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histore originale par Andrej Koymasky


LE TEMPLE SUR LA HAUTEUR CHAPITRE 1
LE VIEILLARD ET LE GARÇON

Ader sortit sur la grande cour derrière sa maison demi-sombre, et ferma les yeux à cause de la réverbération du soleil. En faisant écran aux yeux avec une main et en attendant de s'habituer au changement brusque de luminosité, il explora la grande cour trapézoïdale de terre battue. Quelques enfants d'autres familles dont les maisons donnaient sur cette cour étaient en train de jouer avec une toupie en bois, deux femmes étaient en train de moudre des céréales dans la grande meule de pierre. Dans le seul coin à l'ombre, était assis sur un tabouret bas, le vieux Shillek.

Quand l'homme vit qu'Ader le regardait, avec une main décharnée il lui fit signe de venir à lui. Le garçon se rapprocha, sentant la chaleur intense du sol réchauffé par le soleil sous la plante des pieds. Arrivé dans le petit triangle d'ombre sur lequel le vieillard était assis, il eut une sensation de plaisir à sentir la fraîcheur du sol. Il s'arrêta devant le vieux et le salua d'un signe de la tête, en le regardant dans les yeux, sombres comme des seaux de poix pour calfater les navires.

"Ader, mon fils, assied-toi un moment avec moi." dit la voix légèrement rauque du vieillard.

Ader s'assit sur le sol, à côté de l'ancien, pas en face, mais légèrement sur le côté pour politesse, afin de ne pas lui faire face, et il tourna la tête pour le regarder. Il regardait la toile d'araignée des rides qui recouvrait le visage du vieil homme, son nez légèrement crochu, ses lèvres pliées dans un léger sourire, entrouvertes, entre lesquelles il apercevait quelques dents noircies et cassées.

"Quand est-ce que ton père t'emmène au temple de 'Adon'is ? Ça ne devrait pas tarder beaucoup, il me semble."

"Je ne sais pas, mais je crois que ce sera bientôt, peut-être dans quelques jours."

"Certes, avant la période du grand jeûne. Peut-être le jour de la pleine lune, de la fête des Dieux Gracieux de la célébration de Shaharu et Shalemu, les fils jumeaux du grand dieu 'El."

"Pourquoi tu dis qu'il m'y amènera certainement avant les vingt et un jours du grand jeûne ?"

"Parce que le cœur de l'été est chaud comme une briqueterie, et sec comme une tombe. Parce que c'est le moment où on ne cultive pas les champs, les jours de la soif, de la sécheresse, les jours de la jachère, les jours du deuil, dans lesquels on n'arrive pas et on ne part pas. Ces sont des jours où, tant que le soleil nous donne sa lumière, on ne touche pas de nourriture, on ne boit aucune boisson. Ce sont les jours où les sanctuaires sont déserts et les temples fermés."

"Toi aussi, vieux Shillek, tu as été un serviteur sacré du temple quand tu étais jeune ?"

"Oui, j'ai eu cet honneur."

"Mais dis-moi, Shillek, quelle est la différence entre un temple et un sanctuaire, et pourquoi ici en ville il y a un temple, mais pas de sanctuaire ?"

"Un sanctuaire se lève toujours dans la nature, en plein air, dans un lieu rendu sacré par quelque prodige, comme une source, un arbre ancien et puissant, ou bien où un dieu ou une déesse se sont révélés à nos pères. Un sanctuaire consiste souvent seulement en une enceinte sacrée où il y a une pierre ou un pilier en bois, et où il y a rarement une cabane pour le prêtre divinatoire et gardien. Un temple, cependant, peut s'élever soit dans une ville, soit sur un terrain élevé, c'est la maison d'un dieu, il est composé de constructions complexes de pierre et de bois, un peu comme la maison de notre roi, et il y est conservé l'effigie sacrée du dieu ou de la déesse. Y vivent les prêtres ou prêtresses, des serviteurs et des esclaves, et dans ceux sur les hauteurs, aussi des gardes armés qui protègent le temple de maraudeurs. En effet, dans chaque temple, il y a aussi un trésor plus ou moins grand qui peut faire envie à des hommes sans foi. Dans les temples sont effectués des rites et sont célébrés des fêtes."

"C'est vrai que le temple de 'Adon'is, de 'Adon du Feu, est le plus ancien construit par notre peuple ?"

"Non, pas le plus ancien en absolu, mais le plus ancien avec une tour du feu pour nos navigateurs. En fait, parmi ses plus fréquents visiteurs sont les matelots, non seulement de notre ville, mais aussi d'autres villes de nous Kena'ani, et parfois même les matelots des autres nations."

"Mais n'y vont pas que les matelots, pas vrai ?"

"Non, bien sûr. Même notre roi, et de nombreux habitants de notre ville et de quelques unes des autres villes, fréquentent parfois le temple de 'Adon'is."

"Mais il appartient à notre ville ?"

"Non, les temples sur les hauteurs n'appartiennent à aucune ville. Et celui de 'Adon'is est protégé par les rois des trois villes qui se trouvent plus ou moins au même nombre de lieues de lui, il y a deux ports comme notre ville, plus une ville de l'intérieur."

"C'est plus grand le temple du roi de notre ville ou c'est celui de 'Adon'is sur la hauteur ?"

"Celui qui est dans notre ville est au moins quatre fois plus grand que celui du Feu de 'Adon, même sans compter la grande cour du marché. Mais celui de 'Adon est beaucoup plus ancien, en fait, le temple royal a été construit par Zim'rida, le grand-père de notre roi Abd'alon. Celui de 'Adon'is a été fondée par le dieu 'Adon en personne, disent-ils, au début du temps."

"Cet 'Adon est le plus ancien des dieux ?"

"Non, mais un des plus anciens. Pense juste à leurs noms pour comprendre qui sont les plus anciens."

"C'est à dire ?"

"Le plus ancienne est 'El, dont le nom signifie «Essence», puis vient Ba'al, dont le nom signifie «Puissance», et finalement vient 'Adon, dont le nom signifie «Seigneur». Tous les autres dieux et déesses viennent après et ils ont été générés par 'El."

"Mais que dis-tu, vieux Shillek ! Comment un dieu mâle a pu tout seul engendrer, ou avec un autre dieu mâle ? Tous savent que pour engendrer doivent s'unir un mâle et une femelle, donc même un dieu et une déesse."

"Ah, le «je-sais-tout» qui croit tout savoir ! Tout d'abord, un grand dieu peut aussi générer par lui-même, sinon il ne serait pas un grand dieu. 'El engendra en premier Ba'al le Puissant, puis engendra 'Adon le Seigneur, et ensuite il engendra aussi des déesses, avec lesquelles il engendra les dieux mineurs, les héros, puis les hommes, et, enfin, même les animaux et les plantes. Il a généré la déesse Anath, la déesse de la guerre et de l'amour, et la donna en mariage à Ba'al. Ba'al et Anath générèrent Arsiya, la déesse de la terre, Padriya, la déesse des nuages et Tallita, la déesse de la rosée..."

"Ils n'engendraient que des filles ?" demanda Ader en l'interrompant.

"Mais non ! 'El engendra Ashtart qu'il fit épouser au dieu 'Adon, et avec elle il engendra Aliyan , dieu de la vie, Mot, dieu de la mort, Esmun, le dieu patron de Shidon. Ba'al avec Anath également engendra Yamm, le dieu de la mer, et aussi Yarih, le dieu de la lune et de la rosée."

"Mais n'est pas Tallita la déesse de la rosée ?"

"Les deux le sont, en fait Yarih épousa Tallita."

"Mais... si 'El engendra Ba'al, pourquoi il est dit que le père de Ba'al s'appelait Dagon ? Quelque chose ne correspond pas..." dit le garçon pensif.

"Dagon, ou Dagan, ou Dagnu, ne sont que les noms que d'autres villes donnent au dieu 'El."

"Mais alors, il s'appelle 'El ou Dagon ou dans ces autres manières ?"

"Et toi, tu t'appelles «garçon» ou ton nom est Ader ? Tu vois, tu peux également décider de changer ton nom, mais tu resteras toujours un garçon, puis un homme, et de toute façon un mâle. Alors à 'El on peut donner d'autres noms, mais il reste 'El, le grand dieu, le seigneur de tous les dieux."

Pendant que le vieil homme et le garçon étaient en train de parler, sortit de l'une des maisons un autre garçon, du même âge qu'Ader, qui restant sur le seuil de sa maison, commença à faire des signaux à Ader, en essayant d'attirer son attention. Mais Ader était absorbé à écouter le vieil homme, donc il ne le remarqua pas.

Celui qui le vit fut le vieux Shillek, qui dit à Ader : "Il semble que ton ami Hanni soit en train d'essayer d'attirer ton attention, mon fils."

Ader se tourna vers son ami, et lui fit signe de se rapprocher, mais Hanni secoua la tête et à son tour, fit signe à Ader d'aller à lui.

"Vas-y, Ader, ne fais pas attendre ton ami." dit alors le vieillard.

Le garçon se leva, fit un signe de salut au vieil homme et alla vers son ami.

"Les grands-parents sont allés au temple. Mon père avec mes frères et mon oncle sont allés au port, et ma mère avec ma sœur sont au marché. Alors maintenant, je suis seul dans la maison." lui dit Hanni à voix basse.

"T'as envie ?" lui demanda Ader, lui aussi à voix basse.

"Cela fait trois jours qu'on ne l'a pas fait toi et moi ensemble. Peut-être que tu t'es amusé avec Osir ou avec Milki, mais tu sais que je le fais seulement avec toi, n'est-ce pas ?"

"Non, je ne me suis pas amusé avec eux, durant ces trois jours !"

"Je ne comprends pas ce que tu trouves en eux, en particulier chez Milki, qui est juste laid !"

"Mais quand il me donne son petit cul, qui est tout simplement délicieux, je ne regarde pas son visage." ricana Ader.

"Pourquoi ? Est-ce que mon petit cul ne te plaît pas ?"

"Oh là, Hanni, ne me fais pas le jaloux comme une fillette, maintenant ! Bien sûr que tu me plais. Tu me plais beaucoup."

"Plus ou moins qu'Osir et que Milki ?"

"Bien plus."

"Jure-le."

"Mais oui, oui, je le jure."

"Alors, tu viens à la maison avec moi maintenant ? T'as envie de le faire avec moi, maintenant ?"

"Il fait très chaud... nous sommes en sueur tous les deux."

"En bref, tu n'en as pas envie." conclut tristement Hanni.

"Mais non, Hanni. Non. D'accord, allons-y, avant que quelqu'un de ta famille revienne."

Les deux garçons entrèrent dans la maison de Hanni, qui ferma soigneusement la porte de la cour en faisant glisser le pieu. La fraîcheur du demi-sombre intérieur était agréablement en contraste avec la chaleur extérieure. Ils ont traversé la cuisine, la salle commune. De là, ils ont pris l'escalier étroit et raide taillé dans l'épaisseur de la paroi principale et montèrent à l'étage, où se trouvaient les chambres avec les grabats de la famille. Ader était derrière son ami, et comme ils grimpaient les marches, tendit la main et palpa les fesses de l'ami.

Hanni rit et, sans se retourner, dit : "Alors, tu as envie toi aussi."

"Tu me la fais venir." Ader répondit gaiement.

"Tu l'as déjà dur ? Le mien l'est."

Ils entrèrent dans la chambre des fils mâles. Ader saisit un bras de son ami en le faisant tourner et en le tirant à lui, et avec sa main libre palpa entre les jambes de Hanni pour en tester le membre. Celui-ci, à son tour sentit le membre de son ami à travers la tunique, et sourit.

"Hmm, il est déjà presque dur. Avant je te le prends dans la bouche, et puis tu me mets dans le cul, hein ?"

"Bien sûr." dit Ader le laissant, et d'un geste rapide, il s'enleva la tunique. Avec elle il essuya la sueur de son corps, et la jeta sur un des grabats.

Hanni s'était rapidement dénudé aussi. Il poussa l'ami sur un des grabats, en l'y faisant s'asseoir. Ader écarta les jambes. Hanni s'accroupit au milieu et se pencha sur le giron de l'ami. Il prit avec une main le membre à demi dressé de son ami et se penchant un peu plus, le prit dans sa bouche. Ader laissa échapper un petit soupir.

"Oui, eh bien... Fais le moi devenir bien dur, allez ! Tu sais vraiment le sucer comme il faut !"

Hanni leva la tête et regarda : "Mieux que Osir et Milki ?"

"Plus que Osir, oui. Milki ne le prend jamais dans la bouche, il le prend juste dans le cul. Osir, après me l'avoir mis dans le cul et être venu, me fait jouir avec sa bouche."

"Pourquoi as-tu besoin d'eux, si tu peux faire tout avec moi ?"

"Pas tout, non, tu ne veux jamais me le mettre dans le cul. Tu dis que tu n'aimes pas, et je me demande comment peux-tu le dire si tu n'as jamais essayé."

"Oui, j'ai essayé une fois avec un de mes cousins, mais je n'ai pas aimé du tout."

"Suce-le, maintenant, allez! Ne perds pas de temps." lui dit Ader, en lui poussant la tête en bas avec une pression légère.

Hanni recommença à le lui sucer. Avec une main il lui caressait habilement les testicules et l'intérieur des cuisses, et avec l'autre l'aine et le ventre. Sans doute il était bon, pensait Ader, qui sait par qui et comment il avait appris ? Il ne le lui avait jamais demandé. Il appuya ses mains en arrière, il renversa sa tête légèrement et ferma les yeux pour mieux apprécier l'attention de son ami. Lentement, mais sûrement, l'intensité du plaisir augmentait. Hanni, qui faisait monter et descendre sa tête sur le membre maintenant dur et palpitant de son ami, y passa la langue, en léchant le gland découvert, augmentant ainsi le plaisir de son ami. Ader émettait maintenant des gémissements faibles et doux, de plus en plus fréquents. Quand il sentit que le plaisir devenait trop fort, doucement il poussa son ami loin de son giron. Hanni le regarda, il comprit pourquoi Ader le faisait arrêter et, rapidement, et gaiement, il se mit à quatre pattes, s'offrant ainsi à son ami.

Ader se mit à genoux derrière lui, prit un peu de salive avec ses doigts et lui mouilla l'anus, puis il prit en main son membre dur et frémissant, le pointa sur le trou de l'ami et a commença à pousser. Hanni laissa échapper un long et bas "Ouiiiii" et poussa en arrière son bassin pour répondre à la poussée du membre et être ainsi pénétré aussi profondément que possible. Le membre glissa en douceur et sans effort dans le canal accueillant et chaud de Hanni, qui accompagnait l'avancée avec un léger et heureux jappement, tortillant légèrement son bassin.

Ader alors saisit son ami par la taille et finalement commença à bouger d'avant en arrière avec des ondulations calibrées du bassin, sans se presser, en appréciant les sensations agréables que de se déplacer dans le canal chaud et étroit de Hanni lui donnait. Ses poussées augmentèrent progressivement, devenant plus fortes et plus espacées, comme toujours cela arrivait quand il sentait le summum du plaisir qui approchait rapidement. Tous ses muscles tendus, et enfin, se poussant bien à fond dans le canal du plaisir, il déchargea dans une courte série de jets puissants, émettant un gémissement sourd à chaque contraction. Hanni mit sa main sur son membre dur et se masturbait rapidement, afin de venir lui aussi avant même que l'ami recule. Bientôt Hanni, avec une série de brèves contractions, déchargea contre le grabat, laissant échapper de ses lèvres entrouvertes une série de faibles jappements.

Enfin, les deux garçons se détachèrent, mais restèrent dans leurs positions pendant quelques secondes, en respirant bruyamment, comme on fait habituellement après une course, et se détendirent progressivement. Ensuite, Hanni se leva sur les genoux, se tourna vers son ami et lui sourit.

"As-tu aimé, Ader ?" demanda-t-il, comme il le faisait presque à chaque fois après avoir fait l'amour.

"Bien sûr. Et toi aussi. Tu as à nouveau mouillé ton lit..." ricana l'ami. "Tu l'avais tourné comme les autres fois ?" il lui demanda-t-il après, se mettant debout et reprenant sa tunique en se rhabillant.

"Bien sûr." dit Hanni, en se levant du grabat et en le retournant.

"Alors, tu dois l'avoir fait avant de venir m'appeler. Tu étais si sûr que je viendrais ?"

"Oui, j'en étais sûr." confirma Hanni avec un sourire. "Descendons, allez."

Comme ils traversaient la cuisine en direction de la porte arrière de la cour, Ader lui demanda un peu d'eau. Le garçon prit une cruche et un bol, le remplit et le remit à son ami, qui but à grandes goulées, en émettant à la fin un long "hhh" satisfait. Rendant le bol vide, il demanda : "Que fais-tu maintenant, Hanni ?"

"Et toi, Ader ?"

"Je t'ai demandé d'abord ! Peut-être je vais chercher Milki ou Osir pour m'amuser un peu plus."

"Es-tu sérieux ?" lui demanda l'ami, sur un ton boudeur.

"Mais non, je plaisante ! Peut-être que je vais aller au temple du roi... ou au port. Je n'ai pas encore décidé. Il fait chaud de plus en plus, chaque jour qui passe."

"Oh, nous nous rapprochons de la fête de Shaharu et Shalemu, les jumeaux divins !"

"Peut-être... peut-être à l'occasion de leur fête mon père va m'amener au temple sur la hauteur, pour m'offrir comme qudish au dieu 'Adon."

"Mais oui, tu as aussi été choisi comme serviteur sacré du Dieu, comme qudish, cette année. D'ailleurs, tu es l'un des plus beaux parmi les adolescents de notre ville. Donc, pour au moins un an, nous ne pourrons pas nous voir." dit Hanni sur un ton pensif.

"Et comment tu feras, toi, pendant toute une année, et t'enlever les envies ? À qui vas-tu demander de le mettre dans ton joli petit cul ?" lui demanda Ader avec un petit sourire malicieux.

"Peut être justement à ton Osir ! Ou à quelqu'un d'autre." lui répondit l'ami sur un ton de défi.

"À qui ? À ton cousin dont tu me parlais avant ?"

"Non. Maintenant qu'il est marié, il n'est plus intéressé par moi, pas dans ce sens, au moins. Quand tu te marieras, toi aussi tu m'oublieras ?"

"Je ne sais pas, mais je ne pense pas ; mais il y a encore plusieurs années avant que je doive penser au mariage. Certains hommes mariés le font encore avec nous les adolescents, ou aussi l'un avec l'autre, ne sais-tu pas ?"

"Tant qu'ils le font avec nous les adolescents, il n'y a rien de mal à cela, mais le faire entre adultes... Si on venait à le savoir, ils deviendraient la risée de toute la ville."

"Pourtant, c'est connu que les matelots, quand ils sont en mer, ils le font entre eux. Et ils sont presque tous des adultes, à l'exception d'un ou deux garçons servant à bord. Oui, ils le font, même entre adultes, mais il est normal que le plus âgé la mette dans le cul au plus jeune. Qui sait qui a établi toutes ces règles ? Pourquoi chacun ne devrait-il pas pouvoir le faire avec ceux qu'il veut, comment et quand il veut ? Chaque fois que je demande aux adultes pourquoi on a à faire une certaine chose, ou pourquoi il faut la faire d'une certaine manière, la réponse est toujours : c'est la tradition de le faire, parce qu'on a toujours fait ainsi. Et pourtant, quelqu'un doit avoir commencé, non ? Et donc quelqu'un doit avoir changé la tradition qui était là avant, pas vrai ? Ou même commencé une nouvelle tradition."

"Même le vieux Shillek est ainsi ?"

"Non, pas lui. Il explique toujours le comment et le pourquoi des choses. Voilà pourquoi ça me plaît de lui parler. Mais Shillek est une exception dans une mer de médiocrité." dit Ader.

"Quel âge a-t-il, le vieux Shillek ? Il semble très, très vieux."

"Oh oui, je crois qu'il a plus de cinquante ans ! Peut-être même plus de soixante ans. Juste pense qu'il a des enfants, des petits-enfants et les enfants des petits-enfants. Quatre générations vivent dans sa grande maison, et ils sont tous des marins talentueux, au moins les adultes, bien sûr."

"Chez moi et chez toi, il y a de toute façon trois générations." lui fit remarquer Hanni, comme il enlevait le pieu de la porte arrière. "Comme en effet c'est assez fréquent." ajouta-t-il.

"Bon ; salut alors, Hanni. Jusqu'à la prochaine fois !" dit Ader entrant dans la grande cour commune et en faisant un geste de salutation avec sa main. Puis il se trouva dans la chaleur et à la lumière brillante de la cour.

Encore une fois, il sentit la chaleur intense du sol baigné par le soleil sous la plante des pieds. Il regarda vers le coin ombragé et vit que le vieux Shillek n'était plus assis sur son tabouret bas, qu'il avait encore laissé dans ce coin. Quatre enfants jouaient bruyamment à la pouliche en riant à haute voix. Trois jeunes filles dans un coin jouaient à la place avec des pierres de couleur, en les plaçant dans des dessins différents sur la terre battue. Une femme avait porté dehors un baquet grand et bas en bois avec des vêtements à laver et, debout dedans, la longue robe recueillie juste au-dessus des genoux, les piétinait avec ses pieds, soulevant des éclaboussures d'eau légèrement trouble.

Ader traversa la cour et se dirigea vers la porte de sa maison, qui était opposée à celle de Hanni. Comme il entra dans la maison, appréciant à nouveau le contraste entre la chaleur et l'éclat de l'extérieur et le crépuscule intérieur frais, il se demanda ce qu'il allait faire maintenant. Il traversa la cuisine, et en elle entra la mère.

"Oh, tu étais là, Ader ! Où as-tu été ?"

"J'étais dans la cour..."

"Non tu n'y étais pas, menteur. Je t'ai également cherché là-bas."

"Oui, maman. Avant j'ai parlé pendant un certain temps avec le vieux Shillek, puis je suis allé dans la cuisine de Hanni pour me faire donner un peu d'eau."

"Et tu as dû aller chez Hanni pour boire un peu d'eau ? Autrement dit, notre eau ne te plaît pas ? Pourtant, elle vient du même puits, ne le sais-tu pas ?" lui demanda ironiquement la mère. "Qu'étais-tu allé faire, dans la maison de Hanni, hein ? Dis-moi !"

"Pourquoi tu me cherchais ?" Ader dit, en essayant de changer de sujet.

"Ah, tu ne me réponds pas, hein ? Je parie que vous ne vous êtes pas arrêté dans la cuisine, mais que vous êtes montés dans les chambres."

"Pourquoi tu me cherchais, maman ?" insista Ader.

"J'ai fini de tisser les deux toiles pour ta tunique de qudish et la bande lombaire. Avant de faire broder les bords par tes sœurs, je voulais m'assurer que tout soit de la mesure exacte pour toi."

"Mais maman, la tunique et la bande de qudish doivent être toutes et seulement blanches, ne va pas me rendre pas ridicule avec des broderies minaudières, s'il te plaît !" protesta le garçon.

"Ne t'inquiètes pas. Ce seront des broderies très légères et en fil blanc comme la tunique, de sorte qu'on les verra et on ne les verra pas. Une chose très raffinée, crois-moi. Mon amie Batnoam m'a conseillée, la mère d'Aqat, qui fut choisi il y a trois ans comme qudish offert par notre ville au temple sur la hauteur. Elle m'a dit que les autres qudishim enviaient son fils, il n'était pas ridicule !"

"Et qu'est-ce que tu voudrais y broder, alors ?" demanda encore le garçon sur un ton bourru. "Petites fleurs et papillons ?"

"Non, étoiles, des étoiles seulement. Enlève ta tunique, viens."

Alors qu'Ader s'ôtait la courte tunique de fort coton à minces rayures verticales jaunes et marron, restant ainsi nu, la mère prit les deux toiles de fin lin blanc, avec quatre fibules pour les rejoindre sur les épaules et sur les hanches, puis elle l'enfila à son fils. Puis elle encercla sa taille avec une bande étroite, qu'elle ferma avec une cinquième fibule comme les autres. La caresse du linge précieux sur la peau procura un léger frisson de plaisir au garçon.

"Presque parfait. Je dois juste les faire un peu plus courtes pour qu'elle ne tombe pas au-dessous du genou. Trois ou quatre doigts en moins, je pense que ce sera bien."

"Où as-tu trouvé les cinq fibules ?" demanda le garçon, en regardant celle qui fermait la bande lombaire devant.

"Ton père les a achetées au marché du temple. Elles ne sont pas toutes les cinq identiques comme on espérait, alors il en a acheté deux moyennes pour les épaules, deux petites pour les hanches et une grande pour la bande. Mais elles sont tout à fait similaires, donc elles vont bien. Et elles sont toutes de bon bronze, de sorte qu'elles ont la même couleur. Il les a payées assez cher, ton père. Elles sont simples mais élégantes, comme c'est bien qu'elles soient. Elles viennent d'Égypte."

"Pourquoi, nous ne savons pas les faire nous aussi les fibules, que nous devons les importer d'Égypte ?"

"Bien sûr que nous savons les faire nous aussi. Mais celles-ci sont différents des nôtres, et alors tout le monde comprendra qu'elles viennent de loin, et notre famille va bien paraître, non ?"

Tandis que sa mère lui enlevait la tunique, Ader reprit la fibule de la ceinture et l'observa : elle était sans doute belle dans sa simplicité. Il pensait que c'était heureusement de goût masculin. Il en essaya le ressort, et il en inséra la pointe dans le support : elle était parfaite, elle avait été forgée par un artisan expert.

"Et rhabille toi, non ? Que fais-tu tout nu ?"

"Comme si tu ne m'avais jamais vu nu !" rigola Ader, mais il se mit sa tunique de coton. "Et puis je ne suis pas encore adulte, il est donc logique que je ne porte pas encore le pagne, non ?"

"Tu n'es pas encore adulte, mais tu es déjà bien développé là-bas, tu n'es plus un enfant." rétorqua la mère avec un léger sourire teinté de malice. "Je parie qu'avec Hanni... vous l'avez déjà mis à l'épreuve !"

Ader ne répondit pas, mais il se sentit rougir un peu, donc il se détourna de l'autre côté. "Une femme ne doit pas faire certaines discours avec un homme, sans parler d'une mère et de son enfant !" pensa-t-il un peu agacé, mais il ne dit rien : la mère n'aurait jamais accepté une critique de lui, parce qu'elle ne supportait même pas la critique de son père.

"Lorsque tu reviendras du temple de la hauteur, tu seras en âge, alors toi aussi, tu commenceras à porter le pagne, tu le sais bien. La tradition le veut ainsi."

"Pourquoi, maman, les tuniques que nous portons tous les jours sont cousues, et parfois ont les manches aussi bien, mais celle de qudish ne devrait pas avoir de coutures ? Et pourquoi celles des mâles sont courtes, mais longues celles de vous les femmes ?" demanda-t-il pensivement.

"Parce que... parce qu'il doit en être ainsi. Parce qu'on a toujours fait comme ça."

"Cela n'est pas une explication. Toi aussi, tu ne le sais pas."

La mère haussa les épaules, et ayant soigneusement plié les deux toiles, la ceinture, elle plaça au-dessus les cinq boucles et mit tout dans un panier de feuilles de palmier tissées. Ader tira d'une étagère le bol de pistaches, en prit une poignée et commença à les grignoter. Sa mère prit le bol de sa main et le remit sur l'étagère, après lui avoir lancé un regard assassin.

"Bientôt, je prépare le déjeuner ! Ne te remplis pas le ventre avant l'heure !" le gronda-t-elle.

Ader haussa les épaules, imitant inconsciemment le geste de la mère et, grignotant encore les pistaches qu'il avait prises, il quitta la maison, sortant dans la rue, et se dirigea vers le port.

"Où vas-tu maintenant, fainéant ?" lui cria après la mère, de la maison.

"Sois tranquille, je serai de retour avant le déjeuner !" cria le garçon sans se retourner, et il continua à marcher gaiement, en sifflotant un refrain.

Quand il tourna dans la rue principale, il rencontra Osir.

"Hey, Ader !" le salua l'ami. "Où vas-tu ?"

"Au port, pour voir les navires qui arrivent et qui partent. Et toi ?"

"Au marché du temple. Je veux voir si ils ont un beau cercle, parce que mon frère à brisé le mien, en l'utilisant comme une balançoire, pense ! Tu sais, un de ces beaux cercles faits avec un sarment et avec la baguette pour le pousser, venant d'Égypte."

"Mais quoi, tu t'amuses encore à faire rouler le cercle ? Tu n'es plus un enfant. Je m'achèterais plutôt un beau yo-yo sculpté et peint. Ou le modèle d'un navire, mais de ceux qui flottent parfaitement, pour faire les courses avec les camarades. Ou peut-être une toupie avec le fouet..."

"Ceux-là ne sont pas plus des jeux d'adultes que le cercle. Il n'est pas facile de pousser un cercle à rouler en montant et descendant par les routes cahoteuses. Toi, à quel jeu tu aimes jouer, Ader ?"

Le garçon ricana : "Toi, de toutes les personnes, tu devrais bien le savoir, Osir : le jeu dont nous portons toujours les outils avec nous"

L'ami rigola à son tour. "Celui-là, de jeu, je le fais toujours volontiers, mais il faut être au moins à deux, et on ne peut pas le faire dans la rue avec les amis."

"Dans la rue non, mais à la maison s'il n'y a personne, ou entre les buissons hors de la ville quand le temps est beau, ou la nuit dans un coin sombre de la vieille ville, en particulier dans le marché qui, après la chute du soleil, au début d'une nouvelle journée, est presque toujours désert." énuméra Ader.

"Ou à la maison d'un soupirant qui te comble d'abord avec des cadeaux, et puis te prend sur son lit." ajouta Osir avec un sourire malicieux.

"Toi... tu l'as déjà fait avec un homme adulte ?"

Osir hocha la tête avec un sourire fier, puis il dit : "Comment penses-tu que j'ai rassemblé les pièces de monnaie pour acheter un nouveau cercle?"

"Monnaies ? Mais quoi, tu te fais payer comme une putain du port ?" demanda Ader étonné.

"Mais non. Les prostituées se font payer au tarif pour chaque performance, mes soupirants me donnent généralement un objet, ou un peu d'argent, juste pour me faire la cour, et non pas comme paiement. C'est différent. Et puis, je ne me le fais pas mettre dans le cul, si jamais c'est moi qui le mets dans le cul à mes prétendants, bien qu'ils soient des hommes mûrs. À certains d'entre eux ça plaît bien, aussi longtemps qu'on ne le sait pas. Tu as des prétendants ?"

"Oui, quelqu'un a essayé avec moi... mais ça ne me va pas. Je préfère le faire avec les garçons de mon âge, au moins pour l'instant."

"Oui, bien sûr, au moins pour l'instant, parce que quand tu feras le service au temple sur la hauteur comme qudish, tu devras le faire avec toute personne qui fait une offre au temple, beau ou laid, jeune ou vieux, gros ou mince, parfumé ou puant !"

"Mais quel rapport ? Cela fait partie du rite, ce n'est pas s'amuser en faisant du sexe. C'est un rite sacré."

"Mais c'est tout de même baiser ou te faire foutre dans le cul, sucer une bite ou te la faire sucer. Je ne vois pas vraiment la différence."

"La différence est que c'est un acte de dévotion au Dieu. En fait, l'offre du dévot va au temple, non ? Le dévot, à travers nous, s'unit mystiquement au dieu."

"Oui, un homme offre une pièce de monnaie ou un bijou, et les qudishim offrent leur cul ou quoi que ce soit." rit son ami. "Et alors j'offre mon corps pour mon et leur plaisir, mais l'offre de mon dévot reste toute pour moi !"

"T'es un blasphémateur !" affirma Ader sévèrement. "Comment peux-tu te comparer à un dieu ?"

"Mais non, je ne me compare pas à un dieu. Je me compare plutôt aux prêtres du temple et au temple lui-même, qui se gardent les offrandes faites au dieu. Au moins pendant que je suis jeune. Ensuite, je peux enfin me marier, et alors je vais jouir de ma femme."

"Et pas d'un garçon ?" lui demanda Ader.

"Bien sûr que non. Quel besoin j'en aurai ? À moins que ma femme ne soit pas bonne au lit, et alors, peut-être... À moins que je devienne assez riche pour m'acheter une esclave belle et adroite pour m'amuser au lit avec elle."

"Une esclave est chère, surtout une femme belle et talentueuse au lit. Et puis tu auras à l'entretenir, la nourrir, l'habiller et même lui donner quelque paie. Seuls les riches peuvent se le permettre. Certes ni toi, ni moi-même."

"Si je deviens riche, j'ai dit, en effet. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas qu'il soit nécessaire d'être très riche. Le père de Milki a deux esclaves, un mâle et une femelle."

"Mais le père de Milki possède également deux navires de commerce, et une belle maison dans la nouvelle partie de la ville, ainsi qu'un dépôt au port. Il ne sera pas très riche, mais il est certainement bien loin d'être pauvre. D'autre part il fait aussi partie du conseil du roi. Non ?"

"Et qui te dit que je ne deviendrais pas riche moi aussi ? Et peut-être même conseiller du roi ?"

"Ou plutôt le patron du bordel du port !" le taquina l'ami.

"Et pourquoi pas ? On gagne bien si on a une bonne écurie de femmes de plaisir ! Les matelots, après de longues périodes de navigation, ont besoin de s'enlever leurs envies, parce que le faire l'un avec l'autre ne les satisfait pas assez."

"Certains, dit-on, préfèrent davantage le faire entre hommes."

"Peu, très peu, de toute façon. Toi, combien de temps ça fait que tu ne baises pas, Ader ?"

"J'ai baisé ce matin." dit le garçon hilare.

"Et avec qui ?"

"Curieux ! Je ne te le dis pas."

Osir haussa les épaules. "Que veux-tu qu'il m'importe ? L'important est que tu te sois amusé. Eh bien, félicitations, mon ami !" dit-il. "À plus !"

Les deux garçons reprirent chacun son chemin.


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