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histore originale par Andrej Koymasky


LE BARYTON ET LE TORERO CHAPITRE 3
L'AFFRONTEMENT ET LES MESSAGES

Fernando partit pour sa tournée en Espagne. Il devait se produire au Teatro Tívoli de Barcelone, au Teatro Metropol de Tarragone, dans la Basilique del Pilar à Saragosse, dans le Théâtre Gayarre de Pampelune, dans le Théâtre Calderón de Valladolid, dans le Teatro Real de Madrid, au Palacio de las Artes Reina Sofia à Valence, dans le Teatro Maestranza de Séville et, enfin, dans le théâtre Miguel de Cervantes à Malaga.

C'était un véritable tour de force auquel, cependant, Fernando se soumit presque avec plaisir, pour oublier toutes les illusions qu'il s'était faites sur le comte auquel il avait consacré cinq années de sa vie.

La soirée à Barcelone fut un vrai triomphe, le public était chaleureux, enthousiaste et demanda à deux reprises le rappel, et Fernando l'accorda de bon gré. À Tarragone, il eut un bon succès, plus décrété par la presse locale que dans la salle, mais ce fut une soirée positive, de toute façon. Dans la Basilique del Pilar à Saragosse, il chanta d'une manière très inspirée et les applaudissements résonnèrent longtemps dans les nefs.

Puis ce fut le tour du Teatro Gayarre de Pampelune. Juste le même jour, dans l'après-midi, dans les arènes de Pampelune s'exhibait le matador Rafael Jiménez, «el reyecito». Fernando vit toutes les affiches avec des photos de el reyecito annonçant la corrida, mais n'alla pas à la voir, parce qu'il voulait se concentrer sur le concert du soir.

Quand il entra en scène, portant sa belle queue-de-pie qui mettait l'accent sur son charme, une salve d'applaudissements le salua. Il commença à chanter la première romance, debout devant le piano à queue, accompagné par un célèbre pianiste espagnol. Il reçut des applaudissements un peu plus chaleureux que ceux qui l'avaient salué à l'entrée en scène.

Il commença la deuxième romance de son répertoire, et il était presque à la fin, quand il entendit du bruit dans la salle, puis éclata un tonnerre d'applaudissements. Mais Fernando réalisa que ce n'était pas pour lui : ils s'étaient tous tournés vers l'entrée et les applaudissements devenaient de plus assourdissant et des dizaines de voix crièrent des ovations debout à el reyecito, qui venait d'entrer.

Fernando réalisa que le pianiste allait arrêter, il se tourna vers lui et lui dit en ton sec : "On continue !" et sans se retourner, tournant le dos à la salle, il finit la romance.

Le pianiste lui murmura : "Une petite pause, maître Adami..."

"Non, continuez !" ordonna Fernando qui commença la troisième partie du programme, dans le vacarme de la salle.

Puis une voix cria : "Silence !" et la salle se calma. La même voix puis cria : "Hey, le baryton italien, ici, en Espagne, personne ne chante en tournant le dos à l'auditoire. Tourne-toi de nouveau vers moi !"

Maintenant, dans la salle il y avait un silence chargé d'attente.

Fernando fit signe au pianiste d'arrêter, se tourna lentement, comme un vrai maître de la scène, et répondit : "Il semble que toi, et pas moi, soit ici le spectacle. Mais pour ton malheur, je ne suis pas un taureau, je suis un chanteur ! Ou est-ce que ta vue est si faible que tu ne sais pas faire la différence ?"

Rafael Jiménez éclata de rire : "Tu as absolument raison, ceci est ton spectacle et sûrement tu n'es pas un taureau. Chante, donc, et personne ne t'interrompra plus, parole de el reyecito Silence, les amis, respectez le maître !"

Fernando hocha la tête pour le pianiste et le concert reprit. Il nota que, à la fin de chaque morceau Rafael était le premier à se lever et applaudir et tout le monde se levait et l'applaudissait pendant longtemps... jusqu'à ce que Rafael s'asseye à nouveau et alors à nouveau tous s'asseyaient en silence. Le concert prit fin entre un tonnerre d'applaudissements et des cris de «bravo, bravo !»

Fernando était dans le vestiaire et était en train de se rafraîchir et se préparait à quitter le théâtre, quand il entendit frapper.

"Entrez !" cria-t-il, pensant qu'ils lui apportaient le jus de pomme verte qu'il avait demandé.

Rafael entra, avec la cruche en verre en main.

"Ah, toi ?" demanda Fernando, tendu.

"Je me suis permis de dire au serveur que je te servirai moi-même... pour me faire pardonner. Et aussi te féliciter pour ton succès."

Fernando fit un gloussement nerveux : "Tu as ruiné mon spectacle. Penses-tu que t'excuser soit assez ?"

"Mais tu as eu tous les applaudissements que tu méritais !"

"Ils m'applaudissaient juste parce que tu le faisais, et ils arrêtaient dès que tu arrêtais !" répliqua aigrement, le baryton.

"Puis-je t'offrir un dîner, pour me faire pardonner ?"

"Tu crois pouvoir m'acheter avec un dîner ? Je n'ai aucune intention d'accepter."

"Plus fier qu'un matador !" se mit à rire l'homme . "Mais alors... que dois-je faire pour que tu me pardonnes ?"

"Simple. Ne te montre plus jamais là où je chante !"

Rafael Jiménez fit une courte révérence, mit la cruche de jus de pomme verte sur la table et quitta silencieusement la loge.

Fernando se versa un verre. Tout en sirotant le jus, il pensa que Rafael était un homme incroyablement beau et sensuel. S'ils ne s'étaient pas connus de cette manière... il aurait certainement accepté son invitation à dîner.

Il retourna à l'hôtel. Quand il entra dans sa chambre, il trouva un énorme bouquet de roses rouges avec une note. Il la ramassa et la lut.

«Au Maestro Fernando Adami.

Humblement, je présente mes excuses encore une fois : ce qui est arrivé n'était absolument pas de ma volonté, je ne voulais pas gâcher ton spectacle. Ce n'est pas de ma faute si mes compatriotes adorent un matador plus qu'un bon baryton, et je te présente des excuses pour eux.

Avec mes excuses renouvelées

Rafael Jiménez.»

Fernando était toujours en colère contre le beau toréador. Il déchira en mille morceaux le billet et le jeta dans la corbeille à papier, puis appela le garçon de couloir et lui ordonna d'emporter le bouquet de roses.

Il prit une longue douche, et pendant qu'il se lavait, l'image sensuelle du torero revint à lui, et il sentit un frisson de plaisir incontrôlable. Malgré son air de... «maître du monde», l'homme suintait une sensualité presque animale qui l'avait troublé, et qui le troublait encore.

Deux jours plus tard, il s'exhiba dans le théâtre Calderón de Valladolid. Ses concerts, tour à tour annoncés par les articles des médias de plus en plus élogieux, obtint un succès considérable. Fernando avait presque oublié l'incident de Pampelune.

Mais quand le soir, il retourna à sa chambre d'hôtel, il y trouva un autre énorme bouquet de roses rouges et une autre enveloppe. Craignant de savoir de qui cela venait, il l'ouvrit et lut. Il avait raison.

«Au maestro Fernando Adami,

comme tu l'as vu, je ne me suis pas montré en salle, cette fois, par respect de ton art, même si je regrette de ne pas pouvoir t'écouter et te voir à nouveau.

En plus d'une très belle voix, tu es un très bel homme. Pouvoir venir à tes concert est un régal pour les oreilles, mais pour les yeux aussi.

Malheureusement, je ne peux pas venir "incognito", je suis bien trop connu. Et d'ailleurs, je me sentirais ridicule à me déguiser pour ne pas me faire reconnaitre.

J'ai envoyé ma secrétaire acheter tous les disques et les CD qui étaient avec des passages chantés par toi, et je suis en train de les écouter, en fermant les yeux et en te caressant avec les ailes de mon imagination.

J'espère qu'un jour, et pas trop tard, tu ne m'imposeras plus cet exil.

Avec dévotion

Rafael Jiménez.»

Avec la courte lettre, il y avait aussi une carte de visite avec l'adresse du matador et son numéro de téléphone privé. Comme la fois précédente, il déchira la lettre et le billet et les jeta, il appela le garçon et il lui fit emporter le bouquet de roses. Mais cette fois, tout en prenant une douche avant d'aller au lit, il se masturba lentement, fantasmant d'être avec cet homme si attrayant.

Cette nuit-là, il rêva à lui, vêtu comme il l'avait vu sur les photos des affiches annonçant ses corridas, avec le fastueux costume bleu ciel et or avec la muleta rouge dans une pose pour le moins érotique. Mais au lieu du taureau, il était là lui, Fernando, qui regardait pendant que le torero laissait tomber la muleta et commençait à s'ôter les beaux vêtements de costume de lumière, et rester en face de lui complètement nu. Il se vit, en rêve, se rapprocher du splendide corps du toréador, tendre une main pour le toucher... mais le rêve s'interrompit.

Quand il se réveilla, il s'aperçut avoir eu une pollution nocturne qui lui mouillait tout le devant de son pantalon de pyjama, ce qui ne lui était plus arrivé depuis au moins vingt ans !

Enfin vint le jour de son début au Teatro Real de Madrid. L'agent espagnol l'avertit que dans la loge royale, il y aurait quelques parents éloignés du roi Juan Carlos.

"Il suffit que Rafael Jímenez ne mette pas les pieds au théâtre, depuis l'accident de Pampelune, il me persécute littéralement avec d'énormes bouquets de roses rouges et des billets...." s'exclama Fernando.

L'agent eut un gloussement ironique : "Il ne vous persécute pas, Maître, il essaie simplement de vous mettre dans son lit. Même si on n'en parle pas ouvertement, il est assez connu dans le milieu du spectacle que el reyecito est un dragueur, mais de garçons et de jeunes hommes, et non pas de filles."

"Oh. Vous voulez dire qu'il est homosexuel ?" demanda étonné Fernando mais aussi intéressé, malgré l'antipathie qu'il éprouvait pour le beau toréador.

"Je n'en mettrais pas ma main au feu... puisque je n'en ai jamais fait l'expérience moi-même !" s'est moqué l'homme. "Mais on dit qu'il a emmené au lit plus de garçons qu'il n'a tué de taureaux ! Il les utilise... puis il les oublie."

"Mais je ne suis plus un garçon !" dit Fernando en riant à son tour.

"Pas des gamins... Disons des jeunes hommes. Et vous êtes certainement un bel homme."

Comme il s'y attendait, après le concert, qui de nouveau fut un succès, de retour dans la chambre d'hôtel, il trouva le bouquet habituel de roses et une lettre. Il la lut, intrigué.

«Au maestro Fernando Adami,

J'espérais une réponse, même seulement une ligne pour me dire que tu m'as pardonné.

Tout ce que je fais c'est de penser à toi, tu m'es entré dans la tête et dans le cœur depuis cette première fois où j'ai eu le plaisir d'assister à ton concert.

Tu n'as pas pitié de moi ?

Tu es toujours tellement en colère après moi que, j'ai appris, que tu as même supprimé de ton programme l'air du deuxième acte de Carmen, le toréador Escamillo : j'ai bien reçu le blâme . Comme Carmen a repoussé Escamillo, tu me repousses ?

Pourtant, à la fin, Carmen accepte Escamillo. Est-ce que, par conséquent, j'ai donc quelque espoir ?

Affectueusement

Rafael Jiménez.»

Fernando sourit. Même si l'agent ne lui avait pas dit que le torero était gay, cette lettre ne lui aurait plus laissé le moindre doute. Il regarda dans l'enveloppe, il y avait aussi à nouveau la carte de visite, et il la trouva.

Alors il a pris le papier à en tête de l'hôtel et écrivit la réponse :

«Rafael Jiménez,

Tout d'abord s'il te plaît arrête d'inonder ma chambre avec des roses et de m'envoyer de tels messages. Arrête de me persécuter !

C'est vrai, j'ai fait supprimer cet air de mon répertoire, juste pour éviter d'avoir à penser à toi.

Et de toute façon, je n'aime pas du tout la comparaison que tu fais entre toi et moi avec Carmen et Escamillo : à la fin, juste au moment où Carmen se donne au toréador, elle est tuée. Je n'ai pas la moindre intention de me donner à toi, et encore moins de faire une telle fin.

Fernando Adami.»

Il mit la lettre dans l'enveloppe, la ferma, y écrivit dessus le nom et l'adresse de Rafael, appela le garçon et lui demanda de l'envoyer immédiatement.

Dans les jours suivants, après avoir fait un peu de tourisme à Madrid et avoir visité longtemps le Museo del Prado, il alla à Valence, où il devait se produire au Palacio de las Artes Reina Sofía.

Quand il entra dans le vestiaire, il trouva trois gros bouquets de roses blanches et, dans l'un des trois, l'enveloppe céleste qu'il connaissait maintenant même trop bien. Il lut le message.

«Au maestro Fernando Adami,

recevoir enfin une réponse de ta part, a rempli mon cœur de joie et d'espoir. Par conséquent, tu n'es pas complètement insensible à mes prières.

Comme tu le sais, ils m'appellent el reyecito, et, bien que je ne sois qu'un petit roi, je ne me suis jamais abaissé pour prier personne, mais je le fais avec toi. J'abandonne mon orgueil.

Je ne te demande pas grand-chose, je veux juste que tu m'accordes une rencontre, même brève, quand et où tu veux. Je perds le sommeil à cause de toi.

Non, certainement n'est pas la fin de Carmen que je te souhaite, d'ailleurs, si tu étais une Carmen, je n'aurais pas tellement perdu ma tête pour toi.

J'espère que tu accepteras mon plaidoyer

avec mon dévouement

Rafael.»

Cette fois-ci dans l'enveloppe, en même temps que le message il y avait aussi une belle image du torero dans son costume de lumière, et la carte de visite habituelle. Sur le dos de la photographie, il avait été écrit seulement «Esperando, Rafael».

Il ne savait pas assez d'espagnol pour comprendre si «esperando» signifiait «attendant» ou «espérant». Cela ne faisait pas beaucoup de différence. Fernando se dit que le beau torero devenait de plus en plus audacieux. Puis il pensa que peut-être qu'il pourrait lui accorder la brève rencontre qu'il demandait. Après tout, qu'est-ce qu'il risquait ? Rien. D'une part, il avait envie de le revoir, de l'autre il ne se sentait pas le besoin.

Il regarda la photographie : elle était en noir et blanc, et était belle ! Rafael avait la «montera», à savoir la coiffure caractéristique des toréadors, dans sa main et regardait la caméra avec une expression sérieuse, intense, qui avait le pouvoir de le faire frémir comme si elle s'adressait à lui. Encore une fois, il se demanda ce qu'il devait faire.

Enfin, il prit un stylo et du papier et répondit.

«Rafael,

Tu ne crois pas que tu exagères, avec tes roses et tes messages ? Tu penses que je suis un des nombreux jeunes que, comme j'ai appris, tu prends sur ton lit pour t'amuser, puis que tu jettes comme un objet usagé ? S'il en est ainsi, tu te trompes grossièrement.

Oublie-moi et laisse-moi tranquille. Je ne vais pas renoncer à mon orgueil, je te prie d'arrêter. Tu voulais que je te pardonne d'avoir dérangé mon concert : et bien, je te pardonne. Mais maintenant ça suffit.

Je ne vois aucune raison de te rencontrer à nouveau, même pour une brève rencontre. Oublie-moi et essaye de dormir, tu dois être en pleine possession de tes facultés pour faire face aux taureaux.

Fernando.»

Il appela un assistant de scène et le pria de faire envoyer sa lettre. Puis, il se prépara pour le concert. Encore une fois, ce fut un succès et il dût concéder plusieurs rappels. Il retourna à l'hôtel assez fatigué. Il était sûr de trouver encore un autre bouquet de roses et un message. Quand il entra, il fut surpris de ne pas les trouver. Surpris et, presque avec étonnement, aussi déçu.

Il haussa les épaules, alla prendre une longue douche, puis, ayant assez chaud malgré l'air conditionné, il décida d'aller au lit nu, sans mettre son pyjama. Il était sur le point de replier la couverture quand il vit que sur l'oreiller il y avait une boîte noire avec des filets légers en or et un ruban blanc. Il la prit en main et sentit qu'elle était lourde.

Surpris, il l'ouvrit : elle contenait une enveloppe et en dessous de celle-ci une statuette en bronze représentant un torero, d'une quarantaine de centimètres de haut, qui représentait clairement Rafael, et en fait sur le piédestal était gravé son nom. Il ouvrit la lettre et la lut.

«Fernando,

Dans l'espoir de pouvoir un jour te faire don de l'original, accepte pour le moment cette statue avec mes traits. J'aurait voulu qu'elle soit en or et non en bronze, mais celle-ci je l'avais déjà, et pour en faire une copie en or j'aurais du attendre trop de jours.

Ne la refuse pas, comme je sais que tu as fait avec les bouquets de roses. S'il te plaît, garde la comme un rappel de qui est en train de perdre la paix du cœur et de l'esprit pour toi. Crois-moi quand je te dis que je n'ai jamais ressenti ça pour aucune personne au monde.

Si, à ce moment, tu as la statuette dans tes main, laisse-moi te dire que je l'envie : je voudrais être à sa place.

Pardonne-moi si je te dérange, je ne voudrais pas, mais je ne peux que continuer à espérer que tu acceptes mes sentiments, et que tu sois d'accord pour me rencontrer.

ton

Rafael.»

Fernando pensait qu'il était clair qu'il n'avait pas encore reçu sa dernière lettre. Certainement ses messages étaient en train de devenir de plus en plus explicites. D'une part, il se sentait flatté par une telle attention, mais d'autre part, en raison de la façon dont l'agent espagnol l'avait prévenu, il ne voulait absolument pas devenir un autre nom dans la collection des grandes conquêtes du beau toréador.

Il décida que, cette fois, il ne répondrait pas. Il mit la statuette sur la table de chevet et alla se coucher. Allongé, la lumière encore allumée, il regardait le petit bronze que Rafael lui avait envoyé. Il était certainement très bien fait, la ressemblance était parfaite.

«Dans l'espoir de pouvoir un jour te faire don de l'original» avait-il écrit. Il voulait dire que la statue était seulement une copie d'un original en bronze, ou l'original était lui, Rafael ?

Il se demandait si Rafael agissait de cette manière chaque fois qu'il voulait faire une conquête... cela lui semblait peu probable. Il éteignit la lumière. Dans l'obscurité, il pouvait juste voir la silhouette de la statuette contre la fenêtre de la chambre. Il se tourna et roula sur le lit pendant près d'une heure avant de pouvoir enfin dormir.

Son avant-dernière étape était à Séville, où il devait chanter au Teatro de la Maestranza. Il arriva dans la belle ville deux jours avant le concert et fut emmené visiter les attractions touristiques. Il commençait à être assez connu, grâce à des articles dans les journaux et aux nouvelles à la télévision, de sorte qu'il fut arrêté plusieurs fois avec la demande d'un autographe que Fernando accordait avec plaisir.

La veille du concert, alors qu'il était dans sa chambre d'hôtel pour revoir les partitions des airs qu'il devait chanter, il entendit frapper à la porte. C'était un garçon, qui lui remit une lettre.

Il l'ouvrit : comme il l'avait tout de suite imaginé, elle venait de Rafael.

«Fernando,

Je n'ai jamais pensé que tu serais un des nombreux garçons que j'ai pris dans mon lit pour m'amuser, je le jure. Je comprends très bien que tu es différent de tous les autres. Je te jure d'avoir des intentions très sérieuses envers toi.

Tu me demandes de t'oublier et de te laisser tranquille. Je peux certainement te laisser tranquille, mais quant à t'oublier, tu ne peux pas me le demander, et même si je te le promettais, je serais seulement un menteur.

Je comprends que tu n'entends même pas m'accorder une brève rencontre, et cela m'afflige. En refusant de me rencontrer tu m'enlèves tout espoir. En fait, ce n'est certainement pas en utilisant ces courts messages que je peux me faire connaître par toi, que tu peux me regarder dans les yeux et comprendre, sentir, voir toute la sincérité de mes sentiments.

Et bien, il ne me reste qu'à te demander de nouveau pardon pour t'avoir importuné, cela m'afflige l'avoir fait, je n'entendais pas t'ennuyer. Il semble que quoi que je fasse à ton égard ce soit voué à l'échec.

Pardonne-moi

Rafael.»

Fernando resta pour plusieurs minutes avec la feuille en main, ressentant en lui deux émotions opposées : d'une part un certain soulagement pour la promesse du toréador de ne pas le déranger d'avantage, de l'autre un léger chagrin pour la sensation de tristesse qui émanait de ce message.


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