Mercredi 27 - 8 heures 30
Ce matin, à part Silvia, j'ai juste Laura à conduire à l'école, parce que je dois emmener Roberto chez l'ophtalmo. J'attends qu'elle rentre et je repars. Je vais décharger Silvia à la maternelle.
Puis, avec Roberto comme seul passager, je repars dans le trafic. Il faut traverser presque toute la ville, l'ophtalmo a déménagé, mais je préfère l'emmener chez lui qui le suit depuis toujours.
Et je bats tous les records : on met une heure et demi à faire moins de neuf kilomètres !
J'ai plus utilisé le frein et le levier de vitesse que l'accélérateur et je maudis de tout cœur l'ophtalmo qui a déménagé et me fait perdre plein de temps. Par chance je ne mets "que" vingt minutes à trouver à me garer. Il est déjà presque onze heures !
Personne dans la salle d'attente, ça c'est du cul ! L'infirmière nous introduit dans la salle de consultation : c'est sûr, bien plus luxe que celle d'avant... évidemment il doit bien gagner. Mais on dit que c'est un des meilleurs de la ville.
La visite commence. De temps en temps le médecin me lance un coup d'œil. Qu'est-ce qu'il y a ? Il s'est aperçu de comme je suis beau ? Peu importe, il n'est pas mon type... ah ah ah !
"Vous savez, monsieur Passadore, il est absolument nécessaire de m'emmener Roberto au moins tous les quatre mois. Le petit, depuis Mars, a encore perdu un degré de vision..."
Et il l'a perdu où ? Toujours aussi désordonné, le petit animal ! Et puis, s'il voyait mieux, va savoir les bêtises qu'il me combinerait... Mais je ne dis rien et j'acquiesce, en me sentant coupable de la dégradation de la vue de Roberto. Mais au fait, si je le lui emmenais tous les mois, ça améliorerait sa vue ? Je voudrais le lui demander...
Il prescrit de nouvelles lunettes. Allez, trois paires à jeter. Bah, c'est pas les sous qui manquent, ni à son père ni à son grand-père, après tout. Cet après midi je l'emmène chez l'opticien à côté du supermarché et je lui fais faire de nouvelles lunettes.
On sort. On se remet dans le trafic mais il y en a moins qu'avant. En moins d'une demi heure on est enfin à la maison.
"Tu m'achètes de nouvelles lunettes ?"
"Bien sûr, Roberto."
"Trois paires ?"
"Non, juste une paire. Tu dois chercher des montures d'une couleur qui va bien avec tout, petit dandy !"
On arrive à la maison et je dois tout de suite faire le récit de la visite tant à papa qu'à maman. Mais je ne leur dis pas que le médecin m'a dit de l'emmener plus souvent, je dis juste qu'on doit y retourner en janvier. Mais...
"Le docteur a grondé tonton parce qu'il m'a pas emmené avant !" déclare Roberto.
Et tu devais dire ça ! Je lui jette un sale regard. Sale petit espion ! Heureusement tu l'as dit à ta grand-mère et pas à ton grand-père. Je n'ai pas eu le temps de faire les lits des petits. Alors j'emmène Roberto dans sa chambre et je décide de lui apprendre de nouveau à le faire (ça doit être la vingtième fois... tôt ou tard il apprendra, non ?). Après quinze minute et avec un peu de patience en moins de ma part, Roberto est encore empêtré entre les draps, la couverture et l'oreiller...
Je le laisse se débrouiller et je vais au pas de course à la cuisine. Quelque chose de rapide : je suis en retard. Si papa ne se met pas à table à douze heures trente pétantes, il se met à faire des sermons. Putain, les médocs de maman. Verre, pilules et en route, au pas de course. Et retour à la cuisine.
Roberto arrive et s'assied à table. Je le regarde, il me regarde.
"Je l'ai fait..." il annonce.
"Bien ?"
"Béh ? Je crois que oui. Ils peuvent pas les faire plus faciles, les lits ? Ou inventer une machine qui les fait ?"
"Travaille bien à l'école, deviens grand et invente-la, la machine qui fait les lit... et tu deviendras riche."
"Noon... Mais quand je serai grand je veux faire le loft."
"Tu veux participer au loft story ?"
"Non, je veux faire celui qui dit les règles. Comme ça je ferai partir Laura et Silvia et je les aurai plus dans les pattes."
"Bah... tôt ou tard on doit tous quitter le loft, non ? Ou peut-être que les autres nous mettront dehors."
"Oui. Rien n'est parfait. Je dois trouver une autre idée."
"Mais en tout cas, tôt ou tard, elles se marieront, non ? Et alors elles partiront de la maison." je lui dis.
"Et qui va les épouser, celles-là ? Surtout Silvia. Et toi, tonton, pourquoi tu te maries pas ?"
"Tu veux me faire partir de la maison ?"
"Non... C'est juste comme ça, pour savoir. Non, tu es le seul pas trop mal à la maison."
"Mais comment ça ? Et grand-mère ? Et grand-père ?"
"Grand-mère elle a que le temps de se lamenter et grand-père il s'occupe que de Silvia et Laura... Et puis... tu te laves avec moi, tu me mets au lit et tu me réveilles le matin."
"Et je te fais à manger et je lave tes habits et je les repasse... c'est pour ça que tu dois apprendre à faire ton lit comme il faut, hein ?"
"Si tu te maries, tu enverras ta femme au bureau et tu resteras à la maison avec tes enfants." déclare-t-il.
"Ah oui ? Et pourquoi ?"
Il hausse les épaules et ne me répond pas.
"Va dire à grand-père que c'est prêt. Je vais prendre grand-mère."
On mange. Roberto fait la conversation, alors on ne mange pas en silence comme les autres fois.
Le café bu, papa me demande : "Tu fais quoi cet après-midi ?"
Je le regarde : qu'est-ce qu'il a derrière la tête ?
"Je dois laver la voiture, il y a au moins un doigt de poussière, dehors et dedans... Et puis je dois emmener Roberto chez l'opticien pour ses nouvelles lunettes."
"Ah."
"Pourquoi tu ne l'emmène pas au lavage ?" me demande maman.
"C'est gaspiller l'argent !" gronde papa en rentrant au séjour. Puis il ajoute : "Passe au pressing prendre mon complet."
"Oui papa..."
Je craignais pire. Je raccompagne maman à sa chambre. Je retourne à la cuisine débarrasser et faire la vaisselle.
"Moi aussi je viens laver l'auto avec toi." déclare Roberto.
"Tu vas te mouiller et te salir partout." je réplique.
"Mais je viens juste regarder."
"Ah, d'accord."
On descend laver la voiture. Roberto est assis à côté et dirige les opérations. Je repense à la baise faite justement dans cette voiture des années avant... Ceux qui dessinent les voitures n'ont pas une pensée pour les pauvres garçons qui doivent les utiliser pour coucher ! Ben tiens, ils doivent pas avoir ce problème, eux !
15 heures 30
J'entre chez l'opticien avec Roberto. Le commis sert une adolescente avec sa mère. Ils mettent des plombes. Je regarde autour pendant que Roberto est vautré dans un fauteuil et feuillette un vieux numéro de Mickey.
La fille hésite entre les lunettes à monture en plastique en forme de papillons et d'autres sophistiquées à montures métalliques à deux pointes vers le haut, très femme fatale et une troisième paire, grande et à monture solides, qui ressemblent à celles d'Harry Potter... Elle les met, les remets et se regarde dans le miroir en se pavanant.
Enfin elle se décide pour celles à la Harry Potter. Et c'est enfin à nous. Je tends l'ordonnance au commis. Il se souvient qu'on est clients et il cherche la carte. Il ne la trouve pas. Il en fait une autre...
Roberto a les idées claires : il choisit lui aussi une monture à la Harry Potter. Elles seront prêtes vendredi matin. Parfait. Je passerai les prendre en allant faire les courses. Avant de revoir Gian... L'idée me remplit de joie.
On passe au pressing récupérer le complet de papa. L'employée me dit qu'il manquait deux boutons, alors ils ont dû tous les changer. Evidemment c'est plus cher.
"Une série complète de boutons, la main d'œuvre, vous comprenez monsieur Passadore... On a mis deux boutons de réserve dans la poche intérieure, un grand et un petit..."
Est-il possible qu'à chaque fois il perd des boutons papa ? Mais que diable en fait-il ? Il les mange, il les joue au poker ou il les revend ? Et puis je voudrais bien savoir ce qu'il peut bien faire les rares fois où il sort. Quand je lui ai demandé il m'a regardé de travers et il ne m'a pas répondu. Je parie qu'il a une maîtresse... Sinon, pourquoi ne répondrait-il pas ? Et puis... ça fait combien de temps qu'il n'a pas baisé avec maman ?
À la maison, juste à temps pour poser le complet de papa et aller chercher Laura à l'école. Aujourd'hui je dois l'emmener au piano, comme chaque mercredi. À peine on arrive chez son prof que ce dernier lui demande si elle a apporté les partitions pour vérifier ce qu'elle devait apprendre. Laura se frappe le front de la main et dit qu'elle a oublié, qu'elle les a laissées sur le piano. Le prof de piano me regarde l'air dégoûté.
"Comme ton père t'a amenée, il pourrait aussi se préoccuper de ce que tu as pris ce qu'il te faut !" dit-il.
"Je ne suis pas le père, je suis le domestique !" je le rabroue d'un ton acide. Mais va te faire foutre !
Laura rigole mais ne démentit pas. Monsieur le maestro me regarde un peu confus et s'en sort par un "Ah. Bien... vous ne pourriez pas quand même aller les chercher ?"
Je salue et je sors. Quel con ! Aller-retour à toute blinde. Juste à temps pour aller prendre Silvia à la maternelle.
Mademoiselle est déjà à la porte à côté de la maîtresse Dorina. Elle monte en voiture, elle me regarde en entrant puis, pendant qu'elle boucle la ceinture sur son petit siège, elle dit : "Tonton, quel air en colère tu as, aujourd'hui !"
Ouiii ! C'est pour mieux te manger, mon enfant ! Silvia se met à chanter une comptine sur deux crocodiles et un orang-outan... Je parie qu'elle le fait exprès pour me gonfler.
17 heures 45
De nouveau à la maison. Je les envoie se laver. Roberto fait la gueule parce qu'il veut se laver avec moi et pas avec "celles-là". Je jette Silvia et Roberto à la casserole et les fagiolini dans la baignoire. Zut, c'était le contraire ! Un tour à la salle de bain vérifier si c'est le déluge universel. Je les sèche et les fais mettre en pyjama. Silvia veut jouer avec Roberto au papa et à la maman. Roberto lui répond qu'il est pédé !
Quoi ? Mais putain qu'est-ce qu'il veut dire ? Silvia ne se dégonfle pas et dit qu'il est pas pédé, qu'il est un artichaut. Roberto lui dit qu'elle c'est une mafieuse. Silvia lui demande si ça se mange. Roberto rit. Silvia s'en va furieuse et va faire sa bêcheuse chez son grand-père.
Je prends Roberto par un bras et je l'emmène à la cuisine, je le fais s'asseoir et tandis que je commence à éplucher les patates je lui demande si il sait ce que c'est un pédé.
"Bien sûr que je sais, c'est quelqu'un qui veut se marier avec un garçon, pas avec une fille !" déclare-t-il en me regardant à travers ses vieilles lunettes à monture rouge.
"Deux hommes ne peuvent pas se marier !"
"Mais si, tonton, maintenant ils vont faire la loi sur le pack ! Même que le pape il est pas d'accord."
C'est qu'ils sont évolués, ces petits !
"Et qui t'a raconté ça ?"
"Ben, les copains, à l'école."
"Et toi tu veux te marier... avec un garçon ?"
"Mais non ! Moi je me marierai avec une starlette !"
"Ah. Et pourquoi ?"
"Parce que."
"Ce n'est pas une réponse."
"Parce que... parce que Valentino Rossi est trop vieux pour moi."
Que vient faire Valentino Rossi là-dedans ? Je préfère ne pas approfondir et changer de sujet. Il ne doit pas avoir les idées trop claires. Et puis... c'est pas contagieux d'être pédé, je peux pas le lui avoir transmis. Mais peu importe, moi je l'épouserais bien, Valentino Rossi...
Je lui demande ce qu'il a fait de beau à l'école. Il me regarde comme si je lui avais demandé combien il a de nez... Il hausse les épaules et ne répond pas.
Oh, c'est l'heure de chercher notre Arthur Rubinstein en herbe. Je sonne et elle descend. Elle grimpe dans l'auto, je vérifie dans le rétro qu'elle a mis sa ceinture.
"Comment ça a été, la leçon ?"
"J'ai perdu vingt minutes, à cause de ces partitions !"
"Parce que tu ne les as pas prises, n'est-ce pas ? Les partitions n'y sont pour rien." je lui fais remarquer.
"Mais on peut pas se rappeler de tout, hein, tonton ? Avec tout ce que j'ai à faire..."
À qui le dis-tu... À qui le dis-tu !
À la maison, je mets la voiture au garage, je ne devrais plus en avoir besoin ce soir. Je ne fais pas attention à la manœuvre et je fais tomber une pile de cartons sur le capot.
"Maais... tonton ! Fais attention ! Mais qui t'a donné ton permis ?" s'exclame Laura, scandalisée.
"À l'auto-école on ne m'a pas appris à me garer dans un garage encombré de vieilleries inutiles !" je réponds sèchement.
"Si grand-père voit ce que tu as fait..."
"Il m'envoie au lit sans dîner !" je lâche énervé en remettant les cartons en place. "Et si tu fais la moucharde... je te tords le cou !" j'ajoute par sécurité.
Maison. Silvia annonce à Laura qu'aujourd'hui elle ne fait pas sa douche avec elle parce qu'elle s'est déjà baignée avec Roberto.
"On dit pas faire la douche mais prendre une douche, cruche !" la corrige Laura.
Silvia lui tire pas loin d'un mètre de langue... Putain, mais cette naine grandit plus de la langue que du reste !
Tant bien que mal on arrive à l'heure du dîner. Ce soir les trois monstres sont en veine de bavarder et nous font une tête comme ça. Papa les écoute en extase, il acquiesce et pose des questions, maman a l'air de souffrir les tourments de l'enfer mais de temps en temps elle fait une grimace dont elle doit croire que c'est un sourire. Je me dis que si ça ne me donne pas mal à la tête, c'est juste parce que je n'ai plus de tête.
Après le dîner, par chance Laura ne se met pas au piano comme tous les soirs avant d'aller se coucher. Elle se met à lire un livre sur la vie des fourmis. Un après l'autre, je couche les trois trésors. Silvia se lamente, comme souvent, qu'aujourd'hui elle n'a même pas eu le temps de jouer un peu. Roberto veut que je lui raconte une histoire de monstre. Je lui dis que je dois d'abord faire la vaisselle, je lui raconterai après. En finissant de tout ranger à la cuisine, je me demande ce que je vais lui raconter...
Quand enfin j'ai tout fini, je vais dans sa chambre... Il s'est endormi, les lunettes sur le nez. Je les lui enlève tout doucement, je les mets sur sa table de nuit, je lui fais une caresse, j'éteins... je vais sortir de sa chambre...
"Demain il faut que tu m'en racontes deux..." murmure-t-il d'une voix basse et ensommeillée.
"On verra. Dors maintenant..."
Je murmure pour qu'il ne se réveille pas complètement et je me mets à l'abri.
J'apporte ses médicaments à maman. Puis je l'installe pour la nuit.
"Bonne nuit, maman."
"Paroles gâchées, mon Mario. Quand la nuit pourra-t-elle jamais être bonne pour moi, réduite à ce que je suis..."
Et que puis-je lui dire ? J'allume sa lampe de chevet, j'éteins le plafonnier et je sors.
Papa est encore devant la télé. Je jette un œil au séjour. Il s'est endormi dans son fauteuil et il ronfle un peu... Je le laisse dormir là, je baisse un peu le volume. Je ne me hasarde pas à le réveiller ou il va encore se fâcher contre moi.
"Mais tu y penses, me réveiller pour me faire aller dormir !" il m'a dit une fois en me regardant comme si j'étais l'être le plus idiot de la terre.
"Mais tu ne dors pas mieux dans ton lit ?" j'essayais de me défendre.
"Et qui t'a dit ça ?"
Oh, lui, pour me donner tort, il serait prêt à dire qu'il aime dormir debout, comme les chevaux ! J'ai résisté à l'envie de mettre le feu à l'appartement et de les faire rôtir tous à petit feu...
Enfin je vais dans ma chambre. Je me déshabille et je me jette sur mon lit, vraiment épuisé.
Je m'endors lentement et doucement, en m'abandonnant au repos bien mérité, quand un hurlement lacérant me réveille. Je saute du lit comme un ressort, je me cogne méchamment une jambe contre un coin du lit, je sors dans le couloir en me demandant qui a hurlé. Ça devait être Silvia. J'entre dans la chambre des filles... tout semble en ordre, elles dorment comme des anges. Au moins quand elles dorment elles ont l'air d'anges... Je crois qu'elles devraient dormir tout le temps.
Je vais vérifier chez Roberto. Lui aussi dort paisiblement, ce n'était sans doute pas lui... j'allais aller chez maman quand papa sort du séjour, l'air abruti et s'éloigne en traînant ses pantoufles, vers sa chambre.
"Qui a crié, papa ?" je lui demande, mon cœur bat encore à cent à l'heure. "Tu as entendu ?"
Il me regarde comme si j'étais un martien. Mais ? Il a entendu lui aussi, non ?
"Ça doit être Kerry... Son dur à cuire de fils lui a mis un crapaud dans son lit..." bredouille-t-il.
"Mais qui c'est cette Kerry ?"
On n'a pas de voisine qui s'appelle Kerry, et puis, comment pourrait-il connaître le coup du crapaud ?
"Ben, un personnage du film." me dit-il comme pour me faire remarquer que je suis vraiment un imbécile.
Mais qu'ils se fassent foutre tous ces téléfilms américains. Je m'en vais te l'éclater à la hache cette télé, bordel de merde ! Je retourne dans ma chambre et je me jette sur le lit, très en rogne. Mais ma jambe me fait mal. Je baisse mon pantalon de pyjama et je regarde... Je me suis écorché et ça saigne.
Je me relève, je vais à la salle de bain, je me désinfecte et je mets un sparadrap. Je me regarde dans le miroir du lavabo. Oh la sale gueule qui me regarde dans le miroir ! Si Gian me voyait maintenant, il s'enfuirait.
Le dossier de ma béatification s'épaissit de jour en jour. Saint Mario pédale et martyre !
De nouveau sur mon lit. J'espère que je vais dormir. Gian me revient à l'esprit... après demain je le revois... Je ne sais pas pourquoi mais je sens un sourire hébété distendre mes muscles faciaux. Mon dieu, je me contenterais de peu. Enfin... il s'est souvenu de moi, il m'a souri et on a même échangé quelques plaisanteries...
Alors que le sommeil s'empare enfin de mon corps et de mon esprit, je le vois... Il est au supermarché et il pousse son caddie. Moi je suis dans le caddie et, heureux, je le regarde... Il me regarde et me fait de l'œil... Tous les clients autour nous regardent avec envie... Gian me refait un clin d'œil... il va à la caisse pour payer.
La caissière lui demande : "Oh, Gian, tu veux un emballage cadeau ou c'est pour consommer sur place ?"
"Jalouse ?" lui demande Gian en lui mettant en main une poignée de pièces.
Rideau. Je n'entends même pas les applaudissements.