Quand ils ne virent rentrer au temple, ni Ader, ni le prêtre Ahina'dab, le Protecteur fut averti. Celui-ci envoya la moitié des soldats et un bon nombre des esclaves du temple pour rechercher le qudish et le jeune prêtre. Les hommes se répandirent, en appelant et en cherchant. Après deux heures, ils revinrent en arrière, en disant qu'ils n'avaient trouvé aucune trace des deux disparus, mais seulement le panier avec des branches coupées et la lame utilisée pour les couper.
Le Protecteur demanda si quelqu'un savait pourquoi le jeune prêtre était sorti avec le serviteur sacré pour couper les branches. Alors Dan'el et Yehaw lui dirent que, avant de quitter le temple, Ader leur avait raconté que Ahina'dab avait dit qu'il fallait aller couper quelques branches, par ordre du Protecteur.
"Je n'ai jamais donné un tel ordre. Je ne sais même pas à quoi devraient servir ces branches vertes." dit le vieux prêtre fronçant les sourcils.
"Ahina'dab a dit à Ader qu'elles devaient être utilisées pour orner la cellule sacrée de 'Adon." expliqua Yehaw.
"Quelle idée absurde !" lâcha le Protecteur. Puis il demanda aux hommes qui avaient ramené le panier avec les branches et le couteau : "Vous avez cherché attentivement autour de l'endroit où vous avez trouvé ce panier ?"
"Certainement. Nous avons exploré une bonne partie de la forêt et nous avons appelé longtemps sans rien trouver, aucune trace et aucune réponse." répondirent-ils.
"Ça n'a pas de sens." grommela le Protecteur secouant la tête. "Pourquoi Ahina'dab aurait menti ? Et pourquoi il a maintenant disparu avec un des qudishim ?"
Amash le scribe lui dit : "Peut-être que notre jeune Ahina'dab avait décidé de ne pas observer le serment d'abstention sexuelle, et peut-être pour cette raison, il s'est enfui avec le garçon dont il avait pu tomber amoureux."
Pilles, le trésorier, secoua la tête : "Je suis d'accord avec notre Protecteur. Il ne me semble pas que cette fuite ait beaucoup de sens. Je ne peux pas dire bien connaître Ader ce serviteur sacré, même si je sais qu'il approchait de la fin de son service dans notre temple. Mais je connais très bien Ahina'dab et je pense que je peux exclure qu'il avait des problèmes pour observer son serment d'abstinence sexuelle. En supposant qu'ils ont fui ensemble, il doit y avoir une autre raison qui les a poussés à cette décision malheureuse."
Amash insista : "Et qui sommes-nous pour connaître l'âme humaine ? D'ailleurs, quoi d'autre pourrait justifier la fuite de ces deux-là ? Ne pouvez-vous pas voir que la seule explication logique est la mienne?"
Zaph, le Protecteur, fit remarquer : "En supposant que vraiment il s'agisse d'une fuite, nous ne disposons pas de beaucoup de détails sur leur disparition, à part le mensonge de Ahina'dab pour être accompagné hors du temple par le qudish."
Pendant ce temps, les nouvelles de la disparition d'Ader et d'un jeune prêtre avait également atteint la Grande Prêtresse : dans le temple on ne parlait de rien d'autre, de sorte que l'un des préposés esclaves à transporter le bois sur la tour pour le grand foyer avait parlé avec l'une des servantes et elle l'avait dit à Arsai.
La Lumière de 'Adon, la Vierge Épouse du Dieu, la Grande Prêtresse, était profondément perplexe. Elle pensait connaître le qudish suffisamment pour exclure qu'il eût fui, surtout puisque manquaient peu de jours à la fin de son service. Elle s'était attachée à ce garçon, envers lequel elle nourrissait une grande estime, donc elle décida qu'elle devait découvrir pourquoi le garçon avait disparu. Alors elle appela une de ses servantes et l'envoya au Protecteur pour lui communiquer qu'elle avait décidé d'accomplir une enquête en personne, donc de mettre en place dans la salle du temple le nécessaire pour qu'elle puisse recueillir des témoignages et interroger toute personne qui pourrait fournir des éléments utiles à découvrir ce qui était arrivé.
À son habitude, la jeune femme n'hésita pas à faire peser toute son autorité. Elle avait un instinct qui lui permettait d'agir de la manière la plus efficace en fonction des circonstances, elle savait donc quand demander, quand proposer, et quand ordonner en fonction de la personne et de la situation. Dans ce cas, par conséquent, elle fit simplement communiquer sa décision, en profitant de l'état de confusion et d'incertitude qui régnait dans le temple à propos de cette double disparition.
Lorsque la servante, par un esclave, fit appeler le Protecteur et lui communiqua la décision de la Grande Prêtresse, l'homme n'eut pas d'objection, et fit préparer quelques sièges et une table dans la salle du temple, et fit avertir Arsai que tout était prêt comme elle l'avait demandé.
Arsai mit ses robes rituelles qui lui laissaient les seins découverts, et entourée de ses servantes elle sortit de la tour et entra dans la salle du temple. Elle s'installa sur le siège spécial préparé pour elle, et fit s'asseoir ses servantes autour d'elle en couronne. Donc, en commençant par le Protecteur, elle les écouta tous, posant des questions sur les disparus et sur le cours des événements. Pendant plusieurs heures, il ne semblait rien en venir, mais quelque chose s'agitait confusément dans la tête de la jeune femme.
Lorsque, ayant écouté tous les prêtres, elle commença à écouter aussi les serviteurs sacrés, enfin Yehaw et Dan'el purent donner à l'épouse de 'Adon le message de leur ami.
Arsai fronça son beau visage. "Donc, votre ami Ader avait peur que quelque chose puisse lui arriver ! Et il avait lié le danger qu'il sentait suspendu au-dessus de lui avec l'incident avec le roi de Zikriit, avec cet Ittho'baal."
"C'est ainsi, ô Lumière de 'Adon. Il nous avait fait promettre que si quelque chose arrivait, nous vous parlerions de ses craintes et de ses soupçons."
"Et vous me dites qu'il avait entendu dire que le roi avait fait remettre en état son pavillon de chasse dans les forêts autour de sa ville, vous avez dit."
"Oui, ainsi le lui avait dit un dévot qui travaille comme charpentier à Zikriit."
"Et quand il est venu pour la dernière fois ici au temple, avec lui est venu l'intendant du roi Ittho'baal, qui a parlé longuement avec Amash... semblant particulièrement intéressé par notre Ader ?"
"Ader nous l'a dit ainsi." confirma Dan'el.
"Mais oui... et Amash est le seul à insister pour qu'Ahina'dab se soit échappé avec Ader. Et Amash dans l'accident entre Ader, le roi et le marin, était le plus acharné à accuser Ader d'avoir agi mal. Ce scribe doit en savoir beaucoup plus que ce qu'il semble." dit Arsai pensive.
Elle comprenait qu'affronter directement le scribe ne conduirait à aucun résultat : l'homme était astucieux et sournois. Mais la Grande Prêtresse qu'elle avait remplacée, lui avait appris quelques méthodes et quelques astuces qu'elle n'avait jamais utilisées, mais qui dans ce cas pourraient lui être utiles. Elle termina d'écouter tout le personnel du temple, y compris les soldats et les esclaves, mais sans recueillir de nouveaux indices.
Mais quand elle parla avec Abd'osir, le chef des soldats, elle lui dit, sous serment qu'il garderait le secret, que ce soir-là, elle tiendrait un rituel dans le portique des qudishim. Puis elle lui demanda d'organiser les soldats aux deux portails du portique, de sorte que personne d'autre que ses servantes, pouvaient entrer ou sortir du portique jusqu'à la fin du rite. Abd'osir jura qu'il ferait ce qu'elle lui demandait.
Puis, quand elle parla avec les esclaves, elle demanda à ceux qui étaient de service dans les logements des prêtres, comment trouver la chambre du scribe Amash et du jeune prêtre disparu Ahina'dab, et comment y entrer. Ayant eu les renseignements nécessaires, elle les lia aussi au secret.
Entre-temps était arrivé la soirée. Après le coucher du soleil et le début d'un nouveau jour, et après avoir mangé le repas du soir, la Grande Prêtresse annonça qu'elle allait accomplir un rituel spécial la nuit, pour demander à son époux 'Adon de l'éclairer pour lui faire voir où étaient à ce moment-là les deux qui avaient disparu.
Elle fit donc apporter dans le portique des qudishim le brasier de l'encens, et le panier avec les branches coupées par Ader et la lame qu'il avait utilisée. Elle fit disposer le corps sacerdotal sur le côté de l'autel du feu, les qudishim sur le côté du portail menant à l'entrée du temple et les esclaves alignés sur le côté du portail qui menait à la salle du temple. Les soldats, comme elle l'avait demandé, se rangèrent à moitié devant le portail de sortie et l'autre moitié à la porte de la salle du temple. Elle avait faire amener dans le portique huit haut trépieds de bronze sur lesquels étaient placés les torches allumées. Derrière le bassin de l'eau sacrée de purification avait été préparée une haute plate-forme avec des marches, sur laquelle se tenait la Grande Prêtresse.
Puis, tandis que les prêtres, comme elle avait demandé, commencèrent à chanter des hymnes d'invocation au dieu 'Adon, elle ordonna à trois de ses servantes d'aller à la tour, avec l'excuse d'apporter quelques éléments dont elle avait besoin pour accomplir le rite. Celles-ci allèrent dans la salle du temple, deux s'introduisirent dans les quartiers des prêtres et la troisième monta à la tour du feu. Les deux envoyées dans le logement des prêtres visitèrent les chambres de Amash et de Ahina'dab. Ensuite, toutes les trois retournèrent au portique et conférèrent avec Arsai, qui se tenait derrière le grand bassin de purification de l'eau. Arsai hocha la tête, écoutant avec un visage impassible, puis prit la petite amphore de verre que celle qui était montée dans la tour lui donna, restant à l'abri du grand bassin, de sorte que personne ne pouvait voir le changement de mains de la petite amphore.
À ses pieds était le panier avec des branches coupées par Ader. Arsai versa sur une des branches qui était légèrement à l'écart des autres, tout le contenu de la petite amphore. Puis elle leva les bras et les prêtres cessèrent de chanter. Arsai fit signe à l'une de ses servantes de verser de l'encens dans le brasier. De celui-ci surgit dans des grandes volutes de la fumée parfumée épaisse et légèrement hypnotique qui se répandit à travers le portique avant de disparaître dans le ciel. Elle entonna ensuite l'hymne de glorification de 'Adon, immédiatement repris par les prêtres, et finalement descendit le silence.
Arsai prit la lame avec laquelle Ader avait coupé les branches, et avec elle agita l'eau de la grande cuvette. Puis, avec voix forte et claire, elle commença à déclamer.
"Je vois... Je vois..."
Le silence dans le portique devint encore plus profond.
"Je vois un jeune prêtre qui s'enlève les vêtements sacerdotaux et les jette... et se déguise en pèlerin commun... et s'éloigne de la maison de 'Adon du feu... Il porte avec lui seulement un sac avec ses affaires les plus précieuses... et quelques pièces de monnaie... pièces d'or frappées par le roi de Zikriit." dit-elle.
La servante versa d'autres grains d'encens dans le brasier.
"Je vois... Je vois... qu'un autre prêtre de ce temple l'a corrompu, pour qu'il se prête à faire enlever le qudish Ader !"
Une sorte de gémissement étouffé monta des spectateurs.
Zaph, le Protecteur, demanda : "Dites-nous qui est cet autre prêtre, ô épouse de 'Adon !"
"Je ne réussis pas à voir son visage... Je ne peux pas en voir les traits."
"Et qui a enlevé le qudish Ader ?" demanda le Protecteur.
Arsai secoua de nouveau l'eau du grand bassin avec la lame.
"Je vois... Je vois une maison dans une forêt... un pavillon de chasse... En lui est maintenu prisonnier le qudish."
"Qui est le propriétaire de cette maison ?" demanda Zaph.
"Le même qui a frappé les pièces de monnaie avec lesquelles Ahina'dab a été payé."
"Le roi Ittho'baal ?" demanda le Protecteur sur un ton incrédule.
Arsai vit que Amash devenait nerveux, et sourit en elle-même, elle avait réalisé avec suffisamment de précision ce qui était arrivé. Elle pouvait continuer le rituel. Encore une fois, elle agita avec la lame l'eau du grand bassin de bronze et recommença :
"Je vois... Je vois... il est ici, il est ici parmi nous, le prêtre indigne !"
"Dites-nous qui il est, ô épouse de 'Adon !" l'invoqua le Protecteur.
"Il est ici parmi nous, mais je ne peux pas le distinguer. Il est astucieux et sournois, il sait se défiler..."
"Nous devons savoir qui il est, pour le punir comme il le mérite, pour le chasser avec ignominie !" dit le Protecteur.
"Un prêtre digne..." entonna Arsai, "peut vous bénir tous et vous purifier de vos défauts. Mais seul un prêtre digne."
"C'est ainsi, C'est ainsi !" Dirent de nombreuses voix.
"Eh bien." proclama Arsai. "Le dieu 'Adon, mon Époux divin, me dit... 'Adon du feu... il dit, ou plutôt il commande : à partir du plus jeune des prêtres consacrés à Lui vous tous venez ici et, en utilisant les branches coupées par le qudish, bénissez et purifiez ce portique et nous tous ici."
Le premier des prêtres alla au grand bassin et monta sur la plate-forme, à côté de Arsai. Une des servantes donna à la Grande Prêtresse une des branches, et elle le tendit au jeune prêtre. Celui-ci plongea la branche dans l'eau lustrale, la releva, et avec elle aspergea la congrégation chantant les versets de bénédiction. Un après l'autre tous les prêtres défilèrent, jusqu'à ce que ce soit le tour d'Amash, le scribe. L'homme monta sur l'estrade. La servante, à un léger signe de la main d'Arsai, cette fois prit la branche sur laquelle la Grande Prêtresse avait versé, inaperçue, le contenu de la petite amphore.
Amash était tendu, mais seulement l'œil expert d'Arsai en était conscient. Arsai prit la branche de la servante et la tendit au prêtre, sans changer d'expression. Amash la plongea dans l'eau lustrale, et quand avec elle il aspergea le portique, n'en jaillirent pas des gouttes d'eau transparente comme toutes les autres fois, mais des gouttes rouges de la couleur du sang.
Du portique se leva un cri, tout le monde essayait d'éviter d'être atteint par les projections rougeâtres et toute l'assemblée flotta.
Amash était pâle et regardait autour avec une expression effrayée.
Arsai, en dominant la confusion, déclara : "L'eau sacrée a été contaminée ! C'est lui le prêtre indigne !"
Zaph, le Protecteur, ordonna aux soldats : "Prenez-le, et enfermez-le en sécurité, en attendant qu'on le juge et qu'on le condamne !"
Amash essaya de quitter l'estrade précipitamment et de se diriger vers le portail de sortie, mais dans sa hâte il trébucha et tomba. À peine eut-il le temps de se relever que les soldats l'avaient saisi et emmené.
Arsai leva les bras et obtint le silence. Alors elle dit : " Protecteur, si vous allez dans les chambres de l'indigne, vous trouverez des preuves et le prix de sa trahison : une pièce d'or du roi Ittho'baal pour chaque année de la vie de l'indigne Amash. Cela le dieu me l'a révélé!"
"En punissant l'indigne, nous purifierons cette Maison de 'Adon." déclara Zaph.
"Cela ne suffira pas, ô Protecteur. Jusqu'à ce que la justice soit rétablie, 'Adon ne va pas demeurer plus longtemps dans cette maison, ne protégera plus cette maison !" déclara Arsai. "Tu dois envoyer des soldats pour libérer le qudish du temple et le ramener ici. Puis, avec tous les prêtres, tu dois aller à Zikriit, et accuser le roi indigne de sacrilège et demander à ses prêtres, aux anciens de la ville et à tous ses gens, de chasser le roi indigne."
Le Protecteur pâlit : "Je peux... je peux, avec la prudence due, commander nos soldats d'aller libérer notre qudish... Mais défier la puissance du roi de Zikriit... c'est quelque chose de beaucoup plus grave."
"La décision est la tienne, ô Protecteur. Mais tu protégeras quoi si mon divin Époux abandonne ce temple ? Tu protégeras des espaces inutiles et vides. Et surtout, des prêtres aux esclaves, tous seront libres d'abandonner ces constructions inutiles. Et tu seras responsable de la ruine de cet ancien endroit. C'est ça que vous voulez ?"
"Non... je ne dis pas... je ne dis pas qu'on ne doive pas faire ce que dieu a ordonné. Je dis juste... que nous devons... agir avec sagesse et prudence." bégaya presque le chef des prêtres.
"Ne perds pas de temps, de toute façon ! Ne mettons pas à l'épreuve la patience et la magnanimité du dieu ! Jusqu'à ce que sa volonté soit exécutée, dans ce temple on ne pourra plus accomplir de rites, en dehors de réciter des prières et chanter des hymnes. Et tous les jours avant que sa volonté soit faite, seront des jours de deuil et de jeûne !"
Arsai savait qu'avec ça elle avait mis une grande pression sur Zaph pour qu'il exécute au plus tôt ce qu'elle, au nom du dieu, lui avait demandé en face de toute l'assemblée.
Yehaw donna un léger coup de coude à Dan'el et murmura : "Merde, quel cran elle a notre Grande Prêtresse ! Espérons qu'elle puisse sauver notre ami."
"T'as vu quel grand prodige ?" murmura Dan'el, encore secoué.
"Oui. Nous aurons quelque chose de spécial à dire à nos enfants et à nos petits-enfants !" Yehaw dit.
Cette nuit-là personne ne dormit dans le temple. Les prêtres vidèrent le grand bassin de l'eau lustrale et le lavèrent soigneusement. Les qudishim commentaient entre eux, en petits groupes, tout ce qui était arrivé, et ceux qui venaient de Zikriit étaient entourés par les autres qui voulaient tout savoir sur le méchant roi de cette ville.
Quand ce fut l'aube, Abd'osir, le chef des soldats, fit déguiser quelques uns des plus adroits parmi ses hommes et les envoya à Zikriit, pour découvrir où se trouvait le pavillon de chasse du roi. Il leur ordonna, quand ils l'auraient trouvé, de tâcher de comprendre s'il y était emprisonné Ader, et d'étudier comment il était protégé par les soldats du roi. Puis, de revenir au rapport.
Trois jours s'écoulèrent, quand les espions envoyés par Abd'osir revinrent : ils rapportèrent avoir trouvé la maison dans les bois, en amont de la ville, ils avaient vu Ader sortir, lié, pour ses besoins corporels, et ils dirent qu'il n'y avait pas plus de deux soldats et un serviteur à la garde de la maison. Alors Abd'osir prit la moitié des soldats du temple, les conduisant en personne, ils suivirent les espions qui les conduisirent à l'endroit où la maison se trouvait.
Ils se cachèrent dans le bois pour l'observer. Ils avaient décidé qu'il ne convenait pas de l'attaquer, mais qu'il était plus facile d'attendre que les deux soldats du roi sortent Ader dehors pour ses besoins corporels. Ils seraient alors entourés et ils libéreraient le garçon : que pouvaient faire deux soldats contre quatorze d'entre eux sinon se rendre et leur remettre le qudish ?
Ils durent attendre une demi-journée, quand ils virent la porte de la maison s'ouvrir et le garçon accompagné dehors, avec une corde autour de son cou et l'autre à la taille. Ses chevilles étaient attachées de sorte qu'il pouvait marcher mais seulement en faisant de petits pas. Ils attendirent que le garçon se vide, puis ils interceptèrent les trois alors qu'ils marchaient vers la maison. Comme Abd'osir avait prévu, vues les forces bien supérieures, les deux soldats du roi se rendirent immédiatement. Abd'osir leur ordonna de détacher le garçon, puis, tous ensemble, entrèrent dans la maison, dont la porte était restée entrouverte.
Le serviteur, les voyant entrer, s'appuya contre le mur et les supplia de ne pas lui faire du mal. Abd'osir dit à Ader de se nettoyer et se rhabiller. Puisqu'on ne pouvait pas trouver sa tunique de lin blanc, le chef des soldats lui donna la tunique bleue du roi et lui dit de la mettre. Puis, il lia les deux soldats et le serviteur, pour les amener avec lui : en effet, il ne voulait pas que l'un d'entre eux puisse courir à Zikriit pour donner l'alarme au roi. Ils quittèrent la maison et ordonnèrent au serviteur de bien en fermer la porte, puis ils reprirent leur chemin vers le temple.
Avec une marche forcée, le lendemain, ils étaient déjà de retour. Les amis d'Ader l'accueillirent avec de grandes fêtes, comme aussi les autres qudishim. Arsai, avait été informé de la libération d'Ader, et le convoqua à la tour du feu.
Quand le garçon fut en face de la Grande Prêtresse, il s'agenouilla, lui prit le bord de sa robe et l'embrassa. "J'étais certain que tu trouverais un moyen de me libérer, avec l'aide du grand dieu 'Adon !" s'exclama-t-il ému.
Arsai le fit lever. "Est-ce qu'il t'a fait du mal, le roi indigne ou un de ses hommes ?" lui demanda-t-elle avec inquiétude.
"Non, Arsai. J'ai prié ton époux et il m'a protégé. Le roi s'est limité à profiter avec une certaine rudesse de mon corps, mais il ne m'a pas fait de mal."
"Ittho'baal cependant payera aussi pour cela. Personne ne peut impunément toucher un des prêtres ou des serviteurs du Dieu ! Dès que Zaph se sentira prêt, nous irons à Zikriit et nous le ferons déposer du trône."
"Tu auras la force d'obtenir même cela ? Et tu iras même jusqu'à Zikriit ? Une Grande Prêtresse peut quitter le temple avant le temps ?" demanda le garçon étonné.
"Certainement. Jusqu'au jour où nous irons à Zikriit ce temple ne peut plus accomplir les rites, il sera aussi vide et inutile, mon Époux divin sera absent comme dans les jours de deuil, donc je peux en sortir sans aucun problème."
"Pourquoi veux-tu être là ? Tu ne penses pas que cela peut être dangereux, si vous ne parvenez pas à faire lever les prêtres et le peuple contre le roi ?"
"Justement ma présence, si extraordinaire, donnera plus de force à nos demandes. Je suis déjà en train de faire préparer la chaise à porteurs, qui depuis de nombreuses années n'a jamais été utilisée. Je vais mettre tous les bijoux que l'épouse de 'Adon a le droit de mettre, et la tunique de pourpre et d'or. Tu verras que les gens de Zikriit, et même les prêtres du roi, n'oseront pas s'opposer à une Grande Prêtresse. Durant ces jours, j'ai aussi fait vérifier dans les archives du temple qui étaient les épouses de 'Adon qui m'ont précédée et combien venaient de Zikriit. Dès que nous arriverons dans cette ville, je vais les convoquer, pour qu'elles me donnent leur support. Je suis certaine qu'aucune ne se dérobera."
"Je savais que tu trouverais un moyen de venir à mon secours, Arsai, mais ne croyais pas que tu en serais arrivé là, pour moi."
La jeune femme sourit. "Outre le fait que tu sais que je t'aime bien et que tu es un ami, ce que je fais n'est pas seulement pour toi, mon jeune ami, mais pour la gloire de ce temple. Personne, pas même un roi, ne peut se hasarder à le profaner, à le défier. Pour cela, je suis sûre que mêmes les prêtres du temple du roi nous donneront leur support. Le roi a péché gravement d'arrogance envers un dieu. Ce ne peut pas être toléré, ou le culte des dieux arriverait à la fin."
"Roi Ittho'baal m'a dit qu'il ne croit pas aux dieux, qu'ils n'existent pas."
"Il ne croira pas aux dieux... mais il devra se plier à leur volonté." dit avec un sourire la jeune femme.
"L'amulette que tu m'as donnée m'a protégé. Heureusement, personne ne me l'a soustraite. Comme tu peux le voir, je l'ai toujours au cou."
"Ce qui t'a protégé c'est ta prévoyance et ta confiance dans le dieu."
"Et ton action rapide."
"D'accord, et mon action rapide." accorda Arsai avec un sourire.
"Tu sais, quand j'ai été enlevé, j'ai composé une prière au dieu, elle m'est venue spontanément, sous la forme de poésie, ou d'un psaume."
"Veux-tu me le réciter ? Tu te le rappelles encore ?"
"Oui, bien sûr, je l'ai récité plusieurs fois par jour." dit le garçon, et il le récita à la Grande Prêtresse.
Celle-ci à la fin dit : "Il est très beau, Ader. Tu devras la répéter et la faire écrire, et je la ferai ajouter aux hymnes à réciter dans ce temple. Je la ferai intituler «Psaume de Ader dans les difficultés» et je ferai composer aux prêtres la musique pour le chanter... Ton passage et ton service dans cette maison de 'Adon seront rappelés pendant des générations."
Le garçon rougit à ces mots, puis murmura : "Gloire et bénédiction au dieu 'Adon, notre grand Seigneur. Béni soit son nom pour toujours."
"Très bien. Tu as ajouté l'antienne apte pour accompagner le psaume. Tu la feras écrire aux prêtres aussi."
Finalement, le Protecteur décida qu'ils pouvaient aller à Zikriit. Il décida que la procession serait composée de la moitié du personnel du temple. L'autre moitié resterait au temple dont les portes resteraient fermées jusqu'à ce qu'ils reviennent. Les esclaves portèrent la chaise à porteurs de la Grande Prêtresse. Les soldats portèrent Amash, nu, lié et couvert de cendres, et les deux soldats et le serviteur du roi leurs prisonniers. Entre les qudishim furent choisis tous ceux qui venaient de Zikriit, et quelques-uns des deux autres villes, dont Ader et ses amis. À Ader fut mise la tunique bleue du roi.
Le long cortège, composé d'une soixantaine de personnes, se dirigea vers Zikriit, en évitant les deux villes de Bytmiri et Be'erot, dans lesquelles il n'était cependant pas nécessaire de passer. Lorsqu'ils croisaient un voyageur ou une caravane, ceux-ci se déplaçaient vers le côté de la route et se prosternaient au passage de la procession extraordinaire.
Le dieu 'Adon les avait assistés : le roi, en ces jours, en raison de la visite de quelques ambassadeurs d'autres villes de Kena'ani, avait été incapable de quitter le palais, et donc il ne savait pas encore que Ader avait été libéré. Quand le cortège atteignit les portes de Zikriit, le Protecteur demanda aux soldats du roi de les escorter au temple du roi. En attendant, les qudishim provenant de cette ville était allé avertir leurs familles, leurs proches et tous ceux qu'ils connaissaient et à rechercher les Grandes Prêtresses précédentes, en convoquant tout le monde dans le temple du roi.
La ville bientôt fourmillait de personnes qui suivaient la procession et ceux qui avaient étés convoqués par les qudishim. Quelqu'un alla informer Ittho'baal de l'arrivée du cortège extraordinaire. Le roi ne pouvait pas imaginer la raison de cette visite, mais pensa que ce pourrait être une bonne occasion pour faire une démonstration de sa grandeur et de sa puissance. Alors il mit ses plus riches robes, accompagné par les anciens de sa cour et les ambassadeurs qui étaient venus pour conférer avec lui et il alla à son tour au temple.
Le cortège avait atteint l'enceinte du grand temple du roi, et les prêtres avaient été accueillis dans la cour intérieure. Ici rejoints, Arsai et Zaph conférèrent avec le grand prêtre du temple du roi, et lui manifestèrent la raison de leur visite et les accusations portées contre le roi. Le grand prêtre voulut parler avec Ader, avec Amash, qui avoua tout, et avec les deux soldats et le serviteur du roi, qui à leur tour confirmèrent l'incident. Alors le Grand Prêtre, devant toute la classe sacerdotale, prononça la malédiction contre le roi.
Ittho'baal arriva au temple quelques minutes plus tard. Quand il fut introduit, avec son entourage, dans la cour des prêtres, le roi d'abord remarqua que ses prêtres ne le saluaient pas, mais, immobiles et impassibles, le regardaient sévèrement. Puis il vit le groupe qui venait du temple sur la hauteur et se sentit un fourmillement sous le cuir chevelu. Quand finalement il remarqua Ader qui portait sa tunique bleue, pour un instant il s'arrêta interdit, et comprit ce qui se passait. Rapidement, il mit à feu quelle devait être son attitude.
D'un ton hautain et de commandement, il dit : "Qu'est-ce que ces hommes font ici, dans le temple du roi ? Hôtes pas invités et non désirés ! Je commande..."
Le Grand Prêtre du roi l'interrompit à haute voix : "Tais-toi ! Comment oses-tu encore donner des ordres, homme impie, sacrilège et impur !?"
Ittho'baal ne perdit pas son attitude : "Comment oses-tu, que j'ai placé à la tête de ce temple, parler ainsi à ton roi, oint par le dieu Baal ? Arrêtez-le ! Arrêtez-les et jetez-les tous dans le donjon de mon palais !" ordonna-t-il en se tournant vers les soldats de sa suite.
Arsai alors avança et parla d'une voix ferme et sûre : "N'osez pas obéir à cet homme méchant et parjure. Au nom de Baal, de son fils 'Adon, et de sa femme Ashtart, je vous ordonne de ne pas obéir à cet homme indigne !"
Les soldats du roi étaient clairement perplexes, indécis à qui ils dussent prêter attention.
Le roi, d'une voix forte, dit: "Obéissez ou je ferai tomber vos têtes ! N'écoutez pas ces fous, que j'accuse de haute trahison !"
Le Grand Prêtre du temple du roi, alors, d'une voix terrible, prononça les malédictions sur le roi : "Je te maudis, Ittho'baal, au nom du Dieu dont tu porte le nom indignement. Anathème soit sur toi, homme sacrilège et blasphémateur. Je te maudis, et avec toi je maudis quiconque obéira à tes ordres. Anathème soit sur toi et sur tous ceux qui viendront à ton secours. Tu n'es pas digne d'être appelé homme, tu n'es pas digne d'être assis sur un trône, tu n'es pas digne de rester dans cette ville! Va-t-en, ô maudit !"
"Arrêtez-le ! Tuez-le !" cria le roi à ses soldats.
Non seulement aucun d'eux ne bougea, mais les anciens de la cour et les ambassadeurs s'éloignèrent de lui, qui se trouva ainsi seul dans un cercle de personnes avec des expressions hostiles.
"Obéissez-moi !" cria le roi à nouveau.
Personne ne bougea.
Alors le roi dégaina le poignard qu'il avait à sa ceinture et se lança en hurlant comme un fou vers le Grand Prêtre. Le vieil homme recula de quelques pas, en criant au sacrilège. Le roi tâcha de l'atteindre, mais il s'arrêta brusquement et son cri se bloqua dans sa gorge, son corps se cambra en arrière, puis tomba en avant : dans son dos pointait une flèche qui avait percé son cœur. Un jeune prêtre du temple du roi avait pris l'arc à un des soldats du temple sur la hauteur, qui n'avait pas fait objection, et avait décoché la flèche à visée infaillible. Le roi, sur le terrain, s'agitait encore faiblement.
Alors le commandant des soldats du roi ordonna à un de ses hommes: "Finis-le !"
Le soldat se dirigea vers le corps du roi, tira son épée et, avec un grand coup, il coupa en partie le cou de l'homme en tranchant aussi l'épine dorsale. Un jet de sang marqua la fin du roi impie. Le soldat nettoya la lame de son épée sur les vêtements somptueux du mort et il la rengaina.
Alors le grand prêtre s'adressa au plus âgé entre les notables du roi. "Rentrez au palais, maintenant, Faites préparer les épouses, les femmes, les fils et filles de cet homme, pour qu'elles retournent dans leurs villes natales et ne mettent jamais plus le pied en Zikriit. Ils ne peuvent prendre avec eux qu'un peu de nourriture et les vêtements qu'ils portent." ordonna-t-il.
Le haut dignitaire, alors demanda : "Mais qui sera assis sur le trône de Zikriit, si ses fils doivent aller en exil ?"
"Personne. Tous les chefs de familles de notre ville éliront deux juges et un magistrat, qui gouverneront ensemble notre ville, comme cela se produit déjà dans Bytmiri. Personne ne sera jamais plus assis sur un trône qui a été profané par un homme indigne. Personne ne peut se permettre de défier les dieux qui protègent les villes de Kena'ani !"
Les dignitaires se prosternèrent et, avec les ambassadeurs et les soldats du feu roi, sortirent de la cour du temple, en remontant vers le palais. Ils étaient à peine sortis, qu'une petite foule s'était rassemblée et qui, ayant su ce qui était arrivé, souleva de hauts cris de jubilation : évidemment le roi n'avait pas été aimé par ses sujets.
Arsai alors s'adressa au grand prêtre du temple de la ville : "Je demande que tout l'or qui est sur le corps de cet homme," dit-elle, indiquant le cadavre du roi "soit donné à notre qudish, pour le compenser de l'affront subi."
Le Grand Prêtre eut un air perplexe pendant un moment, mais dit ensuite: "Ainsi soit fait." Et il ordonna à l'un des autres prêtres d'enlever tous les objets d'or du cadavre et de les livrer au garçon. Puis il demanda au Protecteur du temple sur la hauteur, "Que ferez-vous maintenant que vous avez eu pleine satisfaction ?"
"Nous rentrons à la maison du Dieu 'Adon, avant la fin de la journée et qu'il ne fasse noir." dit Zaph.
"Permettez-nous alors, d'offrir avant un repas à l'Épouse de 'Adon, à toi et tes prêtres et à tous les hommes de ta suite, avant que vous ne repreniez la route."
Zaph accepta. Après qu'il eut fait libérer Amash et, nu comme il était, l'avait expulsé de l'enceinte du temple, ils furent tous conduits dans le jardin des prêtres, où les serviteurs avaient déjà mis en place des tables et des sièges, et sous un pavillon, une table spéciale pour l'épouse de 'Adon et ses servantes.
En attendant que soit servi le repas, Yehaw dit à Ader : "Tu es riche mon ami, maintenant, avec tout cet or que tu as reçu. On pourrait dire que tout le mal ne vient pas toujours pour nuire."
Ader sourit et hocha la tête.
Dan'el demanda : "Mais, dites-moi, un grand prêtre commande alors plus qu'un roi ?"
"Non, normalement pas. Mais dès qu' Ittho'baal a été maudit, à ce moment il a perdu tout son pouvoir sur les hommes, par la volonté des dieux. Et donc ses ordres n'avaient plus de valeur." répondit Ader. "Un roi impie et blasphématoire ne peut pas être roi." puis le garçon s'adressa à son ami Yehaw, avec un sourire : "Fais gaffe toi qui parfois, avec tes phrases rases le blasphème."
"Eh bien... mais je crois dans les dieux, j'y crois fermement. Mais vraiment je serai plus prudent. Je ne voudrais pas qu'un jour quelqu'un tire une flèche dans mon dos avec cette excuse, et que tout mon or soit donné à un morveux comme toi !" conclut le garçon en taquinant son ami.
Après que tout le monde ait mangé, Arsai remonta sur sa litière, le cortège se forma de nouveau et sortit de l'enceinte du temple, puis de la ville pour aller au temple sur la hauteur. Le long des rues la foule saluait la procession en lançant des pétales de fleurs, en chantant des hymnes, et en s'inclinant profondément. Tout le monde voulait voir la Grande Prêtresse, si belle, à demi-couchée sur des somptueux coussins, sur la riche litière.
Ils arrivèrent au temple de 'Adon du feu juste avant le coucher du soleil. Les soldats sur les tours du portail aperçurent le cortège et ouvrirent le grand portail du temple. Les prêtres et les qudishim essaimèrent dehors pour accueillir de nouveau leurs compagnons.
Lorsque Ader fut enfin de retour dans le portique, il dit à l'un des prêtres : "Ma tunique blanche de qudish n'a pas été trouvée. Comment puis-je faire pour reprendre mon service ? Vous n'avez pas une autre robe blanche à me faire mettre ?"
"Je verrai de t'en trouver une, Ader, ne t'inquiète pas. Pour le moment porte cette belle tunique bleue." répondit le prêtre.
Puis Ader chercha le prêtre Pilles, le trésorier du temple, et lui demanda s'il pouvait lui garder tous les objets d'or qui lui avaient été donnés. Pilles en écrivit en présence du garçon la liste qu'il remit au garçon, et les prit en charge.
Après le coucher du soleil, et après le repas du soir, Ader finalement put prendre sa retraite dans sa cellule. Tout aussitôt qu'il se coucha sur son lit, il tomba dans un profond sommeil : les événements de ces derniers jours, l'avaient épuisé.
Il eut un sommeil ininterrompu jusqu'à l'aube et fut réveillé par le bruit du gong annonçant le lever du soleil. Comme il se purifiait en faisant le bain rituel avec ses compagnons, arriva le prêtre avec qui il avait parlé la veille. L'homme lui donna une belle tunique de lin blanc finement tissé en une seule pièce de neuf pieds de large, pliée en deux dans le sens vertical, et trois en hauteur, et sans coutures, avec seulement deux fibules d'argent pour la fermer sur les épaules . La large tunique était serrée à la taille par une ceinture aussi en lin blanc haute et épaisse, obtenue en repliant sur elle-même une longue bande de lin, et nouée devant. Le côté ouvert devait être à gauche, sans chevauchement.
Ader admirait la belle et légère tunique. "Où l'avez-vous trouvée ?" demanda-t-il.
"Elle a été porté une seule fois par l'épouse de 'Adon, le jour où a été célébré le mariage avec le Dieu, après quoi elle a toujours mis le manteau de pourpre."
"C'est elle qui vous l'a donnée ? Pour moi ?"
"Oui, car elle a su que je cherchais une tunique pour toi."
"C'est un grand honneur." dit Ader d'une voix basse, plein d'admiration, en en caressant la surface lisse.
Le prêtre acquiesça : "Ce n'est pas pour rien que tu es le bien-aimé de l'épouse de 'Adon." Puis il aida le garçon à la mettre. Il la ferma sur les épaules avec deux belles boucles d'argent, de sorte qu'elle pendait sous ses aisselles, formant deux fausses manches, puis il la ferma avec la longue bande avec laquelle il fit deux tours autour de la taille et ferma avec un nœud élégant en face, en laissant pendre les deux volets.
Ader mangea le repas du matin, puis alla s'asseoir à sa place entre les colonnes du portique. La tunique formait une série de plis doux autour de son corps, et atteignait la hauteur des genoux.
Comme on ouvrait le portail du temple, en attendant l'arrivée des premiers fidèles, Ader caressait inconsciemment le doux tissu brillant.
Yehaw, qui était assis entre les deux colonnes à côté de lui, se pencha légèrement et murmura : "Tu es le plus élégant et le plus beau de tous, mon ami, je ne serais pas surpris si le Dieu 'Adon lui-même descendait de son domicile éternel, pour s'unir à toi."
Ader rougit légèrement, et dit en réponse : "Le dieu a daigné poser sa main sur ma tête, et me donner sa protection."
"Maintenant, il suffit que ton Mithon vienne pour toi le dernier jour de notre service, et la bénédiction de 'Adon sur toi sera pleine !" dit Yehaw.
"Je ne sais pas encore s'il peut venir. Mais s'il ne vient pas, j'irai l'attendre au port."