Mithon put finalement revenir voir son Ader. L'offrande rituelle faite au dieu, les deux amants se retirèrent dans la cellule d'Ader et furent bientôt dans les bras l'un de l'autre, pour se désaltérer à la source de l'amour de l'autre. Le qudish n'oublia pas son devoir et il entonna l'hymne, tandis que les deux se regardaient avec des yeux pleins de désir. Et enfin ils languirent dans les bras l'un de l'autre, en renouvelant le rite éternel de l'amour.
"Je t'ai manqué, mon bien-aimé, durant tous ces jours?" demanda Ader une voix d'enfant.
"Tout le temps, mon amour. Dès le matin quand j'ouvrais mes yeux au soir, quand je les fermais, et même dans la nuit, si tu venais dans mes rêves."
"Quand le grand dieu me dispensera de son service, je serai tout et toujours et seulement tien. Mais dans mon cœur, tu le sais, je le suis déjà."
Mithon, continuant à embrasser et caresser son garçon sur tout le corps, rejoignit peu à peu l'union tant attendue. En restant couché sur le côté, il inséra ses jambes entre celles d'Ader, qui en souleva une pour lui donner un accès plus facile à sa maison du plaisir et de l'union. Le beau matelot replia les jambes en portant son bassin contre les petites et fermes fesses du garçon, et son membre puissant fouilla dans le sillon dans la recherche de l'entrée de la cellule du plaisir. Lorsque la pointe de la fière hampe repéra l'anneau de chair frémissante et commença à frapper à la porte de l'amour, le sourire d'Ader s'accentua.
"Viens, mon bien-aimé. Reprends possession de ce qui t'appartient, fais-moi sentir que je suis seulement à toi. Lorsque d'autres hommes s'unissent à moi, à travers moi, ils s'unissent mystérieusement au Dieu, mais quand c'est toi, en plus de t'unir au dieu, tu reprends tout ce qui est à toi et à toi seul."
"Tu n'appartiens pas alors au grand dieu 'Adon ?" demanda le jeune homme dans un murmure.
"Non. Ses prêtres lui appartiennent. Nous qudishim nous ne sommes que ses serviteurs temporaires. Tu sais très bien que l'esclave appartient à son maître, le serviteur est par contre un homme libre qui sert son maître, mais ne lui appartient pas. Je peux donc affirmer appartenir à toi, à toi seul."
"Alors, tu es mon esclave ?" lui demanda Mithon avec un sourire.
"Certainement !"
"Oh quel grand mystère !"
"De quoi tu parles ?"
"Comment peux-tu être mon esclave, si je suis ton esclave fidèle ?"
"Oui, tu as raison, ceci est vraiment un grand mystère. C'est le mystère de l'amour, qui rend tous les amoureux en même temps esclaves et seigneurs de l'autre. Seul l'amour a ce pouvoir, ne le savais-tu pas ?"
"Non, je ne le savais pas. Mais je le sais maintenant, mon bien-aimé." dit Mithon et il l'embrassa à nouveau, avec grande passion.
Alors il commença à pousser et à avancer dans l'intimité chaude de son garçon. Il le remplit peu à peu, avec son habituel calme plein de vigueur virile. Ader le sentit entrer peu à peu, et émit un bas soupir de contentement. Il pensa vaguement que le grand dieu 'Adon l'avait vraiment béni, lui faisant rencontrer le beau matelot, mais surtout en les faisant tomber amoureux l'un de l'autre.
Lorsque le fort pal du jeune homme fut complètement immergé dans le doux canal du plaisir, il commença enfin la danse virile de l'amour, du sexe, du plaisir, de l'extase des sens. Ader le sentait glisser, fort et doux, dans et hors de lui, et dans son esprit surgit une douce musique, dont le rythme était donné par le va et vient du membre viril en lui, et dont la mélodie était créé par leurs soupirs et gémissements. Le garçon, comme à chaque fois qu'il s'unissait au beau matelot, se sentait enveloppé, inondé par un grand émerveillement.
Mithon était infatigable à prendre le garçon qu'il aimait, et en même temps aussi à le toucher, le sentir, le caresser, l'embrasser, construisant ainsi des temples de joie, des jardins d'allégresse, des palais de plaisir et des tours de jouissance. Seuls les dieux auraient dit qui, entre le garçon et le matelot, avait connu plus d'unions, avait eu plus de rencontres de sexe, pourtant pour les deux leur union, leur rapport avait chaque fois la saveur unique d'un première.
Le rai de lumière du soleil qui filtrait par la fenêtre étroite et grande ouverte en haut du le mur de pierre, suivait son parcours immuable le long de la paroi de beau bois de cèdre de la cellule du qudish, comme pour marquer le temps comme un grand cadran solaire de lumière plutôt que d'ombre.
Peu à peu, comme le plaisir imprégnait toutes les fibres de leurs corps, les deux amants changèrent de position jusqu'à ce qu'Ader fut avec son dos sur le lit et les jambes sur les épaules de l'amant, la position que tous les deux aimaient le plus. Mithon progressivement augmenta la force de ses poussées, encouragé par le sourire de plus en plus heureux de son garçon. Ils sentirent que la conclusion du rituel de l'amour approchait, de plus en plus rapidement. Lorsque Ader sentit son homme commencer à trembler comme les feuilles d'un arbre caressé par la brise fraîche venant de la mer, il porta ses mains à frotter avec la bonne force et délicatesse les mamelons sombres de son homme, en lui faisant ainsi atteindre enfin l'apogée du plaisir.
Mithon se baissa sur lui, se poussant complètement en lui, et en même temps l'embrassant avec une passion avide, et de sa verge jaillirent jet sur jet d'essence virile qui arrosèrent la secrète cellule d'amour. Tout de suite, aussi de la forte hampe du garçon, comprimée entre leurs ventres, jaillit, comme d'une source de montagne, l'élixir doux de la vie qui se répandit entre les corps étroitement enlacés. Dans une harmonie soumise de gémissements et de respirations rapides, les deux donnèrent à l'aimé la preuve tangible du plaisir qu'ils s'étaient donnés avec amour. Ils restèrent immobiles pendant quelques instants, comme les autres fois presque étonnés de la beauté de ce qu'ils venaient d'expérimenter.
Puis leur étreinte se délia peu à peu, leurs corps commencèrent le lent et doux chemin vers la paix du corps et des sens, vers le calme du cœur et du souffle, détendus, repus et satisfaits pour le moment. Mithon glissa sur le côté de son amant, en prit le visage entre ses mains, en poussant un peu la tête en arrière pour le regarder, il lui sourit et, caressant légèrement ses joues, il murmura : "Par 'Adon ! Combien je t'aime !"
Ils restèrent encore un peu ainsi, couchés sur leurs côtés, face à face, les jambes entrelacées, perdus l'un dans les yeux lumineux de l'autre, jusqu'à ce que, revenus sur terre, ils se relevèrent du grabat. Ader entonna à voix basse l'hymne final, puis, main dans la main, ils allèrent au grand bain, où ils se lavèrent l'un l'autre. Revenus dans la cellule, ils se rhabillèrent.
"Tu dois déjà partir, pas vrai ?" lui demanda Ader.
"Malheureusement, je le dois, mon bien-aimé. Le navire où je sers doit repartir à midi. J'ai juste assez de temps pour revenir au port. Mais tu sais que je t'emporte avec moi, dans mon cœur."
Ader hocha la tête. "Il reste juste quelques mois avant la fin de mon service. Je vais compter les jours jusqu'à ta prochaine visite au temple, et en moi. Maintenant, je vais t'accompagner à la porte du temple. Je te regarderai aller vers le bas dans la vallée, et chaque pas qui te portera loin de moi sera comme un nœud qui serrera mon cœur."
Ils sortirent ensemble du portique, traversèrent le hall d'entrée et, juste à côté du grand portail, Ader s'arrêta entre les colonnes Jeber et Acta, pendant que Mithon descendait les marches. Quand il atteignit l'esplanade devant le temple, le beau matelot se retourna et lui adressa un sourire et un geste d'adieu, et d'un pas rapide il marcha le long de la descente qui en traversant la forêt inférieure, le ramenait à la ville et au port. Ader s'appuya contre Jeber, presque comme en cherchant avec le contact avec le haut pilier de pierre, l'écho de son contact avec le corps de l'être aimé. Lorsque Mithon allait disparaître au détour de la route, il se tourna un instant pour lui donner un dernier adieu en agitant son bras, puis il disparut de la vue du garçon. Ader laissa échapper un long soupir et entra dans le temple, en s'enveloppant du manteau de laine serré autour de son corps, et retourna à sa place entre les colonnes du portique.
La fête de la lumière, et le jour du solstice d'hiver vinrent. Pour préparer la fête de la pleine lune, tous les qudishim sortirent du temple à chercher les plus belles branches à couper afin de préparer dans la salle du temple l'arbre de la Vie pour célébrer le repas sacré à base de caroube et d'autres fruits de la saison, tandis que l'ensemble du personnel du temple était en compétition à réciter des poèmes, chanter des chansons, raconter des histoires en particulier en ce qui concerne les arbres, et surtout l'arbre d'amande, le premier à fleurir après l'hiver, pour annoncer le printemps et le début d'une nouvelle année.
Ader alla donc avec les autres dans les bois pour choisir les plus belles branches et les couper avec des lames tranchantes de fer. Il n'avait pas remarqué que quelques gouttes de résine avaient dégouliné d'un arbre sur sa tunique à la hauteur de ses épaules. N'en étant pas conscient, il ne put pas les laver alors qu'elles étaient encore humides et douces, de sorte qu'elles séchèrent, durcissant une partie du tissu grande comme le pouce et l'index joints dans un cercle.
Il s'en rendit compte que lorsque, le soir, de retour dans sa cellule après le repas du soir, il s'ôta sa belle tunique de lin. La résine, en séchant, s'était légèrement collée à sa peau, qu'il se sentait tirer comme il enlevait sa tunique. À la lumière de la lampe, il vérifia le point du tissu : il remarqua que la résine, en durcissant, l'avait fait presque devenir transparent, contrairement au tissu propre, à travers lequel la lumière de la flamme pénétrait moins. Il regretta avoir ruiné, même partiellement et aux épaules, sa belle tunique : il savait que ce ne serait plus possible d'enlever la résine, maintenant durcie.
Il éteignit la lampe, s'enveloppa dans son manteau de laine et bientôt glissa imperceptiblement dans un profond sommeil. Et ce soir-là, il rêva : il rêvait d'être sur le bateau de son bien-aimé, et le vent remplissait la grande voile rectangulaire en faisant glisser le navire rapidement sur les vagues écumantes. Il savait qu'il était sur le navire de Mithon et pourtant, en regardant autour, il ne pouvait pas le voir. Il se demandait où il pouvait être. Il approcha un vieux marin avec une épaisse barbe blanche et lui demanda où son bien-aimé était. "Il est sous le couvert qui joue le rythme pour les rameurs. Tu n'entends pas le son de sa flûte ?" Puis Ader vit que le vent était mort et la voile pendait mollement : pour cela les rameurs avaient été mis au travail. Quelques matelots amenèrent la grande voile maintenant inutile, en la roulant sur le mât.
Puis, comme par magie, il se trouva en face du grand temple du roi, dans sa ville, et il vit que les prêtres étaient en train d'ouvrir le grand portail du temple. Mais, au lieu d'avoir deux ailes qui pivotent verticalement, il avait seulement une aile qui tournait horizontalement, pivotant vers le haut, tiré par des cordes solides manœuvrées par les esclaves du temple. Il se souvint de l'hymne des prêtres qui chantaient : "Soulevez les portes pour que le roi entre dans sa gloire."
Enfin, il entendit le grand gong du temple retentir... et se réveilla : c'était en fait le grand gong du portique des qudishim annonçant le début de la journée et du service, et l'ouverture du grand portail du temple aux fidèles qui grimpaient jusqu'à là-haut, pour se rendre au temple de 'Adon sur la hauteur.
Avec ses camarades il alla faire les ablutions, ils mangèrent le repas du matin, puis chacun des serviteurs sacrés alla s'asseoir à sa place entre les colonnes du portique. Peu après, commencèrent à arriver les premiers dévots du dieu 'Adon les plus matinaux, qui devaient avoir laissé leur ville peu avant le lever du soleil.
Pendant qu'il attendait qu'un des fidèles finalement le choisisse pour le rituel sacré, il repensa à la tâche de résine sur la tunique sur son épaule, et le tissu qui sur ce point était devenu presque transparent. Lentement, dans son esprit, commença à prendre substance une intuition. Il imagina un grand cadre en bois, mince mais suffisamment solide, sur lequel serait tendue comme une voile carrée, de toile légère, une gaze semi-transparente, trempée dans la résine et faite durcir, obtenant ainsi une grande surface encore plus transparente. Le cadre pourrait être articulé sur le dessus, afin de le faire tourner, et pivoter vers le plafond. En cas de fortes pluies dans le vent, on pouvait le faire descendre, le bloquant en bas avec des chevilles appropriées. Le seul problème était que, si le vent était violent, l'effet de voile pourrait briser le cadre ou déchirer le tissu. Il se dit que d'abord il fallait voir s'il était possible de faire durcir une ample surface de gaze, puis il penserait à comme faire pour que le vent ne brise pas le tout.
Pendant plusieurs jours, il y pensa, sans en parler à personne jusqu'à ce qu'il ait mis au point tous les détails. Par un des esclaves il obtint un morceau de gaze fine, le reste d'un voile, et quand il put aller recueillir un peu de résine, il l'étala soigneusement et la fit sécher, répétant l'opération à plusieurs reprises. Il obtint ainsi une feuille presque transparente, comme une plaque de verre, mais très mince, très légère, souple mais robuste, difficile à arracher, mais qu'une lame tranchante pourrait facilement couper.
Lorsque dans l'un des fidèles qui l'avaient choisi, il reconnut un marin d'âge mûr, et donc avec une expérience considérable, il lui posa quelques questions, en lui exposant son projet : ce qui l'inquiétait, c'était comment la surface qu'il imaginait tendue dans le cadre, ne serait pas poussée si fort par le vent au point de faire sortir le cadre de ses gonds ou même de tout casser. Le marin lui expliqua qu'une voile carrée est fixé juste au-dessus sur le mât, mais elle est libre sur les côtés et sur le bord inférieur, des cordes tendues fixées uniquement par les coins inférieurs, renforcés de manière appropriée. Il lui dit aussi que, ne pouvant pas tisser une toile suffisamment grande, une voile était composée de différentes lignes verticales de toile appelées laizes, dont les coutures renforçaient toute la structure. De cette façon, la voile pouvait se gonfler et propulser le navire, sans problèmes, puisque l'excès de vent se dispersait par ses bords latéraux et par le fond.
Ader commençait à avoir un tableau plus clair de comme les panneaux transparents devraient être faits : les bandes de gaze devaient être cousues ensemble, fixés uniquement en haut et relié au châssis seulement aux deux coins inférieurs. Quand le temps était bon, les cadres pouvaient être soulevées vers le haut, et seulement en cas de vent et de pluie pouvaient être abaissés et fixés au sol avec des chevilles appropriés. Si le vent était trop fort, la toile élastique laisserait échapper l'excès d'air sur les côtés et le fond, mais sans être en mesure de frapper directement le foyer et ainsi sans danger d'éteindre le feu.
Il était de plus en plus convaincu de la justesse de son idée. Quand il se sentit assez sûr, il demanda de parler avec le Protecteur. Le prêtre l'écouta, puis dit : "Je ne peux pas nier que tu aies beaucoup d'imagination, garçon. Mais je pense aussi que tu es un peu présomptueux : penses-tu avoir la solution à un problème que les générations avant toi n'ont pas été en mesure de résoudre ? Tu oublies que tu n'es même pas un homme adulte, mais juste un garçon ? Tu as été choisi pour servir dans ce temple comme un serviteur sacré, comme qudish, rien d'autre. Eh bien, tu dois seulement bien effectuer ton devoir et t'enlever de telles lubies de la tête."
Ader essaya d'insister, mais quand il vit que le Protecteur était en train de s'impatienter, il pensa plus sage de ne plus insister. Mais en lui, il continuait à être certain que son idée fonctionnerait. Il pensait à la façon dont il pourrait faire, tripotant le talisman que la grande prêtresse lui avait donné et accroché à son cou, quand il vit la ligne d'esclaves qui portaient les bûches de bois bien sec sur la tour du feu. Alors il eut une idée : il s'ôtât du cou la chaîne avec le pendentif, approcha un des esclaves portant le bois et lui demanda de l'apporter là-haut à la Grande Prêtresse. Il était sûr qu'elle allait comprendre qu'il voulait la voir.
En fait, un peu plus tard, l'un des prêtres se rapprocha d'Ader pour l'informer que la Lumière de 'Adon l'avait convoqué. Ayant gagné la cellule sacrée du dieu sous la tour, sur la porte de l'escalier qui montait dans les appartements de la Grande Prêtresse, une des servantes l'attendait. Sans échanger un mot, Ader la suivit jusqu'à l'ample escalier circulaire. La servante ne l'amena pas jusqu'au grand foyer, mais s'arrêta à l'étage inférieur, où elle le fit entrer dans une chambre avec de bas divans et des coussins. Sur l'un d'eux, était à demi-couchée Arsai, avec deux servantes qui la caressaient délicatement. La jeune femme l'accueillit, en le regardant d'un air interrogateur, tenant le pendentif dans une main et le faisant juste balancer légèrement.
"Je suppose que ton intention n'était pas de me rendre cette amulette, mais plutôt de me parler. Ai-je tort, mon jeune ami ?"
"Non, Arsai, tu ne te trompes guère. Je ne savais pas comment faire pour te rencontrer, j'ai donc envisagé ce stratagème."
La jeune femme hocha la tête et lui remit l'amulette, que le garçon remit à son cou. De sous sa tunique, il tira le carrée de gaze durcie par la résine et le lui tendit. Arsai le prit, le regarda et le fit fléchir entre ses petites mains diaphanes, puis regarda Ader avec une expression interrogative.
"Eh bien ?" demanda-t-elle simplement.
Alors Ader lui raconta comment la résine avait souillé sa tunique et comment ce malheureux incident lui avait fait venir une idée.
"Tu m'avais dit que fermer l'espace entre les colonnes autour du grand foyer en utilisant du verre ou de l'albâtre, en plus que diminuer la visibilité de la lumière aurait demandé une structure trop lourde, en raison du grand poids des deux matériaux." poursuivi Ader en disant : "Alors, dans un rêve, j'ai vu les grandes voiles carrées de nos navires et ainsi..." commença-t-il à dire, et lui expliqua l'idée qui devait protéger le grand feu en cas de pluie à vent ou de vent trop fort. Il illustra tous les problèmes qu'il avait rencontrés et comment il pensait les avoir résolus. Ensuite, il lui raconta également comment le Protecteur du temple avait refusé de prendre en considération son idée.
Sur le beau visage d'Arsai, parut un sourire fugace. "Notre Protecteur est un homme remarquable, il joue son rôle avec expérience et compétence, mais... il est plus âgé que son âge réel. Il ne peut pas voir au-delà de la longueur de son nez. Ton idée me convainc, elle me semble raisonnable, et je pense qu'on doit essayer de la mettre en pratique, en commençant par au moins un des cadres que tu m'as dit, pour voir comment il réagit au vent, qui, plus que la pluie est souvent un problème. Dis-moi une fois de plus en détail les particularités de ton idée, mon jeune ami, pour que je puisse ordonner de construire un de ces panneaux et le faire installer là-haut, pour le tester."
Ader réalisa qu'Arsai avait donné des instructions pour construire l'un des cadres dont il avait parlé, quand le Protecteur l'apostropha. "Ader, qu'est-ce que tu vises, toi ? Je t'ai dit que ton idée était absurde, mais tu as réussi à convaincre la Lumière de 'Adon de la mettre à l'épreuve. Que ton idée ne fonctionne pas, serait juste une perte de temps, mais le ridicule va tomber sur elle et sur toi, ne comprends-tu pas ?"
" sage Protecteur, il sera comme vous le dites : si mon idée se révélait être la fantaisie stupide d'un garçon, le ridicule va tomber sur moi, et seulement sur moi. Qui va oser rire de l'épouse de 'Adon ? Certainement pas les prêtres de son époux, et beaucoup moins nous les qudishim. Les gardes du temple, et encore moins les esclaves n'oseront rire d'elle."
"Je me demande encore ce que tu vises, garçon."
"Ce que je peux viser, si vous dans votre sagesse, vous êtes certain que mon idée n'apportera sur moi que de la honte et du ridicule ?"
"Je ne comprends pas pourquoi la Grande Prêtresse semble avoir développé une préférence pour toi..."
"S'il en est vraiment ainsi, je suis le premier à en être étonné." murmura le garçon.
"Quoi qu'il en soit, tu dois penser avant tout à bien effectuer ton service entre ces murs sacrés." dit le prêtre d'un ton bourru.
"Je crois et j'espère que ni vous ni personne d'autre dans ce temple ayez raison de ne pas être satisfait de la façon dont je fais mon service sacré. Mais surtout, j'espère que notre grand dieu 'Adon en est satisfait. Je ne peux donc qu'ainsi, à la fin de mon service, laisser à tête haute ces murs sacrés."
Il passa un peu plus d'un mois lorsque dans le temple se diffusa la nouvelle que la Grande Prêtresse avait eu une inspiration grâce à laquelle elle avait trouvé la solution pour protéger le grand feu qui guidait dans une tempête les navires, et les grands cadres en bois de cèdre et voiles de gaze imbibés de résine furent préparées par des esclaves et montés sur le sommet de la tour du feu.
Amash, le scribe, appela Ader et lui dit sur un ton sévère : "Maintenant, garçon, ne va pas autour te glorifier d'avoir suggéré la solution des cadres avec les voiles à la Grande Prêtresse. Ne te hasarder pas à nier que c'est le dieu qui lui a envoyé en vision cette solution !"
"C'est certainement le dieu qui a suggéré cette solution." dit Ader tranquillement. Adroitement, il avait parlé de manière à ne pas dire à qui le Dieu avait envoyé cette inspiration.
"Sois attentif, que nous te tenons d'œil !" dit l'homme, et il lui fit signe de revenir à son service.
Quand il revint à sa place dans le portique des qudishim, Yehaw lui demanda : "Qu'est ce qui se passe, dernièrement, mon ami ?"
"Quoi ? À quoi te réfères-tu ?"
"Avant la Grande Prêtresse te convoque dans ses appartements, puis c'est le Protecteur qui a envoyé t'appeler, tout à l'heure avec un air renfrogné est venu te chercher Amash le scribe... Ce n'est pas une chose habituelle, aucun d'entre nous n'a des convocations similaires, et tout en un si court temps. Qu'est ce qu'il est en train de t'arriver ?"
"Rien, rien. Tu ne dois pas t'inquiéter pour moi."
"Ils ne peuvent pas être malheureux avec ton service... ils pourraient peut-être l'être avec le mien, mais ils ne m'ont jamais grondé." dit Yehaw pensif, puis il arrêta, car trois dévots étaient entrés dans le portique des qudishim et ils se mirent à parler avec le prêtre préposé. Les garçons assumèrent leur expression impassible, en attente.
Ader avait reconnu parmi les trois, Sikar'baal le charpentier de Zikriit qui avait été le premier homme à jouir de son service sacré. Après un certain temps l'homme s'arrêta devant lui et lui déposa sur le giron un bracelet en argent en forme de serpent. Ader le prit, se leva et, suivi par l'homme, il alla à sa cellule.
"Bienvenue à nouveau Sikar. Beaucoup de mois sont passés depuis votre précédente visite." l'accueillit Ader.
"Oh, mon garçon, tu te souviens de mon nom ?" demanda gaiement l'homme pendant qu'ils se déshabillaient.
"Comment pourrais-je oublier mon premier homme ?"
Le charpentier rigola et donna une tape amicale sur les fesses du garçon. "En règle générale, on n'oublie pas les malheurs ni les grandes fortunes. Dans laquelle des deux catégories tu me mets, mon garçon ?"
Ader ne répondit pas, le regarda avec expression amusée et chanta l'hymne de début.
Lorsque ils s'étendirent sur le grabat, Sikar l'enlaça et lui dit, pendant qu'avec un doigt lui taquinait l'anus : "Je serais également revenu avant pour honorer le dieu, en jouissant de ton doux trou, garçon, mais j'étais très occupé. Mon roi m'a appelé parce qu'il voulait que j'aille travailler à son pavillon de chasse dans la forêt, située entre notre ville et ce temple. Je devais faire de nouvelles portes et un grand lit... un grand lit dans lequel, je suis sûr, il veut avoir du plaisir avec bien d'autres activités que celle de la chasse." dit-il en riant et en lui faisant un clin d'œil.
Ader lui caressait le membre puissant qui bientôt se leva, frémissant et dur.
Sikar continua : "J'ai été très bien payé. Donc, aujourd'hui, j'ai pris toute la journée libre pour venir ici et rendre grâce au dieu, et être avec toi. J'ai l'intention de demander de faire le repas sacré avec toi, après avoir joui à nouveau, puis j'ai l'intention de faire l'offre de l'encens au dieu, pour que sa protection m'assiste toujours."
"Je m'en réjouis, Sikar."
"Tu te réjouis parce que je suis venu te chercher, ou pour la chance que je l'ai eu ?" lui demanda l'homme sur un ton malicieux.
"Une chose n'exclut pas l'autre." répondit le garçon.
"Tu es en train de bien grandir, et de te faire de plus en plus beau et désirable." dit l'homme en poussant son doigt dans le canal chaud d'Ader. "Si notre roi te voyait, je suis sûr qu'il ferait tout pour t'avoir."
Ader frissonna : "Ce n'est pas Ittho'baal votre roi ?"
"Oui, bien sûr."
"Il m'a déjà vu... et il est en colère contre moi parce que j'ai dû refuser son offre, alors qu'un marin avait posé son offre sur mon giron avant lui. Il était très offensé, votre roi. Mais je ne pouvais pas faire autrement."
L'homme hocha la tête : "Mon roi est un homme très susceptible. Parfois même violent. Et il renonce rarement à ce qu'il veut..."
"Après le jour de cet incident, il n'est plus jamais venu au temple pour l'honorer avec sa présence. Il aurait pu m'avoir sans aucun problème, s'il était revenu. Ce n'est pas à nous qudishim de choisir avec qui nous étendre."
"Mais à toi, ça te plaît d'effectuer ce service ?"
"Qu'en pensez-vous ?" répondit le garçon sur un ton un peu coquet, continuant à caresser les génitaux de l'homme.
"Je dirais vraiment que oui. Mais dis-moi, as-tu déjà couché avec une femme ?"
"Non, jamais. Mais je suis encore un garçon."
"Ai-je tort, ou à toi, les femmes ne t'intéressent pas? "
"Non, vous ne vous trompez pas."
"Ah, mais alors tu ne sais pas ce que tu perds. Regarde-moi. Je suis marié, et en plus d'elle j'ai une femme avec qui, quand son mari est absent, il me plaît de m'écarter. Aussi parfois je prends mon plaisir avec certains de mes apprentis, en plus de venir ici au temple. À un homme en bonne santé ne manquent ni les grâces féminines ni les masculines."
"Comme au portail du temple il y a les colonnes Jeber et Acta, vous devriez donc mettre en face de votre maison : garçons et filles venez vous coucher avec moi !" le taquina légèrement le garçon.
L'homme se mit à rire. "Mais ici il n'y a pas de servantes sacrées. J'ai entendu dire que dans le temple d'Ashtart dans la ville de Sayda il y a et les uns et les autres."
"Pourquoi n'y allez vous pas, alors ?"
"Je n'en ai pas besoin, et puis c'est trop loin." dit l'homme. "Mais maintenant ça suffit avec ce bavardage. Mets-toi à quatre pattes, que j'ai vraiment envie de te le mettre, mon garçon !"
Ils se turent. Ader se mit en position et l'homme, sans plus tarder, le pénétra et commença à lui marteler dedans avec un plaisir évident, laissant échapper un court gémissement à chaque poussée dans le canal du garçon. Ses mains fortes étaient serrées à sa taille, pour le tenir bien ferme. Puis une main de l'homme saisit le membre dur du garçon et il continua à le prendre avec un vigoureux aller et retour, en commençant à le masturber.
Ader pensait qu'il aurait préféré mille fois avoir là Mithon, mais sans aucun doute Sikar n'était pas mal, il savait prendre son plaisir en le lui en donnant en même temps. La majorité des dévots du dieu ne pensaient qu'à leur propre plaisir. Il n'y avait là rien de mal : les qudishim étaient là pour donner du plaisir aux dévots du dieu, pas pour en recevoir.
Sikar le prit pendant longtemps, en veillant à ne pas atteindre l'orgasme trop vite, parfois ralentissant son va et vient, tantôt en se désenfilant du garçon et lui permettant un bref repos, au cours duquel il bavardait tranquillement avec lui.
Mais finalement, l'homme ne se retint plus longtemps et atteignit l'apogée du plaisir, en faisant venir en premier le garçon pour que les contractions de son anus à chaque jet accentuent son plaisir. Lorsque les deux se furent détendus, ils allèrent se laver, puis Sikar demanda au prêtre en service dans le portique de leur faire préparer le repas de midi, puis demanda d'aller offrir de l'encens au Dieu. Une fois payé pour ces deux services, ayant ainsi le droit de prendre avec lui le qudish, ils allèrent dans la salle du temple pour offrir l'encens.
Ici, ils virent le scribe Amash parler à l'un des hommes qui étaient arrivés au temple avec Sikar. Les deux hommes, le prêtre et le dévot, comme ils parlaient, regardaient souvent vers Ader, ce qui préoccupa le garçon.
Quand ils revinrent à la cellule du garçon, celui-ci demanda à Sikar : "Vous connaissez l'homme qui parlait au scribe dans la salle du temple, et qui est venu ici avec vous ?"
"Oui, bien sûr, c'est l'un des intendants du roi Ittho'baal, celui qui était venu me commander pour réorganiser le pavillon de chasse du roi. Tout à fait un homme puissant."
"Vous êtes venus ici ensemble?"
"Je l'ai rencontré le long du chemin. Pourquoi tu me demandes ?"
"Je ne sais pas... Pendant que ces deux parlaient entre eux, ils ne détournaient pas le regard de moi, comme s'ils étaient en train de parler de moi. Cela me semble étrange."
"Peut-être que l'homme du roi te regardait pour ton charme remarquable, tu ne penses pas ?"
"Mais le scribe ? Il me voit presque tous les jours : pourquoi il continuait à me regarder ?"
"Peut-être il suivait juste le regard de l'intendant du roi, tu ne penses pas ? Il était curieux de voir qui l'homme regardait de façon si persistante."
"Peut-être. Mais je sais que Amash ne m'aime pas, et que votre roi couve un ressentiment contre moi." dit le garçon pensif.
"À cause de cette fois de l'offre du matelot ?"
"Oui, tout à fait."
Lorsque, dans l'après-midi Sikar quitta le temple, Ader parla avec ses amis de ce qui le préoccupait.
Après leur avoir expliqué ce que le préoccupait, le garçon dit à ses amis : "Si quelque chose devait m'arriver, s'il vous plaît, essayez d'obtenir une audience de la Grande Prêtresse, pour lui dire tout ce que je vous ai dit. Vous me le promettez ?"
"Mais qu'est-ce que tu veux qu'il t'arrive, ici au temple ?" lui demanda Dan'el.
"Il pourrait lui arriver quelque chose lorsque nous aurons terminé notre service ici." fit remarquer Yehaw. "Si le roi est susceptible comme le charpentier a dit à Ader, il voudra peut-être se venger sur notre ami."
"Mais Ader n'a fait que suivre les règles. Il n'a rien fait de mal." dit Dan'el.
"Si rien ne m'arrive, vous pourrez vous moquer de moi et de mes préoccupations, et j'en rirai avec vous. Mais si par contre je devais avoir raison, vous me promettez que vous allez essayer de parler à la Grande Prêtresse ?" insista Ader.
"Bien sûr, nous te le promettons, pas vrai Dan'el ?" dit Yehaw en lui serrant un bras comme pour donner plus de force à son réconfort.
"Oui, bien sûr, Ader, tu peux compter entièrement sur nous." dit Dan'el.
C'était l'équinoxe de printemps et vint le début de la nouvelle année, qui était célébrée par deux semaines de fête. La pluie avait enfin cessé, l'air était parfumé et les oiseaux construisaient leurs nids pour les nouvelles couvées.
Le grand voile devant la statue de 'Adon dans la cellule sacrée fut démonté pour être purifié, la statue du dieu fut lavée, la couleur restaurée où elle se détachait, et la statue fut hissée sur la chaise à porteurs spéciale et portée en procession pour tourner autour du temple et apparaître au portail. Sur l'esplanade devant le temple, il y avait une foule de fidèles, dirigée par les anciens des trois villes qui protégeaient le temple sur la hauteur, qui firent des offrandes considérables pour être autorisés à toucher la statue du dieu. Une grande partie des offrandes consistait en agneaux qui ce soir-là seraient sacrifiés sur l'autel du portique. Cette nuit-là et la suivante étaient les seules nuits de l'année où le portail du temple restait ouvert.
Après le coucher du soleil, les prêtres exécutèrent une danse «boiteuse» autour des agneaux, qui ensuite furent sacrifiés. Alors, tout le personnel du temple échangea un baiser d'abord sur l'épaule droite, puis sur l'épaule gauche. La Grande Prêtresse échangea le baiser avec le Protecteur, puis peu à peu avec tous les autres. Les vingt agneaux sacrifiés furent écorchés, puis grillés sur le feu de l'autel, de sorte que l'ensemble du personnel du temple, y compris les esclaves, puisse en manger. Les prêtres devaient veiller à ce qu'aucun des os des agneaux ne soit brisé. Toute la viande devait être mangée, et enfin, le peu de restes pas mangés et les os furent brûlés sur un bûcher spécial à l'extérieur du temple.
Pendant qu'on attendait que les prêtres rôtissent les agneaux sur l'autel, ce qui prit plusieurs heures, les autres pour rester éveillés se racontaient des histoires, s'amusaient avec des danses profanes ou des chansons de la tradition populaire. Seule la Grande Prêtresse et ses servantes étaient encore assises les bras croisés, sans participer.
Le lendemain, on procéda au grand nettoyage autour du temple, en jetant le caillé acide et pains au levain qui avaient été laissés, parce que pendant sept jours, on ne pouvait pas manger de la nourriture au levain ou acide, et il fallait préparer la nouvelle présure et la nouvelle levure.
Dans la nuit, un gai cortège habillé de blanc défila portant des épis d'orge au grand bassin d'eau. Un prêtre agitait les épis sur l'eau, en chantant des prières et des bénédictions pour la protection contre la perte de récoltes. Ensuite, ils mangèrent tous des herbes amères, les légumes frais trempés dans l'eau salée, des pains sans levain plats et minces d'orge, une salade de fruits avec des noix et des épices, et burent quatre gorgées de vin. Avant que la nuit prenne fin, ils chantèrent des hymnes sacrés et exécutèrent des danses sacrées. Puis la statue de 'Adon fut remportée dans la cellule sainte, où le voile purifié était à nouveau suspendu.
Maintenant, il restait seulement un mois pour la fin du service d'Ader et de ses six compagnons, qui, après avoir accueilli les sept garçons qui devaient prendre leur place, pourraient retourner dans leurs villes et leurs maisons. Le garçon était excité, et comptait les jours qui le séparaient encore de son bien-aimé.
Mithon lui avait promis que, s'il pouvait, il irait l'attendre le jour de sa sortie du temple sur la hauteur. Cependant Ader avait déjà convenu avec Mithon que, s'il ne le trouvait pas en train de l'attendre, il ne retournerait pas à sa maison, mais irait au port pour attendre de rejoindre son navire, dont le capitaine avait garanti à Mithon qu'il prendrait au bord Ader.
Au quatrième jour du deuxième mois, alors que tôt le matin Ader était dans le jardin des qudishim pour le soigner comme était son devoir ce jour-là, un jeune prêtre alla vers lui et lui dit que le Protecteur l'envoyait lui dire qu'il devait l'aider à cueillir des branches fraiches de cèdre dans la forêt pour orner la cellule sacré du dieu pour une cérémonie. Le garçon alors alla chercher la lame pour couper les branches et le panier pour les recueillir.
Dan'el lui demanda : "Que fais-tu, Ader ?"
"Le Protecteur m'a envoyé dire d'aller aider le prêtre Ahina'dab dans les bois."
"Et pour quoi ?" lui demanda l'ami.
"Pour couper des branches de cèdre frais pour décorer la cellule sacrée du dieu 'Adon."
"Ah, bien."
Ader atteignit Ahina'dab dans le hall d'entrée et le suivit hors du temple en s'aventurant avec lui dans les bois.