Il restait seulement trois jours avant la fin du service d'Ader dans le temple sur la hauteur, et avec son groupe il était en train d'instruire les sept garçons qui devaient prendre leur place. Les trois semaines de jeûne tiraient à leur fin et le portail du temple avait été rouvert. Ce jour-là Ader et ses compagnons recevraient une petite récompense, ils seraient admis pour la dernière fois dans la cellule sacrée du dieu dont ils verraient l'effigie et à qui ils feraient l'offrande de l'encens, seraient accompagnés hors de l'enceinte du temple et retourneraient à leurs foyers.
Ader se demandait s'il trouverait Mithon hors du temple à l'attendre. Il était certain que si son beau matelot le pouvait, il monterait jusque là-haut. Le garçon se sentait excité, il lui semblait que les heures ne passeraient jamais. Enfin vint le dernier jour de service. Après le repas du matin, les sept qudishim qui devaient laisser le temple furent appelés dans la salle du temple. Là, le Protecteur leur donna le sachet de monnaies provenant de dons personnels faits aux qudishim durant les trois derniers mois. Puis, en portant le panier avec la tunique pour leur sortie du temple, ils suivirent les prêtres qui devaient officier dans la cellule sacrée du dieu.
Une fois écarté le voile qui cachait la statue de 'Adon, on chanta les hymnes d'action de grâces, les sept garçons offrirent l'encens qui brûla dans le petit brasier au le centre de la cellule, puis un par un, ils furent appelés en face de la statue du dieu, furent dépouillés de la tunique blanche, mirent leur premier pagne, symbole d'être en âge, et enfin s'habillèrent avec une tunique normale. Ader n'enfila pas la tunique avec laquelle il était arrivé au temple, mais la tunique bleu avec broderie blanche qui avait appartenu au roi Ittho'baal.
Puis descendit de la tour l'épouse de 'Adon qui les salua un par un avec l'étreinte rituelle, accompagnée de quelques mots chuchotés par la Grande Prêtresse à chacun des ex-qudishim. Quand elle embrassa Ader, elle chuchota, "Bonne chance, mon ami. Avant de nous laisser, attend que le Protecteur te donne le dernier cadeau de ce temple, signe de reconnaissance pour avoir trouvé la protection du grand feu, pour l'hymne que tu as composé et qui sera chanté pour des générations, et à titre de compensation pour ce que tu as eu à endurer. Que 'Adon t'assiste et t'accompagne, et que sa main soit toujours sur toi, et sur l'homme que tu aimes."
"Que notre grand dieu et ton époux te protège et te comble de bénédictions, Arsai. Tu auras toujours une place dans mon cœur." lui répondit Ader ému.
Quand les prêtres accompagnèrent dehors les sept, réunis dans le hall, attendant que les soldats ouvrent le portail extérieur du temple, Zaph s'approcha d'Ader, déposa dans le panier qu'il portait un sac lourd plein de pièces et dit : "Ce sont les pièces d'or que Ittho'baal avait payé à Amash pour pouvoir t'enlever et que nous avons trouvées dans sa chambre. C'est de l'argent maudit, le prix d'un sacrilège, il ne peut pas rester dans le temple, il ne peut pas être utilisé pour le culte du dieu. Mais en te le donnant à toi, qui as subi l'outrage, cet argent sera à nouveau utilisable ; donc, la Grande Prêtresse, moi, le trésorier et tous les prêtres avons décidé qu'il te soit donné."
Ader fit une légère révérence en signe d'acceptation. Le grand portail fut ouvert, et les sept néo-adultes qui avaient terminé le service comme qudishim sortirent sur la grande esplanade. Là il y avait une petite foule. Un homme s'avança et Ader le reconnu comme le charpentier Sikar'baal de Zikriit.
L'homme déclama : "Nous sommes les charpentiers que les magistrats et les juges de Zikriit ont envoyés au temple sur la hauteur. Comme offre de la ville et remerciement pour la protection du Dieu, nous construirons un portique d'attente sur cette esplanade, devant le grand portail du temple. Avec votre permission, ô Protecteur, nous voudrions fixer avec vous la forme, l'étendue et l'orientation du nouveau porche qui ornera notre temple bien-aimé. Nous avons ici nos outils, et nous prendrons du bois et des roches le matériel nécessaire."
Le Protecteur dit que le temple et le dieu acceptaient la nouvelle extension avec gratitude. Pendant que le prêtre parlait avec son style fleuri et élégant usuel, Ader tendait le cou pour voir si, parmi les gens en attente, il y avait son beau matelot, son Mithon. Et enfin il le vit ! Alors il descendit les marches du portail, se fraya un chemin dans la foule des artisans et des dévots, et arriva en face de son bien-aimé. Mithon s'ouvrit dans un large sourire et écarta les bras, en les tendant vers lui. Ader posa son panier et se jeta dans les bras de son homme.
"Enfin !" lui dit Mithon.
"Tu as réussi à venir ! Le capitaine de ton navire, t'a laissé libre !" dit Ader gaiement.
"Il m'a laissé libre, oui. Comme il ne voulait pas entendre raison, je lui ai dit que j'arrêtais de travailler sur son navire, et qu'il cherche un nouveau flûtiste. Tu vois, j'ai ici le sac avec toutes mes affaires." dit l'homme gaiement. "Je ne voulais pas manquer ce jour-là, je voulais être ici pour accueillir le garçon que j'aime."
"Je ne suis plus un garçon, maintenant je suis un adulte."
"Pour moi, tu seras toujours mon garçon." lui dit Mithon en l'embrassant.
Ader reprit son panier contenant, en plus de deux tuniques, l'or du roi, les pièces de monnaie du viatique et celles d'Amash, et, aux côtés de son homme il prit la route menant à la vallée. Sur le chemin Ader raconta à son beau matelot toutes les aventures à travers lesquelles il était passé au cours de la période où ils n'avaient pas été en mesure de se voir, et lui parla de tout l'or et des pièces qui lui avaient été donnés.
"Nous sommes riches, Mithon." conclut le jeune homme, "Comment penses-tu que nous pouvons utiliser cette richesse ?"
"J'ai une idée. Si tu es d'accord, en utilisant tes richesses, mes économies et ce que ma famille m'a promis de me donner, j'ai en tête de me faire construire un beau navire avec lequel me mettre dans le commerce."
"Mais tu saurais commander un équipage, conduire un navire ?" lui demanda Ader.
"Non, certainement pas. Même si j'ai navigué longtemps, j'ai toujours seulement fait le flûtiste pour rythmer les rameurs. Tout de même, je chercherai un bon capitaine et des marins expérimentés. Toi et moi on vivrait à bord et prendrions seuls les décisions sur quelles marchandises acheter à un port et vendre dans un autre. Nous pourrions visiter les nouvelles colonies que les villes de Kena'ani ont fondé, nous pourrions visiter aussi les villes de l'Hellas qui gagnent en importance et pouvoir, nous pourrons visiter les ports de la grande terre d'Egypte. Ça ne te plairait pas de visiter notre grande mer en long et en large ?"
"Avec toi, bien sûr, j'en serais ravi. Mais nous n'aurions jamais de maison ? Nous vivrions toujours à bord ?"
"Après avoir visité à suffisance, nous déciderons aussi si acheter ou nous faire construire une maison où nous reposer et où nous retirer dans notre vieillesse. Mais pour les premiers temps nous vivrons au bord, bien sûr. Qu'en dis-tu ?"
"J'aime ça. Oui, j'aime ton projet. Il suffit qu'à bord il y ait une cabine juste pour nous deux, avec un grand lit douillet pour faire l'amour !" dit le jeune homme gaiement. "Comme je t'ai dit, avec toi je viendrai et je resterai n'importe où. Tu as déjà prévu où aller faire construire notre navire ? Et comment l'appeler une fois qu'il sera construit ?"
"Oui, j'ai entendu dire que les charpentiers de Suur sont les meilleurs dans tout le Kena'ani. Donc, après être allé à ma ville, Ghiyyaat, pour prendre mon argent et ce que ma famille va me donner, nous allons prendre un bateau vers le sud, et nous irons à Suur confier cette tâche aux charpentiers de cette ville. Mais avant, ne désires-tu pas qu'on aille à Be'erot pour dire adieu à ta famille ?"
"J'ai toujours pensé que, pour éviter d'être forcé par mon père d'épouser une fille que je ne veux pas, je disparaîtrais sans leur dire quoi que ce soit, que je ne rentrerais pas à la maison. Mais maintenant, je ne suis plus certain de ma décision. Après tout maintenant, je suis de l'âge, je suis un homme libre et je peux décider de ma vie, et ma vie est avec toi. Donc, si tu viens avec moi, je veux que tu connaisses mes parents et mes sœurs, et te présenter à eux. Après tout j'ai eu la chance d'avoir une meilleure famille que beaucoup d'autres."
"Comme tu le souhaites, mon bien-aimé." dit Mithon. "Je serai heureux de connaître tes parents, au moins pour les remercier de t'avoir mis au monde."
"Je ne pense pas que mon père sera heureux de ma décision de ne pas me marier et de vivre avec toi, parce que en faisant cela je lui nie la possibilité de lui donner une descendance. Mais j'ai appris au cours de mon service au temple sur la hauteur, à assumer mes responsabilités la tête haute."
Comme ils descendaient à la vallée, ils furent rejoints par Yehaw et Dan'el qui rentraient à Be'erot.
"Voilà les deux amants qui roucoulent comme deux colombins !" les salua Yehaw.
Ader leur dit qu'il avait décidé d'aller saluer les parents, et de ne pas fuir et disparaître comme il le leur avait dit.
"Je crois que tu fais bien." dit Dan'el. "Ce n'est jamais une chose sage de rompre avec sa famille, si on en n'est pas obligé par quelque problème grave."
"Le vrai problème est que mon père ne sera guère content que je ne lui garantisse pas une descendance." dit Ader à ses amis.
"Ce est pas un gros problème ! S'il n'avait eu que des filles, qu'aurait-il fait ?" dit Yehaw. "Soit il se résignait, soit il adoptait le mari d'une de ses filles. Donc, ton père peut faire ainsi. Peut-être que, si tes sœurs sont belles et bonnes, je pourrais en épouser une !" conclut-il gaiement. Puis il ajouta : "Si tu y mets un bon mot."
"Eh bien je ne sais pas si ce serait une bonne affaire de t'avoir dans notre famille !" se mit à rire Ader, se moquant de lui. "Quelqu'un comme toi, qui pense toujours et seulement au sexe !"
Donc, bavardant et plaisantant, ils arrivèrent à Be'erot. Ader conduisit Mithon à sa maison. Après que la famille l'ait accueilli avec joie, Ader demanda aux parents de l'écouter.
"Père, mère, celui-ci est Mithon, c'est l'homme que j'aime et qui m'aime, et avec qui je veux vivre ma vie. Alors j'ai l'intention de quitter votre maison et de le suivre. J'espère que vous allez nous donner votre bénédiction..." dit Ader, se sentant un peu tendu et scrutant l'expression des parents pendant qu'il parlait.
La mère ouvrit la bouche comme pour émettre un cri et ouvrit de grands yeux dans une expression de profonde surprise. Le père à la place, restait impassible.
Puisqu'Ader n'ajoutait rien d'autre, après un court silence, le père dit : "Je comprends maintenant pourquoi le vieux Shillek au cours de cette année me faisait certains de ses étranges discours. Il savait ou avait compris, en quelque sorte, ce que j'avais échoué de voir et de comprendre. Ce n'étaient pas par conséquent, les divagations d'un vieil homme comme je l'avais pensé. Il essayait de me préparer pour cette journée."
"Mon père, c'est ma vie. Le dieu 'Adon a voulu que Mithon et moi on se rencontre dans sa maison, il m'a choisi comme son qudish, et il a conduit les pas de Mithon à sa maison pour nous faire rencontrer. Mais, tu vois, si ce n'avait pas été à Mithon de gagner mon cœur, j'étais toutefois déterminé à ne pas accepter de prendre femme, et de quitter ta maison. Je ne t'en ai pas parlé avant, parce que je craignais ta réaction et ne pensais pas que j'aurais eu la force pour te faire face. Mais maintenant je suis un adulte, et j'ai compris que je devais te faire face. Vous m'avez donné la vie, et donc je vous demande, avant de quitter cette maison, si vous pouvez et voulez nous donner votre bénédiction."
Killetz, le père d'Ader, hocha la tête. "Ouais. Peut-être... peut-être si tu m'en avais parlé il y a un an, ma réaction aurait été différente, je ne sais pas. Je ne peux pas dire que je suis heureux de ta décision. Mais je comprends que ce serait futile maintenant que je m'y oppose. Si tu en as ainsi décidé, si le dieu a voulu ainsi, eh bien... que puis je faire, hein ? Bien sûr, j'espérais que tu nous donnerais une foule de petits-enfants pour égayer cette maison, pour continuer notre famille. Mais, comme le dit le dicton, les hommes proposent et les dieux disposent."
"Tu n'es pas en colère contre moi, contre nous, mon père ? Tu n'es pas déçu de moi ?" demanda Ader, commençant à se sentir soulagé pour la réaction du père.
"En colère ? Déçu ? Non... pas heureux, mais ni en colère, ni déçu. Et qu'est-ce que vous allez faire maintenant ?"
Ader était heureux que son père ait parlé au pluriel, donc en comprenant aussi Mithon dans sa demande.
En fait, le père ajouta : "Quels sont vos plans, Mithon, pour mon fils ? Quelle vie vous lui proposez de faire ?"
Mithon lui parla du projet dont il avait parlé avec Ader le long du chemin. Son père posa de nombreuses questions, voulut voir l'or et les pièces de monnaie que son fils avait reçus, et il se fit raconter comment et pourquoi on lui avait donnée une si importante somme.
Puis, il dit à sa femme : "Va dans la cuisine avec nos filles, et prépare un bon repas, pour qu'ils se nourrissent avant de quitter cette maison."
Maintenant Ader se sentait serein. "Merci, mon père. Même si aujourd'hui nos chemins se séparent, je t'emporte avec toute ma famille dans mon cœur."
"Oui. Et tu devrais aller remercier Shillek qui, avec ses étranges discours, a préparé mon cœur et mon esprit à accepter cette situation inattendue. En attendant, je vais voir si et combien je peux vous donner pour faciliter la réalisation de votre rêve. Grâce aux dieux, cette année les affaires sont bien allées, donc je devrais être en mesure de vous donner une somme à discrétion. Maintenant, allez saluer le vieux Shillek, qui sera heureux d'entendre les nouvelles et de vous saluer. Je vous enverrai appeler quand le déjeuner sera prêt."
Ader sorti par la porte arrière dans la grande cour, avec Mithon, et frappa à la porte de la maison de Shillek. Quand l'homme sortit dans la cour, comme il vit Ader, il lui fit un grand sourire édenté.
"Oh, là, t'es de retour, mon jeune ami ! Je n'espérais pas te revoir, après nos dernières discussions. Comme tu es élégant avec cette riche tunique que tu portes, de la couleur bleue des rois ! Et qui est ce jeune homme qui t'accompagne ?"
"C'est Mithon, fils de Addi, de la ville Ghiyyaat, l'homme qui a gagné mon cœur, et dont j'ai gagné le cœur. Avant d'aller avec lui, nous avons décidé de venir dire au revoir à mes parents et demander leur bénédiction. Mon père m'a dit qu'au long de cette année tu l'as préparé à accepter mon départ et le fait que je ne lui donnerais pas les petits-enfants qu'il espérait de moi."
"Eh bien... j'ai fait de mon mieux pour le préparer : pour un père ce n'est pas facile de renoncer à ses plans sur le seul enfant mâle qu'il a. Ton Mithon est un bel homme, mais surtout ses yeux sont bons. Mais ne restons pas ici... debout comme des passants qui échangent deux bavardages. Attendez, je vais prendre trois tabourets." dit le vieil homme et il disparut dans sa maison.
"Es-tu content d'être venu saluer les gens que tu aimes, Ader ?" lui demanda Mithon.
"Oui. Vraiment la main de 'Adon est sur nos têtes. Je ne croyais pas, je n'osais pas espérer que tout irait si bien. Même mon père nous a offert de l'argent pour réaliser notre projet."
Après un certain temps le vieux Shillek revint avec ses petits-enfants qui portaient trois tabourets. Les trois hommes se sont assis et ont commencé à parler, à se raconter mille et une choses tandis que le soleil atteignait son point le plus haut dans le ciel clair et bleu comme la riche tunique d'Ader.
Une des sœurs d'Ader se montra à la porte de la maison : "Venez ?! Le déjeuner est prêt." appela-t-elle.
Les deux amants saluèrent le vieux Shillek, qui les bénit et les regarda rentrer dans la maison, avec une expression satisfaite.
Ils mangèrent dans la salle et les sœurs d'Ader voulurent qu'il leur raconte à elles aussi ce qui était arrivé durant l'année de son absence. Après le déjeuner, la mère d'Ader, tandis que les sœurs faisaient la vaisselle, dit aux deux amants :
"Pourquoi ne vous arrêtez-vous pas cette nuit pour vous reposer ici ? Je vais préparer ta chambre pour vous deux, et le matin, vous pourrez reprendre votre chemin. Si vous vous arrêtiez ici au moins pour une nuit, ton père et moi on serait très heureux."
Ader regarda Mithon, qui hocha la tête. "Très bien, merci." dit-il alors.
Alors la mère se leva, alla chercher une belle tunique à larges rayures verticales de tons verts et bruns de jaune et de gris, et la tendit à son fils : "Au cours de cette année, j'ai tissé et cousu cette tunique pour ton âge adulte. Prends-la, et ainsi, lorsque tu la mettras, tu te rappelleras de nous."
"Merci, ma mère. Je veux la mettre tout de suite, parce que cette tunique est plus précieuse pour moi que la bleu qui appartenait au défunt roi de Zikriit. Parce que cette tunique a été tissée et cousue avec tout ton amour." dit Ader. Il ôta sa tunique bleue, mis sur lui celle que sa mère avait préparée pour lui.
Plus tard, le père appela les deux amants, et poussa vers eux un sac de pièces de monnaie, et dit : "Voici, j'ai fait mes comptes, et cela est ce que je suis en mesure de vous donner, pour concrétiser votre projet."
"Merci, mon père." dit Ader en la prenant, et il la donna à Mithon.
"Parlez-moi encore de votre projet, et qui sait qui peut vous donner quelques bons conseils." dit le père.
Pendant qu'ils étaient en train de parler, quelqu'un frappa à la porte de leur maison. Une des sœurs d'Ader alla ouvrir. Peu après elle revint suivie par Dan'el. Ader le présenta à son père.
"J'espérais te revoir, Ader." commença son compagnon. "J'ai parlé à mon père au sujet de ton projet de faire construire un navire en Suur, et de te mettre en commerce. Mon père m'a dit que, si vous venez lui parler, il peut vous suggérer le nom d'un excellent charpentier naval de Suur. Aussi, il souhaite conclure un contrat avec vous pour le commerce de ses produits."
"Apparemment, le dieu Adon continue à faire descendre sur nous sa bénédiction!" s'exclama joyeusement Ader. "Nous pouvons venir maintenant parler à ton père."
Les trois quittèrent la maison d'Ader et se dirigèrent vers celle de Dan'el. Le long du chemin, il dit : "Mais Ader, ne dis pas à mon père que toi et Mithon vous vous aimez. Vous dites que vous êtes seulement des partenaires d'affaires. Il ne comprendrait pas, comme je le connais."
"Très bien."
"Ta sœur qui est venue à la porte est très belle. Elle est déjà fiancée ?" demanda Dan'el.
"Non, pas encore. Mais tu es déjà promis en mariage, tu m'avais dit."
"De retour à la maison, j'ai su que ma promise épouse, au cours de cette année, est morte. Une forte fièvre l'a attaqué et l'a emmenée en quelques heures. Et... j'ai vu ta sœur, et elle me plaît et... dans ce court laps de temps que j'ai été chez toi, j'ai remarqué qu'elle me jetait des regards éloquents, donc je pense lui plaire aussi. Qu'en dis-tu si je demandais à mon père de venir demander à ton père sa main ? "
"Hey, c'est de l'amour à première vue ?" le plaisanta Ader.
"Peut-être. Tu ne penses pas qu'elle serait une bonne épouse pour moi ?"
"Je pense que oui, mon ami. Elle a un bon caractère, et en même temps aussi la force d'âme de ma mère. Et dans l'ensemble j'aimerais que nos familles soient réunies par un mariage, bien plus qu'à celle de Yehaw !" dit-il, en riant. "Et toi, je pense, tu serais un bon mari pour elle. Durant cette dernière année ensemble dans le temple sur la hauteur, j'ai eu manière d'apprécier ton caractère."
Une fois à la maison de Dan'el, d'abord ils parlèrent d'affaires, puis aussi de l'idée de faire marier Dan'el avec la sœur d'Ader. Le père du jeune homme n'eut pas d'objection, car il connaissait le père d'Ader et de la jeune fille, et il dit que le lendemain il irait parler au père de la jeune fille pour lui demander sa main pour son fils.
De retour à la maison, Ader parla à son père de la proposition de mariage qu'il recevrait le lendemain. Killetz connaissait le père de Dan'el, et jugea que la perspective d'unir leurs deux familles pouvait être bonne. D'autant plus que Ader parla très bien de Dan'el à son père.
Après le repas du soir, Ader parla avec sa sœur, lui demandant si elle avait vraiment fait des yeux doux à son ami. La jeune fille rougit, mais confirma.
"Ton ami est très beau." murmura-t-elle. "Quand je l'ai vu, mon cœur a bondi dans ma poitrine comme un chevreuil sur les monts."
"Il est surtout très bon, et je suis convaincu que ce sera un bon mari, si nos pères sont d'accord."
Plus tard, en prenant une lampe à huile, il prit la main de Mithon et le conduisit à l'étage dans sa chambre. Il ferma la porte et, enfin, il fut à nouveau dans les bras de son homme.
"Je n'en pouvais plus d'attendre que vienne ce moment, mon bien-aimé !" dit Ader. Puis il continua, en composant un chant d'amour :
"Je chante à toi, enivré par ton amour, avec mes mains sur la harpe du chanteur.
J'enseigne aux chanteurs et à leurs fils à célébrer la beauté de ton visage.
O beau joueur de flûte, viens à moi, pour que je puisse jouir de toi.
O beau matelot, viens à moi : ça fait trop longtemps que nous ne nous sommes pas unis.
Mon cœur est en train de danser pour toi, mes yeux t'admirent avec stupeur,
Mes mains brûlent du désir de se poser sur ton corps fort et doux,
Mon corps tout entier halète seulement à te donner tout mon amour.
Viens, mon préféré, emplis mon cœur, emplis mon âme,
Viens, mon bien-aimé, et emplis mon corps avec ton amour fort !"
Ils s'ôtèrent l'un à l'autre leurs tuniques, ils se dénudèrent mutuellement de leurs pagnes, et en révélant enfin leurs corps et leurs excitations au bien-aimé, ils descendirent ensemble et se couchèrent sur le lit. La flamme de la lampe à huile, placée sur le sol à côté d'eux, tirait des éclairs de lumière et des ombres changeantes de leurs beaux corps unis dans une étreinte serrée. Leurs lèvres se rencontrèrent, et comme assoiffés de l'autre, ils échangèrent un long baiser passionné.
"Comme tu m'as manqué, mon Ader !" s'exclama Mithon.
"Et je peux enfin être tout et seulement à toi !" lui dit le garçon d'une voix heureuse.
Leurs érections fortes se frottaient l'une contre l'autre, tandis que les deux amants recommencèrent à s'embrasser, enivrés l'un par l'autre. Leurs mains exploraient sans cesse le corps de l'amant, en en tirant des accords de plaisir, comme les chanteurs des harpes dont parlait le cantique d'amour juste composé par Ader. Leurs corps se recherchaient, dans une danse pleine de joie, en jouissant de l'autre et de leur intimité retrouvée, dans une compétition spontanée à donner au bien-aimé un plaisir de plus en plus intense.
Puis leurs corps se courbèrent pour embrasser tout le corps de l'autre, en se concentrant sur les points qui pouvaient donner plus de plaisir à l'être aimé. Tous leurs sens participaient à la célébration de leur union. De plus en plus en état d'ébriété l'un de l'autre, lentement ils se couchèrent sur le côté, tête bêche, et enfin leurs lèvres, leurs bouches, leurs langues purent se consacrer au membre fort de l'être aimé, avec un soin amoureux et passionné. Unis dans un cercle de plaisir et d'amour, de passion et de désir, ils goûtèrent le pal de chair et la délicate odeur mâle du pubis du bien-aimé.
Les mains de Mithon se posèrent sur les petites et fermes fesses de Ader et les caressèrent, le palpèrent, les serrèrent dans un crescendo de désir. Puis le beau matelot quitta le membre du bien-aimé et il se déplaça, léchant et embrassant, atteignant avec sa langue le trou doux de son petit ami, qui tremblait déjà en attente. Il le prépara longtemps, jusqu'à ce qu'il sente qu'Ader était tout un frémissement.
Le garçon recula légèrement de lui et, d'une voix enrouée, presque dans un soupir, invoqua son homme : "Prends-moi. Mithon. Fais entrer ta colonne d'amour dans le sanctuaire de mon corps, fais danser ta forte verge dans la cellule sacrée de mon amour. Fais-moi sentir combien tu es à moi, et combien je suis à toi. Ne t'attarde plus, s'il te plaît."
Le jeune matelot alors poussa Ader à s'allonger sur le dos, s'agenouilla entre ses jambes et souriant heureux en prévision, les prit et les fit appuyer sur ses épaules. En écartant plus ses genoux, il poussa son bassin vers l'avant, jusqu'à que sa forte tige se montre au portail du temple de l'amour, et finalement commença à pousser pour le pénétrer.
Ader émit un long soupir, en soulignant ainsi l'avancée en lui de la ferme colonne de chair de l'homme qu'il aimait. Leurs yeux brillaient dans l'obscurité ouatée de la pièce, la lumière légère de la petite flamme dansant dans la lanterne. Quand enfin la tige toute entière fut insérée à fond dans le canal chaud, à la fois et à l'unisson, ils poussèrent un petit soupir de contentement, en se regardant avec un regard radieux.
Mithon pris dans ses mains le visage de l'être aimé, et murmura : "Oh, mon Ader, combien je t'aime ! Quel plaisir d'être enfin unis et, encore une fois. Que c'est grand de savoir que je suis à toi et tu es à moi ! Mon cœur déborde d'amour pour toi !"
"Oui, mon fort, mon beau, mon homme bien-aimé ! Oui, tu es à moi et je suis à toi. Fais-moi sentir combien est grande ta joie d'être ainsi uni à moi, de me prendre et fais-moi sentir que je suis vraiment tien. Fais commencer la danse de l'amour, le rite de l'union, jusqu'à ce que tous deux nous atteignions la joie, le plaisir et l'extase suprême."
Mithon recula un peu, puis plongea de nouveau dans le canal doux, et continua dans un doux et vigoureux va et vient, ses yeux fixés sur ceux brillants du bien-aimé. Ader mis ses bras autour du cou de son amant, le tirant à lui et se haussant un peu, jusqu'à ce que leurs bouches se rencontrent à nouveau. La langue du beau matelot, presque comme un second membre, envahissait et se retirait de la bouche de l'amant. Cette double pénétration avait le pouvoir d'intoxiquer Ader, qui se sentait comme ivre, plus que s'il avait bu le meilleur vin du temple, plus que s'il avait éclusé un tonneau de bière au port.
Tout à coup, avant qu'il ne puisse s'en rendre compte, Ader atteignit le sommet du plaisir et l'orgasme secoua tout son corps. Pendant qu'il se vidait entre leur corps étroitement unis, les contractions de l'anus déclenchèrent aussi l'orgasme de Mithon, qui se poussa à fond et dans une longue série de jets, arrosa l'intérieur du corps du garçon qu'il aimait.
Sans se détacher, les deux s'abandonnèrent sur le grabat, en se détendant. Ils respiraient profondément, leurs cœurs encore battaient avec force, tandis que leurs mains se caressaient doucement. Ils se sont embrassés dans un doux abandon, doucement, tandis que leurs corps se détendaient et revenaient au calme. Ader sentit le beau membre de son homme s'adoucir à l'intérieur de lui et glisser dehors, lentement.
"Cela a été très beau !" soupira le garçon.
"Et ce sera toujours très beau, entre toi et moi, parce que ce qui nous pousse dans les bras l'un de l'autre est non seulement un désir, non seulement la soif de plaisir, mais un véritable amour."
"Oui, c'est vraiment comme tu le dis."
Ils se séparèrent, couchés à côté l'un de l'autre, encore à moitié embrassés. Ader éteignit la lampe, étouffant la flamme avec le cône approprié et la chambre fut plongée dans l'obscurité.
"Dans notre navire, puis dans notre maison, cependant nous ferons un lit beaucoup plus grand que cela. D'accord ?" Ader dit. "Plus grand et plus doux."
"Tout ce que tu veux, mon chéri."
"Et sur le navire et dans notre maison, nous mettrons un petit temple avec l'image de notre Dieu, de 'Adon, qui a fait en sorte qu'on se rencontre et qu'on tombe amoureux. "
"Très juste !"
"Je ne t'ai jamais dit combien j'aime l'odeur mâle de ton corps ? Plus que l'encens le plus cher. Plus que le parfum le plus précieux."
"Non, Ader. À moi aussi me plaît beaucoup l'odeur du tien."
"Quelle odeur a mon corps ?"
"Odeur de printemps. Odeur d'un jour de ciel serein. Odeur du sous-bois. L'odeur de mon Ader."
Ils se turent, en goûtant leur proximité et le calme doux qui fait suite à une belle union de bon sexe et d'amour. Peu après Ader sentit le souffle léger et régulier de son homme, et se rendit compte que Mithon s'était endormi. Lui aussi ne tarda pas à s'endormir se sentant bien comme jamais il ne l'avait été.
Le lendemain matin, après le repas du matin avec toute la famille, ils prirent leurs biens et un panier de nourriture que sa mère avait préparé pour eux, et saluèrent la famille. Le père prononça sur eux la formule de bénédiction, puis ils sortirent.
Ils prirent d'un bon pas le chemin vers le nord nord-est, pour prendre la voie de la côte qui les amènerait à Ghiyyaat, la petite ville où était né Mithon, afin de prendre ses affaires et dire au revoir à sa famille. Le soleil se levait dans le ciel clair à leur droite, les réchauffant agréablement. Les odeurs du printemps autour d'eux, et une légère brise salée qui venait de la mer caressaient leurs corps.
Les deux amants marchaient côte à côte, se sentant doux et légers, sachant qu'ils marchaient le long de la voie de leur avenir. C'était un avenir qui les alléchait, non seulement et pas tellement à l'idée d'être en mesure de faire de bons commerces, pour lesquels les habitants de Kena'ani étaient célèbres dans toutes les terres, mais surtout parce qu'ils l'affronteraient ensemble, de toute façon.
De temps en temps ils se regardaient, et ils échangeaient un beau sourire, plus lumineux que ce jour lumineux de printemps.