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histore originale par Andrej Koymasky


LE CONCIERGE CHAPITRE 9
DES SOUHAITS ET DES ESPOIRS

Federico Ruocco, le jardinier, fit une pause et essuya son visage avec son avant-bras. Fausto sortit au jardin et le salua.

"Tu vas bien ?" lui demanda l'homme avec un sourire.

"Oui, merci, et toi, Federico ?"

"Toujours bien, tant qu'il y a santé et travail. Tu sais que ma femme est enceinte à nouveau ?" lui dit-il avec une expression gaie.

"Eh bien, félicitations !"

"Espérons que cette fois soit une fille. Cependant, ce qui vient ira bien. La chose importante est qu'il ou elle naisse saine, ou sain, et grandisse bien. Toi... quand est-ce que tu te maries ?"

Fausto sourit : "Je ne pense pas que je vais me marier."

"Mais comment, un beau garçon comme toi ? Qu'est-ce que c'est que ça, ne me dis pas que tu ne t'intéresses pas aux filles !" lui demanda-t-il, en riant.

"Ce serait très grave si je ne les aimais pas ?" lui demanda Fausto avec un petit sourire amusé.

"Non... certainement pas... chacun est fait à sa manière... Mais tu ne veux pas me dire que tu... Oh, je vois, tu ne veux pas t'attacher, tu veux juste t'amuser. Mais tôt ou tard, nous devons tous mettre la tête au parti, non ? Tant qu'on est jeunes, il semble que nous avons toute la vie devant, mais... Et puis, il est bon d'avoir une famille, crois-moi."

"Je ne regretterais pas d'avoir quelque fils, il est vrai, mais je crois vraiment que je ne vais pas en avoir."

"Cela te plairait d'avoir des enfants... mais pas une femme... ou au moins une copine ? Aujourd'hui il n'est pas nécessaire que deux se marient ; si tu savais combien cohabitent juste... Ce n'est plus comme aux temps de mon père et ma mère." Federico se mit à rire. "Même si mon père a marié maman quand j'étais déjà dans son gros ventre. Tu sais... le mariage réparateur. Mais ils s'entendent bien, que c'est la chose la plus importante. Que veux-tu, mon père, comme un bon méridional était un peu un... coureur de jupons, au moins avant de se marier."

Federico commença à tailler la haie, tandis que Fausto le regardait. Il avait des mouvements rapides et précis, qui montraient toute son expérience. Le jardinier s'arrêta et se tourna pour le regarder d'un air interrogateur.

"Tu veux dire que toi vraiment les femmes ne t'intéressent pas?" lui demanda-t-il, presque à voix basse, comme s'il se rendait compte qu'il n'avait pas le droit de poser une question si intime.

Fausto ne répondit pas, le regarda avec un léger sourire.

"Mon cousin... celui qui a plus ou moins ton âge... il est ainsi, tu sais ? Pour son père et sa mère c'était une chose dure, surtout pour le père si... si traditionnel. Eh bien... chacun à sa façon, comme on dit."

"Et si ton fils était aussi ainsi, comme ton cousin ?"

"Merde, je crois que peut-être je resterais mal comme son père. Tout de même... je... sincèrement... je ne saurais vraiment pas... quoi lui dire... Je pense que je le ferais parler avec mon cousin, voilà. C'est à dire... il saurait du moins lui donner quelques bons conseils, mieux que moi. Mais je regretterais, bien sûr, parce que j'ai vu les problèmes qu'a eus mon cousin."

"Mais maintenant... maintenant il est heureux, ton cousin ? Il a un compagnon ?"

"Oui. Un mec de son âge et ils vivent ensemble. Un grand bon garçon. Un extracommunautaire, un Croate, mais en règle avec les documents. Ils travaillent ensemble, un magasin de fruits et légumes, où ils vendent les produits des champs de mon oncle. Ils vont d'accord... mais ils doivent tout faire en secret, tu vois ? Pour moi, si passe la loi sur le pacs, ils font juste bien. Après tout, chacun est fait à sa façon, n'est-ce pas ?" répéta-t-il.

"Les gens sont encore pleins de préjugés, envers deux hommes qui vivent ensemble... qui s'aiment."

"Même moi, j'étais ainsi, tu sais ? Mais j'aime bien mon cousin et j'ai essayé de le comprendre et... Nous ne sommes pas des gens très cultivés, tu vois... juste, pas juste, normal, pas normal... Si tu essaies de lire quelque chose, tu peux trouver tout et le contraire de tout. Alors on essaie de se faire une idée tout seul. J'ai beaucoup parlé avec mon cousin et puis aussi avec son petit ami, et j'ai compris que ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre, c'est juste égal à ce que je ressens pour ma femme. Et alors je dis, s'ils sont si bien ensemble, quel mal peut-il y avoir ? Ils ne font de mal à personne, et ils s'entraident, non ?"

"Peu pensent comme toi."

"Parce que peu pensent. Tu vois, c'est un peu comme pour les partis politiques : un est de droite ou de gauche, sans savoir une fichue chose vraiment sur ce que ceux de l'autre partie veulent et pensent. Ou comme pour le football où, plus que connaitre et soutenir leur équipe, on insulte les autres équipes ! Avant même de demander ce qu'a fait son équipe, ils s'informent si celle qu'ils méprisent a gagné ou perdu !" Federico se mit à rire.

Fausto hocha la tête et sourit. "Je ne suis pas le football..." dit-il d'une voix basse, amusé par cette comparaison. Puis il ajouta : "Quoi qu'il en soit... je suis aussi comme ton cousin..."

"Mais tu n'as pas de partenaire."

"Non, pas encore. Et puis, tu sais... Je pense que si j'amenais mon partenaire vivre dans la conciergerie... imagine-toi comment les copropriétaires le prendraient, que diraient-ils !"

"Ouais. Tout le monde devrait s'occuper de ses oignons. Aux copropriétaires ne devrait intéresser que le fait que tu sois un bon concierge, pas avec qui tu vas au lit. Mais tu as raison. C'est pourquoi, j'espère qu'aucun de mes enfants n'aura ce problème."

"Peut-être quand ils grandiront, les choses auront un peu changé."

"Oui, c'est vrai. Eh bien... Merci de m'avoir fait confiance et de me l'avoir dit. Pour moi, ça ne change rien. Tu pouvais même ne pas me le dire, personne ne pourrait imaginer que tu es fait ainsi."

Fausto lui sourit et acquiesça d'un signe de la tête. Il le salua et il retourna à la loge. Guido Barisone passa, le garçon de dix-neuf fils du dirigeant d'Alitalia, en allant vers l'ascenseur. Il était en train de devenir vraiment un très beau garçon, pensa Fausto. Ils échangèrent un clin d'œil et un sourire. Puis le garçon revint en arrière, en le regardant.

"Bonjour Guido..." Fausto lui dit, en ouvrant la porte de la loge.

"Désolé, Fausto, je voudrais te demander une faveur..."

"Dis-moi."

"Papa et maman seront de retour seulement ce soir et... si tu peux... ça te dérangerait de me prêter quelques euros pour payer mon déjeuner ?" demanda-t-il presque honteux. "Ce soir, comme ils arrivent, je me les fais donner et je te les rends."

"Oui, bien sûr. Voilà..." dit-il en tirant son portefeuille, "Te suffisent cinquante euro ?"

"C'est même trop..."

"Non, allez, tu ne peux pas aller autour sans argent, non ?" dit-il en lui tendant le billet de banque. "Comment va l'université, t'as déjà commencé les leçons ?"

"Non, pas encore, elles commencent fin octobre."

"Où tu penses aller pour le déjeuner ?"

"Ici à côté, au restaurant arabe."

"Cela te dirait d'y aller ensemble ?" lui demanda Fausto, car il aurait aimé rester un peu avec ce beau garçon.

"Oui, bien sûr. Je monte un moment et redescends, vers midi trente, d'accord ?"

"Parfait."

Guido lui plaisait beaucoup, à la fois comme caractère et physiquement. Il s'en sentait attiré et il aimait surtout ses beaux yeux vert foncé, presque bleu. Il était aussi toujours vêtu d'une élégance jeune, avec des habits qui valorisaient son corps, qui devait être beau, pour le peu qu'ils laissaient deviner.

Il avait juste fermé la conciergerie depuis une demi-heure, quand Guido descendit et appuya sur la sonnette. Ils sortirent ensemble.

"Tu sais que j'ai toujours ton origami dans ma librairie ?" lui dit Fausto.

Guido sourit : "Si tu veux, quand nous revenons, je t'en fais d'autres."

"Bien sûr, merci. Je veux voir comment tu bouges tes mains pendant que tu plies le papier."

"Selon moi, le vrai cadeau n'est pas tant l'origami, mais le plier en face de la personne à qui tu veux le donner."

"C'est-à-dire ?"

"Oui... c'est un peu comment... comme accomplir un rite. C'est non seulement l'objet lui-même, mais l'exécution, le vrai cadeau."

"Ah... c'est beau... c'est difficile de faire l'origami ?"

"Comme toute autre chose : avant d'apprendre c'est difficile, mais lorsque t'as appris, c'est simple. Un peu comment jouer un instrument de musique. Et tout comme dans la musique, il y a ceux qui aiment juste l'entendre, ceux qui apprennent à tapoter, qui est un interprète parfait... et qui la sait aussi composer."

"Et toi, pour l'origami ?"

"Un compositeur... mais de chansonnettes, pas de symphonies." répondit le garçon avec un léger sourire.

Ils s'assirent dans le petit restaurant et commandèrent le déjeuner. Pendant qu'ils parlaient de ceci et cela, Fausto se sentait légèrement excité : ce garçon lui plaisait de plus en plus. Il pensait qu'il avait de belles lèvres, douces, et qu'il devait être beau de pouvoir les embrasser. Il se demanda si Guido avait une fille... et il espérait que non, qu'elles ne l'intéressent pas. Bien que cela n'aurait pas voulu dire que...

"À quoi penses-tu ?" lui demanda Guido à un certain moment.

"As tu une petite amie ?" répondit Fausto, et il se dit qu'il n'aurait pas dû poser cette question... mais désormais...

"Non, je ne fume pas, je ne bois pas et je ne vais pas aux femmes. Je suis un gars sans vices." répondit-t-il avec un léger sourire.

"Justement sans aucun vice ?"

"Eh bien... Je préfère laisser croire que c'est ainsi. Il faut ne jamais dire du mal de soi-même, les autres s'occupent déjà de nous trouver tous les défauts... même ceux que nous n'avons pas."

"Moi... en toi, je ne peux pas en trouver..." dit Fausto à voix basse.

"Parce que tu ne me connais pas encore assez."

Ils se regardaient avec un léger sourire sur les lèvres, mais avec un regard si intense que Fausto frissonna et détourna les yeux, se sentant troublé.

Il murmura : "Ca me plairait de te connaître mieux..." Puis, presque en hâte, craignant qu'il en ait trop dit, il changea de sujet. D'une voix normale, il lui demanda : "Es-tu content de faire langues à l'université ?"

"Oui. La connaissance d'une langue étrangère, et avec elle l'histoire, la littérature, la culture qu'elle implique, est un agrandissement des horizons mentaux."

"J'ai peu de culture..."

"Au contraire ! Tu lis beaucoup, tu réfléchis beaucoup, tu es curieux de savoir ce que tu ne connais pas, que tu ne comprends pas... Tu as une belle personnalité et un caractère agréable."

"Tu crois ?"

"Je crois... et je voudrais moi aussi mieux te connaître..." dit Guido sur un tel ton chaud que Fausto frissonna.

Il fut heureux que le garçon soit arrivé pour les servir et qu'ils se mirent à manger, parce qu'il craignait sinon de faire filtrer ce qu'il sentait pour Guido.

Pendant qu'ils mangeaient, il pensa qu'une seule fois dans sa vie il s'était senti si fortement attiré par un garçon aussi jeune... celui-là aussi avait dix-neuf ans, ils étaient pratiquement du même âge... Il l'avait connu quand ils avaient servi dans l'armée ensemble.


Après la RCA, il avait été envoyé dans une caserne de Gênes. Et là, il rencontra Amedeo Capoferri, qui venait de Teramo. Il se sentit immédiatement fortement attiré par l'autre soldat, mais en ne voulant pas risquer, Fausto n'avait jamais essayé rien avec ses coéquipiers.

Parfois, quand il était hors service et en civil, il allait chercher une aventure : ce n'était pas difficile, parce qu'il était jeune et bien fait. Il allait souvent à l'Aqua Club, qui était Montée Salvatore Viale, 15 R, juste derrière la rue XX Settembre, près du coin avec le cours Podesta.

L'Aqua Club était un des classiques lieux de rencontre gay à Gênes. C'était surtout un sauna, mais après le dîner, le bar devenait un espace indépendant, fréquenté par ceux qui voulaient rester habillé. Une fenêtre à longue bande séparait le sauna du bar et permettait de jeter un regard dans le bar et dans le sauna, ce qui rendait l'atmosphère très excitante. Le bar et le sauna étaient équipés de salles de vidéo et de chambre noire. Il y avait deux saunas finlandais, un bain turc et un spa avec jacuzzi.

Fausto concluait presque à chaque fois et, ayant pris une cabine de relax, il s'amusait avec sa connaissance occasionnelle. En général, il allait avec des gens plus âgés que lui, parce que les garçons jeunes, souvent, étaient des tapettes. À part le fait qu'il n'avait pas beaucoup d'argent à dépenser, en particulier il n'aimait pas avoir du sexe avec quelqu'un qui le faisait juste comme un métier.

Ceux qui l'abordaient, lui demandaient très souvent s'il le faisait pour l'argent, et quand il disait non, ils en étaient assez étonnés. Il était assez rare que Fausto dût essayer d'approcher quelqu'un, parce que c'étaient presque toujours les autres qui lui faisaient comprendre être intéressés à avoir du sexe avec lui. Parfois, les contacts avaient lieu dans la zone du bar, d'autres fois dans la zone du sauna, mais finissaient invariablement dans une cabine de relax.

Après avoir fait plus ou moins longtemps du sexe, selon comme il se trouvait avec l'autre, Fausto prenait une douche, puis se détendait ou dans le sauna finlandais ou dans le bain turc. Il finissait avec une autre douche et il sortait, régénéré et satisfait.

Une fois il avait été approché par un matelot noir, d'un navire militaire américain, qui devait avoir une trentaine d'années. Normalement, il ne se sentait pas particulièrement attiré par les hommes de couleur, mais dans ce cas, il lui semblait très beau, donc quand le jeune homme essaya avec lui, il accepta immédiatement. Ils essayèrent de bavarder un peu, mais l'anglais de Fausto était très petit et, surtout, il n'arrivait pas à comprendre l'accent américain, et l'italien du matelot était limité à bien peu de mots.

Mais ce n'était pas un vrai problème : les deux savaient bien ce qu'ils voulaient de l'autre. Le matelot l'emmena dans une cabine relax. À peine entré, il commença immédiatement à le déshabiller, presque à la hâte, avec un sourire lascif sur ses lèvres. Puis il le poussa sur le tapis et, encore à moitié habillé, se pencha pour lui donner du plaisir avec la bouche : il savait certainement comment le faire.

Puis il le fit tourner sur le ventre, il finit de se déshabiller et il s'enfila un préservatif, s'étendit sur lui et l'enfila. Il le prit avec des coups forts et rapides, mais il réussit à prolonger leur union, et Fausto pensa que, même pour ça il savait y faire. Quand le jeune homme atteignit l'orgasme, il le serra contre lui et se poussa en lui avec vigueur, déchargeant et gémissant doucement.

Fausto lui fit comprendre que maintenant il aurait voulu le prendre, mais le matelot sourit et secoua la tête, et le fit jouir en le lui reprenant entre ses lèvres. Ce n'était pas mal du tout ! Puis le matelot, évidemment satisfait de lui, lui fit comprendre qu'il voulait le revoir. Ils se donnèrent un rendez-vous.

Lors de leur rencontre, dans le bar du sauna, le matelot américain avait avec soi un autre matelot, plus jeune, qui devait avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Celui-ci, aussi, était noir comme lui, et, si possible, encore plus beau.

"He is mon amour !" dit le matelot. "We fout trois unis ? He aime take it in his petit cul. Tu fout him, je fout you !" Il expliqua, en accompagnant sa proposition avec des gestes éloquents.

Fausto ne l'avait jamais fait à trois, après sa première fois avec les garçons du «club»... Le matelot plus jeune lui plaisait beaucoup, il était extrêmement sensuel, donc il hocha la tête. Le plus jeune s'étendit sur son dos et se fit prendre tirant ses jambes sur sa poitrine, puis le matelot plus âgé enfila Fausto et ils commencèrent à se réjouir les uns des autres.

A Fausto il plaisait être au milieu, entre les deux, et apprécia le large sourire de satisfaction que le plus jeune matelot lui adressait alors qu'il lui remuait à l'intérieur. Il pensait que c'était bien... mais juste pour le plaisir. Il aimait plus une relation entre deux personnes... La jouissance, cependant, était forte.

Mais en réalité, bien qu'il aille de temps en temps se défouler dans le sauna, il ne pouvait pas sortir de sa tête son joli camarade, Amedeo Capoferri... Parfois, ils sortaient ensemble, allaient voir un film, ou manger une pizza, se promener et parler. Et Fausto le désirait de plus en plus. Mais il ne trouvait pas encore le courage de le lui faire comprendre.

Ils célébrèrent le «mac pi cent» [n.d.t = seulement une autre centaine (de jours, pour le congé)]... puis, quand il restait moins d'un mois à leur congé, Amedeo, une fois qu'ils étaient allés au cinéma ensemble, quitta la salle avec lui et il lui demanda s'il voulait l'accompagner à la maison d'un ami.

"Qui est-ce ? Je le connais ?" lui demanda Fausto.

"Non... c'est un gars sympa... Je lui ai parlé de toi et il m'a dit qu'il aimerait te rencontrer..."

Fausto avait accepté. L'ami était un jeune homme très sympathique, et il était DJ sur une radio privée. Ils ont bavardé un peu, puis Amedeo s'excusa et alla aux toilettes. L'ami, qui était assis sur le canapé à côté de Fausto, lui sourit.

"Tu sais, tout comme Amedeo me l'avait dit, tu es un bien beau garçon ?" dit-il.

"Merci... Amedeo est très beau..."

"Oui, tout à fait. As-tu déjà fait l'amour avec un garçon ?"

Fausto le regarda surpris, il ne s'attendait pas une question comme ça... et en tout cas pas si directement.

"Eh bien ?" l'autre insista : "Aujourd'hui, les garçons le font souvent entre eux, ce n'est plus comme autrefois... Jamais fait, toi?"

"Eh bien... oui... ça m'est arrivé..." dit Fausto un peu incertain.

"Et ça te plaît ?"

"Ben... oui..."

"Et... Amedeo, il te plaît ?"

Fausto était de plus en plus confus, cependant, il hocha la tête.

"Tu ne voudrais pas le faire avec lui ?"

Fausto hocha la tête à nouveau, en se sentant rougir.

"Super. Alors je pars, je vais faire un tour. Amusez-vous, les gars !" dit l'autre et il se leva.

"Mais... mais Amedeo..."

"Tu lui plais beaucoup, mais il n'a pas osé te demander. Alors... il m'a demandé d'essayer pour lui. Au moins, si tu disais non, il n'aurait pas fait mauvaise figure, tu comprends ?"

"Mais c'est ton petit ami ?" lui demanda Fausto.

"Non, nous sommes juste amis. Je préfère les filles. Tu veux bien le faire avec lui, non ?"

"Oui... oui, bien sûr..."

L'ami sourit, cligna l'œil, hocha la tête et quitta l'appartement. Dès qu'il entendit le bruit de la fermeture de la porte, Amedeo revint. Ils se regardèrent.

"Il nous a laissés seuls..." dit-il d'une voix basse, s'arrêtant devant lui.

"Oui..." dit Fausto, ému, en se mettant debout.

"Veux-tu... venir dans sa chambre ?"

Fausto hocha la tête et sourit. Il le suivit dans la chambre à coucher. Amedeo commença à se déshabiller.

"Non, arrête." lui dit Fausto. "Je veux te déshabiller... et tu me déshabilles... Dieu, ça fait des mois que je... que je rêve de toi !"

"Je craignais d'essayer avant..." dit Amedeo avec un sourire timide. "Puis, la semaine dernière je lui en ai parlé et lui... il m'a suggéré cette solution... Si tu avais dit non... je revenais en faisant semblant de rien..."

"Mais il n'est pas gay."

"Non. Avant il vivait à Teramo, avec la famille, et j'étais le petit ami de son frère. Il savait à propos de nous, et ça ne lui créait pas de problèmes."

"Et tu es encore avec son frère ?"

"Non, juste avant mon départ pour le service militaire, son frère s'était mis avec un autre. Cependant lui et moi on est restés amis."

"Tu ne pouvais pas lui en parler avant ? Si tu savais combien je t'ai désiré, pendant ces mois..."

"Moi aussi. Mais il s'est transféré à Gênes il y a seulement une dizaine de jours, pour le travail."

Ils s'étaient déshabillés et ils s'admiraient l'un l'autre, excités, en se caressant par tout le corps. Amedeo alors le tira sur le lit, ils se couchèrent, s'étreignirent et s'embrassèrent profondément. Et finalement ils commencèrent à faire l'amour. Ce fut très beau, il y avait, de la part des deux, une tendresse forte, ravivée par un désir croissant.

D'abord Amedeo prit Fausto, avec une impétuosité juvénile, en lui souriant heureux. Puis il se fit prendre par Fausto, qui le jouit longtemps. Parfois, ils ralentissaient pour ne pas jouir trop vite, et ils s'embrassaient et caressaient, restant intimement unis, puis ils reprenaient avec une vigueur renouvelée.

Avant d'être congédiés de l'armée, ils sont retournés plusieurs fois pour faire l'amour à la maison de cet ami, qui les laissait volontiers seuls pour qu'ils jouissent l'un de l'autre. Quand ils se quittèrent, tous les deux regrettèrent de se séparer, mais aucun d'entre eux n'eut le cœur de se déplacer dans la ville de l'autre...


Pendant qu'ils mangeaient, ils se regardaient de temps en temps, et ils échangeaient un sourire, une plaisanterie, Fausto pensait qu'il aurait aimé avoir un ami comme celui de Gênes, pour être en mesure d'essayer avec Guido sans prendre trop de risques... Certes, il ne pouvait pas tout simplement lui dire : tu me plais trop, j'ai envie de toi ; viens coucher avec moi.

Enfin, ils finirent le déjeuner et revinrent vers la maison, marchant lentement côte à côte et continuant à causer de ceci et cela. En face de la loge, ils se sont dit au revoir et Guido prit l'ascenseur montant à son appartement.

Fausto fut pris par ses occupations, et pendant un certain temps il ne pensa plus à Guido. Il devait aller changer un tube néon qui avait sauté au troisième étage de l'escalier B, puis polir le laiton des deux panneaux de sonnettes externes et celles de chaque étage. Les fenêtres des paliers il les laverait le lendemain.

Ainsi passa l'après-midi. Il avait fermé les vénitiennes de la loge et était sur le point de commuter le clavier des sonnettes, quand quelqu'un sonna. Il appuya sur le bouton d'ouverture de la porte, sortit sur le palier à regarder qui c'était et sentit quelque chose remuer en lui. Il reconnut immédiatement celui qui entrait : il était Ermenegildo Letta, son ex, Gildo...

"Salut... qu'est-ce que tu fais ici ?" lui demanda-t-il.

"Salut, Fausto. Et toi ?" lui demanda Gildo, pas moins étonné que lui.

"Je suis le concierge ici... Chez qui vas-tu ?"

"Chez Nestore Grasso, escalier B huitième étage..."

"Il n'est pas encore rentré."

"Nestore m'avait dit de venir à sept heures."

"Il rentre d'habitude plus tard..." Fausto remarqua qu'il l'avait appelé par son prénom. "Nestore... Tu baises avec lui maintenant ?" lui demanda-t-il. "Je pensais qu'il le faisait avec son vendeur."

Gildo sourit : "Avec Dino ? Non, c'était moi qui baisais avec Dino... Mais Nestore me plaît beaucoup plus."

"Tu t'es mis avec lui ?"

"Pas encore, nous nous connaissons seulement depuis trois mois."

"Trois mois ? Trois mois que tu viens ici ?"

"Oui, mais généralement plus tard. Je ne savais pas que tu travaillais maintenant ici. Normalement, quand je viens la conciergerie est fermée. Et toi, tu as quelqu'un maintenant ?"

"Non, non... pas encore. Je ne savais pas que Nestore était gay."

"Mais si, tu m'as dit que tu pensais qu'il baisait avec Dino..."

"Je pensais, je ne pouvais pas être sûr. Vous vous êtes rencontrés dans son magasin ?"

"Oui. Il a de belles choses. Dino m'avait dit d'y aller pour acheter chez eux et ainsi... Avec Dino c'était juste du sexe... avec Nestore il semble que c'est en train de devenir quelque chose de plus sérieux. Je te trouve bien, de toute façon..."

"Tu te portes bien toi aussi, je vois. Tu ne t'étais plus montré, après que nous deux... Eh bien, moi non plus, pour être honnête."

"Nous avons dû laisser passer un peu de temps, non ? Mais... je suis content de te revoir. Après tout ... nous n'avons pas été mal, ensemble."

Entre-temps arriva Nestore. "Oh, Gildo, pardonne-moi, mais il y avait du trafic..." dit le jeune homme avec un sourire. "Allez, on monte..."

"Nestore, je ne savait pas que Fausto travaillait maintenant ici. C'est mon ex dont je t'avais parlé..." lui dit Gildo.

"Ah... eh bien, j'avais imaginé que Fausto pourrait être de la famille..." dit l'homme avec un sourire hésitant. "Eh bien... ce monde est petit, hein ?"

Ils échangèrent quelques plaisanteries, puis les deux sont allés jusqu'à l'ascenseur et Fausto retourna dans la conciergerie. Vraiment, le monde est petit, pensa-t-il. Il se demanda si ces deux allaient se mettre ensemble ou non ? Cela faisait déjà trois mois que Gildo allait chez Nestore pour baiser...

Il entra dans la cuisine et commença à préparer le dîner. La radio diffusait un débat entre deux hommes politiques, l'un de la majorité du gouvernement et l'autre de l'opposition, au sujet de la réouverture des maisons closes, pour éliminer les prostituées de la rue. Fausto se demandait si dans ce discours était comprise même la prostitution masculine ou non. Il sourit pensant que si un bordel s'appelait aussi «lupanar», un bordel pour gays aurait dû s'appeler «lup-anal»...

L'interphone sonna. Il alla à répondre et vit que l'appel venait de chez Nestore Grasso.

"Oui ?" il répondit.

"Fausto, on pensait, avec Nestore... pourquoi tu ne montes pas dîner avec nous ?" demanda la voix de Gildo.

"Non merci, je suis déjà en train de cuisiner. Ce sera pour une autre fois, si jamais... Je viendrai volontiers." lui répondit Fausto.

"Ah bien... d'accord. Salut."

"Salut... et amusez vous."

Gildo rigola et accrocha. Fausto retourna aux fourneaux.


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