro de téléphone..."
"Donnez-moi quelque chose pour écrire, je vous laisse mon numéro de cellulaire et l'adresse de la clinique..."
Le médecin parti, Fausto téléphona immédiatement à son ami Renzo et lui demanda s'il était intéressé par ce travail. Renzo le remercia et lui dit qu'il pouvait bien être intéressé.
Dans l'après-midi arriva monsieur Tonello retirer le paquet du chirurgien. Fausto, dès qu'il le vit, pendant un instant, pensa que c'était Gildo, son ex duquel il s'était séparé peu de mois avant.
Ermenegildo Letta, dit Gildo...
Il l'avait connu, là au garage où il travaillait. C'était le... 1999, il avait vingt-deux ans et ça faisait déjà deux ans qu'il était mécanicien dans le garage avec atelier annexe. D'abord, il lui avait fait une révision complète de sa Fiat Coupé Turbo métallisée. Puis Gildo était revenu lui demander de réviser les freins qui grinçaient... Fausto avait été immédiatement frappé par ce jeune homme de vingt-sept ans au sourire chaleureux, avec des yeux perçants et habillé, plus qu'avec raffinement, avec une sorte de... d'exultation barbare.
Il portait un jean couleur ivoire de tissu traité comme celui qui est utilisé pour les bleus pour moto, un sarrau avec col haut, déboutonné à mi-poitrine, nue, de la même couleur ivoire en cachemire flanelle, et au-dessus il portait un ample blouson souple de phoque, couleur brouillard brun... le tout signé Gianfranco Ferre.
Il avait des cheveux noirs, courts, décoiffés à l'art et avec un fil de gel, ou «tirés en l'air», comme on disait, les yeux lumineux, sombres et brillants comme l'obsidienne, un sourire léger... En bref, Fausto se sentit immédiatement fasciné, séduit, conquis. Avec un sourire chaleureux il lui dit qu'il vérifierait et fixerait les freins, et lui promit que ce serait prêt le lendemain matin.
Lorsque Gildo était revenu, il lui avait expliqué le problème, et comment il l'avait résolu. "Vous freinez un peu trop souvent et avec trop de force. Vous devriez commencer à freiner plus tôt et plus progressivement..." dit Fausto.
"Ne me vouvoyez pas ! Tu me fais sentir plus vieux que je ne suis... Puis-je t'offrir un café dans le bar ici devant ?"
"Mah... je suis tout sale et ainsi en salopette près de toi si élégant... je ferais une très mauvaise impression." dit Fausto incertain.
Gildo se mit à rire : "S'il y avait quelque chose, je serais celui qui fait piètre figure auprès de toi, cool comme tu es !"
Quand ils furent assis au bar et se présentèrent, Fausto eut bientôt l'impression agréable que Gildo était en train de le courtiser. En fait, lorsque ils avaient quitté le bar, et que Fausto était retourné au travail, Gildo avait pris rendez-vous pour le même soir.
"Je viens te chercher quand vous fermez..."
"Non... je dois d'abord aller à la maison bien m'étriller, regarde quelles mains noires... Je dois prendre une bonne douche."
"Alors je vais t'attendre en bas de chez toi..."
Lorsque Fausto, remis au propre, descendit, Gildo était déjà là l'attendant. Il monta dans la voiture. "Alors, ça te va si nous allons dans ce petit endroit dont je te parlais, dans les collines ?" demanda Gildo comme il démarrait le moteur et partait.
"Oui, bien sûr, où tu veux c'est très bien..." dit Fausto, se sentant excité.
Il venait de prendre la route qui montait en grands lacets à la colline, au delà de la rivière, quand Gildo posa sa main sur sa cuisse et, sans le regarder, lui avoua qu'il se sentait attiré par lui, et donc il espérait qu'entre eux puisse naître quelque chose de plus que de l'amitié, plus grand, plus sérieux, plus... intime.
Fausto tremblait : il ne pensait pas qu'il aurait osé faire une approche si directe, ni si rapide, même si au fond il l'avait prévu, ou tout au moins il l'avait espéré. Il le regarda et, d'une voix faible, il lui demanda : "T'es sérieux, Gildo ? Ce n'est pas que tu veux juste... faire une baise ? T'es sincère en disant ce que tu m'as dit ? Nous venons de nous rencontrer..."
Gildo continua à conduire en silence pour pas mal de temps. Puis, à un moment donné, il quitta la route goudronnée et il s'enfonça par une rue déblayée. Arrivé à une courbe, il stationna sur une sorte de belvédère donnant sur la ville brillant en dessous d'eux avec ses lumières qui semblaient en dessiner la carte. Il sortit de l'auto, il tourna de l'autre côté et ouvrit la porte, en l'invitant à sortir. Il lui prit la main et le guida jusqu'au coffre en le poussant contre, il le regarda avec un sourire, poussa un léger soupir, se pencha contre lui et l'embrassa.
Puis, ayant détaché ses lèvres, il dit : "Nous ne pouvons rien faire ici... Tout de même, je voudrais essayer avec toi. Je souhaite vraiment qu'entre toi et moi, il n'y ait pas que du sexe... Dès que je t'ai vu, j'ai senti que... je pourrais être très bien, avec toi..."
Fausto était ému : il lui semblait presque impossible qu'un garçon si beau, élégant, veuille vraiment avoir avec lui plus qu'une simple aventure, qu'il aurait également acceptée volontiers.
"Si nous ne pouvons pas ici... pourquoi tu ne m'emmènes pas autre part, plutôt que dans ce petit endroit dont tu parlais ?" lui dit-il finalement. "Je n'ai pas envie d'attendre... J'en ai envie maintenant... dis moi oui, allez... Prends-moi quelque part... chez moi, chez toi... où l'on puisse être... seuls."
Gildo sourit et hocha la tête. Il l'enlaça à nouveau, cette fois plus étroitement et lui fit sentir la turgescence chaude, cette chaleur qu'avant il n'avait pas ressentie, en lui frottant légèrement la braguette contre la braguette, et il l'embrassa à nouveau. Fausto se sentait heureux. Puis Gildo, à voix basse, chaude, excitée, lui demanda : "On va rentrer chez toi, donc ?"
Il redescendit avec grande hâte en ville, et même s'il lui disait de conduire avec plus de prudence, Fausto était heureux pour cette hâte. Gildo gara sous la maison de Fausto. Ils sortirent, Fausto prit sa main et le conduisit à son appartement, à la chambre à coucher. Ils se déshabillèrent presque en hâte et montèrent ensemble sur le lit, complètement nus, et ils s'étreignirent, se caressèrent, s'embrassèrent, se touchèrent pleins de désir.
Alors Gildo lui dit : "Si tu veux... si tu veux nous pouvons aussi faire l'amour tout de suite, mais... pour cette première fois j'ai envie plus que tout de t'embrasser, te caresser partout, te découvrir... jouir de ta belle nudité... Tu regrettes ? Qu'en dis-tu ?"
Fausto sourit : étant donné la véhémence de son compagnon, il avait imaginé qu'il irait droit au but et... "Comme tu le souhaites, Gildo, comme tu veux, mais... putain, même si je me sens un... J'ai l'impression que je suis déjà en train de me sentir amoureux de toi... Si tu ne veux pas essayer sérieusement... dis-le moi maintenant... et au moins... on s'amuse et on s'oublie..."
"Bien sûr que je suis sérieux. Pour cela je ne veux pas tout brûler immédiatement. Tu crois que je n'ai pas envie de toi ? Tu ne le sens pas ? Mais... mais tu me sembles un type spécial et puisque je t'ai trouvé, je ne veux pas te perdre. Pour cette raison, si je ne te demande pas trop, cette fois, je voudrais juste que nous nous enlacions et nous embrassions et que nous commencions à nous connaître l'un l'autre, même avec le corps..."
Fausto poussa un soupir silencieux de plaisir à ces mots, et l'embrassa avec tendresse et désir, et le caressa sur tout le corps : la poitrine, les hanches, les bras, les épaules, les mamelons, le ventre, les cuisses... Et pendant ce temps l'embrassant et lui léchant délicatement le cou, les oreilles, le nez, les mamelons, le nombril... Gildo lui rendait avec chaleur le tout. Ils ne se touchèrent pas, uniquement les organes génitaux ni avec les mains ni avec les lèvres, presque d'un commun accord. Ils savaient que s'ils le faisaient, ils ne se seraient pas arrêtés là...
Après plusieurs minutes, progressivement, ils se calmèrent. Allongés côte à côte, les jambes entrelacées, à moitié embrassés, ils se souriaient. Ils ont commencé à bavarder tranquillement, en se posant des questions, en y répondant, en appréciant la calme, chaude et tendre intimité.
Plus tard, ils se rhabillèrent. Ils se donnèrent rendez-vous pour le lendemain soir. Sur la porte, Gildo lui palpa le cul et lui dit : "À demain, Fausto. Dieu, combien tu me plais ! Je suis content d'avoir décidé de venir directement dans ton garage pour la voiture..."
Avant d'ouvrir la porte de l'appartement pour le laisser aller, Fausto le poussa contre et l'embrassa à nouveau, chaudement. Puis il lui souhaita bonne nuit et le regarda descendre les escaliers... presque avec regret.
Le lendemain soir, Fausto venait de se laver et se rhabillait, lorsque la sonnette retentit. Il alla ouvrir, excité. "Entre." lui dit-il avec un sourire éclatant.
Gildo entra, ferma la porte derrière lui avec son pied, l'enlaça en le serrant à soi, l'embrassa intimement et murmura : "Je ne pouvais pas attendre ! Sais-tu que je n'ai pensé qu'à toi toute la journée ?"
En le tenant pour main, ils allèrent dans le salon et s'assirent côte à côte sur le canapé. Fausto était heureux, excité, ravi... Cette fois, il voulait faire l'amour avec lui : il n'avait pensé à rien d'autre toute la journée. Il ne s'était jamais senti excité avec les autres comme il l'était maintenant avec Gildo, qui lui semblait magnifique.
"Si tu attends un instant... j'ai préparé quelque chose à grignoter et à boire dans la cuisine..." dit Fausto.
"Je viens de là ?"
"Non, attends ici. Juste un instant."
Gildo, en l'attendant, avait regardé autour. Puis il remarqua, dans le porte journal à côté du canapé, un magazine. Il le prit : c'était un journal gay, avec des photos très explicites. Il le feuilleta en admirant les belles images, qui étaient à mi-chemin entre l'art et la pornographie : pas mal. Sans réfléchir, il se caressa la braguette gonflée, en continuant à les admirer.
Fausto revint avec un plateau sur lequel il avait placé un bol de cacahuètes, un de pistaches, puis des graines de citrouille salées, des raisins dans une tasse d'eau, et deux bouteilles de bière Adelscot. Ils se mirent à grignoter et boire, en bavardant. Mais les deux brûlaient de plus en plus de désir...
Gildo enfin se leva, prit sa main et le conduisit dans la chambre. Quand ils furent à côté du lit, il vit que sur la table de chevet il y avait une boîte de préservatifs et un flacon de lubrifiant... Les indiquant, il sourit et demanda : "Décidé ?"
Fausto hocha la tête. Ils se déshabillèrent, mais cette fois l'un l'autre, lentement, dans un supplice délicieux. Quand ils furent finalement nus, Gildo s'étendit sur le lit et Fausto alla sur lui, et il lui caressa les joues, puis il lui déposa deux baisers sur les paupières. Gildo le serra vigoureusement, avec chaleur, et chercha ses lèvres. Ils s'unirent dans un baiser profond, plein de chaleur et de désir.
Fausto se déplaça un peu, il prit un sachet de préservatifs, l'ouvrit et il le lui enfila sur le membre droit et dur. Puis il se mit à califourchon sur le bassin, et se pencha, dirigeant le membre du copain sur l'objectif, et il s'y empala lentement. Quand il le sentit tout à l'intérieur, il se pencha sur lui et l'embrassa sur la bouche. Gildo alors commença à bouger son bassin de bas en haut avec des mouvements légers, pour mieux s'y installer à l'intérieur.
Fausto se leva un peu et le regarda en face : Gildo avait un sourire heureux comme un enfant quand il va à la fête foraine... Comme celui-ci commençait à se déplacer à l'intérieur de lui à grands coups d'en bas en haut, Fausto se pencha en avant, courbant son dos, jusqu'à ce qu'il réussisse à lui embrasser les mamelons, qu'il tripotait avec sa langue, en les suçant et les mordillant.
Gildo à chaque poussée émettait un bas et chaud gémissement de plaisir. Fausto se leva et se mit à bondir d'haut en bas avec plus de vigueur, comme il continuait à taquiner ses mamelons avec ses doigts. Gildo sourit et lui caressa le ventre, les cuisses, les génitaux enflés. Fausto vit que son visage était rouge et comprit que l'excitation montait rapidement.
En fait, peu après, il gémissait : "Fausto... je viens... voilà... voilà... aaahhhh..." et poussa vers le haut avec vigueur, vibrant et tremblant, il déchargea dans le chaud canal de Fausto avec une série de forts frétillements, fermant les yeux et pinçant ses lèvres, presque comme pour ne pas crier. Puis il s'effondra soudainement, rouvrit ses yeux et le regarda : "Fortissimo..." murmura-t-il haletant. "C'a été trop fort !"
Fausto lui caressa une joue et lentement se désenfila du pieu droit qui commençait lentement à s'assouplir. Il lui enleva le préservatif et le jeta dans la corbeille qui se trouvait près de la table de chevet. Gildo glissa sous lui, se mettant en position assise, le dos appuyé contre la tête du lit, ajusta son oreiller droit derrière son dos, et il y posa la tête.
Puis il dit : "Viens ici, plus près, que je te le suce un peu avant que tu me le mettes à moi..."
Fausto s'approcha à lui, son membre droit pointant vers son visage. Gildo le prit dans les mains, le caressa, puis commença à l'embrasser, à le lécher. Il fit descendre un peu la peau du prépuce découvrant le gland, qu'il embrassa et lécha également, puis il le prit entre ses lèvres qu'il fit glisser en avant et arrière mais seulement entre la pointe et la couronne. Fausto ferma les yeux pour se réjouir de l'attention experte et des fortes sensations. Il sentit des frissons de plaisir le parcourir de bas en haut jusqu'au cuir chevelu !
Gildo, quand il sentit que Fausto était tout un frisson, il arrêta, prit un préservatif de la table de chevet et le lui mit, en s'aidant avec ses lèvres. Puis il le fit éloigner un peu de lui-même, il se coucha à nouveau, mettant ses jambes sur sa poitrine et s'offrit au copain avec un sourire joyeux.
"Allez, Fausto mets le moi... tout... fais moi jouir ainsi aussi..." dit-il d'un ton alléchant.
Fausto lui fit soulever les jambes, et les écarta en les lui faisant poser sur ses épaules, et il entra en lui. Avec des mouvements lents et longs, il commença à bouger en lui, tandis qu'il lui titillait les mamelons. Le membre de Gildo lentement repris consistance, au fur et à mesure que l'ami bougeait en lui, et bientôt, de nouveau droit et dur, pointa contre le ventre de Fausto.
Ils se regardaient et ils se souriaient gaiment. Fausto manœuvra de façon à lui frotter la prostate, en poussant de bas en haut, et vit le sourire de Gildo s'accentuer et ses joues rougir de nouveau.
"Oh que c'est bon, Fausto ! C'est sûr que tu sais y faire..." murmura-t-il d'une voix excitée, un peu rauque.
Fausto accéléra peu à peu son rythme jusqu'à ce qu'il se lance dans une course folle, sentant survenir la jouissance maximale. Il sentit que Gildo avait un deuxième orgasme, et giclait contre son ventre, et son trou palpita fortement. Cela déclencha aussi l'orgasme de Fausto, qui, avec un long gémissement, déchargea en lui, tremblant de l'intensité du plaisir.
Sans s'enlever de lui, il ramassa de son ventre, avec un doigt, un peu de son sperme et la porta à sa bouche. "C'est bon..." murmura-t-il. Gildo le caressa. Lentement, ils se séparèrent. Ils se donnèrent un baiser, puis allèrent prendre une douche. Toujours nus, ils s'étendirent sur le petit lit, à moitié embrassés et, entre des baisers et des caresses légères, ils s'endormirent.
Le lendemain matin, quand Gildo se réveilla, Fausto était assis et l'admirait. "Dieu, comme tu es beau !" murmura-t-il.
"Toi aussi. Tu dois aller au travail, maintenant, n'est-ce pas ?"
"Oui, malheureusement."
"Écoute... t'es libre le week-end ?"
"Oui, pourquoi ?"
"Les miens ne seront pas là, ils ne reviendront que dimanche soir. Si tu viens chez moi samedi soir, nous avons vingt-quatre heures toutes pour nous... et nous pouvons le faire sur le grand lit des miens. Qu'en dis-tu ?"
"Bien sûr !" s'exclama Fausto, gaiement.
Ils se rhabillèrent, mangèrent rapidement le petit déjeuner, ils se donnèrent encore un baiser, un câlin, et quittèrent la maison.
Ainsi commença leur relation. Gildo n'avait pas voulu s'établir chez lui, il ne saurait pas comment le justifier avec ses parents, mais il s'arrêtait assez souvent dormir chez Fausto.
Parfois, les week-ends, quand les parents étaient à la maison, ils allaient faire quelque brève excursion et Gildo réservait toujours une chambre double dans un petit hôtel. Habituellement, aucun des réceptionnistes ne faisait des objections ni des blagues stupides ; à la limite les regardait comme pour dire : "Je sais bien ce que vous allez faire dans la chambre, maintenant, vous deux..." Mais ils ne s'en souciaient pas.
Ils étaient bien ensemble, et pas seulement dans le lit, bien que certainement les deux aimaient beaucoup faire l'amour ensemble. Fausto n'aurait pas dit que leur relation pût finir ...
Maintenant, qu'elle était terminée, il regrettait que Gildo ne se fût pas fait plus vif. Il se demanda s'il ne devait pas le rappeler, bien que les deux fois précédentes Gildo avait dit qu'il appellerait et il ne l'avait pas fait.
Voir ce Tonello, lui avait ramené à la mémoire Gildo : pas tant physiquement, bien qu'il lui ressemblait un peu, mais à cause de la façon dont il était habillé avec élégance décontractée, presque de mannequin, et pour la façon dont il bougeait...
Monsieur Dondi de l'escalier B entra, lui fit un signe de tête et ensuite lui demanda s'il pouvait, en lui payant le dérangement, aller donner de l'eau sur le balcon aux pots quand ils seraient partis en vacances. Fausto lui dit qu'il le ferait volontiers : en août, il ne prenait pas de congé. Alors, l'homme monta chez lui et revint avec une copie des clés et le remercia.
La première fois qu'il avait parlé avec lui, Fausto avait eu l'impression qu'il était hautain, antipathique, mais maintenant il semblait plus «normal». Chaque fois qu'il entrait et sortait, s'il le voyait dans la guérite, il lui faisait un signe de tête auquel il répondait toujours avec un soupçon de sourire.
Fausto avait remarqué qu'il y avait un garçon qui venait souvent visiter Loris Pantaleo. Il devait avoir environ dix-sept ans ; il lui avait dit de s'appeler Gustavo Segni. Une fois Fausto lui avait demandé s'ils étaient des camarades d'école.
"Non, nous avons fait les scouts ensemble, jusqu'à l'an dernier. Ainsi, nous sommes devenus amis."
"Vous ne faites plus les scouts ?"
"Non... c'est une chose de gamins..." répondit Gustavo et Fausto avait souri, pensant que, en fait, ils étaient encore des gamins, même s'ils se donnaient des airs de grands...
Ce garçon venait trouver Loris deux ou trois fois par semaine, au début de l'après-midi, il restait quelques petites heures avec son ami puis repartait. Chaque fois il saluait Fausto avec un sourire. Il avait l'air gentil, un peu timide. Loris semblait plus décontracté que son ami, bien qu'il eût deux ans de moins.
Quand Gustavo arrivait, il le reconnaissait et il lui ouvrait la porte avant qu'il sonne, puis il sonnait au domicile des Pantaleo et avertissait Loris par interphone que l'ami était en train de monter.
Au début août arriva le paquet contre remboursement que Loris attendait. Fausto le cacha et attendit de voir le garçon seul, de façon à le lui remettre sans que les parents le voient.
Mais il avait remarqué quelque chose : le paquet venait de la province de Pérouse et, comme expéditeur, c'était marqué «Castro Market»... Il se demandait si ce «Castro» avait quelque chose à voir avec le célèbre quartier Castro de San Francisco, le quartier Gay... Mais alors, il se dit que s'il était un cadeau pour l'anniversaire de mariage des parents... peut-être que c'était juste une coïncidence...
Bien que, pensait-il, cela pourrait être juste une excuse et en fait... et peut-être son ami Gustavo était plus qu'un ami... Mais il se dit qu'il ne devait pas suspecter, simplement parce qu'il était gay, et il n'y pensa plus. D'ailleurs, ni Gustavo, ni Loris n'avaient rien, dans leur attitude, qui puisse suggérer qu'ils soient homosexuels.