"Oui, merci. Bien qu'il reste peu de miles pour Leeds, je préfère que tu conduises un peu, toi ou maman." répondit le garçon. "Ah, ce serait bien si on s'arrêtait à une station pour faire le plein : le réservoir est presque vide."
"Veux tu conduire, sœur, ou je conduis ?" demanda alors Douglas à Joy.
"Tu conduis, je n'aime pas rester assise derrière le volant ayant à peine fini de manger." dit Joy de l'angle de la cuisine où elle s'affairait aux fourneaux. "Au camping de Leeds ils ont des machines à laver à jetons, pas vrai ? C'est sérieusement le moment de faire une bonne lessive."
"Oui, et ils vendent aussi d'excellentes cartouches de rechange pour les WC, nous pouvons ainsi en faire provision." dit Douglas, tirant un paquet de cigarettes, et en en mettant une entre ses lèvres.
"Mais range cette cigarette, mon frère !" lui dit Joy. "Je mets bientôt la table."
Douglas haussa les épaules, mais enfila la cigarette dans le paquet et il le rangea.
"Elle te commande à la baguette, hein ?" dit Freddy, à voix basse, avec un sourire.
"Elle essaie... elle essaie..." répondit Douglas avec une expression amusée.
Quand Joy arriva à la table avec la marmite et commença à faire les portions, Douglas lui donna une tape affectueuse sur les fesses.
"Bas les pattes, jeune homme, ou je te renverse la marmite sur la tête !" lui dit Joy, faisant semblant d'être ennuyée.
Freddy aimait les escarmouches amicales qui, il le savait, ne sont rien de plus qu'une expression d'affection. Après tout il les enviait un peu : après tant d'années, ils étaient encore tendres et frais comme deux jeunes fiancés. Joy posa le plat et s'assit à table. Puis ils commencèrent à manger. Ils ne commençaient jamais avant que Joy ne se soit assise avec eux.
"Ouahhh, bon !" dit Freddy.
"Eh bien, je m'attendais à un peu plus d'enthousiasme..." Dit Joy, en plaisantant.
"Super, merveilleux, parfait !" déclara alors Freddy en riant.
"Ben, maintenant n'exagère pas..." dit Joy avec l'allégresse qui étincelait dans ses yeux.
"Enfin, que dois-je te dire, alors ? Dis-le-moi, que je le répète," dit Freddy amusé.
"Et toi, mon frère ? Tu ne dis rien sur ma cuisine ?" demanda Joy à Douglas.
"Trop occupé à la goûter, pour dire quelque chose." dit l'homme.
"Voilà, tu vois, Freddy ? Voilà un vrai compliment ! Dire seulement que c'est bon, c'est presque vide de sens."
Le garçon lui tira la langue, puis se remit à manger.
Après le repas, Joy allait faire la vaisselle, mais Douglas arriva derrière elle, la serra contre lui et lui mordilla une oreille, se poussant contre elle.
"Et allez ! Laisse-moi seule... Qu'est-ce que c'est, t'as encore faim ?" protesta, mais béate, Joy.
"Oui... de toi."
"Galant !" le taquina amiablement Freddy qui se leva et sortit du camping-car, pensant qu'ils préféraient peut-être rester un peu seuls.
Il regardait les voitures passer rapides, ses mains dans ses poches, laissant ses pensées errer sur tout et sur rien, oisivement. D'une part, il aimait cette vie nomade, de l'autre il aurait voulu arrêter... ne serait-ce que pour trouver « quelqu'un ». Des amis de son âge, mais encore plus un compagnon. Même s'il disait souvent, qu'il était trop jeune pour « s'installer ».
Non pas qu'il se plaignait des aventures qu'il réussissait à avoir malgré leur vie errante... mais...
Il vit arriver une vieille voiture d'une impossible couleur petit pois qui ne roulait pas comme les autres. Il la regarda curieusement, se disant qu'il devait y avoir à la conduire une vieille fille habillée toute en dentelle et aux cheveux bleu ciel... Il ne pouvait pas voir qui était derrière le volant, parce que le soleil se reflétait sur le pare-brise.
Lorsque la voiture arriva à côté d'où ils avaient garé leur camping-car, elle ralentit et s'arrêta presque en face de lui, en se mettant à gauche. Freddy regarda curieusement. La porte s'ouvrit, en sortit un grand garçon dégingandé et Freddy poussa une exclamation.
"Sean ?" demanda-t-il, incrédule.
"Je pensais que ce devait être votre camping-car !" répondit le garçon allant vers lui avec un grand sourire sur ses lèvres.
"Qu'est-ce que tu fais ici ?"
"Et toi, alors ?" dit l'autre, le serrant et l'embrassant. "Tu sais que je n'aurais jamais cru que nous allions nous rencontrer à nouveau ?"
"Ouais, vraiment. Comment vas-tu ?" lui demanda Freddy en l'étreignant et lui tapotant le dos amicalement. "T'es seul ? Et ton petit ami ?"
"Lâché depuis peu. Et toi ? Toujours célibataire ?"
"Avec la vie que je mène, tu peux l'imaginer." Dit-il, comme ils se séparaient et Freddy recula pour le regarder de la tête aux pieds, à plusieurs reprises. "Je ne me souvenais pas que tu étais si sexy ! Pourquoi tu l'as lâché ? Son nom était Roger, non ?"
"Son nom est Roger il n'est pas encore mort !" plaisanta l'autre. "En fait, c'est lui qui m'a laissé tomber. Ou peut-être l'un l'autre, va comprendre. Tu sais que je suis juste content de te revoir ? Les tiens ?"
"Là, dans le camping-car."
"Ils sont bien ?"
"Je pense que oui..."
"Comment penses-tu ?" demanda Sean un peu surpris.
"Je pense qu'ils font... les amoureux, en ce moment."
"Je le ferais volontiers avec toi..."
Freddy le regarda avec un sourire et ne dit rien.
"Pas toi ?" insista Sean.
"Et où ? Dans les buissons ?" répondit Freddy amusé.
"Et pourquoi pas ? Après tout, lorsque nous l'avons fait cachés de Roger, nous l'avons fait dans les buissons, non ?"
"Je parie qu'il t'a laissé pour le trop de fois où tu le trahissais..."
"Non. Une crise mystique. "
"Quoi ?" demanda Freddy, curieux, puis demanda : "À toi ou à lui ?"
"À lui ! Tu peux t'imaginer si je... Non, à lui. Il s'est converti à une secte bouddhiste bizarre... et il voulait me convertir moi aussi !"
"Et pour cela, tu l'as quitté ?"
"Eh bien... oui, parce que son roshi ou maître ou tout ce qu'ils l'appellent... prêchait l'abstinence sexuelle. Tu peux t'imaginer ! Qu'est-ce que je faisais là, avec Roger, si tu m'enlèves même le sexe ? Rester ensemble et ne pouvoir faire quoi que ce soit !"
"Ouais, surtout un comme toi, qui ne laisse pas échapper une occasion pour baiser, pour tout l'or du monde !" dit Freddy avec un sourire.
"Alors, tu ne viens pas avec moi dans les buissons ?"
"Et tu les appelles buissons, ceux-là ? Ce serait comme le faire au milieu de la route."
"Mais t'avoir rencontré à nouveau et ne pas pouvoir faire quoi que ce soit... Tu te souviens de ce beau bordel qu'on faisait, toi et moi ? Tu t'en souviens, hein ?"
Freddy hocha la tête. Puis il demanda : "Où t'es en train d'aller ?"
"Au boulot. Ils m'ont pris dans un hôtel à Warrington, près de Manchester. Je commence demain. Tu sais, vu qu'on s'est rencontrés, j'aurais vraiment envie de baiser avec toi."
"Je ne peux pas demander à mes parents de sortir et de nous laisser le camping-car, non ?!" rit Freddy.
"Et pourquoi pas ? Les tiens savent pour toi, je pense."
"Mais quel rapport ?"
"Et alors, tu ne peux pas leur dire que... tu viens avec moi et..."
"Avec toi, où ? Et puis, que font-ils, ils attendent ici pour moi que je fasse mon truc ? Non, Sean."
"Je comprends, tu ne veux pas le faire."
"Mais non... bien sûr, je le ferais de nouveau avec toi, mais... Regarde, peut-être s'il nous arrive d'aller à Warrington, si tu me dis le nom de ton hôtel..."
"Bon... alors il vaut mieux que je reprenne la route. Je regrette, cependant, t'avoir rencontré à nouveau et ne pouvoir rien faire. Salut, Freddy... à la prochaine fois... s'il y en a une."
"Salut, Sean. Je suis désolé..."
Le garçon remonta dans sa voiture, agita un bras par la fenêtre et reprit la route.
Freddy soupira : il aurait aimé faire à nouveau quelque chose avec Sean. Son étreinte l'avait immédiatement excité, et il avait encore une demi-érection. Il vit la voiture couleur petit pois vert disparaître, et soupira de nouveau.
Il se souvint de la façon dont Sean, environ neuf mois avant, très tard dans la nuit, alors qu'il rentrait d'une boîte de nuit, l'avait rejoint et s'était mis à côté de lui avec un sourire effronté, et lui dit : "Salut, je suis Sean, quel est ton nom ?"
"Freddy..." avait-il répondu un peu surpris.
"Je t'observe depuis peu. Tu sais que tu me plais beaucoup ?"
"Quoi, es-tu gay ?" lui demanda Freddy à moitié entre amusé et agacé par cette approche.
"Oui, bien sûr, sinon je ne serais pas venu te parler. N'as-tu pas envie de le faire avec moi ?"
"Quoi ?"
"Allez, t'as compris. Après tout, il me suffit un oui ou un non. Si tu me dis oui, nous nous trouvons un endroit, si tu me dis non, je m'excuse pour le dérangement."
"Mais tu abordes toujours ainsi les gens ?"
"Non, bien sûr que non. Seuls ceux qui me plaisent beaucoup. "
"Et tu n'as jamais pris un coup de poing sur le nez, ou une insulte ?"
"Un poing non, jamais. Des insultes... elles ne laissent aucune trace, je m'en fous. Alors ?"
"Alors, quoi ?"
"Alors c'est un oui ou un non ?" Sean avait insisté.
"Je n'ai pas d'endroit. Et toi ?"
"Dommage. Moi non plus. Mais... où t'es en train d'aller ? Où est ta maison ?"
"Je suis dans un camping-car, dans le camping. Je suis en train de rentrer."
"Ah. Bien, ça te dérange si nous faisons une partie du chemin ensemble ?"
"Non, vraiment pour rien."
"Quel âge as-tu ?"
"Dix-huit."
"Moi, vingt-deux. Tu sais que tu es vraiment bien, vraiment mon type ?"
"Merci."
"Et moi ?"
Freddy sourit. "Un grand beau garçon, à mon goût."
Ils marchaient le long d'une rue mal éclairée, côte à côte, entre les maisons basses bon marché, toutes pareilles, probablement construites au début du siècle. D'aucune des fenêtres ne filtrait de la lumière, ils devaient déjà être tous au lit. Quand ils passèrent sous l'un des rares réverbères, la vapeur de leurs souffles condensés par le froid s'illumina dans des petits nuages légers d'un blanc pur.
Sean lui avait ceint la taille avec un bras, sans arrêter de marcher, et il l'avait tiré un peu à lui. Freddy sentit qu'il lui venait une érection. Dans un coin de la route moins éclairé que d'autres, presque sombre, Sean s'était mis devant lui en l'empêchant de continuer, le prit dans ses bras et l'embrassa.
Au début un baiser léger, mais quand il sentit que Freddy le lui rendait, il devint rapidement profond, ardent, au point de lui couper le souffle. Leurs bassins se pressèrent et chacun d'eux sentit clairement l'érection de l'autre.
Quand leurs lèvres se détachèrent, Freddy soupira. "Hé, quelle fougue !" dit-il doucement.
"Cela ne t'a pas plu ?"
"Si, tu embrasses très bien."
"Je te veux." Dit Sean en commençant à lui déboutonner le pantalon de flanelle lourde.
"Que fais-tu ?" protesta Freddy à voix basse.
"Je te veux." dit Sean à nouveau, et ses doigts sur la braguette semblèrent être une centaine de doigts, et pas seulement dix.
"Mais ici..."
"Ils dorment tous." répondit l'autre, et Freddy frissonna, sentant ses doigts glisser dans la braguette ouverte.
"Mais il fait froid..."
"Je vais te réchauffer..."
"Tu es fou, toi !" murmura Freddy, mais sans s'opposer.
"Oui." dit Sean et sa main réussit à s'enfiler sous ses sous-vêtements et s'empara de son membre maintenant dur comme granit.
Puis Sean retira sa main de son pantalon, lui prit la main et dit : "Viens !"
Il le guida dans une parcelle de terrain vague entre deux maisons, où il y avait des parties inférieures des murs d'une maison démolie qui sait quand et où poussaient des buissons à feuilles persistantes. Freddy le suivit, un peu incertain, mais presque incapable de lui résister. Il sentait un peu de froid filtrer par sa braguette ouverte, mais il était terriblement excité soit parce que Sean lui plaisait, soit pour sa sûreté effrontée.
Sean le fit asseoir à califourchon sur un bout de mur bas, et s'assit en face de lui. Il l'enlaça étroitement et l'embrassa de nouveau avec passion, alors que sa main revenait se glisser dans la braguette ouverte. Il lui saisit de nouveau le membre qui retrouva immédiatement toute sa turgescence.
"Tu veux me la mettre ?" lui demanda Sean à voix basse.
"Mais ici... Et puis il fait froid..."
"Si tu me la mets elle va rester au chaud, non ?" dit Sean gaiement.
"Mais toi, tu aimes seulement le prendre ?"
"Non, aussi la mettre, mais ce soir, je me sens comme ça. Allez..." dit-il, en le faisant se mettre debout.
Alors Freddy le prit, debout, Sean se pencha en avant, ses mains posées sur le mur où ils avaient été assis, son pantalon baissé juste assez pour lui permettre de le prendre sans se découvrir trop. Sans doute Freddy n'avait pas senti le froid. En effet, l'excitation pour l'union imprévue et la gymnastique vigoureuse du va-et-vient, l'avaient presque fait transpirer.
Ce fut la première de plusieurs rencontres. Il avait alors également connu Roger, le petit ami de Sean, avec qui il n'eut jamais des rapports sexuels. Roger travaillait avec Sean dans l'hôtel, tous deux en tant que garçons d'étage.
Douglas sortit du camping-car s'étirant voluptueusement.
"Hey, vous avez déjà fait ?" lui demanda Freddy.
L'homme sourit. "Qu'y a-t-il, tu nous contrôles le temps ?" Demanda-t-il, en tirant un paquet de cigarettes et en allumant une.
"Non, cela n'a rien à voir, mais... Tu sais, il y a un moment Sean s'est arrêté ici..."
"Sean qui ?"
"Te souviens-tu, ce gars qui travaillait en hôtel... il y a environ neuf mois..."
"Non, je ne me souviens pas. As-tu eu une liaison avec lui ?"
"Oui... Il allait à Warrington, ils l'ont embauché dans un hôtel. Il voulait... le faire à nouveau avec moi."
"C'est notre faute si tu n'as pas pu." commenta Douglas lançant une bouffée de fumée.
"Mais non, cela n'a rien à voir. Je ne voulais pas dire cela."
"Mais tu en avais envie toi aussi, ou tu n'aurais pas dit ça. Après tout, tu pouvais l'emmener dedans, nous on restait là-haut, on n'aurait pas été ennuyés si vous deux aussi..."
"Non..."
"Tu es vieux-jeu plus que ta mère et moi."
"Oui, je le crois aussi. Je ne pourrais pas le faire, sachant que vous auriez pu me voir pendant que je baisais. Je ne suis pas un exhibitionniste. Au moins... pas trop. Si c'était au moins la nuit, dans l'obscurité..."
Joy sortit également avec un grand sourire sur son visage, en finissant de réarranger ses tresses.
"Oh, ils sont ici mes deux hommes qui bavardent comme deux vieilles commères..." dit-elle allant à côté d'eux, enleva la cigarette des lèvres de Douglas et commença à fumer. "Je parie que vous étiez en train de dire du mal de moi."
"Non, ma sœur ! Ne crois pas être toujours au centre des discours des autres. Nous parlions d'autre chose. Quand vous voulez, nous partons. Je vais conduire, alors ?"
"Laisse-moi finir la cigarette. Et de quoi vous étiez en train de parler, alors ?"
"Curieuse comme toujours... Je parlais à Douglas de Sean, un garçon avec qui j'ai eu quelques rencontres il y a neuf mois..."
"Ah, celui qui travaillait dans l'hôtel et qui faisait cocu son petit ami avec toi ? Ce beau gars craquant avec des cheveux noirs et des yeux bleus ? Et pourquoi on parle de lui ?" demanda Joy.
Freddy rit : "Oui, lui. Il passait par ici et a reconnu notre camping-car, alors il s'est arrêté un moment pour me saluer. Il allait Warrington, où ils l'ont embauché à l'hôtel..."
"Les deux garçons auraient voulu baiser, mais nous deux étions dans le camping-car et alors..." intervint Douglas.
"Oh, eh bien, je comprends... Je suis désolée Freddy... Mais nous étions arrivés avant toi."
"Mais non, maman, allez ! Cette fois, vous étiez là, d'autres fois peut-être vous serez ceux qui doivent attendre à l'extérieur... Même si nous avions un appartement, ce ne serait pas si différent. Et puis c'était Sean qui voulait, plus que moi. "
"Oui, comme les raisins verts du renard !" ricana Douglas.
Joy jeta sa cigarette et l'éteignit avec la semelle de la chaussure. "On y va ?" demanda-t-elle.
Ils retournèrent tous les trois dans le camping-car et Douglas se remit à conduire. Freddy et Joy s'assirent dans le camping-car.
"Il me plaisait, ce Sean..." dit sa mère, en le regardant.
"Oui, à moi aussi, assez, mais... Alors il était avec son petit ami et encore..." dit le fils avec un haussement d'épaules. "Et puis, avec la vie que nous faisons, quand vais-je trouver un partenaire ?"
"Ce n'est pas dit. Regarde Douglas et moi. Et puis, tu es encore si jeune... Ça te pèse ? "
"Non... pas encore... pas trop..." murmura Freddy. Avec l'index il traçait des invisibles gribouillis sur le plan de la table.
"À quoi tu penses ?" Joy lui demanda.
"À rien..."
"À ce Sean ?"
"Non."
"A qui ?"
"À ... à rien." insista Freddy.
Joy mit sa main sur la sienne, en lui la faisant arrêter. "Tu ne veux pas me le dire ?" demanda-t-elle presque dans un murmure.
"Pas tout le monde est comme vous deux... pas tout le monde a votre courage."
"Courage. Ou peut-être inconscience."
"Quoi qu'il en soit, à vous deux c'est bien allé, non ? Je voudrais avoir une relation comme la vôtre. Mais je... je ne peux pas... arrêter et trouver quelqu'un... qui se sent de venir avec nous, partager nos vies, ce n'est pas si facile."
"Tu penses à ce Dave ? Dave Green ?"
Freddy hocha la tête avec un léger sourire, pas trop surpris que la mère ait deviné le cours de ses pensées.
"Il me plaisait, à moi aussi, tu sais ? Je vous voyais bien ensemble. Presque j'espérais que... qu'il vienne avec nous. Mais... tu verras... tu en trouveras un autre, et peut-être un qui sera encore mieux que lui."
"On verra."
"Tu n'es pas heureux..."
"Mais non, maman, ne te fais pas de problèmes. Je vais bien, vraiment. En tout cas parce que... parce que vous m'avez accepté comme je suis, ce qui n'est pas peu. C'aurait été encore plus difficile si j'avais dû me cacher de vous. Après tout, je peux dire avoir eu beaucoup de chance."
"Nous t'aimons, tout simplement."
"Ouais." Freddy hocha la tête avec un doux sourire. Il tourna la main et serra celle de sa mère. "Qui sait pourquoi, Douglas m'a vraiment servi de père, mais je n'arrive pas à l'appeler papa ?"
"Cela n'a pas d'importance. La chose importante est que vous êtes à l'aise et que vous vous aimez bien. Nous avons été chanceux, toi et moi, d'avoir trouvé quelqu'un comme lui, non ?"
Freddy hocha la tête. "Pour l'instant, je dois me contenter des aventures que je réussis à avoir."
"Tu sais, même Douglas, avant de se mettre avec moi... il a eu plein d'aventures ! Tant avec des garçons que des filles, comme tu sais."
"Il t'en a déjà parlé ? Je veux dire, de quelques-unes de ses aventures en particulier ?"
"Non. Quoi qu'il en soit, ça ne m'intéresse pas. Et avec toi, Freddy, il a parlé ?"
"Non, avec moi non plus, sauf une fois. Parfois ça m'aurait plu s'il l'avait fait. Mais ça ne me semble pas bien pour moi de lui demander. S'il ne veut pas en parler..."
"Je vais m'asseoir un peu devant avec lui." annonça Joy, se levant.
"Oui, tu fais bien. J'écoute un peu de musique. "
Il regarda sa mère se faufiler facilement dans la cabine du conducteur. Il alluma la radio et mit le casque, se pencha en arrière sur sa chaise, fermant les yeux, accompagnant la musique qu'il écoutait en chantant avec la bouche fermée et en gardant le tempo avec un pied et en battant légèrement une main sur sa cuisse.
Il sentit que Douglas, ayant dépassé Leeds, ralentissait et tournait à gauche et il réalisa qu'ils devaient être arrivés à Moor Lodge Caravan Park. En fait, peu après il arrêta et éteignit le moteur. Joy retourna dans le camping-car.
"Je prends le linge à laver. Tu vas au bazar acheter les cartouches de rechange pour les toilettes, tandis que Douglas va faire contrôler l'huile ?" demanda la mère.
"Oui, maman. Où est l'argent ?"
"Prends la carte de crédit, non ? La mienne. Tu te souviens du code ?"
"Oui, bien sûr."
«Achètes-en un pack de douze, s'ils en ont."
"Dois-je acheter autre chose ?"
"Il ne me semble pas. De toute façon, nous allons rester ici un moment, au moins jusqu'à ce que je finisse de faire la lessive. Peut-être même passer la nuit ici, dit Douglas. Donc, si nous avons besoin de quoi que ce soit d'autre, nous avons le temps de l'acheter encore plus tard."
Freddy prit la carte de crédit de la mère et sortit. Regarda autour pour localiser où était le bazar, quand il en vit l'enseigne ; il y alla. Il entra. Il y avait trois ou quatre autres clients qui erraient parmi les étalages. Il alla au comptoir et demanda à la vendeuse un pack de douze cartouches pour la toilette chimique.
"Nous n'avons pas les paquets de douze pièces, mais seulement de quinze, de Thetford." dit-elle.
"Eh bien, un paquet de quinze, alors." répondit Freddy.
"Nous avons aussi du papier toilette de Thetford à offre spéciale, si vous êtes intéressé. Trois paquets de quatre pièces pour seulement 6 livres..."
"Oui, d'accord."
"Et si vous êtes intéressé..."
"Assez pour l'instant, je vous remercie." Freddy dit sèchement, un peu agacé.
Il paya et avant de sortir fit un tour pour voir quels autres articles il y avait dans ce bazar. Il vit que sur l'étagère des DVD il y avait aussi quelques films gays et sourit.
Il sortit, vit le l'enseigne de la blanchisserie et y alla. Joy attendait que la machine qu'elle avait chargée finisse son cycle.
"Il y avait aussi du papier toilette en promotion, et j'en ai acheté..." dit Freddy, le montrant à sa mère.
"Nous en avons encore... mais t'as bien fait. Ça ne se périme pas."
"Où nous trouvons Douglas ?"
"Après avoir garé le camping-car, il vient ici."
Après quelques minutes, en fait, Douglas entra aussi dans la blanchisserie. "Bon, j'ai tout fait. J'ai payé pour une journée, donc nous passons la nuit ici." annonça-t-il. "Ils ont augmenté à 13 livres..."
"Eh, tout augmente. Mais 13 livres c'est encore un prix raisonnable..." dit Joy.
"Sais-tu, Freddy, qui j'ai rencontré à la station d'essence ?" lui demanda Douglas.
"Comment puis-je savoir ? Qui ? Sean ?"
"Non ... Sean est allé travailler dans un hôtel, tu m'avais dit. Non, quelqu'un qui travaille là à la station... Je ne m'attendais pas vraiment à le trouver là..."
"Mais de qui parles-tu ?" lui demanda Freddy, amusé et intrigué.
"Tu sais, je pensais qu'il était à l'université, et en revanche..." ajouta Douglas, le regardant avec amusement.
"Veux-tu me dire une bonne fois de qui..." dit Freddy mais il s'arrêta et le regarda fixement.
"Dave ? Dave Green ?" demanda Joy à voix basse.
"Justement lui."
"Ici ? Qui travaille à la station-service?" Joy demanda à nouveau.
"Exactement."
"Et... comment cela se fait-il ?" alors demanda Freddy.
"Je ne le lui ai pas demandé... Ne penses-tu pas que tu peux aller lui demander ?" demanda Douglas.
"Moi ? Et pourquoi ? Qu'est-ce que je me soucie de lui ?"
"Mais tu lui as parlé ?" demanda Joy.
"Non, on s'est seulement salués. On s'est reconnus, c'est clair, mais seulement salués, et avons échangé quelques mots. Il servait un autre client." Puis Douglas regarda Freddy : "Et ne me dis pas que ça ne t'intéresse pas. Je pense que tu ferais mieux d'aller lui parler."
"Et lui dire quoi ?" demanda-t-il à voix basse.
"Même seulement pour comprendre pourquoi il n'étudie plus à l'université..." lui suggéra Joy.
"Mais que m'importe..." répéta à nouveau Freddy, sur un ton encore plus bas.
Douglas et Joy se lancèrent un coup d'œil, et n'insistèrent plus.