ON NE S'EST JAMAIS DIT "JE T'AIME" |
CHAPITRE 2 Tout commença après la Grande Guerre |
Alfredo était assis sur le sol, son dos appuyé au mur de la maison en face du «beau palais», en attendant que l'intendant du baron arrive. Pour passer le temps, il jouait au «jeu des cinq cailloux». Il avait mis sur le terrain en face de lui les cinq pierres rondes, qu'il gardait toujours dans sa poche. Il en prit un, le jeta dans l'air quatre fois en essayant chaque fois de recueillir un des cailloux restés sur le terrain, avant de reprendre au vol ce qu'il avait lancé en l'air. Quand il avait réussi, il remettait les cinq cailloux sur le terrain, il en jetait un dans l'air à deux reprises, chaque fois en essayant de recueillir simultanément deux des cailloux restés sur le terrain, avant de reprendre au vol ce qu'il avait lancé en l'air. Donc, remettant à nouveau les cinq cailloux sur le terrain, il en lançait deux en l'air et collectait les trois restés sur le terrain, avant de reprendre à vol ceux qu'il avait lancés. Encore une fois il mettait les cailloux sur le terrain, il en jetait un dans l'air et tentait de ramasser en un seul coup les quatre restés sur le terrain, avant de reprendre au vol ce qu'il avait lancé en l'air. Enfin, il jetait en l'air tous les cailloux et essayait de les faire tomber tous sur le dos de sa main, puis les lançait en l'air et les reprenait au vol avec la paume. S'il réussissait... il recommençait tout dès le début. Plus qu'un jeu, en le faisant seul, c'était un passe-temps. Non loin de là il y avait un groupe de trois garçons, tous légèrement plus âgés que lui. Il savait que ceux-là aussi attendaient l'arrivée de l'intendant : ils étaient là pour la même raison que lui, dans l'espoir de trouver un travail. Quand il leur avait demandé si ceci était le «beau palais», ils l'avaient regardé avec suspicion, mais ils avaient hoché la tête. Un lui avait dit que l'intendant du baron n'était pas encore arrivé. Ils avaient l'aspect de paysans... comme il l'était lui aussi, d'ailleurs, mais Alfredo s'était assis à l'écart, par un sens instinctif d'antipathie envers ces trois. Il ne comprenait pas pourquoi il avait immédiatement senti cette sensation désagréable envers eux... peut-être parce qu'aucun d'eux n'était son «type», ou peut-être à cause du regard hostile avec lequel ils l'avaient accueilli. Il jeta cinq cailloux dans l'air et tourna leste la main, en en cambrant le dos pour les prendre tous, pendant qu'il jetait un rapide coup d'œil vers la rue qui menait là-haut... et les cinq cailloux frappèrent le dos de sa main et rebondirent sur le sol, car Alfredo était resté a regarder un autre garçon qui montait dans la rue vers eux. Ce gars, aussi, était plus âgé que lui, il montait lentement, le pas calme et fort d'un montagnard, portant un manteau gris-vert de l'armée mais sans insignes ou grades, et du col arrondi sortait un cou fort et long, avec dessus une tête d'une incroyable beauté, encadrée par des cheveux ondulés châtain foncé, bien coiffés. Alfredo inconsciemment se passa une main dans les cheveux comme pour s'assurer d'être lui aussi bien coiffé. Le nouveau venu passa à côté des trois autres en leur jetant un coup d'œil rapide et, sans changer son rythme, il se dirigea vers Alfredo. "Ceci est le beau palais ?" demanda-t-il. La voix était profonde, chaude, et envoya un frisson de plaisir le long du corps d'Alfredo. "Oui. Tu es ici pour travailler ? L'intendant du Baron n'est pas encore là, nous l'attendons tous." "Ah. Donc, nous sommes cinq." "Si personne d'autre n'arrive." "Combien ils en prendront ?" "Je ne sais pas. Je sais seulement qu'ils ont besoin de gens et je suis venu. Mais toi... tu n'es pas d'ici, non ?" "Non, je viens de la montagne." "Ah. Et pourquoi t'es venu ici ?" "Ma promise est près d'ici, du pays d'en bas à la vallée." "C'est elle qui t'a dit qu'ils cherchent des travailleurs ?" "Non, les siens me l'ont dit, alors je suis venu." "Et quel travail tu faisais, à la montagne ?" "Mineur. Un travail de merde." "Tous les travaux sont de merde, si tu ne te les fais pas par plaisir. Mais que veux-tu qu'ils fassent d'un mineur ? Pour le domaine de chasse du baron, des paysans comme moi sont plus utiles." L'autre haussa les épaules. Alfredo ramassa par terre les cinq cailloux, les mit dans sa poche et se leva. Il vit qu'ils étaient à peu près de la même taille. Avec un sourire, il dit : "Je m'appelle Alfredo, Alfredo Milani. Mais tout le monde m'appelle Fredo." "Norzi Libero." se présenta simplement l'autre. Alfredo indiqua le manteau militaire de l'autre : "Toi aussi t'as fait la guerre ?" "Et qui ne l'a pas faite ? Mais tu es trop jeune..." "Je suis un garçon du '99, ils m'ont pincé moi aussi. Pour remédier au désastre que vous aviez fait. Je parie que tu étais à Caporetto. Mais nous sommes les enfants de la Piave, ceux qui ont arrangé les choses et renvoyé les Autrichiens. " "Non, j'étais au Lagazuoi, sur les Dolomites." "Jamais entendu parler. Mais c'est vrai, puisque tu es un montagnard, ils t'ont envoyé à la montagne." "Mineur... des mois et des mois pour creuser des galeries." "Quelles galeries ?" "Nous creusions pour arriver sous les Autrichiens et les faire sauter en l'air... et ils creusaient pour arriver en dessous de nous et nous faire sauter en air..." "Et qui y a réussi ?" "Personne. Avant que nous réussissions il y eut la retraite. Quelle horreur la guerre !" "Quand on perd... c'est toujours une horreur." "Même quand on gagne." "D'accord. Mais il vaut mieux gagner. De toute façon, le baron qu'est-ce qu'il en a à faire d'un mineur ?" répéta Alfredo, le regardant avec un sourire moqueur. "Nous verrons." répondit Libero d'un ton sec. "Ils n'ont pas du tout besoin de creuser des tunnels, au pavillon de chasse du baron." le taquina gaiment Alfredo. "Nous verrons." répéta l'autre obstiné. Alfredo pensait que ce grand garçon était vraiment beau... en fait, plus que beau, il était désirable, et il se sentit légèrement excité. Il se dit qu'il espérait qu'ils les engagent tous les deux, et qu'ils les mettent à travailler ensemble, et qui sait... Puis il se demanda depuis combien de temps il n'avait plus fait l'amour avec un garçon... Au moins quatre mois.
La dernière fois ça avait été peu de temps après la fin de la guerre, juste avant qu'ils les renvoient chez eux. Son nom était Tommaso Ferrante, c'était un autre soldat, un Piémontais. Un beau jeune homme, et il y savait faire. Ce fut à ce Tommaso d'essayer avec lui, dès qu'il avait compris où l'autre voulait en venir, il accepta immédiatement. Là, dans les casernes, dans la soirée ils se cachaient dans le dépôt des véhicules, car il en avait la clé puisqu'il était le chauffeur du colonel, et ils baisaient là dedans comme des lapins en chaleur, en toute tranquillité, sur le siège arrière d'une Fiat 501. Tommaso aussi était un chauffeur militaire du 3ème parc automobile, mais il conduisait un camion Fiat 15 Ter. "Qu'aimes-tu faire ?" lui avait demandé Tommaso pendant que, assis sur le siège postérieur, ils commençaient à déboutonner leur uniforme. "Baiser !" "Mais oui, bien sûr ! Mais quoi, la prendre ou la mettre ?" "Avec un comme toi... les deux, je pense, si tu y sais faire. Et toi ?" "Pareil. Et... tu aimes aussi embrasser ?" demanda Tommaso, tendant la main et l'enfilant dans le pantalon ouvert du compagnon d'armes. "Aussi. Si tu y sais faire." répéta gaiment Alfredo. "Mmhh... tu l'as déjà belle et dure. Depuis combien de temps tu n'as pas baisé ?" "Un bout. Trop. Et toi ?" demanda Alfredo, en saisissant le membre du camarade et en manipulant sa consistance chaude avec un frisson de plaisir. "Pas beaucoup. Notre cambusier le fait, et même le lieutenant, et ainsi..." "Un beau garçon, le cambusier ?" lui demanda Alfredo, en caressant sa poitrine avec l'autre main sous les habits de l'uniforme. "Pas vraiment. Mais chaud comme la braise. Le lieutenant, quand on baisait, aimait tout simplement se la faire mettre... Toi, oui que tu es beau. Si tu baises bien aussi, tu es parfait." Alfredo sourit. Il se pencha sur le giron du compagnon d'armes et commença à lui faire un petit service de sa bouche, et avec plaisir il le sentit enfin devenir dur. Tommaso gémit légèrement, et lui caressa les cheveux, en signe d'appréciation. Mais bientôt il le força à se lever, et à son tour lui rendit le service. "Toi d'abord ?" demanda-il après un moment, en se levant et en s'essuyant les lèvres avec le dos de sa main. "Non toi d'abord, Tommaso." décida Alfredo. Il se mit à genoux sur le siège et pencha en arrière son derrière. L'autre s'enduisit bien le membre de salive, puis aussi le trou ainsi offert, se pencha contre lui et guidant d'une seule main le membre turgescent et dur, il trouva le bon endroit et commença à pousser. Alfredo se détendit complètement, pour lui faciliter l'entrée. Il le sentit pousser, forcer son sphincter et enfin entrer lentement, centimètre après centimètre, l'envahir, le remplir. Il exhala un soupir satisfait. "Tout bien ?" demanda Tommaso à voix basse, en continuant à couler en lui. "Et comment ! Allez... ne t'arrête pas, beau mâle !" Bientôt son ami fut tout à l'intérieur de lui. Il s'arrêta brièvement, comme pour rassembler ses forces, et, enfin, commença un va et vient fort et rythmé, mais calme. Alfredo apprécia comme il était pris : il savait indubitablement y faire. Tommaso se pencha sur lui, lui fit tourner la tête en arrière, jusqu'à ce que leurs bouches se rencontrent et ils se sont embrassés profondément, vigoureusement. Toute la voiture se balançait à chaque poussée. Mais quand le plaisir de Tommaso se rapprocha du point de non-retour, il se leva en interrompant le baiser et ses coups devinrent plus forts et plus rapides. Alfredo regrettait qu'il n'y ait pas assez de lumière pour voir l'expression, pour espionner l'épanouissement de son orgasme. Il le sentit frémir avec force, ses coups devinrent désordonnés, il se raidit avec un long gémissement et se vida en lui, avec une série de jets puissants, en restant immobile, mais tremblant pour tout le corps. Alfredo le caressa en accompagnant le retour au calme après l'orgasme. "Putain, ça a été fort !" murmura Tommaso. "Maintenant, c'est à toi. Bosse dur !" Ils échangèrent leurs positions. Tout le temps pendant lequel Tommaso l'avait pris, Alfredo n'avait en rien perdu son érection. Avec quelques coups calibrés il pénétra son camarade et à son tour commença à lui bouger dedans, en avant et en arrière, en avant et en arrière, en appréciant les sensations fortes de cette pénétration désirée. Avec plaisir, il sentit que Tommaso était encore assez étroit pour lui donner une forte jouissance. Tommaso lui avait enfilé ses mains sous les vêtements et il lui taquinait à l'art les mamelons, augmentant ainsi son plaisir. Alfredo ferma les yeux, comme pour profiter pleinement des sensations de plaisir qu'il ressentait. Il sentit le plaisir augmenter vertigineusement et essaya de se contrôler pour faire durer cette union aussi longtemps que possible, mais il se rendit compte de n'en être pas capable. Puis il se laissa aller. Des pensées se croisaient dans sa tête, devinrent incohérentes, les muscles dardaient avec une vigueur croissante, en se tendant presque comme à contenir, en vain, l'énergie qui était en train de s'accumuler en lui, et enfin, n'étant plus capable de se contrôler, il se laissa aller à une chevauchée forte et rapide, jusqu'à ce que finalement il déchargea avec une série de fortes poussées dans le camarade d'armes, en émettant un gémissement enroué à chaque poussée. Quand il s'arrêta, haletant, Tommaso le tira en bas sur lui et l'embrassa à nouveau dans la bouche, longuement, pendant que l'autre lentement se relaxait. "Tu es une force de la nature, toi !" dit gaiement Tommaso. "Je suis heureux qu'on se soit compris, toi et moi. Et je suis heureux que tu sois aussi un cupio." "Que suis-je ? Qu'est-ce qu'un cupio ?" "Un qu'il aime les hommes, non ?" "Ah, vous dites ainsi, dans le Piémont ?" "Oui. Pourquoi, comment vous le dites ?" "Un fenouil." Thomas eut un petit rire : "Eh bien... à partir de maintenant je vais aimer le fenouil encore plus qu'avant." "Tu n'as jamais baisé avec une femme ?" "Mais même pas mort ! Et toi ?" "Non, jamais. Je pense qu'il ne me deviendrait même pas dur, à moi, pour une femme." "Quel âge avais-tu la première fois ?" demanda Tommaso comme ils reboutonnaient leurs uniformes. "Seize, près de dix-sept ans. Et toi ? Qui t'a enseigné ?" "J'en avais quinze. Le contremaître m'avait appris. C'était un homme marié qui avait deux jeunes enfants... mais il aimait les garçons comme moi. Puis, avec l'excuse de me faire rester pour les heures supplémentaires, quand les autres étaient partis, on baisait dans l'atelier. Ainsi, en plus de gagner un petit quelque chose en plus, je me suis aussi, bien amusé et personne ne se doutait de rien. Et toi, qui a été ton premier ? Un homme ou un garçon ?" "Le frère cadet de mon père. Une fois qu'il était venu nous rendre visite et on a couché ensemble et il a commencé à me toucher... j'ai aimé... Et donc, un peu à la fois, il m'a appris à tout faire. Mais avec lui on se voyait rarement. J'ai commencé alors à regarder autour, et avec les autres garçons qui travaillaient les champs avec nous... de temps en temps on s'amusait. Même si ceux-là plus tard, quand ils se faisaient une jeune fille, arrêtaient, malheureusement." "Et avec les autres soldats ?" "Non, tu es le premier. Et toi ?" dit Alfredo en sortant de la voiture. "En dehors du cambusier et du lieutenant... une paire... mais c'étaient plus des plan cul. Que veux-tu, au front, ce n'était pas facile de s'isoler. Et ces deux là n'étaient pas du tout comme nous, ils veulent juste se défouler. Ils n'embrassaient pas. Le cambusier, par contre... si seulement nous avions plus de chances..." "Eh bien, maintenant je suis ici, non ?" "Oui, aussi longtemps qu'ils nous renvoient pas à la maison." "Eh bien, dans ton pays, tu trouveras bien quelqu'un, non ?" dit Alfredo avec un sourire. "Eh bien, qui sait ? Nous devons être prudents, dans ces choses, tu le sais bien. Peut-être que pour vous, les garçons de campagne c'est plus facile." "Oui, peut-être... Quoi qu'il en soit, comme on s'est entendu entre nous deux... J'espère trouver à nouveau. Bien que je pense que quand j'étais garçon c'était plus facile." Tommaso sourit : "Mais tu es encore un garçon, je crains que quand je rentre chez moi, je vais devoir forcement me marier. Que veux-tu, un à trente et un ans qui n'est pas marié..." "Je ne marierai jamais. Si ma famille me rompt trop l'âme pour me faire marier, j'irai plutôt travailler à l'étranger !" déclara Alfredo, sûr de lui. Peu avant de se quitter, en sortant de la remise, Tommaso lui demanda : "Demain soir... encore une fois ?" "J'espère vraiment que oui, si on ne me donne pas la garde de nuit." "Nous les chauffeurs on ne nous la donne presque jamais la garde, ni le jour, ni la nuit. Surtout pas à toi qui dois toujours être prêt pour le colonel. J'ai aimé notre baise." "Moi aussi, et beaucoup. Et j'en avais vraiment besoin. Ben, alors à demain, Tommaso." "À demain, Fredo. Et rêve d'or." Ils s'étaient retrouvés presque tous les soirs, avec un croissant plaisir mutuel, jusqu'à ce que finalement arriva le congé et ils étaient rentrés chacun dans son pays. Ils s'étaient quittés à la gare, en s'enlaçant et se souhaitant bonne chance. Tommaso prit le train vers l'ouest, Alfredo celui qui allait au sud... Quand il arriva au village, il comprit combien il avait eu de la chance à la guerre : de ses compagnons et de ses parents beaucoup étaient morts ou disparus (ça voulait encore dire mort, juste qu'on n'en avait pas trouvé le corps), et beaucoup d'autres avaient été blessés, même gravement mutilés. Il était l'un des très rares à être de retour en vie et en un seul morceau !
Il se secoua de ses souvenirs et regarda Libero. Le grand garçon le regardait avec une expression neutre, et Alfredo se demanda ce qu'il était en train de penser. Il était sur le point de lui demander, mais quelque chose le retint. Après tout ils ne se connaissaient pas, c'était une question que seuls deux amis les plus proches, ou deux fiancés, se font. Avec sa main droite dans sa poche, il jouait avec les cinq cailloux qu'il portait toujours avec lui. "Tu fumes ?" lui demanda Libero. "Non..." "Ah, tant pis. J'ai envie de fumer et je n'en ai pas." "Au front, je donnais toujours mes cigarettes aux autres en échange de quelque chose à manger... ou autre chose. Je me suis toujours demandé ce que ça fait de fumer ! Ça me semble une chose inutile." "Ça servait pour calmer les nerfs... spécialement quand on a peur. C'est pourquoi ils nous en donnaient, au front, en plus des rations de nourriture." "Il y a un bureau de tabac, en bas vers la mairie. C'est à seulement deux pas." dit Alfredo, en indiquant avec sa main. "Non, je veux être là quand il vient l'intendant du baron. J'ai plus besoin de travail que de cigarettes, maintenant." "T'en fumes beaucoup ?" "Pas trop. Environ deux par jour, voir moins." "Tu n'avais pas un travail, à ton pays ?" demanda Alfredo, en changeant de sujet. "Oui, bien sûr : le mineur. Mais je voudrais travailler en plein air, enfin. Et puis, je dois mettre un peu d'argent de côté pour me marier, et comme mineur on ne gagne pas assez. Juste assez pour survivre. Et puis c'est vraiment un travail dégoutant, les poumons se remplissent avec la poussière de pierre... je ne veux pas avoir la fin de mon grand-père et que mon père est en train de faire." "Je ne sais pas combien ils nous paient si nous arrivons à travailler pour le baron." "Bien, ils nous le diront et alors on peut certainement décider ce qui nous convient mieux." Alfredo hocha la tête. Il aimait de plus en plus ce grand jeune homme. Et de plus en plus il s'en sentait attiré. La seule chose qui le laissait un peu confus était qu'il ne l'avait encore jamais vu sourire. Il avait l'air trop grave, presque fermé, sinon triste. Ses yeux couleur noisette claire, presque dorés, étaient beaux, se dit-il, mais ils seraient encore mieux s'il souriait. Ses lèvres bien dessinées, presque parfaites, seraient encore plus parfaites si elles étaient épanouies dans un sourire, même léger. "Ça me plairait s'ils nous prenaient tous les deux à travailler pour le baron. Toi et moi, ensemble..." murmura-t-il plus à lui-même qu'à l'autre. Libero eut une expression légèrement surprise, mais ne dit rien. Puis, à voix basse, il dit : "Qu'en sais-tu si ça te plairait vraiment ? Nous ne nous connaissons pas, encore." Le dernier mot, «encore», provoqua une vague sensation de plaisir à Alfredo. Pendant qu'ils parlaient, étaient arrivés deux autres jeunes hommes, eux aussi, dans l'espoir d'obtenir un travail.
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