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histore originale par Andrej Koymasky


LA CORBURE
DU COU
CHAPITRE 12
UNE JALOUSIE ABSURDE
ET DIVERSES PRÉSENTATIONS

Vendredi 20 - 9 heures

Aujourd'hui j'ai accompagné les trois petits à l'école avec la quatrième sœur Torrisi, Marilena et maintenant elles savent toutes les quatre où sont l'école et la maternelle et elles peuvent désormais les y accompagner sans que j'y aille aussi.

Pendant qu'on rentre à la maison, après avoir déposé Silvia, Marilena me dit : "Et jusqu'à présent... vous faisiez tout cela tout seul, monsieur Mario ?"

"Oui..."

"Et vous n'êtes pas encore devenu fou ?"

"Il s'en est fallu de peu. Mais combien de mères ont une vie comme la mienne ?"

"Excusez que je me permette, mais... si au moins votre père donnait un coup de main à la maison. C'est encore un homme valide, il pourrait le faire."

Je hausse les épaules et je souris. Marilena continue :

"Et puis, enfin d'habitude, une femme au foyer a au moins un mari qui, quand il rentre du travail, lui donne un coup de main à la maison, comme font mon père ou mon beau-frère..."

"C'est pour ça qu'avec mon frère nous avons décidé de chercher de l'aide et nous vous avons embauchées. Mais comment vous sentez-vous, chez nous ?"

"Bien, monsieur Mario, bien. Votre père est un peu... pas trop affable, mais ce n'est pas grave. Votre mère, la pauvre... dans ces conditions... Et les trois petits ne font pas trop de caprices, ils sont bien élevés. Mais vous, plutôt, vous êtes content de nous ?"

"Oui, bien sûr. Surtout moi. Enfin j'ai un peu de temps pour penser à moi-même, après trois ans d'escl... à tirer la charrette comme un mulet."

J'allais dire "d'esclavage"... Mais je ne veux pas avoir l'air de me plaindre. Je la laisse à la maison après qu'on ai vu ensemble ce qu'il y avait à faire. Ah, entre autre j'ai dit à papa que c'est lui qui devait continuer à apporter ses médicaments à maman. Il a protesté.

"Mais pourquoi donc ? On paie quatre servantes, elles peuvent bien le faire !" il a dit d'un ton ronchon.

"Ça ne te fait pas de mal de penser un peu à la femme que tu as épousée, si ? Et de bouger ton cul du fauteuil." j'ai rétorqué d'un ton décidé.

Je vais au supermarché faire les courses... et surtout rencontrer mon Gian. J'arrive et je ne le vois pas. Je commence à tourner et à remplir mon caddie en continuant à guetter s'il arrive... Je commence à me sentir nerveux, je continue à regarder ma montre et j'ai envie de prendre mon portable et de l'appeler. Le temps passe, j'ai déjà tout pris et il ne se montre toujours pas... Maintenant je suis inquiet.

Je paie et je remplis les sachets. Je sors mon portable, décidé à l'appeler, quand je le vois arriver, à travers la porte vitrée. Il discute et il rit avec un garçon... beau... et je sens qu'il y a de l'intimité entre eux. Je sens mes poils se dresser et je me sens jaloux de comment il lui sourit. Qui c'est, celui-là ?

Gian me voit, me fait un signe de salut de derrière la vitre. Puis il pousse à l'intérieur ce beau garçon qui est avec lui et j'ai l'impression qu'il le fait d'un geste tendre...

"Salut, Mario... excuse moi si je suis en retard, mais quand j'allais sortir est arrivé Ilario... Voici Ilario, et lui c'est Mario..." dit-il pour une présentation rapide.

Ilario comment ? Il ne m'a jamais parlé d'un Ilario. On échange un signe de salut : j'ai les sachets en main et je ne les pose pas, de façon à ne pas lui serrer la main... Il me fait un petit sourire, moi je n'y arriverais pas, même si je voulais.

"Que fais-tu, Mario ? Tu nous attends ou tu rentres ?" me demande Gian.

Nous attends ? Nous ? Tous les deux ? Mais putain c'est qui celui-là ? Je vais répondre que je rentre... mais je ne me sens pas. L'autre parle.

"Alors c'est lui ce Mario dont tu m'as rebattu les oreilles..." lui dit-il avec un petit sourire.

Il va te casser la gueule, "ce Mario"... et qu'est-ce que tu as à faire des petits sourires ? mais putain c'est qui, lui ? Il fait quoi avec mon Gian ? Ilario... il ne m'a parlé d'aucun Ilario... mais à lui, il lui a parlé de moi...

L'autre se retourne vers moi : "Je n'ai jamais vu Gian-Maria si enthousiaste pour quiconque ! Certes, tu es beau garçon... et il semble que tu l'aies conquis en un clin d'œil, hein ?"

Mais putain qu'est-ce qu'il veut, celui-là ? Il a quoi à me regarder avec ce petit sourire ? Pourquoi il me casse les couilles ? Et Gian ? Il trouve rien à dire ? "Voici Ilario", et c'est tout, comme si je savais déjà tout de cet intrus...

"Je suis content de t'avoir enfin rencontré."

Gian me demande joyeusement : "Tu peux passer déjeuner avec nous, aujourd'hui ?"

Quoi ? Mais... il va rester manger avec mon Gian, celui-là et... J'ai envie de répondre non, et même de répondre que je les laisse seuls, comme ça s'ils ont envie ils pourront baiser sans problèmes ! Je me sens déçu, furieux, blessé. Et moi qui étais convaincu de ne pas pouvoir vivre sans Gian ! Quel con je suis !

"Et bien, Mario ? Qu'est-ce que tu as ? Tu ne dis rien ? Je serais content que toi et mon frère vous connaissiez un peu mieux..."

Je ne remarque pas tout de suite le mot "frère", je suis encore trop retourné.

Mais Ilario dit : "J'aurais plaisir à mieux te connaître, à voir qui a rendu mon frère amoureux comme une midinette !"

Les sacs des courses me tombent presque des mains tant, du coup, je me sens idiot, mais un idiot soulagé.

"Vous êtes... frères ?" je demande et je crois que je l'ai fait d'un ton si ahuri que Gian se met à rire.

"Oui, je suis l'aîné et lui le troisième. Mais... tu ne pensais pas que...tu n'aurais pas cru que... tu étais... tu n'étais pas jaloux de lui, hein ?" il me demande en riant.

Putain, il a tout compris et maintenant je me sens doublement couillon, j'ai honte et je me sens rougir jusqu'aux oreilles.

"Tu... tu ne m'avais jamais parlé de lui et... et il est beau garçon et... et tu as oublié que je t'attendais, pour lui et..." je balbutie en essayant de me justifier.

"Tu veux que je t'embrasse devant tout le monde comme j'ai fait à la discothèque, Mario ?" me demande Gian dans un murmure malicieux, "pour te montrer que je n'aime que toi ?"

Je rougis de nouveau et je secoue la tête. J'ébauche un sourire d'excuse vers Ilario.

"Alors, tu déjeunes avec nous ou non ?" insiste Gian.

"Oui... oui, oui ! Je vais poser mes courses et je viens chez toi." je réponds et je me sens soulagé, bête et heureux.

Je rapporte les courses à la maison et j'avertis que je déjeune dehors. Papa bougonne, mais je m'en fous : je suis trop heureux.


14 heures

On a fini de manger. Ilario est vraiment sympathique. Il sait pour son frère depuis qu'ils étaient enfants : ils se sont toujours tout confié, y compris leurs conquêtes, leurs baises, Ilario avec des filles, Gian avec des garçons, et souvent ils se sont couverts l'un l'autre pour leurs parents. Entre eux il y a un autre frère, Serse, lui aussi complice de leurs escapades juvéniles, mais à présent marié avec deux enfants, l'un de deux ans et l'autre nouveau né.

Ilario m'a dit qu'il n'avait jamais vu Gian si amoureux et il m'en a fait compliment... Autant de prime abord je l'ai détesté, autant à présent il m'est sympathique.

"Alors Gian m'a dit que dès que tu seras arrivé à te libérer de ta famille tu viendras vivre ici avec lui."

"Oui. Je dois d'abord être certain que ces quatre femmes s'intègrent bien dans la famille."

"Et bien tu dois avoir eu une vie sacrément dure, jusque là..."

"C'est Gian qui m'a donné le force de... de me rebeller, de décider de faire ma vie, avec lui. Et il y a aussi eu l'aide de mon frère, Daniel..." je lui dis.

"J'espère que ça va marcher pour vous. Il n'est pas méchant, Gian : malgré ses défauts, il a le caractère facile et tu m'as l'air d'un garçon bien..."

"Des défauts ? Je ne lui en vois pas, moi il m'a l'air... parfait."

Ilario rit : "On a tous des défauts, même mon grand frère. Non, il n'est pas parfait, mais il n'est pas trop mal. Et si tu as été capable de supporter la situation de ta famille trois ans, tu arriveras bien à supporter Gian."

"Holà, Ilario, quelle sale pub tu me fais !" proteste, mais joyeusement, Gian.

Mon seul regret, maintenant, c'est qu'à cause de la présence d'Ilario je n'ai pas pu faire l'amour avec Gian.

"Mais qu'est-ce qui t'a attiré chez lui en premier ?" me demande Ilario.

"La courbe de mon cou !" déclare Gian.

"La courbe de ton cou ? Ben... Et toi, Gian, qu'est-ce qui t'a attiré chez Mario ?"

"Ses yeux." Déclare-t-il rapidement.

"Mamma mia que vous êtes romantiques ! Moi, d'habitude, la première chose qui m'attire chez une femme c'est ses nichons !" dit-il en souriant. "Et dire qu'on prétend que les gays ne pensent qu'au sexe..."

"On y pense aussi, qu'est-ce que tu crois ?" lui dit Gian amusé.

"Et quels défauts aurait Gian, d'après toi ?" je demande à Ilario.

"Oh... et bien... peut-être parce que c'est mon grand frère, mais parfois il est un peu casse-couille. Et puis il est désordonné..."

"Je n'ai pas l'impression..." je lui dis.

"Oh, tu verras... il ne retrouve jamais ses affaires... Et puis... il est hyperactif... Il fait une chose et il pense à cent autres..."

Je comprends qu'il s'amuse à taquiner son frère. Il continue.

"Et quand il s'entête sur une chose, même un coup de canon ne le fera pas bouger."

"Eh, mais je n'ai donc aucune belle qualité, non ?" demande Gian amusé.

"Oh si, bien sûr, mais je parie que Mario les a déjà toutes vues." lui répond-il avec un coup de poing blagueur sur les épaules.

Gian doit descendre au cabinet médical. Ilario reste là, il vient pour deux jours. À la porte, avant de partir, Gian me prend dans ses bras et m'embrasse. Ça me fait plaisir mais je suis un peu gêné par la présence d'Ilario. Je le regarde, il me sourit et me fait un clin d'œil. Nous sortons.

"Alors, il te plait mon petit frère ?" il me demande dans les escaliers.

"Oui, il est sympa... Et dire que quand je l'ai vu j'ai été jaloux..."

"Tu n'as aucune raison d'être jaloux... et tu n'en auras jamais."

"Bah... j'ai senti l'affection qu'il y a entre vous et... Ilario est un très beau garçon..."

"Plus beau que moi ?"

"Non. Et même s'il l'était... ça ne m'intéresse pas. Toi non plus tu n'auras jamais de raison d'être jaloux de moi."

On se sépare, je rentre à la maison. Dommage, je pense, qu'on n'ai pas pu faire l'amour... Mais, le week-end prochain on le passera encore ensemble et... on récupérera ça.


Dimanche 22 - 16 heure 15

La nuit passée nous avons abondamment récupéré. Dieu comme c'est bon de faire l'amour avec Gian ! Plus on le fait et plus ça nous plait. Peut-être parce que nos corps apprennent à se connaître. Et comme il est agréable de s'endormir dans ses bras.

Comme c'est une belle journée, nous avons décidé d'aller nous promener. Nous sommes allés au parc. J'ai offert une glace à Gian et nous les savourions en marchant lentement côte à côte, heureux de la proximité de l'autre.

J'entends qu'on m'appelle.

C'est Roberto. Daniel tient Silvia par une main et Roberto de l'autre et Laura sautille autour d'eux. Je fais les présentations. Ils se serrent la main en s'étudiant l'un l'autre.

Silvia, fière, dit à son père : "Lui c'est mon docteur !"

"Alors c'est aussi le nôtre ?" demande Laura.

"Oui, bien sûr, c'est aussi le vôtre." dit Daniel.

Roberto tire la main de Daniel : "Papa... mais pépé il disait que tonton Mario était sorti avec une fille... pas avec notre docteur."

Il y a un instant de gêne.

Silvia me demande : "Mais tu es malade, tonton ? C'est aussi ton docteur ?"

"Non... c'est un ami...." lui dit son père.

"Tonton... tu nous paies aussi une glace ?" demande Silvia.

On va s'asseoir au kiosque et je commande trois glaces et trois cafés.

"Mario m'a parlé de vous..." dit Gian.

"Oui, et à moi de vous..."

"Vous pourriez pas vous donner du tu ?" j'interviens. "Après tout vous n'avez que deux ans d'écart..."

Il y a une petite gêne, sans doute à cause de la présence des trois petits qui rend nécessaire de bien peser chaque mot.

Roberto soudain nous regarde puis demande : "Mais alors, tonton, tu es allé dormir chez notre docteur ?"

Oh putain ! Je ne veux pas mentir, mais je ne peux pas non plus...

Daniel intervient : "Roberto, c'est malpoli de mettre le nez dans les affaires qui ne te regardent pas..."

"Non... mais c'est que... avant tonton Mario dormait toujours à la maison et par contre maintenant..." dit Roberto en haussant les épaules.

"Quand tu seras grand, toi aussi tu voudras rester dormir chez un ami, après avoir passé la soirée avec lui, tu ne crois pas ?" lui dit son père.

"Mais pourquoi pépé il disait qu'il était avec sa copine et puis qu'en fait il est avec notre docteur ?" demande Laura.

Et paf ! Mais putain, les trois monstres ont été embauchés par l'Inquisition ?

"Pépé a dit la première chose qui lui passait par le tête." réplique Daniel. Puis il se lève : "Allez, on y va maintenant. Dites merci à votre oncle pour la glace."

Oufff... ça tournait au cauchemar. On se salue.

Quand il se sont éloignés, Gian rigole : "Dommage qu'on ne puisse pas dire tranquillement que tu ne sors pas avec ta copine mais avec ton copain..."

"Et quand ils comprendront que je viens habiter chez toi, avec toi..."

"Tu penses que ce n'est pas opportun ?"

Je le regarde stupéfait : "Non ! Quel rapport ? D'une façon ou d'une autre je l'expliquerai aux petits... et à mes parents. J'en parlerai peut-être avec Daniel pour trouver la meilleure façon de le dire à la maison."

"Il est sympa ton frère. Mais tu es plus beau que lui."

"Tu crois ?"

"Je crois. Et de toute façon... même s'il était plus beau..." me dit-il en me souriant si tendrement que je me sens fondre.


21 heures

J'emmène Daniel à l'aéroport : il y a un nouveau vol, de nuit, et il n'a plus besoin de prendre son lundi.

"Il me plait, ton docteur." me dit-il.

"Il faudra trouver la façon de... justifier ça à la maison... surtout quand j'irai vivre chez lui..."

"Oui, j'y pensais, surtout après les questions de mes petits. S'il n'était pas leur médecin et s'il n'habitait pas si près de chez nous, ce serait plus simple et plus facile. Je crois que le plus simple est peut-être de commencer à leur expliquer que deux hommes peuvent aussi s'aimer... et qu'il n'y a vraiment rien de mal à ça."

"Va l'expliquer à papa..."

"Mais le problème principal c'est les petits. Papa... il ne peut que l'accepter, que ça lui plaise ou non. Il est adulte, il sait déjà que cela existe. On en parlera, si tu veux, et on trouvera une solution."

"Il te plait vraiment, Gian ?"

"Oui. Même si nous n'avons passé que quelques minutes ensemble, il m'a fait une excellente impression. De toute façon c'est à toi qu'il doit plaire. Tu sais quoi ? Cette Angelina me plait..."

"Elle te plait ? C'est à dire..."

"Elle est moins mignonne que Marilena, mais plus douce et elle sait y faire avec les petits et..."

"Tu ne te serais pas amouraché d'elle, par hasard ?"

"Mais non ! Que vas-tu imaginer ? Je dis juste que des quatre sœurs c'est celle que je préfère. De toute façon elles sont toutes bien, je crois vraiment que tu as fait un bon choix."

"Va savoir ce qu'il fait maintenant..."

"Qui ?"

"Gian."

Il sourit : "T'es vraiment amoureux, hein ? Tu l'épouserais si tu pouvais ? Je parie que oui..."

"On n'en a pas parlé, et de toute façon pour l'instant on ne peut pas. Si le parlement vote la loi sur l'union civile... je ne sais pas... peut-être que oui. Si lui aussi le voulait."

"Il serait juste qu'en Italie aussi passe cette loi sur le PACS." Il me dit.

"Et vous deviendriez... beaux-frères..." je lui dis avec un clin d'œil.

"Bien sûr."

"Nos parents sont contre le PACS."

"Première nouvelle !"

Je le laisse à l'aéroport et je rentre. Mon portable sonne. Je m'arrête au bord de la route et je réponds. C'est lui.

"Mario ? Où es-tu ?"

"Je rentre de l'aéroport. Daniel m'a dit que tu lui plais. Je pensais à toi, tu sais ?"

"Je t'aime tant !"

Je ferme les yeux et je respire, je souris et je sens une douce chaleur m'envahir.

"Ohé ! Tu as entendu ce que je t'ai dit ?"

"Oui, Gian... et je suis en train de le savourer. Moi aussi je t'aime tant. Daniel... m'a demandé si... si tu m'épouserais si c'était possible." je lui dis en changeant un peu les mots de mon frère.

Mon cœur bat fort, pendant que j'attends sa réponse. Pourquoi se tait-il ? Je n'aurais pas dû lui demander ? Peut-être qu'il ne le sent pas, qu'il n'a pas envie... Putain, je pouvais pas la boucler ?

"S'ils se décident à passer cette loi... ce serait une très belle chose. Bien sûr que je t'épouserais !"

Ouuf... Je souris d'une oreille à l'autre, dans l'obscurité de la nuit, comme le chat du Cheshire dans Alice au pays des merveilles !

"Holà, mais tu ne dis rien, toi ?" il me demande.

"Si je pouvais... je le ferais maintenant, tout de suite." je murmure, ému.

"Que dirais-tu si mardi matin on allait s'acheter des anneaux identiques, au moins pour commencer ?"

"Une... alliance ? Comme deux époux ?" je lui demande et mon cœur bat à cent à l'heure.

"Exactement."

"Et le joaillier... il ne va pas trouver ça bizarre ?"

"Ça te pose un problème ?"

"Non !"

"Bien. Alors mardi, avant d'aller au supermarché, on va dans une bijouterie. Il y en a justement une sur le boulevard qui va au stade, un peu avant le kiosque. Il me semble avoir une belle collection."

"Je sais où c'est. Mon dieu, je suis ému..."

"Tu es tendre..."

"Tu me manques déjà..."

"Un Cartier, aux trois ors, tu en penses quoi ?"

"Tant qu'ils sont pareils, même s'ils étaient en papier d'alu ça m'irait !"

"Et tu achètes le mien et moi le tien..."

"Oui..."

"Et on se le passe au doigt l'un à l'autre..."

"Bien sûr."

On se souhaite bonne nuit, on s'envoie plein de baisers, aucun de nous ne veut interrompre la communication le premier... On se redit bonne nuit...

Je conduis vers la maison et je me sens léger et heureux, et je souris, et je me répète tous ses mots dans ma tête, encore et encore. Je mets l'auto au garage et je sors.

Les petits sont déjà au lit, papa, comme d'habitude, devant la télé. C'est Giovanna qui est là ce soir, elle tricote à la cuisine.

"Tout va bien ?" je lui demande.

"Oui, monsieur Mario."

Je regarde le pull qu'elle fait : il est beau. Il me vient une idée.

"Ecoutez, pour Noël je voudrais offrir un tricot à un de mes amis... pourriez-vous me le faire ?"

"Bien sûr, volontiers. Il me faudrait juste les mesures de votre ami, puis vous devrez décider du modèle, le type et la couleur de la laine..."

"Les mesures... les miennes iront, il est juste un peu plus grand que moi, avec des bras un peu plus longs. Mais comme je voudrais lui faire une surprise, je ne peux pas lui prendre ses mesures."

"Oui, je comprends. Si vous voulez, je vous montrerai un de ces jours des revues avec des photos des modèles, vous pourrez choisir."

Bien, l'idée me plait. J'entends que papa a éteint la télé et va aux toilettes. Je vais voir les trois petits : ils dorment comme des anges. Roberto s'est de nouveau endormi avec les lunettes sur le nez... je les lui enlève délicatement et j'arrive à ne pas le réveiller.

Je retourne un instant à la cuisine pour dire bonne nuit à Giovanna et je vais dans ma chambre. Je me déshabille et je me mets en pyjama. Quand j'entends papa sortir des toilettes j'y vais. On se croise dans le couloir.

"Tu es de moins en moins souvent à la maison." Il me dit.

"Et je vais y être de moins en moins. Maintenant qu'on a les Torrisi, ce n'est plus la peine que j'y sois tout le temps, non ?"

"Tu faisais mieux mon lit."

"Si tu n'aimes pas le façon des Torrisi de te le faire, fais-le toi-même." je lui réponds sans broncher.

Il me regarde de travers mais il ne dit rien et va dans sa chambre.

Je sors des toilettes et je retourne dans ma chambre. Je prends mon portable et j'envoie un sms à Gian. Un simple "bonne nuit et fais de beaux rêves".

La réponse est presque immédiate.

"Si je rêve de toi, ce seront vraiment de beaux rêves. Bisou."

Je souris. J'éteins et je m'enfile sous les couvertures. J'ai tellement hâte de pouvoir aller dormir toutes les nuits avec mon homme... Mon homme... qu'ils sonnent bien, ces deux mots !

Je m'endors doucement, en me sentant bercé par mon bonheur.


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