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histore originale par Andrej Koymasky


ON NE S'EST JAMAIS DIT
"JE T'AIME"
CHAPITRE 17
Une nouvelle rencontre

"Oui, tu me plais avec les moustaches, tu es très bien !" dit Alfredo, hochant la tête et souriant.

"Eh bien, alors certainement je les garde." dit serein Libero.

"À ta femme elles plaisent ?"

"Elles lui plaisent, oui, mais je suis seulement intéressé qu'elles te plaisent à toi. Un autre verre, Fredo ?"

"Non, merci. Tu sais que le vin me plaît, mais pour moi un verre en dehors des repas est aussi trop."

"Ça te fait tourner la tête ?"

"Non, Lino. C'est toi qui me fais tourner la tête." répondit Alfredo dans un murmure.

"Mais je ne t'ai pas encore dit la chose la plus importante..."

L'ami le regarda avec un sourire et un regard de curieuse attente : "Oui ?"

"Un autre fils m'es né..."

"Oh, félicitations. Un autre mâle ?"

"Oui, et je lui ai donné ton nom !"

"Alfredo ? Tu l'as appelé Alfredo ?"

"Oui, bien sûr. Donc, certainement chaque fois que je l'appelle, c'est comme si je t'appelais toi aussi, dans moi. Je l'ai appelé ainsi parce que... c'est un peu comme s'il était aussi le tien..."

Alfredo sourit et hocha la tête, puis il dit : "Eh bien... je sens que je l'aime déjà."

"Puis, j'ai aussi une surprise pour toi."

"Une autre ?"

Libero lui tendit la lourde enveloppe brune qu'il avait déjà en main quand ils s'étaient rencontrés, et qu'il avait posée sur la table du bistrot. Alfredo la prit, l'ouvrit et en sortit les photographies. Il les regarda toutes, avec calme, une à une. Puis il regarda son ami.

"Merci. Tu m'as vraiment fait un beau cadeau. Mais nous n'avons même pas une photo ensemble. Qu'en dis-tu, si nous cherchons un photographe et nous en faisons faire une ?"

À Libero les yeux brillèrent : "Oui, c'est une idée excellente. Allons tout de suite à la recherche d'un photographe ?"

Ils se levèrent et sortirent du bistrot. Ils virent un garde municipal en face de l'hôtel de ville et allèrent lui demander des informations. Ils trouvèrent l'atelier du photographe et lui demandèrent si, en faisant tout de suite une photographie, ils pourraient avoir deux exemplaires avant la fin du rassemblement des anciens combattants. Le photographe leur assura qu'il n'y avait pas de problème.

Il les fit entrer dans une pièce à l'arrière et leurs demanda quelle toile de fond ils désiraient. Ils en choisirent une qui représentait un arc en pierre au-delà duquel on pouvait voir une touffe d'arbres. Le photographe avec un aide, prit un siège décoré comme un bas faux mur de pierre. Il fit mettre Alfredo assis, avec Libero debout derrière ses épaules, un tout petit peu de côté, une main sur l'épaule de l'ami. Alfredo leva une main et la plaça sur celle de Libero.

Le photographe inséra une plaque dans l'appareil photo, tandis que l'aide tenait haut la palette avec le magnésium pour l'éclair, il mit la bâche sur l'appareil et sur sa tête et ajusta les lentilles.

"Ne bougez pas !" ordonna-t-il, le magnésium brûla avec un éclair et le photographe ferma l'objectif, il sortit le cadre avec la plaque exposée et alla en insérer une nouvelle. Puis il fit changer de position les deux amis : il les fit mettre les deux debout devant le mur bas, un peu tournés un vers l'autre, Libero avec un pied sur le mur, un coude appuyé sur son genou soulevé et légèrement tendu vers l'ami. Un second éclair de magnésium et la seconde plaque fut impressionnée.

Ensuite il les fit asseoir ensemble sur le faux mur qu'il avait déplacé en face de la voûte de pierre de façon que maintenant, au lieu d'une porte ça ressemblait à un rebord de fenêtre sur laquelle les deux étaient assis. Presque sans y penser, Libero prit une main libre d'Alfredo, couverte entre leurs jambes, et y entrelaça ses doigts. Le photographe prit la troisième pose.

Ils sortirent se sentant joyeux. Le soir ils devaient aller voir les trois épreuves d'impression pour choisir laquelle ils préféraient et le lendemain, ils auraient deux copies de la photographie qu'ils avaient choisie.

"À quelle heure tu as dit que nous pouvons aller à ta chambre d'hôtel ?" lui demanda Libero.

"Le comte devrait aller en Suisse juste après le déjeuner. Donc nous nous trouvons un restaurant où déjeuner nous deux, puis nous pouvons aller à l'hôtel. J'ai dit au comte que je déjeunerais très probablement dehors."

"Comment pouvons-nous savoir s'il est toujours dans l'hôtel ou pas ?"

"Il suffit de voir si la Fiat est garée encore devant l'hôtel ou non."

"J'ai vraiment envie de toi, Fredo !"

"À qui tu le dis ! L'envie d'une année entière ! Une année où je me suis demandé comment tu étais, ce que tu faisais... Si seulement tu savais lire et écrire, on pourrait s'envoyer une lettre, une carte postale de temps en temps..."

"Oui, tu as raison... mais malheureusement je suis analphabète. Maintenant, ils sont en train de mettre la ligne téléphonique aussi au pays, et avec mes beaux-parents on avait pensé le faire mettre dans la boutique, tu sais un publiphone. Le comte a le téléphone ?"

"Oui, il l'a."

"Si peut-être... le soir, quand le magasin est fermé et que personne ne m'entend... si je pouvais t'appeler à la villa... crois tu que le comte te laisserait avoir mon appel ?"

"Je ne sais pas, peut-être."

"Alors peut-être que nous pourrions aussi... aussi nous donner un rendez-vous et toi avec ton sidecar, et moi avec la camionnette de mes beaux-parents... on pourrait certainement nous rencontrer peut-être à mi-chemin... ne penses tu pas ? Je pourrais peut-être m'acheter une moto, pour être plus libre de me déplacer..."

"Peut-être, oui. Ce serait formidable. Nous verrons. D'abord, vous devez avoir le téléphone dans la boutique. Alfredino te ressemble beaucoup..."

"N'est-ce pas ? Oui, plus que les jumeaux. Ils ressemblent certainement plus à Cecilia. Mais ils sont beaux tous les trois."

"Le père fier ! Je dois encore trouver un père qui ne dise pas que ses enfants sont beaux. Mais c'est vrai, je ne sais pas pour les jumeaux, mais Alfredino, au moins, c'est un joli petit garçon. Je me demande si en grandissant il va te ressembler plus ou moins ?"

Ils allèrent pour le déjeuner dans un restaurant pavoisé de drapeaux, qui était plein d'anciens combattants et qui faisait des prix spéciaux pour l'occasion. Il y régnait une joyeuse confusion et les serveurs s'affairaient entre les tables. Libero et Alfredo réussirent à trouver une petite table pour deux dans un coin. Sous la petite table, leurs jambes se touchaient et parfois l'un des deux pressait contre celles de l'autre, qui alors soulevait le regard et ils se souriaient.

"J'ai très envie de toi..." murmura Alfredo à un moment. "Tout au long du voyage, je n'ai fait que penser à toi."

"Seulement pendant le voyage ?" lui demanda Libero avec un petit sourire espiègle.

"Non... en réalité tout au long de l'année, presque tous les jours... Mais pendant le voyage pour venir ici, j'y pensais presque constamment."

"Je... chaque fois que j'ai fait l'amour, je rêvais que je le faisais avec toi..." murmura Libero. "C'est certainement le moment où tu me manques le plus, où je te désire le plus."

"Je peux te comprendre, parce que aussi pour moi il en est ainsi."

"Mais ce n'est pas que je pense à toi seulement pendant que je fais du sexe..."

"Je sais, Lino, et même pour moi il en est ainsi."

"Moi, quand je prie... je demande au Seigneur de faire un miracle et que... et que un jour il nous permette de rester ensemble..." murmura Libero.

Alfredo ricana : "Je ne sais pas, parce que je ne crois pas en Dieu. Mais tu es déjà tout Dieu-patrie-famille, tu es un vrai grand fasciste !"

"Quel est le problème ? Le Duce fait beaucoup pour l'Italie."

"Bien sûr, personne n'est parfait, même les dictateurs peuvent faire quelque chose de bien, par erreur !" murmura sarcastiquement Alfredo. "Mais regarde ce qu'il fait, depuis qu'il s'est allié avec l'allemand, avec cet Adolfo ! N'as tu pas entendu parler des lois pour la défense de la race ? Les lois contre les Juifs ?"

"Eh bien, mais les Juifs complotent contre nous... et la pureté de la race..."

Alfredo rit. "Le comte dit que s'il y a une race bâtarde, pas du tout pure, c'est nous les italien! Des Romains aux Grecs, des Lombards à d'autres barbares, des Arabes aux Normands, puis les Sarrasins, les Français, les Espagnols, les Allemands... nous sommes un mélange, nous les Italiens, tout moins qu'une race pure. Et à propos de la famille et des Juifs... dans l'un des derniers magazines du parti qu'ils ont mis sur la couverture la Sainte famille, Marie Joseph et Jésus..."

"Oui, je l'ai vu, et alors ?"

"Et alors ? Tout d'abord... quelle famille modèle c'est, que Joseph n'est même pas le vrai père de Jésus... et à part cela, le magazine parle contre les Juifs, et met sur la couverture une famille de Juifs !"

"Comme une famille de Juifs ?" demanda Libero, étonné.

"Et qui sont Marie, Joseph et Jésus ? Ils étaient trois juifs, non ?"

"Mais allez, ils ne sont certainement pas des Juifs !"

"Et pourquoi non ? Qu'étaient-ils alors ? Italiens ? Français ? Américains ? Jérusalem, Bethléem, Nazareth... sont toutes des villes du royaume de Judas, ce est des habitants de la Judée, donc des Juifs." rit Alfredo.

"Mais... en es-tu sûr ?"

"Bien sûr que j'en suis sûr. Tu ne dois pas croire toute la propagande des fascistes, Libero !"

"Mais les Juifs ont tué Jésus..."

"Oui, l'un d'eux, de toute façon. Et puis... tu te rends compte que ton bien-aimé Duce... s'il se découvrait que nous deux nous aimons faire du sexe entre nous, au minimum nous finirions en prison ou à la relégation ? Comment peux-tu aimer les fascistes, Lino ?"

"Mais les Juifs veulent prendre le pouvoir sur nous Aryens..."

"Combien de Juifs connais-tu ? Combien en as-tu vu comploter pour prendre le pouvoir ? Et comme je te l'ai dit, nous les Italiens sommes tout sauf Aryens. C'est un bobard colossal inventé par cet Allemand maudit..."

"Je n'y comprends rien à la politique, mais le fascisme est certainement en train de faire de bonnes choses..."

"Aussi un voleur, un meurtrier aime ses amis peut-être, mais il reste un voleur et un meurtrier, non ?" insista Alfredo. "Et si tu n'as pas la carte du parti, tu ne manges pas."

"Mais tu ne l'as pas, tu m'as dit."

"Tout simplement parce que le comte est assez riche et assez magouilleur autrement je devrais peut-être la prendre pour aussi manger. Un parti qui ne nourrit que ceux qui en sont membres, seulement des moutons, seulement ceux qui hurlent «vive le Duce»... on appelle ça une dictature, mon Lino !"

"Mais tous sont fascistes..."

"Non, pas du tout. Et beaucoup ont été contraints de fuir à l'étranger, afin d'être libres."

"Mais toi... tu n'es pas fasciste et pourtant tu es libre..."

"Non, tu es libre [libre=Libero], je suis Alfredo !" plaisanta-t-il, puis devenant sérieux, il dit : "Si je me lève maintenant, et je dis que le fascisme ne me plaît pas, que m'arriverait-il ? Ce qui m'arriverait au minimum c'est qu'on me forcerait à boire un litre d'huile de ricin, et puis qu'on me tabasserait, au point de me tuer. Et s'ils n'y parviennent pas, en tout cas je finirais en prison. Est-ce que tu appelles ça liberté ? Libre de se taire !"

"Mais t'es pas communiste, non ?" lui demanda Libero.

"Non, je ne suis pas communiste, parce que ceux-là aussi sont comme les fascistes, bien qu'ils soient du côté opposé. Je ne suis rien. Mais je veux avoir des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre, et un cerveau pour penser. Mais arrêtons de parler de politique, maintenant. Et de toute façon, je t'aime beaucoup, même si tu es un fasciste ! Parlons de nous deux, ça vaut mieux."

"À propos de nous deux... Tu penses que le comte est déjà parti ?" demanda Libero avec les yeux qui brillaient.

"Allons voir. S'il y a encore la voiture nous resterons assis au bar de l'hôtel et nous attendrons de le voir partir."

"J'espère qu'il est déjà parti..." dit Libero comme ils se levaient et sortaient de la taverne.

Quand ils sont arrivés devant l'hôtel, Alfred dit : "La voiture n'est plus là. Nous pouvons monter dans ma chambre."

"Dieu merci ! J'ai vraiment envie de toi..." dit joyeusement Libero.

Quand ils furent enfin dans la chambre d'Alfredo, ils se déshabillèrent en un instant et se couchèrent sur le lit. Alfredo prit le visage de son ami entre ses mains et lui appuya le front contre son front, lui frotta légèrement le nez sur son nez et murmura : "Tu sais que je suis vraiment bien seulement quand je suis avec toi ?"

Libero hocha la tête. Il lui caressa le corps, et tourna légèrement la face de côté pour faire rencontrer ses lèvres avec celles de l'ami. Enfin ils s'unirent dans leur premier baiser comme quand ils s'étaient rencontrés. Un baiser profond, passionné, plein de désir.

"Je serais certainement ravi de pouvoir le faire à nouveau en plein air et le jour, comme parfois on pouvait le faire là-haut à la tour sarrasine..." murmura Libero.

"Oui, moi aussi. Contentons-nous de ce que nous pouvons faire, Lino."

Ils recommencèrent à jouer avec leurs langues, tout en caressant le corps tout entier, ce faisant, ils renforçaient progressivement leurs excitations. Ils se frottaient l'un contre l'autre, en anticipant le plaisir de la prochaine union, à laquelle ils aspiraient ensemble avec de plus en plus de désir. Ils aimaient tous les deux ces longues et agréables préliminaires. Leur accord sexuel, même s'ils pouvaient se retrouver une seule fois par an et pendant peu de jours, était devenu presque parfait.

Leurs membres s'entrelaçaient et se défaisaient sans cesse ; avec dévouement joyeux. Ils se roulaient sur le lit, dans une tension incessante de faire don à son ami d'autant de plaisir que possible. Ils se consacraient à l'autre dans une compétition pour rendre heureux le compagnon. Parfois ils ralentissaient leurs jeux amoureux, pour les faire durer aussi longtemps que possible.

Quand ils se trouvèrent un devant l'autre, sur le côté et renversés, presque simultanément, ils s'unirent dans un cercle agréable, suçant chacun le membre de l'autre. Dans leur inconscient rituel mûri au fil des ans, c'était devenu la première manière de s'unir.

Ils se détachaient et se réunissaient, encore et encore, dans une atmosphère gaie de désir et de passion. Chacun entendait avec plaisir augmenter la force du désir de l'autre, et il était heureux d'en être à la fois la cause et le bénéficiaire.

Dans les moments rares mais magiques dans lesquels ils pouvaient s'unir, ils se sentaient à la fois pleins de joie. Ces peu de jours partagés une seule fois l'an, ils avaient le pouvoir de leur donner la joie de vivre puis de les accompagner pour tous les mois où ils ne faisaient autrement qu'attendre et rêver d'être en mesure de s'unir à nouveau.

Comme les autres fois, à un moment Libero s'offrit à l'ami, en attendant avec impatience forte de le sentir en lui. Il le sentit entrer, lent mais décidé, et laissa échapper un petit soupir de contentement, tandis que ses yeux brillaient et un sourire coloré de plaisir lui embellissait le visage.

Il le sentit commencer à aller et venir en lui, avec la tendre vigueur coutumière. Il lui caressait le ventre et la poitrine, taquinait ses mamelons et se réjouit à l'expression de plaisir qui tout de suite s'accentua sur le beau visage de son Alfredo.

"Enfin !" chuchota Libero, bougeant légèrement en dessous de lui pour accentuer le plaisir mutuel. "Enfin !" répéta-t-il avec une voix rêveuse.

Ils firent l'amour longtemps, en s'alternant à se prendre à tour de rôle, jusqu'à ce que le plaisir fut trop fort pour le contenir et ils atteignirent l'orgasme, d'abord Alfredo puis Libero. Alors ils s'étendirent, en se relaxant, en s'embrassant tendrement.

"Nous devrions nous habiller et aller chez le photographe pour choisir la photo que nous voulons..." dit Libero après un certain temps.

"Je la ferai mettre dans un cadre et je la mettrai dans ma chambre. Mais toi, comment est-ce que tu feras ?"

"Eh bien, je dirai que nous sommes allés à la guerre ensemble et que nous nous sommes retrouvés, et que nous avons donc décidé de faire une photo, non ? Mais, certainement, je ne pourrai pas la mettre sur ma table de chevet dans ma chambre... Malheureusement."

Ils allèrent chez le photographe et regardèrent les trois bouts d'essai. Contrairement à tout ce qu'ils avaient pensé, ils choisirent deux photographies différentes, Libero celle où il était debout et Alfredo assis, parce qu'elle était la plus «classique» et ne faisait pas imaginer ce qu'il y avait vraiment entre eux. Alfredo par contre pris celle sur laquelle ils étaient assis sur le faux mur, main dans la main, juste pour la raison opposée : c'était celle qui trahissait en partie leur relation.

Puis ils allèrent dîner dans un autre petit restaurant. Ils étaient tous pleins d'anciens combattants, de vétérans. Alfredo fut reconnu par un ancien compagnon d'armes, qui demanda s'il pouvait s'asseoir à table avec eux. Un peu à contrecœur, ils lui dirent oui. Ils bavardèrent pendant tout le dîner, et quand l'intrus demanda qui était Libero, qui "n'était pas avec nous au temps de guerre", Alfredo lui répondit qu'ils étaient simplement paysans et amis...

Enfin, le dîner terminé, Alfredo et Libero saluèrent l'autre, en déclinant son invitation d'aller boire un verre dans un bistrot. Ils allèrent d'un pas rapide vers l'hôtel d'Alfredo, impatients de passer la nuit ensemble, dans les bras l'un de l'autre, après avoir fait l'amour à nouveau.


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