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histore originale par Andrej Koymasky


LA CORBURE
DU COU
CHAPITRE 11
ET ENFIN ARRIVE UN BEAU WEEK-END !

Samedi 14 - 10 heures 45

J'ai revu Gian mercredi soir, juste une petite demi-heure, puis vendredi matin : après les courses on a de nouveau fait l'amour. Puis ce matin je suis allé prendre Daniel à l'aéroport. Je lui ai dit tout de suite que je voulais le samedi après-midi et tout le dimanche libres et que je dormirai dehors.

Il m'a regardé, puis il m'a demandé : "C'est qui ? C'est sérieux ?"

"Oui, c'est sérieux. Tu ne le connais pas. Je veux m'installer avec lui. Mais avant je dois tout organiser. Tu as essayé de demander ta mutation ?"

"Ce ne sera pas facile. Je regarde aussi les offres d'emploi ici, au cas où ils ne me muteraient jamais. Et toi... tu cherches les aides ?"

"Oui, j'ai passé le mot... je regarde aussi les petites annonces et j'en ai mis une, mais rien pour l'instant."

"Il est comment ?"

"Qui ?"

"Ton garçon..."

Je souris. Chaque fois que je pense à Gian, je souris. "Ce n'est pas un garçon, je crois t'avoir dit qu'il a sept ans de plus que moi."

"Peut-être, je ne m'en souviens pas. Mais il est comment ?"

"Beau... gentil... doux... fort... bon..."

"Et il fait quoi ?"

"C'est le nouveau pédiatre de tes enfants."

"Ah. Tu l'as connu comme ça ?"

"Non. Je l'ai découvert après, quand je lui ai emmené Silvia."

"Et... tu veux aller vivre avec lui ? Vous l'avez déjà décidé ?"

"Plus ou moins. D'abord je dois trouver les trois aides, bien sûr. Il n'habite pas loin de chez nous, je pourrai aller souvent voir si tout va bien... au moins jusqu'à ce que tu rentres ici."

"Et tu feras l'homme au foyer pour lui ?"

"Et pourquoi pas ? Je me débrouille plutôt bien désormais."

"Tu n'as pas peur de... de sauter de la poêle dans les braises ?"

Je le regarde un peu stupéfait, mais je dois regarder la route ; je conduis. "C'est toujours mieux pour un seul que pour cinq, non ? Mais je ne crois pas. Et puis, si je n'essaie pas, je ne le saurai jamais."

"Papa est vraiment furieux contre nous deux."

"Dommage pour lui. Ça lui casse les couilles de perdre trône et couronne, mais il faudra qu'il s'y résigne. Et tu en profiteras un peu toi aussi."

Il soupire : "De toute façon... je te comprends..."

"Au moins toi. Même si j'ai dû... te faire chanter, comme tu m'as dit."

"Mais non... J'étais un peu... Tu as filé un coup de pied dans mon train-train... Mais je crois que... je pense que tu devais le faire."

"Merci. Et puis tes enfants ont besoin de toi. Plus que de ton argent : de ta présence,. Tu ne dois pas les en faire manquer. Tu viendras tous les week-ends, comme je te l'ai demandé ?"

Il soupire encore : "Oui... après tout... après tout je ne renonce à pas grand chose."


16 heures 20

Je me suis installé chez Gian pour passer le week-end avec lui, c'est notre première nuit ensemble. Je suis arrivé chez lui avec juste ma brosse à dent dans une main et une rose dans l'autre.

Il m'a emmené dîner dehors en disant qu'il n'avait pas envie de faire la cuisine. Nous avons parlé, parlé et nous nous sommes caressés et embrassés... juste du regard. Puis, comme il faisait doux, on a fait une promenade. Puis...

Puis il m'a emmené dans une boîte. Pas un endroit gay. Sur un côté il y avait une piste de danse avec quelques couples, bien sûr des 'elle et lui'. On s'y est encore parlé, on s'est dit et demandé plein de choses. Une espèce de cour.

Minuit venait de sonner. Il me regarde, en silence.

"À quoi tu penses ?" je lui demande.

Ha ! La question cliché de l'amoureux qui voudrait pouvoir être dans la tête de l'être aimé.

Il sourit. Il ne répond pas mais il sourit avec douceur. Je me sens frémir. Il désigne de la tête la piste de danse, maintenant un peu plus fréquentée.

"On va danser ?"

Putain, ça me dirait... "Mais on est deux garçons."

"Je m'en doutais. Mais regarde, il y a aussi deux couples de filles. Et puis, qui s'en soucie ?"

On y va. On se met à danser, l'un face à l'autre, l'un pour l'autre. Une autre étape de notre cour. Mes yeux lui disent mon désir. Ses yeux me disent son désir. C'est magnifique...

"Quel dommage que..." je lui crie en m'approchant, pour me faire entendre par dessus la musique.

"Quoi ?"

"Qu'on ne puisse pas... s'embrasser."

"Tu crois ?" il me demande, et il me prend dans ses bras et il m'embrasse ! Là, au milieu de tout le monde !

Je sens ma tension s'évanouir, je meurs de bonheur, mais mes yeux balayent de droite à gauche, un peu inquiets. Je me détache à peine de lui.

"Tu es fou !" je murmure, très ému.

"Oui, complètement." dit-il.

Il prend ma tête entre ses mains et il m'embrasse encore. Du coin de l'œil je vois une fille qui regarde... et sourit. Je ferme les yeux et je décide de m'en moquer.

Une voix virile, hors champ, dit avec mépris : "Mais regarde ces pédales !"

Une autre vois, féminine, elle aussi hors champ, dit : "Ce que tu peux être con, Lucio !"

"Plutôt con que pédé." dit-il.

Gian et moi continuons à nous embrasser et à danser tout collés, en nous en foutant complètement.

"Ben alors va te trouver une conne de ton niveau à qui casser les couilles !" dit la voix féminine.

On se détache et on se regarde les yeux rieurs. Il me prend par la main et m'emmène hors de la piste de danse, vers la sortie.

"Allons à la maison ou je te déshabille ici !" me dit Gian.

Sa hâte me plait. On sort, on prend sa voiture.

"Toute la nuit pour nous... tu te rends compte ?" dit-il en partant.

"On devrait aussi dormir un peu..." je réplique joyeusement.

"Tu crois ? On verra !"

"Pourquoi ce soir tu as mis cette veste qui te cache le cou ?" je lui demande.

"Parce qu'il ne doit plus séduire personne..." me répond-il avec un sourire malicieux... et délicieux.

Maison. Au lit, au pas de course... On n'a presque pas dormi, comme l'avait prédit Gian. Ce n'est qu'à l'aube, après avoir fait et refait l'amour, qu'on s'est abandonnés au sommeil, épuisés et heureux. Ou heureux, bien qu'épuisés.


Dimanche 15 - 13 heures 10

Je me réveille, j'ouvre les yeux et je vois son profil, je me redresse et m'assieds... Gian dort encore, et son visage est serein, détendu, incroyablement beau. Tout son corps, relâché et languide à côté de moi, me paraît incroyablement beau. Peut-être parce qu'il est mien, comme je suis à lui. Mais alors, peut-être que lui aussi me trouve incroyablement beau, puisqu'il m'aime et que je suis sien. Rien que d'être à ses côté me donne une sensation de chaleur et de sécurité.

Je me penche vers lui et j'effleure ses lèvres avec les miennes. Il ouvre les yeux et il sourit.

"Salut..." il murmure.

"Salut." je lui réponds.

Il prend mon visage entre les mains et il m'attire à lui, on s'embrasse. Nos langues jouent et se reconnaissent joyeusement.

"Tu viens te doucher avec moi ?" me demande-t-il.

Oh oui. Quand on sort du lit j'admire encore son corps fin, athlétique, viril... et mien !

"Tu n'as pas un peu faim ?" il me demande en fermant la porte de la cabine de douche.

"Je ne sais pas... je suis trop occupé..."

"Occupé ?"

"À jouir de ta vue. Je te mangerais."

Il règle la température de l'eau puis la fait jaillir sur nos corps. Il me serre et m'embrasse pendant que l'eau caresse notre peau. Nous sommes vite tous les deux excités.

"Tu me laves et je te lave." me dit-il.

"On ne fait pas... l'amour ?"

Il rit, joyeux : "Non... après... Laissons monter le désir et ce sera encore plus beau..."

Je fais mine de faire la gueule : "Tu t'es déjà lassé de moi ?"

"Tu ne sens pas l'effet que tu me fais ?" me dit-il en pressant son érection contre moi.

"Et... tu ne te lasseras pas de moi ?"

"Tu me l'as déjà posée, cette question, et je t'ai déjà répondu."

"Mais quand... quand on vivra ensemble... tu ne te lasseras pas ?"

"En trente deux ans je ne me suis pas lassé de moi, OK ? Alors je crois que pour au moins encore trente deux ans je ne me lasserai pas de toi."

"Et après trente deux ans ?"

"On verra... contrat tacitement renouvelable, je pense."

On se sèche. On va à la cuisine préparer quelque chose pour le déjeuner. Gian décide qu'on doit rester nus.

Je proteste : "Mais c'est le supplice de Tantale !"

"Essaie de résister. Après... je te donnerai ta récompense."

"Mais qu'attends-tu de moi, Gian ?"

"Que tu ne critiques pas ce que je te ferai à déjeuner."

"Non, allez, sérieusement. Tu attends quoi, en te mettant avec moi ?"

"Que... à mesure que tu découvriras aussi mes défauts, tu sauras les supporter."

"La chose est réciproque."

"Bien sûr. Tu les supporteras, j'espère et... peut-être que tu m'aideras à las corriger."

"Si j'en trouve, on en parlera. Tu en as tant ? Des défauts, je veux dire."

"Peut-être plus que je ne m'en rends compte. Certaines choses qui pourraient te sembler des défauts ne le sont peut-être pas pour moi... et vice-versa."

"Je ne t'en ai pas encore trouvé..."

"Ni moi chez toi, mais c'est parce qu'on est amoureux. Mais quand cela mûrira en amour..."

"Toi, quand tu es chez toi, tu es toujours nu ?"

"Non, Mario. Mais comme je veux te voir nu, par équité..."

"Tu es un obsédé sexuel ?" je lui demande en plaisantant.

"Tu ne t'en étais pas encore aperçu ?"

Il est aux fourneaux. J'ai trop envie de lui... en silence je vais dans sa chambre et je prends deux préservatifs dans sa table de chevet. Je reviens. Il est affairé. Je crois qu'il n'a rien remarqué. Je me mets dans son dos et je caresse son beau derrière.

"Tu n'es pas le seul obsédé sexuel ici..." je murmure et j'embrasse son beau cou.

Il se pousse un peu en arrière pour sentir mon érection... Je lui mets la main sur la poitrine et j'effleure ses tétons... Il gémit doucement et je me presse plus fort contre lui...

"Eteins le gaz..." je lui suggère. "Tu finiras après..."

Il obéit... Je me prépare... Je pousse... Il m'accueille en lui... et plusieurs minutes je danse en lui et on oublie complètement le repas. Quand je suis arrivé à l'orgasme, il se tourne, m'embrasse et me pousse contre la table, m'y fait étendre sur le dos, me fait poser les jambes sur ses épaules et il prend une magnifique et passionnée revanche.

Quand en fin nous nous asseyons pour manger, il est presque déjà trois heures. Nous mangeons en silence, en se regardant, en se souriant, en s'offrant des bouchées l'un à l'autre...


Lundi 16 - 8 heures 45

Daniel est parti hier soir et sur la route de l'aéroport il m'a demandé comment ça avait été avec Gian.

"J'ai demandé à Silvia comment était son pédiatre..." me dit-il après.

"Ah. Et elle a dit quoi ?"

"Beau, elle a affirmé."

"Elle a bon goût, Silvietta." j'ai commenté.

"Tu me le présenteras ?" il m'a demandé.

"Oui, bien sûr, tôt ou tard."

J'ai emmené les trois petits à l'école. J'allais remonter à la maison quand je rencontre la voisine du septième.

"Monsieur Mario, j'ai entendu dire que vous cherchez une aide. Vous l'avez trouvée ?"

"Pas encore."

"Si ça vous intéresse, les cousines de mon aide ménagère... Ce sont quatre sœurs et deux d'entre elles cherchent du travail. Des italiennes, pas des immigrées."

"Il m'en faudrait trois..."

"Tenez, je me suis fait donner leur téléphone. Voyez avec elles."

"Et quel âge ont-elles ?"

"Je crois que la plus jeune à vingt deux ans et la plus vieille l'âge de la mienne, trente deux ou trente trois ans. Mais je ne sais pas lesquelles cherchent du travail."

Je la remercie, je prends le feuillet et je rentre. Je vais tout de suite dans ma chambre et j'appelle avec mon portable. Je veux pouvoir parler tranquillement, sans que papa entende. Une voix féminine répond.

"Allô ? Je m'appelle Mario Passadore. Je suis chez les Torrisi ?"

"Oui... vous désirez ?"

Je lui explique comment j'ai eu son numéro et ce dont j'ai besoin. On se met d'accord pour qu'elles viennent à la maison pour voir si on peut s'entendre. Je lui dis de venir l'après-midi à cinq heures et demi, après que je sois allé chercher Silvia à la maternelle.


17 heures 30

Les quatre sœurs arrivent, en escouade. Je les fais s'installer à la cuisine, parce que papa ne se bouge pas du séjour. Elles s'appellent Rosaria, Giovanna, Angelina et Marilena. J'explique tout ce qu'il y a à faire à la maison et que je cherche trois personnes qui se relaient. Giovanna est celle qui dirige le quartet, c'est soudain évident. Elle me pose un paquet de questions. Puis elle me demande combien je pense donner comme salaire horaire.

J'en viens à savoir que deux d'entre elles sont aides ménagères, mais à temps partiel, dans deux familles. Leur père est maçon, leur mère, avec l'aide des quatre sœurs, tricote des pulls sur mesure à la maison, qu'elle vend à un commerce. L'aînée est mariée, aussi avec un maçon, et elle a un petit de sept ans et un de deux ans.

Giovanna, après me l'avoir demandé, fait un rapide conciliabule avec ses sœurs, en dialecte sicilien et je ne capte presque rien.

Puis elle me dit : "Si je comprends bien, votre besoin n'est pas tant les huit heures d'affilée ou que nous soyons deux, trois ou quatre, mais c'est de couvrir les vingt-quatre heures, exact ?"

"Ben, oui..."

"Alors si nous fixons les tours entre nous quatre, vous nous payez la semaine et nous nous arrangeons pour partager la paie, qu'en dites-vous ?"

"Mais deux d'entre vous travaillent déjà, non ?"

"Mais nous pouvons facilement nous relayer. Et celle qui fera la nuit peut apporter sa laine et faire du tricot, non ? Ça ne vous pose pas de problème, n'est-ce pas ?"

"Non, bien sûr."

"Les premiers jours vous serez là pour voir si on fait les choses comme vous voulez, non ? Puis, si vous êtes content de notre travail, petit à petit on pourra le faire seules."

"Tout ça me semble plutôt bien..."

Cette Giovanna m'a l'air d'un vrai général. Elle a aussi l'air intelligente. J'appelle les trois petits et je fais les présentations, puis je les emmène voir maman, faire le tour de la maison, puis rencontrer papa, qui les regarde avec suspicion mais ne dit rien. Elles décident de prendre leur service le lendemain matin à huit heures, comme ça elles verront où est l'école de Laura et Roberto et la maternelle de Silvia.

Elles ont une vieille Panda qu'elles utiliseront à tour de rôle : celle qui va prendre son tour la prend pour venir et celle qui finit son tour repart avec. Super organisées.

À peines elles sortent, les premiers à m'assaillir sont les trois petits.

"Tonton Mario, c'est ces quatre là qui viennent prendre ta place ?" me demande Laura. "Toutes les quatre ?"

"Oui, chacune quelques heures."

"Elles ont l'air sympathiques..." commente Laura.

"Mais je devrai pas prendre ma douche avec elles, hein ?" me demande Roberto, méfiant.

Je souris : "Non. Quand je serai à la maison, tu la prendras avec moi. Et puis, maintenant tu sais bien te laver tout seul, non ?"

La dernière est Silvia : "Mais... Tonton... elles me feront jouer, au moins ?" elle me demande, préoccupée.

"Je pense vraiment que oui, quand elles n'ont pas de travail dans la maison. Un peu comme moi, en somme."

"Mais moi... cette Angelina... elle me plait pas." proteste Silvia en faisant la grimace.

"Et pourquoi elle ne te plait pas ? Tu l'as à peine vue... D'après moi il n'y aura pas de problème. Si toi tu n'en fais pas."

"Elle porte un pantalon, c'est ça qui me plait pas."

"Mais la maîtresse Iris aussi porte des pantalons, Silvia."

"Justement !" déclare-t-elle, batailleuse.

Puis je vais chez maman. "Alors maman, que dis-tu de ces quatre jeunes femmes ?"

"Que veux-tu que j'en dise... Et puis, c'est vous qui décidez tout, non ?"

Je soupire. "D'accord, mais quelle impression elles t'ont fait ?"

"Oh... je m'y ferai, ne t'en fais pas. Je n'aurai pas le choix."

"Moi elles m'ont fait bonne impression..." j'insiste.

"Et celle qui fait la nuit, elle fait quoi ? Elle dort où ?"

"Elle ne dort pas. Si tu veux elle sera dans ta chambre avec toi, sinon elle sera à la cuisine, on verra. Elle dormira chez elle, le jour."

"Et combien ça coûtera ?"

"Ne t'en fais pas pour ça, maman, entre papa et Daniel il n'y aura pas de problème."

Pour finir, j'affronte papa. À peine dans le séjour, avant même que je lui demande quelque chose, il me lance un sale regard.

"Fallait que tu choisisses des siciliennes ? Qui va les comprendre ?"

"Tu préfères des immigrées ? Peut-être des sénégalaises ? Ou des roumaines ? Des philippines ? Et puis, elles parlent italien, tu ne t'en es pas aperçu ?" je lui demande, belliqueux.

"La plus jeune... elle est pas trop jeune ?"

"Je ne crois pas. Quand vous m'avez déchargé la maison sur les épaules j'avais juste son âge. J'étais trop jeune, moi ?"

"C'est impossible de discuter avec toi. On dirait que tu t'amuses à me donner tort depuis quelques temps."

"Et c'est toi qui dis ça ! Enfin, la chose est arrangée. Et essaie de ne pas leur rendre la vie impossible."

"Tu veux toujours avoir le dernier mot !" il m'accuse.

"Bien sûr !" je lui dis, joyeux.

Enfin, je touche du bois. Je les ai averties que ma famille est "difficile", mais ça n'a pas l'air de les inquiéter. Ma liberté dépend d'elles. Si ça marche bien, quand elles se seront acclimatées, je commencerai à les laisser seules de plus en plus souvent, jusqu'à m'installer définitivement chez Gian.

Rien qu'à l'idée, je me sens heureux.

Je vais dans ma chambre et j'appelle Daniel, pour lui dire la nouvelle.

"Elles viennent aussi les samedi et dimanche, non ?"

"Comme elles sont quatre, elles ont dit qu'elles pouvaient."

"Bien, comme ça je pourrais rester plus avec les petits."

"Bien sûr, parfait. Du nouveau pour ta mutation ?"

"Pas encore. Ils continuent à me dire que pour l'instant ce n'est pas possible, mais que ce n'est pas exclus."

"Mais tu leur a dit que sinon tu cherches un autre emploi ?"

"Pas encore, même si je le leur ai fait comprendre entre les lignes. Mais entre ces femmes et toi... tu peux tenir encore un peu, n'est-ce pas ?"

"Oui, Daniel, oui. Mais plus que pour moi, tu dois le faire pour tes enfants, putain ! Moi, à ce stade, si papa nous met pas des bâtons dans les roues, je m'en tape."

"Je vais l'appeler, Mario, comme ça j'entendrai ce qu'il en dit et j'essaierai de le neutraliser. Je parie qu'il ne l'a pas bien pris, hein ?"

"Pari gagné." je lui dis.

On se salue. Il ne passe pas cinq minutes que le téléphone sonne. Je vais à la cuisine, d'où je peux entendre ce que dit papa.

Cette fois c'est Roberto qui arrive le premier au téléphone.

"Salut papa !"

"..."

"Il y a quatre femmes qui sont arrivées qui doivent faire le travail de tonton Mario." lui annonce Roberto.

"..."

"Oui. Ben, je sais pas. Je les mettrai à l'épreuve."

Je souris. Ils échangent encore quelques phrases, puis il passe le téléphone à Silvia, puis à Laura qui enfin appelle son grand-père. Je suis toute ouïe...

Comme je le pensais, papa proteste, râle, fait plein de difficultés, mais à ce qu'il dit je comprends que Daniel travaille à l'amadouer. Quand mon père repasse le téléphone à Silvia, je retourne dans ma chambre et j'appelle Gian.

"Salut Mario !" me dit-il d'un voix joyeuse.

"Comment tu sais que c'est moi ?"

"C'est ton numéro que j'ai vu s'afficher, non ?"

Evidemment, quel idiot... Je lui dis que j'ai peut-être trouvé les aides-ménagères et je lui raconte tout, de l'impression que m'ont faite les quatre femmes aux réactions de ma famille. Et je lui dis qu'elles commencent demain à huit heures.

"Parfait. J'espère qu'elles feront l'affaire." me dit-il.

"Comme ça, si tout file doux, je pourrai vite m'installer chez toi."

"Tu as commencé à y préparer ta famille ?"

"Voyons d'abord comme ça marche avec ces quatre-là. De toute façon je les y préparerai, petit à petit. Daniel le sait déjà. Ah, il a dit qu'il voudrait te connaître. Ça te dirait si dimanche prochain, quand il vient, je vous fasse vous rencontrer ?"

"J'espère que je lui ferai bonne impression."

"L'important c'est que tu m'aies fait bonne impression à moi !" je lui réponds gaiement.


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