"Tu ne te lasses pas à rester ici nous écouter ?" lui demanda-t-il.
"Non je ne me lasse pas. Ça me plaît comme vous jouez. Et ça me plaît aussi de rester à te regarder."
"Encore au moins une heure, je pense, et alors... maman et Douglas retournent au camping et nous deux nous pouvons aller faire notre petit tour habituel. Tu viens, non ?"
Dave acquiesça d'un signe de la tête avec un sourire. Puis, presque dans un murmure, il dit : "J'aime beaucoup être avec toi."
Freddy le regarda gaiement et, aussi dans un murmure, lui demanda : "Et baiser ?"
"Comme si tu ne le savais pas. Quand je ne suis pas avec toi, tout ce que je fais est de penser à toi et d'attendre de te revoir."
"Hey, tu ne serais pas en train de tomber amoureux, si ?" lui demanda Freddy en étudiant son expression.
"Mais non, idiot ! Comment te viennent-elles certaines idées ?" Protesta Dave à voix basse. "Ta mère te fait signe de revenir jouer. Va."
"À plus tard, alors."
Il retourna à côté de sa mère et de Douglas. Ils recommencèrent à jouer. Mais Freddy était en train de repenser à la question qu'il avait posée à Dave et à sa réponse... qui lui semblait peu convaincante. Et il se demandait ce qu'il ressentait à propos de Dave. N'avait-il pas posé cette question parce que, en réalité, c'était lui celui qui était en train de tomber amoureux de Dave ?
Ce garçon lui plaisait beaucoup sans aucun doute, il ne pouvait pas le nier. Mais non, il ne pouvait pas dire ressentir quoi que ce soit à part une forte sympathie pour lui. Bien sûr, c'était un beau garçon, sympathique, de compagnie agréable, et pas seulement au lit... De toute façon, il n'y avait pas de raison de tomber amoureux. Vraiment pas. En outre, dans quelques jours, tout serait fini entre lui et Dave. Ils reprendraient leurs tournées pour jouer dans des endroits différents. Dave retournerait à Newcastle pour étudier, et cette période serait pour eux deux juste un souvenir agréable. Très agréable.
Est-ce que Dave lui manquerait ? Certainement oui... Peut-être... peut-être que s'ils revenaient à Amble l'été suivant, ils pourraient se voir à nouveau... renouveler leur amitié... faire l'amour à nouveau. Faire l'amour à nouveau ! Merde, qu'il aimait le faire avec Dave. Il aimait tout ce qui le concernait, pas juste lui faire l'amour, et, honnêtement, avec personne il n'avait jamais autant aimé faire l'amour.
En continuant à jouer et chanter, il jeta un regard vers Dave qui, en s'en apercevant, lui fit un léger sourire. Un doux sourire, comme à chaque fois que leurs regards se croisent. Freddy pensait qu'il aimerait avoir une photo de Dave à emporter. Oui, il devait en prendre quelques unes, peut-être sur la plage, en maillot de bain. Ou même dans le camping-car quand il était tout nu... Dave se laisserait photographier, tout nu ?
La place commençait à se vider, il était tard. Ils jouèrent encore quelques chansons, puis Douglas dit qu'ils pouvaient arrêter.
"Allez, Freddy, ne fais pas attendre le pauvre Dave. Nous rangeons tout, ne te préoccupes pas." dit Douglas.
"Merci. À plus." dit Freddy avec un sourire et il alla à Dave. "Enfin fini. Tu ne t'es pas lassé ?"
"Non, pas du tout."
"Où allons-nous ? Sur l'appontement ?"
"Non, faisons deux pas, avant..." suggéra Dave.
"Avant..." répéta doucement Freddy, savourant ce que ce simple mot impliquait.
"Plus je vous entends jouer, plus vous me plaisez. Vous n'avez pas fait un CD avec votre musique ?"
"Non... Mais peut-être que nous le ferons bientôt."
"Dommage. Cela m'aurait plu de l'avoir. J'aurais aimé vous réentendre quand... quand nous serons séparés."
"Ah. Je pensais que j'aimerais avoir ta photo. Demain, j'emprunte l'appareil photo de Douglas et nous en faisons un peu, d'accord ?"
"Très bien."
"Et peut-être... même quelques-unes nus dans le camping-car..."
"Nus ? Non..."
"Et pourquoi non ?"
"Qu'est-ce tu veux, me mettre dans ta collection de photos porno ?"
"Et qui l'a, une collection de photos porno ? Et puis j'ai dit nu, pas du porno. Mais si tu as honte..."
"Non... eh bien... juste un peu..."
"Tu n'as rien dont tu dois avoir honte. Tu es canon !"
"Qu'importe. C'est que... une photo tout nu..."
"Je ne la montrerait absolument à personne. L'appareil de Douglas est un appareil photo numérique, et je vais le transférer immédiatement dans mon ordinateur... et si tu veux, nous y mettrons aussi un mot de passe. Donc, il n'y a que moi qui puisse les voir."
"Tu me fais toujours faire ce que tu veux..." Protesta faiblement Dave.
"Voilà donc un oui ?"
"Nous verrons..." murmura le garçon.
"Tu me ferais plaisir..." insista encore Freddy.
"Nous allons voir." répéta doucement Dave.
Ils avaient tourné le coin de Aidan Road, quand ils se trouvèrent en face d'un homme.
"Oh, Dave !" dit ce dernier.
"Salut, pa'..." dit le garçon et Freddy sentit qu'il y avait de l'embarras dans sa voix.
"Tu n'es pas encore au lit ? Que fais-tu encore en promenade ?"
"Je suis en vacances, pa'..."
"Tu ne me présentes pas à ton ami ? Est-ce ton camarade d'université ?"
"Ravi de vous rencontrer, monsieur Green. Oui, je suis ici en vacances avec mes parents." dit Freddy rapidement, sur un ton désinvolte.
"Et où êtes-vous logés ? Quel hôtel ?" demanda l'homme en le dévisageant.
"Nous avons notre camping-car, en Links Road."
L'homme acquiesça d'un signe de la tête. Puis il dit : "Bonne nuit, les garçons. Et ne rentre pas trop tard, Dave." et il partit.
"Quoi que je fasse... il me casse." murmura Dave quand ils furent éloignés. "Si je suis à la maison, il demande pourquoi je ne sors pas. Si je sors, pourquoi je ne suis pas à la maison. Jamais ce que je fais ne lui convient. Je ne suis plus un enfant, non ? Je suis majeur..."
"Alors... tu dois maintenant rentrer à la maison ?"
"Non ! Nous trouvons un endroit tranquille et... et nous baisons !" dit Dave sur un ton de défi.
Freddy sourit : "Alors je ne suis pas le seul à en avoir envie..."
"Quand... quand tu partiras, je me demande combien de temps je ne pourrai plus rien faire. Bien sûr que j'en ai envie. Trouvons-nous un endroit, viens..."
"Nous allons à l'appontement ?"
"Non, trop loin... ici derrière... dans les prés ..." dit Dave sur un ton déterminé et il s'achemina d'un pas ferme.
Freddy le suivit, se sentant excité. Ils tournèrent dans un sentier de terre qui longeait le haut mur d'enclos d'une maison. Le sentier cessa. Ils poursuivirent parmi les plantes sauvages, et Dave se retourna, à l'angle du mur, et ainsi ils se retrouvèrent derrière la clôture, hors de la vue des rues et des maisons. Dave s'arrêta et se tourna vers Freddy.
"Ici ?" demanda Freddy le prenant entre ses bras et le poussant contre le mur.
"Ici, oui !" murmura Dave le tirant contre lui.
Ils s'embrassèrent, se caressèrent sur tout le corps et en se frottant l'un contre l'autre, tandis que leurs langues dardaient de bouche en bouche. Bientôt leurs érections surgirent et se pressèrent l'une contre l'autre, à travers le tissu léger de leurs vêtements.
Peu après, ils étaient unis dans une étreinte passionnée, gémissant légèrement leur plaisir. Freddy était presque étonné, mais évidemment heureux, pour l'ardeur inhabituelle avec laquelle Dave faisait l'amour avec lui. Dave habituellement si hésitant, si réticent... Il se demanda ce qui l'avait fait se déchaîner de cette façon... Peut-être la rencontre inattendue et la brève discussion qu'il avait eue avec son père.
Les pantalons baissés jusqu'aux chevilles, les T-shirts soulevées sur leurs poitrines, ils se prirent l'un l'autre, debout, à tour de rôle afin de ne pas atteindre trop tôt le plaisir, afin de prolonger ces moments agréables. Loin de là, la sirène d'une ambulance, qui courait sur l'A1068 nationale, perçait le calme de la nuit chaude. Les chiens répondirent à ce son. Les deux garçons continuaient à faire l'amour, insouciants.
Quand ils arrêtèrent finalement, satisfaits et haletants, leurs yeux brillants comme des étoiles, Dave laissa échapper un long soupir bas, et caressa léger les côtés de son compagnon.
"Tu vas me manquer..." murmura-t-il pensif.
"N'y pense pas maintenant. Nous avons encore quelques jours de plus."
"Je n'ai jamais encore réussi à passer une nuit entière avec toi..." se lamenta Dave. "Mais avec un père comme le mien..."
"Ça me plairait..."
"À qui le dis tu !"
"Tu n'as pas réussi à trouver une excuse pour passer toute la nuit dehors ?"
"Je ne sais pas. Ce n'est pas facile. Tu as vu comme il est, n'est-ce pas ?"
Ils arrangèrent leurs vêtements, presque à contrecœur. Dave allait pour rentrer, mais Freddy le retint et l'embrassa à nouveau.
"C'est tard..." protesta Dave faiblement.
"Cinq minutes ne font pas beaucoup de différence. Je ne voudrais pas te laisser aller. Juste cinq minutes de plus..."
"Mais de toute façon... même si je pouvais passer toute une nuit avec toi... nous ne pouvons pas... avec les tiens qui dorment à deux pas de nous..."
"Eh bien, comme parfois j'entends qu'ils font l'amour, ils vont nous entendre. Que t'importe ?"
"Je ne crois pas que je pourrais... Mais... même juste être enlacés, sans faire quoi que ce soit jusqu'au lendemain matin, quand ils partent pour la plage... Même seulement ça, je le ferais."
"Et tu penses que je te laisserais rester là et ne rien faire, si nous sommes ensemble toute la nuit ?" Rit Freddy, lui donnant un léger coup de poing ludique sur la poitrine.
"Je ne pense pas..." admit Dave en souriant. "Mais peut-être, quand nous sommes sûrs qu'ils dorment... et sans faire de bruit... Cependant, c'est seulement un rêve. On y va ? Cinq minutes se sont écoulées."
Ils marchaient lentement pour revenir sur la route.
"Dave, ne peux-tu pas leur dire que tu viens ailleurs avec nous pour toute une journée ?"
"Et si papa voit que le camping-car est là, au camping ?"
"Penses-tu qu'il viendrait contrôler ?"
"Non, je ne pense pas, mais on ne sait jamais. Pourquoi m'as-tu posé cette question, avant, sur la place ?"
"Quelle question ?"
"Si... si je suis en train de tomber amoureux de toi."
"Je ne sais pas. Comme ça."
"On ne pose pas ce genre de questions sans raison."
"Je ne sais pas, je te dis. Peut-être... peut-être que c'est ta faute."
"De ma faute ?"
"Oui, parce que c'est toi qui m'as donné cette impression. Quand tu as dit que lorsque nous ne sommes pas ensemble, tu ne peux pas attendre de me revoir, et tu ne fais que penser à moi. "
"Pour toi, il n'en est pas ainsi ? Tu ne penses pas à moi ? Tu n'es pas impatient de me revoir ?"
"Eh bien, si..."
"Et alors ? Tu es amoureux de moi ?"
"Je suis très bien avec toi, tout simplement."
"Exactement. La même chose pour moi. Quoi qu'il en soit, on n'a même pas eu le temps de tomber amoureux."
"Pourquoi ? Combien de temps faut-il ?" lui demanda Freddy tournant la tête pour le regarder. "On tombe amoureux... avant même de le réaliser."
"Même quand on dit non, peut-être même convaincus..." dit Dave.
"Je... Je pense que je pourrais tomber amoureux de toi, Dave..." dit Freddy dans un murmure très bas.
"Ouais. Moi aussi. Dommage... nous avons peu de temps, nous ne pouvons pas. Peut-être ça vaut mieux si on ne tombe pas amoureux, tu ne penses pas ?"
Freddy le regarda de nouveau, sans répondre. Ils étaient arrivés au cadran solaire au centre de la place maintenant déserte. Ils se sont arrêtés.
"Bon... alors... bonne nuit, Freddy. À plus."
"À mon camping-car ?"
"Oui, bien sûr."
"Et... nous faisons aussi les photos ?"
Dave le regarda avec un sourire : "Tu ne lâches pas, hein ?"
"Non, je ne lâche pas."
"Nous verrons. Je ne sais pas. Nous allons voir. À demain."
"À plus tard, à bientôt. Rêve de moi."
Dave hocha la tête, fit un léger geste comme pour tendre une main vers lui, mais il s'arrêta, se retourna sans rien dire et rentra chez lui. Freddy le regarda un peu, puis il se retourna et marcha lentement vers le camping.
"Peut-être qu'il vaut mieux que nous ne tombions pas amoureux..." avait dit Dave.
On ne dit pas une telle chose, sauf si on est déjà en train de tomber amoureux : ça ne te vient même pas à l'esprit, se dit Freddy. Parce que... parce que lui plutôt... ou lui... peut-être... peut-être... Au bord du terrain de camping il s'arrêta un instant, comme frappé par une pensée. Il se retourna, comme pour regarder la voie par laquelle il était venu, comme s'il pouvait absurdement encore voir Dave.
"Il vaut mieux que nous ne tombions pas amoureux ?" demanda-t-il d'une voix faible, en s'adressant aux maisons endormies. "Et comment fait-on ?"
Il secoua la tête, se retourna de nouveau et se dirigea vers le camping-car. Il y entra en silence, il se déshabilla rapidement, se mit au lit qui était déjà prêt, comme les autres nuits. Des fenêtres venait une faible lueur délinéant à peine l'intérieur du camping-car. Les yeux ouverts, mais fixés sur rien, loin, Freddy se sentit profondément étonné.
Une question continuait à bourdonner légère, insistante, confusément claire dans sa tête... "Est-ce possible ? Je tombe amoureux de lui ? Possible ? Je suis amoureux de Dave ? Possible ?"
Il passa une main légère sur son torse nu, évoquant les caresses de Dave, et frissonna.
"Est-ce possible ?"
Comme le sommeil commençait à lui alourdir les paupières, il eut la sensation que le lit ne le tenait même plus, qu'il n'était pas solide, et que par conséquent, il était en train de tomber lentement, vers le bas, vers le bas, sombrant dans un tourbillon obscur, pourtant lumineux... Une obscurité lumineuse, tout comme la confusion claire qui imprégnait son esprit... vers le bas, vers le bas, vers le bas... et sa demande devint une réponse : "Oui, on peut, je suis amoureux de Dave !"
Il n'en rêva pas, cette nuit, ou au moins il ne se souvenait pas de l'avoir rêvé, il ne pouvait pas dire. Quand il avait entrouvert les yeux il vit que le soleil était déjà levé. Il entendit qu'il y avait quelqu'un dans la minuscule salle de bain, puis de légers bruits venant de l'angle cuisine. Sa mère préparait le petit déjeuner, comme tous les matins. Il leva légèrement la tête pour voir. Oui, c'était sa mère.
Joy en ce moment se retourna et le vit : "Oh, le dormeur ! Bien réveillé !" elle l'accueillit avec un sourire.
"Bonjour, ma'."
"Bonjour, oui. Lorsque Douglas sort des toilettes, va te laver vite. Nous pouvons prendre le petit déjeuner ensemble pour un matin, au moins."
Freddy se redressa et s'étira, en bâillant. Il se gratta la tête, passa sa main dans ses cheveux ébouriffés, et s'étira à nouveau. Douglas sortit de la minuscule salle de bains et lui fit un signe de tête. Il s'enfila sa chemise. Freddy se leva, insouciant de l'érection qui tendait ses sous-vêtements, et alla se laver et se raser. Comme il se rasait, il se regardait dans le miroir...
"Tombé amoureux ?" lui demanda mentalement son image réfléchie.
"Je le crains." répondit-il à son image.
"Pourquoi tu le crains ?"
"Parce que je sais qu'il ne peut pas y avoir une suite... et je vais être mal."
"Tu vas être mal... Mais seulement un peu... Puis tu l'oublieras. Tu l'oublieras vite."
"Tu crois ?"
"Mais oui... Tu dois te le mettre dans la tête, tu ne dois pas te leurrer."
"Facile à dire."
"Non."
"Non." Lui confirma son image, alors que Freddy se rinçait le visage.
Il jeta un dernier regard à son image, qui le lui rendit tel quel. Il haussa les épaules et Freddy sortit des minuscules toilettes salle de bain, alors que son image sortait de l'autre côté.
Le petit déjeuner était prêt. Il alla s'asseoir entre Douglas et Joy.
"Ne t'habilles-tu pas ?" lui demanda la mère.
Freddy haussa les épaules et attaqua le lard et les œufs.
" Dave vient à nouveau ? Tu l'attends ici ?" demanda la mère.
Freddy hocha la tête mordant une tranche de pain grillé. Puis il demanda à Douglas : "Puis-je prendre ton appareil photo ?"
"Bien sûr, tu sais où il est. Et c'est le nôtre, ce n'est pas le mien." répondit l'homme. "Voulez-vous faire des photos souvenir ?"
"Mh-mhh !" répondit Freddy.
"Qu'est-ce qu'ils sont mignons !" le taquina légèrement Joy.
Freddy et Douglas lui jetèrent un regard noir et Joy rit.
"Et tu ne t'habilles pas ? Tu l'attends en slip ?" lui demanda Joy.
"Non, nu !" répondit Freddy d'un ton irrité. "Au moins, je ne perds pas le temps de me déshabiller !"
"Tu sais que, parfois, tu peux être assez embêtante, sœur ?" dit à voix basse Douglas.
"Et allez ! On ne peut même plus plaisanter avec vous ?" protesta la femme se levant joyeusement de la table et commençant à faire la vaisselle.
Alors que Freddy lissait son lit, sans le replier, Douglas alla chercher l'appareil photo et le tendit au garçon.
"Il est chargé, et la mémoire est vide." Dit-il.
"Merci." dit Freddy avec un sourire.
Douglas vérifia que le sac de plage était prêt et y mit quelques bouteilles d'eau minérale. Puis il vérifia combien de cigarettes il avait.
Pendant ce temps, Joy avait mis de l'ordre. "Eh bien, nous partons..." salua-t-elle à la porte. Douglas lui fit un clin d'œil et sortit.
Freddy s'assit dans le petit fauteuil à côté de la porte, en face de son lit, il se délassait en arrière, les jambes légèrement écartées, les mains derrière sa tête, ses bras posés contre la paroi du camping-car.
"Je l'attends nu." Il avait répondu à sa mère. Pourquoi pas, en effet ? Il souleva un peu ses fesses sur le siège et baissa son slip, il le sortit de ses jambes et le jeta sur le lit. Il se réinstalla sur le petit fauteuil, et attendit.
Il n'eut pas à attendre longtemps : un léger coup à la porte annonça Dave.
"Entre !" cria Freddy sans bouger, juste en tournant la tête vers la porte à côté de lui.
Il le vit entrer et regarder autour en le cherchant.
"Ferme la porte... avec les verrous..." dit Freddy depuis son fauteuil.
"Ah, tu es là..." Dit Dave en se tournant pour fermer la porte. "Wow... Je ne croyais pas que tu m'accueillerais... ainsi."
"Tu m'aurais préféré habillé ?" lui demanda Freddy avec un sourire.
"Non, non ! C'est bon ainsi. Tu sais que tu es vraiment beau ?"
"Oui, on me l'a déjà dit... mais je préfère que ce soit toi qui me le dises. Viens ici..."
Dave se mit devant lui, entre ses jambes légèrement écartées. Freddy le prit par les bras et le tira vers lui, le faisant plier vers le bas sur lui-même.
"Embrasse-moi !" Dit-il, d'une voix douce.
Dave se mit à genoux, lui mit ses bras sur les hanches, le serrant et le tirant à lui, et leurs bouches s'unirent.
Puis, quand, après un long baiser intime, ils se séparèrent pour respirer, Freddy lui demanda : "Y as-tu pensé ? As-tu décidé ?"
"Quoi ?"
"Tu me laisses te photographier nu ?"
"Si tu y tiens vraiment..."
"Bien sûr que j'y tiens."
"Pourquoi ?"
"Parce que... parce que... J'ai compris que..." Freddy commença à dire, hésitant.
"Quoi ?" Dave l'encouragea, dans un murmure.
"Que... que je... je suis amoureux de toi !" dit-il enfin, doucement.
"Ah !"
"C'est tout ce que tu as à me dire ? Ah ! Tout simplement ?"
"Qu'est-ce que j'aurais dû dire ?"
"De va te faire foutre à moi aussi. Non ?"
"La... la première, je le crains. Je n'ai presque pas dormi de toute la nuit."
"À qui tu le dis..." Freddy soupira doucement, et il l'embrassa à nouveau.
"Alors... maintenant je dois me mettre nu..."
"Puisque toi aussi est amoureux ?" plaisanta Freddy.
"Idiot ! Ne veux-tu pas me photographier nu ? Et puis, nous savons que nous ne pouvons pas faire l'amour, si je reste entièrement habillé... Tu veux me photographier avant ou après ?" demanda Dave en se séparant de lui et commençant à se déshabiller.
"Avant et après."
"Et pendant ?" le taquina doucement l'ami.
"Non, je serai trop occupé à faire autre chose. D'ailleurs, tu ne voulais pas d'images porno, non ?"
"Avec toi, peut-être... peut-être ne serait-ce pas du porno, je pense."
"Alors, tu t'es rendu à tous les niveaux !" dit joyeusement Freddy se levant, et prenant l'appareil-photo.
"Tu en doutais ? Tu sais que je n'ai jamais été capable de te dire non."
Dave était nu. Il le regarda et demanda : "Comment dois-je me mettre ?"
"Ne t'inquiète pas, n'y pense pas. Je vais faire beaucoup de photos, puis je vais choisir les meilleures et effacer les autres." dit Freddy préparant la camera et en regardant le petit écran. Et il commença à prendre des photos. "Comment te sens-tu ?"
"À me faire photographier nu ?"
"Non. À savoir que tu es amoureux de moi. Que je suis amoureux de toi."
"Je ne sais pas encore. Un peu surpris, un peu heureux, un peu triste parce que tu vas partir ; bientôt tu devras t'en aller. Pourquoi tu ne... ne t'arrête pas ici ?"
"Moi, ici ? Et à faire quoi ? Et à vivre où ? Plutôt pourquoi ne viens-tu pas avec nous ?"
"Non, je ne peux pas laisser les études... Et puis, que ferais-je avec vous, l'entretenu ?"
"Et moi ici ?"
"Tu peux trouver un boulot dans un endroit, en tant que musicien, ou en tant que DJ, ou comme serveur..."
"Et nous devons continuer à le faire cachés des tiens ? Et où ? Même si je peux trouver un endroit pour vivre, il n'est même pas dit que ce serait facile de nous voir. Et puis, ici... quel est l'intérêt, si tu dois aller à Newcastle, à l'université ?" lui demanda Freddy continuant à prendre des photos de temps en temps quand il aimait le plan.
"Alors, tu pourrais venir vivre à Newcastle..."
"Et tant que je ne trouve pas un travail, si je trouve, qui m'entretient ? Certainement pas toi, je ne crois pas que t'aurais assez d'argent. Ce serait plus facile si tu venais avec nous. À tout le moins, t'aurais un lit et de la nourriture, non ?"
"Je devrais le justifier avec les miens... je ne peux pas partir ainsi... Je devrais presque certainement me quereller avec les miens. Et je devrais arrêter d'étudier, et je le regretterais."
"Alors, ce n'est pas vrai que tu es amoureux de moi, si tu te soucies plus de l'université que de moi."
"Et toi de moi ? Et toi de moi, alors, si tu n'as pas le courage de prendre des risques, d'essayer ? Non, mais ce n'est pas une question de courage... Tout simplement ni toi ni moi ne pouvons le faire cela me semble évident."
"Nous ne devions pas tomber amoureux comme deux idiots !" lui dit Freddy rangeant la caméra.
"Facile à dire. On ne peut pas le décider... comme pour l'achat d'un T-shirt. Tu ne fais plus de photos ?"
"Non. Avec cette expression... on dirait que tu reviens d'un enterrement..."
"Ou que je suis en train d'y aller plutôt..." murmura Dave, assis sur le bord du lit. "Et peut-être... peut-être que le désir de faire l'amour t'est déjà passé maintenant."
Freddy ne répondit pas, mais s'assit sur la chaise, confirmant ainsi indirectement que Dave avait raison.
Un moment ils restèrent en silence, absorbés dans leurs pensées.
"Je dois... me rhabiller ? Tu veux que je parte ?" demanda Dave, en rompant le silence, qui était devenu lourd.
"Je ne sais pas."
"Alors ça veut dire oui."
"Je ne sais pas, cela signifie que je ne sais pas !" protesta Freddy vivement, fronçant les sourcils et le regardant avec une certaine dureté.
"Nous nous sommes à peine déclarés que nous sommes amoureux... et déjà nous nous disputons." murmura Dave avec une expression désolée.
"Ce n'est pas ma faute !"
"Alors la mienne ?"
"Je n'ai rien dit de ce genre, il me semble." répliqua Freddy, fronçant les sourcils.
"Non, je suis d'accord." dit Dave. Il se leva et prit ses vêtements.
"Que fais-tu ?"
"Je me rhabille, non ?"
"Et tu t'en vas ?"
"N'est-ce pas mieux ? Que veux-tu que je fasse ?"
"Ce que tu veux."
"Justement..." murmura Dave et il commença à s'habiller.
Freddy se leva et lui bloqua les mains. "Non... attends..."
"Quoi ?"
"Je ne veux pas qu'on se quitte ainsi..."
"Et comment, alors ? Ne comprends-tu pas que... que quelque chose s'est cassé ?"
"Mais je... Je suis amoureux de toi, pour de vrai."
"Et moi de toi, que crois-tu ? Mais... mais que pouvons-nous faire d'autre ? Il me semble que nous sommes arrivés à la dernière étape, Freddy. Je suis désolé, crois-moi. Mais que pouvons-nous faire ? Tu n'as pas envie de rester ici, je ne me sens pas de partir avec vous. Que pouvons-nous faire ? Quelques baises de plus, avant que tout soit fini de toute façon ?"
"Pourquoi pas ?"
"Sois sérieux ! Tu ne peux pas ne pas le comprendre."
"Je ne suis pas sérieux et je ne comprends pas." répondit Freddy, ombrageux. "Mais oui, va-t-en, va-t-en. Tu as raison, Cela n'aurait plus de sens, à ce point. Et... et ne viens pas m'écouter jouer ce soir, ni les nuits suivantes."
"Ni à la plage, non plus ?" demanda Dave avec une triste ironie.
"Cela vaut mieux." dit Freddy sèchement, son menton contre sa poitrine, sans le regarder.
Il entendit Dave enlever les verrous, et du coin de l'œil le vit partir.
Ils ne s'étaient même pas dit au revoir...