ON NE S'EST JAMAIS DIT "JE T'AIME" |
CHAPITRE 7 Une habitude agréable |
Pendant la journée, aucun d'eux ne faisait jamais la moindre référence à ce qui arrivait la nuit, chaque nuit. Mais depuis une semaine ils n'avaient même pas sauté une fois. Ils le faisaient, en silence, et s'endormaient encore unis. Mais une nuit, dès qu'ils furent sous les couvertures et qu'Alfredo s'était baissées les culottes, Libero le força à se tourner vers lui, lui prit son visage entre ses mains et essaya de l'embrasser. Alfredo en fut surpris, mais satisfait. Le camarade au début était un peu maladroit, mais il semblait apprendre très rapidement, et leur baiser devint profond et agréable, un vrai, long baiser. Puis Libero, toujours en silence, le fit tourner et le prit, comme les autres fois. Alfredo avait pris l'habitude d'aller au lit avec un grand mouchoir de cou, de façon d'y venir dedans quand il atteignait l'orgasme, en se masturbant. Mais ce même soir, après un moment qu'il était en train de le prendre, la main de Libero poussa ailleurs celle d'Alfredo et ce fut lui qui le masturba, pendant qu'il s'agitait en lui. Alfredo apprécia ce changement, ou mieux, ces deux changements. Il lui plaisait de sentir la main de l'ami sur son membre, forte et délicate en même temps. Les nuits étaient agréables, à la fois pour leurs unions silencieuses, que pour la chaleur due aux deux braseros, aux deux couvertures, et à leurs corps demi nus qui restaient enlacés, aussi après avoir fait du sexe. Lorsque, avant de s'unir, ils s'embrassaient, Alfredo avait commencé à caresser le corps de l'ami, qui bientôt en fit autant avec lui, en s'accordant ainsi de plus en plus des longs et agréables préliminaires. Alfredo aurait désiré pouvoir aussi prendre son camarade, mais il n'osait pas lui demander, en craignant, avec un refus, que Libero fit cesser leurs unions silencieuses. Mais, en le caressant, il s'attardait de plus en plus sur les fesses du camarade, parfois en le taquinant légèrement dans le sillon, sur le trou caché. Un mois était presque passé depuis leur première fois, quand une nuit, après les baisers et les caresses maintenant habituelles, pendant lesquelles ils frottaient leurs érections l'une contre l'autre, en silence comme toujours, Libero tourna le dos à son ami et lui pressa son derrière contre le membre. Alfredo ne croyait pas à ce que son ami semblait lui demander silencieusement, lui offrir. Incertain, mais très excité, il mouilla ses doigts avec de la salive et alla en répandre sur le trou de Libero, qui le laissait faire, immobile. Il répéta plusieurs fois l'opération, parce qu'il savait que l'ami ne l'avait jamais pris là, et il devait donc le faire habituer, ainsi que bien le lubrifier. Quand il sentit que le trou était assez glissant, il commença à pousser doucement avec le bout d'un doigt. Il sentit le sphincter se serrer... Il le massa tout autour pour bien faire le détendre, en ajoutant de temps en temps un peu de salive. Ça ne lui semblait pas vrai, ils étaient sur le point d'accomplir une autre étape importante, et il était sur le point de goûter, enfin, à ce que depuis un certain temps il désirait. Et ça avait été à Libero à le décider, à s'offrir à lui de cette façon, pas besoin d'en parler... ou peut-être vraiment parce qu'ils n'en avaient jamais parlé. Alfredo se sentait incroyablement excité, et il devait s'auto imposer de ne pas aller trop vite. Il comprenait que, s'il voulait avoir la possibilité que tout arrive encore et pas qu'une seule fois, il devait être capable de le faire aussi plaire à Libero. En continuant à le préparer avec le bout de ses doigts bien mouillés avec la salive, il sentait le trou se serrer puis se détendre à chaque fois qu'il poussait un peu plus avant, et commençait à pénétrer avec la pointe du doigt. Alfredo ne manquait sûrement pas de patience. Il poussa sa main libre à se poser sur le membre du camarade et il sentit qu'il était encore, ou de nouveau, mou. Alors il commença à le manipuler délicatement mais avec art, jusqu'à ce qu'il le sente progressivement reprendre vie et consistance. Presque en même temps, au fur et à mesure que le membre de Libero durcissait, son trou se détendait. Alors, enfin, Alfredo remplaça les doigts qui préparaient le trou par son membre dur et frémissant, et il commença à pousser, tout d'abord légèrement, en s'arrêtant chaque fois que le sphincter avait une légère contraction. Et voilà que, il commença à se sentir accueillir dans le territoire inviolé de son camarade, très graduellement. Tel était l'effort d'Alfredo pour se contrôler qu'il en tremblait presque. Il se sentait glisser dedans, lentement, peu à peu, mais sans plus d'obstacles, sans plus de résistance. Il se plongea dedans tout doucement, dans une lente et longue avancée de plus en plus déterminée. Il sentit une chaleur intense envelopper son outil dur, et sentit que son cœur accélérait le rythme, et une forte émotion l'envahir. Quand enfin son aine fut comprimée contre les fesses du camarade, il s'arrêta, retenant son souffle, et il entendit un soupir léger fuir des lèvres du camarade. Puis ce fut Libero que, avec de légers mouvements du bassin en avant et en arrière, lui fit comprendre qu'il pouvait enfin commencer à lui bouger dedans. Avec sa main maintenant libre, il trouva un mamelon du camarade, et tandis qu'il le taquinait habilement et avec l'autre main le masturbait gentiment, il commença à se déplacer dans un va et vient, sentant le sang pulser presque violemment sur les tempes pour l'émotion d'avoir enfin conquis l'ami, pour son abandon total à son désir. Il poussa sa tête en avant et réussit à atteindre le lobe de l'oreille de Libero, qu'il commença à lécher, à mordiller, à sucer pendant que ses coups, son va et vient, se faisaient plus vigoureux. Il sentait le plaisir le saisir avec une force croissante, il comprit qu'il était tellement excité qu'il ne pouvait pas durer longtemps en cette agréable gymnastique sexuelle. Il ne s'en soucia pas, en pensant que la prochaine fois, parce qu'il était certain qu'elle aurait eu, il pourrait jouir plus longtemps de ce genre d'union. En fait, il ne dura pas longtemps dans son va et vient progressivement plus rapide et presque subitement il déchargea à l'intérieur du camarade, avec une dernière série de fortes poussées. Ils restèrent immobiles pendant quelques minutes, puis Alfredo se désenfila lentement du camarade, il le fit tourner vers lui, l'embrassa à nouveau, puis il se retourna en s'offrant à son tour à l'ami. Libero tout de suite se pressa tout contre lui et le prit avec quelques poussées, et commença à bouger dans lui avec un plaisir évident, un plaisir que même Alfredo savourait en silence. Libero ne vint pas en hâte comme c'était arrivé à Alfredo, mais il goûta longtemps la chevauchée joyeuse, mais finalement il vint lui aussi. Mais cette fois, au lieu de rester dans lui et s'endormir comme les autres fois, il se désenfila lentement de lui, le fit se retourner et l'embrassa à nouveau, le caressant longtemps. Ils s'endormirent ainsi, à demi enlacés, leurs membres entrelacés. Pendant que Alfredo glissait doucement dans le sommeil, il pensa que tout était maintenant parfait. Et il se dit qu'il avait été bien pour lui de prendre avant Libero, moins habitué à ces unions, puis se faire prendre par son ami, afin que celui-ci finisse avec un plus grand plaisir. Tout de suite cela devint leur nouvelle routine. Chaque soir, après le dîner et après la préparation pour le lendemain, Libero l'invitait à aller au lit. D'abord Alfredo le prenait, puis il se faisait prendre, le tout précédé, entrecoupé et suivi par des baisers profonds et des caresses agréables. Et toujours dans un silence total, sans jamais en parler, ou même pas simplement le mentionner pendant la journée. L'hiver finit, le printemps vint. Ils n'avaient plus besoin des braseros sous le lit, puis une couverture seule suffit, puis même plus celle-la et, avec l'augmentation de la température, ils commencèrent à se coucher nus, jouissant de plus en plus du contact de leur corps, en plus du véritable sexe. Ils avaient établi une routine agréable : d'abord ils s'embrassaient et se caressaient jusqu'à être complètement excités, ensuite Alfredo prenait Libero, puis ils s'embrassaient et se caressaient encore pendant un bout de temps, et c'était ensuite à Libero à prendre Alfredo. Puis de nouveau, ils se caressaient et s'embrassaient jusqu'à tomber endormis. Le seul résultat évident de leurs unions nocturnes, silencieuses et agréables, était que maintenant Libero souriait plus souvent que d'habitude, et que l'amitié entre eux s'était considérablement renforcée. Libero commença à parler de lui à l'ami, et vice versa, non seulement les souvenirs de guerre, mais aussi et surtout les épisodes beaux ou laids, agréables ou désagréables, heureux ou tristes de leur enfance. Avec la bonne saison, enfin, commencèrent aussi les battues de chasse. Le baron Altieri arrivait au pavillon de chasse, chaque fois avec des amis différents. Habituellement, ils s'arrêtaient pendant deux ou trois jours, rarement moins, rarement plus longtemps. Mais au delà des visites du baron, les deux amis commencèrent aussi à voir les premiers braconniers. Habituellement, il suffisait tirer en air pour les voir fuir à toutes jambes. Une fois, pendant qu'ils mangeaient vers midi, Alfredo donna du coude à Libero et il lui indiqua un point un peu plus loin, puis il prit son fusil. Un braconnier était en train de placer un gros piège. Libero lui fit signe de se taire et de ne pas épauler le fusil, il prit son fusil et soigneusement visa. Alfredo vit qu'il visait directement le braconnier. Un peu surpris, il fit le geste de lui faire déplacer le fusil, en le regardant renfrogné. Libero le repoussa doucement, lui fit un sourire, de nouveau le signe de ne pas faire du bruit et reprit soigneusement à viser. Quelques longues secondes passèrent, dans lesquelles les deux amis étaient immobiles et le braconnier, ignorant, continuait à placer le gros piège. Puis Libero, appuya sur la gâchette, le coup partit, frappa le piège qui se ferma avec un claquement sec, le braconnier tomba en arrière, effrayé, mais sain et sauf, assis sur le sol, tandis que Libero, gaiement, lui criait : "La prochaine fois je vise à ton cul, pas au piège !" Le braconnier se leva et fuit précipitamment. "Putain, quelle visée !" hurla Alfredo, en riant : "Je craignais que tu voulais le tuer... Mais t'avais visé le piège ou c'était juste un coup de chance ?" "Non, je visais le piège, et tu devrais savoir que je n'aurais certainement jamais tiré sur un chrétien. Je pense lui avoir ainsi mis plus de peur qu'en tirant sur lui. Viens, allons enlever le piège de là." Quelques jours plus tard, quand Libero revint à la tour sarrasine avec l'âne et les provisions, il avertit Alfredo que le lendemain, le baron viendrait avec quelques invités pour une de ses battues de chasse. À ces occasions, les deux devaient rester dans la tour. Vu comme ces chasseurs des vacances tiraient, c'était bien plus prudent, car ils tiraient sur tout ce qui bougeait. Ils en profitaient pour faire un nettoyage général à la tour sarrasine, à la fois dans et autour en extirpant les mauvaises herbes et les buissons. Sauf sur les vieilles murailles Alfredo avait dit à Libero de laisser certaines plantes, expliquant que c'étaient des plantes de câpres et autour de Juin ou Juillet ils pourraient les ramasser, les mettre sous sel, et les amener au village, les vendre à l'épicerie, gagnant ainsi quelque argent en plus de leur salaire. Une autre chose que Alfredo avait apprise à Libero à recueillir, c'étaient les pommes de pin tombées au sol. En les ouvrant et en fendant les graines ils obtenaient les noix de pin, aussi excellentes à vendre dans le village. Les pommes de pin séchés et vidés, en plus, étaient excellentes pour le feu. Ils étaient en train de nettoyer les alentours de la tour sarrasine : Libero était sur le toit qui coupait les arbustes, et extirpait les mauvaises herbes, et Alfredo était devant le portail qui donnait une couche de peinture aux deux battants. Un des chasseurs arriva, ses deux chiens en laisse. Il portait la tenue classique consistant en un pantalon de golf et une veste de velours côtelé brun foncé, avec sur la tête un chapeau flasque avec deux plumes de faisan. "Salut !" le salua le chasseur. "Bonne santé à vous, monsieur." répondit courtoisement Alfredo. "J'ai soif, vous avez un peu d'eau fraîche, ici ?" "Oui, monsieur, l'eau du puits, fraîche et propre. Mais si vous voulez, nous avons aussi un peu de bon vin rouge." "Non, l'eau est très bien." "Attendez un instant, que je vous l'apporte..." dit Alfredo, le regardant avec attention, mais pas effrontément. C'était un homme sur les quarante-cinq ans, avec de fines moustaches bien soignées et de longs favoris, des yeux perçants, un nez droit et proportionné, des lèvres minces sur un visage ovale. Par dessous le chapeau poussaient des cheveux châtains, légèrement ondulés, ni longs ni courts. Alfredo entra dans la tour, alla au puits pour puiser de l'eau, et le chasseur le suivit, après avoir attaché les chiens dehors à une branche. Quand il tira en haut le seau, il lui tendit un verre et l'homme le remplit dans le seau. L'homme but à grandes gorgées, et en même temps regardait Alfredo de la tête aux pieds. "Je ne t'avais jamais vu ici..." lui dit-il lorsque il rendit le verre à Alfredo. "Avant j'étais à la guerre... puis j'ai trouvé du travail ici, au domaine du baron." "Et tu aimes travailler ici ? Il te paie bien, mon ami le baron ?" "Un travail en vaut un autre... et il me paie trois lires par jour, plus les provisions." "Tu ne te sens pas isolé... ici, en haut, tout seul ?" lui demanda l'homme continuant à le regarder attentivement, comme pour l'évaluer. "Nous sommes deux, je ne me sens pas seul, monsieur." "Bien, mais le pays est loin, d'ici, vous ne pouvez pas avoir une vie sociale.... Ne vous manque pas, parfois, une fille ?" Alfredo fut un peu surpris par cette question si directe et si intime. Mais il fit un sourire léger et répondit : "Non, monsieur, on n'en sent pas le manque. La compagnie de mon collègue et de notre âne me suffit." dit-il avec une ironie légère. "Nous les paysans, on se contente de peu, monsieur." Alfredo remarqua que dans son examen incessant, les yeux du chasseur s'arrêtaient souvent, un peu plus longtemps que la normale, entre ses jambes... et il se demanda si ce monsieur n'était pas de sa propre banque de la rivière. Alors, avec air banal, il ajouta : "Je ne me suis jamais intéressé à courir après les jupons, monsieur." L'homme hocha la tête et fit un sourire fugace. "Et pourtant... un beau jeune homme comme toi... qui sait combien de têtes tu fais tourner, j'imagine." "Même si cela est arrivé, je ne l'ai jamais remarqué, monsieur. Ou peut-être... presque jamais." se corrigea-t-il avec un petit sourire malicieux. "Je pense que ça pourrait me faire plaisir si tu travaillais pour moi... Je te donnerais quatre lires par jour, plus la nourriture, l'hébergement, trois changes de vêtements par an." "Avez-vous aussi un terrain chasse ?" "Non, je veux dire dans ma maison, en ville..." "Mais je suis seulement un paysan et maintenant un garde-chasse. Que pourrais-je faire pour vous ?" "Le chauffeur, par exemple." "Le choffé ? Et quel travail serait-ce ?" "Conduire ma voiture..." "Ah, le conducteur !" "On dit conducteur uniquement pour les voitures publiques et les autocars. Tu devras apprendre..." "Pendant la guerre, j'étais le pilote... le choffé du colonel... C'était une Fiat 501. Il disait que j'étais doué." "Alors, accepterais-tu de venir travailler pour moi ? Pour faire le chauffeur et... et aussi quelque autre service ? J'aimerais avoir chez moi... un beau jeune homme comme toi." "Mais je suis heureux ici, monsieur... ici avec mon collègue... Au moins pour l'instant. Je vous remercie, c'est très gentil à m'offrir de travailler pour vous et... et faire quelque autre service pour vous." dit Alfredo, qui avait imaginé, vu comment l'homme le regardait, ce qu'il voulait dire par «quelque autre service». "Dommage. Mais si tu changeais d'avis, viens me chercher." "Pardonnez-moi, monsieur, mais comment pourrais-je vous chercher... si je ne sais même pas qui vous êtes ?" demanda Alfredo, vaguement amusé. "Ah, eh bien... je suis le comte Filippo Martini Sanfelice, un ami proche du baron Altieri. Merci pour l'eau, jeune homme." "Pas de quoi, c'était seulement un verre d'eau du puits, après tout." L'homme s'en alla. Oui, pensait Alfredo, celui-là lui avait offert de conduire la voiture... et de le faire réjouir au lit, il en était plus que certain. Il ne lui aurait pas déplu, après tout il était un bel homme, mais il était trop bien avec Libero, ça ne lui allait pas de le laisser. Oui, il était vraiment trop bien avec Libero, soit pendant la journée... soit la nuit ! Il revint peindre la porte de la tour sarrasine, et se demanda s'il devait en parler avec Libero... mais il décida que non. Après tout, rien n'avait changé. Qui sait comment ce serait de baiser avec un comte ? Avec «ce» comte ? Il se demanda, amusé.
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